Titre : Le Petit Havre illustré
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1909-05-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836503h
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 mai 1909 09 mai 1909
Description : 1909/05/09 (N19). 1909/05/09 (N19).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3285361j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87703
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/03/2020
Le Petit Havre
• s 4 ? •
EN VENTE i
Dans tous - les Dépôts du PETIT HAVRE
Huit Pages : C INQ Centimes
EN-VENTE «
Dans tous les Dépôts du PETIT HÂVRI
IK AnnÉB. N 19. DimanchB 9 Mai 1909.
s " : - ‘ ■ ' • ‘ . ..
Administration : 35, Rue Fontenelle
LE HAVRE
Parait chaque Semaine.
HORDE AV X a P ARTS, par Haye
ehs
C.
1 .— Parfaitement, monsieur, c'est le coureur Lalimace, hier encore in-
connu, qui a triomphé dans Bordeaux-Paris.
. —Pourtant, monsieur, mon journal annonce comme gagnant le coureur...
— -Ta, ta, ta, ta... moi qui vous parle, j’ai suivi toute la course en auto
et je vous répète que le vainqueur n’est autre que Sigismond Lalimace bat
tant vos miteux rois de la route de plus de huit heures.
• .... — Diable ! Alors ce Lalimace est un athlète merveilleux, fantastique !
— Lui ? pas du tout! c'est une vulgaire galette ; mais son manager est un
malin qui a su échelonner dans tous les contrôles des gens de confiance
chargés de suivre à la lettre toutes ses. instructions... et quelles instruc
tions!.'.. bref, voici l’histoire vraie de Bordeaux-Paris 1909 :
2 . — Au départ, ça barda tout de suite dans le peloton de tête composé
des plus fins spécialistes da la route. Lalimace, la seule galette de la bande
se vit naturellement décollé au treizième coup de pédale et rama solitai
rement dans la direction de Libourne. Il y arriva avec deux heures de
retard — une paille ! — « J'abandonne », annonça-t-il en entrant au café
de l'Orient où se tenait le contrôle et il commanda un mêlé-cass bien servi.
— « C’est entendu, vous ne gagnerez pas la course, lui co ifia Tristan
Colidor le poète chevelu universellement connu, qui se trouvait là comme
par hasard, mais vous ne perdrez pas tout car je vais vous lire mon dernier
poème...» ■
3 ,.— ... et, en effet, avant que le malheureux Lalimace, complètement
abruti par ses trois heures de bécane, ait songé à se dépêtrer du sinistre
raseur, il avait déjà ingurgité 137 strophes de Noirs sanglots. — « Y en
a encore beaucoup ? fit-il tout à coup.
— Non, 759 seulement... attention ! je continue... 138’ strophe :
« Le vieux furoncle en deuil psalmodie dans le soir',
« La lueur de son œil est morne et sa voix.perle
« Comme l'écho lointain d'un discret entonnoir...
« Cependant qu'au zénith brillent rubis et perles. .
< Le vieux furoncle en deuil psalmodie dans le soir.
4 .—139’ strophe : v.'Rigide en ion linceuil... »
— Ah ! noir, très peu pour moi ! s’écria Lalimace en décampant précipitam
ment. En trois bonds; Tristan Colidor l'eut rejoint :
.. a Rigide en son linceuil mon cœur va^itubant...
■ — Grâce! grâce! ! cria Lalimace en se dégageant, puis, bondissant sur son
vélo il demarra furieusement pendantrque .ventre à terre le poète aux longs
cheveux scandait éperdument : _
« Picorer anxieux tes Amers grenadines '
« O prolifique ancêtre fier et prépondérant
" * «Qui terrassa le veau là-bas dans l'Engadinel...
« Rigide en son linceuil mon cœur va titubant.
5. — Est-oe l’effet d’une terreur bien compréhensible? toujours est-il que
le malheureux Lalimace crut encore'pendant de rapides kilomètres enten
dre déclamer derrière lui pas mal de strophes de Noirs sanglots. Alors
il pédala, pédala... si’bien qu’il arriva au contrôle d'Angoulème (126. ki-
lomètres du départ, s. v. p.) avec 25 minutes seulement de retard sur les
premiers. Au CaféAIoricbon tout le monde s’empressa pour voir et com
plimenter cet inconnu qui venait de couvrir en un si bon temps une pa
reille distance. Mais l'effort avait été quelque peu surhumain et Lalimace
éreinté, fourbu, déclara purement et simplement qu’il abandonnait.
ECtP / *
— - -—--- ------------------------ -------
6. — Pendant que Mme Morichon lui faisait servir un bon café bien chaud,
un gendarme fit irruption : « He là ! le cycliste! c’est vous qui venez d’en-
trer en ville a une allure interdite par le rrrrrèglement? votre compte est
bon... et d’abord avez-vous un grelot à votre vélocipède?... et une plaque?
