Titre : L'Universel : l'Évangile c'est la liberté ! / direction H. Huchet
Auteur : Mouvement pacifique chrétien de langue française. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1925-07-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32885496v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juillet 1925 01 juillet 1925
Description : 1925/07/01-1925/08/31. 1925/07/01-1925/08/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4565291q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-45090
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/09/2017
V - ■
27* ANNÉE
MENSUEL
U *ms>.
: ■’ l •> >>;.). t
**;- .i-92â-;
JUILLET-AOUT 1925
I
US17ER SEL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur
RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Glaire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ, ,
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER *
Sophie TEDING van BERKIIOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n’engagent que leurs auteurs
Henri HUCHET.
ADMINISTRATION :
Abonnement
Chèques postaux :
Un an
5 francs.
D r DUMESNIL
Le numéro
O fr. 25
PARIS n° 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs.
51, Avenue Reille, PARIS, XIV*. "Tel. : Gobelins 70-33
POUR LA PAIX
La page qu'on va lire — et à laquelle plus de cent signatures de personnalités diverses donnent
par l’éclat et la variété de leur groupement, un sens et une portée considérables —devcdt paraître
il y a quelques semaines déjà. Seule, l’élection du maréchal Hindenburg en a, par une réserve
alors naturelle , retardé lapublication.
Aujourd’hui, où il est évident que rien n'est changé aux possibilités de rapprochement des deux
grands peuples dont, malgré tant de ruines et de deuils endurés, l'entente est condition de la paix
mondiale, je considère comme un devoir de ne pas tenir plus longtemps secret ce document.
Rédigé dans un sentiment de stricte et pure justice et jaisant abstraction du jond même du
procès {que j’ai, pour ma part, instruit dans mon livre « Les Criminels » ), le manifeste que
voici, témoigne, par les noms oui l’ont fait leur, qu'il n'y est point question de soucis politiques,
mais seulement d'un élan de libres esprits vers l'équité, d'un appel ardent à toutes les cons
ciences désireuses de voir se dissiper, déjinitivement, les sanglantes nuées de la guerre.
Victor MARGUERITTE.
Appel aux Consciences
Seul un malentendu sépare le monde de la paix. Il perpétue entre les anciens belligé
rants, et particulièrement entre la France et l’Allemagne, cet esprit de guerre qui naît,
fatalement du sentiment de l’injustice inséparable de l’instinct de revanche.
L’opinion allemande ne subit qu’avec une révolte profonde les articles 227 à 23 o (sanctions)
et cet article 23 1 du Traité de Versailles, dont voici la teneur : « Les gouvernements alliés
sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages su
bis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux, en conséquence de la guerre
qui leur a été imposée par /’agression de C Allemagne et de ses alliés ».
Ce n’est pas contre le fait matériel des réparations que la nation allemande s’élève. Elle
en reconnaît la nécessité. Elle s’incline devant un règlement dont les modalités internatio
nales sont enfin fixées.
Ce qu’elle n’accepte pas, c’est que lui ait été arraché par la force un aveu contre lequel,
avant comme après sa signature, elle n’a cessé de protester et où elle croit voir proclamée aux
yeux du monde, sa culpabilité unilatérale dans les origines et donc dans les responsabilités
de la guerre.
La France, d’autre part, s’en tient à ce dogme : l’agression matérialisée par l’invasion de
la Belgique.
Telle est la situation grosse de dangers qu’il faut à tout prix éclaircir.
D’abord la question de fond.'
Impossible d’en préjuger ici. Cet immense procès, auquel l’Humanité toubentière est inté
ressée, ne saurait, dans le détail complexe de ses causes, être plaidé que toutes archives
ouvertes, et devant une Haute Cour supra nationale. Ecartons-en donc, à priori, l’idée.
Il reste — ( les documents officiels en témoignent ) — que l’article 281 ne fut extorqué à
l’Allemagne que par violence, et sous menace de recommencer aussitôt la guerre, jusqu’à
ruine complète. Ce procédé indigne de la civilisation, pouvons-nous,— après avoir déclaré
soutenir la guerre du Droit contre la Force, — lui donner force de Droit ? Le temps des
justices sommaires et sans appel est passé. Il est aussi inique de condamner un peuple au
déshonneur qu’un individu à la mort, sans un débat contradictoire.
