Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-09-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 septembre 1901 14 septembre 1901
Description : 1901/09/14 (N281). 1901/09/14 (N281).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634802
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
8 e Anüée — 5* 281.
Dt., .1' UGU 1
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 14 Septembre 1901.
■U.M1.I il Ji»S83gg i nsaW1imB3aB8HB5BaeaH^^
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction .... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant, . F. LE ROY
15
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LA CHASSE
Septembre ! La moisson est depuis
longtemps faite dans la campagne
nue. Seules les vendanges retien
nent encore aux champs les travail
leurs. Pommes et raisins vont au
pressoir ou couleront le cidre doré
et les vins généreux. Il semble
qu’après avoir produit, la nature
lasse aspire au repos et que le devoir
de l’homme soit de respecter ce
recueillement, sinon de s’y associer
comme tout l’y invite. Ce n’est plus
la joie triomphante de l’été succé
dant à l’ardente poussée de sève du
printemps ; c’est la préparation ré
signée au long sommeil hivernal.
Peu à peu la vie se retire des
plantes ; les arbres se dépouillent et
couvrent le sol du tapis somptueux
de leurs feuilles perdues.
...Pour tous, c’est la chasse.
Nous sommes au moment où tout
homme se révèle guerrier et éprouve
le besoin de s’équiper en conquérant.
Chacun, dans la mesure de ses
moyens, tient à s’exhiber ainsi à
l’admiration de ses concitoyens.
Qu’il n’ait à sa suite qu’un vulgaire
câbot ou qu’il tienne en laisse un
chien de race, qu’il soit armé d’un
fusil à piston préhistorique ou d’un
hammerless dernier modèle, qu’il
porte la blouse ou le veston du bon
faiseur, le chasseur a un air belli
queux qui contraste singulièrement
avec la besogne à accomplir.
En effet, le plaisir auquel il se
livre, pour être bruyant, n’a rien
de périlleux. Il ne court d’autre
danger que celui de se faire une
entorse ou de recevoir le plomb d’un
compagnon maladroit. Quant aux
pauvres animaux qu’il poursuit avec
des allures farouches, ce sont les
plus inoffensifs qui soient au monde.
Lièvres, lapins, cailles, perdrix, ils
fuient avec terreur, ils se cachent,
ils ne songent éperdus qu’à éviter
le coup du chasseur, souvent plus
excité et plus ému que s’il combat
tait le lion ou la panthère. Il n’y a
cependant pas, en dernière analyse,
plus d’héroïsme pour lui qu’à exter
miner n’importe quel animal de
basse-cour.
Mais l’imagination joue un grand
rôle. Il y a la poursuite, il y a les
ruses de 1’ « ennemi » qu’il faut
déjouer, il y a certaines difficultés
matérielles à vaincre, il y a l’i
vresse que donnent le bruit des dé
tonations et la passion de la recher
che, la rivalité entre compagnons
de chasse, l’ambition de rentrer le
soir chargé de cadavres, dans la
carnassière dont le réseau gonflé
laisse voir le poil et la plume des
victimes. Il y a enfin l’instinct san
guinaire que l’atavisme laisse en
chacun de nous. C’est en somme un
bas appétit qui se réveille, celui de
détruire et celui de tuer. Réfléchis
sez : est-il bien beau et bien humain
d’arrêter en plein vol, en pleine joie,
le bel oiseau qui passe, de sacrifier
sans pitié la biche douce et gracieuse
qui se cache clans le bois et qui est
l’un des plus aimables animaux de
la création ? Quel agrément peut-on
ressentir d’avoir causé la mort de
ces bêtes inofifensives, d’assister à
leur agonie douloureuse, de con
templer leurs cadavres ? De quelque
nom que l’on pare ces hécatombes,
c’est toujours tuer et tuer pour la
distraction.
Parbleu, c’est un concours comme
un autre, un match où l’on prouve
son adresse ; c’est même, dira-t-on,
un plaisir aristocratique. Je le sais
bien. N’empêche qu’il y a comme
conclusion la souffrance et la mort
d’êtres sensibles. Si l’on se condui
sait de la même façon à l’égard
d’animaux domestiques, on serait
traité de barbares ; en quoi les ani
maux libres de notre joug peu en
viable ont-ils droit à moins de pitié ?
