Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-04-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 avril 1902 05 avril 1902
Description : 1902/04/05 (N310). 1902/04/05 (N310).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32635093
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
T Année — f J10.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 5 Avril 1902.
te fi
m
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure .... . .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ;eT REDACTION
15, RUE aASIM|R-PÉRXER, 15
Secrétaire de la Hédactk|k Alfred sieari
LU mprimeur-Gérant ..
ff. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 „
On traite à forfait
Lire dans notre 3° page
LA CHASSE AD EUE
Chronique inédite
par Gustave GUITTON
écrite spécialement pour notre journal
RÉPUBLICAINE
Les élections législatives appro
chent et il est temps d'examiner la
situation respective des partis qui
vont entrer en lutte ; mais comment
discerner exactement la couleur et
les tendances des groupes dont la
multiplicité va toujours croissant?
On a fait, pour égarer l’électeur, un
tel abus des mots, une telle confusion
des étiquettes, qu’il est bien difficile
de se reconnaître dans cettq tour de
Babel.
D’un coté, apparaissent ; les Méli-
nistes, les Progressistes, et puis,
par suite d’une profanation de l’idée
sacrée de Patrie, les Nationalistes
conduits par la trinité Cavaignac-
Mercier-Lemaître au son du fifre et
du tambour d’un charlatanisme
éhonté.
Ensuite, à l’autre pôle, se tien
nent les Collectivistes, les Allema
ndes, les Guédistes et les Anar
chistes.
Le parti ouvrier a créé le
Socialisme dont les progrès préoc
cupent les patrons et les dirigeants.
Nous ne parlerons pas des Monar
chistes ni des Réactionnaires avérés.
Ceux-là sont de francs ennemis qui
arborent bravement leur drapeau et
avec eux on sait à quoi s’en tenir,
ni des Cléricaux agissant sans bruit
dans l’ombre et qui n’en sont pas
moins dangereux.
Nos adversaires les plus à redou
ter sont donc les Républicains dé
guisés qui, sous les apparences
trompeuses de liberté, de démocratie
et même de socialisme, s’introdui
sent hypocritement dans la place
pour en devenir plus sûrement
les maîtres. C’est de ce côté sur-,
tout qu’il faut veiller, et nous
reconnaîtrons nos véritables amis,
non pas par des proclamations
retentissantes, par des rapproche
ments suspects, mais bien par leurs
actes et par leurs antécédents.
*
♦ *
La suite et les résultats des élec
tions de 1898 seront un enseigne
ment profitable. Nous avons assisté,
dans le cours de la législature qui
vient d’expirer, à un spectacle vrai
ment lamentable. Nous avons vu
dès candidats du Havre, devenus
députés avec un programme répu
blicain, votant, dans toutes les cir
constances ou les intérêts républi
cains étaient en cause, avec les clé
ricaux et les réactionnaires, sous le
vain prétexte que le ministre Mille-
rand, à la tête des collectivistes,
allait mettre le pays à feu et à sang.
Cette ineptie devait, d’une part,
produire son effet dans les milieux
financiers oh la frousse est en per
manence et dans les campagnes 011
le cultivateur est fortement attaché
au lopin de terre péniblement acquis
par les sueurs et l’économie ; d’autre
part, elle devait servir de flèche
empoisonnée pour renverser un mi
nistère ayant l’audace de défendre
les principes fondamentaux de nos
institutions.
Nos députés devaient leur mandat
au grand protectionniste Mélîne qui,
ils en étaient convaincus, ne pou
vait manquer de revenir aux affaires
et, selon toute prévision, de, procé
der aux élections de 1902 et de ré
compenser, par un nouvel appui, les
votes hostiles au gouvernement de
la défense républicaine. C’était donc
le renouvellement assuré du bien
heureux mandat, et la fin justifiant
les moyens, toutes les apostasies
étaient permises.
Le cabinet Waldeck-Rousseau a
résisté à tous les assauts et, contre
toute attente, il s’est maintenu fer
mement au pouvoir, déjouant ainsi
tous les calculs de ses adversaires les
plus acharnés. Que reste-t-il de leurs
combinaisons intéressées? un vail
lant ministère toujours debout, une
noire trahison, un profond dégoût
et une cruelle déception des élec
teurs encore une fois dupés.
