Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-04-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 avril 1901 27 avril 1901
Description : 1901/04/27 (N261). 1901/04/27 (N261).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634609
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
DÉPÔT LÉGAL
*
Année 190 I
6 e Année — 1 ° 261.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 27 Avril 1901.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15 ,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE CASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
LTmprimeuu-Gérant F. LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Nouvelles Samineriis
Dans sa séance de mercredi der
nier le Conseil municipal, entre au
tres crédits, votait l’approbation du
budget de la Bourse du Travail, et
accordait à cette institution une
allocation pour se faire représenter
au Congrès pacifique des « Trade-
Unions » qui doit avoir lieu prochai
nement à Londres. En même temps,
une subvention était accordée au
Syndicat local des Employés des
Tabacs pour lui permettre d’avoir
un délégué au Congrès annuel.
Ces divers votes montrent assez
qu’en dépit de certaines tendances
qui s’étaient manifestées il y a quel
ques mois au Conseil municipal, en
vue de doter moins libéralement les
groupes ouvriers, cette assemblée a
•compris qu’elle devait se montrer
également généreuse pour toutes
les organisations sérieuses qui ont
pour but de faciliter l’étude des
questions sociales et ouvrières. Elle
n’a pas tenu rigueur de certaines
injures qui lui avaient été adressées
à l’occasion de diverses polémiques
'quelque peu intempérantes.
En somme, ce n’était là qu’un
acte de stricte justice, dont nous
n’avons même pas à féliciter le
Conseil municipal, lequel n’a fait
que soa devoir. Au surplus, comme
la Ville s’impose des sacrifices, qui
pèsent encore sur son budget, pour
la Bourse de Commerce, on ne voit
pas pourquoi elle refuserait ses en
couragements à la Bourse du Tra
vail, qui représente aussi des inté
rêts de premier ordre.
Ce même soir, à l’heure précise
oîi le Conseil s’occupait de la Bourse
du Travail, sous la présidence de
M. Marais, Maire, des incidents se
produisaient à la salle Franklin qu’on
ne peut passer sous silence, et qui
sont la reproduction de ceux qui ont
ému notre ville l’année dernière. A
l’issue d’une conférence sur le 1 er
Mai et sur la Grève générale, un
cortège s’est formé de Franklin, à
l’Hôtel de Ville, de sorte qu’il a
coïncidé avec la sortie du Conseil
municipal. Sous prétexte qu’on au
rait refusé la grande salle de Fran
klin, qui d’ailleurs, semble-t-il, avait
été demandée à la dernière heure,
un groupe assez considérable de
manifestants s’est arrêté devant la
Mairie, pour s’engager à la suite
de M. Marais et l’accompagner jus
qu’à son domicile. Il parait décidé
ment que, pour certaines gens, le
charivari boulevard François-I er de
vient de rigueur.
Il nous a été donné d’étudier ce
cortège, et nous devons dire que le
spectacle auquel nous avons assiste
est un des plus écoeurants et des
plus grotesques qu’on puisse ima-
gner.
Qu’on se figure une bande de
gamins de 15 à 18 ans (singuliers
électeurs !) hurlant dans un flot
d’injures et de menaces : « Démis
sion ! Démission ! Conspuez un tel,
Conspuez ! » Mêlez y quelques adul
tes poussant en avant les jeunes,
par prudence, et vociférant à l’envi.
Ajoutez à ces huées quelques mesu
res d’une Carmagnole méconnais
sable, non pas chantée, mais tantôt
meuglée, tantôt bêlée par ces gens
qui s’obstinaient à profaner, dans
une escapade stupide, un de ces
chants sacrés et terribles que les
armées de la Révolution ont jetés en
défi à l’Europe. Le canon dont il y
est question n’est pas, qu’ils le sa
chent, celui qu’on prend sur le comp
toir.
Voilà le beau concert dont on a
fait hommage mercredi soir à
M. Marais et au groupe de conseil
lers municipaux qui ont tenu à ana
lyser l’état d’âme des révolution
naires imberbes engagés dans ce
régiment du Social-Gigolo.