Nous, Français, soucieux de l’honneur de notre pays et croyant aussi, fermement, que
toute violation de Justice porte en elle les catastrophes futures, nous entendons ne .pas en
courir le reproche d’une atteinte aux principes mêmes dont nous nous réclamons.
S’il ne peut être, cependant, question de la refonte matérielle du traité, dont seul le temps
et la Société des Nations se peuvent charger, s’il ne s'agit pas davantage du règlement des
réparations,fixé par la Convention de Londres (Août igif), il dépend du moins de notre
bonne volonté à tous que la Charte imposée à Versailles ne pèse plus, par contrainte, sur
l’instable équilibre où nous vivons.
Nulle sécurité dans l’avenir, si l’on ne procède d’abord au désarmement moral sans lequel
il n’y aura jamais de désarmement matériel possible. L’article 23 1 doit être modifié dans un
sens acceptable pour tous, de même que doivent être abrogés (au titre : sanctions) les arti
cles 277 à 23 o qui, entretenant la haine avec sesueprésailles, ne sont pas moins nuisibles
au rétablissement définitif de la Paix.
Nous sommes à un carrefour. Il faut choisir. D’un côté tous les maux de la guerre, per
pétués par l’esprit de revanche. De l’autre, la réconciliation sincère et le labeur fécond.
Nous invitons tous ceux dont le foyer reste en deuil, tous ceux qui gardent au cœur
l’amour de la justice et de la vérité, tous ceux dont la raison de vivre est pour leur fils un
avenir libéré de la guerre, à joindre leur instance à la nôtre.
Que le Nationalisme allemand ne s’y méprenne pas. Ici nulle preuve de faiblesse. Seule
ment un témoignage de la droiture française, un pas vers la solidarité humaine. L’Allema
gne de Goethe le comprendra.
La civilisation européenne joue en ces jours tragiques son va-tout. Elle est perdue si la
boucherie recommence.
Suivent les Signatures :
Michel et Jeanne Alexandre, Professeurs au
Lycée de Nîmes.
Jean Appleton, Professeur à la Faculté de Droit
de Lyon.
Ernest Archdeacon, Hommes de Lettres:
René Arcos. Homme de Lettres.
André Arntvelde. Homme de Lettres.
Autant. Architecte.
Henri Barbusse.
Victor Basch, Professeur à la Sorbonne.
Oscar Bloch, Avocat à la Cour d’Appel de
Paris.
PierreTonardi, Homme de Lettres.
C.-A. Bontemps, Homme de Lettres.
Marquise W. de Brion.
Cazamian, Professeur à la Sorbonne.
Général E. Chabaud, Ancien chef de la Maison
militaire du Président Loubet.
Félicien Challaye, Professeur agrégé de
l’Université.
Armand Charpentier, Homme de Lettres.
E. Chartier (Alain), Professeur agiégé de
l’Université.
Fanny Clar, Femmes de Lettres.
Pasteur Cooreman.
Michel Corday.
Georges Courteline.
Gustave Coquiot. Homme de Lettres.
Lucien Daudet, Homme de Lettres, Croix
de guerre.
Francis Delaisi, Homme de Lettres.
Georges Demartial, Directeur honoraire au
Ministère des Colonies.
Abbé Demulier, Directeur de la Correspon
dance catholique franco-allemande.
Georges Duhamel, Hommes de Lettres.
Edmond Dumeril. Professeur agrégé de l’Uni
versité. ■ •
Docteur Dumesnil, Directeur de l’Universel.
Renée Dunan, Femme de Lettres.
Gustave Dupin (Ermenonville), Homme de
Lettres.
A. Dupuy, Directeur de l’Ordre naturel.
Alcide Ebray, Ancien Ministre-résident.
Henri Fabre, Directeur du Journal du Peuple.
L.-H. Follin Fondateurde la République su
pranationale.
G. de La Fouchardière. Homme de Lettres.
Léon Frapie, Homme de Lettres.
Noël Garnier, Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Charles Géniaux, Homme de Lettres.
Claire Géniaux, Femme de Lettres.
Général Gérard, Ancien Commandant de la
VIII e Armée.
Charles Gide, Professeur au Collège de France.
Emile Gi.ay. Secrétaire du Syndical national
des Instituteurs.
