Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-03-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 mars 1902 29 mars 1902
Description : 1902/03/29 (N309). 1902/03/29 (N309).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263508p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
T Année — N” 365.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 25 Mars 1502.
Réveil
Havre
Î3AL
Organe du Parti Républicain Démocranque
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 9
On traite à forfait
Lire dans notre 3 e page
La FÊTE DE PAQUES
Chronique inédite
par Gustave GUITTON
écrite spécialement pour notre journal
LA
Mêlée Electorale
Il fut un temps où l’on défendait
des idées et des principes. Les pro
grammes n’étaient pas conçus pour
le service de telle ou telle candida
ture. On bataillait avec ardeur, non
pas pour le triomphe d’un nom, mais
pour le succès d’une politique nette
ment définie où se lisaient de nobles
aspirations. De nos jours, on ne se
donne même plus, souvent, la peine
de définir un programme; on se
contente de jeter en pâture au corps
électoral quelques vagues formules
dans lesquelles l’esprit se perd ; des
phrases sans suite, qui prêtent à tous
les sens et, aussi, à toutes les réti
cences, à toutes les apostasies. Si ce
n'est ainsi, partout, il faut convenir
qu’en maints endroits cela se passe.
Et dans notre bonne ville plus par
ticulièrement.
Pourtant, le peuple est-il con
damné à gémir sous la glèbe, et
suivant l’expression de Lamennais,
à une servitude sans terme et à une
misère sans espérance ? Non, nous
ne le pensons pas. Nous estimons
qu’il a le droit de songer à l’amé
lioration de son sort, au soulage
ment de ses maux. Le citoyen doit
avoir pour but de vivre largement
de son travail, de nourrir sa famille
aisément et d’élever ses enfants vers
un idéal de fraternité, de justice,
avec la raison pour guide, la science
pour appui.
L’état de gêne dans lequel nous
vivons, la médiocrité matérielle et
morale que nous subissons, sont-ce
là des nécessités inéluctables? Ne
peut-on jamais tendre vers un ave
nir meilleur ? Oui, évidemment.
Ceux qui prétendent le contraire
sont des ignorants, ou de dangereux
augures, en tous cas de réels mal
faiteurs.
Certes, entre ce qui est bon, ce
qui favorise l’homme et entre ce qui
lui est nuisible, un choix est à faire.
D’où il suit qu’il ne suffit pas, en
sociologie, de vouloir, mais qu’il
faut savoir, et quand on sait, de
vouloir. Tout le problème social est
là, c’est-à-dire dans la connaissance
et l’application des mesures propres
à déterminer le bien-être, Problème
souvent complexe, il est vrai, mais
non point complètement insoluble.
De grandes questions sollicitent
énergiquement et puissamment neu
tre attention. Après avoir autrefois
combattu pour la formé constitu
tionnelle, maintenant que la Répu
blique est le gouvernement de prin
cipe, sinon toujours de fait, il faut
s’occuper du fond. Nous devons
meubler la maison pour la rendre
habitable, si je puis parler ainsi. Je
sais bien que la République est tou
jours attaquée par ses adversaires
avec des armes dissimulées et des
moyens hypocrites. Ils en voudraient
faire une caricature honteuse n’ayant
que des vices et point de vertus.
Mais le meilleur moyen de la dé
fendre, c’est de mettre en action
ses bienfaits, c’est de la faire mieux
connaître et mieux aimer.
Les principales difficultés qui se
dressent devant le pays sont d’ordre
économique. Il est utile de répéter
que la plupart des lois dans cet
ordre nont été que des mesures
d’intérêt privé, des moyens d’aug
menter et de perpétuer la domina
tion et les abus du petit nombre sur
le plus grand. C’est l’essence même
du régime protectionniste. Quand
nous aurons supprimé ou abaissé les
barrières de douane, quand nous
aurons détruit les impôts de con
sommation, la vie nous sera, à cha
cun, plus aisée. Notre régime fiscal
est vexatoire, destructeur d’énergie.
