Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1929-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 janvier 1929 01 janvier 1929
Description : 1929/01/01-1929/03/31. 1929/01/01-1929/03/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k45653074
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/09/2017
Fondé en
1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour >»
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL :
Mme Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Miss P. H. PECKOVER, Jean van den BERG1I, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D r Henry MARIAVÉ.
Albert GASTIAUX Mme MARFURT-TORFS, P^ Hermann KUTTER
.Sophie TEDING van BERKHOUT van TAAGK TRAKRANEN
Les articles n'engagent que leurs auteurs
ADMINISTRATION :
Abonnement
:
Chèques postaux :
Un an.
5 francs.
Docteur Mariu* DUMESNIL
Le numéro... _ —
O fr. 50
PARIS n* 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 1 O trancs.
Membre actif......, 20 francs.
Membre militant...... 50 francs.
38, Avenue Marceau, COURBEVOIE (Seine). Réceptions de 2 h. à 5 h. : Mardi, Jeudi, Samedi.
Avec l’automne s’en, est allé
ce noble vieillard, notre président
d’honneur, le général Percin.
Comme le colonel Converset,
qui fut aussi des nôtres, le géné
ral Percin incarna le type du
soldat dans ce qu’il a de noble : |
loyauté, courage, générosité, gran
deur d’âme,
Soldat, il le fut passionnément,
et son but constant fut de servir.
Il n’était pas un militaire d’oc
casion, attendant tranquillement
l’heure de l’avancement et celle
de la retraite, mais un homme
d’action, un travailleur inlassable.
Pacifiste, il le fut aussi pas
sionnément quand la guerre de
1914 lui eut montré la vanité des
armements et la folie de toutes
les guerres. A 82 ans, il écrivait
encore inlassablement pour dé
noncer les sophismes nationalistes
et prépairer le rapprochement des
peuples.
Il fut combattu lâchement, per
fidement calomnié. A cet homme
qui fut toute droiture, on prêta
des manœuvres ténébreuses. Cet
homme tolérant et respectueux
des consciences, fut accusé de
sectarisme. La haine s’acharna
sur lui.
On l’a représenté comme un
homme anti-religieux. Il fut l’en
nemi du cléricalisme comme nous
le sommes, mais c’était un croyant.
«Je crois en Dieu et en la vie
future », nous affirma-t-il plus
d’une fois, et il admirait l’Evan
gile.
Il accepta avec joie d’être pré
sident; d’honneur du ” Mouve
ment; Pacifique Chrétien ”, et nous
sommes fiers de ce patronage.
Nous; garderons de lui un souve
nir é mu, et notre admiration res
tera attachée au nom du Général
Percin, qui incarna à nos yeux
une si belle et noble conscience.
Colonel O. SENN
A la perle irréparable que nous avons
faite en la pei sonne du général A. Percin,
nous avons encore a ajouter celle du
Colonel de L'Armée fédérale suisse, M.
O. Senn victime retardée de la grande
guerre, ce négociant officier s’était sur
mené durant la mobilisation helvétique.
C’était un homme estimé de tous ses
concitoyens, et aimé de tous ceux qui
ont eu l’honneur et le privilège de le
connaître personnellement. Chrétien de
fait, père de six garçons, ii savait la
valeur de la paix, aussi était-il un paci
fique dans l’âme, et il s’est toujours, in
téressé vivement au M. P. C. Il était
pour moi un ami des plus encourageant,
avec son large et bon sourire, il étonnait
tous ceux qui l’approchaient.
Héllas ! Il appartient à présent à
l’église triomphante, il est dans la lignée
des héros de la foi qui n’ont jamais dé
sespéré de l’Humanité.
La Paix et l’ordre de la Nature
Alimentation et Progrès
Nous devons vivre en paix non seulement
avec les autres hommes mais avec tous les
êtres. Pour que vienne vraiment le règne de
l’humanité pacifique il faut que nous cessions
d’être par toute la terre les agents du massacre
et de la dévastation.
L’homme fait chaque jour une effroyable
hécatombe d’animaux et leur inflige les pires
souffrances pour s’approprier leurs peaux ou
leurs plumes mais surtout pour les manger.
La chair des bêtes est-elle donc nécessaire à
l’homme ? Si la viande n’est pas une nécessité
de notre régime, ce massacre épouvantable
devient insensé.