Cependant on voit des dames, qui
tomberaient en pâmoison de voir
saigner un poulet, prendre la cara
bine et faire le coup de feu contre
faisans et perdreaux. L’acte est le
même : il n’est que l’instrument du
meurtre qui diffère. A la curée, à la
chasse au sanglier où les chiens
gisent, tripes à l’air, ces dames tien
nent à honneur de vaincre des répu
gnances qu’elles poussent aux déli
catesses les plus extrêmes dans la
vie ordinaire. Contradictions cho
quantes et qui se retrouvent dans le
goût dépravé de la foule se ruant
aux courses de taureaux.
S’il est permis de demander la
suppression du spectacle barbare
des courses de taureaux, il serait
paradoxal de solliciter de nos bons
chasseurs, excellentes gens en gé
néral, de remettre leurs fusils au
râtelier. Ils seraient fondés, au sur
plus, à nous répondre : Est-ce que
vous ne mangez pas avec gourman
dise l’excellent gibier que vous devez
à notre adresse? Vous n’avez donc
rien à dire.
Et l’argument est sans réplique^
L’homme carnassier, qui se nourrit
d’être vivants, doit tuer pour vivre.
Lorsqu’il veut atteindre les animaux
sauvages, il chasse. Comme elle de
mande de l’adresse, de la résistance
et une science réelle des mœurs du
gibier que l’on poursuit, comme elle
est en outre un exercice très salu
taire, la chasse est l’un des sports
les plus anciens et les plus recher
chés. Elle a donc quelques titres à la
consécration. Toutefois, ne faudrait-
il pas — et ici tout le monde applau
dira à cette réserve — que certains
s’y appliquassent avec une fièvre de
destruction n’ayant d’égale que celle
de certains pêcheurs qui semblent
avoir juré de dépeupler les étangs et
les cours d’eaux.
Je parle de ceux qui tuent pour
tuer, qui extermineraient volontiers
jusqu’au dernier volatile par rage
de détruire. Ils finiraient par sup
primer la chasse en supprimant le
gibier. A d’autres, tout est bon. Les
oiseaux les moins comestibles suc
combent au fracas de leurs détona
tions. Plutôt que de rentrer bre
douilles, ils tuent n’importe quoi.
Les dispositions légales prises à
cet effet, les arrêtés préfectoraux
sont, on le sait, d’application très
difficile. Ils resteront à peu près
inefficaces, si la raison et l’intelli
gence des chasseurs n’y aident.
Qu’ils réservent leur plomb pour les
espèces comestibles, qu’ils épar
gnent les petits oiseaux auxilliaires
du cultivateur, destructeurs des pa
rasites qui sont la plaie de l’huma
nité; qu’ils ménagent l’avenir en
évitant la destruction abusive de
leur gibier préféré, Alors il leur sera
beaucoup pardonné et ils mériteront
de s’asseoir, à côté de saint Hubert,
leur patron, au divin séjour des fé
licités éternelles.
Ainsi soit-il !
François Dépassé.
A propos d’un canard lancé par
le Gaulois , et annonçant la consti
tution d’une Alliance Démocratique
nuance ministérielle, en dehors du
Congrès Républicain-Radical-Socia
liste, le Petit Havre a publié, hier,
un article de fonds que M. Fénoux
n’a pas osé signer, et qui dépasse les
limites de la plaisanterie permise en
bonne société.
Quoi ! ce journal qui, au jour du
danger, était en coquetterie réglée
avec le nationalisme et dénonçait
comme insulteurs de l’armée les
Républicains qui fustigeaient les in
cartades de généraux factieux, cette
feuille qui excusait le zèle impétueux
des Guérin et des Déroulède en rai
son du manque de patriotisme du
ministère actuel, a le cynisme
d’écrire aujourd’hui qu’elle a con
tribué à défendre le régime Répu
blicain aux heures de péril, et ré
clame impudemment sa part dans
le triomphe prochain de la Répu
blique.
Nous estimons, certes, que la Ré
publique n’est monopolisée par per
sonne ; qu’elle doit être ouverte à
toutes les bonnes volontés, à tous
les concours, pourvu qu’ils soient
loyaux. Mais nous nous refuserons
toujours à laisser bafouer notre
parti dans des compromissions qui
l’annihileraient, et à faire le jeu des
mélinistes, traîtres à la République
qui, se sentant irrémédiablement
perdus, cherchent à se cramponner
avec l’énergie du désespoir à un
ministère qu’ils ont bafoué jusqu’à
ce jour, et à capter sa confiance
pour le mieux trahir.