Et maintenant, en spectateur im
partial de cet incident que nous vou
drions pouvoir prendre pour une
simple gaminerie, concluons par une
double prière.
La première s’adresse à M. le
Commissaire central qui n’a vrai
ment pas de chance dans l’exercice
de ses fonctions. Nous le supplions
de faire en sorte que ses agents
soient à l’avenir un peu plus rapides
à rétablir l’ordre troublé. Quand il
lui arrivera de requérir des gen
darmes, qu’il fasse en sorte qu’ils
n’arrivent pas sur les lieux avec un
retard de trois quarts d’heure. Se
raient-ils devenus des carabiniers ?
Notre seconde prière, nous l’a
dressons à nos amis de la Bourse du
Travail. Ils seront les premiers à
comprendre qu’ils doivent se déga
ger de toute solidarité avec les faux
ouvriers, les perturbateurs, défon
ceurs et pilleurs de magasins. U y
va de leur honneur.
Nous faisons surtout appel à MM.
Marck et Laville, On les dit éner
giques. Qu’ils dépensent la plus
grande partie de cette énergie pour
la défense des intérêts ouvriers,
nous le comprenons sans peine.
Mais qu’ils en gardent un peu pour
chasser de la Bourse du Travail et
pour châtier au besoin comme ils le
méritent ces insupportables gamins
qui au lieu de passer leurs soirées à
s’instruire, vont, après boire, s’é
gayer à insulter ceux qui représen
tent ici, avec des nuances diverses,
le parti républicain. Il y là quelques
oreilles à tirer.
Qui donc, dans notre ville, pour
rait avoir intérêt à dresser et entraî
ner la jeunesse aux mœurs natio
nalistes, si ce n’est la réaction?
VERUS
LES ÉLECTIONS CANTONALES
Plusieurs conseils généraux, celui
de la Seine-Inférieure notamment,
viennent d’émettre des vœux deman
dant que les élections pour le renou
vellement des assemblées départemen
tales et des conseils d’arrondissement
soient désormais fixées au mois de
mai.
Cette question de la date des élec
tions cantonales est actuellement pen
dante au Luxembourg.
D’une part, M. Cordelet a proposé
que les élections aient lieu en mai ;
d’autre part, M. Forgemol de Bostqué-
nard a déposé une proposition tendant
à reporter les élections du dernier
dimanche de juillet au premier
dimanche de mai.
La proposition Forgemol de Bost-
quénard, après avoir fait l’objet
d'un rapport favorable de la commis
sion d’initiative parlementaire, a été
prise en considération le 8 novembre
dernier.
La haute assemblée a pensé que la
fixation au mois de mai présentait des
inconvénients dont le principal est
que, à certaines années, les élections
cantonales pourraient coïncider avec
les élections législatives ou les élec
tions municipales. Au contraire, la
date du premier dimanche d’octobre,
également conforme aux convenances
des électeurs et des candidats, se con
cilierait avec les exigences des tra
vaux parlementaires ; elle permettrait
la révision antérieure dès listes élec
torales et aurait pour conséquence de
ne laisser entrer dans les conseils que
des élus dont les pouvoirs auraient
été vérifiés. La prise en considération
n’implique pas, d’ailleurs, l’adoption
au fond.
La proposition Forgemol reviendra
donc à la rentrée devant le Sénat et,
sans doute, la date du mois de mai
sera reprise comme amendement. On
demandera que le débat vienne le
plus tôt possible afin que la Chambre
puisse se prononcer à son tour et que,
si la date des élections cantonales
doit être modifiée, la loi nouvelle soit
promulguée avant le mois de juillet,
c’est-à-dire avant le prochain renou
vellement triennal. T. H.
NOS COURSES AU TROT
Les Parisiens amateurs de courses
au trot (et ils sont plus nombreux
qu’on ne croit) ont vu avec regret se
fermer l’hippodrome de Neuilly-Le-
vallois, où ils avaient assisté durant
plusieurs années, à des luttes vrai
ment passionnantes entre les meilleurs
représentants de notre élevage.