Gouttenoire de Toury, Homme de Lettres,
Croix de guerre.
Grillot de Givry, Hommes de lettres.
Louis Guétant, Président d’honneur de la Sec
tion lyonnaise des Droits de l’Homme.
Jean Guirec, Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Edouard Guyot, Maître de Conférences à la
Sorbonne.
A. Hamon, Homme de Lettres.
Pierre Hamp, Homme de Lettres.
A. Ferdinand Herold, Homme de Lettres.
Pasteur Huchet, M. P. C.
Henry Jacques, Homme de Lettres. Croix de
guerre.
Gérard de Lacaze Duthiers, Homme de Let
tres.
Jean Laf.fray. Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Madame L-ira, Sociétaire de la Comédie Fran
çaise.
L.-M. Larreguy de Civrieux, Père d’un fils tué
à Verdun.
Jean Longuet, Avocat à la Cour d’Appel de
Paris,
René Maran, Homme de Lettres.
Victor Margueritte.
Albert Mathiez, Professeur à la Faculté des
Lettres de Dijon.
j Alexandre Mercereau, Homme de lettres,
| Croix de guerre.
| Madame Menard-Dorian.
! Colonel Métois.
! * A. Mille, Ancien député, Président du Conseil
j de l’Ordre du Grand-Orient de France.
; Gaston Moch. Homme de Lettres.
Mathias Morhardt, Membre du Comité central
I de la Ligue des Droits de l’Homme.
, Florian Parmentier, Homme de Lettres.
1 Général Percin, Ancien Inspecteur général de
i l’Artillerie.
Alfred Pevet, Homme de Lettres,
i Georges Pioch, Homme de Lettres.
Léo Poldes, Directeur du Club du Faubourg.
Docteur Alfred Prenant Membre de l’Aca-
, démie de Médecine, Professeur à la Faculté de
! Médecine de Paris.
Madame Marie-Louise Puech, Vice-Présidente
de la Paix par le Droit.
1 Jules Puech, Secrétaire général de la Paix par
' le Droit.
j Paul Reboux, Homme de Lettres, Croix de
; guerre.
j Romain Rolland.
! J.M-. Renaitour, Homme de Lettres, Croix de
j guerre.
Ernest Renault, Homme de Lettres.
Gabriel Reuillard, Homme de Lettres.,,.
Gaston Riou, Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Gustave Rodrigues, Homme de Lettres.
Jules Romains, Homme de Lettres.
Maurice Rostand, Homme de Lettres.
Jean Rostand, Homme de Lettres.
Han Ryner, Homme de Lettres.
Madame B. de Saint Prix.
Pierre de Saint-Prix, Homme de Lettres.
Marc Sangnier, Ancien Député,Croix de guerre.
Madame Henriette Sauret. Femme de Lettres.
Edouard Schneider, Homme de Lettres.
Charles Seignobos, Professeur à la Sorbonne.
Antonin Seuhl, Homme de Lettres.
Séverine.
Docteur Sicard de Plauzolles, Professeur au
Collège libre des Sciences sociales, Croix de
guerre.
Victor Snell, Homme de Lettres.
Maurice Verne, Homme de Lettres.
Madame Madeleine Vernet, Directrice de la
Mère éducatrice
Général Verraux, Ancien Commandant du
VI e Corps d’Armée.
Marquis de Villeneuve, Ancien député.
Léon Werth, Homme de Lettres.
Zoretti, Professeur à la Faculté des Sciences
de Caen.
(Nous invitons nos amis à faire connaître autour
d’eux cet appel et à nous transmettre des listes
de signatures d’adhérents).'
N. D. L. R.
Oui ou uou, condamnez-vous la Guerre
Voici le texte de l’appel d’Henri Barbusse aux
travailleurs intellectuels :
Les tragiques événements du Maroc mettent
en demeure les écrivains, les « travailleurs in
tellectuels », tous ceux qui, par quelque point
ou à quelque degré, exercent ne influence
sur l’opinion et jouent par là un rôle public,
de juger ce qui se passe en ce moment en
Afrique ; de dire si oui ou non ils sont d’accord
avec des iniquités politiques dont la trame est
trop visible ; si oui ou non il leur suffit
d’émettre contre la sanglante réalité quelques
béats regrets humanitaires. Les faits sont là.
