Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-05-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 mai 1901 04 mai 1901
Description : 1901/05/04 (N262). 1901/05/04 (N262).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263461q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
6" Année — A” 262.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 4 Mai 1801.
Havre
& D&i'
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 tr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant ff. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
La Baiirsa it Travail
Dans notre dernier numéro, nous
attirions l’attention des chefs de la
Bourse du travail sur la gravité de
la situation, et nous faisions res
sortir l’urgence qu’il y avait à éli
miner de cette organisation ouvrière
les éléments perturbateurs. Les trou
bles du mercredi 24 avril justifiaient
nos craintes et une intervention
énergique des intéressés.
Le mal était plus grand et plus
profond qu’on ne pouvait soupçon
ner, et les événements du 1 er Mai
ont mis le comble à la légitime in
dignation de nos concitoyens. On a
vu se répéter, en s’aggravant, les
lamentables désordres de la semaine
précédente. Mus par une sorte d’im
pulsion maniaque, plusieurs cen
taines de manifestants se sont encore
dirigés vers le domicile particulier J
de M. Marais, maire.
Pourquoi choisir plutôt le domicile
du Maire que celui de telle ou telle
personnalité comme but de ces excur
sions bruyantes ? Nous ne nous char
geons pas de l’expliquer. Il paraît
d’ailleurs évident que si M. Marais
avait pris l’habitude de faire char
ger par de la cavalerie les attrou
pements menaçants pour sa sécurité
personnelle, les manifestants qui, à
l’instar de Panurge, craignent les
coups, auraient professé pour le
boulevard François-I er et pour ses
habitants le plus profond respect.
Le caractère dominant de nos pil
lards ne semble d’ailleurs pas être
la bravoure, et tel groupe qui s’a
charnait sur un inoffensif réverbère
ou sur les voyageurs isolés dans un
tramway, ont déguerpi à l’approche
des gendarmes. 11 y avait dans toute
cette affaire très peu de graine de
héros et n’est certes pas avec de tels
contingents qu’on aurait pris la Bas
tille.
Cette dernière expérience a été, on
peut l’affirmer, concluante, et l’Ad
ministration municipale, que cer
tains commençaient à accuser de
mansuétude, a considéré qu’il était
temps d’enrayer ce mouvement,
lequel n’avait d'ailleurs rien à voir
avec la question des trois huit ou de
la grève générale. Ce n'est pas en
cassant des vitres, en bousculant et
frappant d’in offensifs promeneurs
qu’on réforme une société.
Le Maire a fermé provisoirement
la Bourse du Travail.
Pouvait-il agir autrement, sans
engager sa responsabilité et sans
compromettre l’ordre public dont il
a la charge ? Nous ne le croyons
pas.
On sait que, dans ce journal, nous
avons toujours défendu avec con
viction, et au risque de déplaire par
fois à certains de nos amis, les
libertés de la classe ouvrière, que
nous avons été des partisans de la
première heure de la Bourse du
Travail.
Mais nous estimons, à tort ou à
raison, que, sans le maintien absolu
de l’ordre matériel, la liberté n’est
qu’un vain mot. En république, plus
encore que sous tout autre régime,
obéissance est due aux lois. Et, pour
ne parler que de celles qui assument
la tranquillité de la rue, il est évi
dent que, si nos ancêtres ont mis à
la raison les grands seigneurs de
jadis qui se faisaient un jeu de ros
ser les manants et même le guet,
ce n’est pas pour que nous tolérions
les insultes et les brimades de quel
ques douzaines de polissons.
Quel a été dans tout cela le rôle
de la Bourse du Travail? Nous
sommes forcés de constater, et
nous le faisons bien à regret, que
ses chefs n’ont rien fait pour empê -
cher de se produire des mani
festations qu’on annonçaient comme
bruyantes.
Bien plus, il résulte de renseigne
ments sûrs relatifs aux incidents qui
se sont passés aux deux réunions
publiques des 24 avril et 1 er mai,
que les autorités de la Bourse du
Travail ont plutôt agi pour surexci
ter les esprits et les pousser aux
désordres. Nous pouvons affirmer
que, dans la réunion du 1 er mai, M.
Montagne, président nouvellement
élu de la Bourse du Travail, a pro
posé un ordre du jour se terminant
par un appel tendant à « la sup
pression de la bourgeoisie crapu
leuse ».
