Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-04-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 avril 1902 19 avril 1902
Description : 1902/04/19 (N312). 1902/04/19 (N312).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32635115
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
T Année — N° 312.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
H v =
Samedi 19 Avril 1902.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’I Imprimeur-Gérant. .. F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à forfait
Le lot et la Chose
Les courants d’opinion qui, depuis
quelques années, ont traversé le ciel
de la politique et y ont déterminé
parfois de véritables tourmentes,
ont laissé dans les idées une confu
sion que la consultation prochaine
du suffrage universel ne paraît
devoir éclaircir. Jamais élections
ne se préparèrent dans une pareille
cacophonie. Des réactionnaires se
posent en républicains, des républi
cains font cause commune avec les
réactionnaires. Les mots eux-mêmes
ont perdu leur signification et, selon
les candidats, expriment des idées
absolument opposées.
Républicain, libéral, progressiste,
nationaliste, radical même et socia
liste, qu’est-ce que cela veut dire ?
Vous voyez, dans certaines circon
scriptions, sous l’étiquette antimi
nistérielle par exemple, les radicaux
faire cause commune avec les na
tionalistes, voire avec les conserva
teurs, et présenter un seul candidat ?
Dites-nous ce qui pourra sortir do
cette alliance occasionnelle. Chacun
des partis coalisés espère en tirer
l’avantage principal, et n’a accepté
le rapprochement qu’avec l’espoir
d’en confisquer à son profit les con
séquences. Le plus fort ou le plus
rusé l’emportera.
Aussi bien estimons-nous que cette
étiquette antiministérielle, simulta
nément adoptée par des candi
dats de nuances très variées, est
de celles qui se doivent impitoya
blement écarter, car elle ne signifie
rien du tout. Antiministériel, cela
veut dire que l’on est contre le mi
nistère. Contre lequel ? — Contre le
le ministère Waldeck-Rdusseau,
c’est entendu. Mais, une fois le mi
nistère Waldeck, parti de lui-même
comme cela paraît probable, ou bien
renversé par un vote parlemen
taire, que deviendront ces hommes
politiques dont le commun objectif
aura été réalisé? L’ennemi par terre,
ils se retrouveront avec leurs idées
contraires, déchaînes bientôt les
uns contre les autres après une
alliance de quelques jours, sous les
yeux des électeurs déconcertés de
ce spectacle.
Ceci, remarquez-le bien, est ab
solument inévitable. Les coalitions
de ce genre n’ont qu’un temps très
limité. Le jour ou elles se désagrè
gent, aucun lien ne saurait retenir
les éléments hétérogènes dont
elles se composaient. Chacun de
leurs membres reprend sa liberté
d’action. Il reste seulement un peu
plus de confusion dans un état
politique déjà trop embrouillé et qui,
s’il ne l’éclaircit pas, nous prépare
de tristes lendemains.
Peu importe que la patrie sombre
ou que les principes fondamentaux
soient foulés aux pieds, pourvu que
le cabinet soit mis en échec ! A pro
prement parler, ceci n’est pas rai
sonner, mais bel et bien déraison
ner, et il est difficile que les électeurs
ne finissent point par s’en rendre
compte.
On pourrait de même discuter sur
la signification de beaucoup d’autres
mots, en politique, qui changent
absolument de sens, selon celui qui
les emploie. Le sens résulte, dira-t-
on, des commentaires qui préten
dent le déterminer. Mais des com
mentaires eux-mêmes se bornent
souvent à des généralités oiseuses,
aux périodes déclamatoires dont la
musique a le privilège de charmer
les foules. Elles sont, selon qui les
prononce, ou de vaines paroles ou
de généreuses promesses. La ques
tion se résume donc en ceci : Tant
vaut l’homme tant vaut le pro
gramme. Les professions de foi ont
la garantie de celui qui les signe.
Son caractère, son passé parlent
pour lui.
Enfin, lorsque l’on ne connaît pas
suffisamment le candidat, soit qu’il
vienne d’ailleurs, soit qu’il n’ait pas
encore vécu, il y a une façon bien
simple de le juger, c’est par l’entou
rage qui le seconde dans son action
électorale. Le critérium est sûr.
Ecoutez le langage du candidat,
c’est bien : vous saurez quels sont
les suffrages auxquels il fait appel ;
— voyez ceux qui l’entourent, c’est
mieux : vous connaîtrez, si caché
qu’il soit, le secret de son ambition,
vous discernerez son intime pensée.