L’hippodrome de Neuiily était en
tièrement affecté aux trotteurs ; par
là même, il rendait, à lui tout seul,
plus de réels services à la cause du
cheval que tous les autres hippodro
mes réunis.
Dans les courses au galop, dans les
courses à obstacles, l’élément anglais
domine avec une formidable majorité;
et si ces courses avaient pour seul but,
comme on le dit, d’aider à l’amélio
ration hippique, encore est-il que ce
serait presque toujours en faveur des
chevaux nés ou descendant des étalons
d’Outre-Manche. Ne vient-on pas de
le voir récemment, d’une façon plus
frappante que jamais, par les succès,
dans des prix à allocations importan
tes, de divers produits d’étalons an
glais, les produits de Simoniau entr’-
autres. Du reste, quand bien même
les chevaux gagnants sortiraient des
haras de notre pays, la nationalité de
leurs entraîneurs, de leurs jockeys,
resterait là pour prouver que ce sport
si cher aux bookmakers (bien que ce
soit les joueurs qui paient) ne peut
pas être donné comme éminemment
national.
Veut-on une preuve de plus àT’ap-
pui de ce que nous venons d’avancer ?
L’année dernière, dans les deux cour
ses, richement dotées, où l’adminis
tration des haras a droit d’acheter le
cheval gagnant pour une somme fixée
d’avance, et qui n’est pas mince, le
fait suivant s’est produit, pour l’une
et pour l’autre course, pour la course
au galop comme pour la course à
obstacles. A Maisons-Laffitte, en plat,
c’est M. Amédée qui remporte la vic
toire : et l’Etat refuse de l’acheter.
A Àuteuil, en steeple-chasse, c’est
Gratiu qui est vainqueur : et l’Etat
le laisse à son propriétaire. Ainsi, par
deux fois, l’administration des haras
n’a pas voulu admettre dans son ser
vice d’étalons les gagnants des deux
seules courses de l’année dont il se
réserve de réclamer les vainqueurs,
selon les conditions formellement sti
pulées au programme !
Voilà qui n’est guère flatteur pour
les entraîneurs anglais, encore que
Ceux-ci fassent tout le possible pour
nous faire prendre pour des cracks
des coureurs ordinaires que Saint
Georges, de l 'Echo de Paris , avait bien
raison de ce blaguer ». Notre distingué
confrère se récriait avec justice lors
qu’il voyait des prix fabuleux gagnés
par un hongre comme Bûcheron ou
par tel ou tel cheval qui finissait boi
teux un beau jour.
*
* *
Mais pourquoi nos courses au trot
ne sont-elles pas plus nombreuses, de
manière à faire mieux sentir leur supé
riorité hippique sur les courses au
galop ou à obstacles ? Hélas ! dans ce
sujet comme dans plusieurs autres, le
grand coupable, c’est l’esprit excessif
de centralisation qui fait que, dans
notre pays, tout a lieu à Paris, lequel
ne laisse à la province que les roga
tons du festin.
Sans doute, les courses qui se don
naient à Neuilly-Levallois vont être
reprises à Saint-Cloud, quand ce nou
vel hippodrome pourra être réouvert.
D’autre part, les courses au trot qui
se disputaient à Vincennes ne seront
pas supprimées ; et, à Saint-Cloud
comme à Vincennes, notre élevage
normand peut espérer encore quel
ques jours de gloire. Mais, en Nor
mandie même, quand la saison est
venue, comment ne cherche-t-on pas
à rendre plus attrayantes pour l’élé
ment non local des courses qui de
vraient attirer tous les hommes de
sport français ?
Le moyen, me demandera-t-on ?
