Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1902-01-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 janvier 1902 11 janvier 1902
Description : 1902/01/11 (N298). 1902/01/11 (N298).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263497b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
ioÉMk:• r^jÊt -.tfr • 1 ^
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieüre par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfired HENRI
L’Imprimeur-Gérant E. LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
JANVIER HISTORIQUE
En ce moment, où il est question
d’éventrer les bâtiments de l’Ins
titut pour* prolonger une rue pari
sienne, n’est-ce point le cas de rap
peler, en tête de cette page de sou
venirs historipues, que l’Académie
française fût fondée par Richelieu,
le 2 janvier 1635.
Son but, était « d’épurer et de
fixer la langue », mais, servir à
augmenter le crédit de la France
auprès des autres nations par 1 in
fluence de sa littérature. Cela veut-
il dire qu’on y plaça toujours les
plus éminents de nos écrivains ? Il
serait audacieux de le prétendre.
Certes, de grands maîtres se ren
contrèrent parmi les quarante im
mortels, mais combien d illustres
cédèrent le pas jadis aux courtisans
habiles, aujourd’hui aux intrigants
malicieux.
Il faut bien, en effet, rappeler
qu’actuelle ment encore, l’Académie^
ne compte pas « les plus éminents
de nos littérateurs comme le voulut
Richelieu — elle renferme même
beaucoup de membres auxquels la
littérature est âsëëz étrangère
et ajouter, sans commentaires, que,
parmi les évinces des diverses épo
ques, on trouve Descartes, Pascal,
Molière, Bayle, J.-J* Rousseau,
Diderot, Beaumarchais, Paul-Louis
Courier, Balzac, Lamennais, et,
plus près de nous, Gustave Flaubert
et Alphonse Daudet.
Puisque, dans cette énumération,
le nom de Molière s’est trouvé sous
notre plume, je rappellerai que ce
grand écrivain, qu’on peut appeler
le père de la comedie française, est
né-dans le mois, le 15 janvier 1622,
son père, Poquelin, tapissier et va
let de chambre du roi, le destinait à
suivre sa profession et obtint pour
lui la survivance, ce qui ne l’empê
cha pas de lui faire donner une édu
cation solide. Il étudia donc au col
lège de Clermont, puis a 19 ans, prit
son service à la Cour.
Mais, vite dégoûté, il alla appren
dre le droit à l’université d'Orléans
et : se fit recevoir avocat. Puis, lasse
aussi vite de cette nouvelle fortune,
il quitta la robe pour s’engager dans
une troupe de comédiens-amateurs
dont il fut bientôt le chef et qui, sous
le nom de F Illustre Théâtre , joua
d’abord à Paris, au jeu de paume de
Métayer, rue Mazarine.
Ensuite, il parcourut la Province,
vivant mal, faisant et repiesentant
ça et là, des pièces qui n’ont été que
les ébauches de celles qu’il donna
plus tard.
Pendant douze ans, il traîna cette
existence précaire, et c’est en 1658
seulement qu’il obtint la faveur de
jouer devant le roi. Molière repré
senta alors, dans la salle des gardes
du Louvre, le Nicodème de Cor
neille et une de ses farces perdues,
Le Docteur Amoureux , dont se di
vertit tellement Louis XIV, qu’il
prit la troupe en affection et voulut
qu’elle alternât avec les Italiens sur
le théâtre du Petit-Bourbon. De ce
jour, la fortune et la gloire de Mo
lière furent assurées.
Un autre écrivain que nous avons
également nommé plus haut, Beau
marchais, est né, lui aussi, en jan
vier, le 24 de l’année 1732, dans
l’arrière-boutique d’un horloger de
la rue Saint-Denis, nommé Caron,
Tout le monde connaît l’auteur, mais
l’homme est assez ignoré, ce fut
pourtant un original intéressant
par plus d'un côté. On peut dire de
lui qu’il fît tous les métiers et eut
toutes les avenfures.