Allons, ouste! grouillez-vous à venir me montrer votre plaque... »Lali-
mace se leva difficilement : « Voilà, voilà, monsieur le gendarme, on y va... »
et avec une dextérité dont on ne l'aurait pas,cru capable, .il sauta sur sa
machine et grouilla de tout ce qui lui restait d’énergie viâ Ruffec. A son
arrivée, Lalimace tomba d’épuisement ; les membres du Véloce-Club appor
taient déjà une civière pour transporterie moribond lorsque quelqu'un fendit
la foule en criant : « Laissez-moi passer ! Je suis son ami intime... »
7. —-Lal’mace tourna la tête.:. Letapeur! c’était Letaveur ! !... comment
diable cet animal de Letapeur était-il aujourd'hui à Ruffecî... Sans prendre
le temps d'élucider ce troublant problème, Lalimace qui, du coup venait de
recouvrer subitement de nouvelles forces, se jeta résolument de côté et
comme une anguille se glissa entre les badauds. Il courut à sa machine...
. Mais Letapeur s’était lancé à sa poursuite : « Dis donc, vieux, j'ai un petit
service à te demander... » Lalimace ne voulut pas en entendre davantage,
il pédala tant qu'il put. Letapeur sauta sur une des bicyciettes qui se trou
valent là en tas et pendant de nombreux kilomètres ce fut une nouvelle
course qui commença. — « Dis donc, vieux... un petit service... ce que tu
voudras... cinquante francs... »
8. — Le peloton de tête rencontré en route fut littéralement laissé sur
place et c’est seulement en arrivant, à Couhé-Vérao que Lalimace parvint à
lâcher son obstiné poursuivant. Vous pensez bien qu’il ne s’attarda pas au
contrôle. Devant V hôtel Fradet, il sauta de machine en voltige, signa en vol
tige également et fila rageusement vers Poitiers. Il arriva à Poitiers vidé,
fini, mort, bien mort cette fois. —4 « Ça c’est louche ! lança un des nombreux
spectateurs qui se trouvaient à Modem Hôtel. Cet homme-là a dû faire
une partie de la route en auto car il n'est pas bâti pour faire 200 kilomè
tres en quatre heures dix-huit secondes deux cinquièmes. » — « Regardez-
moi donc les jambes qu’il a, observa un des contrôleurs, on dirait mon
crayon ! »
9. — Raison de plus repartit finement quelqu'un, votre crayon est raillé
pour la course'. A Poitiers, chacun le sait, on ne lance pas impunément une
boutade sans qu’aussitôt de multiples .échos lui répondent ; ce fut un feu
roulant de calembours "bons, de piquantes saillies et autres jeux de mots
laids... - s : .
— « Oh là ! Oh là!! s’écria Lalimace revenu à lui sous l’avalanche, n’en
jetez plus ou je me sauve!.’.. »et effectivement il disparut à toutes Dédales
sur la route de Châtellerault.
(Lire la suite page 2).
• s 4 ? •
EN VENTE i
Dans tous - les Dépôts du PETIT HAVRE
Huit Pages : C INQ Centimes
EN-VENTE «
Dans tous les Dépôts du PETIT HÂVRI
IK AnnÉB. N 19. DimanchB 9 Mai 1909.
s " : - ‘ ■ ' • ‘ . ..
Administration : 35, Rue Fontenelle
LE HAVRE
Parait chaque Semaine.
HORDE AV X a P ARTS, par Haye
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1 .— Parfaitement, monsieur, c'est le coureur Lalimace, hier encore in-
connu, qui a triomphé dans Bordeaux-Paris.
. —Pourtant, monsieur, mon journal annonce comme gagnant le coureur...
— -Ta, ta, ta, ta... moi qui vous parle, j’ai suivi toute la course en auto
et je vous répète que le vainqueur n’est autre que Sigismond Lalimace bat
tant vos miteux rois de la route de plus de huit heures.
• .... — Diable ! Alors ce Lalimace est un athlète merveilleux, fantastique !
— Lui ? pas du tout! c'est une vulgaire galette ; mais son manager est un
malin qui a su échelonner dans tous les contrôles des gens de confiance
chargés de suivre à la lettre toutes ses. instructions... et quelles instruc
tions!.'.. bref, voici l’histoire vraie de Bordeaux-Paris 1909 :
2 . — Au départ, ça barda tout de suite dans le peloton de tête composé
des plus fins spécialistes da la route. Lalimace, la seule galette de la bande
se vit naturellement décollé au treizième coup de pédale et rama solitai
rement dans la direction de Libourne. Il y arriva avec deux heures de
retard — une paille ! — « J'abandonne », annonça-t-il en entrant au café
de l'Orient où se tenait le contrôle et il commanda un mêlé-cass bien servi.
— « C’est entendu, vous ne gagnerez pas la course, lui co ifia Tristan
Colidor le poète chevelu universellement connu, qui se trouvait là comme
par hasard, mais vous ne perdrez pas tout car je vais vous lire mon dernier
poème...» ■
3 ,.— ... et, en effet, avant que le malheureux Lalimace, complètement
abruti par ses trois heures de bécane, ait songé à se dépêtrer du sinistre
raseur, il avait déjà ingurgité 137 strophes de Noirs sanglots. — « Y en
a encore beaucoup ? fit-il tout à coup.