J’en vois un, que je vais dire. En
général, les Parisiens qui se déplacent
l’été ont coutume, une fois qu’ils sont
chez nous, d’oublier qu’ils sont com
patriotes pour afficher des manières
susceptibles de les faire confondre
avec des Anglais pur-sang. Ils vien
nent d’assister au grand prix. Ne leur
parlez plus d’auire chose que du Roi
Soleil, de Gardefeu, de Perth ou de
Semendria. Et pourtant, quant à
Caen ou à Trouville, les courses au
galop sont terminées, ceux d’entre
eux qui poussent la condescendance
envers nous jusqu’à bien vouloir assis
ter à quelques unes de nos épreuves
de trot, ne manquent pas, avec une
ingénuité qui désarme, de s’enthou
siasmer tout à coup sur nos excellents
trotteurs. Ils ne peuvent pas se tenir
d’admiration ; vous les apercevez
jurant leurs grands dieux que les
courses au trot sont les vraies courses,
et qu’il n’y a que dans celles-là qu’on
puisse trouver le plaisir d’un spec
tacle.
*
* *
Ne l’ai-je pas dit en commençant?
les Parisieus amateurs de nos courses
normandes sont beaucoup plus nom
breux qu’on ne croit. Le tout, c’est
de les mettre en face de nos chevaux.
Aussitôt là, ils sont convaincus, et ils
ne regrettent pas leur dérangement.
Mais, si beaucoup de Parisiens vien
nent suivre en Normandie les courses
au galop, combien d’entre eux sont
repartis avant que les courses au trot
n’aient commencé. Il n’est plus pos
sible de les faire revenir pour les per
suader par des preuves. Ces preuves,
il faudrait trouver un moyen de les
leur donner sans qu’ils s’y attendent,
presqu’à leur insu. Ce moyen à trou
ver ne pourrait-il pas être ceci : la
création de journées de courses mix
tes, et même le remplacement par des
courses mixtes de toutes les journées
uniquement réservées au trot. On me
répondra que chaque réunion de trot
se termine par un steeple-chasse ou
par une course de haies. Mais, steeple-
chasse ou haies, cette dernière course
ne suffit pas.
Je pense qu’il faudrait composer
ainsi le programme de chaque réunion :
une course à obstacles, deux courses
au galop, trois courses au trot. Evi
demment, il y aurait à ordonner cela
pour le mieux, à ne pas placer, par
exemple, les trois courses au trot con
sécutivement, ni au début, ni à la fin
de la réunion. Mais la solution est là,
il me semble, et je ne la découvre pas
ailleurs.
★
* *
J’appelle là-dessus l’attention de
nos entraîneurs, comme de tous nos
compatriotes. Faire aimer nos trot
teurs à tous les Français, tel est le
devoir qui s’impose. Si les journaux
spéciaux de Paris veulent nous aider
dans notre tâche, ils le peuvent, et ils
agiront utilement en le faisant.
Le service rendu à la cause cheva
line sera immense. D’autre part, dans
notre région, le commerce gagnerait
beaucoup à un nouvel état de choses.
Et puis, pour ne nous placer qu’au
point de vue national, en dehors de
tout particularisme, ne voit-on pas
que du jour ou Parisiens et Normands
fraterniseront, dans le goût d’un sport
vraiment beau et vraiment pratique,
il y aura un grand pas de fait en
France ?
Ce sera de la bonne décentralisa
tion, de l’excellent patriotisme. Nous
ne sommes point Anglais, que diable I
Pourquoi nous obstinerions nous a
demander à des étrangers ce dont
nous possédons nous-mêmes mieux
que l’équivalent?
La question est urgente. N’atten
dons pas qu’il soit trop tard.
Edmond.