Pour confondre d’ailleurs le Petit
Havre , nous lui adressons finale
ment ce défi :
S’il a défendu la République, il a
nécessairement attaqué ceux qui
l’ont mise au bord de l’abîme. Qu'il
cite donc un seul article paru
dans ses colonnes depuis les élec
tions de 1898 jusqu'à ce jour in
clusivement et contenant un blâme,
un reproche à l'adresse des deux
députés nationalistes du Havre.
C’est toujours au pied du mur
qu’on juge le maçon.
Ch. J.
AUX POLÉMISTES
Le Réveil du havre a trop le souci
de la considération de ses collabora
teurs, amis et correspondants pour
livrer leurs noms au bon plaisir de
polémistes en quête de critiques et
d’attaques perfides et injustifiées,
susceptibles de leur causer préju
dice.
Toutefois, qu’ils sachent bien que
tous ses rédacteurs assument la res
ponsabilité absolue de leurs articles,
mais n’autorisent le Gérant à ne révé
ler leurs noms qu’avec la certitude
d’une demande de réparation d’hon
neur qui devra lui être donnée par
écrit.
C’est pourquoi les deux envoyés du
Comité radical-socialiste n’out pu
trouver satisfaction près de lui, ces
Messieurs ayant refusé de signer la
déclaration suivante :
« Je déclare m’être rendu près du
Gérant du Réveil du Havre, pour lui
demander le nom de l’auteur de l’ar
ticle «Mécontents», afin d’obtenir
de lui réparation par les armes.
« Havre, le 19 . »
Le refus de signer cette pièce
prouve surabondamment que ces Mes
sieurs ne cherchaient qu’à connaître
un nom pour ouvrir contre lui une
nouvelle polémique.
Nous avons des choses plus sérieu
ses à nous occuper, dans l’intérêt gé
néral.
L. R.
LE TSAR A PARIS
L’ Eclair , Y Echo de Paris et le Figaro
maintiennent que les souverains
russes viendront à Paris où ils reste
ront seulement quatre heures.
L’Echo de Paris croit pouvoir dire
que MM. Loubet et Delcafesé sont fixés
depuis plus de quarante-huit heures
sur cette visite.
Le président du Conseil municipal
n’a encore reçu aucune espèce de com
munication au sujet de la visite du
Tsar.
Le syndic, M. Gay, se rend à
l’Elysée, mais ou ne pense pas — à
supposer même que par voie diploma
tique la nouvelle de la visite du Tsar
soit portée à la connaissance de M.
Dausset — que cela ait lieu avant
demain, parce que demain il y aura
réunion de bureau.
NOS VINS EN RUSSIE
MM. H. Ricard, député de Beaune
et G. Esclavy, président de la Ligue
viuicole de France, ont été reçus, en
l’absence du ministre des affaires étran
gères que retenaient les réceptions
diplomatiques, par son chef de cabi
net. Ils lui ont transmis le vœu que
le gouvernement essaie d’obtenir de
l’Empereur de Russie la diminution
des droits de douane qui écrasent nos
vins. Même démarche a été faite aux
ministères de l’agriculture et du com
merce. Partout l’assurance a été
donnée que rien ne serait négligé pour
procurer satisfaction à la viticulture
et au commerce. Il est permis d’es
pérer que des négociations vont être
entamées et qu’elles se termineront
conformément aux vœux des inté
ressés.
LES RETRAITES OUVRIÈRES
Le syndicat des tailleurs de pierre,
maçons et manœuvres d’Angoulême,
réuni à la Bourse du Travail, a voté
l’ordre du jour suivant sur le projet
de loi sur les retraites ouvrières.
« Considérant :
1° Que le premier devoir d’un gou
vernement démocratique est d’assurer
l’existence des travailleurs des deux
sexes âgés ou incapables de travail
ler ;
2° Que le projet actuellement en
discussion à la Chambre ne saurait
en aucune façon satisfaire les aspira
tions du prolétariat en raison des char
ges qu’il fait peser sur ce dernier :
Le Syndicat des tailleurs de pierre,
maçons et manœuvres d’Angoulême,
décide de repousser — étant donnée
l'insuffisance des salaires — tout pro
jet basé sur les cotisations ouvrières et
patronales ;
« De laisser aux législateurs le soin
de trouver les ressources nécessaires
pour instituer les retraites ouvrières ;
« Et d’attendre le dépôt d’un autre
projet de loi pour se prononcer à nou
veau.