On nous a appris jadis et l’on va répétant
encore que l’homme est un animal « omnivore»
ce qui justifie l’absorption de toutes les saletés
imaginables. Mais laissons de côté l’alcool, les
produits industriels et les inventions culinaires
extravagantes. Occupons-nous seulement de la
viande.
L’homme est-il fait pour se nourrir de ca
davres ?
La réponse de l’anatomie comparée et de la
physiologie est péremptoire.
L’homme peut-il comme les fauves poursuivre
sa proie, courir comme le loup, bondir comme
le tigre ? Sa proie atteinte peut-il la saisir dans
ses griffes ? Sa station verticale et ses mains
l’en rendent incapable, mais le disposent au
contraire à ramasser des graines, des feuilles
et des racines et à cueillir des fruits.
Pour déchirer leur proie, les carnassiers ont
des crocs qui sont des canines énormes et des
molaires aiguës et tranchantes dont les pointes
alternent d’une mâchoire à l’autre, tandis que
les incisives sont petites. Rien de tel chez l’hom
me : ses canines ne dépassent guère les inci
sives et ses molaires plates et mamelonnées sont
faites pour triturer les graines et les fruits.
Qui de nous pourrait attraper à la course un
lièvre ou un lapin, le dépouiller avec les ongles,
le dépecer tout chaud encore avec ses dents ?
Par sa dentition qui n’est aucunem.ent celle
des carnivores, qui n’est pas non plus celle des
herbivores, mais qui rassemble en tout point à
celle des singes, l’homme est nettement un fru
givore.
Son intestin atteint comme chez les frugi
vores dix fois la longueur du corps tandis qu’elle
représente 4 ou 5 fois cette longueur chez le
carnivore, et 25 fois environ chez l’herbivore.
Ce n’est que grâce à des artifices : aux ins
truments qui nous permettent de dépecer et
de parer les bêtes mortes, à la cuisson et aux pré
parations culinaires que nous sommes capables
de nous repaître de cadavres.
La paléontologie vient épauler les données de
l’anatomie. Les hommes préhistoriques usaient
leurs dents, ce n’était sûrement pas à déchi
queter de la viande, mais à triturer des fruits,
des graines et des racines.
Les grands anatomistes et anthropologues
sont arrivés à la même conclusion. « L’homme,
dit Cuvier, paraît fait pour se nourrir princi
palement de fruits, de racines et d’autres par
ties succulentes des végétaux. Ses mâchoires
courtes et de force médiocre d’un côté, ses ca
nines égales aux autres dents et ses molaires
tuberculeuses de l’autre, ne lui permettraient
guère, ni de paître de l’herbe, ni de dévorer de
la chair s’il ne préparait ces aliments par la
cuisson. »
Et Flourens affirme : « Par son estomac, par
ses dents, par ses intestins, l’homme est natu
rellement et primitivement un frugivore comme
les singes, »
Buffon, Linné, Milne Edwards, Darwin ont
exprimé une opinion analogue.
★
* * ,
Quelles données nous apporte la physiologie
sur le problème de l’alimentation carnée ?
Contrairement à l’opinion courante, la viande
est un pauvre aliment.
Elle est très peu calorifique : une poignée
de riz fournit plus de chaleur de combustion
qu’une livre de viande.
Elle nVrt pas mmérafisante (pour qu elle le
fût, il nous faudrait comme les carnassiers broyer
les os crus) et cependant les sels minéraux sont
indispensables à notre organisme.
Elle nous apporte de l’azote, mais de l’azote
de seconde main, si l’on peut dire, une molé
cule azotée complexe et usagée. D’ailleurs
on n’est pas fixé du tout sur la question de
l’azote alimentaire, sur son métabolisme dans
le corps humain. Une molécule d’albumine n’est
pas forcément alimentaire. Il y a une quantité
considérable d’albumines diverses. Laquelle
prendre ? On sait par l’expérience de labora
toire et par l’observation clinique que les al
bumines étrangères introduites dans le sang
produisent un choc anaphylactique, comme
c’est souvent le cas dans les injections de sé
rum.
Par ailleurs l’expérience a prouvé que l’azote
pouvait parfaitement être emprunté au règne
végétal et il est permis de penser que notre
organisme tire aussi l’azote de l’air atmosphé
rique et l’utilise pour une synthèse spécifique
des albumines humaines.
D’autre part, et ceci est grave, la viande est
un aliment dangereux.