Contre la guerre du Maroc, cette nouvelle
grande guerre qui se déploie et s’allonge sept
ans après le massacre de dix sept cent mille
Français et de dix millions d’hommes dans le
monde, nous sommes quelques-uns qui éle
vons hautement notre protestation.
Nous avons trop médité l’expérience de l’his
toire et surtout l’histoire des guerres coloniales
pour ne pas dénoncer l’origine impérialiste,
ainsique les conséquences internationales pro
bables de cette guerre.
Nous nous déclarons résolument opposés
aux pratiques d’une diplomatie secrète qui
semblent rencontrer un renouveau de faveur
après avoir été solennellement répudiées et qui
risquent de nous lier demain dans la pour
suite d’une aventure ruineuse, stérile et toute
pleine de nouveaux conflits éventuels.
Nous estimons qu’il n’y a plus à se réfugier
dans les sophismes par lesquels ceux qui ca
pitulent devant les pouvoirs consacrés, s’ac
quittent trop facilement avec leur conscience :
« Ce n’est plus le moment d’intervenir puis
que l’action militaire est engagée... L’honneur
de la France, etc... »
En effet, nous avons été mis en présence
du fait accompli, mais ce n’est pas une raison
pour accepter la grossière intimidation de ce
procédé usuel des gouvernements. En effet,
l’honneur de la France est engagé, mais d’une
façon beaucoup plus large et profonde que
vous ne voulez le croire, et dans un autre sens
que celui que vous voulez croire.
Emus et révoltés par les atrocités commises
de part et d’autre sur le front de l’Ouergha,
nous constatons qu’elles sont inhérentes à
toutes les guerres, et que c’est la guerre qu’il
faut déshonorer.
Nous protestons contre le nouveau régime
de censure établi depuis le commencement
des hostilités dans l’intention de cacher des
vérités que le pays a besoin de connaître.
Nous proclamons une fois de plus le droit
des peuples, à quelque race qu’ils appartien
nent, à disposer d’eux-mêmes.
Nous mettons ces clairs principes au-dessus
des traités de spoliation imposés par la vio
lence aux peuples faibles, et nous considérons
que le fait que ces traités ont été promulgués
il y a longtemps, ne leur ôte rien de leur ini
quité. Il ne peut pas y avoir de droit acquis
contre la volonté des opprimés. On ne saurait
invoquer aucune nécessité qui prime celle de
la justice
Nous faisons appel par-dessus les disputes
passionnées des partis politiques :
A la volonté pacifique d’une opinion que
toute une presse opulente s’occupe plus à
trahir qu’à éclairer.
Au gouvernement de la République pour
qu’il arrête immédiatement l’effusion du sang
au Maroc par la négociation des clauses d’un
juste armistice.
A la Société des Nations, pour qu’elle jus
tifie son existence par une intervention urgente
en faveur de ,1a paix.
Henri BARBUSSE, Louis ARAGON, René ARCOS,
Gabriel BEAUROY, André BRETON, Marcel
BATILLIAT, Emile BENVENISTE, Jacques-
André BOIFFARD, René CREVEL, Michel
CORDAY, E. DONCE-BRISY, DESANGES, Doc
teur M. DUMESNIL. Gustave DUPIN, René
DAVENAY, Robert DESNOS, Paul ELUARD,
G. Ph. FRIEDMANN, FELS, Léon FRAPIE,
Francis GERARD, Norbert GUTERMANN,
HANRYNER, Henri HUCHET, Pierre HAMP,
Francis JOURDAIN, E. LANTY, G. de la BATUT
Henri LEFEVRE, Mathias LUBECK, Michel
LÈIRIS, Henri JVHRABEL, Marcel MILLET,
Léon MOUSSINAC, Luc MERIGA, Pierre
MORHANGE, M. MULLER, André MASSON,
Max MORISE, Georges MALKINE, Victor
MARGUERITE, Léo POLDES, Marcelle VIOUX,
Philippe SOUPAULT, Roland TUAL, Henry
TORRES, Roger VITRAG, Léon WERTH.
BMI mm
1
27* ANNÉE
MENSUEL
U *ms>.
