Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-04-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 avril 1901 20 avril 1901
Description : 1901/04/20 (N260). 1901/04/20 (N260).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263459n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
G e Année — A° 260.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 20 Avril 1901.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
ÏTImprimeur-Gérant w, LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
æifeüawBgaaas
Politique Financière
Je ne vais pas, lecteur, vous pré
senter de longues colonnes de chif
fres, incompréhensibles et fasti
dieuses. Je tiens simplement à res
ter dans la partie morale — parfois,
hélas, si immorale — de la politi
que financière. Nos bons députés
sont, chaque année, dans l’embar
ras pour trouver des nouvelles res
sources budgétaires. Ce n’est point
l’imagination qui manque, on a vite
fait de projeter des impôts : sur les
pianos, sur les livrées des domesti
ques, sur les particules nobiliaires,
que sais-je encore? Mais la plupart
de ces fœtus de l'incohérence parle
mentaire, après quelques mois de
gestation, dans les sous-commis
sions, avortent piteusement;. Fort
bien. Cependant, nous avons encore
trop de ces ridicules contributions en
exercice. Faut-il parler de la cote
établie sur les chiens, sur les bil
lards, que l’on peut considérer
.comme objets de luxe. Mais que
penser des impôts qui frappent des
objets de première nécessité ou
d’utilité incontestable?
Dans le mouvement d’agglomé
ration qui s’est révélé sur les diffé
rents continents, de même que dans
les différentes nations, avec la loi
du progrès, le travail se trouvant
davantage divisé, chaque individua
lité comme chaque contrée fournis
sant le produit qu’il lui est le plus
propre, le plus facile, le moins oné
reux à établir, la nécessité des
échanges s’est fait sentir au plus
haut point. Pour traverser les mers,
pour franchir les espaces quelcon
ques, les moyens de transport les
plus variés sont devenus indispen
sables. Eh bien, la logique imbécile
de nos hônimes d’Etat, ou soi-disant
tels, n’a trouvé rien de mieux que
de frapper tous les agents d’échan
ge, parce qu’ils voyaient la un cou
rant irrésistible. C*est ainsi que les
produits français ou étrangers, infi
mes ou considérables, naviguant
par mer, sont passibles du timbre
de nennaîssernent de 1 fr. ôô ; c’est
ainsi que les marchandises véhicu
lées par les messagers ou par le
chemin de fer, sont assujetties,
quelles qu’elles soient, à la lettre de
voiture.
C’est ainsi qu’un impôt est frappé
sur les bicyclettes, sur les automo
biles, sur les chevaux, voitures,
ânes et mulets, qui, s’ils sont par
fois employés aux promenades, sont
surtout destinés à entrer dans la
pratique usuelle de la vie. C’est
ainsi encore que nous payons nous-
mêmes, un droit de circulation qui
est perçu avec notre billet de chemin
de fer, tout comme pour un simple
paquet ; cette manière n’a rien de
flatteur pour nous.
Il n’est pas un acte de la vie qui
ne paie des impôts. D’oü il ressort
que l’homme est tacitement encou
ragé à se croiser les bras, à vivre
tout couché, dans l’inaction absolue.
Si même, il cherche, de son lit, à
faire travailler son cerveau en s’in
téressant à l’existence des choses,
pour en faire bénéficier ses congé
nères, on lui colle un impôt des
portes et fenêtres, impôt sur la lu
mière, sur l’air, sur la vie. La paix
du tombeau seule est capable de
nous exonérer des agents du fisc.
On se rend encore à peu près
compte des charges que l’on acquitte
directement, mais on ne voit pas
toutes celles, les plus considérables,
que l’on paie indirectement, soit
par la régie, l’octroi ou la douane.
Impôt sur le sel, sur la bougie, sur
le charbon, la viande, le pétrole,
les allumettes, le tabac, etc., etc.
Il n’est guère d’articles qui ne soient
pas atteints.
