Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-02-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 février 1902 22 février 1902
Description : 1902/02/22 (N304). 1902/02/22 (N304).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263503m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
T Année — f 301.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 22 Février 1002.
Rév
Havre
Organe du Parti Républicain Démocrax^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred henri
L’Imprimeur-Gérant e. le ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à. forfait
Victor Hugo
Le centenaire de Victor Hugo, que
Paris s’apprête à célébrer avec un
éclat tout particulier, revêt le carac
tère d’une véritable apothéose, en
raison de la part que prendront à
cette solennité la plupart des peuples
étrangers. Ce n’est donc pas seule
ment un hommage national, mais
une sorte de culte universel rendu
au poète par tous les Etats civili
sés.
Peu d’hommes, en effet, ont, au
même degré que lui, fait vibrer cette
corde secrète qui nous rattache à
l’idéal. Est-il le poète des esprits
raffinés ou l’écrivain préféré des
masses ? Il est à la fois l’un et l’au
tre, car son génie, sans jamais s’a
baisser, s’adresse aussi bien à ceux-
ci qu’à ceux-là, et il sait plaire à
tous. Issu du peuple, il semble se
complaise fout spécialement à tra
duire les sentiments du peuple, et la
plupart de ses œuvres ont été lues
et comprises à l’atelier avec autant
d’empressement que dans les sa
lons.
Nous disons de son origine qu’elle
est roturière, et cependant, par
suite d’une de ces petites faiblesses
auxquelles sont suj ets les plus grands
esprits, Victor Hugo, bien que fils
de cultivateurs, s’est créé de toute
pièce une généalogie qu’ont adoptée
fêt plupart des biographes et d’après
laquelle il serait né, le 26 février
1802, d’une famille annoblie en 1531.
Quoi qu’il en soit, après avoir suivi
les armées impériales, il passa deux
années à Paris, puis fut emmené en
Italie, d’où il revint à Paris en 1809.
Un proscrit, le général Lahorie,
fut son précepteur, mais, trahi, em
prisonné et mis à mort, ce dernier
ne put achever une éducation qui
s’annonçait brillante. Cet évène
ment développa chez l’enfant une
ferveur royaliste que l’on retrouve
dans les œuvres de sa jeunesse. A
dix ans, le futur auteur des Odes et
Ballades versifiait déjà. Sa voca
tion se décida de 1819 à 1822, après
l’accueil fait à ses premiers essais.
Ce succès lui permit d’épouser une
compagne d’enfance, Mlle Foucher,
qu’on avait, jusque-là, refusée à sa
pauvreté.
Il est rare que les grands hommes
ne perdent pas quelque peu de leur
prestige lorsqu’on pénètre dans leur
intimité. Victor Hugo n’a point
échappé à cette loi fatale, et ses let
tres à sa fiancée contiennent cer
tains détails que dépare leur enfan
tillage. C’est ainsi que, laissant per
cer sa jalousie, il lui reproche de
trop se retrousser dans la rue et lui
fixe pour ainsi dire une limite qu’elle
est priée de ne pas dépasser. On
aimerait à voir les poètes grands
jusque dans les actes les plus inti
mes ou les plus ordinaires de la vie.
Malheureusement, si le cerveau dif
fère suivant les individus, le cœur
humain est presque partout le mê
me.
Nous n’avons pas l’intention de
rappeler ici les nombreux chefs- ,
d’œuvre sortis de la plume féconde
de Victor Hugo, ni les querelles lit
téraires que fit naître la rivalité des
classiques et des romantiques. Le
journal n’y suffiraitpas. Notre-Dame
de Paris est dans toutes les mémoi
res, et le chantre des cathédrales a
trouvé là une popularité qui lui a
survécu. Au théâtre, il fut moins
heureux, parce que ses pièces, d’une
richesse descriptive incomparable,
manquent d’action.' Seul, le drame
de Ruy-Blas fait exception et joint
aux beautés de la poésie un intérêt
dramatique qui se soutient jusqu’à
la fin.
Cependant, le libéralisme gagnait
du terrain de jour en jour, et, une
fois entré dans le mouvement, Vic
tor Hugo demeura fidèle à la voie
qu’il avait adoptée. La popularité
grandissante du poète fit enfin tom
ber devant lui, après bien des luttes,
les portes de l’Académie. Il y fît son
entrée le 3 juin 1841. Victor Hugo
entreprit ensuite plusieurs voyages,
et fut rappelé d’Espagne par la mort
tragique de sa fille, Léopoldine et
de son gendre, Charles Vacquerie.