Le vieux proverbe : « Dis-moi qui
tu hantes et je te dirai qui tu es »
est, en politique d’application rigou
reuses. Quelles que soient vos opi
nions, fiez-vous y et vous ne serez
jamais dupés.
François DEPASSE.
LA SITUAT ION
Chacun, au Havre, avait toujours
pensé que le Comité Démocratique
était en droit de présenter aux é léc
hons législatives, dans la première
circonscription, le républicain intègre
qui a toujours combattu pour la dé
mocratie et qui était tout désigné à
son choix, nous nommons M. Denis
Guillot. La candidature lui a/ en
effet, été offerte ; mais il a cru devoir
la décliner devant la situation faite
au parti républicain par l’entrée en
lutte inopinée de M. Jules Siegfried,
que ses protagonistes voulaient,
coûte que coûte, caser quelque part.
Il semblait, cependant, que mieux
que tout autre, M. Denis Guillot fut
appelé à défendre la cause démocra
tique.
Malgré les chances de succès qu’il
était eu droit d’escompter, il a pré
féré céder la place. Il n’a pas voulu
assumer la responsabilité de diviser
les voix républicaines.
Nul, devant cette circonstance, ne
lui fera le reproche d’avoir déserté
son poste de combat. Si le Havre se
trouve encore une fois de plus mal
représenté à la Chambre, nos conci
toyens n’auront qu’à s’en prendre aux
grands électeurs qui ont la prétention
de tout diriger dans notre ville.
Le champ de manœuvre électoral
se trouve ainsi considérablement élargi
depuis ce désistement. Aussi voit-on
les grands pontifes des deux camps
évoluer dans tous les coins de la
ville, annonçant que, désormais, le
terrain déblayé par le radical, la
victoire leur apparaît comme certaine.
Toutefois, l’entrée en l’arène de M.
Frédéric Acher les obligera à réfléchir.
Cette nouvelle candidature va,
selon nous, jeter une certaine inquié
tude aussi bien parmi les amis de M.
Rispal, que parmi ceux qui patronnent
M. Siegfried.
M. Acher ne représente pas complè
tement nos opinions; mais réunissons
les quatre candidats, fouillez dans
leur passé politique, examinez la
solidité de leurs convictions, tenez
compte de la valeur intellectuelle de
chacun d’eux et concluez.
C’est ce que nous engagerons nos
concitoyens à taire. Point n’est besoin
de se livrer à de vaines polémiques
sur le côté faible des candidats. Ils
sont suffisamment connus de nous.
Un simple examen de conscience suffit
pour se faire une opinion.
«qg»-
GROUPE RE COICEitIRÀTION RÉPUBLICAINE
Elections Législatives du 2 7 Avril 1902
(l re Circonscription)
Chers Concitoyens,
MM. Rispal et Siegfried ont tou
jours été et sont restés deux hom
mes politiques d’origine et d’idées
semblables, qui ne sont divisés au
jourd’hui que par des raisons spé
ciales.
Ils ne représentent pas la moyenne
de l’opinion des électeurs Havrais,
si sages, mais si dévoués à la Répu
blique et à la [politique de progrès
et de réformes.
Nous avons jugé qu’une nouvelle
candidature, pouvant donner satis
faction au plus grand nombre, était
nécessaire, et nous avons décidé
notre concitoyen
F. ACHER
Conseiller Général et Conseiller Mnnicipal
à solliciter vos suffrages.
Appartenant à une vieille famille
havraise, entré dans la vie publique
en 1890, il y a occupé une place
considérable. Doué d’une intelli-’
gence remarquable, il s’est, par un
travail incessant, assimilé toutes les
questions administratives et - nul
n’est mieux préparé que lui pour
défendre utilement au Parlement les
intérêts du Pays et ceux de notre
ville.
Homme de caractère et de convic
tion, ferme dans ses résolutions, il
ne cède pas à des entraînements ir
réfléchis et ne consent pas à dépas
ser les limites qu’il s’est tracées ; sa
loyauté bien connue et les procédés
courtois de sa polémique, lui assu
rent l’estime, de ses adversaires poli
tiques eux-mêmes.