Fils d’un horloger peu fortuné, il
dut apprendre le métier de son père.
Il inventa même, à 20 ans un nou
vel échappement pour les montres
que Lepaute essaya de s’approprier.
Il y eût procès et Beaumarchais se
défendit si habilement devant l’A
cadémie des sciences, qu’il gagna
sa cause et assez de notoriété pour
être nommé horloger du roi. Tout
en faisant de l’horlogerie, il avait
perfectionné sa harpe, fort peu
connue alors ét enseigna l’usage de
cet instrument à mesdames de
France, ce qui lui donna ses entrée^
à la Cour. C’est alors qu’il s acheta
une charge de secrétaire du roi qui
lui conférait la noblesse moyennant
finances et le droit d'ajouter à son
nom de Caron celui de Beaumar
chais qui était celui d’un petit do
maine possédé par sa femme.
Avec l’esprit qu’on lui connaît, il
était le premier à rire de ce traves
tissement :
- Savez-vous, disait-il, que je
prouve près de vingt ans de no
blesse et quelle est bien à moi, en
bon parchemin scellé, qu’elle n’est
pas comme celle de beaucoup de
gens, douteuse et sur parole et que
nui n’oserait me la disputer, car
j’en ai la quittance en 'poche.
Cette réflexion n’est-elle pas jolie?
C’est bien du même sel que la ri
poste que je vais conter, dont il cor
rigea un jeune fat qui avait cher
ché à l’humilier. Un jour, celui-ci
l’aborda, comme il sortait de l'ap
partement des princesses :
— Ah ! M. de Beaumarchais, vous
arrivez à propos ; ma montre est
dérangée, faites-moi le plaisir d’y
donner un coup d’œil.
— Volontiers, Monsieur, répondit
l’écrivain sans sourciller devant les
sourires insolents de l’auditoire,
mais depuis que j’ai cessé de m'oc
cuper d’horlogerie, je suis devenu
fort maladroit.
Le courtisan insiste avec des sup
plications ironiques, et on fait cer
cle. Beaumarchais prend alors la
montre, l’ouvre, l’élève en l’air, et,
feignant de l’examiner, la laisse
tomber sur le parquet où elle se
brise en miettes.
— Puis, saluant avec son beau
sang-froid :
— Oh ! Monsieur, dit-il, que je
suis donc désolé, mais je vous avais
prévenu que j’étais devenu mala
droit.
Il eut ce jour-là encore, les rieurs
de son côté.
Compiègne fut fondée sous le nom
de Carlopilis , par le roi de France,
Charles-le-Chauve, le janvier 976.
La création du collège du Plessis,
qui devint plus tard la Sorbonne,
date du 2 janvier 1322. Une école
lyrique destinée à alimenter Vaca
démie royale de sujets chantants ,
fut ouverte le 3 janvier 1784. Ce fut
l’origine du Conservatoire.
A cette même date, en 889, un
prévôt de Paris, qui avait fait pen
dre un innocent pauvre à la place
d’un riche condamné à mort, fut
attaché à son tour au gibet. La soie
fut introduite en Europe le 4 janvier
536 par deux moines venus des Indes
à Constantinople et qui apprirent
aux habitants de cette ville à la fa
briquer. L’invenrtio^cia-'dagüerréo^-
type fut révélé par Arago à l’aca
démie des sciences, le 7 janvier
1839. L’aéronaute Blanchard tra
versa la Manche en ballon le 7 jan
vier 1798.
La loterie, déjà connue en Italie,
fit son apparition en Angleterre le
11 janvier 1569, à l’occasion delà
construction de l’église Saint-Paul.