Son passage dans la politique fut
surtout marqué par l’appui qu’il ne
cessa d’apporter à la cause de la
Révolution. Cette attitude lui valut
les honneurs de l’exil, où il composa
la Légende des Siècles , Les Misé
rables et Hernani demeurent éga
lement, à des titres différents, par
mi celles de ses œuvres qui firent à
leur auteur une réputation univer
selle. Nous devons ajouter que peu
d’écrivains connurent ~~ et aimè
rent — Paris et les Parisiens au
même degré que lui.
Victor Hugo, compatissant à la
détresse nationale, était rentré à
Paris pendant le siège. Il visita les
blessés déposés à l’ambulance éta
blie à la Porte Saint-Martin et qui
donna à Mme Marie Laurent l’occa
sion de se signaler comme apôtre de
la charité. Peu après, il offrit, à
l’Opéra, un spectacle gratis au peu
ple de Paris, qui avait si bien mé
rité de la patrie : Les Châtiments y
reçurent un accueil triomphal.
La période qui va de la guerre à
la mort du poète, auquel l’Etat fit
des obsèques nationales, est trop
près de nous pour qu’il soit besoin
de le rappeler. Aussi bien, Victor
Hugo ne put échapper aux consé
quences de la vieillesse, conséquen
ces qui frappent les poètes comme
les simples mortels. Après une pro
duction réellement prodigieuse, sa
Muse connut enfin le repos, et l’au
teur de Quatre-vingt-treize , des
Orientales et de Y Année terrible
ne sortit guère plus de l’ombre que
pour implorer la, royale clémence de
quelques victimes de tentatives anar
chistes.
Le rôle politique de*Victor Hugo,
si considérable qu’il ait été, ne sau
rait être comparé à l’action qu’il
exerça et qu’il exercera longtemps
encore sur les foules, comme poète
et prosateur. Celles de ses œuvres
qui appartiennent au domaine de
l’esprit demeureront immortelles.
Victorien Maubry,
AI. Pâspal. — Le (riompfiic tic 1897.
- Le rôti électoral. — Rclmai-
dade.
A la veille des élections législati
ves, peut-être n’est-il pas sans inté
rêt de réchauffer, par le souvenir des
fraternelles agapes d’antan, les ami
tiés qui semblent être quelques peu
refroidies.
On lisait dans le Journal du Havre
du 18 novembre 1897, à l’occasion
d’un dîner offert par M. Rispal à ses
patrons politiques, au lendemain de
son élection contre M. Acher, l’article
suivant :
Chez M. Rispal
« M. Rispal, le nouveau député, a
réuni hier, en un dîner intime, une
trentaine de ses amis. Au dessert on
a trinqué et quelques toasts ont été
portés au triomphateur (sic) du 14 no
vembre.
« À 9 h.30 une réception a eu lieu.
Plus de 300 personnes étaient pré
sentes, toutes solidarisées avec notre
nouveau député par le succès obtenu
grâce aux efforts communs.
« MM. Court, président du Comité
central républicain ; Louis Brindeau,
député, et Bricka, conseiller munici
pal, ont successivement pris la parole.
« M.Dourt a félicité M-Rispal d’un
succès qu’il doit surtout à l’honora
bilité de son passé et à la fermeté de
ses principes.
« M.Louis Brindeau, député,a sou
haité à l’élu de dimanche dernier la
bienvenue à la Chambre, où, dès à
présent, il compte de bons amis, non
seulement parmi ses collègues de la
Seine-Inférieure qui sont conseiller
généraux comme lui, mais aussi
parmi les députés de la majorité gou
vernementale qui le connaissent de ré
putation (sic).
« M. Bricka a ensuite déclaré que
les communes v^ont pas toujours Y ad
ministration qu’elles méritent (sic), et
il a prouvé son assertion par des argu
ments qu’ont salués d’unanimes ap
plaudissements.
« Enfin, M. Rispal, très ému, a
adressé quelques paroles de remercie
ments à ceux qui l’ont aidé pendant
la campagne dernière.
« La réunion s’est prolongée fort
tard ; elle a bénéficié* de la cordialité
que comporte la communauté des opi
nions et des sentiments.