Elle fournit à l’organisme des poisons violents
(ptomaïnes, leucornaïnes) résultant de sa désa
grégation, des putréfactions intestinales et de
sa combustion incomplète dans nos tissus.Elle
produit des acides que nous ne pouvons neutra
liser comme le font les carnivores en fabriquant
de l’ammoniaque.
Notre physiologie cellulaire conditionnée par
l’évolution millénaire n’est pas organisée pour
l’assimilation de la viande. Elle veut des exci
tations douces et prolongées qui provoquent
des réactions modérées et soutenues. Or la
viande est un excitant violent (et c’est pourquoi
on la recherche) qui amène une réaction déme
surée suivie d’une dépression d’autant plus in
tense que l’excitation a été plus forte. Cette dé
pression crée à son tour un nouveau besoin
d’excitant (viandes, épices, alcool, café) et c’est
un cercle vicieux sans fin.
Nous pouvons donc conclure par ces paroles
du professeur Charles Richet :
« Reste la question de savoir si l’alimenta
tion animale est nécessaire. Sur ce point Tols
toï a absolument raison : non, mille fois non.
cette alimentation n’est pas nécessaire. Tous
les faits le prouvent et c’est TA. B. C. de la phy
siologie. On peut même dire que pour l’homme
l’alimentation animale est l’exception. Les Llin-
dous, les Arabes, les Chinois, les paysans de
beaucoup de régions de l’Europe se contentent
de riz, de dattes, de farines, de légumes, de
fruits... La question est donc jugée définiti
vement : on peut vivre et bien vivre sans man
ger de viande. » (Charles Richet : préface de
Plaisirs cruels , de Tolstoï.)
★
* *
L’expérience clinique n’est pas moins convain
cante. Comme Ta montré le D r Carton, i’accrois-
ment des maladies chroniques : cancer, tuber
culose, diabète, folie, est parallèle à l’accrois
sement de la consommation de la viande, de
l’alcool, des nourritures industrielles. Cette
constatation reçoit confirmation de plus en
plus grande pour ceux qui veulent regarder.
La réforme alimentaire libérerait l’humanité
de graves maux, plus vite et plus sûrement
que les recherches de laboratoires si difficiles
et si compliquées.
D’autre part, il est facile de constater que
l’usage de la viande ne favorise pas l’évolution
humaine. Ce n’est pas généralement parmi les
travailleurs des abattoirs, les bouchers, les char
cutiers qu’on rencontre les types affinés. L’at
mosphère du sang et des cadavres épaissit ceux
qui y vivent et développe chez eux la brutalité.
C’est pourquoi les hommes les plus évolués
ont prôné l’abstinence de viande. Sans compter
les efforts de l’Eglise catholique pour limiter
par ses jeûnes et ses abstinences la consomma
tion de la viande, et la règle de vie des ordres
monastiques les plus avancés, en particulier
des Trappistes qui sont strictement végéta
riens et même végétaliens la moitié de Tannée
et jouissent d’une santé magnifique, on peut
citer une magnifique phalange d’hommes qui
se sont abstenus de manger la chair des ani-
maux. Dès les temps les plus reculés, les Sages
de l’Inde, de la Chine, de l’Egypte, et Pytha*
gore et Platon, les Néo-platoniciens d’Alexan-
drie, Sénèque, Plutarque, furent dans l’antiquité
les champions du végétarisme. Parmi les Pères
de l’Eglise, Saint-Jean Chrysostome et Clément
d’Alexandrie condamnèrent l’usage de la viande.
Des esprits les plus divers comme Gassendi
et Bossuet, Pascal et les solitaires de Port-Roÿal,
Diderot et Rousseau, Shelley, Michelet, Lamar
tine, Dujardin-Beaumetz ont dénoncé l’erreur
de l’alimentation carnée et pratiqué, au moins
pendant une partie de leur vie, le végétarisme.
La preuve est faite, de toute façon, que la
viande n est pas nécessaire à notre alimenta
tion. C’est un point très important pour l’hy
giène individuelle, pour la solution des ques
tions sociales, pour la paix du monde et pour le
progrès de l’humanité.
D r M. DUMESNIL.
Les Nazar éens
Les Nazaréens forment une communauté
religieuse très répandue dans une partie de la
Hongrie à présent incorporée à la Yougoslavie.
Leur confession de foi a beaucoup d’analogie
avec celle des Mennonites (Anabaptistes) ils
professent les principes bibliques : repentance,
baptême de la foi, séparation d’avec le monde.
