Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1901-02-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 février 1901 09 février 1901
Description : 1901/02/09 (N250). 1901/02/09 (N250).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32634498
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
6 e Année — N° 250.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 9 Février 1901.
Organe du Parti Républicain Démocraiitiue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
=§
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
gj
15, RUE CASIMIR
-PBR.IER, 15 ’
1
=
§1
Secrétaire de la Rédaction....
Alfred HENRI
IË
L’Imprimeur-Gérant
E. LE ROT
v
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Etude d’Histoire Loeale
KIM. BRINOEÂU & RISPAL
(Second Article)
Au cours de notre examen du
passé politique de M. Louis Brin
deau, une grande nouvelle s’était
répandue dans le monde politique.
Le député de la seconde circonscrip
tion, s’était fait inscrire pour pren
dre la parole contre le projet de loi
des Associations, et l’on annonçait
un grand discours sensationnel. A
vrai dire, M. Brindeau ne nous a
pas habitués à pareille surprise, et
l’on est encore à attendre son dis
cours ministre. Raison de plus pour
prêter attention à une manifestation
oratoire qui devait être un début à
la tribune.
Hélas, vain espoir ! La montagne
n’est même pas accouchée d’une
souris, elle est restée d’une infécon
dité humiliante. Brindeau-Ferrin-
ghea n’a pas parlé. Il est resté à son
banc, et le ministère est toujours
debout. M. Brindeau s’est contenté
de jouer sa partie dans la symphonie
des couteaux à papier et des voci
férations de droite qui ont accueilli
le rapporteur et les défenseurs de
la loi.
Nous attendions ce grand évène
ment annonce pour formuler une
opinion décisive sur M. Brindeau, et
nous avions, dans cet espoir, inter
rompu notre série d’articles sur les
amis des Révérends Pères.
Notre attente a été déçue. Donc
continuons.
Nous en étions à cette phase lamen
table de notre histoire locale où
l’opportunisme havrais, mâtiné de
réaction, fournissait un chef à l’Etat.
Nous n’en dirons pas davantage
sur le compte de M. Félix Faure,
cela nous entraînerait trop loin.
D’ailleurs, d’autres se chargeront de
ce soin. Les historiens de la troi
sième république y travaillent et
préparent les étrivières que méri
tent l’infatuation et la duplicité. Son
compte sera réglé et bien réglé,
qu’on se rassure.
Nous devons cependant signaler
la période gaie qui suivit l’élection
présidentielle. Nous voulons parler
des voyages effectués au Havre et
dans la région par le grand homme.
M. Brindeau qui s’était présenté
au lieu et place de M. Félix Faure,
avec l’autorisation de ce dernier,
lui devait évidemment de la recon
naissance. Mais devait-il aller jus
qu’à assumer les fonctions de Maître
des cérémonies de la nouvelle Cour ?
On peut en douter.
Il est notoire que tout déplacement
du Président donnait lieu à une
mobilisation de fonctionnaires parmi
lesquels prenait place M. Brindeau,
chargé de haranguer son prédéces
seur. On se souvient encore de ce
voyage, qui fit la joie des journaux
de Paris, et au cours duquel on vit
un jour M. Brindeau, arrivant en
gare dans le wagon présidentiel, se
précipiter sur le quai et saluer
M. Faure au nom de la population
du Havre. C’était l’émotion réci
proque et légitime de deux vieux
amis qui se retrouvent après une
longue séparation. Des pleurs cou
lèrent dans la barbe des gendarmes.
Cette scène de vaudeville se répéta
plusieurs fois.
Amusements sans portée, parades
innocentes! Nous dira-t-on. Sans
doute, nous n’entendons pas tirer
parti contre M. Brindeau de ce que,
dans telle ou telle circonstances, il
aurait poussé un peu loin la recon
naissance électorale. Si nous rele
vons le fait, c’est uniquement pour
prouver une fois de plus que M. Brin
deau a besoin, par faiblesse de carac
tère et de convictions, de marcher
derrière quelqu’un. Ne brillant pas
de sa propre lumière, il est fatale
ment condamné à rester une sorte
de clair de lune. Tant qu’il est resté
à l’Hôtel-de-Ville, il a agi sous l’ins-
p ; ration de son entourage opportu
niste et clérical. Cette influence est
indéniable dans la question du bureau
de bienfaisance dont nous avons
parlé dans notre premier article. 11
a gravité ensuite, humble satellite,
dans les rayons du grand, de l’uni
que, du splendide Félix.
