Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-05-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 mai 1901 25 mai 1901
Description : 1901/05/25 (N265). 1901/05/25 (N265).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263464z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
Samedi 25 Mai 1901.
G' Année - K° 285. CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Le Réveil do Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PMI DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, IR-TIEÏ GASIMIR-PÉKIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
LTmprimeur-Gérant F. le iî©y
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Les Prsmtisns
DU
Journal du Havre
Dans un de ses derniers numéros,
le Journal du Havre , faisant
allusion à un article paru dans nos
colonnes, sur la question de la
Bourse du Travail, se livre à des
appréciations tellement fantaisistes
et inexactes que nous pourrions
nous dispenser d'y répondre. Par
égard pour cette vieille feuille, «—
oh combien vieille ! — discutons
pourtant avec elle.
Nous n’avons pas d’ailleurs l’illu
sion de croire que ce journal repro
duira notre réponse, pour édifier
ses lecteurs. Cela sortirait de ses
habitudes.
Nous n’avons pas avantage à
rechercher, comme le fait pour nous
le Journal du Havre, qui ne yoit
partout que des personnalités. Si
ledit journal est alimenté ou
soutenu par M. Dubosc, par M.
Louis Brindeau ou par tout autre
farouche républicain. C’est en
rité peu intéressant dans (me ( p 3 _
oussion qui porte ia r des quittons
de principes.
Le Journal du Havre prétend que
nous avons eu tort d'e que i a
décision du Conseil 1 municipal était
«une véritable provocation à la
classe ouvrière e c •syndicats ». i
Rajoute :
« Nous ne^ -voyons pas ce qui peut
justifier cq^ e opinion. Les syndicats,
- nou 3 rivons eu soin de mettre ce
point cj\ relief, - ne sont nullement
touchés far la décision du Conseil.
Ils c.omervent tous leurs droits, on
leu c accorde gratuitement des lo-
ca pour tenir leurs réunions. En
0 L m\ les a-t-on provoqués ? »
Rien n’est plus inexact que cette
in terprétation que le Journal du
Havre donne du vote du Conseil.
Qu’est-ce qu’une Bourse du Tra
vail? Pas autre chose que le grou
pement des syndicats, en vue d’une
action commune. Si donc on sup
prime cette action commune, 011 en
trave les syndicats. Ce raisonnement
serait compris par un enfant.
Le Journal du Havre semble ne
pas avoir saisi le premier mot de
la discussion qui a eu lieu au Con
seil municipal. 11 résulte nettement
des débats que l’administration se
réserve la faculté de prêter des
salles aux syndicats qui lui en feront
la demande. Mais ce n’est là qu’une
faculté , comme l’indique clairement
l’ordre du jour voté et ainsi conçu :
« Les locaux qui étaient affectés
« aux services de la Bourse du Tra
ie vail au cercle Franklin ou à
« l’annexe de la rue Fontenelle, se-
« ront repris par l’Administration
« municipale, qui en disposera se
in Ion qu’elle le jugera convenable
« et pourra les utiliser pour les
€ réunions de syndicats d’employés
< ou d’ouvriers qui lui en feront la
« demande. »
La Ville a donc rompu le contrat
qui l’engageait envers les syndicats.
Leur droit de se réunir dans les lo
caux municipaux est subordonné dé
sormais au bon plaisir de l’Adminis
tration.
Et le Journal du Havre ose écrire
que les syndicats « conservent tous
leurs droits H! » On pousse loin l’i
ronie chez notre confrère.
Nous avions écrit aussi que le
Conseil municipal « 11e pouvait pas
exiger que telle ou telle école socia
liste ne se livre à aucune propa
gande dans les syndicats. »
Le Journal du Havre , travestis
sant notre pensée de façon assez ma
ladroite, prétend alors que ce serait
là s’occuper de questions politiques
et religieuses ! ! !
Pour le Journal du Havre , un i
syndicat qui s’occupe de la réduction !
(le la journée de travail, du repos
hebdomadaire, de l’application es
décrets Millerand, etcm TÂ sont naturellement l’objet de
discussions dans diverses écoles
socialistes, ce syndicat fait de la po
litique et de la religion Comme
raisonnement, c’est plutôt faible.
Il paràît, et c’est là que l’attitude
de notre confrère devient singulière,
que, sur la question de l’enquête de
mandée par M. Denis Guillot et huit
de ses collègués, le Journal du
Havre a trouvé son chemin de Da
mas. 11 s’est converti à cette idée de
rechercher les responsabilités.