C’est grâce à sa profonde connais-
sauce du mécanisme de nos impôts
1 et à son intervention énergique au
Conseil Général, que notre ville
vient d’obtenir un gros degrève
ment de la contribution personnelle
mobilière.
Nous sommes convaincus que
vous ne sauriez faire un meilleur
choix et c’est avec confiance que
nous recommandons sa candidature
à vos suffrages.
ELECTEURS,
Aux urnes et pas d’abstention!
Votez tous pour
F. ACHER
Conseiller Municipal et Conseiller Général
Vive le Havre !
Vive la République !
Le Groupe de Cencentration Républicaine
Voici la Profession de foi du Can
didat
F. A CHER
Conseiller Général et Conseiller Municipal
CANDIDAT RÉPUBLICAIN
Mes Chers Concitoyens,
J’estime avant tout que la Ville du
Havre ne peut pas choisir pour son man
dataire au Parlement l’auteur du singu
lier traité avec le Crédit Foncier,
redressé par jugement du Tribunal Civil
de la Seine en date du 27 Avril 1895,
le représentant par excellence du Secta
risme, du Cléricalisme Huguenot et
Juif. Je suis convaincu aussi que vous
ne voulez ni du Piétinement sur place,
ni des utopies décevantes du Socialisme.
Cédant à de nombreuses sollicitations, je
me décide à poser ma candidature et je
viens vous demander vos suffrages.
Pour ma part, je réprouve les menées
Césariennes, les appels à la violence et
d la haine des classes, mais j’estime qu’il
faut apporter plus de justice dans nos
lois et dans notre administration, afin
d’alléger les charges trop lourdes qui
pèsent sur les classes laborieuses de la
société et de développer les dépenses fa
vorables au bien des masses et à la pros
périté générale ; je suis partisan d’une
Politique d’union républicaine vrai
ment libérale et réformatrice.
La loi sur les Associations est mal
conçue dans certaines de ses parties ;
alors que les Congrégations catholiques
sont molestées, les Congrégations protes
tantes ont- gardé leur indépendance et
continuent à exploiter, à l’aide de sociétés
civiles, des lieux de culte non autorisés.
Je suis d’avis que la liberté de se créer
et de vivre devrait être laissée à toute
Association qui ne réclame pas la per
sonnalité civile.
Je veux la Liberté de l’Enseigne-
meut qui peut seule assurer le dévelop
pement des lettres, des sciences et des
arts dans toute leur splendeur, et je re
pousserai tout projet de monopole uni
versitaire ou de stage scolaire ; mais des
garanties de capacité et de moralité de
vront être exigées des directeurs et mem
bres de l’enseignement libre. Je regarde
d’ailleurs comme intangibles, l’obligation
de l’enseignement primaire , la gratuité
et la laïcité de l’enseignement primaire
public, et je suis d’avis que l’enseigne
ment public à tons ses degrés ne doit
avoir aucun caractère confessionnel.
Je place en première ligne des réformes
à accomplir la B»édncÉi militaire à deux années pour tous,
avec supjjression de toutes les dispenses.
Eu même temps, l’humanité exige un
adoucissement du Code de justice mili
taire en temps de paix.
De profondes modifications doivent être
apportées à notre régime d’impôts. Fidèle
à la Déclaration des Droits de l'Homme
et du Citoyen , j’admets que la contribu
tion commune pour l’entretien de la force
publique et pour les dépenses d’adminis
tration, doit être également répartie entr,e
tous les citoyens, en raison de leurs
facultés ; je repousse, en conséquence,
toute progression dans les impôts et
j’estime que le législateur doit s’attacher
à taxer les contribuables proportionnel
lement à leur revenu. Si je ne puis obte»
nir une taxe directe sur le revenu ou sur
les revenus, je ne travaillerai pas moins
à rendre plus équitable l’ensemble des
autres impôts ; je lutterai notamment
pour achever la réforme de la Contribu
tion personnelle mobilière, .pour faire
disparaître l’impôt barbare des Portes et
Fenêtres, pour supprimer le Privilège
des Bouilleurs de cru, pour réduire
les frais de justice et d'enregistrement .
Libre-Echangiste et bien décidé à réa
gir contre les tendances protectionnistes
si funestes à notre port et au pays tout
entier, je profiterai de toutes les circons
tances favorables pour battre en brèche
notre déplorable Tarif des Douanes.
