Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-04-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 avril 1901 13 avril 1901
Description : 1901/04/13 (N259). 1901/04/13 (N259).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634587
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
r
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 13 Avril 1901
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PMI DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction..
L’Imprimeur-Gérant
œmsmi^ssmB3gssssssssassaBs«ssis^B!s^amBSSB^sssîs
Alfred HENRI
F. LE »©Y
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
:La -Révolution en marche
L’esprit de la Révolution fran
çaise, celui qui se trouve contenu
dans la charte des Droits de l’homme
et du citoyen, après des assauts
furieux, pénètre de plus en plus
dans les couches sociales. L’esprit
nouveau, le véritable esprit nouveau
— non celui de Spuller qui n’était
que l’abandon des principes de
1789 _ s’infiltre dans nos moeurs,
la bourgeoisie à son tour, après la
noblesse, se laisse gagner peu à
peu, trop lentement, il est vrai, aux
habitudes nouvelles. Elle agit bien
encore à contre-cœur, mais quand
même elle se trouve entraînée par
un courant irrésistible vers les larges
pensées qui seront l’honneur du
vingtième siècle.
La Révolution, elle est partout,
elle perce par tous les pores de la
peau dans le corps social usé, brisé,
par les anciennes conceptions théo-
logiques. Ilne s’agit plus maintenant
d’essayer de replâtrer un édifice
qui ne peut plus se soutenir, dont
les assises sont lézardées et qui,
par des craquements souterrains,
menace de s’effondrer. Quand donc
les prétendus hommes d’ordre, les
conservateurs des temps passés le
comprendront-ils ? Aujourd’hui, plus
que jamais, le monde se trouve
divisé entre deux forces : le passé
qui résiste, l’avenir qui marche.
Le mouvement de l’évolution hu
maine me représente assez exacte
ment un véhicule, dont les uns
tenant les timons tirent en avant,
ce sont les révolutionnaires de la
veille, les emporte-pièces, renforcés
du gros des légions républicaines ;
à l’arrière, tirent en sens opposé
tous les réactionnaires soucieux de
garder leurs anciens privilèges,
hypnotisés par des j ouissances fausses
ou factices. Qu’arrive-t-il? C’est que
la guimbarde n’avance que par bor
dées, suivant une ligne brisée, les
roues s’empêtrant dans les ornières
qui bordent le chemin ; cependant
elle marche quand môme, puisque
la plus grande puissance est aux
timons : c’est l’élan vers l’avenir ;
mais l’effort du passé fait entendre
de sinistres craquements, le véhi
cule s'altère, les planches se dis
joignent, se brisent. Et l’humanité
en est réduite à se laisser conduire
cahin-caha, clopin-clopant, avec de
nombreux à-coups, vers la terre
promise.
Au lieu d’user leurs ongles et leurs
dents à une lutte inutile, que tous
les réacteurs ne conçoivent-ils leur
devoir? Pourquoi refusent-ils de
voir la lumière quand elle est aveu
glante ? Pourquoi cherchent-ils à
nous prouver que ce qui est blanc
est noir, et réciproquement, noir ce
qui est blanc? Le jo$r et la nuit
sont des choses évidentes par elles-
mêmes.
Qu’ils viennent donc à leur tour
vers la chaleur bienfaisante du so
leil, qu’ils viennent aux idées nou
velles, non pour les combattre, mais
pour apporter à la société leur part
de collaboration nécessaire. On l’a
dit justement, les opinions politiques
tiennent d’une question de tempéra
ment ; les uns emportés par leur ca
ractère d’action forment l’avant-
garde, ce sont les éclaireurs, ils
sabrent toujours, creusent le che
min dans les épais fourrés on les
appelle les avancés ; l’extrême
gauche fut de ceux-là ; d’autres se
chargent de couvrir la route, d’as
surer les relations, d’organiser les
subsistances ; ce sont par excel
lence les gens d’ordre (je n’entends
pas par cette appellation les enne
mis du progrès).