CONSEIL MUNICIPAL
Séance du 24 avril 1901
Sous la Présidence de M. Marais, Maire
A 8 heures 3/4, M. le Maire entre
en salle, suivi de son Conseil munici
pal, presque au complet, comme pour
lui témoigner leurs vives sympathies
à son retour de Nice, où il était allé
pour rétablir sa santé, compromise
par un trop grand surmenage, jj p g$
Il déclare la séance ouverte. La
beture du procès-verbal et l’appel
*
Année 190 I
6 e Année — 1 ° 261.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 27 Avril 1901.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
15 ,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE CASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
LTmprimeuu-Gérant F. LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Nouvelles Samineriis
Dans sa séance de mercredi der
nier le Conseil municipal, entre au
tres crédits, votait l’approbation du
budget de la Bourse du Travail, et
accordait à cette institution une
allocation pour se faire représenter
au Congrès pacifique des « Trade-
Unions » qui doit avoir lieu prochai
nement à Londres. En même temps,
une subvention était accordée au
Syndicat local des Employés des
Tabacs pour lui permettre d’avoir
un délégué au Congrès annuel.
Ces divers votes montrent assez
qu’en dépit de certaines tendances
qui s’étaient manifestées il y a quel
ques mois au Conseil municipal, en
vue de doter moins libéralement les
groupes ouvriers, cette assemblée a
•compris qu’elle devait se montrer
également généreuse pour toutes
les organisations sérieuses qui ont
pour but de faciliter l’étude des
questions sociales et ouvrières. Elle
n’a pas tenu rigueur de certaines
injures qui lui avaient été adressées
à l’occasion de diverses polémiques
'quelque peu intempérantes.
En somme, ce n’était là qu’un
acte de stricte justice, dont nous
n’avons même pas à féliciter le
Conseil municipal, lequel n’a fait
que soa devoir. Au surplus, comme
la Ville s’impose des sacrifices, qui
pèsent encore sur son budget, pour
la Bourse de Commerce, on ne voit
pas pourquoi elle refuserait ses en
couragements à la Bourse du Tra
vail, qui représente aussi des inté
rêts de premier ordre.
Ce même soir, à l’heure précise
oîi le Conseil s’occupait de la Bourse
du Travail, sous la présidence de
M. Marais, Maire, des incidents se
produisaient à la salle Franklin qu’on
ne peut passer sous silence, et qui
sont la reproduction de ceux qui ont
ému notre ville l’année dernière. A
l’issue d’une conférence sur le 1 er
Mai et sur la Grève générale, un
cortège s’est formé de Franklin, à
l’Hôtel de Ville, de sorte qu’il a
coïncidé avec la sortie du Conseil
municipal. Sous prétexte qu’on au
rait refusé la grande salle de Fran
klin, qui d’ailleurs, semble-t-il, avait
été demandée à la dernière heure,
un groupe assez considérable de
manifestants s’est arrêté devant la
Mairie, pour s’engager à la suite
de M. Marais et l’accompagner jus
qu’à son domicile. Il parait décidé
ment que, pour certaines gens, le
charivari boulevard François-I er de
vient de rigueur.
Il nous a été donné d’étudier ce
cortège, et nous devons dire que le
spectacle auquel nous avons assiste
est un des plus écoeurants et des
plus grotesques qu’on puisse ima-
gner.
Qu’on se figure une bande de
gamins de 15 à 18 ans (singuliers
électeurs !) hurlant dans un flot
d’injures et de menaces : « Démis
sion ! Démission ! Conspuez un tel,
Conspuez ! » Mêlez y quelques adul
tes poussant en avant les jeunes,
par prudence, et vociférant à l’envi.
Ajoutez à ces huées quelques mesu
res d’une Carmagnole méconnais
sable, non pas chantée, mais tantôt
meuglée, tantôt bêlée par ces gens
qui s’obstinaient à profaner, dans
une escapade stupide, un de ces
chants sacrés et terribles que les
armées de la Révolution ont jetés en
défi à l’Europe. Le canon dont il y
est question n’est pas, qu’ils le sa
chent, celui qu’on prend sur le comp
toir.
Voilà le beau concert dont on a
fait hommage mercredi soir à
M. Marais et au groupe de conseil
lers municipaux qui ont tenu à ana
lyser l’état d’âme des révolution
naires imberbes engagés dans ce
régiment du Social-Gigolo.