Les dettes s’accumulent, les dé
penses augmentent fatalement et les
ressources font défaut. Quelque ef
fort que l’on fasse, on ne parvient
plus à boucher les trous du budget.
C’est à grand’peine qu’on petit le
mettre en équilibre après le vote de
trois douzièmes provisoires. Le
temps doit finir des expédients finan
ciers. Il faut en arriver, bon gré,
mal gré, au seul système rationnel,
à l’impôt sur les revenus fixant,
suivant la charte des droits de
l’homme, les charges des citoyens,
non d’après leurs besoins, mais
d’après leurs' facultés. Et ce n’est
pas un impôt de superposition, mais
un impôt de remplacement que nous
voulons. Ce sera encore là le seul
moyen, réellement pratique, de sup
primer les octrois. D’autres points,
encore, attirent l’attention publique,
je ne citerai que la loi de deux ans
de service militaire devant réduire
les lourdes dépenses de défense na
tionale, la réduction des frais de
justice. Dans l’ordre essentiellement
politique, il nous faut effectuer la
neutralité religieuse de l’Etat, aussi
bien au point de vue des missions,
écoles à l’étranger, que de l’indé
pendance réciproque de l’Eglise et
de l’Etat.
Sur ces divers sujets, tout d’ac
tualité'et ne présentant aucune réa
lisation chimérique, nous avons le
droit d’entendre nos candidats en
un langage net, clair et précis. Et
si nous avions conscience de notre
responsabilité individuelle, nous de
vrions solliciter d’eux des explica
tions formelles. Si nous ne le faisons
pas, c’est que nous sommes bons
pour la servitude, incapables de nous
gouverner ni de nous faire repré
senter dans la démocratie. J’aime à
croire, cependant, que nous n’en
sommes pas tout à fait là.
Alf. Henri.
PALI NODI E
ET
FEMMES DE FRANCE
En deux articles bien inspirés,
remplis de bon sens et de vérités,
Un Démocrate a mis en lumière, dans
le Réveil, les transformations succes
sives de la ligne de conduite des
principales feuilles du Havre, gi
rouettes tournant à tous les vents et
se fixant aujourd’hui vers l’orienta
tion mercantile des leaders du temple
et des grands électeurs; ces pontifes
sans conviction et qui n'ont en vue
que leurs propres intérêts, n’ont, en
effet, d’autre but que de consolider
aux élections législatives prochaines,
une situation politique habilement
acquise par l’intrigue et la duplicité.
Il était nécessaire de démasquer ces
excellents cléricaux, opportunistes,
progressistes, nationalistes, etc., etc.,
déguisés en républicains démocrates.
Nous ne désespérons pas même de les
voir bientôt arborer la bannière so
cialiste. Les mots ne leur coûteront
rien pourvu que la cote à la Bourse
soit bonne.
★
* *
Après la palinodie de la presse
havraise, nous avons eu la propa
gande échevelée des Femmes de
France. Il faut avouer que ces grandes
dames ont la langue bien pendue et
qu'elles ont recours, pour livrer le
bon combat, à des armes irrésistibles.
Elles en remontreraient, pour amener
les électeurs à déposer dans Fume le
bulletin rêvé, aux caméléons des
feuilles havraises.
Elles commencent par s'apitoyer
sur le sort des enfants. Il est vrai
qu’elles en ont peu personnellement,
laissant cette charge aux lapinières
ouvrières où la sainte maternité ne
regarde pas à la dot obligatoire ni à
la déformation de la taille, ni à la
défloraison des charmes féminins ; il
est vrai aussi que, lorsque par hasard,
elles en ont un, ces patriciennes
s’empressent de le confier à des mains
mercenaires et de lui faire sucer un
lait plébéien qui, du reste, n’altëre
en rien le sang précieux coulant
dans les veines de ce petit prodige.
Ce n’est donc pas pour leur descen
dance que ces nobles damés partent
en campagne comme les héroïnes de
l’ancienne « Patrie Française » qui
n'était pas encore devenue ce que
l’on peut appeler aujourd’hui la
« Duperie Française ».