*
* *
Cependant, nos anciens députés,
que rien n’arrêtè et comptant sur la
versatilité de leurs mandants, osent
se représenter. Actuellement, l’un
d’eux est abandonné par le comité
qui l’avait énergiquement soutenu
en 1898 et qui est devenu 'provi
soirement ministériel pour lui faire
échec ; l’autre en est réduit à subir
la protection d’un concurrent réac
tionnaire de vieille souche, s’empres
sant de s'effacer et trouvant que la
place est mieux occupée que par lui-
même. Voilà oh nous en sommes au
Havre. On n’y a.jamais vu pareil
gâchis.
Les républicains' de la veille, les
vrais démocrates comprendront-ils
enfin que le moment est venu de
mettre un terme à leurs mesquines
divisions, à leurs rivalités crimi
nelles, de serrer les rangs, de choi
sir et de soutenir des hommes nou
veaux, d’une probité politique à
toute épreuve et ayant un passé ré
pondant de l’avenir? Jamais le pays
n’a traversé une période plus criti
que et l’on peut affirmer que le sort
' de la-République va se trouver en
tre les mains des nouveaux élus.
L’heure solennelle va sonner et nos
adversaires le comprennent si bien
qu’ils ont, depuis longtemps, tout
mis en œuvre pour arriver bons
premiers. Non-seulement le gros de
-leur armée est déjà engagé à fond,-
mais toutes les rp#rves vont don-
Wr^fjusqu^if oataillon musqué des
Femmes de France, la masse en
tière des ennemis du régime actuel
va marcher comme un seul homme.
Avec de l’ùnion, du dévouement,
une simple abnégation des person
nalités et beaucoup de discipline, le
grand parti républicain arrêtera
cette avalanche menaçante et par
viendra à constituer la majorité dont
un ministère a besoin pour diriger la
barque, achever l’accomplissement
des réformes promises et à prévenir
un recul fatal de plus de 20 ans.
SENEX. '
LA DÉCLARA TION DE CANDIDATURE
Le décret de convocation des élec
teurs pour le 27 avril a paru au
Journal Officiel ; la période électorale
est donc virtuellement ouverte.
Déjà on s’est préoccupé à la préfec
ture de la Seine et dans les préfectures
des départements de l’organisation de
la partie matérielle du prochain scru
tin.
Notamment, on a préparé les récé
pissés provisoires et définitifs qui doi
vent être délivrés aux candidats en
échange de leur déclaration de candi
dature :
Tout citoyen, dit la loi du 17 juillet
1889, qui se présente ou est présenté aux
élections générales ou partielles, doit,
par une déclaration signée ou visée par
lui et dûment légalisée, faire connaître
dans quelle circonscription il est candidat.
Cette déclaration est déposée, contre reçu
provisoire, à la préfecture du département
intéressé, le cinquième jour au plus tard
avant le jour du scrutin.
Il en sera délivré un récépissé définitif
dans les vingt-quatre heures.
Il n’est pas inutile de faire remar
quer que le dépôt de déclaration de
candidature n’est pas obligatoirement
fait par le candidat lui-même. Il peut
être opéré soit par un tiers, soit même
par voie postale. Le récépissé le men
tionne expressément.
Notons enfin que c’est à la préfec
ture du département que doit être
faite la déclaration. Pour Paris et la
Seine, cette formalité s’accomplira,
non au bureau des élections, mais au
cabinet même du préfet.
—■ —
L’ÉLECTION SÉNATORIA LE OU VAR
La candidature de M. Clemenceau
à l’élection sénatoriale qui aura lieu
dimanche prochain dans le Var re
cueille les adhésions de tous les comi
tés radicaux.
M. Clémenceau, qui se trouve dans
le Yar depuis samedi, a visité plu
sieurs communes, accompagné de M.
Négrel, maire de la Cadière et con
seiller général. Il a été l’objet de cha
leureuses ovations.
Le conseil municipal de Dragui
gnan lui a voté l’adresse suivante :
A Tocçasion de l’arrivée dans le Var du
citoyen Clemenceau, candidat à l’élection
sénatoriale du G avril prochain, le Con
seil municipal de Draguignan lui sou
haite la bienvenue.