On se souvient que M. Denis Guil
lot et ses amis avaient demandé,
non pas la réouverture de la Bourse
du Travail, mais une enquête sur
les faits des 24 avril et 1 er mai.
La question de fermeture définitive
ou de réouverture était réservée par
cette proposition. Jusqu’à plus am
ple informé, la fermeture provi
soire était maintenue. Voilà, d’ail
leurs, un point sur lequel les organes
opportunistes de notre ville ont
glissé prudemment, en insinuant que
la minorité du Conseil voulait
la réouverture immédiate de la
Bourse du Travail, ce qui est faux.
Or, le Journal du Havre , reve
nant sur cette demande d’enquête
qui a été repoussée par ses amis,
avec son approbation, trouve aujour
d’hui qu’il y aurait avantage à l’or
donner.
Comprenne qui pourra cette pali
nodie nouvelle de notre confrère
qui adore aujourd’hui ce qu’il brû
lait hier ! Pour notre part, nous ne
pouvons l’expliquer que d’une façon :
Le Journal du Havre n’a cher
ché dans toute cette campagne
contre la Bourse du Travail qu’un
moyen de jeter les Syndicats à la
porte de Franklin. Maintenant que
le coup est fait, il accepterait volon
tiers l’enquête. Comme procédé c’est
aussi loyal que le serait celui d’un
magistrat qui ferait couper le cou
à un accusé et lui ferait ensuite un
procès posthume.
Si le Journal du Havre et ses
amis sont de bonne foi dans cet
amour bien inattendu de la vérité,
ils ont à leur disposition un moyen
bien simple : Qu’ils profitent de la
prochaine séance du Conseil muni
cipal pour soulever un nouveau dé
bat sur cette question.
Nous sommes autorisés à leur
dire qu'ils trouveront à-qui parler.
Efc si l’on rit dans la séance du
29 mai, ce ne sera pas aux dépens
de ceux qui, en demandant la lu
mière et la vérité avant de faire
justice, se sont comportés tout à la
fois en républicains sincères et en
honnêtes gens.
VERUS
BOURSE TRAVAIL
Havre, le 2 1 Mai 1901 .
Monsieur le Rédacteur du Réveil
du Havre,
J’ai, lu avec un vif intérêt le très
remarquable article paru dans votre
numéro du 18 mai sous la signature
Y érus.
Votre collaborateur met parfaite
ment les choses au point en faisant
ressortir que les nombreux patrons
qui composent la majorité du Conseil
se servent abusivement de leur man
dat municipal pour étrangler la Bour
se du Travail, atteindre les Syndicats
ouvriers et étouffer leurs revendica
tions.
C’est visiblement la lutte de classe
dont le patronat engage la première
escarmouche et dont il assumera dans
l’avenir toutes les responsabilités.
Il est clair que dans la Bourse du
Travail, les patrons visent non pas
les perturbateurs de l’ordre public
mais bien les organisateurs des reven
dications ouvrières et tout particuliè
rement les promoteurs de grèves.
Les malins, comme M. Acher, s’en
défendent bien, mais il est à remar
quer que certains conseillers moins
subtils, plus francs pour dire le mot,
ont à maintes reprises laisser percer
leur hostilité contre la Bourse du
Travail en tant que centre de groupe
ment des intérêts ouvriers.
J’ai sous les yeux précisément le
procès-verbal de la séance du 24
août dernier, et je lis :
M. Lemierre. — « Je suis parfai
tement d’avis de manifester à T Ad
ministration municipale toute notre
confiance. Toutefois, je tiens à signa
ler la légitime émotion de notre
population en présence de la durée
des grèves qui se succèdent, toutes les
corporations se mettent en grève les
unes après les autres.
ce Je crois, eu ce qui me concerne,
que ramélioration du sort de la classe
ouvrière au moyen des grèves est une
utopie. Si d'un côté les ouvriers obtien
nent une augmentation de salaire ,
d’autre part les patrons seront obli
gés d’élever leurs prix de vente, et,
par répercussion tout augmentera
dans l’agglomération de la Ville du
Havre, qui ne se trouvera plus en
mesure de soutenir la concurrence
avec l’étranger.