« Parmi les personnes présertes, ci
tons : MM. Louis Brindeau, Court,
Cénestal, Guerrand, Rœderer, R.
Odinet, Weber,Bricka, Persac, Elam-
bart, Paisant, de Couinck, Reveaux,
Rident, Hofman, Louer, Rene Valle,
Jacquemin fils, Le Minihy de la Vil—
lehervé, Gobin, Rousset, etc. »
Ainsi se composait en 1897 l’en
tourage électoral de M. Rispal.
Si les électeurs lui font des loisirs,
l’honorable marchand de fer aura
tout le temps de réfléchir à la solidité
des amitiés politiques.-
Volte-face à gauche.... arche !
C’est à ce commandement que nos
braves sous-officiers instructeurs font
pivoter de droite à gauche, et de gau
che à droite, nos jolis petits soldats
pour leur faire acquérir le maximum
de souplesse et d’agilité.
A voir la facilité avec laquelle M.
Jules Siegfried évolue dans tous les
sens, on serait tenté de croire qu’il
vient de faire ses vingt-huit jours. Il
n’en est rien et il ne les a probable
ment jamais fait ; c’est tout simple
ment dans le domaine de la politique
qu'il fait ses évolutions et pour faire
admirer aux électeurs sa souplesse et
son agilité.
Lecteurs, si vous en doutez encore,
ouvrez la feuille à sa dévotion et vous
y lirez dans le numéro du 15 février
ce qui suit : ce Nous avions vu avec
une surprise que partageait un certain
nombre de nos amis, figurer le nom
de M. Jules Siegfried parmi les mem
bres dn Comité directeur de l’Associa
tion nationale républicaine (lisez mé-
liniste) et qui répand des brochures de
propagande méliniste eu vue des pro
chaines élections. Nous sommes auto
risés à déclarer que M . Jules Siegfried
ne fait plus partie de cette Association
aux travaux de laquelle il avait cessé
de participer depuis plus de quatre
ans ».
Hein ! ce n’est pas nous qui lui
faisons dire !
Et cette perle, la surprise du Petit
Havre et de ses amis, elle est bien
bonne celle-là!
D’abord, pourquoi depuis quatre
ans ? il aurait aussi bien pu dire de
puis dix ans ou depuis quinze jours ;
il y a quatre ans cette association
n’existait pas, elle a été créée en vue
des élections législatives, et le titre a
été trouvé pour cacher la chose méli
niste.
Cette volte-face a tout simplement
pour but de préparer le terrain à sacan-
didature ; il sentait bien que le titre de
méliniste n’était pas suffisant pour
éblouir les électeurs ; aussi, lâche-t- il
prestement le titre pour ne conserver
que les amis et les opinions.
Il nous revient que ses parrains,
inquiets à la suite de la publication de
son nom, comme membre directeur du
Comité méliniste, dans une brochure
répandue à profusion, contenant le
discours de Remiremont, sont allés
l’interwiever, et M. Siegfried de leur
répondre : Mais, messieurs, n’en dou
tez pas, je suis ministériel, archi-
ministériel et je serai toujours minis
tériel.
C’est aussi notre avis, il est avec le
ministère présent, comme il sera avec
tous les ministères futurs, l’opinion
et la couleur ne le gênent pas.
Cela nous rappelle un joli mot de
M. le député Freppel, évêque d’An
gers (ces messieurs en ont quelque
fois) ; Jules Simon était à la tribune
de la Chambre, larmoyant un dis
cours quelque peu clérical, et M. Frep
pel de dire : » Vous verrez que cet
homme sera cardinal avant moi ».
Il s’agit de savoir si les électeurs
seront, comment dirai-je pour être
poli... assez naïfs pour le suivre dan
ses cascades, nous ne croyons pas
qu’ils le soient plus que leurs cols
lègues sénatoriaux.
Il est protestant clérical, chez lui
on lit la bible ; il a été israélite avec
Dreyfus ; opportuniste, progressiste ;
pour conserver son siège de sénateur
(hélas !) ; il a été méliniste ; pour ga
gner celui de député, il devient minis
tériel et radical.
Vous verrez qu’il deviendra cardi
nal, un siège de député vaut bien une
messe !
Clovis.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Du Journal 'du Havre :
A la suite de la décision prise par
la majorité des membres du Comité
Central présents à la réunion de jeudi
dernier, M. Auguste Rispal, député
de la l re circonscription du Havre, a
adressé au président du Comité la
lettre suivante :
Le Havre, 17 février 1902.