— Non, 759 seulement... attention ! je continue... 138’ strophe :
« Le vieux furoncle en deuil psalmodie dans le soir',
« La lueur de son œil est morne et sa voix.perle
« Comme l'écho lointain d'un discret entonnoir...
« Cependant qu'au zénith brillent rubis et perles. .
< Le vieux furoncle en deuil psalmodie dans le soir.
4 .—139’ strophe : v.'Rigide en ion linceuil... »
— Ah ! noir, très peu pour moi ! s’écria Lalimace en décampant précipitam
ment. En trois bonds; Tristan Colidor l'eut rejoint :
.. a Rigide en son linceuil mon cœur va^itubant...
■ — Grâce! grâce! ! cria Lalimace en se dégageant, puis, bondissant sur son
vélo il demarra furieusement pendantrque .ventre à terre le poète aux longs
cheveux scandait éperdument : _
« Picorer anxieux tes Amers grenadines '
« O prolifique ancêtre fier et prépondérant
" * «Qui terrassa le veau là-bas dans l'Engadinel...
« Rigide en son linceuil mon cœur va titubant.
5. — Est-oe l’effet d’une terreur bien compréhensible? toujours est-il que
le malheureux Lalimace crut encore'pendant de rapides kilomètres enten
dre déclamer derrière lui pas mal de strophes de Noirs sanglots. Alors
il pédala, pédala... si’bien qu’il arriva au contrôle d'Angoulème (126. ki-
lomètres du départ, s. v. p.) avec 25 minutes seulement de retard sur les
premiers. Au CaféAIoricbon tout le monde s’empressa pour voir et com
plimenter cet inconnu qui venait de couvrir en un si bon temps une pa
reille distance. Mais l'effort avait été quelque peu surhumain et Lalimace
éreinté, fourbu, déclara purement et simplement qu’il abandonnait.
ECtP / *
— - -—--- ------------------------ -------
6. — Pendant que Mme Morichon lui faisait servir un bon café bien chaud,
un gendarme fit irruption : « He là ! le cycliste! c’est vous qui venez d’en-
trer en ville a une allure interdite par le rrrrrèglement? votre compte est
bon... et d’abord avez-vous un grelot à votre vélocipède?... et une plaque?
Allons, ouste! grouillez-vous à venir me montrer votre plaque... »Lali-
mace se leva difficilement : « Voilà, voilà, monsieur le gendarme, on y va... »
et avec une dextérité dont on ne l'aurait pas,cru capable, .il sauta sur sa
machine et grouilla de tout ce qui lui restait d’énergie viâ Ruffec. A son
arrivée, Lalimace tomba d’épuisement ; les membres du Véloce-Club appor
taient déjà une civière pour transporterie moribond lorsque quelqu'un fendit
la foule en criant : « Laissez-moi passer ! Je suis son ami intime... »
7. —-Lal’mace tourna la tête.:. Letapeur! c’était Letaveur ! !... comment
diable cet animal de Letapeur était-il aujourd'hui à Ruffecî... Sans prendre
le temps d'élucider ce troublant problème, Lalimace qui, du coup venait de
recouvrer subitement de nouvelles forces, se jeta résolument de côté et
comme une anguille se glissa entre les badauds. Il courut à sa machine...
. Mais Letapeur s’était lancé à sa poursuite : « Dis donc, vieux, j'ai un petit
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il pédala tant qu'il put. Letapeur sauta sur une des bicyciettes qui se trou
valent là en tas et pendant de nombreux kilomètres ce fut une nouvelle
course qui commença. — « Dis donc, vieux... un petit service... ce que tu
voudras... cinquante francs... »
8. — Le peloton de tête rencontré en route fut littéralement laissé sur
place et c’est seulement en arrivant, à Couhé-Vérao que Lalimace parvint à
lâcher son obstiné poursuivant. Vous pensez bien qu’il ne s’attarda pas au
contrôle. Devant V hôtel Fradet, il sauta de machine en voltige, signa en vol
tige également et fila rageusement vers Poitiers. Il arriva à Poitiers vidé,
fini, mort, bien mort cette fois. —4 « Ça c’est louche ! lança un des nombreux
spectateurs qui se trouvaient à Modem Hôtel. Cet homme-là a dû faire
une partie de la route en auto car il n'est pas bâti pour faire 200 kilomè
tres en quatre heures dix-huit secondes deux cinquièmes. » — « Regardez-
moi donc les jambes qu’il a, observa un des contrôleurs, on dirait mon
crayon ! »
9. — Raison de plus repartit finement quelqu'un, votre crayon est raillé
pour la course'. A Poitiers, chacun le sait, on ne lance pas impunément une
boutade sans qu’aussitôt de multiples .échos lui répondent ; ce fut un feu
roulant de calembours "bons, de piquantes saillies et autres jeux de mots
laids... - s : .
— « Oh là ! Oh là!! s’écria Lalimace revenu à lui sous l’avalanche, n’en
jetez plus ou je me sauve!.’.. »et effectivement il disparut à toutes Dédales
sur la route de Châtellerault.
(Lire la suite page 2).
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