Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1902 01 février 1902
Description : 1902/02/01 (N301). 1902/02/01 (N301).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263500c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
T Année—R” SOI
*
Samedi I er Février 1902.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements.. »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE a^-SIlÆXR.--I :, DÉ3ItXBR.,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant ï. LE ROY
1
B
Annonces
Réclames,
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
La Réforme des
frais de Justice
(Suite)
Dans un précédent article, nous
avons dit qu'il y avait eu de la part
des avoués une levée générale de
toques. Il nous revient que cette ré
volution de palais avait été motivée
par une première décision de la
Commission de réforme des tarifs
civils.
En effet, cette Commission, esti
mant sans doute qu’une réforme pra
tique des tarifs civils, ne pouvait
avoir d’autre résultat qu’une dimi
nution des frais de justice, aurait
dirigé ses délibérations dans ce
sens.
Cette manière. de voir était en
effet un pas en avant dans la voie du
progrès, les justiciables pouvaient
espérer que la fable du bon La Fon
taine : < L’Huître et les Plaideurs »
cesserait d’être d’actualité et qu’il
leur resterait autre chose que les
écailles. Hélas 1 il a fallu compter
avec MM. les avoués : Perrin Dan-
din ne se laisse pas ainsi dépouiller.
Ceux de Paris, qui devaient plus
particulièrement souffrir de la révi
sion des tarifs, mieux organisés que
leurs collègues de province et plus
influents, ont pris la tête du mou
vement criant à la spoliation, à
l’expropriation; pensez donc, c’est à
peine s’ils gagnent en moyenne
quatre-vingt ou cent mille francs
par an, que deviendraient-ils si leurs
émoluments étaient quelque peu ré
duits ? Ce serait la misère noire !
et puis simplifier la procédure c’est
la rendre plus claire, plus accessible
à toutes les intelligences, et ils ne
«veulent pas que le profane pénètre
leur secret qui est un peu fait de
mystère ; leur prestige en souffri
rait.
Il fallait donc à tout prix éviter ce
désastre, c’est alors qu’on a fait
jouer tous les ressorts, mis en mou
vement toutes les influences pour
faire revenir la Commission sur sa
première décision.
Et ils paraissent avoir réussi puis
que c’est à la suite de ce mouve
ment que M. le garde des sceaux,
Ministre de la Justice, a été amené
à déclarer, au sein de cette Com
mission, « que l’esprit de la réforme
ne devait pas être hostile aux
avoués, mais conforme à la Jus
tice ».
Ce qui, en bon français, veut dire
qu’il n’y aura pas grand chose de
changé et que le justiciable restera
Gros Jean comme devant.
La sous-commission nommée à la
suite de cette déclaration du Minis
tre, se chargera bien de nous le
faire savoir.
Cette reculade nous fait dire plus
que jamais que toutes les tentatives
de révision de tarif, de réduction de
frais, ne sont que des atermoi-
ments obtenus par les intéressés et
que la suppression des rouages inu
tiles s’impose aussi bien dans l’ad
ministration de la justice que par
tout ailleurs.
Astrée.
UN BANQUET DÉMOCRATIQUE
M. Waldeck-Rousseau, président
du conseil, a accepté d'assister au
banquet républicain « du Travail »
organisé par les associations patro
nales et ouvrières de production et
les chambres syndicales.
La délégation qui s’est rendue
auprès du président du conseil lui a
été présentée par MM. Cervais et Chau-
vière, députés. Elle s’est ensuite ren
due auprès de MM. .Millerand, minis
tre du commerce, Baudin, ministre
des travaux publics, du général An
dré, ministre de la guerre; les mem
bres du gouvernement ont promis
d’accompagner le président du conseil
au banquet.
Ce sera une grande manifestation
républicaine où tous les éléments de
gauche feront alliance contre la coa
lition clérico-nationaliste.
Le banquet aura probablement lieu
au Palais du Travail, à Grenelle; il
réunira environ 2,500 convives. La
date n’en est pas encore fixée.