: ■’ l •> >>;.). t
**;- .i-92â-;
JUILLET-AOUT 1925
I
US17ER SEL
Fondé en 1898, supprimé par la censure militaire pendant la Guerre mondiale
Mouoement Pacifique Chrétien
« L INTERNATIONALE DE L AMOUR »
Directeur-Fondateur
RÉDACTION :
Dr M. DUMESNIL, Rédacteur en chef. — Henriette DUMESNIL-HUCHET, Secrétaire
ERMENONVILLE, Général PERCIN, Frédéric BONHOMME, GRILLOT DE GIVRY,
Louis GUÉTANT, Glaire GÉNIAUX, Joël THÉZARD, Dr Henry MARIAVÉ, ,
Dr M. J. ELLIOTT, Mme MARFURT-TORFS, Pr Hermann KUTTER *
Sophie TEDING van BERKIIOUT van TAACK TRAKRANEN
Les articles n’engagent que leurs auteurs
Henri HUCHET.
ADMINISTRATION :
Abonnement
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Un an
5 francs.
D r DUMESNIL
Le numéro
O fr. 25
PARIS n° 217.31
Souscriptions :
Membre adhérent 5 francs.
Membre actif 1 O francs.
Membre militant.... 20 francs.
51, Avenue Reille, PARIS, XIV*. "Tel. : Gobelins 70-33
POUR LA PAIX
La page qu'on va lire — et à laquelle plus de cent signatures de personnalités diverses donnent
par l’éclat et la variété de leur groupement, un sens et une portée considérables —devcdt paraître
il y a quelques semaines déjà. Seule, l’élection du maréchal Hindenburg en a, par une réserve
alors naturelle , retardé lapublication.
Aujourd’hui, où il est évident que rien n'est changé aux possibilités de rapprochement des deux
grands peuples dont, malgré tant de ruines et de deuils endurés, l'entente est condition de la paix
mondiale, je considère comme un devoir de ne pas tenir plus longtemps secret ce document.
Rédigé dans un sentiment de stricte et pure justice et jaisant abstraction du jond même du
procès {que j’ai, pour ma part, instruit dans mon livre « Les Criminels » ), le manifeste que
voici, témoigne, par les noms oui l’ont fait leur, qu'il n'y est point question de soucis politiques,
mais seulement d'un élan de libres esprits vers l'équité, d'un appel ardent à toutes les cons
ciences désireuses de voir se dissiper, déjinitivement, les sanglantes nuées de la guerre.
Victor MARGUERITTE.
Appel aux Consciences
Seul un malentendu sépare le monde de la paix. Il perpétue entre les anciens belligé
rants, et particulièrement entre la France et l’Allemagne, cet esprit de guerre qui naît,
fatalement du sentiment de l’injustice inséparable de l’instinct de revanche.
L’opinion allemande ne subit qu’avec une révolte profonde les articles 227 à 23 o (sanctions)
et cet article 23 1 du Traité de Versailles, dont voici la teneur : « Les gouvernements alliés
sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et de tous les dommages su
bis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux, en conséquence de la guerre
qui leur a été imposée par /’agression de C Allemagne et de ses alliés ».
Ce n’est pas contre le fait matériel des réparations que la nation allemande s’élève. Elle
en reconnaît la nécessité. Elle s’incline devant un règlement dont les modalités internatio
nales sont enfin fixées.
Ce qu’elle n’accepte pas, c’est que lui ait été arraché par la force un aveu contre lequel,
avant comme après sa signature, elle n’a cessé de protester et où elle croit voir proclamée aux
yeux du monde, sa culpabilité unilatérale dans les origines et donc dans les responsabilités
de la guerre.
La France, d’autre part, s’en tient à ce dogme : l’agression matérialisée par l’invasion de
la Belgique.
Telle est la situation grosse de dangers qu’il faut à tout prix éclaircir.
D’abord la question de fond.'
Impossible d’en préjuger ici. Cet immense procès, auquel l’Humanité toubentière est inté
ressée, ne saurait, dans le détail complexe de ses causes, être plaidé que toutes archives
ouvertes, et devant une Haute Cour supra nationale. Ecartons-en donc, à priori, l’idée.
Il reste — ( les documents officiels en témoignent ) — que l’article 281 ne fut extorqué à
l’Allemagne que par violence, et sous menace de recommencer aussitôt la guerre, jusqu’à
ruine complète. Ce procédé indigne de la civilisation, pouvons-nous,— après avoir déclaré
soutenir la guerre du Droit contre la Force, — lui donner force de Droit ? Le temps des
justices sommaires et sans appel est passé. Il est aussi inique de condamner un peuple au
déshonneur qu’un individu à la mort, sans un débat contradictoire.