Il résulte de ces taxes de consom
mation, que l’humble citoyen, le
travailleur, l’ouvrier qui, comme
tous, a des besoins, et souvent plus
grands que la classe aisée, étant
plus chargé de famille, solde pro
portionnellement plus d’impôts que
le riche. On ne peut pas se passer
de manger, de se vêtir, de se loger,
ni de travailler.
Et quand il s’agit de couvrir les
frais d’un budget annuel de plus de
trois milliards, on n’est pas loin de
payer aux caisses de l’Etat près
d’une centaine de francs par tête,
en moyenne. Ce qui fait environ
cinq cents francs jour une famille
ordinaire de cinq personnes. Et je
ne parle pas des entraves apportées
au travail, à la vie économique de
la nation par un système vicieux
d’impôts qui favorise les grosses
fortunes scandaleusement, qui au
torise la fraude, la spéculation, 1&
spoliation.
Je parlais récemment du privi
lège des sucriers, il en est d’autres
encore, qui, par leur établissement,
font augmenter au profit d’agio
teurs, peu intéressants, le prix des
denrées considérablement. De telle
sorte, si le système actuel d’impôts
fait acquitter par famille cinq cents
francs à l’Etat, il en fait payer
autant, sinon plus, à d’éhontés spé
culateurs. En ce qui concerne les
transports, celui qui fait circuler
100,000 kilogrammes de marchan
dise ne paie pas plus de timbre de
connaissement ou de lettre de voi
ture que l’oüvrier qui s’approvi
sionne, par exemple, de dix kilos de
beurre dans son pays natal.
La réforme de l’assiette de l’im- j
pôt, voilà la vraie réforme à effec- J
tuer, et tant qu’on ne l’aura pas
accomplie intégralement, les injus
tices sociales se perpétueront. L’im
pôt sur les revenus, global, propor
tionné aux facultés, aux charges de
famille, est seul capable de rem
placer le système en vigueur, cor
rompu. Je sais que celui-ci est plus
doux à quelques privilégiés que
celui-là. C’est une raison pour la
quelle nous rencontrons de sourdes
résistances. Nos sénateurs, nos dé
putés, bien rentés fréquemment,
sacrifient-ils toujours leur intérêt
personnel à l’intérêt général? En
tous cas, c’est aux citoyens de voir,
de comprendre et de vouloir. C’est
de leurs volontés associées que naît
la loi. Qu’ils veulent l'impôt global
sur les revenus, en dépit de tous les
sarcasmes, et ce jour-là, ils auront
fait un grand pas vers le mieux
être.
Alf. HENRI.
Là DÉFAITE DE RAMBOUILLET
La saison printanière prête aux il
lusions; on croit toujours que le re
nouveau va accomplir les prodiges les
plus extravagants.
C’est pourquoi nous avons eu la
candeur d’espérer un instant que la
circonscription de Rambouillet élirait
un député républicain à la place de
M. Marcel Habert.
La réalité est plus conforme à la
logique.
Les chardons ne produisent jamais
de roses, les dépotoirs n’ont pas cou
tume d’exhaler des senteurs de vio
lettes, et la circonscription de Ram
bouillet infligerait un démenti à toutes
les lois naturelles si, cléricale et réac
tionnaire, elle n’envoyait pas à la
Chambre un député clérical et réac
tionnaire.
Pour éliminer du eorps électoral la
pourriture césarienne, il ne suffit pas
d’un traitement antiseptique de quel
ques semaines ou même de quelques
mois.
Rambouillet chérit sa gangrène,
qu’il la garde.
Deroulède a été battu à Angoulême
il y a quinze jours ; Marcel Habert
triomphe à Rambouiliet.
La victoire du second souligne la
défaite du premier, et le lieutenant se
pare des lauriers arrachés au front de
son général.
Le malentendu se corse ; il y aura
des surprises réjouissantes et des com
plications d’une haute cocasserie. Et
les républicains, qui trouveront bien
tôt leur compensation au petit dé
boire d'hier, se consoleront aisément
de n’avoir pas conquis Rambouillet.