CONTRE LA CANAILLE
C’est le mot d’ordre électoral de
M. de Cassagnac ; un de ses corres
pondants dit même «crapule». La
canaille, la crapule, ce sont tous les
républicains, à part M. Méline et ses
amis, pour lesquels M. de Cassagnac
se sent une invincible sympathie et'
conseille de voter en masse. C’est tou
jours la même chanson, le même
parti-pris, la même mauvaise foi.
Vous êtes trop avisés, mes chers amis,
pour vous laisser prendre à ces gros
mots : les injures n'ont jamais rien
prouvé. Aussi, nos adversaires em
ploient-ils d’autres moyens.
Parmi les arguments dont ils usent
le plus pour éloiguer de tout gouver
nement réformateur les électeurs timi
des, il en est un contre lequel il faut
vous mettre en garde : Il consiste à
représenter le ministère républicain
comme un ramassis d’ennemis de l’or
dre social et de la propriété, de révo
lutionnaires violents attendant l’heure
favorable pour tout chambarder. Je
n’exagère pas. Cette thèse saugrenue,
ce mot d’ordre de : « Sus aux ban
dits ! », sert de trait d’union entre les
éléments si disparates qui constituent
l’opposition, entre M. Méline et M.
Millevoye, entre M. Bouchez, des
Vosges, et M. Veuillot.
M. Charles Dupuy a dit un jour à
la Chambre que le socialisme n’est
qu’un mot et il avait raison, car ce
mot a tous les sens que l’on voudra.
Jules Simon se disait socialiste ;
tous ceux que préoccupe passionné
ment le progrès social peuvent en dire
autant. . Malheureusement pour le
peuple des campagnes, ce terrible rùot
n’a qu’un sens : il signifie commu
nisme, et suppression du droit indi
viduel de propriété, doctrine que nous
réprouvons comme lui et qui appar
tient en propre aux collectivistes.
Les adversaires de la République
réformatrice ne manquent pas de pro
fiter de cette répulsion si justifiée de
nos paysans, pour le nivellement
social, et voudraient bien leur faire
croire que la réalisation de cette utopie
entre dans le programme du gouver
nement : c’est tout simplement du
dernier bouffon.
On l’a dit et on le répète à satiété :
ce gouvernement réalise l’union de
toutes les forces républicaines reliées
entre elles par un pacte étroit loyale
ment tenu. Chaque ministre n’est
qu’une unité dans un tout compact :
sa présence dans le cabinet affirme
simplement la nécessité de l’entente,
mais ne le personnifie pas. M. Mille
rand est un ministre ; il n’est pss le
gouvernement ; il n’est pas entré dans
le ministère pour y faire triompher
ses idées personnelles, mais pour faire
comprendre à tous, que son parti; ou
du moins la grande majorité de son
parti, sans renoncer à ce que nous,
nous considérons comme de dange
reuses utopies, entendait ne pas faire
le jeu de la réaction et voulait s’as
socier à la défense de la République.
M. Waldeck-Rousseau a donc pu
dire en toute vérité à Toulouse, que
le collectivisme n’est pas la doctrine
de son gouvernement. Il l’a déclaré
en une brève phrase, fort dédaigneuse
comme il convenait, mais suffisante.
Aussi, quand les nationalistes et
leurs complices tentent de vous effra
yer par le spectre du collectivisme
gouvernemental, vous n’avez qu’à
leur rire au nez : c’est le seul accueil
que mérite une telle sottise. Le gou^
vernement, sachez-le bien, n’est pas
plus collectiviste que vous-même, il
n’est que républicain, mais il l’est
pour tout de bon.
. Et franchement, sied-il bien à MM.
Le Maître, Coppée, Mercier, Cavai-
gnac, et Cie, de se montrer si dégoû
tés et de crier au péril révolution
naire, eux dont Rochefort est un des
principaux alliés?
Jacques Rural.