Dans une société bien comprise,
chacun doit être à sa place suivant
ses aptitudes ; dans le corps poli
tique, plus que partout ailleurs, on
doit avoir le souci d’employer utile
ment ses facultés. Nous sentons une
.plus grande nécessité d’organiser la
^^ühTiquëjTd'brganisér''.' la société
tout entière sur des bases nouvelles ;
c’est du désordre et de la confusion
1 que nous languissons. Les hommes
de méthode, de science, trouve
raient à s’employer utilement pour
faire cesser la période critique.
Je demande aux réactionnaires
de comprendre et de voir. Us re
cueilleraient encore plus de profit et
de gloire dans l’inaction complète,
plutôt que dans leur besogne funeste
de rétrogradation.
La Révolution est en marche, il
n’est pas de puissance capable de
l'arrêter. A tous de dresser l’édifice
nouveau sur des bases stables, sur
des fondations humaines, nous en
récolterons chacun plus de bien-
être solide et durable.
Alf. Henri.
LA JEUNESSE LAÏQUE
Nombre d’esprits éclairés ont senti
le besoin de grouper la jeunesse répu
blicaine et laïque, jusqu’alors trop né
gligée, vers un but d’action . Dans les
luttes confuses, où l’intelligence se
débat entre le dogme et la raison, si
l’idée maîtresse qui doit guider les
mondes nouveaux, ir apparaît pas évi
dente à tous, c’est vers la jeunesse que
nous nous tournons avec confiance,
c’est en elle que nous mettons toute
notre foi et toutes nos espérances.
S’inspirant de hautes pensées, des
hommes éminents* au nombre des
quels MM. F. Buisson, professeur à la
Sorbonne, A Delpech, sénateur, La-
picque, maître de conférences à la
Sorbonne ; Pérez, agrégé préparateur
à l’école Normale supérieure; Pic-
quenard, Hartmann et bien d’autres
encore, ont résolu de fonder une ligue
parmi les élèves et anciens élèves des
Ecoles et des Facultés de l’Etat, réu
nissant dans un même sein les mem
bres des Universités populaires, les
élèves des cours d'adultes, ceux des
lycées et collèges. Cette ligue prend le
titre de Fédération de la Jeunesse
laïque. Elle s’étend sur Paris et sur la
Province.
Par les réunions, par les conféren
ces, par des publications appropriées,
par les différentes manifestations de la
pensée, par des proclamations utiles,
les adeptes de la fédération ont pour
objet de secouer le joug de la disci
pline théologique, ils ont en vue de
libérer les consciences des erreurs gros
sières où l’esprit de secte a plongé
l'humanité. Trop de cerveaux sont
encore pétris de préjugés à l’aube du
vingtième siège! Honneur donc aux
jeunes gens au cœur large, à la con
viction profonde, à l’ardeur vigou
reuse des premières années de virilité
qui s’efforcent de combattre et le clé
ricalisme et le césarisme.
Au Havre, un comité d’organisa
tion s’est formé pour créer une section
de la Fédération, j’ai eu une entrevue
avec les promoteurs du groupement
en formation, je ne saurais trop les
féliciter de leur initiative comme les
encourager à leur œuvre de dévoue
ment et d’action. J’ai été heureuse
ment impressionné de leur foi répu
blicaine, de leur entrain, de leur
ardeur.
L’enthousiasme que l’on a à vingt
ans tait place pourtant à un raisonne
ment sûr et précis, à ce sentiment de
conviction que donne l’habitude de là
réflexion.
Ils sont dans la vérité, ils sont dans
le bon chemin, alors que d’autres, se
targuant d’indifîérentisme, consacrent
leur existence à la vanité ridicule et
inféconde quand elle n’est pas cou
pable.
L’esprit scientifique a révolutionné
le monde, des consciences se sont for
mées, elles sont encore en petit nom
bre, mais je salue en ces jeunes gens
imbus des idées nouvelles, l’aurore
des temps futurs.