J. Derriaz.
La Morale du Petit Savîe
À propos de l’élection de Ram
bouillet, on lit dans Le Petit Havre du
17 avril :
« La plupart des électeurs du pro
gressiste ont voté pour le rallié. D’où
résulte encore, comme le dit fort judi
cieusement Le Temps, que le meilleur
moyen de défendre la République n’est
pas de confier son drapeau à des répu
blicains de nuance radicale.
« C’est une indication dont il sera
sage de tenir compte dans un an, car
il est bien improbable que le senti
ment des électeurs se soit modifié d’ici
là. »
Voilà où en est tombé l’ancien
journal de Santallier. Il constate que,
dans la circonscription de Rambouil
let, les progressistes ont trahi la Répu
blique en votant pour le réactionnaire
par haine du radical, et il en conclut
que partout le radical doit s’effacer
devant le progressiste. Pour défendre
la République, on confiera tous les
mandats aux réactionnaires, et Le
Petit Havre sera content.
Cette politique de Gribouille ne
nous étonne pas dans les colonnes d’un
journal qui n’en est plus à compter
ses incohérences et ses palinodies. La
fréquentation de La Croix avec laquelle
il a collaboré aux dernières élections
municipales, le conduira encore plus
loin, nous en sommes convaincus.
Mais n’est-ce pas déjà une trou
vaille que cette prétention de punir
les radicaux des petites malpropretés
que commettent journellement les
progressistes nuance Rispal-Brideau ?
LA FRAf fC-fflAÇ QfTOIE
M. Delpech a prononcé une impro
visation excellente et qu’il nous paraît
utile de faire connaître et de répan
dre. Sans doute, nos lecteurs savent,
de façon ou d’autre, à quoi s’en tenir
sur le sens et l’origine de la campagne
contre la Franc-Maçonnerie et sur la
valeur de ces accusations. Il n'en est
pas moins vrai qu’on peut être sur
pris ou déconcerté par cette brusque
question : « Mais, la maçonnerie n'est-
ce pas une congrégation ? » C’est préci
sément cette question que l’on posa à
la fin de la conférence sur les Associa
tions que présidait à Nevers, M. le
Sénateur Delpech. Quelqu’un se leva
et dit : « Vous avez bien parlé des
congrégations mais vous ne nous avez
pas parié de la congrégation franc-
maçonne. » Voici à peu près, dit une
revue à laquelle nous empruntons ces
lignes, voici à peu pies ce que répon
dit M. Delpech :
Messieurs (au public ),
Votre confiance et votre sympathie m’a
vaient confié l’honneur de présider cette
séance. Je vous demande la permission
d’être maintenant conférencier moi aussi,
et de prendre la parole en cette qualité,
puisqu’on m’y oblige.
Monsieur [à TâUieur de la question ),
Vous nous donnez la qualification de
congréganistes. Je dis nous , car je ne
fais nulle difficulté de reconnaître que
cette conférence publique, ouverte à tous,
amis et ennemis de l’idée républicaine, a
été organisée par nous, par les francs-
maçons. Que signifie cette qualification ?
Dois-je la considérer comme un outrage
dont vous comprenez toute la gravité, ou
comme une accusation que vous nous
jetez à la face sans savoir aü juste et ce
que sont les congréganistes, et ce que
nous sommes ? Je commencerai par m’en
tenir provisoirement à ce dernier point
de vue, pour vous instruire de ce que
vous paraissez ignorer*
Nous sommes, Monsieur, le contraire
des congréganistes. Qu’est-ce qu’un con
gréganiste ? C’est d’abord un homme qui
renonce à toutes les libertés nécessaires
et légitimes, depuis les plus humbles
jusqu’aux plus hautes : Liberté d’aller,
de venir, de résider ici ou là. Liberté
d’agir, de vouloir. Liberté de penser, de
savoir, de critiquer, de juger, de com
prendre, d’être homme par l’intelligence.