Le Voyage de M. Loubet en Russie
Du Gaulois :
On parle beaucoup, depuis quelque
temps, d’un prochain voyage en Rus
sie du Président de la République.
Que ce voyage soit décidé d’accord
avec le Tsar, la chose ne saurait faire
aucun doute.
Nicolas II a invité M. Loubet com
me il avait invité M. Félix Faure, et,
comme l’a fait M. Félix Faure, M.
Loubet ira à Saint-Pétersbourg.
Mais ce à quoi tient surtout le Tsar,
c’est à ce que le voyage présidentiel
n’ait lieu ni avant ni pendant la pé
riode électorale, l’empereur de Rassie,
qui entend se tenir en dehors et au-
dessus de nos discussions politiques,
ne voulant à aucun prix que la ré
ception du Président de la Républi
que à la Cour impériale puisse être
exploitée par aucun parti.
On peut donc prévoir, d’une ma
nière à peu près certaine, que le voyage
de M. Loubet n’aura pas lieu avant
la fin de mai ou les premiers jours de
juin.
AFFICH AGE ELEC TORAL
M. Yiviani a déposé une proposi
tion de loi tendant à réglementer et à
restreindre l’affichage électoral auqwil
des emplacements spéciaux seraient
réservés. Les contrevenants seraient
frappés d’une amende pouvant s’éle
ver à 10,000 h*, et d’un emprisonne
ment allant de 6 jours à 2 mois, sans
application de la loi de sursis.
UNE EXCLUSION MÉRITÉE
Jusqu’à présent, le général Mercier
était le pestiféré du Sénat : à son
banc il restait solitaire, les fauteuils
qui l’entouraient étaient toujours vi
des; dans les couloirs, tous s’écar
taient de lui.
Le général Mercier va être con
tent : tout un groupe du Sénat, le
Centre gauche, vient d’être frappé du
même ostracisme.
Les trois autres groupes républi
cains du Sénat : Union républicaine,
Gauche républicaine, Gauche démo
cratique, ne veulent plus le con
naître ; pour eux, il n’existe plus.
C’est ainsi que, lors de l’élection
des vices présidents du Sénat, le can
didat du Centre gauche fut écarté.
Hier, les groupes avaient à choisir
neuf membres et cinq membres sup
pléants de la commission d’instruc
tion de la Haute-Cour, pour 1902.
Ont été désignés : MM. Cordelet,
Cbovet et Develle pour la Gauche ré
publicaine : Alcide Dusolier, Cazot
et Ratier, pour l’Union fépublicaine ;
Yallé, Bernard (du Doubs) et Maxime
Lecomte pour la Gauche démocra
tique.
Ont été désignés comme membres
suppléants : MM. Tillaye, Monservin,
Théodore Gérard, Delcros et Savary.
M. Barbey a été désigné comme
candidat à la vice-présidence.
Le Centre gauche a été tenu abso
lument à l'écart de ces délibérations :
il n’a pas été convoqué à la réunion
des groupes, aucun de ses membres
n’a été choisi.
Le Centre gauche, qui ne compte
d’ailleurs qu’une dizaine de membres,
a eu, depuis quelques temps, une at
titude telle que les républicains du
Sénat ne peuvent plus frayer avec lui.
Deux de ses membres, MM. Le
grand et Maret, celui-ci président du
groupe, patronnent à Versailles une
réunion nationaliste. Un ancien pré
sident du groupe, M. Franck Chau
veau, soutient dans l’Oise, la candi
dature d’un royaliste, M. le comte de
l’Aigle, contre un député républicain,
M. Noël.
Cette alliance avouée du Centre
gauche sénatorial avec les pires enne
mis de la République ne pouvait être
tolérée plus longtemps. Les groupes
républicains du Sénat n’ont pas hé
sité à la condamner.
Que cet exemple soit suivi.
U CHOIX DE E MARAIS
M. Marais, Maire du Havre, est
enfiu décoré de l’ordre de Chevalier
de la Légion d’honneur. Cette nou
velle a été accueillie par notre popu
lation républicaine avec une vive
satisfaction.