Comme les Mennonites, ils refusent le service
militaire armé, en raison de quoi ils sont appe
lés à comparaître devant le conseil de guerre
yougoslave ; suit le compte-rendu d’une ré
cente séance.
Devant le tribunal militaire de la division
du Danube, s’arrête à 3 heures du matin la voi
ture des prisonniers militaires d’où descendent
sept hommes d’âge mûr en costume hongrois.
C’est le premier des nombreux groupes de Na
zaréens qui vont être jugés pour le même délit.
Appelés sous les drapeaux, ils ont refusé, pour
motif de conscience, de prendre les armes.
Ce premier groupe a déclaré son refus au front
militaire de Beckerek. Tranquilles comme des
moutons qu’on mène à l’abattoir, ils traversent
le sombre corridor étroit vers la salle d’audience
entourés de soldats armés, à la baïonnette lui
sante.
Bientôt après, sur Tordre du juge le premier
se présente devant le tribunal.
— C’est toi, Spira Natio ?
— C’est moi.
— Approche-toi du saint Evangile (Le Nou
veau Testament ouvert est appuyé contre un
crucifix).
Spira s’approche.
— Tu vas être jugé aujourd’hui pour deux
délits. Premièrement parce que devant le front,
tu as refusé obéissance à tes supérieurs, qui te
sommaient de prêter serment et de prendre les
armes, et ensuite parce que depuis 1907 tu es
de la religion nazaréenne laquelle est défendue
de par la loi. As-tu fait cela ?
— Oui.
— Pourquoi ne t’es-tu pas conformé à Tor
dre du commandant qui vous a conseillés et
vous a donné 10 minutes pour y réfléchir.
— Ma foi me le défend.
— Tu sais que toute insubordination est
punissable de prison.
— Je le sais. Le croyant agit selon sa convic
tion.
— On t’a déclaré que cette foi est défendue.
— Nous n’étions pas bien au clair quant à
la défense.
— Maintenant, tu es au clair, veux-tu re
noncer à ta foi ?
— Je ne puis. ■»
On passa au second délit.
« — De quelle foi étais-tu auparavant ?
— De la foi grecque orthodoxe.
— Pourquoi as-tu passé à la foi nazaréenne ?
— Elle est meilleure. »
Un autre juge demande : « De quelle natio
nalité es-tu ?
— Je suis Serbe.
Pour finir, le Secrétaire l’invite à signer le
1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« l’internationale de l’amour >»
Directeur-Fondateur : Henri HUCHET.
Président d'Honneur : Rév. Docteur M. J. ELLIOTT
CONSEIL :
Mme Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire du Journal et du M. P. C.
Miss P. H. PECKOVER, Jean van den BERG1I, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Claire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, D r Henry MARIAVÉ.
Albert GASTIAUX Mme MARFURT-TORFS, P^ Hermann KUTTER
.Sophie TEDING van BERKHOUT van TAAGK TRAKRANEN
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ADMINISTRATION :
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Le numéro... _ —
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Avec l’automne s’en, est allé
ce noble vieillard, notre président
d’honneur, le général Percin.
Comme le colonel Converset,
qui fut aussi des nôtres, le géné
ral Percin incarna le type du
soldat dans ce qu’il a de noble : |
loyauté, courage, générosité, gran
deur d’âme,
Soldat, il le fut passionnément,
et son but constant fut de servir.
Il n’était pas un militaire d’oc
casion, attendant tranquillement
l’heure de l’avancement et celle
de la retraite, mais un homme
d’action, un travailleur inlassable.
Pacifiste, il le fut aussi pas
sionnément quand la guerre de
1914 lui eut montré la vanité des
armements et la folie de toutes
les guerres. A 82 ans, il écrivait
encore inlassablement pour dé
noncer les sophismes nationalistes
et prépairer le rapprochement des
peuples.
Il fut combattu lâchement, per
fidement calomnié. A cet homme
qui fut toute droiture, on prêta
des manœuvres ténébreuses. Cet
homme tolérant et respectueux
des consciences, fut accusé de
sectarisme. La haine s’acharna
sur lui.
On l’a représenté comme un
homme anti-religieux. Il fut l’en
nemi du cléricalisme comme nous
le sommes, mais c’était un croyant.
«Je crois en Dieu et en la vie
future », nous affirma-t-il plus
d’une fois, et il admirait l’Evan
gile.