Alf. HENRI.
Les jeunes gens qui désirent for
mer la section du Havre de la Fédéra
tion de la Jeunesse laïque sont priés
d'écrire et d’envoyer leur adhésion à
M. Camille Cbarasson, 26, rue Jean-
Baptiste-Eyriès. Le Havre.
Non, il avait simplement pour ob
jectif de faire décorer le maire de
Nice. Et quand un conseil municipal
dépense pins de trois cent mille francs
pour faire décorer son maire, il a le
droit de compter qu’on ne lui mar
chandera pas cette satisfaction.
Or, les trois cent mille francs sont
dépensés, et le maire de Nice n’est
pas décoré.
Donc, les Niçois sont volés, ils re
grettent leur argent, et, pour peu
qu’on l’en prie, la Liberté va ouvrir
une souscription pour rembourser à la
ville de Nice les trois cent mille francs
si inutilemennt gaspilllés.
Il n’y a que des malhonnêtes gens
pour attribuer aux autres des senti
ments aussi bas.
Avec un cynisme dont l’audace finit
par déconcerter les nationalistes souil
lent et déshonorent tout ce qu’ils
touchent.
Et partout où le président de la
République passera, partout où il sera
acclamé, ce seront des insinuations
du même genre dirigées contre les
municipalités.
Heureusement, les outrages des
nationalistes sont pour les républi
cains la plus glorieuse des récom
penses. J. D.
OUTRAGES NATIONALISTES
Les Niçois paraissent très satisfaits,
mais ils ne sont pas aussi satisfaits
qu’ils veulent bien le paraître. Us
sont même fort irrités, et s’ils n’ont
pas l’air fort irrités c’est qu’ils dissi
mulent leurs véritables sentiments.
Mais un journal nationaliste, le
plus perspicace des journaux natio
nalistes, un de ceux qu’on ne trompe
pas, a pénétré dans les arcanes de
l’âme niçoise, et il y a découvert le
sujet de mécontentement caché à tous
les yeux.
« Les Niçois, dit La Liberté , sont
très montés contre l’équipe gouverne
mentale qui a refusé de décorer le
maire. Ils font remarquer que les dé
penses engagées pour les fêtes s’élè
vent à plus de trois cent mille francs :
ils trouvent maintenant que le jeu
n’en vaut pas la chandelle. »
Experts en vilenies, les nationa
listes prêtent aux Niçois les calculs
mesquins et malpropres qui sont cou
tumiers à ceux de leur bande.
Vous comprenez bien :
Si le conseil municipal de Nice a
engagé plus de trois cent mille francs
de dépenses, ce n’était pas pour le
vain plaisir de donner aux popula
tions une merveilleuse fête républi
caine.
L’ÉLECTION DE RAMBOUILLET
Il leur est impossible de votér pour
M. de Caraman, en faveur de qui M.
Le Châtelier refuse de se désister.
Ils ne peuvent donc hésiter à don
ner leurs voix au seul candidat répu
blicain, M. Bascou. M. Y.
L’élection de Rambouillet est fer
tile, sinon en surprises, du moins en
incidents curieux.
Nous avons exposé l’attitude de
M. Marcel Habert, conseillant de
voter dimanche prochain pour M. de
Caraman.
L’un des deux chefs de la Répu
blique plébiscitaire, de la République
du peuple, donnant son adhésion au
candidat des réactionnaires et des
ralliés, c’était un fait à mettre en lu
mière, et nous n’y avons pas manqué."
L’un des candidats au premier tour
de scrutin du 31, M. Le Châtelier,
candidat antiministériel, qui aban
donne la lutte au second tour, vient,
de son côté, de se désister purement
et simplement.
L 'Indépendant de Rambouillet ex
plique ainsi l’attitude de M. Le Cbâ
telier :
M. Le Le Cbâtelier, antiministé
riel, ne pouvait donner ses voix à
M. Bascou, candidat ministériel.
Ses sentiments de républicain in
transigeant lui défendaient, eu outre,
de se désister en faveur de M. de
Caraman.
