Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-11-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 novembre 1901 23 novembre 1901
Description : 1901/11/23 (N291). 1901/11/23 (N291).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263490f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6” Année — f 291
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 29 Novembre 1991.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÈRXER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’Imprimeur-Gérant ï. LE ROY
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
LE
Scrutin de Liste
La Commission parlementaire,
chargée d’examiner la proposition
de loi substituant le scrutin de liste
au scrutin d’arrondissement, vient
de déposer son rapport qui conclut
à l’adoption. Bientôt, donc, la ques
tion sera soumise à la Chambre,
Si nos renseignements sont exacts,
la proposition sera adoptée. On af
firme, en effet, dans les milieux
parlementaires qu’un certain nom
bre de députés sont las de la politi
que de coterie et de clocher qu’on
leur impose actuellement. D’autre
part, les radicaux et les socialistes
ont toujours réclamé le rétablisse
ment du scrutin de liste. Enfin, on
prétend que le Gouvernement ne se
rait pas hostile à la modification.
Nous verrons bien !
En tout cas, je crois qu’une telle
réforme qui donne, ailleurs, d’ex
cellents résultats et fut si énergique
ment préconisée par Gambetta, se
rait désirable, surtout si on a soin
d’admettre, en même temps, le
principe de la représentation des
minorités proposé par M. Dausette.
Ce serait de la véritable logique en
même temps que de la bonne justice.
Le procès du scrutin uninominal a
été fait tant de fois, qu’il est presque
superflu de rééditer tous les repro
ches justifiés qu’on lui adresse. Il
suffit de rappeler les deux princi
paux.
On a dit, qu’il rend la corruption
plus facile ; il serait téméraire dé ne
pas le reconnaître. On a vu des
candidats acheter , positivement,
certaines circonscriptions et il ne
faudrait pas chercher bien long
temps, pour se souvenir d’élections
qui furent de véritables scandales.
Mais, le principal grief n’est pas
celui-là. Le vice fondamental de ce
mode de scrutin est d’assurer, trop
souvent, le succès de petits politi
ciens sans envergure et sans talent :
médecins de campagne, dont tout
le programme consiste à serrer les
mains et à soigner gratis, ou pro
priétaires terriens ignorants et
bornés.
Au Parlement, tout ce monde-là
flâne, baille et sommeille, ne pou
vant mieux, et, autant ils jouent les
grands hommes dans leur départe
ment, autant ces messieurs sont
petits garçons dans les commissions,
devant la tribune ou devant l’urne.
Ce sont ces étonnants législateurs,
éternels moutons de Panurge qui,
n’ayant point d’idées personnelles,
cherchent sans cesse à reconnaître
d’où le vent souffle, quêtent l’opinion
du voisin, et émettent, d’une heure
à l’autre, ces votes coutradictoires
qui jettent l’ahurissement dans le
public et donnent un si brillant
aperçu de la neutralité*, de la
Chambre.
Ce n’est pas pour cela du reste,
que les électeurs les abandonneront.
Car, grâce au scrutin d’arrondisse
ment, nous sommes arrivés à avoir
la plus étrange conception de ce que
doit la représentation nationale.
Demandez à cent citoyens com
ment ils comprennent le rôle d’un
député. S’ils sont sincères, quatre-
vingt vous répondront que des af
faires du pays, ils n’ont cure, pourvu
que les leurs prospèrent et que leur
député sera l’idéal du genre s’il reste
à leur disposition pour les servir
dans leur chasse aux places, aux fa
veurs, aux passe-droits et au be
soin,.. pour faire leurs courses.
On a ri et douté un peu de l’his
toire de cet honorable qu’un brave
homme avait chargé de lui trouver
une nourrice. Elle est cependant au
thentique et pas si drôle qu’elle le
paraît.
Par ce temps de scrutin d’arron
dissement, une alternative est of
ferte aux députés : jouer ce rôle de
valet, courir les antichambres mi
nistérielles, mendier des nomina
tions, des avancements, des gratifi
cations ou des croix, apostiller des
requêtes — ou n’être pas réélu.