Ouvriers et prolétaires, ce sont vos
foyers où la bonne graine pullule et
fructifie qui sont l’objet de la sollici
tude de ces mondaines au sein stérile.
C’est l’avenir de vos enfants que vos
femmes allaitent et élèvent elles-
mêmes qui excitent leur pitié et vos
fils seront perdus si vous n'en faites
pas des cléricaux ou des citoyens bien
pensants...
Suivez bien, démocrates endurcis,
la dialectique des circulaires parfu
mées dont vous êtes inondés. Elles
procèdent par gradation. D’abord
c’est la patte de velours qui se montre:
en avant le patriotisme, la religion,
les sentiments spéciaux de famille
dont les classes privilégiées ont le
secret ; puis viennent les griffes sous
forme transparente de menaces de
jeûne et d’abstinence aux élec
teurs qui n'obéiraient pas aux in
jonctions des épouses.
Un peu de pudeur, nobles dames !
Commencez par donner l’exemple :
« croissez et multipliez » ; élevez
vous-mêmes vos entants; faites-en des
circoncis ou des soutiens du trône et
de l’autel, si vous le pouvez ; mais,
de grâce, laissez-nous faire des nôtres
des hommes libres, de bons travail
leurs, de vrais patriotes ayant pour
devise : Egalité et Fraternité.
SENEX.
ELECTIONS LÉGISLATIVES
Le Petit Rouennais , qui publie cha
que jour des détails précis sur la si
tuation électorale dans notre dépar
tement, renferme dans son numéro
d’hier une appréciation des candida
tures actuellement en présence dans
la première circonscription du Havre.
Nous recommandons à nos amis la
lecture de cet article. Il nous semble,
eu effet résumer parfaitement ce qui
se passe dans cette circonscription. Il
est, dans tous les, c$s k intéressant de
savoir ce que pensent de nous des ré
publicains qui, étrangers à nos luttes
personnelles, peuvent envisager avec
plus de calme ce qui est l’intérêt
du parti démocratique.
Yoici cet article : .
arrondissement DU HAVRE
4 M Circonscription. — Entre
compères.
M. Rispal a eommé adversaire M.
Siegfried. Pourquoi ? Tout simple
ment parce que ce dernier, n’étaut
plus sénateur, cherche une occasion
de rentrer dans la vie politique.
M. Rispal est aujourd’hui ce qu’il
était en 1898. Il se réclame de Mé-
line et préconise l’alliance avec les
partis conservateurs, comme il le fai
sait il y a quatre ans, et demain,
comme à cette époque, tous les jour
naux réactionnaires du département
appuieront chaudement sa candida
ture.
Les amis de M. Siegfried, les Gé-
nestal, les Bricka, les Persac, n’en
soutenaient pas moins M. Rispal
contre M. Denis Guillot, le candidat
des démocrates havrais. Aujourd’hui
il y a de la brouille entre ces anciens
amis, mais il faut avouer que les
questions de principe n’y sont pour
rien, et la meilleure preuve, c’est que
le Petit Havre , qui a été raéliniste et
nationaliste de 1897 à 1901, est de
venu subitement presque ministériel,
du jour où M. Siegfried a fait acte de
candidat.
Ces palinodies successives écœurent
à bon droit le corps électoral, et les
républicains feront bien de ne pas
s’engager à la suite de M. Siegfried,
qui change d’opinion avec une facilité
trop déconcertante.
Jusqu’à présent, les frères ennemis
sont restés sur la réserve. Ils s’ob
servent avant d’engager la lutte, qui
promet d’être chaude.
Il est à souhaiter que les républi
cains havrais confient le drapeau en
de bonnes mains et se groupent der
rière le candidat qui, en 1898, aurait
triomphé, sans la pression éhontée de
la préfecture, car entre MM. Rispal
et Siegfried, la différence est un peu
mince.
EVANGILE SELON SAINT JULES
Le Comité Centrai s’est, paraî-il,
de nouveau réuni, le vendredi 19
(prenez garde, ce jour porte mal
heur), pour entendre la bonne parole
de l’Evangile, pardon, je veux dire
de la Bible selon Saint Jules.