Plein d’admiration pour l’orateur, le
penseur, l’écrivain, il lui adresse en même
temps l’expression de sa profonde sym
pathie.
On annonce que M. Clémenceau
aura, dimauche, pour concurrents le
docteur Trotobas, ancien président
du conseil général du Var, et M. Pierre
Blanc, maire et conseiller général de
Salernes, tous les deux radicaux socia
listes.
EXEMPLE A SUIVRE
Les candidats en présence à Brest,
viennent de prendre publiquement
une décision qui mérite d’être signa
lée :
M. Nény, candidat progressiste,
avait organisé une réunion pablique à
la Bourse. M. Vibert, candidat socia
liste, y vint avec ses partisans.
D’un commun accord, il a été dé
cidé que pendant toute la période
électorale :
1° Le bureau sera formé par des
partisans en nombre égal de chaque
candidat ;
2° Le compte-rendu de la réunion
sera soumis à la ratification du bu
reau avant d’être publié par les jour
naux.
M. Coudurier, rédacteur en chef de
la Dépêche de Brest, et M. Lefebvre, ré
dacteur en chef du Breton Socialiste,
présents à la réunion, ont ratifié cette
dernière clause.
Tous les documents seront donc
mis impartialement sous les yeux du
public qui jugera en toute connais
sance de cause et en toute loyauté.
La Bretagne, dit-on, est un pays
arriéré. Voilà pourtant un procédé
électoral qui dénote chez eux un sen
timent de loyauté, qui, s’il était mis
en pratique dans toute la France ren
drait la consultation nationale assu
rément plus pratique et plus bonnêté.
QUI E ST A VEN DRE ?
J’ai vu conduire au poste, et un
peu brutalement, des pauvres vieux
qui, après une vie de rudes labeurs,
mendiaient quelques sous pour ne pas
mourir de faim ; j’ai vu, au coin des
rues, par le froid glacial, des enfants
loqueteux, baves, laissant voir à tra
vers leurs habits troués leur chair
violette et meurtrie ; j’ai vu des mal
heureuses mères traînant par les places
ruisselantes de lumières leurs mar
mots pâles et déguenillés, épaves de
la société marâtre, et, à leurs trousses,
j’ai vu le gendarme, tout ce qui re
présente l’autorité si dure aux faibles,
si complaisante pour les puissants.
Àujourd’hui, je vois de riches dames
qui, abusant de leur fortune due au
hasard, vont de porte en porte et
mendient, elles aussi, non pour man
ger du pain, mais pour assurer l’élec
tion des candidats riches.
C’est au nom de la liberté que ces
dames soutirent de l’argent au four
nisseur terrorisé par la peur de perdre
sa clientèle.
C’est au nom de la liberté qu’elles
demandent l’obole du petit fonction
naire, en lui faisant entendre que si
les nationalistes triomphent, on lui
fera expier durement son refus, s’il
ne souscrit pas.
Elles ont ainsi recueilli beaucoup
d’argent pour les prochaines élections.
Le moment de le distribuer est arrivé.
Elles vont donner, donner généreuse
ment à tous ceux qui leur promettront
leur voix en échange.
Qui est à vendre? Le moment de
passer à la caisse est venu.
(Le Petit Bouennais)
CHRONI QUE ÉLE CTORALE
Rouen
Liste des Suspects
Les Comités électoraux abondent à
Rouen. Chaque quartier possède le
sien et tous sont nationalistes, bien
entendu. A quoi peuvent bien servir
ces nombreux comités ?... C’est la
question que se pose les citoyens rai
sonnables ainsi que les commerçants,
qui ne sont pas sans inquiétudes de
voir ce qui se passe autour d’eux. Il
y a de quoi.
Ces comités passent leurs loisirs à
dresser des listes de suspects.
Les noms des électeurs sont soigneu
sement relevés et on les passe en re
vue dans chaque section. Fuis ils sont
classés en bons, douteux ou indiffé
rents et mauvais.
Les bons se chargent des douteux
et des indifférents. Ils vont les voir,
causent avec eux, s’informent des per
sonnes pouvant avoir de l'influence
sur eux. Si c’est un petit commer
çant, on cherche parmi ses meilleurs
clients un nationaliste militant qui
vient d’abord lui demander sa « petite
obole » pour la bonne cause. Fuis
quelques jours plus tard, il s’arrête
dans sa boutique pour causer avec
lui. La France est menacée, lui dit-
il; si le socialiste (?) Ricard est élu,
c’en est fait de notre liberté. On vous
prendra votre maison et tout ce que
vous pouvez posséder.