Je me préoccuperai avec un soin parti
culier de la Situation financière de
notre pays, de façon à enrayer les dé
penses d’administration pure et à déve
lopper l’outillage national.
Point n'est besoin de vous dire que
tous mes efforts tendront à doter le Havre
de la Ligne du Sud - Ouest et des
moyens d’action qui lui sont nécessaires
pour rivaliser avec les grands ports étran
gers ; il y a là non-seulement un intérêt
local, mais aussi un intérêt national de
premier ordre.
La question des Retraites sollicite
l’attention publique. Je pense qu’il faut
lui donner une solution large et générale
par l’attribution de pensions à tous les
vieillards et incurables qui en ont besoin,
sans créer d'impôt spécial sur le travail
et sans nuire aux Sociétés de Secours
mutuels.
Respectueux des droits du Suffragé
Universel, j’entends que les membres des
Conseils du Travail soient nommés par
les mêmes électeurs que les Conseils de
Prud’hommes.
ÉLECTEURS,
Si vous suc faites riioniieui’ de
m’aceoB*dei* vos suffrages, je vous
promet» une véB*itable assiduité
aux travaux parlementaires, un
dévouement absolu et un constant
effort pouB’ le bien public*
Vive la République !
Vive le Havre I
F. ACHER
Conseiller général et
Conseiller municipal »
Nous publions également ci-des
sous, la profession de foi du citoyen
Philippe, candidat républicain socia
liste :
Aux électeurs de la 1 T0 Circonscription
du Havre
Citoyens,
Désigné par le groupe socialiste
1’ « Union Républicaine » comme candi
dat, je n’ai pas cru devoir décliner ce
choix, et voici pourquoi :
Depuis trop longtemps, la ville du Ha
vre est livrée à un clan de politiciens qui
considèrent que leurs intérêts particu
liers ou leurs rancunes personnelles doi
vent passer avant l’intérêt général des
habitants.
D’un autre côté, si l’on examine le ter
rain perdu, l'oubli volontaire de certains
principes, de réformes depuis trop long
temps promises et toujours laissées de
côté, on est amené à conclure qu’il est
nécessaire de réagir.
Considérant que l’évolution qui s’est
produite dans les conditions économiques
des travailleurs, met de plus eu plus
ceux-ci, par la création de Sociétés indus-
• vjth
CINQ CENTIMES LE NUMERO
H v =
Samedi 19 Avril 1902.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’I Imprimeur-Gérant. .. F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à forfait
Le lot et la Chose
Les courants d’opinion qui, depuis
quelques années, ont traversé le ciel
de la politique et y ont déterminé
parfois de véritables tourmentes,
ont laissé dans les idées une confu
sion que la consultation prochaine
du suffrage universel ne paraît
devoir éclaircir. Jamais élections
ne se préparèrent dans une pareille
cacophonie. Des réactionnaires se
posent en républicains, des républi
cains font cause commune avec les
réactionnaires. Les mots eux-mêmes
ont perdu leur signification et, selon
les candidats, expriment des idées
absolument opposées.
Républicain, libéral, progressiste,
nationaliste, radical même et socia
liste, qu’est-ce que cela veut dire ?
Vous voyez, dans certaines circon
scriptions, sous l’étiquette antimi
nistérielle par exemple, les radicaux
faire cause commune avec les na
tionalistes, voire avec les conserva
teurs, et présenter un seul candidat ?
Dites-nous ce qui pourra sortir do
cette alliance occasionnelle. Chacun
des partis coalisés espère en tirer
l’avantage principal, et n’a accepté
le rapprochement qu’avec l’espoir
d’en confisquer à son profit les con
séquences. Le plus fort ou le plus
rusé l’emportera.
Aussi bien estimons-nous que cette
étiquette antiministérielle, simulta
nément adoptée par des candi
dats de nuances très variées, est
de celles qui se doivent impitoya
blement écarter, car elle ne signifie
rien du tout. Antiministériel, cela
veut dire que l’on est contre le mi
nistère. Contre lequel ? — Contre le
le ministère Waldeck-Rdusseau,
c’est entendu. Mais, une fois le mi
nistère Waldeck, parti de lui-même
comme cela paraît probable, ou bien
renversé par un vote parlemen
taire, que deviendront ces hommes
politiques dont le commun objectif
aura été réalisé? L’ennemi par terre,
ils se retrouveront avec leurs idées
contraires, déchaînes bientôt les
uns contre les autres après une
alliance de quelques jours, sous les
yeux des électeurs déconcertés de
ce spectacle.