Nous, Français, soucieux de l’honneur de notre pays et croyant aussi, fermement, que
toute violation de Justice porte en elle les catastrophes futures, nous entendons ne .pas en
courir le reproche d’une atteinte aux principes mêmes dont nous nous réclamons.
S’il ne peut être, cependant, question de la refonte matérielle du traité, dont seul le temps
et la Société des Nations se peuvent charger, s’il ne s'agit pas davantage du règlement des
réparations,fixé par la Convention de Londres (Août igif), il dépend du moins de notre
bonne volonté à tous que la Charte imposée à Versailles ne pèse plus, par contrainte, sur
l’instable équilibre où nous vivons.
Nulle sécurité dans l’avenir, si l’on ne procède d’abord au désarmement moral sans lequel
il n’y aura jamais de désarmement matériel possible. L’article 23 1 doit être modifié dans un
sens acceptable pour tous, de même que doivent être abrogés (au titre : sanctions) les arti
cles 277 à 23 o qui, entretenant la haine avec sesueprésailles, ne sont pas moins nuisibles
au rétablissement définitif de la Paix.
Nous sommes à un carrefour. Il faut choisir. D’un côté tous les maux de la guerre, per
pétués par l’esprit de revanche. De l’autre, la réconciliation sincère et le labeur fécond.
Nous invitons tous ceux dont le foyer reste en deuil, tous ceux qui gardent au cœur
l’amour de la justice et de la vérité, tous ceux dont la raison de vivre est pour leur fils un
avenir libéré de la guerre, à joindre leur instance à la nôtre.
Que le Nationalisme allemand ne s’y méprenne pas. Ici nulle preuve de faiblesse. Seule
ment un témoignage de la droiture française, un pas vers la solidarité humaine. L’Allema
gne de Goethe le comprendra.
La civilisation européenne joue en ces jours tragiques son va-tout. Elle est perdue si la
boucherie recommence.
Suivent les Signatures :
Michel et Jeanne Alexandre, Professeurs au
Lycée de Nîmes.
Jean Appleton, Professeur à la Faculté de Droit
de Lyon.
Ernest Archdeacon, Hommes de Lettres:
René Arcos. Homme de Lettres.
André Arntvelde. Homme de Lettres.
Autant. Architecte.
Henri Barbusse.
Victor Basch, Professeur à la Sorbonne.
Oscar Bloch, Avocat à la Cour d’Appel de
Paris.
PierreTonardi, Homme de Lettres.
C.-A. Bontemps, Homme de Lettres.
Marquise W. de Brion.
Cazamian, Professeur à la Sorbonne.
Général E. Chabaud, Ancien chef de la Maison
militaire du Président Loubet.
Félicien Challaye, Professeur agrégé de
l’Université.
Armand Charpentier, Homme de Lettres.
E. Chartier (Alain), Professeur agiégé de
l’Université.
Fanny Clar, Femmes de Lettres.
Pasteur Cooreman.
Michel Corday.
Georges Courteline.
Gustave Coquiot. Homme de Lettres.
Lucien Daudet, Homme de Lettres, Croix
de guerre.
Francis Delaisi, Homme de Lettres.
Georges Demartial, Directeur honoraire au
Ministère des Colonies.
Abbé Demulier, Directeur de la Correspon
dance catholique franco-allemande.
Georges Duhamel, Hommes de Lettres.
Edmond Dumeril. Professeur agrégé de l’Uni
versité. ■ •
Docteur Dumesnil, Directeur de l’Universel.
Renée Dunan, Femme de Lettres.
Gustave Dupin (Ermenonville), Homme de
Lettres.
A. Dupuy, Directeur de l’Ordre naturel.
Alcide Ebray, Ancien Ministre-résident.
Henri Fabre, Directeur du Journal du Peuple.
L.-H. Follin Fondateurde la République su
pranationale.
G. de La Fouchardière. Homme de Lettres.
Léon Frapie, Homme de Lettres.
Noël Garnier, Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Charles Géniaux, Homme de Lettres.
Claire Géniaux, Femme de Lettres.