Les grèves sont donc un malheur
pour notre cité, et je considère que
ceux qui les fomentent sont bien cou
pables. Je demande, en conséquence,
si VAdministration municipale a un
moyen d’empêcher certaines
personnalités de pousser les ouvriers à
se mettre en grève. »
Voilà qui est clair !
M. Lemierre et ses amis ont cher
ché ce moyen , et l’ont trouvé. Pre
nant prétexte de désordre occasionnés
sur la voie publique par des gens
étrangers aux syndicats, ils ont fermé
la Bourse du Travail qui gênait le
patronat en poussant à Y augmentation
des salaires par l'union des travail
leurs, voire même par la grève.
Les patrons font intervenir l’auto
rité municipale qu’ils détiennent pour
entraver la libre action des grèves
dans le jeu des salaires.
N’est-ce pas visiblement la lutte de
classe ?
Veuillez agréer, etc., etc.
Un Vieux Républicain.
Les Scrupules de M. Brindeau
Dans le journal, où il expectore
quotidiennement sa bile, M. Brindeau,
qui décidément ne peut prendre son
parti de voir le ministère durer de
puis deux ans, attaque furieusement
le ministre de la Justice. Il signale,
après tous ses collèguesréactionnaires,
que M. Monis cumule ses fonctions
publiques avec celles de négociant en
cognac des Charentes, et déclare que
c’est un scandale sans précèdent.
Eh bien ! M. Brindeau a la mé
moire singulièrement courte, car tous
les Havrais, sauf lui, se souviennent
d’un certain négociant en cuirs salés
qui, étant ministre de la marine, gé
rait toujours sa maison de commerce
sous la raison sociale Félix Faure et
C e , et l’histoire ne nous dit pas s’il
s’abstenait de solliciter les commandes
des fournisseurs de son ministère.
D’ailleurs, si M. Brindeau est de
venu si timoré, pourquoi ne donne-t-
il pas lui-même sa démission d’admi
nistrateur de la Compagnie Péninsu
laire, qui, à tout instant peut traiter
avec l’Etat des affaires considérables,
et mettre sa scrupuleuse conscience à
la torture.
Il y a, pendant devant les Cham
bres, un projet de loi, qui a toute
chance d’être voté et qui interdit le
cumul du mandat de député avec celui
d’administrateur de sociétés commer
ciales.
Pourquoi, répétons-nous, le scru
puleux Brindeau attend-il le vote de
cette loi pour opter entre ses deux
mandats ?
LE
Traitement des Instituteurs et la Gratuité
Alors que tant de fonctions sont
encombrées par l’affluence des postu
lants, l’enseignement primaire serait
à la veille de manquer de candidats.
Nos jeunes gens ne veulent plus être
instituteurs.
Ce n’est point que la vocation leur
fasse défaut. Loin de là, le rôle d’édu
cateur tenterait encore bien des jeu
nes gens. Mais ceux-ci sont arrêtés
par un souci qui, pour être vulgaire,
n’en justifie pas moins, et au-delà,
leurs hésitations.
Les instituteurs ne sont pas assez
payés ; voilà tout, ne cherchez pas
d’autre explication.
Après avoir laborieusement conquis
leurs diplômes, souvent au prix de
lourds sacrifices pour leur famille, ils
débutent aux appointements de 900
francs par an. Lorsqu’ils ont passé
un nouvel examen et conquis le cer
tificat d’aptitude pédagogique, les
voilà à 1,000 francs. Hélas ! beau
coup restent à ce chiffre pendant un
temps infini, cinq ans et plus, pour
monter péniblement d’une classe,
c’est-à-dire arriver à 1,200 francs.
Puis, de nouveau, ils marquent le
pas pendant une période plus ou
moins longue. Cependant on vieillit,
l’âge de la retraite arrive avec, par
fois, un cortège d’infirmités. Le vieux
serviteur meurt misérable, comme il
a vécu.
Les plus favorisés ont des promo
tions plus rapides. Au bout de 25 ans,
ils jouissent de 1,500 francs d’ap
pointements, et ils s’arrêtent là. En
moyenne, tous peuvent espérer arri
ver à cette situation après 25 ans de
service, soit vers l’âge de 45 ans.
Impossible d’aller plus loin. Ceux qui
s’élèvent jusqu’à 2,000 francs, sont
l’exception.
D’ailleurs, il y a un frein qui mo
dère automatiquement les bonnes in
tentions que peuvent avoir les supé
rieurs. Le nombre des titulaires, dans
chaque classe, est limité. Pour avoir
sa promotion, il faut faire queue,
comme au théâtre, sauf à ne jamais y
parvenir.