A Monsieur Bauzin ,
Président du Comité Central
Républicain.
Monsieur le Président,
Votre Comité a fait son adhésion à
1 Alliance Républicaine démocratique
et a choisi un candidat inféodé à ce
groupe.
Il passe donc ainsi avec armes et
bagages dans le camp ministériel et
dreyfusard.
Je n’ai pas été la dupe et personne
ne le sera au Havre, de la petite
comédie jouée au Comité Central et à
laquelle je n’ai pas été invité.
J’ai l’honneur de vous adresser ma
démission de membre du Comité.
Veuillez agréer. Monsieur le Prési
dent, l’assurance de mes sentiments
les plus distingués.
Auguste Rispal.
D’autre part, M. Louis Brindeau,
député de la 2 e circonscription du
Havre, a pris la détermination sem
blable et a adressé à M. Bauzin la
lettre suivante :
Le Havre, le 17 février 1902.
A Monsieur le Président du Comité
Central Républicain .
Monsieur le Président,
Le Comité Central vient de donner
son adhésion au programme de « l’Al
liance Républicaine démocratique »,
en vue des prochaines élections légis
latives.
La politique de ce groupe étant en
opposition avec celle de « l’Alliance
des Républicains Progressistes » à
laquelle j’appartiens, j’ai le regret de
vous adresser ma démission de membre
du Comité Central.
Veuillez agréer, Monsieur le Pré-,
sident, l’assurance de mes sentiments
distingués.
Louis Brindeau.
Par les deux lettres qui précèdent,
MM. Rispal et Brindeau viennent de
se découvrir nettement. 11 se décla
rent en opposition formelle avec le
programme de l’Alliance Républi
caine Démocratique, groupe qui tient
à sa tête M. Adolphe Carnot et dont
les tendances politiques sont plutôt
tièdes. C’est ce groupe dont le Petit
Havre a donné une physionomie assez
exacte par un extrait de la déclaration
de principes. L’alliance qui se pare
du titre de démocratique, on ne sait
exactement pourquoi, semble borner
toute son action dans l’imposition
d’un préfixe.
Il est vrai qu’elle se déclare anti-
î
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 22 Février 1002.
Rév
Havre
Organe du Parti Républicain Démocrax^ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred henri
L’Imprimeur-Gérant e. le ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à. forfait
Victor Hugo
Le centenaire de Victor Hugo, que
Paris s’apprête à célébrer avec un
éclat tout particulier, revêt le carac
tère d’une véritable apothéose, en
raison de la part que prendront à
cette solennité la plupart des peuples
étrangers. Ce n’est donc pas seule
ment un hommage national, mais
une sorte de culte universel rendu
au poète par tous les Etats civili
sés.
Peu d’hommes, en effet, ont, au
même degré que lui, fait vibrer cette
corde secrète qui nous rattache à
l’idéal. Est-il le poète des esprits
raffinés ou l’écrivain préféré des
masses ? Il est à la fois l’un et l’au
tre, car son génie, sans jamais s’a
baisser, s’adresse aussi bien à ceux-
ci qu’à ceux-là, et il sait plaire à
tous. Issu du peuple, il semble se
complaise fout spécialement à tra
duire les sentiments du peuple, et la
plupart de ses œuvres ont été lues
et comprises à l’atelier avec autant
d’empressement que dans les sa
lons.
Nous disons de son origine qu’elle
est roturière, et cependant, par
suite d’une de ces petites faiblesses
auxquelles sont suj ets les plus grands
esprits, Victor Hugo, bien que fils
de cultivateurs, s’est créé de toute
pièce une généalogie qu’ont adoptée
fêt plupart des biographes et d’après
laquelle il serait né, le 26 février
1802, d’une famille annoblie en 1531.
Quoi qu’il en soit, après avoir suivi
les armées impériales, il passa deux
années à Paris, puis fut emmené en
Italie, d’où il revint à Paris en 1809.
Un proscrit, le général Lahorie,
fut son précepteur, mais, trahi, em
prisonné et mis à mort, ce dernier
ne put achever une éducation qui
s’annonçait brillante. Cet évène
ment développa chez l’enfant une
ferveur royaliste que l’on retrouve
dans les œuvres de sa jeunesse. A
dix ans, le futur auteur des Odes et
Ballades versifiait déjà. Sa voca
tion se décida de 1819 à 1822, après
l’accueil fait à ses premiers essais.