Il est fort possible que ce jeune
homme n’ait pas calculé la portée
exacte de ses paroles. Il apparte
nait à son entourage de 1 en avertir
et de le rappeler à la modération de
langage que comportaient ses fonc
tions.
La fermeture de la Bourse du
Travail est donc la conséquence
naturelle, inévitable de cette atti
tude de dirigeants qui ont méconnu
leurs devoirs.
Les travailleurs sincères de notre
ville, avertis par ces tristes événe
ments, doivent comprendre mainte
nant qu’ils ont été leurrés par ceux
qui, au lieu de les grouper en vue
de l’amélioration de leur sort et la
défense de leurs intérêts, les ont
engagés dans la voie des violences
inutiles et odieuses.
Il leur appartient de secouer le
joug qu’ils se sont laissé imposer par
quelques meneurs. Que les syndicats
reprennent en main la gestion de
leurs groupements corporatifs, qu’ils
s’occupent avant tout du mouve
ment économique dans lequel ils
sont un facteur puissant. Qu ils re
parent le mécanisme faussé de l’or
ganisation ouvrière dans notre viile.
Qu’ils tiennent en suspicion, comme
ils le méritent, les agitateurs anar
chistes et blanquistes qui sont res
ponsables de tout ce qui vient d’arri
ver.
Ce jour-là, la Bourse du Travail,
fermée provisoirement, pourra fonc
tionner à nouveau pour le plus grand
bien de la classe ouvrière. Et elle
se méfiera, comme de ses pires en
nemis, de ceux qui lui conseilleraient
la violence.
VERUS
Au Journal du Havre
Ainsi que d’habitude, le Journal du
Havre profite des incidents relatifs à la
Bourse du Travail, pour selivrer contre
l’Administration municipale à ses
diatribes ordinaires. Il est en effet
dans son rôle lorsqu’il en profite pour
se livrer à ses déclarations réaction
naires et agiter le spectre rouge.
M. Inouïs Brindeau a vraiment bien
tort de prendre une telle attitude. Il
oublie que, lors des grèves des journa
liers qui se sont produites pendant son
passage à la Mairie, aucun de ses ad
versaires politiques n’a employé contre
lui de tels moyens. Et pourtant plus
d’un déplorait ses maladresses et son
esprit d’indécision.
Aurait-on par hasard, brisé quelque
vitre de M. Dubosc, protecteur et
bienfaiteur du Journal du Havre ?
Alors tout s’expliquerait et l’on com
prendrait la grande colère de cet or
gane méliniste.
L’ÉLECTION DE BOURG
Un bel exemple de discipline répu
blicaine vient d’être donné par M.
Pierre Goujon, candidat radical dans
la première circonscription de Bourg
(Ain).
Au scrutin qui a eu lieu dimanche
dernier, M. Pierre Goujon obtenait
5,129 voix; son concurrent rqdical,
M. Authier, en obtenait 5,939, tandis
que le candidat des réactionnaires,
M. Darne, ne réunissait que 1,893
suffrages.
M. Pierre Goujon, n’étant en mino
rité que de 800 voix, pouvait conti
nuer la lutte, sans encourir le repro
che de faire le jeu du candidat réac
tionnaire qui est battu définitivement.
Il ne l’a point voulu, refusant de di
viser les voix républicaines par une
campagne qu’il eût dû mener contre un
concurrent radical comme lui.
M. Pierre Goujon vient de se dé
sister, en invitant ses électeurs à re
porter leurs voix sur M. Authier.
Universitaires et Cléricaux
À la Faculté de droit, c’est comme
chez Nicolet : de plus fort en plus
fort. Non seulement on y donne un
enseignement clérical, mais on s’y
livre ouvertement à l'apologie des
coups d’Etat.
C’est ainsi que tout récemment, M.
Cbénon, professeur de droit constitu
tionnel, posant la question de l’im
prescriptibilité de la souveraineté, a
soutenu une théorie chère aux bona
partistes : d’après ce professeur, si un
tyran s’emparait du pouvoir et que le
peuple se laissât faire, il y aurait là
un consentement tacite qui excuserait,
qui légitimerait cette usurpation.
C’est la glorification du Deux-Dé
cembre.