Le Syndicat des métallurgistes et
similaires de Dijon vient d'adresser
la lettre suivante au ministre du
commerce :
« Monsieur le Ministre du
\ Commerce,
« En réponse au référendum sur le
projet de loi sur les retraites ouvriè
res, nous avons l’honneur de vous
faire savoir que nous avons complè
tement repoussé ce projet, après l’avoir
discuté et examiné.
« Nous ne comprenons pas, nous
qui sommes les pionniers de la richesse
nationale, nous de qui dépend la vie
d’une maison, que nous soyons encore
obligés de nous constituer une re
traite, nous qui en faisons déjà à plu
sieurs mille fonctionnaires inutiles,
et à qui ou ne fait aucune retenue.
« De plus, si nous voulons simple
ment vous faire apercevoir l’iniquité
de ce projet, nous ne vous citerons
que l’article 2 qui constitue pour
nous travailleurs, le fait le plus illé
gal, en effet, un pauvre malheureux
qui n’aura pu, durant sa vie, gagner
plus de 2 francs par jour aura une
retraite moindre que celui qui aura
gagné 6 ou 7 francs et qui, par con
séquent aura mieux vécu.
«Enfin, tout le projet est semblable
et nous le repoussons. Nous sommes
partisans d’une caisse de retraite,
mais sans aucune retenue et que cette
retraite ait lieu à 50 ans avec 1.200
francs par an. D’autre part nous som
mes convaincus qu’il est impossible
de constituer une retraite pour les
travailleurs. Et que cette retraite ne
pourra être réelle que lorsque les
outils de productions seront entre le&
mains des travailleurs.
« Recevez, Monsieur le Ministre,
notre salut.
« Pour et par mandat :
« La Commission. »
LES VOLTAIRIENNES
Un curé de la Dordogne vient
d’épouser une de ses paroissiennes,
non sans difficultés, car le maire,
effrayé de marier un prêtre, hésita
longtemps ; mais enfin la chose est
faite.
Je crains tout de même que le pau
vre curé ne soit pas au bout dej ses
Dt., .1' UGU 1
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 14 Septembre 1901.
■U.M1.I il Ji»S83gg i nsaW1imB3aB8HB5BaeaH^^
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER
Secrétaire de la Rédaction .... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant, . F. LE ROY
15
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LA CHASSE
Septembre ! La moisson est depuis
longtemps faite dans la campagne
nue. Seules les vendanges retien
nent encore aux champs les travail
leurs. Pommes et raisins vont au
pressoir ou couleront le cidre doré
et les vins généreux. Il semble
qu’après avoir produit, la nature
lasse aspire au repos et que le devoir
de l’homme soit de respecter ce
recueillement, sinon de s’y associer
comme tout l’y invite. Ce n’est plus
la joie triomphante de l’été succé
dant à l’ardente poussée de sève du
printemps ; c’est la préparation ré
signée au long sommeil hivernal.
Peu à peu la vie se retire des
plantes ; les arbres se dépouillent et
couvrent le sol du tapis somptueux
de leurs feuilles perdues.
...Pour tous, c’est la chasse.
Nous sommes au moment où tout
homme se révèle guerrier et éprouve
le besoin de s’équiper en conquérant.
Chacun, dans la mesure de ses
moyens, tient à s’exhiber ainsi à
l’admiration de ses concitoyens.
Qu’il n’ait à sa suite qu’un vulgaire
câbot ou qu’il tienne en laisse un
chien de race, qu’il soit armé d’un
fusil à piston préhistorique ou d’un
hammerless dernier modèle, qu’il
porte la blouse ou le veston du bon
faiseur, le chasseur a un air belli
queux qui contraste singulièrement
avec la besogne à accomplir.
En effet, le plaisir auquel il se
livre, pour être bruyant, n’a rien
de périlleux. Il ne court d’autre
danger que celui de se faire une
entorse ou de recevoir le plomb d’un
compagnon maladroit. Quant aux
pauvres animaux qu’il poursuit avec
des allures farouches, ce sont les
plus inoffensifs qui soient au monde.