Et maintenant, en spectateur im
partial de cet incident que nous vou
drions pouvoir prendre pour une
simple gaminerie, concluons par une
double prière.
La première s’adresse à M. le
Commissaire central qui n’a vrai
ment pas de chance dans l’exercice
de ses fonctions. Nous le supplions
de faire en sorte que ses agents
soient à l’avenir un peu plus rapides
à rétablir l’ordre troublé. Quand il
lui arrivera de requérir des gen
darmes, qu’il fasse en sorte qu’ils
n’arrivent pas sur les lieux avec un
retard de trois quarts d’heure. Se
raient-ils devenus des carabiniers ?
Notre seconde prière, nous l’a
dressons à nos amis de la Bourse du
Travail. Ils seront les premiers à
comprendre qu’ils doivent se déga
ger de toute solidarité avec les faux
ouvriers, les perturbateurs, défon
ceurs et pilleurs de magasins. U y
va de leur honneur.
Nous faisons surtout appel à MM.
Marck et Laville, On les dit éner
giques. Qu’ils dépensent la plus
grande partie de cette énergie pour
la défense des intérêts ouvriers,
nous le comprenons sans peine.
Mais qu’ils en gardent un peu pour
chasser de la Bourse du Travail et
pour châtier au besoin comme ils le
méritent ces insupportables gamins
qui au lieu de passer leurs soirées à
s’instruire, vont, après boire, s’é
gayer à insulter ceux qui représen
tent ici, avec des nuances diverses,
le parti républicain. Il y là quelques
oreilles à tirer.
Qui donc, dans notre ville, pour
rait avoir intérêt à dresser et entraî
ner la jeunesse aux mœurs natio
nalistes, si ce n’est la réaction?
VERUS
LES ÉLECTIONS CANTONALES
Plusieurs conseils généraux, celui
de la Seine-Inférieure notamment,
viennent d’émettre des vœux deman
dant que les élections pour le renou
vellement des assemblées départemen
tales et des conseils d’arrondissement
soient désormais fixées au mois de
mai.
Cette question de la date des élec
tions cantonales est actuellement pen
dante au Luxembourg.
D’une part, M. Cordelet a proposé
que les élections aient lieu en mai ;
d’autre part, M. Forgemol de Bostqué-
nard a déposé une proposition tendant
à reporter les élections du dernier
dimanche de juillet au premier
dimanche de mai.
La proposition Forgemol de Bost-
quénard, après avoir fait l’objet
d'un rapport favorable de la commis
sion d’initiative parlementaire, a été
prise en considération le 8 novembre
dernier.
La haute assemblée a pensé que la
fixation au mois de mai présentait des
inconvénients dont le principal est
que, à certaines années, les élections
cantonales pourraient coïncider avec
les élections législatives ou les élec
tions municipales. Au contraire, la
date du premier dimanche d’octobre,
également conforme aux convenances
des électeurs et des candidats, se con
cilierait avec les exigences des tra
vaux parlementaires ; elle permettrait
la révision antérieure dès listes élec
torales et aurait pour conséquence de
ne laisser entrer dans les conseils que
des élus dont les pouvoirs auraient
été vérifiés. La prise en considération
n’implique pas, d’ailleurs, l’adoption
au fond.
La proposition Forgemol reviendra
donc à la rentrée devant le Sénat et,
sans doute, la date du mois de mai
sera reprise comme amendement. On
demandera que le débat vienne le
plus tôt possible afin que la Chambre
puisse se prononcer à son tour et que,
si la date des élections cantonales
doit être modifiée, la loi nouvelle soit
promulguée avant le mois de juillet,
c’est-à-dire avant le prochain renou
vellement triennal. T. H.
NOS COURSES AU TROT
Les Parisiens amateurs de courses
au trot (et ils sont plus nombreux
qu’on ne croit) ont vu avec regret se
fermer l’hippodrome de Neuilly-Le-
vallois, où ils avaient assisté durant
plusieurs années, à des luttes vrai
ment passionnantes entre les meilleurs
représentants de notre élevage.