Il accepta avec joie d’être pré
sident; d’honneur du ” Mouve
ment; Pacifique Chrétien ”, et nous
sommes fiers de ce patronage.
Nous; garderons de lui un souve
nir é mu, et notre admiration res
tera attachée au nom du Général
Percin, qui incarna à nos yeux
une si belle et noble conscience.
Colonel O. SENN
A la perle irréparable que nous avons
faite en la pei sonne du général A. Percin,
nous avons encore a ajouter celle du
Colonel de L'Armée fédérale suisse, M.
O. Senn victime retardée de la grande
guerre, ce négociant officier s’était sur
mené durant la mobilisation helvétique.
C’était un homme estimé de tous ses
concitoyens, et aimé de tous ceux qui
ont eu l’honneur et le privilège de le
connaître personnellement. Chrétien de
fait, père de six garçons, ii savait la
valeur de la paix, aussi était-il un paci
fique dans l’âme, et il s’est toujours, in
téressé vivement au M. P. C. Il était
pour moi un ami des plus encourageant,
avec son large et bon sourire, il étonnait
tous ceux qui l’approchaient.
Héllas ! Il appartient à présent à
l’église triomphante, il est dans la lignée
des héros de la foi qui n’ont jamais dé
sespéré de l’Humanité.
La Paix et l’ordre de la Nature
Alimentation et Progrès
Nous devons vivre en paix non seulement
avec les autres hommes mais avec tous les
êtres. Pour que vienne vraiment le règne de
l’humanité pacifique il faut que nous cessions
d’être par toute la terre les agents du massacre
et de la dévastation.
L’homme fait chaque jour une effroyable
hécatombe d’animaux et leur inflige les pires
souffrances pour s’approprier leurs peaux ou
leurs plumes mais surtout pour les manger.
La chair des bêtes est-elle donc nécessaire à
l’homme ? Si la viande n’est pas une nécessité
de notre régime, ce massacre épouvantable
devient insensé.
On nous a appris jadis et l’on va répétant
encore que l’homme est un animal « omnivore»
ce qui justifie l’absorption de toutes les saletés
imaginables. Mais laissons de côté l’alcool, les
produits industriels et les inventions culinaires
extravagantes. Occupons-nous seulement de la
viande.
L’homme est-il fait pour se nourrir de ca
davres ?
La réponse de l’anatomie comparée et de la
physiologie est péremptoire.
L’homme peut-il comme les fauves poursuivre
sa proie, courir comme le loup, bondir comme
le tigre ? Sa proie atteinte peut-il la saisir dans
ses griffes ? Sa station verticale et ses mains
l’en rendent incapable, mais le disposent au
contraire à ramasser des graines, des feuilles
et des racines et à cueillir des fruits.
Pour déchirer leur proie, les carnassiers ont
des crocs qui sont des canines énormes et des
molaires aiguës et tranchantes dont les pointes
alternent d’une mâchoire à l’autre, tandis que
les incisives sont petites. Rien de tel chez l’hom
me : ses canines ne dépassent guère les inci
sives et ses molaires plates et mamelonnées sont
faites pour triturer les graines et les fruits.
Qui de nous pourrait attraper à la course un
lièvre ou un lapin, le dépouiller avec les ongles,
le dépecer tout chaud encore avec ses dents ?
Par sa dentition qui n’est aucunem.ent celle
des carnivores, qui n’est pas non plus celle des
herbivores, mais qui rassemble en tout point à
celle des singes, l’homme est nettement un fru
givore.
Son intestin atteint comme chez les frugi
vores dix fois la longueur du corps tandis qu’elle
représente 4 ou 5 fois cette longueur chez le
carnivore, et 25 fois environ chez l’herbivore.
Ce n’est que grâce à des artifices : aux ins
truments qui nous permettent de dépecer et
de parer les bêtes mortes, à la cuisson et aux pré
parations culinaires que nous sommes capables
de nous repaître de cadavres.
La paléontologie vient épauler les données de
l’anatomie. Les hommes préhistoriques usaient
leurs dents, ce n’était sûrement pas à déchi
queter de la viande, mais à triturer des fruits,
des graines et des racines.