Il y a mieux encore. Ce même M.
Cbénon n’a-t-il pas protesté avec force,
mardi dernier, contre l’article 2 de la
loi du 25 février 1875, qui stipule
que les membres des familles ayant
régné sur la France, sont inéligibles à
à la présidence de la République, sous
le prétexte bizarre que cet article est
contraire à la Déclaration des Droits
de l’Homme î
On ne peut nier que cet enseigne
ment ne soit fait pour les élèves des
établissements congréganistes qui peu
plent l’Ecole de droit : il complète les
premières notions qu’ils ont reçues.
Aussi ne faut-il point s’étonner outre
mesure de voir tant d’avocats réac
tionnaires hostiles aux idées républi
caines.
Le Discours de 1. Une
ET SES
Lamentations
Nos lecteurs connaissent, pour
l’avoir lu dans les journaux quoti
diens, le discours prononcé à Remi-
remont par M. Méline. Les journaux
progressistes du Havre, bien vus du
Père la Famine, ont eu la primeur
de cette harangue.
Nous laissons à ceux qui ont du
temps à perdre le soin de commenter
ce document, dont l’idée directrice
est le désir conçu par M. Méline et ses
amis de reconquérir le pouvoir, par
tous les moyens possibles, honnêtes et
autres. Trouvant ses troupes insuffi
santes, M. Méline fait les yeux doux
à certains radicaux de la majorité
ministérielle.
Ce sera peine perdue. Les radicaux
qui raisonnent et qui se souviennent
n’oublieront jamais la guerre sauvage
qui leur a été faite par le ministère
présidé par M. Méline. Ils se rappel
leront qu’ici même, dans notre ville
où le drapeau progressiste a couvert
les négociations les plus honteuses de
soi-disant républicains avec la réac
tion, soit aux élections législatives,
soit aux élections municipales, les
amis de M. Méline ont toujours trahi
la cause républicaine.
Notre devoir, à nous, démocrates,
est de repousser de telles avances et
de continuer la lutte engagée contre
la coalition cléricale progressiste qui
essaie de renverser le ministère de
défense républicaine et qui n’a pas
d’autre programme. Car, c’est là un
des signes caractéristiques du groupe
méliniste qu’il s’attaque à ceux qui
font des réformes, mais qu’en ce qui
le concerne il n’en préconise aucune.
Empêcher les autres de travailler, ce
n’est peut-être pas une ligne de con
duite que l’on puisse considérer com
me suffisante.
Il y a, au surplus, dans le discours
de M. Méline, de telles énormités
historiques que, le bonhomme ne
passant pas pour un naïf, doit en
conclure qu’il s’est moqué de ses
auditeurs.,
Cet homme, impopulaire par ses
palinodies et désormais sans autorité,
en est réduit aux facéties.
C’est ce que fait bien ressortir le
spirituel entrefilet du Matin que nous
reproduisons ci-après.
Dans les discours qu’il a prononcé
dimanche à Remiremont, M. Méline
nous a donné une définition de la
République. Le besoin s’en faisait
sentir.
Four ce faire, il a été chercher La
martine, derrière l’autorité duquel il
s’est retranché.
Excellente idée. Toutefois, jamais
on ne me fera croire que M. Méline
ait une haute idee de Lamartine autre
ment que comme poète. Il est bien
trop malin et trop « ficelle >> pour
cela. Seulement, la définition du poète
lui est utile en ce moment et il s’en
sert.
Le début est admirable :
« Le seul moyen, disait Lamartine,
de fonder en France une République
durable, je vais vous le dire en un
seul mot. »
Quand on songe que la République
durable, fondée d’après le procédé du
politique pratique, avisé et clair
voyant qu’était Lamartine, a duré
juste quatre ans, il est permis de sou
rire.
Et M. Meline a dû sourire en exhu
mant son fossile.
Le procédé recommandé par Lamar
tine est, du reste, très simple : il con
siste à ouvrir toutes grandes les portes
de la maison à ceux qui se proposent
de la démolir.
Et c’est ainsi qu’en 1852 un rallié
de marque, le prince Louis-Napoléon
Bonaparte, nommé président pour dé
fendre les institutions républicaines,
a proclamé l’empire, après avoir,
préalablement, coffré un certain nom
bre de citoyens et en avoir fait mas
sacrer quelques autres.