Dans une lettre qu’il adresse au
Temps, M. Le Cbâtelier déclare que
F Indépendant de Rambouillet a, dans
cette note, exactement défini la situa
tion.
Nous serions bien curieux de savoir
ce que pense M. Marcel Habert de
l’attitude de M. Le Cbâtelier, si diffé
rente de celle de l’ami de M. Dérou-
lède.
M. Le Cbâtelier estime, et il le dit
nettement, que ses sentiments répu
blicains « lui défendent de se désister
en faveur de M. de Caraman ».
M. Marcel Habert lui conseille hau
tement de voter pour le même M. de
Caraman.
On juge par là des sentiments répu
blicains de M. Marcel Habert, qui
accepte avec tranquillité ce que M. Le
Cbâtelier lui-même repousse avec
énergie.
Que vont faire maintenant au se
cond tour les électeurs de M. Le Cbâ
telier?
Déclaration du Président. Krüger
Nous savons aujourd’hui que, con
tradictoirement aux dires des jour
naux anglais, ce n’est pas Botba qui
demanda à Kitchener de lui accorder
une capitulation honorable, mais bien
Kitchener qui offrit la paix à Botba.
Un de nos confrères, M. Henri des
Houx, est allé à Ukicht interviewer le
président Krüger. Celui-ci l’a reçu,
ayant à ses côtés M. Fischer, membre
du pouvoir exécutif de ï’Orange, un
des représentants du président Steijn.
Le président a répondu longuement
à toutes les questions que notre con-
frère lui a posées.
Il n’est pas encore décidé à entre
prendre un voyage en Amérique. Il
ne fera cette traversée que si ses
forces le lui permettent et s’il avait
e_.a retour quelque avantage pour la.
cause qu’il défend.
M. Krüger a tenu à insister sur
l’union indissoluble qui unit les deux
Républiques de l’Orange et du Trans
val. Rien ne pourra les séparer, elles
ne traiteront pas isolément, elles com
battront ensemble jusqu’au moment
où elles auront conquis leur liberté.
Leurs généraux en chef De Wet et
Botba protégeront leur sort.
Au sujet de ce dernier général, M.
Krüger insiste vivement sur la mau
vaise foi des dépêchés anglaises.
Kitchener a offert à Botba de trai
ter. Celui-ci ne pouvait pas refuser
d’entrer en pourparlers, mais jamais
il n’a échappé à cet officier aucune
parole équivoque sur la question de
l’indépendance.
Le président fit, à cette occasion, la
déclaration suivante :
« Si les Anglais n'étaient pas aveu
gles , s’ils entendaient bien leur propre
intérêt, s'ils n’étaient pas irrémédiable
ment en proie à l’esprit d'erreur et d’in
justice , ils nous reconnaîtraient d'abord
Vindépendance que nous exigeons , parce
que , pour la garder avec sécurité, nous
serions prêts à beaucoup de concessions
et de sacrifices, et ce serait la paix assu
rée à jamais dans l'Afrique du Sud. »
Les Boers ne refuseraient pas un
arbitrage si une nation s’offrait comme
arbitre. Ils accepteraient toutes les
concessions. Mais iis seront intrai
tables sur la question de l’indépen
dance.
Questionné par notre confière, le
président Krüger a déclaré que toutes
les horreurs reprochées aux Anglais
sont encore au-dessous de la vérité.
L’incursion de De Wet dans le
Cap a eu pour but et pour résultat
de ravitailler les Boers en chevaux
et en vivres.
Enfin, l’entretien s’est terminé par
cette déclaration rassurante :
« Nous pouvons tenir la guerre
indéfiniment. Nous avons des com
battants, des armes et des munitions
én quantité suffisante. Partout où
nous pourrons lutter, il y aura tou
jours, au moment, à l’endroit voulu,
des commandos bien montés, bien
armés, bien équipés. »
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 13 Avril 1901
Réveil
Havre
Organe du Parti Républicain Démocratique
PMI DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction..