Ceci, remarquez-le bien, est ab
solument inévitable. Les coalitions
de ce genre n’ont qu’un temps très
limité. Le jour ou elles se désagrè
gent, aucun lien ne saurait retenir
les éléments hétérogènes dont
elles se composaient. Chacun de
leurs membres reprend sa liberté
d’action. Il reste seulement un peu
plus de confusion dans un état
politique déjà trop embrouillé et qui,
s’il ne l’éclaircit pas, nous prépare
de tristes lendemains.
Peu importe que la patrie sombre
ou que les principes fondamentaux
soient foulés aux pieds, pourvu que
le cabinet soit mis en échec ! A pro
prement parler, ceci n’est pas rai
sonner, mais bel et bien déraison
ner, et il est difficile que les électeurs
ne finissent point par s’en rendre
compte.
On pourrait de même discuter sur
la signification de beaucoup d’autres
mots, en politique, qui changent
absolument de sens, selon celui qui
les emploie. Le sens résulte, dira-t-
on, des commentaires qui préten
dent le déterminer. Mais des com
mentaires eux-mêmes se bornent
souvent à des généralités oiseuses,
aux périodes déclamatoires dont la
musique a le privilège de charmer
les foules. Elles sont, selon qui les
prononce, ou de vaines paroles ou
de généreuses promesses. La ques
tion se résume donc en ceci : Tant
vaut l’homme tant vaut le pro
gramme. Les professions de foi ont
la garantie de celui qui les signe.
Son caractère, son passé parlent
pour lui.
Enfin, lorsque l’on ne connaît pas
suffisamment le candidat, soit qu’il
vienne d’ailleurs, soit qu’il n’ait pas
encore vécu, il y a une façon bien
simple de le juger, c’est par l’entou
rage qui le seconde dans son action
électorale. Le critérium est sûr.
Ecoutez le langage du candidat,
c’est bien : vous saurez quels sont
les suffrages auxquels il fait appel ;
— voyez ceux qui l’entourent, c’est
mieux : vous connaîtrez, si caché
qu’il soit, le secret de son ambition,
vous discernerez son intime pensée.
Le vieux proverbe : « Dis-moi qui
tu hantes et je te dirai qui tu es »
est, en politique d’application rigou
reuses. Quelles que soient vos opi
nions, fiez-vous y et vous ne serez
jamais dupés.
François DEPASSE.
LA SITUAT ION
Chacun, au Havre, avait toujours
pensé que le Comité Démocratique
était en droit de présenter aux é léc
hons législatives, dans la première
circonscription, le républicain intègre
qui a toujours combattu pour la dé
mocratie et qui était tout désigné à
son choix, nous nommons M. Denis
Guillot. La candidature lui a/ en
effet, été offerte ; mais il a cru devoir
la décliner devant la situation faite
au parti républicain par l’entrée en
lutte inopinée de M. Jules Siegfried,
que ses protagonistes voulaient,
coûte que coûte, caser quelque part.
Il semblait, cependant, que mieux
que tout autre, M. Denis Guillot fut
appelé à défendre la cause démocra
tique.
Malgré les chances de succès qu’il
était eu droit d’escompter, il a pré
féré céder la place. Il n’a pas voulu
assumer la responsabilité de diviser
les voix républicaines.
Nul, devant cette circonstance, ne
lui fera le reproche d’avoir déserté
son poste de combat. Si le Havre se
trouve encore une fois de plus mal
représenté à la Chambre, nos conci
toyens n’auront qu’à s’en prendre aux
grands électeurs qui ont la prétention
de tout diriger dans notre ville.
Le champ de manœuvre électoral
se trouve ainsi considérablement élargi
depuis ce désistement. Aussi voit-on
les grands pontifes des deux camps
évoluer dans tous les coins de la
ville, annonçant que, désormais, le
terrain déblayé par le radical, la
victoire leur apparaît comme certaine.
Toutefois, l’entrée en l’arène de M.
Frédéric Acher les obligera à réfléchir.
Cette nouvelle candidature va,
selon nous, jeter une certaine inquié
tude aussi bien parmi les amis de M.