L’hippodrome de Neuiily était en
tièrement affecté aux trotteurs ; par
là même, il rendait, à lui tout seul,
plus de réels services à la cause du
cheval que tous les autres hippodro
mes réunis.
Dans les courses au galop, dans les
courses à obstacles, l’élément anglais
domine avec une formidable majorité;
et si ces courses avaient pour seul but,
comme on le dit, d’aider à l’amélio
ration hippique, encore est-il que ce
serait presque toujours en faveur des
chevaux nés ou descendant des étalons
d’Outre-Manche. Ne vient-on pas de
le voir récemment, d’une façon plus
frappante que jamais, par les succès,
dans des prix à allocations importan
tes, de divers produits d’étalons an
glais, les produits de Simoniau entr’-
autres. Du reste, quand bien même
les chevaux gagnants sortiraient des
haras de notre pays, la nationalité de
leurs entraîneurs, de leurs jockeys,
resterait là pour prouver que ce sport
si cher aux bookmakers (bien que ce
soit les joueurs qui paient) ne peut
pas être donné comme éminemment
national.
Veut-on une preuve de plus àT’ap-
pui de ce que nous venons d’avancer ?
L’année dernière, dans les deux cour
ses, richement dotées, où l’adminis
tration des haras a droit d’acheter le
cheval gagnant pour une somme fixée
d’avance, et qui n’est pas mince, le
fait suivant s’est produit, pour l’une
et pour l’autre course, pour la course
au galop comme pour la course à
obstacles. A Maisons-Laffitte, en plat,
c’est M. Amédée qui remporte la vic
toire : et l’Etat refuse de l’acheter.
A Àuteuil, en steeple-chasse, c’est
Gratiu qui est vainqueur : et l’Etat
le laisse à son propriétaire. Ainsi, par
deux fois, l’administration des haras
n’a pas voulu admettre dans son ser
vice d’étalons les gagnants des deux
seules courses de l’année dont il se
réserve de réclamer les vainqueurs,
selon les conditions formellement sti
pulées au programme !
Voilà qui n’est guère flatteur pour
les entraîneurs anglais, encore que
Ceux-ci fassent tout le possible pour
nous faire prendre pour des cracks
des coureurs ordinaires que Saint
Georges, de l 'Echo de Paris , avait bien
raison de ce blaguer ». Notre distingué
confrère se récriait avec justice lors
qu’il voyait des prix fabuleux gagnés
par un hongre comme Bûcheron ou
par tel ou tel cheval qui finissait boi
teux un beau jour.
*
* *
Mais pourquoi nos courses au trot
ne sont-elles pas plus nombreuses, de
manière à faire mieux sentir leur supé
riorité hippique sur les courses au
galop ou à obstacles ? Hélas ! dans ce
sujet comme dans plusieurs autres, le
grand coupable, c’est l’esprit excessif
de centralisation qui fait que, dans
notre pays, tout a lieu à Paris, lequel
ne laisse à la province que les roga
tons du festin.
Sans doute, les courses qui se don
naient à Neuilly-Levallois vont être
reprises à Saint-Cloud, quand ce nou
vel hippodrome pourra être réouvert.
D’autre part, les courses au trot qui
se disputaient à Vincennes ne seront
pas supprimées ; et, à Saint-Cloud
comme à Vincennes, notre élevage
normand peut espérer encore quel
ques jours de gloire. Mais, en Nor
mandie même, quand la saison est
venue, comment ne cherche-t-on pas
à rendre plus attrayantes pour l’élé
ment non local des courses qui de
vraient attirer tous les hommes de
sport français ?
Le moyen, me demandera-t-on ?