Ce succès lui permit d’épouser une
compagne d’enfance, Mlle Foucher,
qu’on avait, jusque-là, refusée à sa
pauvreté.
Il est rare que les grands hommes
ne perdent pas quelque peu de leur
prestige lorsqu’on pénètre dans leur
intimité. Victor Hugo n’a point
échappé à cette loi fatale, et ses let
tres à sa fiancée contiennent cer
tains détails que dépare leur enfan
tillage. C’est ainsi que, laissant per
cer sa jalousie, il lui reproche de
trop se retrousser dans la rue et lui
fixe pour ainsi dire une limite qu’elle
est priée de ne pas dépasser. On
aimerait à voir les poètes grands
jusque dans les actes les plus inti
mes ou les plus ordinaires de la vie.
Malheureusement, si le cerveau dif
fère suivant les individus, le cœur
humain est presque partout le mê
me.
Nous n’avons pas l’intention de
rappeler ici les nombreux chefs- ,
d’œuvre sortis de la plume féconde
de Victor Hugo, ni les querelles lit
téraires que fit naître la rivalité des
classiques et des romantiques. Le
journal n’y suffiraitpas. Notre-Dame
de Paris est dans toutes les mémoi
res, et le chantre des cathédrales a
trouvé là une popularité qui lui a
survécu. Au théâtre, il fut moins
heureux, parce que ses pièces, d’une
richesse descriptive incomparable,
manquent d’action.' Seul, le drame
de Ruy-Blas fait exception et joint
aux beautés de la poésie un intérêt
dramatique qui se soutient jusqu’à
la fin.
Cependant, le libéralisme gagnait
du terrain de jour en jour, et, une
fois entré dans le mouvement, Vic
tor Hugo demeura fidèle à la voie
qu’il avait adoptée. La popularité
grandissante du poète fit enfin tom
ber devant lui, après bien des luttes,
les portes de l’Académie. Il y fît son
entrée le 3 juin 1841. Victor Hugo
entreprit ensuite plusieurs voyages,
et fut rappelé d’Espagne par la mort
tragique de sa fille, Léopoldine et
de son gendre, Charles Vacquerie.
Son passage dans la politique fut
surtout marqué par l’appui qu’il ne
cessa d’apporter à la cause de la
Révolution. Cette attitude lui valut
les honneurs de l’exil, où il composa
la Légende des Siècles , Les Misé
rables et Hernani demeurent éga
lement, à des titres différents, par
mi celles de ses œuvres qui firent à
leur auteur une réputation univer
selle. Nous devons ajouter que peu
d’écrivains connurent ~~ et aimè
rent — Paris et les Parisiens au
même degré que lui.
Victor Hugo, compatissant à la
détresse nationale, était rentré à
Paris pendant le siège. Il visita les
blessés déposés à l’ambulance éta
blie à la Porte Saint-Martin et qui
donna à Mme Marie Laurent l’occa
sion de se signaler comme apôtre de
la charité. Peu après, il offrit, à
l’Opéra, un spectacle gratis au peu
ple de Paris, qui avait si bien mé
rité de la patrie : Les Châtiments y
reçurent un accueil triomphal.
La période qui va de la guerre à
la mort du poète, auquel l’Etat fit
des obsèques nationales, est trop
près de nous pour qu’il soit besoin
de le rappeler. Aussi bien, Victor
Hugo ne put échapper aux consé
quences de la vieillesse, conséquen
ces qui frappent les poètes comme
les simples mortels. Après une pro
duction réellement prodigieuse, sa
Muse connut enfin le repos, et l’au
teur de Quatre-vingt-treize , des
Orientales et de Y Année terrible
ne sortit guère plus de l’ombre que
pour implorer la, royale clémence de
quelques victimes de tentatives anar
chistes.
Le rôle politique de*Victor Hugo,
si considérable qu’il ait été, ne sau
rait être comparé à l’action qu’il
exerça et qu’il exercera longtemps
encore sur les foules, comme poète
et prosateur. Celles de ses œuvres
qui appartiennent au domaine de
l’esprit demeureront immortelles.
Victorien Maubry,
AI. Pâspal. — Le (riompfiic tic 1897.
- Le rôti électoral. — Rclmai-
dade.