Général Gérard, Ancien Commandant de la
VIII e Armée.
Charles Gide, Professeur au Collège de France.
Emile Gi.ay. Secrétaire du Syndical national
des Instituteurs.
Gouttenoire de Toury, Homme de Lettres,
Croix de guerre.
Grillot de Givry, Hommes de lettres.
Louis Guétant, Président d’honneur de la Sec
tion lyonnaise des Droits de l’Homme.
Jean Guirec, Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Edouard Guyot, Maître de Conférences à la
Sorbonne.
A. Hamon, Homme de Lettres.
Pierre Hamp, Homme de Lettres.
A. Ferdinand Herold, Homme de Lettres.
Pasteur Huchet, M. P. C.
Henry Jacques, Homme de Lettres. Croix de
guerre.
Gérard de Lacaze Duthiers, Homme de Let
tres.
Jean Laf.fray. Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Madame L-ira, Sociétaire de la Comédie Fran
çaise.
L.-M. Larreguy de Civrieux, Père d’un fils tué
à Verdun.
Jean Longuet, Avocat à la Cour d’Appel de
Paris,
René Maran, Homme de Lettres.
Victor Margueritte.
Albert Mathiez, Professeur à la Faculté des
Lettres de Dijon.
j Alexandre Mercereau, Homme de lettres,
| Croix de guerre.
| Madame Menard-Dorian.
! Colonel Métois.
! * A. Mille, Ancien député, Président du Conseil
j de l’Ordre du Grand-Orient de France.
; Gaston Moch. Homme de Lettres.
Mathias Morhardt, Membre du Comité central
I de la Ligue des Droits de l’Homme.
, Florian Parmentier, Homme de Lettres.
1 Général Percin, Ancien Inspecteur général de
i l’Artillerie.
Alfred Pevet, Homme de Lettres,
i Georges Pioch, Homme de Lettres.
Léo Poldes, Directeur du Club du Faubourg.
Docteur Alfred Prenant Membre de l’Aca-
, démie de Médecine, Professeur à la Faculté de
! Médecine de Paris.
Madame Marie-Louise Puech, Vice-Présidente
de la Paix par le Droit.
1 Jules Puech, Secrétaire général de la Paix par
' le Droit.
j Paul Reboux, Homme de Lettres, Croix de
; guerre.
j Romain Rolland.
! J.M-. Renaitour, Homme de Lettres, Croix de
j guerre.
Ernest Renault, Homme de Lettres.
Gabriel Reuillard, Homme de Lettres.,,.
Gaston Riou, Homme de Lettres, Croix de
guerre.
Gustave Rodrigues, Homme de Lettres.
Jules Romains, Homme de Lettres.
Maurice Rostand, Homme de Lettres.
Jean Rostand, Homme de Lettres.
Han Ryner, Homme de Lettres.
Madame B. de Saint Prix.
Pierre de Saint-Prix, Homme de Lettres.
Marc Sangnier, Ancien Député,Croix de guerre.
Madame Henriette Sauret. Femme de Lettres.
Edouard Schneider, Homme de Lettres.
Charles Seignobos, Professeur à la Sorbonne.
Antonin Seuhl, Homme de Lettres.
Séverine.
Docteur Sicard de Plauzolles, Professeur au
Collège libre des Sciences sociales, Croix de
guerre.
Victor Snell, Homme de Lettres.
Maurice Verne, Homme de Lettres.
Madame Madeleine Vernet, Directrice de la
Mère éducatrice
Général Verraux, Ancien Commandant du
VI e Corps d’Armée.
Marquis de Villeneuve, Ancien député.
Léon Werth, Homme de Lettres.
Zoretti, Professeur à la Faculté des Sciences
de Caen.
(Nous invitons nos amis à faire connaître autour
d’eux cet appel et à nous transmettre des listes
de signatures d’adhérents).'
N. D. L. R.
Oui ou uou, condamnez-vous la Guerre
Voici le texte de l’appel d’Henri Barbusse aux
travailleurs intellectuels :
Les tragiques événements du Maroc mettent
en demeure les écrivains, les « travailleurs in
tellectuels », tous ceux qui, par quelque point
ou à quelque degré, exercent ne influence
sur l’opinion et jouent par là un rôle public,
de juger ce qui se passe en ce moment en
Afrique ; de dire si oui ou non ils sont d’accord
avec des iniquités politiques dont la trame est
trop visible ; si oui ou non il leur suffit
d’émettre contre la sanglante réalité quelques
béats regrets humanitaires. Les faits sont là.