Et, avec ses appointements modi
ques, le malheureux instituteur est
obligé de tenir un certain rang, de
sortir proprement habillé, de sauve
garder la dignité de ses fonctions. Il
se marie, il a des enfants ; il doit
faire face à ces nouvelles charges sans
que sa femme ait le droit, non plus
que lui, d’exercer un métier ou de se
livrer à un commerce. Ce fonction
naire, à qui incombe l’une des tâches
les plus hautes qui soit, est souvent
ainsi T un des habitants les plus pau
vres de sa résidence.
Encore s’il y avait assez de loisirs
pour se consacrer à des travaux acces
soires qui pourraient lui rapporter
quelque chose. Mais non, de sept
heures du matin à sept heures du soir,
l’instituteur n’a pas un instant à lui.
Les classes, leur préparation, la cor
rection des cahiers absorbent tout son
temps. Et sa besogne n'est pas termi
née pour cela. Il lui faut encore faire
des conférences, organiser des asso
ciations d’anciens élèves, des caisses
d’épargne scolaires, des champs d’ex
périence pour l’agriculture, quand on
ne lui demande pas, en outre, de di
riger une fanfare locale. Tout cela
gratis pro Deo.
Puis, il y a les cours d’adultes. Oui,
pendant six mois de l’année, ce pau
vre diable qui a déjà fourni onze ou
douze heures de travail, doit encore
faire des cours d’adultes, le soir. C’est
à n’y pas croire et ceux qui prennent
nos instituteurs pour des paresseux,
se trompent grossièrement.
Il faut admettre qu’il y a des grâ
ces d’Etat, car ils arrivent quand
même à faire face à tout. Ils ne se
plaindraient pas s’ils étaient mieux
payés. Une proposition de M* Car-
naud tend à fixer le traitement des
stagiaires à 1,100 francs et celui des
titulaires de la dernière classe à
1,200 francs; c’est assez pour les
enthousiasmer. On voit qu’ils ne sont
point trop gourmands.
Malheureusement, la situation bud
gétaire de la France paralyse les meil
leures intentions et le souci de réa
liser des économies peut faire long
temps attendre aux instituteurs le
bénéfice qu’ils désirent.
G' Année - K° 285. CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Le Réveil do Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PMI DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, IR-TIEÏ GASIMIR-PÉKIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
LTmprimeur-Gérant F. le iî©y
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Les Prsmtisns
DU
Journal du Havre
Dans un de ses derniers numéros,
le Journal du Havre , faisant
allusion à un article paru dans nos
colonnes, sur la question de la
Bourse du Travail, se livre à des
appréciations tellement fantaisistes
et inexactes que nous pourrions
nous dispenser d'y répondre. Par
égard pour cette vieille feuille, «—
oh combien vieille ! — discutons
pourtant avec elle.
Nous n’avons pas d’ailleurs l’illu
sion de croire que ce journal repro
duira notre réponse, pour édifier
ses lecteurs. Cela sortirait de ses
habitudes.
Nous n’avons pas avantage à
rechercher, comme le fait pour nous
le Journal du Havre, qui ne yoit
partout que des personnalités. Si
ledit journal est alimenté ou
soutenu par M. Dubosc, par M.
Louis Brindeau ou par tout autre
farouche républicain. C’est en
rité peu intéressant dans (me ( p 3 _
oussion qui porte ia r des quittons
de principes.
Le Journal du Havre prétend que
nous avons eu tort d'e que i a
décision du Conseil 1 municipal était
«une véritable provocation à la
classe ouvrière e c •syndicats ». i
Rajoute :
« Nous ne^ -voyons pas ce qui peut
justifier cq^ e opinion. Les syndicats,
- nou 3 rivons eu soin de mettre ce
point cj\ relief, - ne sont nullement
touchés far la décision du Conseil.
Ils c.omervent tous leurs droits, on
leu c accorde gratuitement des lo-
ca pour tenir leurs réunions. En
0 L m\ les a-t-on provoqués ? »
Rien n’est plus inexact que cette
in terprétation que le Journal du
Havre donne du vote du Conseil.
Qu’est-ce qu’une Bourse du Tra
vail? Pas autre chose que le grou
pement des syndicats, en vue d’une
action commune. Si donc on sup
prime cette action commune, 011 en
trave les syndicats. Ce raisonnement
serait compris par un enfant.