Le candidat du Petit Havre a con
tinué à y développer son programme,
en prenant, cette fois, pour sujet le
Câble des Açores. 11 est vraiment re
grettable qu'il n’ait pas cru devoir
suivre le conseil que nous lui avions
donné, dans le précédent numéro du
Réveil , de joindre à la question du
sucre, celle non moins intéressante du
savon, car ces deux questions sont
connexes et d’une importance capi
tale ; il aura certainement à le re
gretter au moment des élections.
Un compère l’a donc prié de s’ex
pliquer sur la question du Câble des
Açores ; prié est une façon de parler,
car il y a beau temps que c’était
mijoté entr’eux. Le Câble des Açores !
c’est le cauchemar du candidat du
Petit Havre ; il a cru s’en débarrasser
en prenant le devant, comme l’autru
che qui cache sa tête, croyant ainsi
û'être pas aperçue du chasseur. Il a
donné à ses treize disciples fidèles qui
buvaient avidement ses paroles, des
explications à dormir debout, qui les
ont pleinement satisfait.
Ces explications sont évidemment
l’apologie de ses agissements dans
cette affaire : il a sauvé les finances
de l’Etat d’un désastre; le Câble d’une
rupture certaine par les Anglais ; il a
fait échouer la concession à une Com
pagnie anglaise; mais l’électeur a
besoin d’être éclairé par une voix
plus autorisée et moins intéressée, M.
Rispal se chargera sans doute d'allu
mer la lanterne.
À propos, on s’explique maintenant
pourquoi le candidat n’a pas traité la
question du savon : voilà, c’était
un vendredi et on fait maigre au
Comité Central. Il ne pouvait donc
être question, ce jour-là, de savon
qui est une matière grasse.
Qu’à cela ne tienne, ce sera pour
un jour gras.
Clovis.
P.-S. — Prochainement, la ques
tion du Service militaire sera traitée
avec compétence, par le caporal La-
chique, du 9* zouaves.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 25 Mars 1502.
Réveil
Havre
Î3AL
Organe du Parti Républicain Démocranque
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 9
On traite à forfait
Lire dans notre 3 e page
La FÊTE DE PAQUES
Chronique inédite
par Gustave GUITTON
écrite spécialement pour notre journal
LA
Mêlée Electorale
Il fut un temps où l’on défendait
des idées et des principes. Les pro
grammes n’étaient pas conçus pour
le service de telle ou telle candida
ture. On bataillait avec ardeur, non
pas pour le triomphe d’un nom, mais
pour le succès d’une politique nette
ment définie où se lisaient de nobles
aspirations. De nos jours, on ne se
donne même plus, souvent, la peine
de définir un programme; on se
contente de jeter en pâture au corps
électoral quelques vagues formules
dans lesquelles l’esprit se perd ; des
phrases sans suite, qui prêtent à tous
les sens et, aussi, à toutes les réti
cences, à toutes les apostasies. Si ce
n'est ainsi, partout, il faut convenir
qu’en maints endroits cela se passe.
Et dans notre bonne ville plus par
ticulièrement.
Pourtant, le peuple est-il con
damné à gémir sous la glèbe, et
suivant l’expression de Lamennais,
à une servitude sans terme et à une
misère sans espérance ? Non, nous
ne le pensons pas. Nous estimons
qu’il a le droit de songer à l’amé
lioration de son sort, au soulage
ment de ses maux. Le citoyen doit
avoir pour but de vivre largement
de son travail, de nourrir sa famille
aisément et d’élever ses enfants vers
un idéal de fraternité, de justice,
avec la raison pour guide, la science
pour appui.
L’état de gêne dans lequel nous
vivons, la médiocrité matérielle et
morale que nous subissons, sont-ce
là des nécessités inéluctables? Ne
peut-on jamais tendre vers un ave
nir meilleur ? Oui, évidemment.