Cette distinction aurait dû, depuis
des années, orner la boutonnière de
M. Marais, si les pouvoirs publics
avaient tenu compte de ses mérites
personnels et des services administra
tifs qu’il avait rendus à notre cité ;
mais, souvent, la Croix n’est donnée
qu’aux faveurs et aux intrigues.
M. Marais possède aujourd’hui
près de 20 années de services publics.
Il est entré au Conseil municipal en
1881. En 1882, il était désigné aux
fonctions d’adjoint, poste qu’il occupa
jusqu'en 1890, faisant toujours preuve
d’administrateur habile, usant de ses
crédits d’une façon intelligente, les
défendant contre les convoitises de
M. Rispal, qui avait la spécialité, non
seulement d’absorber les crédits qui
lui étaient attribués, mais d’opérer
des virements très subtils sur ceux
des services de ses autres collègues;
seul, M. Marais savait résister à ses
débordements dépensiers, ce qui ne
rendait pas toujours leurs rapports
faciles et courtois, et fut même une
des principales causes pour lesquelles
À renonça à se reporter aux élections
de 1892.
Mais de 1892 à 1896, une réac
tion énergique s’opéra dans les es
prits.
Au renouvellement du Conseil, la
liste démocratique, avec les vaillants
lutteurs que % sont les Fauvel, Denis
Guillot, Cheuret, Cherfils, Marais en
tête, triompha victorieusement, intro
duisant, pour la première fois, le
drapeau du parti démocratique, lar
gement déployé, à l’Hôtel de Ville,
où M. Marais fat aussitôt désigné aux
fonctions difficiles de Maire.
V Je dis difficiles, car nos concitoyens
se rappellent encore la situation
précaire où se trouvaient alors les
finances municipales : 15Ô.000 francs
de déficit. Cette perspective aurait pu
faire peur à d’aucuns ; mais M. Ma
rais ne vit là que des économies à
faire, de l’ordre à établir, et pour
atteindre ce résultat, secondé par des
adjoints dévoués, dont M. Denis Guil
lot était le premier, déploya une
remarquable aptitude avec laquelle il
ne tarda pas à combler le déficit exis
tant en caisse à son entrée, mais réus
sit encore, en peu de temps, à réaliser
500.000 francs d’excédent, avec les
quels on a pu faire de grands travaux
de voirie, tel que le Pont du Com
merce, etc., sans demander aucun
centime additionnel aux contribua
bles.
Après de tels états de services,
n’était-il pas surprenant de voir qu’un
Maire d’une grande ville de plus de
130.000 âmes, comme le Havre, soit
encore à être décoré ?
Ce n’est pas sans une émotion pé
nible que nous rappelons cette période
où les républicains s’unissaient et tra
vaillaient pour le plus grand bien du
Havre.
Depuis, il faut bien le reconnaître,
un recul s’est opéré dans la démocra
tie locale et la réaction, guettant nos
moindres divisions, jette son venin
par toutes ses fissures et essaie de
contaminer tout ce qui est encore sain
et pur, et cela à son unique profit.
Nous voudrions donc saluer cette
Croix comme un prélude de rappro
chement et d’union sincère de tous
les républicains désireux de voir tous
les citoyens collaborer d’idées et de
sentiment vers notre relèvement mo
ral et matériel, pour le plus grand
bien de notre ville et de la Républi
que démocratique et sociale.
G. T.
CONSEIL MUNICIPAL
Séance du 29 Janvier 1902
Présidence de M. Marais, Maire
Les Havrais s’étaient rendus en
masse à la salle de l’Hôtel de Ville
où siège le Conseil municipal, dans le
but évident de faire une ovation à
M. Marais; d’autres^ pour assister à
la séance où M. Déliot devait terras
ser M. Morgand.