— Toutes ces libertés, il les abdique. Et
il se lie par des vœux qui le retranchent
de la nation, de la cité, de l’humanité. Il
se voue, pour la vie, à de vaines et pué
riles pratiques, à des exercices futiles, à
des actes qu’il ne comprend pas et qui
sont contraires à la raison. Il se donne à
un chef (qui n’est presque jamais fran
çais), à un supérieur, à un homme qui
disposera à tout jamais de sa personne,
de sa volonté, de sa pensée. Et cela s’ap
pelle humilité, renoncement, vertu, sain
teté ! (Et c’est au-dessous, bien au-des-
sous de l’humanité moyenne.)
Etrange vertu, qui se confine dans
l’absteniion, dans la paresse, dans l’égoïs
me ! Le congréganiste, qui se crée de
fausses obligations, répudie tous ses vrais
devoirs d’homme, toutes les charges qui
incombent à l’être humain, adulte, sain et
normal. Il n’est point le travailleur libre
(le travail est servile), qui pourvoit à sa
subsistance, qui prend vaillamment sa
part de la besogne commune. Il a juré de
n’être point créateur et chef de famille :
Ce serait un crime, une déchéance pour
lui ; il n’aura pas d’enfants à nourrir, à
élever, à suivre dans la vie. C’est ainsi
qu’il se débarrasse, qu’il croit se libérer,
autant qu’il est en lui, de toutes les char
ges publiques, de toutes les charges socia
les. Il est dans sa patrie et dans l’humanité
l’ouvrier toujours inutile, toujours absent.
C’est un être anti-social.
Je me trompe : il feint — ou essaie —*
parfois de collaborer à l’œuvre commune.
Mais comme son inaction était préférable
à sa collaboration ! comme son absence
était bien moins préjudiciable que sa pré
sence. En effet, dans ses prétendues œu
vres d’assistance, d’enseignement, d’édu
cation, de civilisation, qu’apporte-t-il ?
Des méthodes surannées et irration
nelles, des ambitions anonymes et redou
tables, des préoccupations qui ont la pré
tention de s’élever au-dessus de l’huma
nité, mais qui sont impuissantes, en réa
lité, à atteindre le niveau de l’humanité
normale, de l’humanité moyenne. Mais,
aussi orgueilleux qu’il est incapable et
nul, il prétend tout dominer. Il prétend
imposer à tout et à tous la règle impé
rieuse et tyrannique d’un dogme immua
ble, d’un dogme qui, dépouillé de ses
mystères, de sa gloire factice et de ses
rayons, n’est en réalité, qu’un idéal mé
diocre, incomplet, faux, rudimentaire,
étrangement arriéré, digne seulement
d’une humanité « peine dégagée des fata
lités originelles, à peine délivrée des cor
ruptions et des déchéances qu’engendrè
rent les siècles les plus déplorables du
passé ténébreux et sanglant.
Les congréganistes ! Mettez d’un côté
leurs prétentions d’un orgueil insensé et
dè l’autre là misère de leurs œuvres, et
jugez. Prononcez,
Nous, Monsieur, ilotls ne prétendons
être que des hommes. Mais nous nous ef
forçons de nous faire de ce beau titre une
idée juste. Nous nous efforçons cfe remplir
dans la mesure de nos forces, cette idée..
Nous acceptons notre être et notre condi
tion, tels que nous les connaissons par la
science positive, toujours en progrès, tou
jours en action. Nous acceptons simple--
ment loyalement, notre rôle d’hommes.
Ces libertés que vos congréganistes re
doutent et affectent de dédaigner, nous les-
aimons, nous les respectons, nous les re
vendiquons courageusement comme la
plus belle part de notre héritage. Nous-
travaillons pour nous, pour les nôtres,
pour nos frères. Nous tenons à honneur
de créer une famille. Nous donnons à nos
enfants le meilleur de nous-mêmes, et
surtout notre libre esprit. Nous associons
nos femmes à nos travaux et à notre
œuvre. Elles tiennent à honneur de s’as-<
socier à nos épreuves, pour les partager
et les alléger.