Rispal, que parmi ceux qui patronnent
M. Siegfried.
M. Acher ne représente pas complè
tement nos opinions; mais réunissons
les quatre candidats, fouillez dans
leur passé politique, examinez la
solidité de leurs convictions, tenez
compte de la valeur intellectuelle de
chacun d’eux et concluez.
C’est ce que nous engagerons nos
concitoyens à taire. Point n’est besoin
de se livrer à de vaines polémiques
sur le côté faible des candidats. Ils
sont suffisamment connus de nous.
Un simple examen de conscience suffit
pour se faire une opinion.
«qg»-
GROUPE RE COICEitIRÀTION RÉPUBLICAINE
Elections Législatives du 2 7 Avril 1902
(l re Circonscription)
Chers Concitoyens,
MM. Rispal et Siegfried ont tou
jours été et sont restés deux hom
mes politiques d’origine et d’idées
semblables, qui ne sont divisés au
jourd’hui que par des raisons spé
ciales.
Ils ne représentent pas la moyenne
de l’opinion des électeurs Havrais,
si sages, mais si dévoués à la Répu
blique et à la [politique de progrès
et de réformes.
Nous avons jugé qu’une nouvelle
candidature, pouvant donner satis
faction au plus grand nombre, était
nécessaire, et nous avons décidé
notre concitoyen
F. ACHER
Conseiller Général et Conseiller Mnnicipal
à solliciter vos suffrages.
Appartenant à une vieille famille
havraise, entré dans la vie publique
en 1890, il y a occupé une place
considérable. Doué d’une intelli-’
gence remarquable, il s’est, par un
travail incessant, assimilé toutes les
questions administratives et - nul
n’est mieux préparé que lui pour
défendre utilement au Parlement les
intérêts du Pays et ceux de notre
ville.
Homme de caractère et de convic
tion, ferme dans ses résolutions, il
ne cède pas à des entraînements ir
réfléchis et ne consent pas à dépas
ser les limites qu’il s’est tracées ; sa
loyauté bien connue et les procédés
courtois de sa polémique, lui assu
rent l’estime, de ses adversaires poli
tiques eux-mêmes.
C’est grâce à sa profonde connais-
sauce du mécanisme de nos impôts
1 et à son intervention énergique au
Conseil Général, que notre ville
vient d’obtenir un gros degrève
ment de la contribution personnelle
mobilière.
Nous sommes convaincus que
vous ne sauriez faire un meilleur
choix et c’est avec confiance que
nous recommandons sa candidature
à vos suffrages.
ELECTEURS,
Aux urnes et pas d’abstention!
Votez tous pour
F. ACHER
Conseiller Municipal et Conseiller Général
Vive le Havre !
Vive la République !
Le Groupe de Cencentration Républicaine
Voici la Profession de foi du Can
didat
F. A CHER
Conseiller Général et Conseiller Municipal
CANDIDAT RÉPUBLICAIN
Mes Chers Concitoyens,
J’estime avant tout que la Ville du
Havre ne peut pas choisir pour son man
dataire au Parlement l’auteur du singu
lier traité avec le Crédit Foncier,
redressé par jugement du Tribunal Civil
de la Seine en date du 27 Avril 1895,
le représentant par excellence du Secta
risme, du Cléricalisme Huguenot et
Juif. Je suis convaincu aussi que vous
ne voulez ni du Piétinement sur place,
ni des utopies décevantes du Socialisme.
Cédant à de nombreuses sollicitations, je
me décide à poser ma candidature et je
viens vous demander vos suffrages.
Pour ma part, je réprouve les menées
Césariennes, les appels à la violence et
d la haine des classes, mais j’estime qu’il
faut apporter plus de justice dans nos
lois et dans notre administration, afin
d’alléger les charges trop lourdes qui
pèsent sur les classes laborieuses de la
société et de développer les dépenses fa
vorables au bien des masses et à la pros
périté générale ; je suis partisan d’une
Politique d’union républicaine vrai
ment libérale et réformatrice.
La loi sur les Associations est mal
conçue dans certaines de ses parties ;
alors que les Congrégations catholiques
sont molestées, les Congrégations protes
tantes ont- gardé leur indépendance et
continuent à exploiter, à l’aide de sociétés
civiles, des lieux de culte non autorisés.
Je suis d’avis que la liberté de se créer
et de vivre devrait être laissée à toute
Association qui ne réclame pas la per
sonnalité civile.