J’en connais qui eurent le haut-
de-cœur devant une telle corvée,
qui se jugèrent les représentants
civiques des électeurs et non leurs
domestiques, les pourvoyeurs de
leurs ambitions, de leurs appétits
ou de leurs rancunes et qui se bor
nèrent.... à faire à la Chambre, de
la belle et grande besogne, utile au
pays et profitable à tous.
Ceux-là furent battus honteuse
ment par quelque sous-vétérinaire
qui changea la formule et travailla
pour quelques-uns contre les intérêts
de tous.
Le scrutin de liste n’a pas d’in
convénients de ce genre. Il fait les
députés tout aussi responsables de
vant la collectivité, mais plus indé
pendants vis-à-vis des individus.
Et, surtout, c’est le mode d’élec
tion capable de donner autre chose
que’ des résultats de sympathie, —
de véritables votes politiques. Il faut
être demeuré étranger aux consul
tations populaires pour ne point
s’être aperçu du peu de place que
la question politique tient chez un
grand nombre de votants. On juge
moins les programmes ou les actes
publics d’un candidat qu’on ne con
sulte ses sympathies. On vote pour
celui qu’on connaît sans se préoccu
per assez du parti qu’il représente,,
et, c’est ainsi que des circonscrip
tions élisent et réélisent des députés
d’une nuance, alors que tous les
autres élus de l’arrondissement sont
de la nuance contraire. : . .
Avec le scrutin de liste, il en sera
autrement. Alors nous saurons clai
rement ce que pense le pays, quelles
réformes il désire, et nous verrons
sans doute, des législatures moins
stériles que celles qui se sont suc
cédé depuis quelques années.
% * Marcel France.
L'OBJECTIF POLITIQUE
Ainsi que le constatait, dernière
ment, dans une feuille réservée à un
noyau de correspondants privilégiés,
l’un de nos honorables concitoyens,
voué aux études philosophiques et
sociales, et dont je respecte profondé
ment les sincères convictions humani
taires, il se trame, dans l'ombre, une
coalition contre le peuple ouvrier.
Cet homme n’est pas un bateleur qui
spécule sur la situation politique,
s’étant toujours écarté avec coquette
rie de l’agitation inutile. Son opinion
vaut qu’ou la médite.
A lire les journaux financiers, à
examiner les organes réactionnaires,
l’on se convainct vite de l’existence
de cette croisade. En effet, du Figaro
au Gaulois , de Y Autorité à La Libre
Parole, qui représentent des intérêts
politico-financiers, j usqu’aux j ournaux
spéciaux qui s’occupent directement
des affaires de bourse, tous, sans ex
ception, s’attaquent aux prétendues
concessions accordées par un minis
tère pusillanime au parti de la révo
lution. Ils dénoncent, en chœur, le
péril d’une guerre civile, contre la
quelle, les premiers, nous nous élève
rions. Bref, tous les moyens leur sont
bons pour inquiéter l’opinion publi
que. C’est aux petits rentiers, aux
petits propriétaires qu’ils s’adressent
même pensant, en leur signalant les
dangers que courent leurs écus, rallier
en eux les soldats d’une armée de
combat contre les institutions répu
blicaines.
La République, — grand mot,
grande chose, — la République que
nous vénérons comme la clef des amé
liorations obtenues et le gage des pro
messes de l’avenir, la République,
condition nécessaire du progrès social,
est-elle bien comprise par tous dans
son essence et ses principes ? Est-elle
réellement incarnée dans les âmes ?
Nous en doutons.
Beaucoup de gens sont venus à
elle, après les désastres de 1870-71,
sans trop savoir pourquoi. Ou plutôt,
à ce moment, ils ont vu que pour
laver la Patrie de la souillure de l’é
tranger, elle se présentait à eux com
me la sauvegarde de l’honneur natio
nal.