Nous faisons plus. Fidèles à la tradition
de nos sublimes ancêtes, qui, un demi
siècle avant la Révolution, osèrent dire :
La Révolution sera, nous travaillons non
seulement à notre émancipation et à celle
de nos frères, mais encore à celle de tous
nos concitoyens, à celle du genre humain
tout entier. Depuis longtemps, les mora-
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 20 Avril 1901.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction.... Alfred HENRI
ÏTImprimeur-Gérant w, LE ROY
1 5
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
æifeüawBgaaas
Politique Financière
Je ne vais pas, lecteur, vous pré
senter de longues colonnes de chif
fres, incompréhensibles et fasti
dieuses. Je tiens simplement à res
ter dans la partie morale — parfois,
hélas, si immorale — de la politi
que financière. Nos bons députés
sont, chaque année, dans l’embar
ras pour trouver des nouvelles res
sources budgétaires. Ce n’est point
l’imagination qui manque, on a vite
fait de projeter des impôts : sur les
pianos, sur les livrées des domesti
ques, sur les particules nobiliaires,
que sais-je encore? Mais la plupart
de ces fœtus de l'incohérence parle
mentaire, après quelques mois de
gestation, dans les sous-commis
sions, avortent piteusement;. Fort
bien. Cependant, nous avons encore
trop de ces ridicules contributions en
exercice. Faut-il parler de la cote
établie sur les chiens, sur les bil
lards, que l’on peut considérer
.comme objets de luxe. Mais que
penser des impôts qui frappent des
objets de première nécessité ou
d’utilité incontestable?
Dans le mouvement d’agglomé
ration qui s’est révélé sur les diffé
rents continents, de même que dans
les différentes nations, avec la loi
du progrès, le travail se trouvant
davantage divisé, chaque individua
lité comme chaque contrée fournis
sant le produit qu’il lui est le plus
propre, le plus facile, le moins oné
reux à établir, la nécessité des
échanges s’est fait sentir au plus
haut point. Pour traverser les mers,
pour franchir les espaces quelcon
ques, les moyens de transport les
plus variés sont devenus indispen
sables. Eh bien, la logique imbécile
de nos hônimes d’Etat, ou soi-disant
tels, n’a trouvé rien de mieux que
de frapper tous les agents d’échan
ge, parce qu’ils voyaient la un cou
rant irrésistible. C*est ainsi que les
produits français ou étrangers, infi
mes ou considérables, naviguant
par mer, sont passibles du timbre
de nennaîssernent de 1 fr. ôô ; c’est
ainsi que les marchandises véhicu
lées par les messagers ou par le
chemin de fer, sont assujetties,
quelles qu’elles soient, à la lettre de
voiture.
C’est ainsi qu’un impôt est frappé
sur les bicyclettes, sur les automo
biles, sur les chevaux, voitures,
ânes et mulets, qui, s’ils sont par
fois employés aux promenades, sont
surtout destinés à entrer dans la
pratique usuelle de la vie. C’est
ainsi encore que nous payons nous-
mêmes, un droit de circulation qui
est perçu avec notre billet de chemin
de fer, tout comme pour un simple
paquet ; cette manière n’a rien de
flatteur pour nous.
Il n’est pas un acte de la vie qui
ne paie des impôts. D’oü il ressort
que l’homme est tacitement encou
ragé à se croiser les bras, à vivre
tout couché, dans l’inaction absolue.
Si même, il cherche, de son lit, à
faire travailler son cerveau en s’in
téressant à l’existence des choses,
pour en faire bénéficier ses congé
nères, on lui colle un impôt des
portes et fenêtres, impôt sur la lu
mière, sur l’air, sur la vie. La paix
du tombeau seule est capable de
nous exonérer des agents du fisc.
On se rend encore à peu près
compte des charges que l’on acquitte
directement, mais on ne voit pas
toutes celles, les plus considérables,
que l’on paie indirectement, soit
par la régie, l’octroi ou la douane.
Impôt sur le sel, sur la bougie, sur
le charbon, la viande, le pétrole,
les allumettes, le tabac, etc., etc.
Il n’est guère d’articles qui ne soient
pas atteints.
Il résulte de ces taxes de consom
mation, que l’humble citoyen, le
travailleur, l’ouvrier qui, comme
tous, a des besoins, et souvent plus
grands que la classe aisée, étant
plus chargé de famille, solde pro
portionnellement plus d’impôts que
le riche. On ne peut pas se passer
de manger, de se vêtir, de se loger,
ni de travailler.