Après cette expérience, on conçoit
que les républicains d’aujourd’hui,
pleins de méfiance, ne soient pas dis
posés à trouver excellent le système
que préconisait Lamartine et que M.
Méline reprend à son compte.
C’est parce qu’ils l’ont repoussé,
n’ayant plus la fraîcheur d’âme des
républicains de 1848, que la Républi
que existe depuis trente et un ans et
a dépassé en duree tous les régimes
qui l’ont précédée en ce siècle.
H. Harduin.
*
* * *
D un autre cote, voici l’apprécia
tion du Petit Rouennais :
La fin des vacances parlementaires
est proche, et M. Méline a éprouvé le
besoin de haranguer ses fidèles élec
teurs, afin de stimuler par dessus leur
tête ses collègues de laChambre.
Le syndic de la faillite agricole se
désespère de ne plus être ministre, et
comme il voit l’autorité de M. Wal-
deck-Rousseau grandir sans cesse et la
majorité ministérielle bien résolue à
le suivre, il rallie ses troupes pour
tenter un nouvel assaut contre les
républicains qui sont au pouvoir.
On avait annoncé bruyamment le
discours de M. Méline comme s’il de
vait contenir quelque chose de nou
veau ou de aecisif, mais la déception
a été complète.
Comme on s’y attendait, l’ancien
président du conseil a fait le procès
du ministère qui, d’après lui, poursuit
une politique de combat et invoque la
défense républicaine pour pouvoir sa
tisfaire ses rancunes et briser les
fonctionnaires républicains.
. PuiSj l’orateur de la coalition clé-
rico-nationaliste a repris cette thèse
inepte que la presence de Millerand
daris le gouvernement est la cause des
grèves actuelles ; il a ajJué qu’il y a
grèves et grèves et que celles du pré
sent ont un caractère de gravité ex
ceptionnelle, parce que... Miilerand
est ministre.
Cette moderne évocation du spectre
rouge a paru ravir les auditeurs de
M, Méline. Ils ont fait la grimace, au
contraire, lorsque leur grand homme
a lait des avances déguisées aux radi
caux dont il voudrait bien embaucher
quelques-uns pour renforcer ses pro-
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 4 Mai 1801.
Havre
& D&i'
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 tr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
L’Imprimeur-Gérant ff. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
La Baiirsa it Travail
Dans notre dernier numéro, nous
attirions l’attention des chefs de la
Bourse du travail sur la gravité de
la situation, et nous faisions res
sortir l’urgence qu’il y avait à éli
miner de cette organisation ouvrière
les éléments perturbateurs. Les trou
bles du mercredi 24 avril justifiaient
nos craintes et une intervention
énergique des intéressés.
Le mal était plus grand et plus
profond qu’on ne pouvait soupçon
ner, et les événements du 1 er Mai
ont mis le comble à la légitime in
dignation de nos concitoyens. On a
vu se répéter, en s’aggravant, les
lamentables désordres de la semaine
précédente. Mus par une sorte d’im
pulsion maniaque, plusieurs cen
taines de manifestants se sont encore
dirigés vers le domicile particulier J
de M. Marais, maire.
Pourquoi choisir plutôt le domicile
du Maire que celui de telle ou telle
personnalité comme but de ces excur
sions bruyantes ? Nous ne nous char
geons pas de l’expliquer. Il paraît
d’ailleurs évident que si M. Marais
avait pris l’habitude de faire char
ger par de la cavalerie les attrou
pements menaçants pour sa sécurité
personnelle, les manifestants qui, à
l’instar de Panurge, craignent les
coups, auraient professé pour le
boulevard François-I er et pour ses
habitants le plus profond respect.
Le caractère dominant de nos pil
lards ne semble d’ailleurs pas être
la bravoure, et tel groupe qui s’a
charnait sur un inoffensif réverbère
ou sur les voyageurs isolés dans un
tramway, ont déguerpi à l’approche
des gendarmes. 11 y avait dans toute
cette affaire très peu de graine de
héros et n’est certes pas avec de tels
contingents qu’on aurait pris la Bas
tille.