Arrivé à la Chambre, dans quelle
sphère d’attraction est-il tombé ?
Quel astre du firmament politique
se l’est annexé ? Nous n’appren
drons rien à nos lecteurs en disant
que M. Méline n’a pas de plus fidèle
vassal que M. Brindeau. Un signe
du Père la Famine, moins qu’un
signe, un regard, et M. Brindeau
vote, aussi obéissant qu’il était na
guère aux injonctions des cléricaux
et congréganistes havrais. Méline
est devenu son dieu, et chacun de
ses votes est un acte de foi à
Méline. Comme les Egyptiens ado
raient le crocodile, comme le Sou-
danien adore ses gris-gris, M. Brin
deau se prosterne nuit et jour devant
la vieille écrevisse du sanctuaire
progressiste.
Il faut d’ailleurs reconnaître que
la nature même de la circonscrip
tion qu’il représente, et qui a été
taillée il y a quelques années pour
favoriser les candidats de l’équivoque
et la politique à double face, facilite |
a M. Brindeau cette attitude. Les I
cantons de Montivilliers et de Saint- j
Romain, et une partie du sixième
canton ne sont-ils pas protection
nistes ? Ne se laissent-ils pas leurrer
par ces promesses illusoires de tu
telle de l’Etat, et par ce socialisme
rural qui ne profite cependant qu’aux
gros propriétaires fonciers ?
Protectionniste à la campagne.
libre-échangiste en ville, Sauf pour
les chantiers de Graville (simple
tactique électorale) tel apparaît M.
Brindeau.
Mais on lui a fait comprendre
qu’il ne devait plus guère compter
sur la partie républicaine de sa cir
conscription, et qu’il en serait réduit
à se rejeter sur le parti réaction
naire. D’autre part, sans aucun
crédit auprès des ministres qu’il
attaque journellement dans une
feuille subventionnée par M. Dubosc,
il doit renoncer à prétendre à une
influence quelconque pour des com
mandes de travaux aux Forges et
Chantiers. C’est une rengaine élec
torale qui a fait son temps et dont
les ouvriers ne sont plus dupes.
Il est donc condamné à marcher
jusqu’au bout avec les ruraux aux
quels il promettra la lune, et avec
les nationalistes de la ville et de la
campagne auxquels il inspirera évi
dement confiance en exaltant les
mérites de Mercier et d’Esterhazy.
En un mot, il s’efforcera de rallier à
son profit les'anciens contingents de
M. Raoul Ancel. On peut être assuré
que les cléricaux de La Croix , qui
l’ont déjà soutenu, ne lui feront pas
défaut. Ils ne lui opposeront pas de
candidat. Car il est devenu leur
homme, leur chose.
Les républicains de la circonscrip
tion laisseront-ils faire? Permet
tront-ils à la réaction de s’implan
ter chez nous sous la forme d’un an
cien opportuniste qui a évolué défi
nitivement à droite ?
Nous dirons, pour notre part,
qu’il dépend de l’union de tous les
républicains, démocrates, radicaux-
socialistes et socialistes, de mettre
fin à la comédie qui se joue depuis
trop longtemps dans la seconde cir
conscription.
Dans les circonstances actuelles,
vouloir, pour eux, c’est pouvoir.
Ils auront cette volonté ï
YERUS
■
— .uiaij ga an»"» —
Elections législatives tiu 3 Février 1801
ONZIÈME ARRONDISSEMENT DE PARIS
Première Circonscription
Inscrits : 12,320 — Votants : 8,390
Blancs et nuis : 215
MM. Legrain, radical socialiste..
1
579
Allemane, socialiste
2
108
Fabérot, ancien dép. soc. -.
1
292
Max Régis, nationaliste...