Et quand il s’agit de couvrir les
frais d’un budget annuel de plus de
trois milliards, on n’est pas loin de
payer aux caisses de l’Etat près
d’une centaine de francs par tête,
en moyenne. Ce qui fait environ
cinq cents francs jour une famille
ordinaire de cinq personnes. Et je
ne parle pas des entraves apportées
au travail, à la vie économique de
la nation par un système vicieux
d’impôts qui favorise les grosses
fortunes scandaleusement, qui au
torise la fraude, la spéculation, 1&
spoliation.
Je parlais récemment du privi
lège des sucriers, il en est d’autres
encore, qui, par leur établissement,
font augmenter au profit d’agio
teurs, peu intéressants, le prix des
denrées considérablement. De telle
sorte, si le système actuel d’impôts
fait acquitter par famille cinq cents
francs à l’Etat, il en fait payer
autant, sinon plus, à d’éhontés spé
culateurs. En ce qui concerne les
transports, celui qui fait circuler
100,000 kilogrammes de marchan
dise ne paie pas plus de timbre de
connaissement ou de lettre de voi
ture que l’oüvrier qui s’approvi
sionne, par exemple, de dix kilos de
beurre dans son pays natal.
La réforme de l’assiette de l’im- j
pôt, voilà la vraie réforme à effec- J
tuer, et tant qu’on ne l’aura pas
accomplie intégralement, les injus
tices sociales se perpétueront. L’im
pôt sur les revenus, global, propor
tionné aux facultés, aux charges de
famille, est seul capable de rem
placer le système en vigueur, cor
rompu. Je sais que celui-ci est plus
doux à quelques privilégiés que
celui-là. C’est une raison pour la
quelle nous rencontrons de sourdes
résistances. Nos sénateurs, nos dé
putés, bien rentés fréquemment,
sacrifient-ils toujours leur intérêt
personnel à l’intérêt général? En
tous cas, c’est aux citoyens de voir,
de comprendre et de vouloir. C’est
de leurs volontés associées que naît
la loi. Qu’ils veulent l'impôt global
sur les revenus, en dépit de tous les
sarcasmes, et ce jour-là, ils auront
fait un grand pas vers le mieux
être.
Alf. HENRI.
Là DÉFAITE DE RAMBOUILLET
La saison printanière prête aux il
lusions; on croit toujours que le re
nouveau va accomplir les prodiges les
plus extravagants.
C’est pourquoi nous avons eu la
candeur d’espérer un instant que la
circonscription de Rambouillet élirait
un député républicain à la place de
M. Marcel Habert.
La réalité est plus conforme à la
logique.
Les chardons ne produisent jamais
de roses, les dépotoirs n’ont pas cou
tume d’exhaler des senteurs de vio
lettes, et la circonscription de Ram
bouillet infligerait un démenti à toutes
les lois naturelles si, cléricale et réac
tionnaire, elle n’envoyait pas à la
Chambre un député clérical et réac
tionnaire.
Pour éliminer du eorps électoral la
pourriture césarienne, il ne suffit pas
d’un traitement antiseptique de quel
ques semaines ou même de quelques
mois.
Rambouillet chérit sa gangrène,
qu’il la garde.
Deroulède a été battu à Angoulême
il y a quinze jours ; Marcel Habert
triomphe à Rambouiliet.
La victoire du second souligne la
défaite du premier, et le lieutenant se
pare des lauriers arrachés au front de
son général.
Le malentendu se corse ; il y aura
des surprises réjouissantes et des com
plications d’une haute cocasserie. Et
les républicains, qui trouveront bien
tôt leur compensation au petit dé
boire d'hier, se consoleront aisément
de n’avoir pas conquis Rambouillet.
J. Derriaz.
La Morale du Petit Savîe
À propos de l’élection de Ram
bouillet, on lit dans Le Petit Havre du
17 avril :
« La plupart des électeurs du pro
gressiste ont voté pour le rallié. D’où
résulte encore, comme le dit fort judi
cieusement Le Temps, que le meilleur
moyen de défendre la République n’est
pas de confier son drapeau à des répu
blicains de nuance radicale.