Dès que M. Marais a paru, accom
pagné de ses adjoints et du Conseil
municipal, dans la salle, il a été salué
*
Samedi I er Février 1902.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements.. »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE a^-SIlÆXR.--I :, DÉ3ItXBR.,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant ï. LE ROY
1
B
Annonces
Réclames,
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
La Réforme des
frais de Justice
(Suite)
Dans un précédent article, nous
avons dit qu'il y avait eu de la part
des avoués une levée générale de
toques. Il nous revient que cette ré
volution de palais avait été motivée
par une première décision de la
Commission de réforme des tarifs
civils.
En effet, cette Commission, esti
mant sans doute qu’une réforme pra
tique des tarifs civils, ne pouvait
avoir d’autre résultat qu’une dimi
nution des frais de justice, aurait
dirigé ses délibérations dans ce
sens.
Cette manière. de voir était en
effet un pas en avant dans la voie du
progrès, les justiciables pouvaient
espérer que la fable du bon La Fon
taine : < L’Huître et les Plaideurs »
cesserait d’être d’actualité et qu’il
leur resterait autre chose que les
écailles. Hélas 1 il a fallu compter
avec MM. les avoués : Perrin Dan-
din ne se laisse pas ainsi dépouiller.
Ceux de Paris, qui devaient plus
particulièrement souffrir de la révi
sion des tarifs, mieux organisés que
leurs collègues de province et plus
influents, ont pris la tête du mou
vement criant à la spoliation, à
l’expropriation; pensez donc, c’est à
peine s’ils gagnent en moyenne
quatre-vingt ou cent mille francs
par an, que deviendraient-ils si leurs
émoluments étaient quelque peu ré
duits ? Ce serait la misère noire !
et puis simplifier la procédure c’est
la rendre plus claire, plus accessible
à toutes les intelligences, et ils ne
«veulent pas que le profane pénètre
leur secret qui est un peu fait de
mystère ; leur prestige en souffri
rait.
Il fallait donc à tout prix éviter ce
désastre, c’est alors qu’on a fait
jouer tous les ressorts, mis en mou
vement toutes les influences pour
faire revenir la Commission sur sa
première décision.
Et ils paraissent avoir réussi puis
que c’est à la suite de ce mouve
ment que M. le garde des sceaux,
Ministre de la Justice, a été amené
à déclarer, au sein de cette Com
mission, « que l’esprit de la réforme
ne devait pas être hostile aux
avoués, mais conforme à la Jus
tice ».
Ce qui, en bon français, veut dire
qu’il n’y aura pas grand chose de
changé et que le justiciable restera
Gros Jean comme devant.
La sous-commission nommée à la
suite de cette déclaration du Minis
tre, se chargera bien de nous le
faire savoir.
Cette reculade nous fait dire plus
que jamais que toutes les tentatives
de révision de tarif, de réduction de
frais, ne sont que des atermoi-
ments obtenus par les intéressés et
que la suppression des rouages inu
tiles s’impose aussi bien dans l’ad
ministration de la justice que par
tout ailleurs.
Astrée.
UN BANQUET DÉMOCRATIQUE
M. Waldeck-Rousseau, président
du conseil, a accepté d'assister au
banquet républicain « du Travail »
organisé par les associations patro
nales et ouvrières de production et
les chambres syndicales.
La délégation qui s’est rendue
auprès du président du conseil lui a
été présentée par MM. Cervais et Chau-
vière, députés. Elle s’est ensuite ren
due auprès de MM. .Millerand, minis
tre du commerce, Baudin, ministre
des travaux publics, du général An
dré, ministre de la guerre; les mem
bres du gouvernement ont promis
d’accompagner le président du conseil
au banquet.
Ce sera une grande manifestation
républicaine où tous les éléments de
gauche feront alliance contre la coa
lition clérico-nationaliste.
Le banquet aura probablement lieu
au Palais du Travail, à Grenelle; il
réunira environ 2,500 convives. La
date n’en est pas encore fixée.