L’Imprimeur-Gérant
œmsmi^ssmB3gssssssssassaBs«ssis^B!s^amBSSB^sssîs
Alfred HENRI
F. LE »©Y
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
:La -Révolution en marche
L’esprit de la Révolution fran
çaise, celui qui se trouve contenu
dans la charte des Droits de l’homme
et du citoyen, après des assauts
furieux, pénètre de plus en plus
dans les couches sociales. L’esprit
nouveau, le véritable esprit nouveau
— non celui de Spuller qui n’était
que l’abandon des principes de
1789 _ s’infiltre dans nos moeurs,
la bourgeoisie à son tour, après la
noblesse, se laisse gagner peu à
peu, trop lentement, il est vrai, aux
habitudes nouvelles. Elle agit bien
encore à contre-cœur, mais quand
même elle se trouve entraînée par
un courant irrésistible vers les larges
pensées qui seront l’honneur du
vingtième siècle.
La Révolution, elle est partout,
elle perce par tous les pores de la
peau dans le corps social usé, brisé,
par les anciennes conceptions théo-
logiques. Ilne s’agit plus maintenant
d’essayer de replâtrer un édifice
qui ne peut plus se soutenir, dont
les assises sont lézardées et qui,
par des craquements souterrains,
menace de s’effondrer. Quand donc
les prétendus hommes d’ordre, les
conservateurs des temps passés le
comprendront-ils ? Aujourd’hui, plus
que jamais, le monde se trouve
divisé entre deux forces : le passé
qui résiste, l’avenir qui marche.
Le mouvement de l’évolution hu
maine me représente assez exacte
ment un véhicule, dont les uns
tenant les timons tirent en avant,
ce sont les révolutionnaires de la
veille, les emporte-pièces, renforcés
du gros des légions républicaines ;
à l’arrière, tirent en sens opposé
tous les réactionnaires soucieux de
garder leurs anciens privilèges,
hypnotisés par des j ouissances fausses
ou factices. Qu’arrive-t-il? C’est que
la guimbarde n’avance que par bor
dées, suivant une ligne brisée, les
roues s’empêtrant dans les ornières
qui bordent le chemin ; cependant
elle marche quand môme, puisque
la plus grande puissance est aux
timons : c’est l’élan vers l’avenir ;
mais l’effort du passé fait entendre
de sinistres craquements, le véhi
cule s'altère, les planches se dis
joignent, se brisent. Et l’humanité
en est réduite à se laisser conduire
cahin-caha, clopin-clopant, avec de
nombreux à-coups, vers la terre
promise.
Au lieu d’user leurs ongles et leurs
dents à une lutte inutile, que tous
les réacteurs ne conçoivent-ils leur
devoir? Pourquoi refusent-ils de
voir la lumière quand elle est aveu
glante ? Pourquoi cherchent-ils à
nous prouver que ce qui est blanc
est noir, et réciproquement, noir ce
qui est blanc? Le jo$r et la nuit
sont des choses évidentes par elles-
mêmes.
Qu’ils viennent donc à leur tour
vers la chaleur bienfaisante du so
leil, qu’ils viennent aux idées nou
velles, non pour les combattre, mais
pour apporter à la société leur part
de collaboration nécessaire. On l’a
dit justement, les opinions politiques
tiennent d’une question de tempéra
ment ; les uns emportés par leur ca
ractère d’action forment l’avant-
garde, ce sont les éclaireurs, ils
sabrent toujours, creusent le che
min dans les épais fourrés on les
appelle les avancés ; l’extrême
gauche fut de ceux-là ; d’autres se
chargent de couvrir la route, d’as
surer les relations, d’organiser les
subsistances ; ce sont par excel
lence les gens d’ordre (je n’entends
pas par cette appellation les enne
mis du progrès).