Je veux la Liberté de l’Enseigne-
meut qui peut seule assurer le dévelop
pement des lettres, des sciences et des
arts dans toute leur splendeur, et je re
pousserai tout projet de monopole uni
versitaire ou de stage scolaire ; mais des
garanties de capacité et de moralité de
vront être exigées des directeurs et mem
bres de l’enseignement libre. Je regarde
d’ailleurs comme intangibles, l’obligation
de l’enseignement primaire , la gratuité
et la laïcité de l’enseignement primaire
public, et je suis d’avis que l’enseigne
ment public à tons ses degrés ne doit
avoir aucun caractère confessionnel.
Je place en première ligne des réformes
à accomplir la B»édncÉi
avec supjjression de toutes les dispenses.
Eu même temps, l’humanité exige un
adoucissement du Code de justice mili
taire en temps de paix.
De profondes modifications doivent être
apportées à notre régime d’impôts. Fidèle
à la Déclaration des Droits de l'Homme
et du Citoyen , j’admets que la contribu
tion commune pour l’entretien de la force
publique et pour les dépenses d’adminis
tration, doit être également répartie entr,e
tous les citoyens, en raison de leurs
facultés ; je repousse, en conséquence,
toute progression dans les impôts et
j’estime que le législateur doit s’attacher
à taxer les contribuables proportionnel
lement à leur revenu. Si je ne puis obte»
nir une taxe directe sur le revenu ou sur
les revenus, je ne travaillerai pas moins
à rendre plus équitable l’ensemble des
autres impôts ; je lutterai notamment
pour achever la réforme de la Contribu
tion personnelle mobilière, .pour faire
disparaître l’impôt barbare des Portes et
Fenêtres, pour supprimer le Privilège
des Bouilleurs de cru, pour réduire
les frais de justice et d'enregistrement .
Libre-Echangiste et bien décidé à réa
gir contre les tendances protectionnistes
si funestes à notre port et au pays tout
entier, je profiterai de toutes les circons
tances favorables pour battre en brèche
notre déplorable Tarif des Douanes.
Je me préoccuperai avec un soin parti
culier de la Situation financière de
notre pays, de façon à enrayer les dé
penses d’administration pure et à déve
lopper l’outillage national.
Point n'est besoin de vous dire que
tous mes efforts tendront à doter le Havre
de la Ligne du Sud - Ouest et des
moyens d’action qui lui sont nécessaires
pour rivaliser avec les grands ports étran
gers ; il y a là non-seulement un intérêt
local, mais aussi un intérêt national de
premier ordre.
La question des Retraites sollicite
l’attention publique. Je pense qu’il faut
lui donner une solution large et générale
par l’attribution de pensions à tous les
vieillards et incurables qui en ont besoin,
sans créer d'impôt spécial sur le travail
et sans nuire aux Sociétés de Secours
mutuels.
Respectueux des droits du Suffragé
Universel, j’entends que les membres des
Conseils du Travail soient nommés par
les mêmes électeurs que les Conseils de
Prud’hommes.
ÉLECTEURS,
Si vous suc faites riioniieui’ de
m’aceoB*dei* vos suffrages, je vous
promet» une véB*itable assiduité
aux travaux parlementaires, un
dévouement absolu et un constant
effort pouB’ le bien public*
Vive la République !
Vive le Havre I
F. ACHER
Conseiller général et
Conseiller municipal »
Nous publions également ci-des
sous, la profession de foi du citoyen
Philippe, candidat républicain socia
liste :
Aux électeurs de la 1 T0 Circonscription
du Havre
Citoyens,
Désigné par le groupe socialiste
1’ « Union Républicaine » comme candi
dat, je n’ai pas cru devoir décliner ce
choix, et voici pourquoi :
Depuis trop longtemps, la ville du Ha
vre est livrée à un clan de politiciens qui
considèrent que leurs intérêts particu
liers ou leurs rancunes personnelles doi
vent passer avant l’intérêt général des
habitants.
D’un autre côté, si l’on examine le ter
rain perdu, l'oubli volontaire de certains
principes, de réformes depuis trop long
temps promises et toujours laissées de
côté, on est amené à conclure qu’il est
nécessaire de réagir.
Considérant que l’évolution qui s’est
produite dans les conditions économiques
des travailleurs, met de plus eu plus
ceux-ci, par la création de Sociétés indus-
• vjth
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