CONTRE LA CANAILLE
C’est le mot d’ordre électoral de
M. de Cassagnac ; un de ses corres
pondants dit même «crapule». La
canaille, la crapule, ce sont tous les
républicains, à part M. Méline et ses
amis, pour lesquels M. de Cassagnac
se sent une invincible sympathie et'
conseille de voter en masse. C’est tou
jours la même chanson, le même
parti-pris, la même mauvaise foi.
Vous êtes trop avisés, mes chers amis,
pour vous laisser prendre à ces gros
mots : les injures n'ont jamais rien
prouvé. Aussi, nos adversaires em
ploient-ils d’autres moyens.
Parmi les arguments dont ils usent
le plus pour éloiguer de tout gouver
nement réformateur les électeurs timi
des, il en est un contre lequel il faut
vous mettre en garde : Il consiste à
représenter le ministère républicain
comme un ramassis d’ennemis de l’or
dre social et de la propriété, de révo
lutionnaires violents attendant l’heure
favorable pour tout chambarder. Je
n’exagère pas. Cette thèse saugrenue,
ce mot d’ordre de : « Sus aux ban
dits ! », sert de trait d’union entre les
éléments si disparates qui constituent
l’opposition, entre M. Méline et M.
Millevoye, entre M. Bouchez, des
Vosges, et M. Veuillot.
M. Charles Dupuy a dit un jour à
la Chambre que le socialisme n’est
qu’un mot et il avait raison, car ce
mot a tous les sens que l’on voudra.
Jules Simon se disait socialiste ;
tous ceux que préoccupe passionné
ment le progrès social peuvent en dire
autant. . Malheureusement pour le
peuple des campagnes, ce terrible rùot
n’a qu’un sens : il signifie commu
nisme, et suppression du droit indi
viduel de propriété, doctrine que nous
réprouvons comme lui et qui appar
tient en propre aux collectivistes.
Les adversaires de la République
réformatrice ne manquent pas de pro
fiter de cette répulsion si justifiée de
nos paysans, pour le nivellement
social, et voudraient bien leur faire
croire que la réalisation de cette utopie
entre dans le programme du gouver
nement : c’est tout simplement du
dernier bouffon.
On l’a dit et on le répète à satiété :
ce gouvernement réalise l’union de
toutes les forces républicaines reliées
entre elles par un pacte étroit loyale
ment tenu. Chaque ministre n’est
qu’une unité dans un tout compact :
sa présence dans le cabinet affirme
simplement la nécessité de l’entente,
mais ne le personnifie pas. M. Mille
rand est un ministre ; il n’est pss le
gouvernement ; il n’est pas entré dans
le ministère pour y faire triompher
ses idées personnelles, mais pour faire
comprendre à tous, que son parti; ou
du moins la grande majorité de son
parti, sans renoncer à ce que nous,
nous considérons comme de dange
reuses utopies, entendait ne pas faire
le jeu de la réaction et voulait s’as
socier à la défense de la République.
M. Waldeck-Rousseau a donc pu
dire en toute vérité à Toulouse, que
le collectivisme n’est pas la doctrine
de son gouvernement. Il l’a déclaré
en une brève phrase, fort dédaigneuse
comme il convenait, mais suffisante.
Aussi, quand les nationalistes et
leurs complices tentent de vous effra
yer par le spectre du collectivisme
gouvernemental, vous n’avez qu’à
leur rire au nez : c’est le seul accueil
que mérite une telle sottise. Le gou^
vernement, sachez-le bien, n’est pas
plus collectiviste que vous-même, il
n’est que républicain, mais il l’est
pour tout de bon.
. Et franchement, sied-il bien à MM.
Le Maître, Coppée, Mercier, Cavai-
gnac, et Cie, de se montrer si dégoû
tés et de crier au péril révolution
naire, eux dont Rochefort est un des
principaux alliés?
Jacques Rural.
Le Voyage de M. Loubet en Russie
Du Gaulois :
On parle beaucoup, depuis quelque
temps, d’un prochain voyage en Rus
sie du Président de la République.