A une visite ultérieure, le bon
apôtre lui conseille de venir au comité
nationaliste, lui laissant entendre
qu’il pourra ainsi faire des affaires
nouvelles, et le jour du scrutin il
vient le chercher pour le faire voter.
S’il résiste, on le note aussitôt com
me mauvais. Il va grossir la liste des
suspects, de ceux qu’il faudra < saler »
quand les nationalistes seront les
maîtres et qu'il faut ruiner en atten
dant.
Ab ! vous ne pensez pas comme
nous, disent les républicains qui sou
tiennent la candidature du Gobier,
eb bien vous allez voir ce qu’il en
coûte, et l’on passe le mot d’ordre
aux affidés qui exécutent scrupuleuse
ment les conseils donnés ces jours-ci
par M. Faul de Cassaguac dans 1’4 m-
torité :
Il serait stupide à nous de faire vivre,
d’enrichir, d’engraisser des commerçants
qui passent leur temps à ameuter contre
nous les appétits et les convoitises socia
listes.
On a évidemment le droit de ne pas
penser comme nous et même de le crier
bien haut, mais alors on trouvera naturel,
quand nous avons besoin de fournitures
quelconques, que nous nous adressions à
un autre boucher, à un autre boulanger,
à un autre épicier, à un autre tailleur.
M. Borgnet, un excellent républi
cain soutenu par le Nouvelliste , un
athée que la Croix patronne, sollicite
vos suffrages ; comme lui, disent ses
amis aux commerçants, nous sommes
partisans de la liberté, aussi nous
vous laissons le choix : « Voter pour
le Gobier ou mourir de faim. »
Les électeurs leur répondront en
votant pour Ricard.
♦ •
Arrondissement de Dieppe
(l re circonscription)
Dieppe aussi aura abondance de
candidats. La première circonscrip
tion en comptait déjà deux, mais ni
l’un, ni l’autre, ne pouvait complaire
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 5 Avril 1902.
te fi
m
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure .... . .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ;eT REDACTION
15, RUE aASIM|R-PÉRXER, 15
Secrétaire de la Hédactk|k Alfred sieari
LU mprimeur-Gérant ..
ff. LE ROY
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LA CHASSE AD EUE
Chronique inédite
par Gustave GUITTON
écrite spécialement pour notre journal
RÉPUBLICAINE
Les élections législatives appro
chent et il est temps d'examiner la
situation respective des partis qui
vont entrer en lutte ; mais comment
discerner exactement la couleur et
les tendances des groupes dont la
multiplicité va toujours croissant?
On a fait, pour égarer l’électeur, un
tel abus des mots, une telle confusion
des étiquettes, qu’il est bien difficile
de se reconnaître dans cettq tour de
Babel.
D’un coté, apparaissent ; les Méli-
nistes, les Progressistes, et puis,
par suite d’une profanation de l’idée
sacrée de Patrie, les Nationalistes
conduits par la trinité Cavaignac-
Mercier-Lemaître au son du fifre et
du tambour d’un charlatanisme
éhonté.
Ensuite, à l’autre pôle, se tien
nent les Collectivistes, les Allema
ndes, les Guédistes et les Anar
chistes.
Le parti ouvrier a créé le
Socialisme dont les progrès préoc
cupent les patrons et les dirigeants.
Nous ne parlerons pas des Monar
chistes ni des Réactionnaires avérés.
Ceux-là sont de francs ennemis qui
arborent bravement leur drapeau et
avec eux on sait à quoi s’en tenir,
ni des Cléricaux agissant sans bruit
dans l’ombre et qui n’en sont pas
moins dangereux.
Nos adversaires les plus à redou
ter sont donc les Républicains dé
guisés qui, sous les apparences
trompeuses de liberté, de démocratie
et même de socialisme, s’introdui
sent hypocritement dans la place
pour en devenir plus sûrement
les maîtres. C’est de ce côté sur-,
tout qu’il faut veiller, et nous
reconnaîtrons nos véritables amis,
non pas par des proclamations
retentissantes, par des rapproche
ments suspects, mais bien par leurs
actes et par leurs antécédents.