Dans une société bien comprise,
chacun doit être à sa place suivant
ses aptitudes ; dans le corps poli
tique, plus que partout ailleurs, on
doit avoir le souci d’employer utile
ment ses facultés. Nous sentons une
.plus grande nécessité d’organiser la
^^ühTiquëjTd'brganisér''.' la société
tout entière sur des bases nouvelles ;
c’est du désordre et de la confusion
1 que nous languissons. Les hommes
de méthode, de science, trouve
raient à s’employer utilement pour
faire cesser la période critique.
Je demande aux réactionnaires
de comprendre et de voir. Us re
cueilleraient encore plus de profit et
de gloire dans l’inaction complète,
plutôt que dans leur besogne funeste
de rétrogradation.
La Révolution est en marche, il
n’est pas de puissance capable de
l'arrêter. A tous de dresser l’édifice
nouveau sur des bases stables, sur
des fondations humaines, nous en
récolterons chacun plus de bien-
être solide et durable.
Alf. Henri.
LA JEUNESSE LAÏQUE
Nombre d’esprits éclairés ont senti
le besoin de grouper la jeunesse répu
blicaine et laïque, jusqu’alors trop né
gligée, vers un but d’action . Dans les
luttes confuses, où l’intelligence se
débat entre le dogme et la raison, si
l’idée maîtresse qui doit guider les
mondes nouveaux, ir apparaît pas évi
dente à tous, c’est vers la jeunesse que
nous nous tournons avec confiance,
c’est en elle que nous mettons toute
notre foi et toutes nos espérances.
S’inspirant de hautes pensées, des
hommes éminents* au nombre des
quels MM. F. Buisson, professeur à la
Sorbonne, A Delpech, sénateur, La-
picque, maître de conférences à la
Sorbonne ; Pérez, agrégé préparateur
à l’école Normale supérieure; Pic-
quenard, Hartmann et bien d’autres
encore, ont résolu de fonder une ligue
parmi les élèves et anciens élèves des
Ecoles et des Facultés de l’Etat, réu
nissant dans un même sein les mem
bres des Universités populaires, les
élèves des cours d'adultes, ceux des
lycées et collèges. Cette ligue prend le
titre de Fédération de la Jeunesse
laïque. Elle s’étend sur Paris et sur la
Province.
Par les réunions, par les conféren
ces, par des publications appropriées,
par les différentes manifestations de la
pensée, par des proclamations utiles,
les adeptes de la fédération ont pour
objet de secouer le joug de la disci
pline théologique, ils ont en vue de
libérer les consciences des erreurs gros
sières où l’esprit de secte a plongé
l'humanité. Trop de cerveaux sont
encore pétris de préjugés à l’aube du
vingtième siège! Honneur donc aux
jeunes gens au cœur large, à la con
viction profonde, à l’ardeur vigou
reuse des premières années de virilité
qui s’efforcent de combattre et le clé
ricalisme et le césarisme.
Au Havre, un comité d’organisa
tion s’est formé pour créer une section
de la Fédération, j’ai eu une entrevue
avec les promoteurs du groupement
en formation, je ne saurais trop les
féliciter de leur initiative comme les
encourager à leur œuvre de dévoue
ment et d’action. J’ai été heureuse
ment impressionné de leur foi répu
blicaine, de leur entrain, de leur
ardeur.
L’enthousiasme que l’on a à vingt
ans tait place pourtant à un raisonne
ment sûr et précis, à ce sentiment de
conviction que donne l’habitude de là
réflexion.
Ils sont dans la vérité, ils sont dans
le bon chemin, alors que d’autres, se
targuant d’indifîérentisme, consacrent
leur existence à la vanité ridicule et
inféconde quand elle n’est pas cou
pable.
L’esprit scientifique a révolutionné
le monde, des consciences se sont for
mées, elles sont encore en petit nom
bre, mais je salue en ces jeunes gens
imbus des idées nouvelles, l’aurore
des temps futurs.