Avec Gambetta, et l’ardente géné
ration qu’il traînait à sa suite, l’en
thousiasme s’est levé en faveur de la
jeune déesse. Mais chacun la défen
drait-il avec un égal amour pour ses
vertus et ses bienfaits ? La question
vaut qu’on s’y arrête.
Nous savons, par expérience, que
lorsqu’on touche du côté du porte-
monnaie des gens, l’on frappe généra
lement une corde sensible.
En alarmant, ainsi qu’elle le fait,
les consciences intéressées, la réaction
connaît son but. Elle clame la haine
du parti révolutionnaire, les dangers
du collectivisme, les méfaits du socia
lisme, et c’est, au fond, la Républi
que qu’elle rêve d’étrangler, parce
que la République, vraiment entendue,
c’est l’émancipation des travailleurs.
Parbleu, une République débonnaire,
si je puis parler ainsi, tendre aux
puissants, mais dure aux petits; aux
faibles, aux déshérités, quelque chose
d’informe au point de vue de la consti
tution, pourvu que ce soit une vache
à lait bien grasse, aux mamelles re
bondies, réservant ses faveurs à quel
ques nourrissons seulement, leur con
viendrait assez. Or, c’est le monde du
travail s’organisant pacifiquement,
sagement, méthodiquement qui est
leur bête noire ; c’est cette poussée
lente du prolétariat qui demande sa
place au soleil de l’humanité que l’on
veut entraver ; c’est le résultat acquis
que l’on veut refréner.
• -
• •
La situation présente commande le
calme et le sang-froid. Gardons-nous
des emballements irréfléchis que l’on
exploite contre les travailleurs op
primés. Gardons-nous des chimères,
des rêves irréalisables. Avec soin, son
dons les ténèbres. Voyons le but clair
et précis que l’on doit atteindre. En
d’autres termes, au dieu de se lancer
au hasard de l’imagination dans des
formules vagues, vers des mots sono
res et des aventures scabreuses, sou
vent inutiles, attachons-nous aux
réalités tangibles, faisons, tout à la
fois, une politique de défense et de
résultats.
J’en appelle à tous les républicains
de bonne foi, j’en appelle aux collec
tivistes dont les conceptions sont d’une
application si lointaine, en admettant
que leur système absolu puisse un
jour être établi. Que l’ouvrier épar
gne ses forces et qu’il ne se jette pas
inconsidérément dans des grèves im
productives. La grève est une arme à
deux tranchants qui blesse également
celui qui l'emploie et le décourage
pour longtemps de tout effort. On ne
doit y recourir qu’en dernier ressort
et lorsqu’elle est légitime.
C’est aux solutions générales qu’il
faut s’adresser en serrant de près les
grands principes de politique écono
mique et sociale, mais en ayant assez
de sagesse pour se contenter, quand
l’absolu n’est point accessible? du ré
sultat relatif.
(A suivre ) Alfred Henri.
VERS LES RÉFORMES
La circulaire du ministre de l’ins
truction publique sur l’enseignement
des langues vivantes qui ne serait
plus désormais professés comme des
langues mortes est comme la préface
des réformes prochaines. Car il faut
s’attendre à ce que des innovations
sortent du grand débat parlementaire
qui est à la veille de s’ouvrir et où
vont intervenir MM. Léon Bourgeois,
Poincaré, Ribot, Lockroy.
Il y a lieu d’espérer que l’enseigne
ment donné dans les lycées et les col
lèges en sortira transformé et rajeuni,
approprié au milieu économique et
social où évoluent les générations
nouvelles.
Le pays attend, comme conclusion
à la grande enquête ouverte par la
Chambre des députés, qu’on donne
aux études secondaires une orienta
tion dans le sens des idées pratiques.