Lièvres, lapins, cailles, perdrix, ils
fuient avec terreur, ils se cachent,
ils ne songent éperdus qu’à éviter
le coup du chasseur, souvent plus
excité et plus ému que s’il combat
tait le lion ou la panthère. Il n’y a
cependant pas, en dernière analyse,
plus d’héroïsme pour lui qu’à exter
miner n’importe quel animal de
basse-cour.
Mais l’imagination joue un grand
rôle. Il y a la poursuite, il y a les
ruses de 1’ « ennemi » qu’il faut
déjouer, il y a certaines difficultés
matérielles à vaincre, il y a l’i
vresse que donnent le bruit des dé
tonations et la passion de la recher
che, la rivalité entre compagnons
de chasse, l’ambition de rentrer le
soir chargé de cadavres, dans la
carnassière dont le réseau gonflé
laisse voir le poil et la plume des
victimes. Il y a enfin l’instinct san
guinaire que l’atavisme laisse en
chacun de nous. C’est en somme un
bas appétit qui se réveille, celui de
détruire et celui de tuer. Réfléchis
sez : est-il bien beau et bien humain
d’arrêter en plein vol, en pleine joie,
le bel oiseau qui passe, de sacrifier
sans pitié la biche douce et gracieuse
qui se cache clans le bois et qui est
l’un des plus aimables animaux de
la création ? Quel agrément peut-on
ressentir d’avoir causé la mort de
ces bêtes inofifensives, d’assister à
leur agonie douloureuse, de con
templer leurs cadavres ? De quelque
nom que l’on pare ces hécatombes,
c’est toujours tuer et tuer pour la
distraction.
Parbleu, c’est un concours comme
un autre, un match où l’on prouve
son adresse ; c’est même, dira-t-on,
un plaisir aristocratique. Je le sais
bien. N’empêche qu’il y a comme
conclusion la souffrance et la mort
d’êtres sensibles. Si l’on se condui
sait de la même façon à l’égard
d’animaux domestiques, on serait
traité de barbares ; en quoi les ani
maux libres de notre joug peu en
viable ont-ils droit à moins de pitié ?
Cependant on voit des dames, qui
tomberaient en pâmoison de voir
saigner un poulet, prendre la cara
bine et faire le coup de feu contre
faisans et perdreaux. L’acte est le
même : il n’est que l’instrument du
meurtre qui diffère. A la curée, à la
chasse au sanglier où les chiens
gisent, tripes à l’air, ces dames tien
nent à honneur de vaincre des répu
gnances qu’elles poussent aux déli
catesses les plus extrêmes dans la
vie ordinaire. Contradictions cho
quantes et qui se retrouvent dans le
goût dépravé de la foule se ruant
aux courses de taureaux.
S’il est permis de demander la
suppression du spectacle barbare
des courses de taureaux, il serait
paradoxal de solliciter de nos bons
chasseurs, excellentes gens en gé
néral, de remettre leurs fusils au
râtelier. Ils seraient fondés, au sur
plus, à nous répondre : Est-ce que
vous ne mangez pas avec gourman
dise l’excellent gibier que vous devez
à notre adresse? Vous n’avez donc
rien à dire.
Et l’argument est sans réplique^
L’homme carnassier, qui se nourrit
d’être vivants, doit tuer pour vivre.
Lorsqu’il veut atteindre les animaux
sauvages, il chasse. Comme elle de
mande de l’adresse, de la résistance
et une science réelle des mœurs du
gibier que l’on poursuit, comme elle
est en outre un exercice très salu
taire, la chasse est l’un des sports
les plus anciens et les plus recher
chés. Elle a donc quelques titres à la
consécration. Toutefois, ne faudrait-
il pas — et ici tout le monde applau
dira à cette réserve — que certains
s’y appliquassent avec une fièvre de
destruction n’ayant d’égale que celle
de certains pêcheurs qui semblent
avoir juré de dépeupler les étangs et
les cours d’eaux.
Je parle de ceux qui tuent pour
tuer, qui extermineraient volontiers
jusqu’au dernier volatile par rage
de détruire. Ils finiraient par sup
primer la chasse en supprimant le
gibier. A d’autres, tout est bon. Les
oiseaux les moins comestibles suc
combent au fracas de leurs détona
tions. Plutôt que de rentrer bre
douilles, ils tuent n’importe quoi.
Les dispositions légales prises à
cet effet, les arrêtés préfectoraux
sont, on le sait, d’application très
difficile. Ils resteront à peu près
inefficaces, si la raison et l’intelli
gence des chasseurs n’y aident.