Les grands anatomistes et anthropologues
sont arrivés à la même conclusion. « L’homme,
dit Cuvier, paraît fait pour se nourrir princi
palement de fruits, de racines et d’autres par
ties succulentes des végétaux. Ses mâchoires
courtes et de force médiocre d’un côté, ses ca
nines égales aux autres dents et ses molaires
tuberculeuses de l’autre, ne lui permettraient
guère, ni de paître de l’herbe, ni de dévorer de
la chair s’il ne préparait ces aliments par la
cuisson. »
Et Flourens affirme : « Par son estomac, par
ses dents, par ses intestins, l’homme est natu
rellement et primitivement un frugivore comme
les singes, »
Buffon, Linné, Milne Edwards, Darwin ont
exprimé une opinion analogue.
★
* * ,
Quelles données nous apporte la physiologie
sur le problème de l’alimentation carnée ?
Contrairement à l’opinion courante, la viande
est un pauvre aliment.
Elle est très peu calorifique : une poignée
de riz fournit plus de chaleur de combustion
qu’une livre de viande.
Elle nVrt pas mmérafisante (pour qu elle le
fût, il nous faudrait comme les carnassiers broyer
les os crus) et cependant les sels minéraux sont
indispensables à notre organisme.
Elle nous apporte de l’azote, mais de l’azote
de seconde main, si l’on peut dire, une molé
cule azotée complexe et usagée. D’ailleurs
on n’est pas fixé du tout sur la question de
l’azote alimentaire, sur son métabolisme dans
le corps humain. Une molécule d’albumine n’est
pas forcément alimentaire. Il y a une quantité
considérable d’albumines diverses. Laquelle
prendre ? On sait par l’expérience de labora
toire et par l’observation clinique que les al
bumines étrangères introduites dans le sang
produisent un choc anaphylactique, comme
c’est souvent le cas dans les injections de sé
rum.
Par ailleurs l’expérience a prouvé que l’azote
pouvait parfaitement être emprunté au règne
végétal et il est permis de penser que notre
organisme tire aussi l’azote de l’air atmosphé
rique et l’utilise pour une synthèse spécifique
des albumines humaines.
D’autre part, et ceci est grave, la viande est
un aliment dangereux.
Elle fournit à l’organisme des poisons violents
(ptomaïnes, leucornaïnes) résultant de sa désa
grégation, des putréfactions intestinales et de
sa combustion incomplète dans nos tissus.Elle
produit des acides que nous ne pouvons neutra
liser comme le font les carnivores en fabriquant
de l’ammoniaque.
Notre physiologie cellulaire conditionnée par
l’évolution millénaire n’est pas organisée pour
l’assimilation de la viande. Elle veut des exci
tations douces et prolongées qui provoquent
des réactions modérées et soutenues. Or la
viande est un excitant violent (et c’est pourquoi
on la recherche) qui amène une réaction déme
surée suivie d’une dépression d’autant plus in
tense que l’excitation a été plus forte. Cette dé
pression crée à son tour un nouveau besoin
d’excitant (viandes, épices, alcool, café) et c’est
un cercle vicieux sans fin.
Nous pouvons donc conclure par ces paroles
du professeur Charles Richet :
« Reste la question de savoir si l’alimenta
tion animale est nécessaire. Sur ce point Tols
toï a absolument raison : non, mille fois non.
cette alimentation n’est pas nécessaire. Tous
les faits le prouvent et c’est TA. B. C. de la phy
siologie. On peut même dire que pour l’homme
l’alimentation animale est l’exception. Les Llin-
dous, les Arabes, les Chinois, les paysans de
beaucoup de régions de l’Europe se contentent
de riz, de dattes, de farines, de légumes, de
fruits... La question est donc jugée définiti
vement : on peut vivre et bien vivre sans man
ger de viande. » (Charles Richet : préface de
Plaisirs cruels , de Tolstoï.)
★
* *
L’expérience clinique n’est pas moins convain
cante. Comme Ta montré le D r Carton, i’accrois-
ment des maladies chroniques : cancer, tuber
culose, diabète, folie, est parallèle à l’accrois
sement de la consommation de la viande, de
l’alcool, des nourritures industrielles. Cette
constatation reçoit confirmation de plus en
plus grande pour ceux qui veulent regarder.
La réforme alimentaire libérerait l’humanité
de graves maux, plus vite et plus sûrement
que les recherches de laboratoires si difficiles
et si compliquées.
D’autre part, il est facile de constater que
l’usage de la viande ne favorise pas l’évolution
humaine. Ce n’est pas généralement parmi les
travailleurs des abattoirs, les bouchers, les char
cutiers qu’on rencontre les types affinés. L’at
mosphère du sang et des cadavres épaissit ceux
qui y vivent et développe chez eux la brutalité.