Alf. HENRI.
Les jeunes gens qui désirent for
mer la section du Havre de la Fédéra
tion de la Jeunesse laïque sont priés
d'écrire et d’envoyer leur adhésion à
M. Camille Cbarasson, 26, rue Jean-
Baptiste-Eyriès. Le Havre.
Non, il avait simplement pour ob
jectif de faire décorer le maire de
Nice. Et quand un conseil municipal
dépense pins de trois cent mille francs
pour faire décorer son maire, il a le
droit de compter qu’on ne lui mar
chandera pas cette satisfaction.
Or, les trois cent mille francs sont
dépensés, et le maire de Nice n’est
pas décoré.
Donc, les Niçois sont volés, ils re
grettent leur argent, et, pour peu
qu’on l’en prie, la Liberté va ouvrir
une souscription pour rembourser à la
ville de Nice les trois cent mille francs
si inutilemennt gaspilllés.
Il n’y a que des malhonnêtes gens
pour attribuer aux autres des senti
ments aussi bas.
Avec un cynisme dont l’audace finit
par déconcerter les nationalistes souil
lent et déshonorent tout ce qu’ils
touchent.
Et partout où le président de la
République passera, partout où il sera
acclamé, ce seront des insinuations
du même genre dirigées contre les
municipalités.
Heureusement, les outrages des
nationalistes sont pour les républi
cains la plus glorieuse des récom
penses. J. D.
OUTRAGES NATIONALISTES
Les Niçois paraissent très satisfaits,
mais ils ne sont pas aussi satisfaits
qu’ils veulent bien le paraître. Us
sont même fort irrités, et s’ils n’ont
pas l’air fort irrités c’est qu’ils dissi
mulent leurs véritables sentiments.
Mais un journal nationaliste, le
plus perspicace des journaux natio
nalistes, un de ceux qu’on ne trompe
pas, a pénétré dans les arcanes de
l’âme niçoise, et il y a découvert le
sujet de mécontentement caché à tous
les yeux.
« Les Niçois, dit La Liberté , sont
très montés contre l’équipe gouverne
mentale qui a refusé de décorer le
maire. Ils font remarquer que les dé
penses engagées pour les fêtes s’élè
vent à plus de trois cent mille francs :
ils trouvent maintenant que le jeu
n’en vaut pas la chandelle. »
Experts en vilenies, les nationa
listes prêtent aux Niçois les calculs
mesquins et malpropres qui sont cou
tumiers à ceux de leur bande.
Vous comprenez bien :
Si le conseil municipal de Nice a
engagé plus de trois cent mille francs
de dépenses, ce n’était pas pour le
vain plaisir de donner aux popula
tions une merveilleuse fête républi
caine.
L’ÉLECTION DE RAMBOUILLET
Il leur est impossible de votér pour
M. de Caraman, en faveur de qui M.
Le Châtelier refuse de se désister.
Ils ne peuvent donc hésiter à don
ner leurs voix au seul candidat répu
blicain, M. Bascou. M. Y.
L’élection de Rambouillet est fer
tile, sinon en surprises, du moins en
incidents curieux.
Nous avons exposé l’attitude de
M. Marcel Habert, conseillant de
voter dimanche prochain pour M. de
Caraman.
L’un des deux chefs de la Répu
blique plébiscitaire, de la République
du peuple, donnant son adhésion au
candidat des réactionnaires et des
ralliés, c’était un fait à mettre en lu
mière, et nous n’y avons pas manqué."
L’un des candidats au premier tour
de scrutin du 31, M. Le Châtelier,
candidat antiministériel, qui aban
donne la lutte au second tour, vient,
de son côté, de se désister purement
et simplement.
L 'Indépendant de Rambouillet ex
plique ainsi l’attitude de M. Le Cbâ
telier :
M. Le Le Cbâtelier, antiministé
riel, ne pouvait donner ses voix à
M. Bascou, candidat ministériel.
Ses sentiments de républicain in
transigeant lui défendaient, eu outre,
de se désister en faveur de M. de
Caraman.