Non qu’il faille sacrifier la culture
générale à l’utilitarisme, mais il y a
urgence à ce que la majorité des collé
giens soit apprise à des connaissances
développant en elle l’esprit d’initia
tive, l’énergie, le goût de l’action. '
Sans doute il conviendra, pour le
maintien de notre renom littéraire,
qu’une élite reçoive l'empreinte gréco-
latine, mais les études modernes, avec
applications commerciales, industriel
les, coloniales, selon les vocations et
les aptitudes, doivent être recherchées,
et dans leur intérêt, par la plus grande
partie des jeunes gens.
Je suis convaincu que programmes,
méthodes répondront aux aspirations,
aux besoins de notre temps. Je suis
convaincu que de sérieuses réformes
seront votées.
Mais ce ne sera pas tout que d’avoir
mis à la disposition des familles et des
lycéens de nouveaux mode de travail
utile, profitable au pays et à eux-
mêmes.
L’opinion publique est à former.
C’est elle dont il faut faire l’éducation
pour que l’éducation de la jeunesse
soit modifiée. Des préjugés sont à com
battre, des idées erronées à redresser
avant que les pères et mères renon
cent à une routine pédagogique dont
ils souffrent, eux et leurs enfants, par
imitation, par snobisme, mais à quoi
ils se tiennent obstinément.
Francis Framée.
U SABINE MARCHANDE
« La joie sera grande ce soir dans
« les chantiers anglais » s’est écrié
M. du Férier de Larsan lors du vote
de l’amendement Castelin rétablissant
la compensation d’armement, sup
primée la veille par l’amendement de
M. de Maby.
Cette joie est grande maintenant
que cette compensation d’armement
est définitivement votée par la Cham
bre.
Sans vouloir répéter ici les argu
ments pour et contre cette demi-
prime déguisée, il n’est pas défendu,
chiffres à l’appui, d’examiner les con
séquences du nouvel état de choses,
et tant que le Sénat n’aura pas, à son
tour, adopté l’aumône faite aux na
vires étrangers, il est permis d'espé
rer qu’elle ne sera jamais distribuée.
Le tableau suivant, établi avec des
données puisées dans le rapport même
de M. Thierry, permettra de tirer
quelques conclusions, sinon impré
vues, du moins laissées dans l’ombre :
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 29 Novembre 1991.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÈRXER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred Henri
L’Imprimeur-Gérant ï. LE ROY
Annonces
Réclames.
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
LE
Scrutin de Liste
La Commission parlementaire,
chargée d’examiner la proposition
de loi substituant le scrutin de liste
au scrutin d’arrondissement, vient
de déposer son rapport qui conclut
à l’adoption. Bientôt, donc, la ques
tion sera soumise à la Chambre,
Si nos renseignements sont exacts,
la proposition sera adoptée. On af
firme, en effet, dans les milieux
parlementaires qu’un certain nom
bre de députés sont las de la politi
que de coterie et de clocher qu’on
leur impose actuellement. D’autre
part, les radicaux et les socialistes
ont toujours réclamé le rétablisse
ment du scrutin de liste. Enfin, on
prétend que le Gouvernement ne se
rait pas hostile à la modification.
Nous verrons bien !
En tout cas, je crois qu’une telle
réforme qui donne, ailleurs, d’ex
cellents résultats et fut si énergique
ment préconisée par Gambetta, se
rait désirable, surtout si on a soin
d’admettre, en même temps, le
principe de la représentation des
minorités proposé par M. Dausette.
Ce serait de la véritable logique en
même temps que de la bonne justice.
Le procès du scrutin uninominal a
été fait tant de fois, qu’il est presque
superflu de rééditer tous les repro
ches justifiés qu’on lui adresse. Il
suffit de rappeler les deux princi
paux.
On a dit, qu’il rend la corruption
plus facile ; il serait téméraire dé ne
pas le reconnaître. On a vu des
candidats acheter , positivement,
certaines circonscriptions et il ne
faudrait pas chercher bien long
temps, pour se souvenir d’élections
qui furent de véritables scandales.