« C’est une indication dont il sera
sage de tenir compte dans un an, car
il est bien improbable que le senti
ment des électeurs se soit modifié d’ici
là. »
Voilà où en est tombé l’ancien
journal de Santallier. Il constate que,
dans la circonscription de Rambouil
let, les progressistes ont trahi la Répu
blique en votant pour le réactionnaire
par haine du radical, et il en conclut
que partout le radical doit s’effacer
devant le progressiste. Pour défendre
la République, on confiera tous les
mandats aux réactionnaires, et Le
Petit Havre sera content.
Cette politique de Gribouille ne
nous étonne pas dans les colonnes d’un
journal qui n’en est plus à compter
ses incohérences et ses palinodies. La
fréquentation de La Croix avec laquelle
il a collaboré aux dernières élections
municipales, le conduira encore plus
loin, nous en sommes convaincus.
Mais n’est-ce pas déjà une trou
vaille que cette prétention de punir
les radicaux des petites malpropretés
que commettent journellement les
progressistes nuance Rispal-Brideau ?
LA FRAf fC-fflAÇ QfTOIE
M. Delpech a prononcé une impro
visation excellente et qu’il nous paraît
utile de faire connaître et de répan
dre. Sans doute, nos lecteurs savent,
de façon ou d’autre, à quoi s’en tenir
sur le sens et l’origine de la campagne
contre la Franc-Maçonnerie et sur la
valeur de ces accusations. Il n'en est
pas moins vrai qu’on peut être sur
pris ou déconcerté par cette brusque
question : « Mais, la maçonnerie n'est-
ce pas une congrégation ? » C’est préci
sément cette question que l’on posa à
la fin de la conférence sur les Associa
tions que présidait à Nevers, M. le
Sénateur Delpech. Quelqu’un se leva
et dit : « Vous avez bien parlé des
congrégations mais vous ne nous avez
pas parié de la congrégation franc-
maçonne. » Voici à peu près, dit une
revue à laquelle nous empruntons ces
lignes, voici à peu pies ce que répon
dit M. Delpech :
Messieurs (au public ),
Votre confiance et votre sympathie m’a
vaient confié l’honneur de présider cette
séance. Je vous demande la permission
d’être maintenant conférencier moi aussi,
et de prendre la parole en cette qualité,
puisqu’on m’y oblige.
Monsieur [à TâUieur de la question ),
Vous nous donnez la qualification de
congréganistes. Je dis nous , car je ne
fais nulle difficulté de reconnaître que
cette conférence publique, ouverte à tous,
amis et ennemis de l’idée républicaine, a
été organisée par nous, par les francs-
maçons. Que signifie cette qualification ?
Dois-je la considérer comme un outrage
dont vous comprenez toute la gravité, ou
comme une accusation que vous nous
jetez à la face sans savoir aü juste et ce
que sont les congréganistes, et ce que
nous sommes ? Je commencerai par m’en
tenir provisoirement à ce dernier point
de vue, pour vous instruire de ce que
vous paraissez ignorer*
Nous sommes, Monsieur, le contraire
des congréganistes. Qu’est-ce qu’un con
gréganiste ? C’est d’abord un homme qui
renonce à toutes les libertés nécessaires
et légitimes, depuis les plus humbles
jusqu’aux plus hautes : Liberté d’aller,
de venir, de résider ici ou là. Liberté
d’agir, de vouloir. Liberté de penser, de
savoir, de critiquer, de juger, de com
prendre, d’être homme par l’intelligence.
— Toutes ces libertés, il les abdique. Et
il se lie par des vœux qui le retranchent
de la nation, de la cité, de l’humanité. Il
se voue, pour la vie, à de vaines et pué
riles pratiques, à des exercices futiles, à
des actes qu’il ne comprend pas et qui
sont contraires à la raison. Il se donne à
un chef (qui n’est presque jamais fran
çais), à un supérieur, à un homme qui
disposera à tout jamais de sa personne,
de sa volonté, de sa pensée. Et cela s’ap
pelle humilité, renoncement, vertu, sain
teté ! (Et c’est au-dessous, bien au-des-
sous de l’humanité moyenne.)