Louis XVI fut condamné à mort le
17 janvier 1793, par 387 voix contre
334. Par ces dernières, deux ont
voté les fers, 286 le bannissement
ou la réclusion et 46 la mort condi
tionnelle. On sait qu’il fut exécuté
trois jours plus tard. Indiquons, à
ce propos, que l’emploi de la guil
lotine fut décidé par l’Assemblée J
nationale sur la proposition du doc- j
teur Guillotin le 21 janvier 1790.
Ajoutons enfin qu’à la même date,
en 1535, Calvin fut appelé, parla
ville de Genève pour être le pasteur
de l’Eglise réformée.
Marcel France. ,
LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
TLT3NT AVEU
Le Journal du havre , le défenseur
de M. Rispal, éprouvait, depuis
quelque temps, le besoin de relancer
la candidature de son Benjamin pré
féré, M. Aug. Rispal.
Prévoyant déjà que d’autres candi
datures se préparent à lui barrer la
route — il ajoute qu’elles seront
même particulièrement nombreuses,
— il se dépêche, d’ores et déjà, de
prendre position dans la lutte.
A ce sujet, dit-il, « il nous est re
venu de divers côtés, qn’on a ré
pandu, dans une intention facile à
saisir, le bruit que l’honorable M.
Auguste Rispal, député de la pre
mière circonscription, ne demande
rait plus le renouvellement de son
mandat.
« Nous sommes autorisés à opposer
à cette rumeur le plus catégorique
démenti. »
Voilà qui est bien, et nous ne nous
étions jamais douté du contraire.
En présence de cet aveu, quelle va
être l’attitude du Comité central?...
Ces braves pilliers de la réaction, les
uns admirateurs de Rispal, les autres
restés fidèles à M. Siegfried, autour
duquel ils espéraient rallier la majo
rité du central pour présenter l'ex
sénateur aux élections prochaines,
croyant que ceux - ci , las de la
conduite anti-républicaine de M.
Rispal, feraient retour vers M. Sieg
fried, qui prendrait pour la circons
tance, l’étiquette gouvernementale,
politique toute contraire à celle de
nos deux députés actuels.
Quelle aberration ! aujourd’hui ils
s’aperçoivent qu’ils ont été leurrés.
M. Rispal, de même que M. Brin-
deau, sont encouragés par toute la
camérilla réactionnaire. N’ont*ils pas
été à la Chambre les plus fidèles sou
tiens de toutes les causes congréga
nistes, mélinistes, nationalistes, etc?..
Eh bien alors ! N’est-ce pas de tels
! députés, disposés à l'effondrement de
la République, qu’il faut pousser au
pouvoir ? C'est le vœu le plus cher du
saint Père le Pape et de ses diseurs
à' Or émus.
Lë Comité central est désormais
plongé dans l’eau bénite. Il n’en sor
tira qu’à demi asphyxié.
Et cependant, il y avait dans ce
comité des hommes qui se targuaient
naguère d’être des républicains de
raison et de principe. Devant cette
division qui les séparent désormais et
irréparablement; devant l’impossibi
lité de ramener une majorité capable
de soutenir leur candidat, ceux-ci
auraient dû faire œuvre de bon sens et
se souvenir qu’en 1898, le concurrent
de M. Rispal ne succomba qu’à 150
voix, et que ce seul républicain, qui
n’a point démérité du grand parti
qu’il représente toujours, était le seul
qualifié pour faire face à M. Rispal.
C’est à ce prix seul que les élec
teurs de la première circonscription
réussiront à mettre leur siège dans d- s
mains dignes de représenter un grand
port comme le Havre.
N’est-il pas, en effet, contraire à
tout esprit de logisme, qu’un grand
centre maritime et commercial comme
le nôtre, qui ne devrait sa vitalité,
qu’à des représentants imbus d’idées
de grande politique d’émancipation,
soit précisément confié à des hommes
dont le principal souci est l’encoura
gement du régime fiscal du protectio-
nisme si cher à Méline, principale cause
de la ruine de notre industrie, para
lysant notre commerce et entravant le
développement de notre marine.