J’en vois un, que je vais dire. En
général, les Parisiens qui se déplacent
l’été ont coutume, une fois qu’ils sont
chez nous, d’oublier qu’ils sont com
patriotes pour afficher des manières
susceptibles de les faire confondre
avec des Anglais pur-sang. Ils vien
nent d’assister au grand prix. Ne leur
parlez plus d’auire chose que du Roi
Soleil, de Gardefeu, de Perth ou de
Semendria. Et pourtant, quant à
Caen ou à Trouville, les courses au
galop sont terminées, ceux d’entre
eux qui poussent la condescendance
envers nous jusqu’à bien vouloir assis
ter à quelques unes de nos épreuves
de trot, ne manquent pas, avec une
ingénuité qui désarme, de s’enthou
siasmer tout à coup sur nos excellents
trotteurs. Ils ne peuvent pas se tenir
d’admiration ; vous les apercevez
jurant leurs grands dieux que les
courses au trot sont les vraies courses,
et qu’il n’y a que dans celles-là qu’on
puisse trouver le plaisir d’un spec
tacle.
*
* *
Ne l’ai-je pas dit en commençant?
les Parisieus amateurs de nos courses
normandes sont beaucoup plus nom
breux qu’on ne croit. Le tout, c’est
de les mettre en face de nos chevaux.
Aussitôt là, ils sont convaincus, et ils
ne regrettent pas leur dérangement.
Mais, si beaucoup de Parisiens vien
nent suivre en Normandie les courses
au galop, combien d’entre eux sont
repartis avant que les courses au trot
n’aient commencé. Il n’est plus pos
sible de les faire revenir pour les per
suader par des preuves. Ces preuves,
il faudrait trouver un moyen de les
leur donner sans qu’ils s’y attendent,
presqu’à leur insu. Ce moyen à trou
ver ne pourrait-il pas être ceci : la
création de journées de courses mix
tes, et même le remplacement par des
courses mixtes de toutes les journées
uniquement réservées au trot. On me
répondra que chaque réunion de trot
se termine par un steeple-chasse ou
par une course de haies. Mais, steeple-
chasse ou haies, cette dernière course
ne suffit pas.
Je pense qu’il faudrait composer
ainsi le programme de chaque réunion :
une course à obstacles, deux courses
au galop, trois courses au trot. Evi
demment, il y aurait à ordonner cela
pour le mieux, à ne pas placer, par
exemple, les trois courses au trot con
sécutivement, ni au début, ni à la fin
de la réunion. Mais la solution est là,
il me semble, et je ne la découvre pas
ailleurs.
★
* *
J’appelle là-dessus l’attention de
nos entraîneurs, comme de tous nos
compatriotes. Faire aimer nos trot
teurs à tous les Français, tel est le
devoir qui s’impose. Si les journaux
spéciaux de Paris veulent nous aider
dans notre tâche, ils le peuvent, et ils
agiront utilement en le faisant.
Le service rendu à la cause cheva
line sera immense. D’autre part, dans
notre région, le commerce gagnerait
beaucoup à un nouvel état de choses.
Et puis, pour ne nous placer qu’au
point de vue national, en dehors de
tout particularisme, ne voit-on pas
que du jour ou Parisiens et Normands
fraterniseront, dans le goût d’un sport
vraiment beau et vraiment pratique,
il y aura un grand pas de fait en
France ?
Ce sera de la bonne décentralisa
tion, de l’excellent patriotisme. Nous
ne sommes point Anglais, que diable I
Pourquoi nous obstinerions nous a
demander à des étrangers ce dont
nous possédons nous-mêmes mieux
que l’équivalent?
La question est urgente. N’atten
dons pas qu’il soit trop tard.
Edmond.
CONSEIL MUNICIPAL
Séance du 24 avril 1901
Sous la Présidence de M. Marais, Maire
A 8 heures 3/4, M. le Maire entre
en salle, suivi de son Conseil munici
pal, presque au complet, comme pour
lui témoigner leurs vives sympathies
à son retour de Nice, où il était allé
pour rétablir sa santé, compromise
par un trop grand surmenage, jj p g$
Il déclare la séance ouverte. La
beture du procès-verbal et l’appel
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.41%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.41%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32634609/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32634609/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32634609/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32634609
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32634609
Facebook
Twitter