Ceux qui prétendent le contraire
sont des ignorants, ou de dangereux
augures, en tous cas de réels mal
faiteurs.
Certes, entre ce qui est bon, ce
qui favorise l’homme et entre ce qui
lui est nuisible, un choix est à faire.
D’où il suit qu’il ne suffit pas, en
sociologie, de vouloir, mais qu’il
faut savoir, et quand on sait, de
vouloir. Tout le problème social est
là, c’est-à-dire dans la connaissance
et l’application des mesures propres
à déterminer le bien-être, Problème
souvent complexe, il est vrai, mais
non point complètement insoluble.
De grandes questions sollicitent
énergiquement et puissamment neu
tre attention. Après avoir autrefois
combattu pour la formé constitu
tionnelle, maintenant que la Répu
blique est le gouvernement de prin
cipe, sinon toujours de fait, il faut
s’occuper du fond. Nous devons
meubler la maison pour la rendre
habitable, si je puis parler ainsi. Je
sais bien que la République est tou
jours attaquée par ses adversaires
avec des armes dissimulées et des
moyens hypocrites. Ils en voudraient
faire une caricature honteuse n’ayant
que des vices et point de vertus.
Mais le meilleur moyen de la dé
fendre, c’est de mettre en action
ses bienfaits, c’est de la faire mieux
connaître et mieux aimer.
Les principales difficultés qui se
dressent devant le pays sont d’ordre
économique. Il est utile de répéter
que la plupart des lois dans cet
ordre nont été que des mesures
d’intérêt privé, des moyens d’aug
menter et de perpétuer la domina
tion et les abus du petit nombre sur
le plus grand. C’est l’essence même
du régime protectionniste. Quand
nous aurons supprimé ou abaissé les
barrières de douane, quand nous
aurons détruit les impôts de con
sommation, la vie nous sera, à cha
cun, plus aisée. Notre régime fiscal
est vexatoire, destructeur d’énergie.
Les dettes s’accumulent, les dé
penses augmentent fatalement et les
ressources font défaut. Quelque ef
fort que l’on fasse, on ne parvient
plus à boucher les trous du budget.
C’est à grand’peine qu’on petit le
mettre en équilibre après le vote de
trois douzièmes provisoires. Le
temps doit finir des expédients finan
ciers. Il faut en arriver, bon gré,
mal gré, au seul système rationnel,
à l’impôt sur les revenus fixant,
suivant la charte des droits de
l’homme, les charges des citoyens,
non d’après leurs besoins, mais
d’après leurs' facultés. Et ce n’est
pas un impôt de superposition, mais
un impôt de remplacement que nous
voulons. Ce sera encore là le seul
moyen, réellement pratique, de sup
primer les octrois. D’autres points,
encore, attirent l’attention publique,
je ne citerai que la loi de deux ans
de service militaire devant réduire
les lourdes dépenses de défense na
tionale, la réduction des frais de
justice. Dans l’ordre essentiellement
politique, il nous faut effectuer la
neutralité religieuse de l’Etat, aussi
bien au point de vue des missions,
écoles à l’étranger, que de l’indé
pendance réciproque de l’Eglise et
de l’Etat.
Sur ces divers sujets, tout d’ac
tualité'et ne présentant aucune réa
lisation chimérique, nous avons le
droit d’entendre nos candidats en
un langage net, clair et précis. Et
si nous avions conscience de notre
responsabilité individuelle, nous de
vrions solliciter d’eux des explica
tions formelles. Si nous ne le faisons
pas, c’est que nous sommes bons
pour la servitude, incapables de nous
gouverner ni de nous faire repré
senter dans la démocratie. J’aime à
croire, cependant, que nous n’en
sommes pas tout à fait là.
Alf. Henri.