Qu’ils réservent leur plomb pour les
espèces comestibles, qu’ils épar
gnent les petits oiseaux auxilliaires
du cultivateur, destructeurs des pa
rasites qui sont la plaie de l’huma
nité; qu’ils ménagent l’avenir en
évitant la destruction abusive de
leur gibier préféré, Alors il leur sera
beaucoup pardonné et ils mériteront
de s’asseoir, à côté de saint Hubert,
leur patron, au divin séjour des fé
licités éternelles.
Ainsi soit-il !
François Dépassé.
A propos d’un canard lancé par
le Gaulois , et annonçant la consti
tution d’une Alliance Démocratique
nuance ministérielle, en dehors du
Congrès Républicain-Radical-Socia
liste, le Petit Havre a publié, hier,
un article de fonds que M. Fénoux
n’a pas osé signer, et qui dépasse les
limites de la plaisanterie permise en
bonne société.
Quoi ! ce journal qui, au jour du
danger, était en coquetterie réglée
avec le nationalisme et dénonçait
comme insulteurs de l’armée les
Républicains qui fustigeaient les in
cartades de généraux factieux, cette
feuille qui excusait le zèle impétueux
des Guérin et des Déroulède en rai
son du manque de patriotisme du
ministère actuel, a le cynisme
d’écrire aujourd’hui qu’elle a con
tribué à défendre le régime Répu
blicain aux heures de péril, et ré
clame impudemment sa part dans
le triomphe prochain de la Répu
blique.
Nous estimons, certes, que la Ré
publique n’est monopolisée par per
sonne ; qu’elle doit être ouverte à
toutes les bonnes volontés, à tous
les concours, pourvu qu’ils soient
loyaux. Mais nous nous refuserons
toujours à laisser bafouer notre
parti dans des compromissions qui
l’annihileraient, et à faire le jeu des
mélinistes, traîtres à la République
qui, se sentant irrémédiablement
perdus, cherchent à se cramponner
avec l’énergie du désespoir à un
ministère qu’ils ont bafoué jusqu’à
ce jour, et à capter sa confiance
pour le mieux trahir.
Pour confondre d’ailleurs le Petit
Havre , nous lui adressons finale
ment ce défi :
S’il a défendu la République, il a
nécessairement attaqué ceux qui
l’ont mise au bord de l’abîme. Qu'il
cite donc un seul article paru
dans ses colonnes depuis les élec
tions de 1898 jusqu'à ce jour in
clusivement et contenant un blâme,
un reproche à l'adresse des deux
députés nationalistes du Havre.
C’est toujours au pied du mur
qu’on juge le maçon.
Ch. J.
AUX POLÉMISTES
Le Réveil du havre a trop le souci
de la considération de ses collabora
teurs, amis et correspondants pour
livrer leurs noms au bon plaisir de
polémistes en quête de critiques et
d’attaques perfides et injustifiées,
susceptibles de leur causer préju
dice.
Toutefois, qu’ils sachent bien que
tous ses rédacteurs assument la res
ponsabilité absolue de leurs articles,
mais n’autorisent le Gérant à ne révé
ler leurs noms qu’avec la certitude
d’une demande de réparation d’hon
neur qui devra lui être donnée par
écrit.
C’est pourquoi les deux envoyés du
Comité radical-socialiste n’out pu
trouver satisfaction près de lui, ces
Messieurs ayant refusé de signer la
déclaration suivante :
« Je déclare m’être rendu près du
Gérant du Réveil du Havre, pour lui
demander le nom de l’auteur de l’ar
ticle «Mécontents», afin d’obtenir
de lui réparation par les armes.
« Havre, le 19 . »
Le refus de signer cette pièce
prouve surabondamment que ces Mes
sieurs ne cherchaient qu’à connaître
un nom pour ouvrir contre lui une
nouvelle polémique.
Nous avons des choses plus sérieu
ses à nous occuper, dans l’intérêt gé
néral.
L. R.
LE TSAR A PARIS
L’ Eclair , Y Echo de Paris et le Figaro
maintiennent que les souverains
russes viendront à Paris où ils reste
ront seulement quatre heures.
L’Echo de Paris croit pouvoir dire
que MM. Loubet et Delcafesé sont fixés
depuis plus de quarante-huit heures
sur cette visite.