C’est pourquoi les hommes les plus évolués
ont prôné l’abstinence de viande. Sans compter
les efforts de l’Eglise catholique pour limiter
par ses jeûnes et ses abstinences la consomma
tion de la viande, et la règle de vie des ordres
monastiques les plus avancés, en particulier
des Trappistes qui sont strictement végéta
riens et même végétaliens la moitié de Tannée
et jouissent d’une santé magnifique, on peut
citer une magnifique phalange d’hommes qui
se sont abstenus de manger la chair des ani-
maux. Dès les temps les plus reculés, les Sages
de l’Inde, de la Chine, de l’Egypte, et Pytha*
gore et Platon, les Néo-platoniciens d’Alexan-
drie, Sénèque, Plutarque, furent dans l’antiquité
les champions du végétarisme. Parmi les Pères
de l’Eglise, Saint-Jean Chrysostome et Clément
d’Alexandrie condamnèrent l’usage de la viande.
Des esprits les plus divers comme Gassendi
et Bossuet, Pascal et les solitaires de Port-Roÿal,
Diderot et Rousseau, Shelley, Michelet, Lamar
tine, Dujardin-Beaumetz ont dénoncé l’erreur
de l’alimentation carnée et pratiqué, au moins
pendant une partie de leur vie, le végétarisme.
La preuve est faite, de toute façon, que la
viande n est pas nécessaire à notre alimenta
tion. C’est un point très important pour l’hy
giène individuelle, pour la solution des ques
tions sociales, pour la paix du monde et pour le
progrès de l’humanité.
D r M. DUMESNIL.
Les Nazar éens
Les Nazaréens forment une communauté
religieuse très répandue dans une partie de la
Hongrie à présent incorporée à la Yougoslavie.
Leur confession de foi a beaucoup d’analogie
avec celle des Mennonites (Anabaptistes) ils
professent les principes bibliques : repentance,
baptême de la foi, séparation d’avec le monde.
Comme les Mennonites, ils refusent le service
militaire armé, en raison de quoi ils sont appe
lés à comparaître devant le conseil de guerre
yougoslave ; suit le compte-rendu d’une ré
cente séance.
Devant le tribunal militaire de la division
du Danube, s’arrête à 3 heures du matin la voi
ture des prisonniers militaires d’où descendent
sept hommes d’âge mûr en costume hongrois.
C’est le premier des nombreux groupes de Na
zaréens qui vont être jugés pour le même délit.
Appelés sous les drapeaux, ils ont refusé, pour
motif de conscience, de prendre les armes.
Ce premier groupe a déclaré son refus au front
militaire de Beckerek. Tranquilles comme des
moutons qu’on mène à l’abattoir, ils traversent
le sombre corridor étroit vers la salle d’audience
entourés de soldats armés, à la baïonnette lui
sante.
Bientôt après, sur Tordre du juge le premier
se présente devant le tribunal.
— C’est toi, Spira Natio ?
— C’est moi.
— Approche-toi du saint Evangile (Le Nou
veau Testament ouvert est appuyé contre un
crucifix).
Spira s’approche.
— Tu vas être jugé aujourd’hui pour deux
délits. Premièrement parce que devant le front,
tu as refusé obéissance à tes supérieurs, qui te
sommaient de prêter serment et de prendre les
armes, et ensuite parce que depuis 1907 tu es
de la religion nazaréenne laquelle est défendue
de par la loi. As-tu fait cela ?
— Oui.
— Pourquoi ne t’es-tu pas conformé à Tor
dre du commandant qui vous a conseillés et
vous a donné 10 minutes pour y réfléchir.
— Ma foi me le défend.
— Tu sais que toute insubordination est
punissable de prison.
— Je le sais. Le croyant agit selon sa convic
tion.
— On t’a déclaré que cette foi est défendue.
— Nous n’étions pas bien au clair quant à
la défense.
— Maintenant, tu es au clair, veux-tu re
noncer à ta foi ?
— Je ne puis. ■»
On passa au second délit.
« — De quelle foi étais-tu auparavant ?
— De la foi grecque orthodoxe.
— Pourquoi as-tu passé à la foi nazaréenne ?
— Elle est meilleure. »
Un autre juge demande : « De quelle natio
nalité es-tu ?
— Je suis Serbe.
Pour finir, le Secrétaire l’invite à signer le
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