Que ce voyage soit décidé d’accord
avec le Tsar, la chose ne saurait faire
aucun doute.
Nicolas II a invité M. Loubet com
me il avait invité M. Félix Faure, et,
comme l’a fait M. Félix Faure, M.
Loubet ira à Saint-Pétersbourg.
Mais ce à quoi tient surtout le Tsar,
c’est à ce que le voyage présidentiel
n’ait lieu ni avant ni pendant la pé
riode électorale, l’empereur de Rassie,
qui entend se tenir en dehors et au-
dessus de nos discussions politiques,
ne voulant à aucun prix que la ré
ception du Président de la Républi
que à la Cour impériale puisse être
exploitée par aucun parti.
On peut donc prévoir, d’une ma
nière à peu près certaine, que le voyage
de M. Loubet n’aura pas lieu avant
la fin de mai ou les premiers jours de
juin.
AFFICH AGE ELEC TORAL
M. Yiviani a déposé une proposi
tion de loi tendant à réglementer et à
restreindre l’affichage électoral auqwil
des emplacements spéciaux seraient
réservés. Les contrevenants seraient
frappés d’une amende pouvant s’éle
ver à 10,000 h*, et d’un emprisonne
ment allant de 6 jours à 2 mois, sans
application de la loi de sursis.
UNE EXCLUSION MÉRITÉE
Jusqu’à présent, le général Mercier
était le pestiféré du Sénat : à son
banc il restait solitaire, les fauteuils
qui l’entouraient étaient toujours vi
des; dans les couloirs, tous s’écar
taient de lui.
Le général Mercier va être con
tent : tout un groupe du Sénat, le
Centre gauche, vient d’être frappé du
même ostracisme.
Les trois autres groupes républi
cains du Sénat : Union républicaine,
Gauche républicaine, Gauche démo
cratique, ne veulent plus le con
naître ; pour eux, il n’existe plus.
C’est ainsi que, lors de l’élection
des vices présidents du Sénat, le can
didat du Centre gauche fut écarté.
Hier, les groupes avaient à choisir
neuf membres et cinq membres sup
pléants de la commission d’instruc
tion de la Haute-Cour, pour 1902.
Ont été désignés : MM. Cordelet,
Cbovet et Develle pour la Gauche ré
publicaine : Alcide Dusolier, Cazot
et Ratier, pour l’Union fépublicaine ;
Yallé, Bernard (du Doubs) et Maxime
Lecomte pour la Gauche démocra
tique.
Ont été désignés comme membres
suppléants : MM. Tillaye, Monservin,
Théodore Gérard, Delcros et Savary.
M. Barbey a été désigné comme
candidat à la vice-présidence.
Le Centre gauche a été tenu abso
lument à l'écart de ces délibérations :
il n’a pas été convoqué à la réunion
des groupes, aucun de ses membres
n’a été choisi.
Le Centre gauche, qui ne compte
d’ailleurs qu’une dizaine de membres,
a eu, depuis quelques temps, une at
titude telle que les républicains du
Sénat ne peuvent plus frayer avec lui.
Deux de ses membres, MM. Le
grand et Maret, celui-ci président du
groupe, patronnent à Versailles une
réunion nationaliste. Un ancien pré
sident du groupe, M. Franck Chau
veau, soutient dans l’Oise, la candi
dature d’un royaliste, M. le comte de
l’Aigle, contre un député républicain,
M. Noël.
Cette alliance avouée du Centre
gauche sénatorial avec les pires enne
mis de la République ne pouvait être
tolérée plus longtemps. Les groupes
républicains du Sénat n’ont pas hé
sité à la condamner.
Que cet exemple soit suivi.
U CHOIX DE E MARAIS
M. Marais, Maire du Havre, est
enfiu décoré de l’ordre de Chevalier
de la Légion d’honneur. Cette nou
velle a été accueillie par notre popu
lation républicaine avec une vive
satisfaction.