Contre la guerre du Maroc, cette nouvelle
grande guerre qui se déploie et s’allonge sept
ans après le massacre de dix sept cent mille
Français et de dix millions d’hommes dans le
monde, nous sommes quelques-uns qui éle
vons hautement notre protestation.
Nous avons trop médité l’expérience de l’his
toire et surtout l’histoire des guerres coloniales
pour ne pas dénoncer l’origine impérialiste,
ainsique les conséquences internationales pro
bables de cette guerre.
Nous nous déclarons résolument opposés
aux pratiques d’une diplomatie secrète qui
semblent rencontrer un renouveau de faveur
après avoir été solennellement répudiées et qui
risquent de nous lier demain dans la pour
suite d’une aventure ruineuse, stérile et toute
pleine de nouveaux conflits éventuels.
Nous estimons qu’il n’y a plus à se réfugier
dans les sophismes par lesquels ceux qui ca
pitulent devant les pouvoirs consacrés, s’ac
quittent trop facilement avec leur conscience :
« Ce n’est plus le moment d’intervenir puis
que l’action militaire est engagée... L’honneur
de la France, etc... »
En effet, nous avons été mis en présence
du fait accompli, mais ce n’est pas une raison
pour accepter la grossière intimidation de ce
procédé usuel des gouvernements. En effet,
l’honneur de la France est engagé, mais d’une
façon beaucoup plus large et profonde que
vous ne voulez le croire, et dans un autre sens
que celui que vous voulez croire.
Emus et révoltés par les atrocités commises
de part et d’autre sur le front de l’Ouergha,
nous constatons qu’elles sont inhérentes à
toutes les guerres, et que c’est la guerre qu’il
faut déshonorer.
Nous protestons contre le nouveau régime
de censure établi depuis le commencement
des hostilités dans l’intention de cacher des
vérités que le pays a besoin de connaître.
Nous proclamons une fois de plus le droit
des peuples, à quelque race qu’ils appartien
nent, à disposer d’eux-mêmes.
Nous mettons ces clairs principes au-dessus
des traités de spoliation imposés par la vio
lence aux peuples faibles, et nous considérons
que le fait que ces traités ont été promulgués
il y a longtemps, ne leur ôte rien de leur ini
quité. Il ne peut pas y avoir de droit acquis
contre la volonté des opprimés. On ne saurait
invoquer aucune nécessité qui prime celle de
la justice
Nous faisons appel par-dessus les disputes
passionnées des partis politiques :
A la volonté pacifique d’une opinion que
toute une presse opulente s’occupe plus à
trahir qu’à éclairer.
Au gouvernement de la République pour
qu’il arrête immédiatement l’effusion du sang
au Maroc par la négociation des clauses d’un
juste armistice.
A la Société des Nations, pour qu’elle jus
tifie son existence par une intervention urgente
en faveur de ,1a paix.
Henri BARBUSSE, Louis ARAGON, René ARCOS,
Gabriel BEAUROY, André BRETON, Marcel
BATILLIAT, Emile BENVENISTE, Jacques-
André BOIFFARD, René CREVEL, Michel
CORDAY, E. DONCE-BRISY, DESANGES, Doc
teur M. DUMESNIL. Gustave DUPIN, René
DAVENAY, Robert DESNOS, Paul ELUARD,
G. Ph. FRIEDMANN, FELS, Léon FRAPIE,
Francis GERARD, Norbert GUTERMANN,
HANRYNER, Henri HUCHET, Pierre HAMP,
Francis JOURDAIN, E. LANTY, G. de la BATUT
Henri LEFEVRE, Mathias LUBECK, Michel
LÈIRIS, Henri JVHRABEL, Marcel MILLET,
Léon MOUSSINAC, Luc MERIGA, Pierre
MORHANGE, M. MULLER, André MASSON,
Max MORISE, Georges MALKINE, Victor
MARGUERITE, Léo POLDES, Marcelle VIOUX,
Philippe SOUPAULT, Roland TUAL, Henry
TORRES, Roger VITRAG, Léon WERTH.
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