Mais, le principal grief n’est pas
celui-là. Le vice fondamental de ce
mode de scrutin est d’assurer, trop
souvent, le succès de petits politi
ciens sans envergure et sans talent :
médecins de campagne, dont tout
le programme consiste à serrer les
mains et à soigner gratis, ou pro
priétaires terriens ignorants et
bornés.
Au Parlement, tout ce monde-là
flâne, baille et sommeille, ne pou
vant mieux, et, autant ils jouent les
grands hommes dans leur départe
ment, autant ces messieurs sont
petits garçons dans les commissions,
devant la tribune ou devant l’urne.
Ce sont ces étonnants législateurs,
éternels moutons de Panurge qui,
n’ayant point d’idées personnelles,
cherchent sans cesse à reconnaître
d’où le vent souffle, quêtent l’opinion
du voisin, et émettent, d’une heure
à l’autre, ces votes coutradictoires
qui jettent l’ahurissement dans le
public et donnent un si brillant
aperçu de la neutralité*, de la
Chambre.
Ce n’est pas pour cela du reste,
que les électeurs les abandonneront.
Car, grâce au scrutin d’arrondisse
ment, nous sommes arrivés à avoir
la plus étrange conception de ce que
doit la représentation nationale.
Demandez à cent citoyens com
ment ils comprennent le rôle d’un
député. S’ils sont sincères, quatre-
vingt vous répondront que des af
faires du pays, ils n’ont cure, pourvu
que les leurs prospèrent et que leur
député sera l’idéal du genre s’il reste
à leur disposition pour les servir
dans leur chasse aux places, aux fa
veurs, aux passe-droits et au be
soin,.. pour faire leurs courses.
On a ri et douté un peu de l’his
toire de cet honorable qu’un brave
homme avait chargé de lui trouver
une nourrice. Elle est cependant au
thentique et pas si drôle qu’elle le
paraît.
Par ce temps de scrutin d’arron
dissement, une alternative est of
ferte aux députés : jouer ce rôle de
valet, courir les antichambres mi
nistérielles, mendier des nomina
tions, des avancements, des gratifi
cations ou des croix, apostiller des
requêtes — ou n’être pas réélu.
J’en connais qui eurent le haut-
de-cœur devant une telle corvée,
qui se jugèrent les représentants
civiques des électeurs et non leurs
domestiques, les pourvoyeurs de
leurs ambitions, de leurs appétits
ou de leurs rancunes et qui se bor
nèrent.... à faire à la Chambre, de
la belle et grande besogne, utile au
pays et profitable à tous.
Ceux-là furent battus honteuse
ment par quelque sous-vétérinaire
qui changea la formule et travailla
pour quelques-uns contre les intérêts
de tous.
Le scrutin de liste n’a pas d’in
convénients de ce genre. Il fait les
députés tout aussi responsables de
vant la collectivité, mais plus indé
pendants vis-à-vis des individus.
Et, surtout, c’est le mode d’élec
tion capable de donner autre chose
que’ des résultats de sympathie, —
de véritables votes politiques. Il faut
être demeuré étranger aux consul
tations populaires pour ne point
s’être aperçu du peu de place que
la question politique tient chez un
grand nombre de votants. On juge
moins les programmes ou les actes
publics d’un candidat qu’on ne con
sulte ses sympathies. On vote pour
celui qu’on connaît sans se préoccu
per assez du parti qu’il représente,,
et, c’est ainsi que des circonscrip
tions élisent et réélisent des députés
d’une nuance, alors que tous les
autres élus de l’arrondissement sont
de la nuance contraire. : . .
Avec le scrutin de liste, il en sera
autrement. Alors nous saurons clai
rement ce que pense le pays, quelles
réformes il désire, et nous verrons
sans doute, des législatures moins
stériles que celles qui se sont suc
cédé depuis quelques années.
% * Marcel France.
L'OBJECTIF POLITIQUE
Ainsi que le constatait, dernière
ment, dans une feuille réservée à un
noyau de correspondants privilégiés,
l’un de nos honorables concitoyens,
voué aux études philosophiques et
sociales, et dont je respecte profondé
ment les sincères convictions humani
taires, il se trame, dans l'ombre, une
coalition contre le peuple ouvrier.