Cette dernière expérience a été, on
peut l’affirmer, concluante, et l’Ad
ministration municipale, que cer
tains commençaient à accuser de
mansuétude, a considéré qu’il était
temps d’enrayer ce mouvement,
lequel n’avait d'ailleurs rien à voir
avec la question des trois huit ou de
la grève générale. Ce n'est pas en
cassant des vitres, en bousculant et
frappant d’in offensifs promeneurs
qu’on réforme une société.
Le Maire a fermé provisoirement
la Bourse du Travail.
Pouvait-il agir autrement, sans
engager sa responsabilité et sans
compromettre l’ordre public dont il
a la charge ? Nous ne le croyons
pas.
On sait que, dans ce journal, nous
avons toujours défendu avec con
viction, et au risque de déplaire par
fois à certains de nos amis, les
libertés de la classe ouvrière, que
nous avons été des partisans de la
première heure de la Bourse du
Travail.
Mais nous estimons, à tort ou à
raison, que, sans le maintien absolu
de l’ordre matériel, la liberté n’est
qu’un vain mot. En république, plus
encore que sous tout autre régime,
obéissance est due aux lois. Et, pour
ne parler que de celles qui assument
la tranquillité de la rue, il est évi
dent que, si nos ancêtres ont mis à
la raison les grands seigneurs de
jadis qui se faisaient un jeu de ros
ser les manants et même le guet,
ce n’est pas pour que nous tolérions
les insultes et les brimades de quel
ques douzaines de polissons.
Quel a été dans tout cela le rôle
de la Bourse du Travail? Nous
sommes forcés de constater, et
nous le faisons bien à regret, que
ses chefs n’ont rien fait pour empê -
cher de se produire des mani
festations qu’on annonçaient comme
bruyantes.
Bien plus, il résulte de renseigne
ments sûrs relatifs aux incidents qui
se sont passés aux deux réunions
publiques des 24 avril et 1 er mai,
que les autorités de la Bourse du
Travail ont plutôt agi pour surexci
ter les esprits et les pousser aux
désordres. Nous pouvons affirmer
que, dans la réunion du 1 er mai, M.
Montagne, président nouvellement
élu de la Bourse du Travail, a pro
posé un ordre du jour se terminant
par un appel tendant à « la sup
pression de la bourgeoisie crapu
leuse ».
Il est fort possible que ce jeune
homme n’ait pas calculé la portée
exacte de ses paroles. Il apparte
nait à son entourage de 1 en avertir
et de le rappeler à la modération de
langage que comportaient ses fonc
tions.
La fermeture de la Bourse du
Travail est donc la conséquence
naturelle, inévitable de cette atti
tude de dirigeants qui ont méconnu
leurs devoirs.
Les travailleurs sincères de notre
ville, avertis par ces tristes événe
ments, doivent comprendre mainte
nant qu’ils ont été leurrés par ceux
qui, au lieu de les grouper en vue
de l’amélioration de leur sort et la
défense de leurs intérêts, les ont
engagés dans la voie des violences
inutiles et odieuses.
Il leur appartient de secouer le
joug qu’ils se sont laissé imposer par
quelques meneurs. Que les syndicats
reprennent en main la gestion de
leurs groupements corporatifs, qu’ils
s’occupent avant tout du mouve
ment économique dans lequel ils
sont un facteur puissant. Qu ils re
parent le mécanisme faussé de l’or
ganisation ouvrière dans notre viile.
Qu’ils tiennent en suspicion, comme
ils le méritent, les agitateurs anar
chistes et blanquistes qui sont res
ponsables de tout ce qui vient d’arri
ver.
Ce jour-là, la Bourse du Travail,
fermée provisoirement, pourra fonc
tionner à nouveau pour le plus grand
bien de la classe ouvrière. Et elle
se méfiera, comme de ses pires en
nemis, de ceux qui lui conseilleraient
la violence.
VERUS
Au Journal du Havre
Ainsi que d’habitude, le Journal du
Havre profite des incidents relatifs à la
Bourse du Travail, pour selivrer contre
l’Administration municipale à ses
diatribes ordinaires. Il est en effet
dans son rôle lorsqu’il en profite pour
se livrer à ses déclarations réaction
naires et agiter le spectre rouge.
M. Inouïs Brindeau a vraiment bien
tort de prendre une telle attitude. Il
oublie que, lors des grèves des journa
liers qui se sont produites pendant son
passage à la Mairie, aucun de ses ad
versaires politiques n’a employé contre
lui de tels moyens. Et pourtant plus
d’un déplorait ses maladresses et son
esprit d’indécision.