2
718
Peiffer, nationalisto
481
(Ballottage)
Il s’agissait de remplacer M. Pierre
Baudin, radical socialiste, élu député de
rarrondissement de Belley (Ain).
Cr^TK.JD
Première Circonscription de Nîmes
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Inscrits : 23.688 — Votants : 15 672
MM. Fournier, socialiste.. 8.792 ELU
De Bernis, royaliste.. 6.712
Il s’agissait de remplacer M. Delon-
Soubeyran, radical socialiste, décédé.
^Au premier tour de scrutin, les voix
s’étaient réparties comme suit : M. Four
nier, socialiste, 4,956 ; M. Mourier, radi
cal socialiste, 4.429 ; M. de Bernis, roya
liste, 5.205. M. Mourier s’était désisté en
faveur du candidat socialiste.
Elections sénatoriales dn 3 Février 1901
LOT
Inscrits : 639 —• Votants : 639
MM. Costes, maire de Cahors,
républicain radical.... 450 ELU
Séguy, conseil, municip.
de Cahors, nationaliste 185
Il s’agissait de remplacer M. Delport,
radical, décédé, qui avait été élu le 25
mars 1900, en remplacement de M. Talou,
radical, décédé.
SOIMZIsÆIEj
Inscrits : 1.366 — Votants : 1.319
Premier tour de scrutin
MM. Raquet, professeur d’a
griculture en retraite,
indépendant 575 voix
Rousé, maire de Doullens,
conseiller général, répu
blicain de concentration. 362
François, député républi
cain de Péronne 284
Beauvais-Dumont, répu
blicain radical 23
Ricquiez, profes. à Louis-
le-Grand, maire de Vaux-
les-Amiens, républicain. 38
36 voix se sont en outre, portées sur
M. René Goblet, qui, on le sait, avait re
fusé toute candidature.
(Ballottage)
Deuxième tour de scrutin
MM. Raquet 658 voix
Rousé 503
François 156
(Ballottage)
Troisième tour de scrutin
MM. Raquet 758 ELU
Rousé 560
Il s’agissait de remplacer M. Dumon,
sénateur inamovible, dont le siège avait
été attribué au département de la Somme
par voie de tirage au sort, dans la séance
du Sénat du 8 novembre 1900, conformé
ment à l’article 3 de la loi du 9 décembre
1884.
La journée, comme on le voit, a
été bonne pour la République.
Dans le Lot, M. Cos te. républicain
radical, est élu sénateur à une majo
rité considérable, près des deux tiers
des voix, laissant les partisans de
M. Séguy, son concurrent, dans un
profond découragement.
M. de Bernis, royaliste bon teint,
a été mis en pleine déroute, par son
concuirenfc socialiste Fournier, au
tour duquel tous les républicains s’é
taient groupés, pour faire pièce au
clérical nationaliste, ce qui fait pous
ser deshurlementsaux amis de Méline,
en criant que le spectre socialiste, que
le hideux collectivisme estànos portes,
que la Révolution sociale nous me
nace. Tremblez, bourgeois !
Leur crie d’orfaie, n’efraiera per
sonne. On sait que M. Fournier était
le candidat de tous les républicains,
le candidat de l’union contre l’ennemi
commun, voilà tout.
A Paris, Max Régis, comme nous
Pavions prévu, est battu et bien battu.
Àllemane reste seul en face de l’in
surgé d’Alger. Il est certain que les
républicains de la Folie-Méricourt ne
partagent pas tous les opinions et les
idées d’Allemane ; mais ce qu’fis sau
ront faire devant le danger commun,
c’est d’obéir à la discipline républi
caine. Et puis, Allemane, comme
nous l’avons déjà dit, est inébran
lable dans ses idées. Il a subi, sans
broncher, la peine de la déportation
dans les forteresses de Nouméa. 11 en
est revenu, exténué, brisé par les
souffrances de l’exil, mais ses convic
tions de républicain et de socialiste
se sont plus enracinées. Les Parisiens
aiment ces âmes vaillantes et coura
geuses. Ils sauront le lui prouver en
votant pour lui au scrutin de ballot
tage. Par lui, la République sera bien
défendue.