*
♦ *
La suite et les résultats des élec
tions de 1898 seront un enseigne
ment profitable. Nous avons assisté,
dans le cours de la législature qui
vient d’expirer, à un spectacle vrai
ment lamentable. Nous avons vu
dès candidats du Havre, devenus
députés avec un programme répu
blicain, votant, dans toutes les cir
constances ou les intérêts républi
cains étaient en cause, avec les clé
ricaux et les réactionnaires, sous le
vain prétexte que le ministre Mille-
rand, à la tête des collectivistes,
allait mettre le pays à feu et à sang.
Cette ineptie devait, d’une part,
produire son effet dans les milieux
financiers oh la frousse est en per
manence et dans les campagnes 011
le cultivateur est fortement attaché
au lopin de terre péniblement acquis
par les sueurs et l’économie ; d’autre
part, elle devait servir de flèche
empoisonnée pour renverser un mi
nistère ayant l’audace de défendre
les principes fondamentaux de nos
institutions.
Nos députés devaient leur mandat
au grand protectionniste Mélîne qui,
ils en étaient convaincus, ne pou
vait manquer de revenir aux affaires
et, selon toute prévision, de, procé
der aux élections de 1902 et de ré
compenser, par un nouvel appui, les
votes hostiles au gouvernement de
la défense républicaine. C’était donc
le renouvellement assuré du bien
heureux mandat, et la fin justifiant
les moyens, toutes les apostasies
étaient permises.
Le cabinet Waldeck-Rousseau a
résisté à tous les assauts et, contre
toute attente, il s’est maintenu fer
mement au pouvoir, déjouant ainsi
tous les calculs de ses adversaires les
plus acharnés. Que reste-t-il de leurs
combinaisons intéressées? un vail
lant ministère toujours debout, une
noire trahison, un profond dégoût
et une cruelle déception des élec
teurs encore une fois dupés.
*
* *
Cependant, nos anciens députés,
que rien n’arrêtè et comptant sur la
versatilité de leurs mandants, osent
se représenter. Actuellement, l’un
d’eux est abandonné par le comité
qui l’avait énergiquement soutenu
en 1898 et qui est devenu 'provi
soirement ministériel pour lui faire
échec ; l’autre en est réduit à subir
la protection d’un concurrent réac
tionnaire de vieille souche, s’empres
sant de s'effacer et trouvant que la
place est mieux occupée que par lui-
même. Voilà oh nous en sommes au
Havre. On n’y a.jamais vu pareil
gâchis.
Les républicains' de la veille, les
vrais démocrates comprendront-ils
enfin que le moment est venu de
mettre un terme à leurs mesquines
divisions, à leurs rivalités crimi
nelles, de serrer les rangs, de choi
sir et de soutenir des hommes nou
veaux, d’une probité politique à
toute épreuve et ayant un passé ré
pondant de l’avenir? Jamais le pays
n’a traversé une période plus criti
que et l’on peut affirmer que le sort
' de la-République va se trouver en
tre les mains des nouveaux élus.
L’heure solennelle va sonner et nos
adversaires le comprennent si bien
qu’ils ont, depuis longtemps, tout
mis en œuvre pour arriver bons
premiers. Non-seulement le gros de
-leur armée est déjà engagé à fond,-
mais toutes les rp#rves vont don-
Wr^fjusqu^if oataillon musqué des
Femmes de France, la masse en
tière des ennemis du régime actuel
va marcher comme un seul homme.
Avec de l’ùnion, du dévouement,
une simple abnégation des person
nalités et beaucoup de discipline, le
grand parti républicain arrêtera
cette avalanche menaçante et par
viendra à constituer la majorité dont
un ministère a besoin pour diriger la
barque, achever l’accomplissement
des réformes promises et à prévenir
un recul fatal de plus de 20 ans.
SENEX. '
LA DÉCLARA TION DE CANDIDATURE
Le décret de convocation des élec
teurs pour le 27 avril a paru au
Journal Officiel ; la période électorale
est donc virtuellement ouverte.