Aurait-on par hasard, brisé quelque
vitre de M. Dubosc, protecteur et
bienfaiteur du Journal du Havre ?
Alors tout s’expliquerait et l’on com
prendrait la grande colère de cet or
gane méliniste.
L’ÉLECTION DE BOURG
Un bel exemple de discipline répu
blicaine vient d’être donné par M.
Pierre Goujon, candidat radical dans
la première circonscription de Bourg
(Ain).
Au scrutin qui a eu lieu dimanche
dernier, M. Pierre Goujon obtenait
5,129 voix; son concurrent rqdical,
M. Authier, en obtenait 5,939, tandis
que le candidat des réactionnaires,
M. Darne, ne réunissait que 1,893
suffrages.
M. Pierre Goujon, n’étant en mino
rité que de 800 voix, pouvait conti
nuer la lutte, sans encourir le repro
che de faire le jeu du candidat réac
tionnaire qui est battu définitivement.
Il ne l’a point voulu, refusant de di
viser les voix républicaines par une
campagne qu’il eût dû mener contre un
concurrent radical comme lui.
M. Pierre Goujon vient de se dé
sister, en invitant ses électeurs à re
porter leurs voix sur M. Authier.
Universitaires et Cléricaux
À la Faculté de droit, c’est comme
chez Nicolet : de plus fort en plus
fort. Non seulement on y donne un
enseignement clérical, mais on s’y
livre ouvertement à l'apologie des
coups d’Etat.
C’est ainsi que tout récemment, M.
Cbénon, professeur de droit constitu
tionnel, posant la question de l’im
prescriptibilité de la souveraineté, a
soutenu une théorie chère aux bona
partistes : d’après ce professeur, si un
tyran s’emparait du pouvoir et que le
peuple se laissât faire, il y aurait là
un consentement tacite qui excuserait,
qui légitimerait cette usurpation.
C’est la glorification du Deux-Dé
cembre.
Il y a mieux encore. Ce même M.
Cbénon n’a-t-il pas protesté avec force,
mardi dernier, contre l’article 2 de la
loi du 25 février 1875, qui stipule
que les membres des familles ayant
régné sur la France, sont inéligibles à
à la présidence de la République, sous
le prétexte bizarre que cet article est
contraire à la Déclaration des Droits
de l’Homme î
On ne peut nier que cet enseigne
ment ne soit fait pour les élèves des
établissements congréganistes qui peu
plent l’Ecole de droit : il complète les
premières notions qu’ils ont reçues.
Aussi ne faut-il point s’étonner outre
mesure de voir tant d’avocats réac
tionnaires hostiles aux idées républi
caines.
Le Discours de 1. Une
ET SES
Lamentations
Nos lecteurs connaissent, pour
l’avoir lu dans les journaux quoti
diens, le discours prononcé à Remi-
remont par M. Méline. Les journaux
progressistes du Havre, bien vus du
Père la Famine, ont eu la primeur
de cette harangue.
Nous laissons à ceux qui ont du
temps à perdre le soin de commenter
ce document, dont l’idée directrice
est le désir conçu par M. Méline et ses
amis de reconquérir le pouvoir, par
tous les moyens possibles, honnêtes et
autres. Trouvant ses troupes insuffi
santes, M. Méline fait les yeux doux
à certains radicaux de la majorité
ministérielle.
Ce sera peine perdue. Les radicaux
qui raisonnent et qui se souviennent
n’oublieront jamais la guerre sauvage
qui leur a été faite par le ministère
présidé par M. Méline. Ils se rappel
leront qu’ici même, dans notre ville
où le drapeau progressiste a couvert
les négociations les plus honteuses de
soi-disant républicains avec la réac
tion, soit aux élections législatives,
soit aux élections municipales, les
amis de M. Méline ont toujours trahi
la cause républicaine.
Notre devoir, à nous, démocrates,
est de repousser de telles avances et
de continuer la lutte engagée contre
la coalition cléricale progressiste qui
essaie de renverser le ministère de
défense républicaine et qui n’a pas
d’autre programme. Car, c’est là un
des signes caractéristiques du groupe
méliniste qu’il s’attaque à ceux qui
font des réformes, mais qu’en ce qui
le concerne il n’en préconise aucune.