Le Journal du Havre semble ne
pas avoir saisi le premier mot de
la discussion qui a eu lieu au Con
seil municipal. 11 résulte nettement
des débats que l’administration se
réserve la faculté de prêter des
salles aux syndicats qui lui en feront
la demande. Mais ce n’est là qu’une
faculté , comme l’indique clairement
l’ordre du jour voté et ainsi conçu :
« Les locaux qui étaient affectés
« aux services de la Bourse du Tra
ie vail au cercle Franklin ou à
« l’annexe de la rue Fontenelle, se-
« ront repris par l’Administration
« municipale, qui en disposera se
in Ion qu’elle le jugera convenable
« et pourra les utiliser pour les
€ réunions de syndicats d’employés
< ou d’ouvriers qui lui en feront la
« demande. »
La Ville a donc rompu le contrat
qui l’engageait envers les syndicats.
Leur droit de se réunir dans les lo
caux municipaux est subordonné dé
sormais au bon plaisir de l’Adminis
tration.
Et le Journal du Havre ose écrire
que les syndicats « conservent tous
leurs droits H! » On pousse loin l’i
ronie chez notre confrère.
Nous avions écrit aussi que le
Conseil municipal « 11e pouvait pas
exiger que telle ou telle école socia
liste ne se livre à aucune propa
gande dans les syndicats. »
Le Journal du Havre , travestis
sant notre pensée de façon assez ma
ladroite, prétend alors que ce serait
là s’occuper de questions politiques
et religieuses ! ! !
Pour le Journal du Havre , un i
syndicat qui s’occupe de la réduction !
(le la journée de travail, du repos
hebdomadaire, de l’application es
décrets Millerand, etcm
discussions dans diverses écoles
socialistes, ce syndicat fait de la po
litique et de la religion Comme
raisonnement, c’est plutôt faible.
Il paràît, et c’est là que l’attitude
de notre confrère devient singulière,
que, sur la question de l’enquête de
mandée par M. Denis Guillot et huit
de ses collègués, le Journal du
Havre a trouvé son chemin de Da
mas. 11 s’est converti à cette idée de
rechercher les responsabilités.
On se souvient que M. Denis Guil
lot et ses amis avaient demandé,
non pas la réouverture de la Bourse
du Travail, mais une enquête sur
les faits des 24 avril et 1 er mai.
La question de fermeture définitive
ou de réouverture était réservée par
cette proposition. Jusqu’à plus am
ple informé, la fermeture provi
soire était maintenue. Voilà, d’ail
leurs, un point sur lequel les organes
opportunistes de notre ville ont
glissé prudemment, en insinuant que
la minorité du Conseil voulait
la réouverture immédiate de la
Bourse du Travail, ce qui est faux.
Or, le Journal du Havre , reve
nant sur cette demande d’enquête
qui a été repoussée par ses amis,
avec son approbation, trouve aujour
d’hui qu’il y aurait avantage à l’or
donner.
Comprenne qui pourra cette pali
nodie nouvelle de notre confrère
qui adore aujourd’hui ce qu’il brû
lait hier ! Pour notre part, nous ne
pouvons l’expliquer que d’une façon :
Le Journal du Havre n’a cher
ché dans toute cette campagne
contre la Bourse du Travail qu’un
moyen de jeter les Syndicats à la
porte de Franklin. Maintenant que
le coup est fait, il accepterait volon
tiers l’enquête. Comme procédé c’est
aussi loyal que le serait celui d’un
magistrat qui ferait couper le cou
à un accusé et lui ferait ensuite un
procès posthume.
Si le Journal du Havre et ses
amis sont de bonne foi dans cet
amour bien inattendu de la vérité,
ils ont à leur disposition un moyen
bien simple : Qu’ils profitent de la
prochaine séance du Conseil muni
cipal pour soulever un nouveau dé
bat sur cette question.
Nous sommes autorisés à leur
dire qu'ils trouveront à-qui parler.
Efc si l’on rit dans la séance du
29 mai, ce ne sera pas aux dépens
de ceux qui, en demandant la lu
mière et la vérité avant de faire
justice, se sont comportés tout à la
fois en républicains sincères et en
honnêtes gens.
VERUS
BOURSE TRAVAIL
Havre, le 2 1 Mai 1901 .