Cette distinction aurait dû, depuis
des années, orner la boutonnière de
M. Marais, si les pouvoirs publics
avaient tenu compte de ses mérites
personnels et des services administra
tifs qu’il avait rendus à notre cité ;
mais, souvent, la Croix n’est donnée
qu’aux faveurs et aux intrigues.
M. Marais possède aujourd’hui
près de 20 années de services publics.
Il est entré au Conseil municipal en
1881. En 1882, il était désigné aux
fonctions d’adjoint, poste qu’il occupa
jusqu'en 1890, faisant toujours preuve
d’administrateur habile, usant de ses
crédits d’une façon intelligente, les
défendant contre les convoitises de
M. Rispal, qui avait la spécialité, non
seulement d’absorber les crédits qui
lui étaient attribués, mais d’opérer
des virements très subtils sur ceux
des services de ses autres collègues;
seul, M. Marais savait résister à ses
débordements dépensiers, ce qui ne
rendait pas toujours leurs rapports
faciles et courtois, et fut même une
des principales causes pour lesquelles
À renonça à se reporter aux élections
de 1892.
Mais de 1892 à 1896, une réac
tion énergique s’opéra dans les es
prits.
Au renouvellement du Conseil, la
liste démocratique, avec les vaillants
lutteurs que % sont les Fauvel, Denis
Guillot, Cheuret, Cherfils, Marais en
tête, triompha victorieusement, intro
duisant, pour la première fois, le
drapeau du parti démocratique, lar
gement déployé, à l’Hôtel de Ville,
où M. Marais fat aussitôt désigné aux
fonctions difficiles de Maire.
V Je dis difficiles, car nos concitoyens
se rappellent encore la situation
précaire où se trouvaient alors les
finances municipales : 15Ô.000 francs
de déficit. Cette perspective aurait pu
faire peur à d’aucuns ; mais M. Ma
rais ne vit là que des économies à
faire, de l’ordre à établir, et pour
atteindre ce résultat, secondé par des
adjoints dévoués, dont M. Denis Guil
lot était le premier, déploya une
remarquable aptitude avec laquelle il
ne tarda pas à combler le déficit exis
tant en caisse à son entrée, mais réus
sit encore, en peu de temps, à réaliser
500.000 francs d’excédent, avec les
quels on a pu faire de grands travaux
de voirie, tel que le Pont du Com
merce, etc., sans demander aucun
centime additionnel aux contribua
bles.
Après de tels états de services,
n’était-il pas surprenant de voir qu’un
Maire d’une grande ville de plus de
130.000 âmes, comme le Havre, soit
encore à être décoré ?
Ce n’est pas sans une émotion pé
nible que nous rappelons cette période
où les républicains s’unissaient et tra
vaillaient pour le plus grand bien du
Havre.
Depuis, il faut bien le reconnaître,
un recul s’est opéré dans la démocra
tie locale et la réaction, guettant nos
moindres divisions, jette son venin
par toutes ses fissures et essaie de
contaminer tout ce qui est encore sain
et pur, et cela à son unique profit.
Nous voudrions donc saluer cette
Croix comme un prélude de rappro
chement et d’union sincère de tous
les républicains désireux de voir tous
les citoyens collaborer d’idées et de
sentiment vers notre relèvement mo
ral et matériel, pour le plus grand
bien de notre ville et de la Républi
que démocratique et sociale.
G. T.
CONSEIL MUNICIPAL
Séance du 29 Janvier 1902
Présidence de M. Marais, Maire
Les Havrais s’étaient rendus en
masse à la salle de l’Hôtel de Ville
où siège le Conseil municipal, dans le
but évident de faire une ovation à
M. Marais; d’autres^ pour assister à
la séance où M. Déliot devait terras
ser M. Morgand.
Dès que M. Marais a paru, accom
pagné de ses adjoints et du Conseil
municipal, dans la salle, il a été salué
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.53%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.53%.
- Related digital collections Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BmLHav000"Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263500c/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263500c/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263500c/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263500c
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263500c
Facebook
Twitter