LE SERVICE D’UN AN
■ÿ
Importante décision de la com
mission de l’armée. — La réduc
tion du service militaire à un
an.
La question du service de deux
ans a fait l’objet de longues discus
sions à la commission de l’armée ; et
ce qu’il y a de plus curieux c’est que
celle-ci, après avoir entendu divers
rapports et examiné les propositions
qui lui étaient soumises, est arrivée
à cette conclusion que le service mili
taire devait être réduit à nn an.
Voici, en effet, le texte de la réso
lution que la commission de l’armée
a votée hier à la presque unanimité :
« La commission de l’armée invite
le ministre de la guerre à préparer le
plus tôt possible :
« 1° Un projet de loi portant réorga
nisation des cadres et effectifs de l’ar
mée active;
« 2° Un projet de loi sur l’enga
gement et le rengagement des sous-
officiers, caporaux, brigadiers et sim
ples soldats, de façon à arriver par
l’application de l’article 39 de la loi
de 1889 à la réduction progressive du
service militaire à un minimum d’un
an ;
3° Un projet de loi supprimant
toutes les dispenses prévues dans la
loi de 1889 : les soutiens indispensa
bles de famille, remplissant effec
tivement les obligations et reconnus
instruits devant bénéficier seuls d’un
droit de priorité pour être renvoyés
par anticipation après une année de
service. »
Des discussions qui ont eu lieu, il
s’est dégagé cette constatation que le
service de deux ans, sans dispenses,
serait inapplicable, et qu’il valait
mieux aller immédiatement au service
d’un an.
Mais une difficulté a surgi : si un
an d’instruction militaire suffit pour
l’infanterie et même l’artillerie, il ne
peut en être ainsi pour la cavalerie.;
La majorité de la commission s’est
alors arrêtée à cette idée que les
emplois de l’Etat, ceux de facteurs,
garde-champêtres, cantonniers, etc.,
ne seraient donnés qu’aux candidats
ayant accompli un engagement de
quatre ans.
Avec les faveurs données aux
engagés et aux rengagés on parvien
drait à avoir des cadres solides et une
bonne cavalerie.
C’est maintenant aux bureaux du
ministère de la guerre d’étudier la
question et d’apporter des solutions à
la commission de l’armée.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 9 Février 1901.
Organe du Parti Républicain Démocraiitiue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
=§
ADMINISTRATION ET
RÉDACTION
gj
15, RUE CASIMIR
-PBR.IER, 15 ’
1
=
§1
Secrétaire de la Rédaction....
Alfred HENRI
IË
L’Imprimeur-Gérant
E. LE ROT
v
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
Etude d’Histoire Loeale
KIM. BRINOEÂU & RISPAL
(Second Article)
Au cours de notre examen du
passé politique de M. Louis Brin
deau, une grande nouvelle s’était
répandue dans le monde politique.
Le député de la seconde circonscrip
tion, s’était fait inscrire pour pren
dre la parole contre le projet de loi
des Associations, et l’on annonçait
un grand discours sensationnel. A
vrai dire, M. Brindeau ne nous a
pas habitués à pareille surprise, et
l’on est encore à attendre son dis
cours ministre. Raison de plus pour
prêter attention à une manifestation
oratoire qui devait être un début à
la tribune.
Hélas, vain espoir ! La montagne
n’est même pas accouchée d’une
souris, elle est restée d’une infécon
dité humiliante. Brindeau-Ferrin-
ghea n’a pas parlé. Il est resté à son
banc, et le ministère est toujours
debout. M. Brindeau s’est contenté
de jouer sa partie dans la symphonie
des couteaux à papier et des voci
férations de droite qui ont accueilli
le rapporteur et les défenseurs de
la loi.
Nous attendions ce grand évène
ment annonce pour formuler une
opinion décisive sur M. Brindeau, et
nous avions, dans cet espoir, inter
rompu notre série d’articles sur les
amis des Révérends Pères.
Notre attente a été déçue. Donc
continuons.
Nous en étions à cette phase lamen
table de notre histoire locale où
l’opportunisme havrais, mâtiné de
réaction, fournissait un chef à l’Etat.