Monsieur le Rédacteur du Réveil
du Havre,
J’ai, lu avec un vif intérêt le très
remarquable article paru dans votre
numéro du 18 mai sous la signature
Y érus.
Votre collaborateur met parfaite
ment les choses au point en faisant
ressortir que les nombreux patrons
qui composent la majorité du Conseil
se servent abusivement de leur man
dat municipal pour étrangler la Bour
se du Travail, atteindre les Syndicats
ouvriers et étouffer leurs revendica
tions.
C’est visiblement la lutte de classe
dont le patronat engage la première
escarmouche et dont il assumera dans
l’avenir toutes les responsabilités.
Il est clair que dans la Bourse du
Travail, les patrons visent non pas
les perturbateurs de l’ordre public
mais bien les organisateurs des reven
dications ouvrières et tout particuliè
rement les promoteurs de grèves.
Les malins, comme M. Acher, s’en
défendent bien, mais il est à remar
quer que certains conseillers moins
subtils, plus francs pour dire le mot,
ont à maintes reprises laisser percer
leur hostilité contre la Bourse du
Travail en tant que centre de groupe
ment des intérêts ouvriers.
J’ai sous les yeux précisément le
procès-verbal de la séance du 24
août dernier, et je lis :
M. Lemierre. — « Je suis parfai
tement d’avis de manifester à T Ad
ministration municipale toute notre
confiance. Toutefois, je tiens à signa
ler la légitime émotion de notre
population en présence de la durée
des grèves qui se succèdent, toutes les
corporations se mettent en grève les
unes après les autres.
ce Je crois, eu ce qui me concerne,
que ramélioration du sort de la classe
ouvrière au moyen des grèves est une
utopie. Si d'un côté les ouvriers obtien
nent une augmentation de salaire ,
d’autre part les patrons seront obli
gés d’élever leurs prix de vente, et,
par répercussion tout augmentera
dans l’agglomération de la Ville du
Havre, qui ne se trouvera plus en
mesure de soutenir la concurrence
avec l’étranger.
Les grèves sont donc un malheur
pour notre cité, et je considère que
ceux qui les fomentent sont bien cou
pables. Je demande, en conséquence,
si VAdministration municipale a un
moyen d’empêcher certaines
personnalités de pousser les ouvriers à
se mettre en grève. »
Voilà qui est clair !
M. Lemierre et ses amis ont cher
ché ce moyen , et l’ont trouvé. Pre
nant prétexte de désordre occasionnés
sur la voie publique par des gens
étrangers aux syndicats, ils ont fermé
la Bourse du Travail qui gênait le
patronat en poussant à Y augmentation
des salaires par l'union des travail
leurs, voire même par la grève.
Les patrons font intervenir l’auto
rité municipale qu’ils détiennent pour
entraver la libre action des grèves
dans le jeu des salaires.
N’est-ce pas visiblement la lutte de
classe ?
Veuillez agréer, etc., etc.
Un Vieux Républicain.
Les Scrupules de M. Brindeau
Dans le journal, où il expectore
quotidiennement sa bile, M. Brindeau,
qui décidément ne peut prendre son
parti de voir le ministère durer de
puis deux ans, attaque furieusement
le ministre de la Justice. Il signale,
après tous ses collèguesréactionnaires,
que M. Monis cumule ses fonctions
publiques avec celles de négociant en
cognac des Charentes, et déclare que
c’est un scandale sans précèdent.
Eh bien ! M. Brindeau a la mé
moire singulièrement courte, car tous
les Havrais, sauf lui, se souviennent
d’un certain négociant en cuirs salés
qui, étant ministre de la marine, gé
rait toujours sa maison de commerce
sous la raison sociale Félix Faure et
C e , et l’histoire ne nous dit pas s’il
s’abstenait de solliciter les commandes
des fournisseurs de son ministère.
D’ailleurs, si M. Brindeau est de
venu si timoré, pourquoi ne donne-t-
il pas lui-même sa démission d’admi
nistrateur de la Compagnie Péninsu
laire, qui, à tout instant peut traiter
avec l’Etat des affaires considérables,
et mettre sa scrupuleuse conscience à
la torture.
Il y a, pendant devant les Cham
bres, un projet de loi, qui a toute
chance d’être voté et qui interdit le
cumul du mandat de député avec celui
d’administrateur de sociétés commer
ciales.
Pourquoi, répétons-nous, le scru
puleux Brindeau attend-il le vote de
cette loi pour opter entre ses deux
mandats ?