A la veille des élections législati
ves, peut-être n’est-il pas sans inté
rêt de réchauffer, par le souvenir des
fraternelles agapes d’antan, les ami
tiés qui semblent être quelques peu
refroidies.
On lisait dans le Journal du Havre
du 18 novembre 1897, à l’occasion
d’un dîner offert par M. Rispal à ses
patrons politiques, au lendemain de
son élection contre M. Acher, l’article
suivant :
Chez M. Rispal
« M. Rispal, le nouveau député, a
réuni hier, en un dîner intime, une
trentaine de ses amis. Au dessert on
a trinqué et quelques toasts ont été
portés au triomphateur (sic) du 14 no
vembre.
« À 9 h.30 une réception a eu lieu.
Plus de 300 personnes étaient pré
sentes, toutes solidarisées avec notre
nouveau député par le succès obtenu
grâce aux efforts communs.
« MM. Court, président du Comité
central républicain ; Louis Brindeau,
député, et Bricka, conseiller munici
pal, ont successivement pris la parole.
« M.Dourt a félicité M-Rispal d’un
succès qu’il doit surtout à l’honora
bilité de son passé et à la fermeté de
ses principes.
« M.Louis Brindeau, député,a sou
haité à l’élu de dimanche dernier la
bienvenue à la Chambre, où, dès à
présent, il compte de bons amis, non
seulement parmi ses collègues de la
Seine-Inférieure qui sont conseiller
généraux comme lui, mais aussi
parmi les députés de la majorité gou
vernementale qui le connaissent de ré
putation (sic).
« M. Bricka a ensuite déclaré que
les communes v^ont pas toujours Y ad
ministration qu’elles méritent (sic), et
il a prouvé son assertion par des argu
ments qu’ont salués d’unanimes ap
plaudissements.
« Enfin, M. Rispal, très ému, a
adressé quelques paroles de remercie
ments à ceux qui l’ont aidé pendant
la campagne dernière.
« La réunion s’est prolongée fort
tard ; elle a bénéficié* de la cordialité
que comporte la communauté des opi
nions et des sentiments.
« Parmi les personnes présertes, ci
tons : MM. Louis Brindeau, Court,
Cénestal, Guerrand, Rœderer, R.
Odinet, Weber,Bricka, Persac, Elam-
bart, Paisant, de Couinck, Reveaux,
Rident, Hofman, Louer, Rene Valle,
Jacquemin fils, Le Minihy de la Vil—
lehervé, Gobin, Rousset, etc. »
Ainsi se composait en 1897 l’en
tourage électoral de M. Rispal.
Si les électeurs lui font des loisirs,
l’honorable marchand de fer aura
tout le temps de réfléchir à la solidité
des amitiés politiques.-
Volte-face à gauche.... arche !
C’est à ce commandement que nos
braves sous-officiers instructeurs font
pivoter de droite à gauche, et de gau
che à droite, nos jolis petits soldats
pour leur faire acquérir le maximum
de souplesse et d’agilité.
A voir la facilité avec laquelle M.
Jules Siegfried évolue dans tous les
sens, on serait tenté de croire qu’il
vient de faire ses vingt-huit jours. Il
n’en est rien et il ne les a probable
ment jamais fait ; c’est tout simple
ment dans le domaine de la politique
qu'il fait ses évolutions et pour faire
admirer aux électeurs sa souplesse et
son agilité.
Lecteurs, si vous en doutez encore,
ouvrez la feuille à sa dévotion et vous
y lirez dans le numéro du 15 février
ce qui suit : ce Nous avions vu avec
une surprise que partageait un certain
nombre de nos amis, figurer le nom
de M. Jules Siegfried parmi les mem
bres dn Comité directeur de l’Associa
tion nationale républicaine (lisez mé-
liniste) et qui répand des brochures de
propagande méliniste eu vue des pro
chaines élections. Nous sommes auto
risés à déclarer que M . Jules Siegfried
ne fait plus partie de cette Association
aux travaux de laquelle il avait cessé
de participer depuis plus de quatre
ans ».
Hein ! ce n’est pas nous qui lui
faisons dire !
Et cette perle, la surprise du Petit
Havre et de ses amis, elle est bien
bonne celle-là!
D’abord, pourquoi depuis quatre
ans ? il aurait aussi bien pu dire de
puis dix ans ou depuis quinze jours ;
il y a quatre ans cette association
n’existait pas, elle a été créée en vue
des élections législatives, et le titre a
été trouvé pour cacher la chose méli
niste.