Etrange vertu, qui se confine dans
l’absteniion, dans la paresse, dans l’égoïs
me ! Le congréganiste, qui se crée de
fausses obligations, répudie tous ses vrais
devoirs d’homme, toutes les charges qui
incombent à l’être humain, adulte, sain et
normal. Il n’est point le travailleur libre
(le travail est servile), qui pourvoit à sa
subsistance, qui prend vaillamment sa
part de la besogne commune. Il a juré de
n’être point créateur et chef de famille :
Ce serait un crime, une déchéance pour
lui ; il n’aura pas d’enfants à nourrir, à
élever, à suivre dans la vie. C’est ainsi
qu’il se débarrasse, qu’il croit se libérer,
autant qu’il est en lui, de toutes les char
ges publiques, de toutes les charges socia
les. Il est dans sa patrie et dans l’humanité
l’ouvrier toujours inutile, toujours absent.
C’est un être anti-social.
Je me trompe : il feint — ou essaie —*
parfois de collaborer à l’œuvre commune.
Mais comme son inaction était préférable
à sa collaboration ! comme son absence
était bien moins préjudiciable que sa pré
sence. En effet, dans ses prétendues œu
vres d’assistance, d’enseignement, d’édu
cation, de civilisation, qu’apporte-t-il ?
Des méthodes surannées et irration
nelles, des ambitions anonymes et redou
tables, des préoccupations qui ont la pré
tention de s’élever au-dessus de l’huma
nité, mais qui sont impuissantes, en réa
lité, à atteindre le niveau de l’humanité
normale, de l’humanité moyenne. Mais,
aussi orgueilleux qu’il est incapable et
nul, il prétend tout dominer. Il prétend
imposer à tout et à tous la règle impé
rieuse et tyrannique d’un dogme immua
ble, d’un dogme qui, dépouillé de ses
mystères, de sa gloire factice et de ses
rayons, n’est en réalité, qu’un idéal mé
diocre, incomplet, faux, rudimentaire,
étrangement arriéré, digne seulement
d’une humanité « peine dégagée des fata
lités originelles, à peine délivrée des cor
ruptions et des déchéances qu’engendrè
rent les siècles les plus déplorables du
passé ténébreux et sanglant.
Les congréganistes ! Mettez d’un côté
leurs prétentions d’un orgueil insensé et
dè l’autre là misère de leurs œuvres, et
jugez. Prononcez,
Nous, Monsieur, ilotls ne prétendons
être que des hommes. Mais nous nous ef
forçons de nous faire de ce beau titre une
idée juste. Nous nous efforçons cfe remplir
dans la mesure de nos forces, cette idée..
Nous acceptons notre être et notre condi
tion, tels que nous les connaissons par la
science positive, toujours en progrès, tou
jours en action. Nous acceptons simple--
ment loyalement, notre rôle d’hommes.
Ces libertés que vos congréganistes re
doutent et affectent de dédaigner, nous les-
aimons, nous les respectons, nous les re
vendiquons courageusement comme la
plus belle part de notre héritage. Nous-
travaillons pour nous, pour les nôtres,
pour nos frères. Nous tenons à honneur
de créer une famille. Nous donnons à nos
enfants le meilleur de nous-mêmes, et
surtout notre libre esprit. Nous associons
nos femmes à nos travaux et à notre
œuvre. Elles tiennent à honneur de s’as-<
socier à nos épreuves, pour les partager
et les alléger.
Nous faisons plus. Fidèles à la tradition
de nos sublimes ancêtes, qui, un demi
siècle avant la Révolution, osèrent dire :
La Révolution sera, nous travaillons non
seulement à notre émancipation et à celle
de nos frères, mais encore à celle de tous
nos concitoyens, à celle du genre humain
tout entier. Depuis longtemps, les mora-
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