Empêcher les autres de travailler, ce
n’est peut-être pas une ligne de con
duite que l’on puisse considérer com
me suffisante.
Il y a, au surplus, dans le discours
de M. Méline, de telles énormités
historiques que, le bonhomme ne
passant pas pour un naïf, doit en
conclure qu’il s’est moqué de ses
auditeurs.,
Cet homme, impopulaire par ses
palinodies et désormais sans autorité,
en est réduit aux facéties.
C’est ce que fait bien ressortir le
spirituel entrefilet du Matin que nous
reproduisons ci-après.
Dans les discours qu’il a prononcé
dimanche à Remiremont, M. Méline
nous a donné une définition de la
République. Le besoin s’en faisait
sentir.
Four ce faire, il a été chercher La
martine, derrière l’autorité duquel il
s’est retranché.
Excellente idée. Toutefois, jamais
on ne me fera croire que M. Méline
ait une haute idee de Lamartine autre
ment que comme poète. Il est bien
trop malin et trop « ficelle >> pour
cela. Seulement, la définition du poète
lui est utile en ce moment et il s’en
sert.
Le début est admirable :
« Le seul moyen, disait Lamartine,
de fonder en France une République
durable, je vais vous le dire en un
seul mot. »
Quand on songe que la République
durable, fondée d’après le procédé du
politique pratique, avisé et clair
voyant qu’était Lamartine, a duré
juste quatre ans, il est permis de sou
rire.
Et M. Meline a dû sourire en exhu
mant son fossile.
Le procédé recommandé par Lamar
tine est, du reste, très simple : il con
siste à ouvrir toutes grandes les portes
de la maison à ceux qui se proposent
de la démolir.
Et c’est ainsi qu’en 1852 un rallié
de marque, le prince Louis-Napoléon
Bonaparte, nommé président pour dé
fendre les institutions républicaines,
a proclamé l’empire, après avoir,
préalablement, coffré un certain nom
bre de citoyens et en avoir fait mas
sacrer quelques autres.
Après cette expérience, on conçoit
que les républicains d’aujourd’hui,
pleins de méfiance, ne soient pas dis
posés à trouver excellent le système
que préconisait Lamartine et que M.
Méline reprend à son compte.
C’est parce qu’ils l’ont repoussé,
n’ayant plus la fraîcheur d’âme des
républicains de 1848, que la Républi
que existe depuis trente et un ans et
a dépassé en duree tous les régimes
qui l’ont précédée en ce siècle.
H. Harduin.
*
* * *
D un autre cote, voici l’apprécia
tion du Petit Rouennais :
La fin des vacances parlementaires
est proche, et M. Méline a éprouvé le
besoin de haranguer ses fidèles élec
teurs, afin de stimuler par dessus leur
tête ses collègues de laChambre.
Le syndic de la faillite agricole se
désespère de ne plus être ministre, et
comme il voit l’autorité de M. Wal-
deck-Rousseau grandir sans cesse et la
majorité ministérielle bien résolue à
le suivre, il rallie ses troupes pour
tenter un nouvel assaut contre les
républicains qui sont au pouvoir.
On avait annoncé bruyamment le
discours de M. Méline comme s’il de
vait contenir quelque chose de nou
veau ou de aecisif, mais la déception
a été complète.
Comme on s’y attendait, l’ancien
président du conseil a fait le procès
du ministère qui, d’après lui, poursuit
une politique de combat et invoque la
défense républicaine pour pouvoir sa
tisfaire ses rancunes et briser les
fonctionnaires républicains.
. PuiSj l’orateur de la coalition clé-
rico-nationaliste a repris cette thèse
inepte que la presence de Millerand
daris le gouvernement est la cause des
grèves actuelles ; il a ajJué qu’il y a
grèves et grèves et que celles du pré
sent ont un caractère de gravité ex
ceptionnelle, parce que... Miilerand
est ministre.
Cette moderne évocation du spectre
rouge a paru ravir les auditeurs de
M, Méline. Ils ont fait la grimace, au
contraire, lorsque leur grand homme
a lait des avances déguisées aux radi
caux dont il voudrait bien embaucher
quelques-uns pour renforcer ses pro-
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