Déjà on s’est préoccupé à la préfec
ture de la Seine et dans les préfectures
des départements de l’organisation de
la partie matérielle du prochain scru
tin.
Notamment, on a préparé les récé
pissés provisoires et définitifs qui doi
vent être délivrés aux candidats en
échange de leur déclaration de candi
dature :
Tout citoyen, dit la loi du 17 juillet
1889, qui se présente ou est présenté aux
élections générales ou partielles, doit,
par une déclaration signée ou visée par
lui et dûment légalisée, faire connaître
dans quelle circonscription il est candidat.
Cette déclaration est déposée, contre reçu
provisoire, à la préfecture du département
intéressé, le cinquième jour au plus tard
avant le jour du scrutin.
Il en sera délivré un récépissé définitif
dans les vingt-quatre heures.
Il n’est pas inutile de faire remar
quer que le dépôt de déclaration de
candidature n’est pas obligatoirement
fait par le candidat lui-même. Il peut
être opéré soit par un tiers, soit même
par voie postale. Le récépissé le men
tionne expressément.
Notons enfin que c’est à la préfec
ture du département que doit être
faite la déclaration. Pour Paris et la
Seine, cette formalité s’accomplira,
non au bureau des élections, mais au
cabinet même du préfet.
—■ —
L’ÉLECTION SÉNATORIA LE OU VAR
La candidature de M. Clemenceau
à l’élection sénatoriale qui aura lieu
dimanche prochain dans le Var re
cueille les adhésions de tous les comi
tés radicaux.
M. Clémenceau, qui se trouve dans
le Yar depuis samedi, a visité plu
sieurs communes, accompagné de M.
Négrel, maire de la Cadière et con
seiller général. Il a été l’objet de cha
leureuses ovations.
Le conseil municipal de Dragui
gnan lui a voté l’adresse suivante :
A Tocçasion de l’arrivée dans le Var du
citoyen Clemenceau, candidat à l’élection
sénatoriale du G avril prochain, le Con
seil municipal de Draguignan lui sou
haite la bienvenue.
Plein d’admiration pour l’orateur, le
penseur, l’écrivain, il lui adresse en même
temps l’expression de sa profonde sym
pathie.
On annonce que M. Clémenceau
aura, dimauche, pour concurrents le
docteur Trotobas, ancien président
du conseil général du Var, et M. Pierre
Blanc, maire et conseiller général de
Salernes, tous les deux radicaux socia
listes.
EXEMPLE A SUIVRE
Les candidats en présence à Brest,
viennent de prendre publiquement
une décision qui mérite d’être signa
lée :
M. Nény, candidat progressiste,
avait organisé une réunion pablique à
la Bourse. M. Vibert, candidat socia
liste, y vint avec ses partisans.
D’un commun accord, il a été dé
cidé que pendant toute la période
électorale :
1° Le bureau sera formé par des
partisans en nombre égal de chaque
candidat ;
2° Le compte-rendu de la réunion
sera soumis à la ratification du bu
reau avant d’être publié par les jour
naux.
M. Coudurier, rédacteur en chef de
la Dépêche de Brest, et M. Lefebvre, ré
dacteur en chef du Breton Socialiste,
présents à la réunion, ont ratifié cette
dernière clause.
Tous les documents seront donc
mis impartialement sous les yeux du
public qui jugera en toute connais
sance de cause et en toute loyauté.
La Bretagne, dit-on, est un pays
arriéré. Voilà pourtant un procédé
électoral qui dénote chez eux un sen
timent de loyauté, qui, s’il était mis
en pratique dans toute la France ren
drait la consultation nationale assu
rément plus pratique et plus bonnêté.
QUI E ST A VEN DRE ?
J’ai vu conduire au poste, et un
peu brutalement, des pauvres vieux
qui, après une vie de rudes labeurs,
mendiaient quelques sous pour ne pas
mourir de faim ; j’ai vu, au coin des
rues, par le froid glacial, des enfants
loqueteux, baves, laissant voir à tra
vers leurs habits troués leur chair
violette et meurtrie ; j’ai vu des mal
heureuses mères traînant par les places
ruisselantes de lumières leurs mar
mots pâles et déguenillés, épaves de
la société marâtre, et, à leurs trousses,
j’ai vu le gendarme, tout ce qui re
présente l’autorité si dure aux faibles,
si complaisante pour les puissants.