LE
Traitement des Instituteurs et la Gratuité
Alors que tant de fonctions sont
encombrées par l’affluence des postu
lants, l’enseignement primaire serait
à la veille de manquer de candidats.
Nos jeunes gens ne veulent plus être
instituteurs.
Ce n’est point que la vocation leur
fasse défaut. Loin de là, le rôle d’édu
cateur tenterait encore bien des jeu
nes gens. Mais ceux-ci sont arrêtés
par un souci qui, pour être vulgaire,
n’en justifie pas moins, et au-delà,
leurs hésitations.
Les instituteurs ne sont pas assez
payés ; voilà tout, ne cherchez pas
d’autre explication.
Après avoir laborieusement conquis
leurs diplômes, souvent au prix de
lourds sacrifices pour leur famille, ils
débutent aux appointements de 900
francs par an. Lorsqu’ils ont passé
un nouvel examen et conquis le cer
tificat d’aptitude pédagogique, les
voilà à 1,000 francs. Hélas ! beau
coup restent à ce chiffre pendant un
temps infini, cinq ans et plus, pour
monter péniblement d’une classe,
c’est-à-dire arriver à 1,200 francs.
Puis, de nouveau, ils marquent le
pas pendant une période plus ou
moins longue. Cependant on vieillit,
l’âge de la retraite arrive avec, par
fois, un cortège d’infirmités. Le vieux
serviteur meurt misérable, comme il
a vécu.
Les plus favorisés ont des promo
tions plus rapides. Au bout de 25 ans,
ils jouissent de 1,500 francs d’ap
pointements, et ils s’arrêtent là. En
moyenne, tous peuvent espérer arri
ver à cette situation après 25 ans de
service, soit vers l’âge de 45 ans.
Impossible d’aller plus loin. Ceux qui
s’élèvent jusqu’à 2,000 francs, sont
l’exception.
D’ailleurs, il y a un frein qui mo
dère automatiquement les bonnes in
tentions que peuvent avoir les supé
rieurs. Le nombre des titulaires, dans
chaque classe, est limité. Pour avoir
sa promotion, il faut faire queue,
comme au théâtre, sauf à ne jamais y
parvenir.
Et, avec ses appointements modi
ques, le malheureux instituteur est
obligé de tenir un certain rang, de
sortir proprement habillé, de sauve
garder la dignité de ses fonctions. Il
se marie, il a des enfants ; il doit
faire face à ces nouvelles charges sans
que sa femme ait le droit, non plus
que lui, d’exercer un métier ou de se
livrer à un commerce. Ce fonction
naire, à qui incombe l’une des tâches
les plus hautes qui soit, est souvent
ainsi T un des habitants les plus pau
vres de sa résidence.
Encore s’il y avait assez de loisirs
pour se consacrer à des travaux acces
soires qui pourraient lui rapporter
quelque chose. Mais non, de sept
heures du matin à sept heures du soir,
l’instituteur n’a pas un instant à lui.
Les classes, leur préparation, la cor
rection des cahiers absorbent tout son
temps. Et sa besogne n'est pas termi
née pour cela. Il lui faut encore faire
des conférences, organiser des asso
ciations d’anciens élèves, des caisses
d’épargne scolaires, des champs d’ex
périence pour l’agriculture, quand on
ne lui demande pas, en outre, de di
riger une fanfare locale. Tout cela
gratis pro Deo.
Puis, il y a les cours d’adultes. Oui,
pendant six mois de l’année, ce pau
vre diable qui a déjà fourni onze ou
douze heures de travail, doit encore
faire des cours d’adultes, le soir. C’est
à n’y pas croire et ceux qui prennent
nos instituteurs pour des paresseux,
se trompent grossièrement.
Il faut admettre qu’il y a des grâ
ces d’Etat, car ils arrivent quand
même à faire face à tout. Ils ne se
plaindraient pas s’ils étaient mieux
payés. Une proposition de M* Car-
naud tend à fixer le traitement des
stagiaires à 1,100 francs et celui des
titulaires de la dernière classe à
1,200 francs; c’est assez pour les
enthousiasmer. On voit qu’ils ne sont
point trop gourmands.
Malheureusement, la situation bud
gétaire de la France paralyse les meil
leures intentions et le souci de réa
liser des économies peut faire long
temps attendre aux instituteurs le
bénéfice qu’ils désirent.
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