Quand donc notre population sau
ra-t-elle arracher le pouvoir à ces re
présentants inféodés aux privilèges
des capitalistes, qui font supporter au
petit commerce et aux déshérités de
la fortune le fardeau du régime pro-
tectioniste?
Sir John Russell, le grand apôtre
du libre-échange, terminait jadis un
dé ses discours par cos paroles : « Je
laisserai un nom dont auront plaisir à
se souvenir ceux qui travaillent et
qui gagnent leur pain à la sueur de
leur front, lorsqu’ils pourront restau
rer leurs forces affaiblies par une
nourriture abondante et exempte de
taxe d’entrée, rendue meilleure encore
par l’idée qu’il ne s’y attache plus
une injustice sociale. »
Nous voudrions voir la masse des
travailleurs méditer à ces sages et
édifiantes paroles. Mais qu’ils soient
convaincus que ce n’est point ni les
Rispal, ni les Brindeau qui coopére
ront jamais à leur faire obtenir la vie
à bon marché. G. T.
UNE EXÉCUTION
DE M. CH- DÉLIOT
Dans le dernier numéro du Radical -
Socialiste, M. Ch. Déliotse livre à une
violente attaque contre M. Morgand,
et va jusqu'à l’inviter de « débarras
ser ses collègues d’une promiscuité
gênante ».
Nous n’avons ici aucune qualité
pour défendre M. Morgand. Mais
nous estimons que M. Déliot, rappe
lant la découverte « d’une note de
service, datée du 31 décembre 1900 et
signée du directeur de l’octroi, M.
Géraut, ordonnant aux employés de ne
plus percevoir de droits d'octroi sur tes
bois de Teck et de Hickory », n'a rien
découvert du tout.
Les octrois du Havre ont été révi
sés en 1900 et mis en exécution à
partir du 1 er janvier 1901.
Or, page 21 du nouveau règlement
de l’octroi, au dernier alinéa, il est
écrit « que les bois de charronnage et
d’ébénisterie sont affranchis des droits
ainsi que les bois de gaïae et de buis
exclusivement employés par la ma
rine ».
C’est le cas que vise notre confrère.
Et nous pensons que ces délibéra
tions prises par le Conseil municipal,
dans ses séances des 19 octobre et 11
novembre 1900 et approuvées par ar
rêté du 30 décembre 1900, sont no
toirement valables pour tout le monde.
FÉMINISME SELECT
On ne se douterait pas de ce que le
féminisme fait de progrès chez les gens
chics. La femme y porte-t-elle culotte
dans le « home », nous n’en savons
rien et notre respect du mur Guillou-
tet nous interdit d’y aller voir. Dans
tous les cas, quand il s’agit de politi
que, au sexe faible la puissance.
Exemple, la réunion de dames
royalistes, convoquée mercredi soir
sur l’initiative de M. Paul Bézine,
chef du bureau politique du duc Phi
lippe, alias Gamelle.
Le compte rendu de cette assemblée
extra-select noup apporte le résumé-
des ce allocutions vibrantes de pa
triotisme » et des « chaleureuses im
provisations » des orateurs. On a sol
licité les dames présentes « d’apporter
dans les luttes prochaines leur puis
sant concours » et de « rester fidèles
à leurs plus glorieuses traditions ».
Ce que sont ces traditions et ce que
doit être ce précieux concours, on le
devine aisément quand on lit que
toutes ces belles paroles ont été dites
au nom de la commission « chargée de
recueillir les fonds ».
O Jeanne d’Arc! O Jeanne Ha
chette ! O toutes celles qui avez laissé
dans l’histoire la marque fameuse de
votre passage, vous voilà mises au
rancart. Finies, usées, vieilles défro
ques. Place à la femme nouvelle, à
celle qui quête pour la caisse électo-
torale, pour les affiches, la colle et le
papier, pour les petits verres à l’élec
teur !