Àujourd’hui, je vois de riches dames
qui, abusant de leur fortune due au
hasard, vont de porte en porte et
mendient, elles aussi, non pour man
ger du pain, mais pour assurer l’élec
tion des candidats riches.
C’est au nom de la liberté que ces
dames soutirent de l’argent au four
nisseur terrorisé par la peur de perdre
sa clientèle.
C’est au nom de la liberté qu’elles
demandent l’obole du petit fonction
naire, en lui faisant entendre que si
les nationalistes triomphent, on lui
fera expier durement son refus, s’il
ne souscrit pas.
Elles ont ainsi recueilli beaucoup
d’argent pour les prochaines élections.
Le moment de le distribuer est arrivé.
Elles vont donner, donner généreuse
ment à tous ceux qui leur promettront
leur voix en échange.
Qui est à vendre? Le moment de
passer à la caisse est venu.
(Le Petit Bouennais)
CHRONI QUE ÉLE CTORALE
Rouen
Liste des Suspects
Les Comités électoraux abondent à
Rouen. Chaque quartier possède le
sien et tous sont nationalistes, bien
entendu. A quoi peuvent bien servir
ces nombreux comités ?... C’est la
question que se pose les citoyens rai
sonnables ainsi que les commerçants,
qui ne sont pas sans inquiétudes de
voir ce qui se passe autour d’eux. Il
y a de quoi.
Ces comités passent leurs loisirs à
dresser des listes de suspects.
Les noms des électeurs sont soigneu
sement relevés et on les passe en re
vue dans chaque section. Fuis ils sont
classés en bons, douteux ou indiffé
rents et mauvais.
Les bons se chargent des douteux
et des indifférents. Ils vont les voir,
causent avec eux, s’informent des per
sonnes pouvant avoir de l'influence
sur eux. Si c’est un petit commer
çant, on cherche parmi ses meilleurs
clients un nationaliste militant qui
vient d’abord lui demander sa « petite
obole » pour la bonne cause. Fuis
quelques jours plus tard, il s’arrête
dans sa boutique pour causer avec
lui. La France est menacée, lui dit-
il; si le socialiste (?) Ricard est élu,
c’en est fait de notre liberté. On vous
prendra votre maison et tout ce que
vous pouvez posséder.
A une visite ultérieure, le bon
apôtre lui conseille de venir au comité
nationaliste, lui laissant entendre
qu’il pourra ainsi faire des affaires
nouvelles, et le jour du scrutin il
vient le chercher pour le faire voter.
S’il résiste, on le note aussitôt com
me mauvais. Il va grossir la liste des
suspects, de ceux qu’il faudra < saler »
quand les nationalistes seront les
maîtres et qu'il faut ruiner en atten
dant.
Ab ! vous ne pensez pas comme
nous, disent les républicains qui sou
tiennent la candidature du Gobier,
eb bien vous allez voir ce qu’il en
coûte, et l’on passe le mot d’ordre
aux affidés qui exécutent scrupuleuse
ment les conseils donnés ces jours-ci
par M. Faul de Cassaguac dans 1’4 m-
torité :
Il serait stupide à nous de faire vivre,
d’enrichir, d’engraisser des commerçants
qui passent leur temps à ameuter contre
nous les appétits et les convoitises socia
listes.
On a évidemment le droit de ne pas
penser comme nous et même de le crier
bien haut, mais alors on trouvera naturel,
quand nous avons besoin de fournitures
quelconques, que nous nous adressions à
un autre boucher, à un autre boulanger,
à un autre épicier, à un autre tailleur.
M. Borgnet, un excellent républi
cain soutenu par le Nouvelliste , un
athée que la Croix patronne, sollicite
vos suffrages ; comme lui, disent ses
amis aux commerçants, nous sommes
partisans de la liberté, aussi nous
vous laissons le choix : « Voter pour
le Gobier ou mourir de faim. »
Les électeurs leur répondront en
votant pour Ricard.
♦ •
Arrondissement de Dieppe
(l re circonscription)
Dieppe aussi aura abondance de
candidats. La première circonscrip
tion en comptait déjà deux, mais ni
l’un, ni l’autre, ne pouvait complaire
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