Le président du Conseil municipal
n’a encore reçu aucune espèce de com
munication au sujet de la visite du
Tsar.
Le syndic, M. Gay, se rend à
l’Elysée, mais ou ne pense pas — à
supposer même que par voie diploma
tique la nouvelle de la visite du Tsar
soit portée à la connaissance de M.
Dausset — que cela ait lieu avant
demain, parce que demain il y aura
réunion de bureau.
NOS VINS EN RUSSIE
MM. H. Ricard, député de Beaune
et G. Esclavy, président de la Ligue
viuicole de France, ont été reçus, en
l’absence du ministre des affaires étran
gères que retenaient les réceptions
diplomatiques, par son chef de cabi
net. Ils lui ont transmis le vœu que
le gouvernement essaie d’obtenir de
l’Empereur de Russie la diminution
des droits de douane qui écrasent nos
vins. Même démarche a été faite aux
ministères de l’agriculture et du com
merce. Partout l’assurance a été
donnée que rien ne serait négligé pour
procurer satisfaction à la viticulture
et au commerce. Il est permis d’es
pérer que des négociations vont être
entamées et qu’elles se termineront
conformément aux vœux des inté
ressés.
LES RETRAITES OUVRIÈRES
Le syndicat des tailleurs de pierre,
maçons et manœuvres d’Angoulême,
réuni à la Bourse du Travail, a voté
l’ordre du jour suivant sur le projet
de loi sur les retraites ouvrières.
« Considérant :
1° Que le premier devoir d’un gou
vernement démocratique est d’assurer
l’existence des travailleurs des deux
sexes âgés ou incapables de travail
ler ;
2° Que le projet actuellement en
discussion à la Chambre ne saurait
en aucune façon satisfaire les aspira
tions du prolétariat en raison des char
ges qu’il fait peser sur ce dernier :
Le Syndicat des tailleurs de pierre,
maçons et manœuvres d’Angoulême,
décide de repousser — étant donnée
l'insuffisance des salaires — tout pro
jet basé sur les cotisations ouvrières et
patronales ;
« De laisser aux législateurs le soin
de trouver les ressources nécessaires
pour instituer les retraites ouvrières ;
« Et d’attendre le dépôt d’un autre
projet de loi pour se prononcer à nou
veau.
Le Syndicat des métallurgistes et
similaires de Dijon vient d'adresser
la lettre suivante au ministre du
commerce :
« Monsieur le Ministre du
\ Commerce,
« En réponse au référendum sur le
projet de loi sur les retraites ouvriè
res, nous avons l’honneur de vous
faire savoir que nous avons complè
tement repoussé ce projet, après l’avoir
discuté et examiné.
« Nous ne comprenons pas, nous
qui sommes les pionniers de la richesse
nationale, nous de qui dépend la vie
d’une maison, que nous soyons encore
obligés de nous constituer une re
traite, nous qui en faisons déjà à plu
sieurs mille fonctionnaires inutiles,
et à qui ou ne fait aucune retenue.
« De plus, si nous voulons simple
ment vous faire apercevoir l’iniquité
de ce projet, nous ne vous citerons
que l’article 2 qui constitue pour
nous travailleurs, le fait le plus illé
gal, en effet, un pauvre malheureux
qui n’aura pu, durant sa vie, gagner
plus de 2 francs par jour aura une
retraite moindre que celui qui aura
gagné 6 ou 7 francs et qui, par con
séquent aura mieux vécu.
«Enfin, tout le projet est semblable
et nous le repoussons. Nous sommes
partisans d’une caisse de retraite,
mais sans aucune retenue et que cette
retraite ait lieu à 50 ans avec 1.200
francs par an. D’autre part nous som
mes convaincus qu’il est impossible
de constituer une retraite pour les
travailleurs. Et que cette retraite ne
pourra être réelle que lorsque les
outils de productions seront entre le&
mains des travailleurs.
« Recevez, Monsieur le Ministre,
notre salut.
« Pour et par mandat :
« La Commission. »
LES VOLTAIRIENNES
Un curé de la Dordogne vient
d’épouser une de ses paroissiennes,
non sans difficultés, car le maire,
effrayé de marier un prêtre, hésita
longtemps ; mais enfin la chose est
faite.
Je crains tout de même que le pau
vre curé ne soit pas au bout dej ses
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.47%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.47%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32634802/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32634802/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32634802/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32634802
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32634802
Facebook
Twitter