Ce qu’ils doivent rigoler là-haut,
les aïeux des croisades ! M. Y.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieüre par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfired HENRI
L’Imprimeur-Gérant E. LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
JANVIER HISTORIQUE
En ce moment, où il est question
d’éventrer les bâtiments de l’Ins
titut pour* prolonger une rue pari
sienne, n’est-ce point le cas de rap
peler, en tête de cette page de sou
venirs historipues, que l’Académie
française fût fondée par Richelieu,
le 2 janvier 1635.
Son but, était « d’épurer et de
fixer la langue », mais, servir à
augmenter le crédit de la France
auprès des autres nations par 1 in
fluence de sa littérature. Cela veut-
il dire qu’on y plaça toujours les
plus éminents de nos écrivains ? Il
serait audacieux de le prétendre.
Certes, de grands maîtres se ren
contrèrent parmi les quarante im
mortels, mais combien d illustres
cédèrent le pas jadis aux courtisans
habiles, aujourd’hui aux intrigants
malicieux.
Il faut bien, en effet, rappeler
qu’actuelle ment encore, l’Académie^
ne compte pas « les plus éminents
de nos littérateurs comme le voulut
Richelieu — elle renferme même
beaucoup de membres auxquels la
littérature est âsëëz étrangère
et ajouter, sans commentaires, que,
parmi les évinces des diverses épo
ques, on trouve Descartes, Pascal,
Molière, Bayle, J.-J* Rousseau,
Diderot, Beaumarchais, Paul-Louis
Courier, Balzac, Lamennais, et,
plus près de nous, Gustave Flaubert
et Alphonse Daudet.
Puisque, dans cette énumération,
le nom de Molière s’est trouvé sous
notre plume, je rappellerai que ce
grand écrivain, qu’on peut appeler
le père de la comedie française, est
né-dans le mois, le 15 janvier 1622,
son père, Poquelin, tapissier et va
let de chambre du roi, le destinait à
suivre sa profession et obtint pour
lui la survivance, ce qui ne l’empê
cha pas de lui faire donner une édu
cation solide. Il étudia donc au col
lège de Clermont, puis a 19 ans, prit
son service à la Cour.
Mais, vite dégoûté, il alla appren
dre le droit à l’université d'Orléans
et : se fit recevoir avocat. Puis, lasse
aussi vite de cette nouvelle fortune,
il quitta la robe pour s’engager dans
une troupe de comédiens-amateurs
dont il fut bientôt le chef et qui, sous
le nom de F Illustre Théâtre , joua
d’abord à Paris, au jeu de paume de
Métayer, rue Mazarine.
Ensuite, il parcourut la Province,
vivant mal, faisant et repiesentant
ça et là, des pièces qui n’ont été que
les ébauches de celles qu’il donna
plus tard.
Pendant douze ans, il traîna cette
existence précaire, et c’est en 1658
seulement qu’il obtint la faveur de
jouer devant le roi. Molière repré
senta alors, dans la salle des gardes
du Louvre, le Nicodème de Cor
neille et une de ses farces perdues,
Le Docteur Amoureux , dont se di
vertit tellement Louis XIV, qu’il
prit la troupe en affection et voulut
qu’elle alternât avec les Italiens sur
le théâtre du Petit-Bourbon. De ce
jour, la fortune et la gloire de Mo
lière furent assurées.
Un autre écrivain que nous avons
également nommé plus haut, Beau
marchais, est né, lui aussi, en jan
vier, le 24 de l’année 1732, dans
l’arrière-boutique d’un horloger de
la rue Saint-Denis, nommé Caron,
Tout le monde connaît l’auteur, mais
l’homme est assez ignoré, ce fut
pourtant un original intéressant
par plus d'un côté. On peut dire de
lui qu’il fît tous les métiers et eut
toutes les avenfures.
Fils d’un horloger peu fortuné, il
dut apprendre le métier de son père.