Cet homme n’est pas un bateleur qui
spécule sur la situation politique,
s’étant toujours écarté avec coquette
rie de l’agitation inutile. Son opinion
vaut qu’ou la médite.
A lire les journaux financiers, à
examiner les organes réactionnaires,
l’on se convainct vite de l’existence
de cette croisade. En effet, du Figaro
au Gaulois , de Y Autorité à La Libre
Parole, qui représentent des intérêts
politico-financiers, j usqu’aux j ournaux
spéciaux qui s’occupent directement
des affaires de bourse, tous, sans ex
ception, s’attaquent aux prétendues
concessions accordées par un minis
tère pusillanime au parti de la révo
lution. Ils dénoncent, en chœur, le
péril d’une guerre civile, contre la
quelle, les premiers, nous nous élève
rions. Bref, tous les moyens leur sont
bons pour inquiéter l’opinion publi
que. C’est aux petits rentiers, aux
petits propriétaires qu’ils s’adressent
même pensant, en leur signalant les
dangers que courent leurs écus, rallier
en eux les soldats d’une armée de
combat contre les institutions répu
blicaines.
La République, — grand mot,
grande chose, — la République que
nous vénérons comme la clef des amé
liorations obtenues et le gage des pro
messes de l’avenir, la République,
condition nécessaire du progrès social,
est-elle bien comprise par tous dans
son essence et ses principes ? Est-elle
réellement incarnée dans les âmes ?
Nous en doutons.
Beaucoup de gens sont venus à
elle, après les désastres de 1870-71,
sans trop savoir pourquoi. Ou plutôt,
à ce moment, ils ont vu que pour
laver la Patrie de la souillure de l’é
tranger, elle se présentait à eux com
me la sauvegarde de l’honneur natio
nal.
Avec Gambetta, et l’ardente géné
ration qu’il traînait à sa suite, l’en
thousiasme s’est levé en faveur de la
jeune déesse. Mais chacun la défen
drait-il avec un égal amour pour ses
vertus et ses bienfaits ? La question
vaut qu’on s’y arrête.
Nous savons, par expérience, que
lorsqu’on touche du côté du porte-
monnaie des gens, l’on frappe généra
lement une corde sensible.
En alarmant, ainsi qu’elle le fait,
les consciences intéressées, la réaction
connaît son but. Elle clame la haine
du parti révolutionnaire, les dangers
du collectivisme, les méfaits du socia
lisme, et c’est, au fond, la Républi
que qu’elle rêve d’étrangler, parce
que la République, vraiment entendue,
c’est l’émancipation des travailleurs.
Parbleu, une République débonnaire,
si je puis parler ainsi, tendre aux
puissants, mais dure aux petits; aux
faibles, aux déshérités, quelque chose
d’informe au point de vue de la consti
tution, pourvu que ce soit une vache
à lait bien grasse, aux mamelles re
bondies, réservant ses faveurs à quel
ques nourrissons seulement, leur con
viendrait assez. Or, c’est le monde du
travail s’organisant pacifiquement,
sagement, méthodiquement qui est
leur bête noire ; c’est cette poussée
lente du prolétariat qui demande sa
place au soleil de l’humanité que l’on
veut entraver ; c’est le résultat acquis
que l’on veut refréner.
• -
• •
La situation présente commande le
calme et le sang-froid. Gardons-nous
des emballements irréfléchis que l’on
exploite contre les travailleurs op
primés. Gardons-nous des chimères,
des rêves irréalisables. Avec soin, son
dons les ténèbres. Voyons le but clair
et précis que l’on doit atteindre. En
d’autres termes, au dieu de se lancer
au hasard de l’imagination dans des
formules vagues, vers des mots sono
res et des aventures scabreuses, sou
vent inutiles, attachons-nous aux
réalités tangibles, faisons, tout à la
fois, une politique de défense et de
résultats.