Cette volte-face a tout simplement
pour but de préparer le terrain à sacan-
didature ; il sentait bien que le titre de
méliniste n’était pas suffisant pour
éblouir les électeurs ; aussi, lâche-t- il
prestement le titre pour ne conserver
que les amis et les opinions.
Il nous revient que ses parrains,
inquiets à la suite de la publication de
son nom, comme membre directeur du
Comité méliniste, dans une brochure
répandue à profusion, contenant le
discours de Remiremont, sont allés
l’interwiever, et M. Siegfried de leur
répondre : Mais, messieurs, n’en dou
tez pas, je suis ministériel, archi-
ministériel et je serai toujours minis
tériel.
C’est aussi notre avis, il est avec le
ministère présent, comme il sera avec
tous les ministères futurs, l’opinion
et la couleur ne le gênent pas.
Cela nous rappelle un joli mot de
M. le député Freppel, évêque d’An
gers (ces messieurs en ont quelque
fois) ; Jules Simon était à la tribune
de la Chambre, larmoyant un dis
cours quelque peu clérical, et M. Frep
pel de dire : » Vous verrez que cet
homme sera cardinal avant moi ».
Il s’agit de savoir si les électeurs
seront, comment dirai-je pour être
poli... assez naïfs pour le suivre dan
ses cascades, nous ne croyons pas
qu’ils le soient plus que leurs cols
lègues sénatoriaux.
Il est protestant clérical, chez lui
on lit la bible ; il a été israélite avec
Dreyfus ; opportuniste, progressiste ;
pour conserver son siège de sénateur
(hélas !) ; il a été méliniste ; pour ga
gner celui de député, il devient minis
tériel et radical.
Vous verrez qu’il deviendra cardi
nal, un siège de député vaut bien une
messe !
Clovis.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Du Journal 'du Havre :
A la suite de la décision prise par
la majorité des membres du Comité
Central présents à la réunion de jeudi
dernier, M. Auguste Rispal, député
de la l re circonscription du Havre, a
adressé au président du Comité la
lettre suivante :
Le Havre, 17 février 1902.
A Monsieur Bauzin ,
Président du Comité Central
Républicain.
Monsieur le Président,
Votre Comité a fait son adhésion à
1 Alliance Républicaine démocratique
et a choisi un candidat inféodé à ce
groupe.
Il passe donc ainsi avec armes et
bagages dans le camp ministériel et
dreyfusard.
Je n’ai pas été la dupe et personne
ne le sera au Havre, de la petite
comédie jouée au Comité Central et à
laquelle je n’ai pas été invité.
J’ai l’honneur de vous adresser ma
démission de membre du Comité.
Veuillez agréer. Monsieur le Prési
dent, l’assurance de mes sentiments
les plus distingués.
Auguste Rispal.
D’autre part, M. Louis Brindeau,
député de la 2 e circonscription du
Havre, a pris la détermination sem
blable et a adressé à M. Bauzin la
lettre suivante :
Le Havre, le 17 février 1902.
A Monsieur le Président du Comité
Central Républicain .
Monsieur le Président,
Le Comité Central vient de donner
son adhésion au programme de « l’Al
liance Républicaine démocratique »,
en vue des prochaines élections légis
latives.
La politique de ce groupe étant en
opposition avec celle de « l’Alliance
des Républicains Progressistes » à
laquelle j’appartiens, j’ai le regret de
vous adresser ma démission de membre
du Comité Central.
Veuillez agréer, Monsieur le Pré-,
sident, l’assurance de mes sentiments
distingués.
Louis Brindeau.
Par les deux lettres qui précèdent,
MM. Rispal et Brindeau viennent de
se découvrir nettement. 11 se décla
rent en opposition formelle avec le
programme de l’Alliance Républi
caine Démocratique, groupe qui tient
à sa tête M. Adolphe Carnot et dont
les tendances politiques sont plutôt
tièdes. C’est ce groupe dont le Petit
Havre a donné une physionomie assez
exacte par un extrait de la déclaration
de principes. L’alliance qui se pare
du titre de démocratique, on ne sait
exactement pourquoi, semble borner
toute son action dans l’imposition
d’un préfixe.
Il est vrai qu’elle se déclare anti-
î
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