PALI NODI E
ET
FEMMES DE FRANCE
En deux articles bien inspirés,
remplis de bon sens et de vérités,
Un Démocrate a mis en lumière, dans
le Réveil, les transformations succes
sives de la ligne de conduite des
principales feuilles du Havre, gi
rouettes tournant à tous les vents et
se fixant aujourd’hui vers l’orienta
tion mercantile des leaders du temple
et des grands électeurs; ces pontifes
sans conviction et qui n'ont en vue
que leurs propres intérêts, n’ont, en
effet, d’autre but que de consolider
aux élections législatives prochaines,
une situation politique habilement
acquise par l’intrigue et la duplicité.
Il était nécessaire de démasquer ces
excellents cléricaux, opportunistes,
progressistes, nationalistes, etc., etc.,
déguisés en républicains démocrates.
Nous ne désespérons pas même de les
voir bientôt arborer la bannière so
cialiste. Les mots ne leur coûteront
rien pourvu que la cote à la Bourse
soit bonne.
★
* *
Après la palinodie de la presse
havraise, nous avons eu la propa
gande échevelée des Femmes de
France. Il faut avouer que ces grandes
dames ont la langue bien pendue et
qu'elles ont recours, pour livrer le
bon combat, à des armes irrésistibles.
Elles en remontreraient, pour amener
les électeurs à déposer dans Fume le
bulletin rêvé, aux caméléons des
feuilles havraises.
Elles commencent par s'apitoyer
sur le sort des enfants. Il est vrai
qu’elles en ont peu personnellement,
laissant cette charge aux lapinières
ouvrières où la sainte maternité ne
regarde pas à la dot obligatoire ni à
la déformation de la taille, ni à la
défloraison des charmes féminins ; il
est vrai aussi que, lorsque par hasard,
elles en ont un, ces patriciennes
s’empressent de le confier à des mains
mercenaires et de lui faire sucer un
lait plébéien qui, du reste, n’altëre
en rien le sang précieux coulant
dans les veines de ce petit prodige.
Ce n’est donc pas pour leur descen
dance que ces nobles damés partent
en campagne comme les héroïnes de
l’ancienne « Patrie Française » qui
n'était pas encore devenue ce que
l’on peut appeler aujourd’hui la
« Duperie Française ».
Ouvriers et prolétaires, ce sont vos
foyers où la bonne graine pullule et
fructifie qui sont l’objet de la sollici
tude de ces mondaines au sein stérile.
C’est l’avenir de vos enfants que vos
femmes allaitent et élèvent elles-
mêmes qui excitent leur pitié et vos
fils seront perdus si vous n'en faites
pas des cléricaux ou des citoyens bien
pensants...
Suivez bien, démocrates endurcis,
la dialectique des circulaires parfu
mées dont vous êtes inondés. Elles
procèdent par gradation. D’abord
c’est la patte de velours qui se montre:
en avant le patriotisme, la religion,
les sentiments spéciaux de famille
dont les classes privilégiées ont le
secret ; puis viennent les griffes sous
forme transparente de menaces de
jeûne et d’abstinence aux élec
teurs qui n'obéiraient pas aux in
jonctions des épouses.
Un peu de pudeur, nobles dames !
Commencez par donner l’exemple :
« croissez et multipliez » ; élevez
vous-mêmes vos entants; faites-en des
circoncis ou des soutiens du trône et
de l’autel, si vous le pouvez ; mais,
de grâce, laissez-nous faire des nôtres
des hommes libres, de bons travail
leurs, de vrais patriotes ayant pour
devise : Egalité et Fraternité.
SENEX.
ELECTIONS LÉGISLATIVES
Le Petit Rouennais , qui publie cha
que jour des détails précis sur la si
tuation électorale dans notre dépar
tement, renferme dans son numéro
d’hier une appréciation des candida
tures actuellement en présence dans
la première circonscription du Havre.
Nous recommandons à nos amis la
lecture de cet article. Il nous semble,
eu effet résumer parfaitement ce qui
se passe dans cette circonscription. Il
est, dans tous les, c$s k intéressant de
savoir ce que pensent de nous des ré
publicains qui, étrangers à nos luttes
personnelles, peuvent envisager avec
plus de calme ce qui est l’intérêt
du parti démocratique.
Yoici cet article : .
arrondissement DU HAVRE
4 M Circonscription. — Entre
compères.