J’en appelle à tous les républicains
de bonne foi, j’en appelle aux collec
tivistes dont les conceptions sont d’une
application si lointaine, en admettant
que leur système absolu puisse un
jour être établi. Que l’ouvrier épar
gne ses forces et qu’il ne se jette pas
inconsidérément dans des grèves im
productives. La grève est une arme à
deux tranchants qui blesse également
celui qui l'emploie et le décourage
pour longtemps de tout effort. On ne
doit y recourir qu’en dernier ressort
et lorsqu’elle est légitime.
C’est aux solutions générales qu’il
faut s’adresser en serrant de près les
grands principes de politique écono
mique et sociale, mais en ayant assez
de sagesse pour se contenter, quand
l’absolu n’est point accessible? du ré
sultat relatif.
(A suivre ) Alfred Henri.
VERS LES RÉFORMES
La circulaire du ministre de l’ins
truction publique sur l’enseignement
des langues vivantes qui ne serait
plus désormais professés comme des
langues mortes est comme la préface
des réformes prochaines. Car il faut
s’attendre à ce que des innovations
sortent du grand débat parlementaire
qui est à la veille de s’ouvrir et où
vont intervenir MM. Léon Bourgeois,
Poincaré, Ribot, Lockroy.
Il y a lieu d’espérer que l’enseigne
ment donné dans les lycées et les col
lèges en sortira transformé et rajeuni,
approprié au milieu économique et
social où évoluent les générations
nouvelles.
Le pays attend, comme conclusion
à la grande enquête ouverte par la
Chambre des députés, qu’on donne
aux études secondaires une orienta
tion dans le sens des idées pratiques.
Non qu’il faille sacrifier la culture
générale à l’utilitarisme, mais il y a
urgence à ce que la majorité des collé
giens soit apprise à des connaissances
développant en elle l’esprit d’initia
tive, l’énergie, le goût de l’action. '
Sans doute il conviendra, pour le
maintien de notre renom littéraire,
qu’une élite reçoive l'empreinte gréco-
latine, mais les études modernes, avec
applications commerciales, industriel
les, coloniales, selon les vocations et
les aptitudes, doivent être recherchées,
et dans leur intérêt, par la plus grande
partie des jeunes gens.
Je suis convaincu que programmes,
méthodes répondront aux aspirations,
aux besoins de notre temps. Je suis
convaincu que de sérieuses réformes
seront votées.
Mais ce ne sera pas tout que d’avoir
mis à la disposition des familles et des
lycéens de nouveaux mode de travail
utile, profitable au pays et à eux-
mêmes.
L’opinion publique est à former.
C’est elle dont il faut faire l’éducation
pour que l’éducation de la jeunesse
soit modifiée. Des préjugés sont à com
battre, des idées erronées à redresser
avant que les pères et mères renon
cent à une routine pédagogique dont
ils souffrent, eux et leurs enfants, par
imitation, par snobisme, mais à quoi
ils se tiennent obstinément.
Francis Framée.
U SABINE MARCHANDE
« La joie sera grande ce soir dans
« les chantiers anglais » s’est écrié
M. du Férier de Larsan lors du vote
de l’amendement Castelin rétablissant
la compensation d’armement, sup
primée la veille par l’amendement de
M. de Maby.
Cette joie est grande maintenant
que cette compensation d’armement
est définitivement votée par la Cham
bre.
Sans vouloir répéter ici les argu
ments pour et contre cette demi-
prime déguisée, il n’est pas défendu,
chiffres à l’appui, d’examiner les con
séquences du nouvel état de choses,
et tant que le Sénat n’aura pas, à son
tour, adopté l’aumône faite aux na
vires étrangers, il est permis d'espé
rer qu’elle ne sera jamais distribuée.
Le tableau suivant, établi avec des
données puisées dans le rapport même
de M. Thierry, permettra de tirer
quelques conclusions, sinon impré
vues, du moins laissées dans l’ombre :
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