Il inventa même, à 20 ans un nou
vel échappement pour les montres
que Lepaute essaya de s’approprier.
Il y eût procès et Beaumarchais se
défendit si habilement devant l’A
cadémie des sciences, qu’il gagna
sa cause et assez de notoriété pour
être nommé horloger du roi. Tout
en faisant de l’horlogerie, il avait
perfectionné sa harpe, fort peu
connue alors ét enseigna l’usage de
cet instrument à mesdames de
France, ce qui lui donna ses entrée^
à la Cour. C’est alors qu’il s acheta
une charge de secrétaire du roi qui
lui conférait la noblesse moyennant
finances et le droit d'ajouter à son
nom de Caron celui de Beaumar
chais qui était celui d’un petit do
maine possédé par sa femme.
Avec l’esprit qu’on lui connaît, il
était le premier à rire de ce traves
tissement :
- Savez-vous, disait-il, que je
prouve près de vingt ans de no
blesse et quelle est bien à moi, en
bon parchemin scellé, qu’elle n’est
pas comme celle de beaucoup de
gens, douteuse et sur parole et que
nui n’oserait me la disputer, car
j’en ai la quittance en 'poche.
Cette réflexion n’est-elle pas jolie?
C’est bien du même sel que la ri
poste que je vais conter, dont il cor
rigea un jeune fat qui avait cher
ché à l’humilier. Un jour, celui-ci
l’aborda, comme il sortait de l'ap
partement des princesses :
— Ah ! M. de Beaumarchais, vous
arrivez à propos ; ma montre est
dérangée, faites-moi le plaisir d’y
donner un coup d’œil.
— Volontiers, Monsieur, répondit
l’écrivain sans sourciller devant les
sourires insolents de l’auditoire,
mais depuis que j’ai cessé de m'oc
cuper d’horlogerie, je suis devenu
fort maladroit.
Le courtisan insiste avec des sup
plications ironiques, et on fait cer
cle. Beaumarchais prend alors la
montre, l’ouvre, l’élève en l’air, et,
feignant de l’examiner, la laisse
tomber sur le parquet où elle se
brise en miettes.
— Puis, saluant avec son beau
sang-froid :
— Oh ! Monsieur, dit-il, que je
suis donc désolé, mais je vous avais
prévenu que j’étais devenu mala
droit.
Il eut ce jour-là encore, les rieurs
de son côté.
Compiègne fut fondée sous le nom
de Carlopilis , par le roi de France,
Charles-le-Chauve, le janvier 976.
La création du collège du Plessis,
qui devint plus tard la Sorbonne,
date du 2 janvier 1322. Une école
lyrique destinée à alimenter Vaca
démie royale de sujets chantants ,
fut ouverte le 3 janvier 1784. Ce fut
l’origine du Conservatoire.
A cette même date, en 889, un
prévôt de Paris, qui avait fait pen
dre un innocent pauvre à la place
d’un riche condamné à mort, fut
attaché à son tour au gibet. La soie
fut introduite en Europe le 4 janvier
536 par deux moines venus des Indes
à Constantinople et qui apprirent
aux habitants de cette ville à la fa
briquer. L’invenrtio^cia-'dagüerréo^-
type fut révélé par Arago à l’aca
démie des sciences, le 7 janvier
1839. L’aéronaute Blanchard tra
versa la Manche en ballon le 7 jan
vier 1798.
La loterie, déjà connue en Italie,
fit son apparition en Angleterre le
11 janvier 1569, à l’occasion delà
construction de l’église Saint-Paul.
Louis XVI fut condamné à mort le
17 janvier 1793, par 387 voix contre
334. Par ces dernières, deux ont
voté les fers, 286 le bannissement
ou la réclusion et 46 la mort condi
tionnelle. On sait qu’il fut exécuté
trois jours plus tard. Indiquons, à
ce propos, que l’emploi de la guil
lotine fut décidé par l’Assemblée J
nationale sur la proposition du doc- j
teur Guillotin le 21 janvier 1790.