M. Rispal a eommé adversaire M.
Siegfried. Pourquoi ? Tout simple
ment parce que ce dernier, n’étaut
plus sénateur, cherche une occasion
de rentrer dans la vie politique.
M. Rispal est aujourd’hui ce qu’il
était en 1898. Il se réclame de Mé-
line et préconise l’alliance avec les
partis conservateurs, comme il le fai
sait il y a quatre ans, et demain,
comme à cette époque, tous les jour
naux réactionnaires du département
appuieront chaudement sa candida
ture.
Les amis de M. Siegfried, les Gé-
nestal, les Bricka, les Persac, n’en
soutenaient pas moins M. Rispal
contre M. Denis Guillot, le candidat
des démocrates havrais. Aujourd’hui
il y a de la brouille entre ces anciens
amis, mais il faut avouer que les
questions de principe n’y sont pour
rien, et la meilleure preuve, c’est que
le Petit Havre , qui a été raéliniste et
nationaliste de 1897 à 1901, est de
venu subitement presque ministériel,
du jour où M. Siegfried a fait acte de
candidat.
Ces palinodies successives écœurent
à bon droit le corps électoral, et les
républicains feront bien de ne pas
s’engager à la suite de M. Siegfried,
qui change d’opinion avec une facilité
trop déconcertante.
Jusqu’à présent, les frères ennemis
sont restés sur la réserve. Ils s’ob
servent avant d’engager la lutte, qui
promet d’être chaude.
Il est à souhaiter que les républi
cains havrais confient le drapeau en
de bonnes mains et se groupent der
rière le candidat qui, en 1898, aurait
triomphé, sans la pression éhontée de
la préfecture, car entre MM. Rispal
et Siegfried, la différence est un peu
mince.
EVANGILE SELON SAINT JULES
Le Comité Centrai s’est, paraî-il,
de nouveau réuni, le vendredi 19
(prenez garde, ce jour porte mal
heur), pour entendre la bonne parole
de l’Evangile, pardon, je veux dire
de la Bible selon Saint Jules.
Le candidat du Petit Havre a con
tinué à y développer son programme,
en prenant, cette fois, pour sujet le
Câble des Açores. 11 est vraiment re
grettable qu'il n’ait pas cru devoir
suivre le conseil que nous lui avions
donné, dans le précédent numéro du
Réveil , de joindre à la question du
sucre, celle non moins intéressante du
savon, car ces deux questions sont
connexes et d’une importance capi
tale ; il aura certainement à le re
gretter au moment des élections.
Un compère l’a donc prié de s’ex
pliquer sur la question du Câble des
Açores ; prié est une façon de parler,
car il y a beau temps que c’était
mijoté entr’eux. Le Câble des Açores !
c’est le cauchemar du candidat du
Petit Havre ; il a cru s’en débarrasser
en prenant le devant, comme l’autru
che qui cache sa tête, croyant ainsi
û'être pas aperçue du chasseur. Il a
donné à ses treize disciples fidèles qui
buvaient avidement ses paroles, des
explications à dormir debout, qui les
ont pleinement satisfait.
Ces explications sont évidemment
l’apologie de ses agissements dans
cette affaire : il a sauvé les finances
de l’Etat d’un désastre; le Câble d’une
rupture certaine par les Anglais ; il a
fait échouer la concession à une Com
pagnie anglaise; mais l’électeur a
besoin d’être éclairé par une voix
plus autorisée et moins intéressée, M.
Rispal se chargera sans doute d'allu
mer la lanterne.
À propos, on s’explique maintenant
pourquoi le candidat n’a pas traité la
question du savon : voilà, c’était
un vendredi et on fait maigre au
Comité Central. Il ne pouvait donc
être question, ce jour-là, de savon
qui est une matière grasse.
Qu’à cela ne tienne, ce sera pour
un jour gras.
Clovis.
P.-S. — Prochainement, la ques
tion du Service militaire sera traitée
avec compétence, par le caporal La-
chique, du 9* zouaves.
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