Dans une lettre qu’il adresse au
Temps, M. Le Cbâtelier déclare que
F Indépendant de Rambouillet a, dans
cette note, exactement défini la situa
tion.
Nous serions bien curieux de savoir
ce que pense M. Marcel Habert de
l’attitude de M. Le Cbâtelier, si diffé
rente de celle de l’ami de M. Dérou-
lède.
M. Le Cbâtelier estime, et il le dit
nettement, que ses sentiments répu
blicains « lui défendent de se désister
en faveur de M. de Caraman ».
M. Marcel Habert lui conseille hau
tement de voter pour le même M. de
Caraman.
On juge par là des sentiments répu
blicains de M. Marcel Habert, qui
accepte avec tranquillité ce que M. Le
Cbâtelier lui-même repousse avec
énergie.
Que vont faire maintenant au se
cond tour les électeurs de M. Le Cbâ
telier?
Déclaration du Président. Krüger
Nous savons aujourd’hui que, con
tradictoirement aux dires des jour
naux anglais, ce n’est pas Botba qui
demanda à Kitchener de lui accorder
une capitulation honorable, mais bien
Kitchener qui offrit la paix à Botba.
Un de nos confrères, M. Henri des
Houx, est allé à Ukicht interviewer le
président Krüger. Celui-ci l’a reçu,
ayant à ses côtés M. Fischer, membre
du pouvoir exécutif de ï’Orange, un
des représentants du président Steijn.
Le président a répondu longuement
à toutes les questions que notre con-
frère lui a posées.
Il n’est pas encore décidé à entre
prendre un voyage en Amérique. Il
ne fera cette traversée que si ses
forces le lui permettent et s’il avait
e_.a retour quelque avantage pour la.
cause qu’il défend.
M. Krüger a tenu à insister sur
l’union indissoluble qui unit les deux
Républiques de l’Orange et du Trans
val. Rien ne pourra les séparer, elles
ne traiteront pas isolément, elles com
battront ensemble jusqu’au moment
où elles auront conquis leur liberté.
Leurs généraux en chef De Wet et
Botba protégeront leur sort.
Au sujet de ce dernier général, M.
Krüger insiste vivement sur la mau
vaise foi des dépêchés anglaises.
Kitchener a offert à Botba de trai
ter. Celui-ci ne pouvait pas refuser
d’entrer en pourparlers, mais jamais
il n’a échappé à cet officier aucune
parole équivoque sur la question de
l’indépendance.
Le président fit, à cette occasion, la
déclaration suivante :
« Si les Anglais n'étaient pas aveu
gles , s’ils entendaient bien leur propre
intérêt, s'ils n’étaient pas irrémédiable
ment en proie à l’esprit d'erreur et d’in
justice , ils nous reconnaîtraient d'abord
Vindépendance que nous exigeons , parce
que , pour la garder avec sécurité, nous
serions prêts à beaucoup de concessions
et de sacrifices, et ce serait la paix assu
rée à jamais dans l'Afrique du Sud. »
Les Boers ne refuseraient pas un
arbitrage si une nation s’offrait comme
arbitre. Ils accepteraient toutes les
concessions. Mais iis seront intrai
tables sur la question de l’indépen
dance.
Questionné par notre confière, le
président Krüger a déclaré que toutes
les horreurs reprochées aux Anglais
sont encore au-dessous de la vérité.
L’incursion de De Wet dans le
Cap a eu pour but et pour résultat
de ravitailler les Boers en chevaux
et en vivres.
Enfin, l’entretien s’est terminé par
cette déclaration rassurante :
« Nous pouvons tenir la guerre
indéfiniment. Nous avons des com
battants, des armes et des munitions
én quantité suffisante. Partout où
nous pourrons lutter, il y aura tou
jours, au moment, à l’endroit voulu,
des commandos bien montés, bien
armés, bien équipés. »
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