Ajoutons enfin qu’à la même date,
en 1535, Calvin fut appelé, parla
ville de Genève pour être le pasteur
de l’Eglise réformée.
Marcel France. ,
LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
TLT3NT AVEU
Le Journal du havre , le défenseur
de M. Rispal, éprouvait, depuis
quelque temps, le besoin de relancer
la candidature de son Benjamin pré
féré, M. Aug. Rispal.
Prévoyant déjà que d’autres candi
datures se préparent à lui barrer la
route — il ajoute qu’elles seront
même particulièrement nombreuses,
— il se dépêche, d’ores et déjà, de
prendre position dans la lutte.
A ce sujet, dit-il, « il nous est re
venu de divers côtés, qn’on a ré
pandu, dans une intention facile à
saisir, le bruit que l’honorable M.
Auguste Rispal, député de la pre
mière circonscription, ne demande
rait plus le renouvellement de son
mandat.
« Nous sommes autorisés à opposer
à cette rumeur le plus catégorique
démenti. »
Voilà qui est bien, et nous ne nous
étions jamais douté du contraire.
En présence de cet aveu, quelle va
être l’attitude du Comité central?...
Ces braves pilliers de la réaction, les
uns admirateurs de Rispal, les autres
restés fidèles à M. Siegfried, autour
duquel ils espéraient rallier la majo
rité du central pour présenter l'ex
sénateur aux élections prochaines,
croyant que ceux - ci , las de la
conduite anti-républicaine de M.
Rispal, feraient retour vers M. Sieg
fried, qui prendrait pour la circons
tance, l’étiquette gouvernementale,
politique toute contraire à celle de
nos deux députés actuels.
Quelle aberration ! aujourd’hui ils
s’aperçoivent qu’ils ont été leurrés.
M. Rispal, de même que M. Brin-
deau, sont encouragés par toute la
camérilla réactionnaire. N’ont*ils pas
été à la Chambre les plus fidèles sou
tiens de toutes les causes congréga
nistes, mélinistes, nationalistes, etc?..
Eh bien alors ! N’est-ce pas de tels
! députés, disposés à l'effondrement de
la République, qu’il faut pousser au
pouvoir ? C'est le vœu le plus cher du
saint Père le Pape et de ses diseurs
à' Or émus.
Lë Comité central est désormais
plongé dans l’eau bénite. Il n’en sor
tira qu’à demi asphyxié.
Et cependant, il y avait dans ce
comité des hommes qui se targuaient
naguère d’être des républicains de
raison et de principe. Devant cette
division qui les séparent désormais et
irréparablement; devant l’impossibi
lité de ramener une majorité capable
de soutenir leur candidat, ceux-ci
auraient dû faire œuvre de bon sens et
se souvenir qu’en 1898, le concurrent
de M. Rispal ne succomba qu’à 150
voix, et que ce seul républicain, qui
n’a point démérité du grand parti
qu’il représente toujours, était le seul
qualifié pour faire face à M. Rispal.
C’est à ce prix seul que les élec
teurs de la première circonscription
réussiront à mettre leur siège dans d- s
mains dignes de représenter un grand
port comme le Havre.
N’est-il pas, en effet, contraire à
tout esprit de logisme, qu’un grand
centre maritime et commercial comme
le nôtre, qui ne devrait sa vitalité,
qu’à des représentants imbus d’idées
de grande politique d’émancipation,
soit précisément confié à des hommes
dont le principal souci est l’encoura
gement du régime fiscal du protectio-
nisme si cher à Méline, principale cause
de la ruine de notre industrie, para
lysant notre commerce et entravant le
développement de notre marine.
