Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse...Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87703
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/02/2020
Le Petit Hav7re
EN VENTÉ : Bans tous les Dépôts du PETIT HAVRE
Huit Pages : C INQ Centimess’’
8me Année. N' 34. Dimanche 26 Août 1306.
Administration : 35, Rue Fontenelle I.E HAVRE
Paraît chaque Semaine.
EN VENTE : les Dépôts du PETIT HAVRE
1. — S'il y eut au monde une belle-mère bien épatée, ce fut, évidemment, c tte brave Mme Mathieu lorsqu’elle reçut la gracieuse invitation de son gendre, le cocher Collignard, la priant de venir passer quelques jours chez lui, à Paris.
2. — Sa stupéfaction fut au comble lorsqu’elle déballa, peu après, un magnifique chapeau garni de roses et de dentelles ; sur une carte de visite glissée dans le carton, elle lut : « A la meilleure des belles-mères, son gendre respectueux. » Signé : Collignard.
3. — « Merci, mon gendre, votre prévenance à mon endroit ne transporte au comble du bonheur, télégraphia-t-elle aus sitôt; j’arriverai demain, dès l’aube, à la gare du Nord. Je vous embrasse en attendant de le faire de vive voix. »
4. — Le lendemain, Collignard, cette crapule de Collignard, qui avait fait un brin de toilette à Cocotte, se trouvait à l’ar rivée du premier train.
5. _ D’aussi loin qu’elle l’aperçut, Mme Mathieu eut l’ex- plication brutale de tant de sollicitude. En effet, Cocotte avait sur la tête un chapeau en tout semblable au sien. Linjure était cruelle, mais Mme Mathieu, très femme, sut cacher son dépit.
6. — Avec beaucoup d’à-propos : « Ah ! mon bon gendre ! comme c’est gentil à vous d’avoir donné à votre cheval un cha peau pareil au mien; on voit que votre bonté est égale pour les bêtes et pour les gens, et c’est là une preuve indiscutable de la délicatesse de vos sentiments. » .
7. — Ce fut tout, et souriante, Mme Mathieu feignit de n'y plus penser, elle se montra même aimable au possible, si bien que Collignard en vint à regretter sa malicieuse combi naison. « Mais après tout, comme il disait, il n’y a pas trop de bobo, puisque la vieille a pris la chose du bon côté. »
8. — Quelques jours s'étaient écoulés et sa belle-mère avait regagné son domicile lorsque Collignard reçut d’elle une ai- mable invitation : « La campagne est jolie comme tout, venez donc me demander à déjeuner. »
. 9. — Ma foi, dit notre homme, belle-maman est meilleure femme que je ne l’aurais cru... et il prit le train.
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