Quand donc notre population sau
ra-t-elle arracher le pouvoir à ces re
présentants inféodés aux privilèges
des capitalistes, qui font supporter au
petit commerce et aux déshérités de
la fortune le fardeau du régime pro-
tectioniste?
Sir John Russell, le grand apôtre
du libre-échange, terminait jadis un
dé ses discours par cos paroles : « Je
laisserai un nom dont auront plaisir à
se souvenir ceux qui travaillent et
qui gagnent leur pain à la sueur de
leur front, lorsqu’ils pourront restau
rer leurs forces affaiblies par une
nourriture abondante et exempte de
taxe d’entrée, rendue meilleure encore
par l’idée qu’il ne s’y attache plus
une injustice sociale. »
Nous voudrions voir la masse des
travailleurs méditer à ces sages et
édifiantes paroles. Mais qu’ils soient
convaincus que ce n’est point ni les
Rispal, ni les Brindeau qui coopére
ront jamais à leur faire obtenir la vie
à bon marché. G. T.
UNE EXÉCUTION
DE M. CH- DÉLIOT
Dans le dernier numéro du Radical -
Socialiste, M. Ch. Déliotse livre à une
violente attaque contre M. Morgand,
et va jusqu'à l’inviter de « débarras
ser ses collègues d’une promiscuité
gênante ».
Nous n’avons ici aucune qualité
pour défendre M. Morgand. Mais
nous estimons que M. Déliot, rappe
lant la découverte « d’une note de
service, datée du 31 décembre 1900 et
signée du directeur de l’octroi, M.
Géraut, ordonnant aux employés de ne
plus percevoir de droits d'octroi sur tes
bois de Teck et de Hickory », n'a rien
découvert du tout.
Les octrois du Havre ont été révi
sés en 1900 et mis en exécution à
partir du 1 er janvier 1901.
Or, page 21 du nouveau règlement
de l’octroi, au dernier alinéa, il est
écrit « que les bois de charronnage et
d’ébénisterie sont affranchis des droits
ainsi que les bois de gaïae et de buis
exclusivement employés par la ma
rine ».
C’est le cas que vise notre confrère.
Et nous pensons que ces délibéra
tions prises par le Conseil municipal,
dans ses séances des 19 octobre et 11
novembre 1900 et approuvées par ar
rêté du 30 décembre 1900, sont no
toirement valables pour tout le monde.
FÉMINISME SELECT
On ne se douterait pas de ce que le
féminisme fait de progrès chez les gens
chics. La femme y porte-t-elle culotte
dans le « home », nous n’en savons
rien et notre respect du mur Guillou-
tet nous interdit d’y aller voir. Dans
tous les cas, quand il s’agit de politi
que, au sexe faible la puissance.
Exemple, la réunion de dames
royalistes, convoquée mercredi soir
sur l’initiative de M. Paul Bézine,
chef du bureau politique du duc Phi
lippe, alias Gamelle.
Le compte rendu de cette assemblée
extra-select noup apporte le résumé-
des ce allocutions vibrantes de pa
triotisme » et des « chaleureuses im
provisations » des orateurs. On a sol
licité les dames présentes « d’apporter
dans les luttes prochaines leur puis
sant concours » et de « rester fidèles
à leurs plus glorieuses traditions ».
Ce que sont ces traditions et ce que
doit être ce précieux concours, on le
devine aisément quand on lit que
toutes ces belles paroles ont été dites
au nom de la commission « chargée de
recueillir les fonds ».
O Jeanne d’Arc! O Jeanne Ha
chette ! O toutes celles qui avez laissé
dans l’histoire la marque fameuse de
votre passage, vous voilà mises au
rancart. Finies, usées, vieilles défro
ques. Place à la femme nouvelle, à
celle qui quête pour la caisse électo-
torale, pour les affiches, la colle et le
papier, pour les petits verres à l’élec
teur !
Ce qu’ils doivent rigoler là-haut,
les aïeux des croisades ! M. Y.
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