Nous n’en dirons pas davantage
sur le compte de M. Félix Faure,
cela nous entraînerait trop loin.
D’ailleurs, d’autres se chargeront de
ce soin. Les historiens de la troi
sième république y travaillent et
préparent les étrivières que méri
tent l’infatuation et la duplicité. Son
compte sera réglé et bien réglé,
qu’on se rassure.
Nous devons cependant signaler
la période gaie qui suivit l’élection
présidentielle. Nous voulons parler
des voyages effectués au Havre et
dans la région par le grand homme.
M. Brindeau qui s’était présenté
au lieu et place de M. Félix Faure,
avec l’autorisation de ce dernier,
lui devait évidemment de la recon
naissance. Mais devait-il aller jus
qu’à assumer les fonctions de Maître
des cérémonies de la nouvelle Cour ?
On peut en douter.
Il est notoire que tout déplacement
du Président donnait lieu à une
mobilisation de fonctionnaires parmi
lesquels prenait place M. Brindeau,
chargé de haranguer son prédéces
seur. On se souvient encore de ce
voyage, qui fit la joie des journaux
de Paris, et au cours duquel on vit
un jour M. Brindeau, arrivant en
gare dans le wagon présidentiel, se
précipiter sur le quai et saluer
M. Faure au nom de la population
du Havre. C’était l’émotion réci
proque et légitime de deux vieux
amis qui se retrouvent après une
longue séparation. Des pleurs cou
lèrent dans la barbe des gendarmes.
Cette scène de vaudeville se répéta
plusieurs fois.
Amusements sans portée, parades
innocentes! Nous dira-t-on. Sans
doute, nous n’entendons pas tirer
parti contre M. Brindeau de ce que,
dans telle ou telle circonstances, il
aurait poussé un peu loin la recon
naissance électorale. Si nous rele
vons le fait, c’est uniquement pour
prouver une fois de plus que M. Brin
deau a besoin, par faiblesse de carac
tère et de convictions, de marcher
derrière quelqu’un. Ne brillant pas
de sa propre lumière, il est fatale
ment condamné à rester une sorte
de clair de lune. Tant qu’il est resté
à l’Hôtel-de-Ville, il a agi sous l’ins-
p ; ration de son entourage opportu
niste et clérical. Cette influence est
indéniable dans la question du bureau
de bienfaisance dont nous avons
parlé dans notre premier article. 11
a gravité ensuite, humble satellite,
dans les rayons du grand, de l’uni
que, du splendide Félix.
Arrivé à la Chambre, dans quelle
sphère d’attraction est-il tombé ?
Quel astre du firmament politique
se l’est annexé ? Nous n’appren
drons rien à nos lecteurs en disant
que M. Méline n’a pas de plus fidèle
vassal que M. Brindeau. Un signe
du Père la Famine, moins qu’un
signe, un regard, et M. Brindeau
vote, aussi obéissant qu’il était na
guère aux injonctions des cléricaux
et congréganistes havrais. Méline
est devenu son dieu, et chacun de
ses votes est un acte de foi à
Méline. Comme les Egyptiens ado
raient le crocodile, comme le Sou-
danien adore ses gris-gris, M. Brin
deau se prosterne nuit et jour devant
la vieille écrevisse du sanctuaire
progressiste.
Il faut d’ailleurs reconnaître que
la nature même de la circonscrip
tion qu’il représente, et qui a été
taillée il y a quelques années pour
favoriser les candidats de l’équivoque
et la politique à double face, facilite |
a M. Brindeau cette attitude. Les I
cantons de Montivilliers et de Saint- j
Romain, et une partie du sixième
canton ne sont-ils pas protection
nistes ? Ne se laissent-ils pas leurrer
par ces promesses illusoires de tu
telle de l’Etat, et par ce socialisme
rural qui ne profite cependant qu’aux
gros propriétaires fonciers ?
Protectionniste à la campagne.
libre-échangiste en ville, Sauf pour
les chantiers de Graville (simple
tactique électorale) tel apparaît M.
Brindeau.
Mais on lui a fait comprendre
qu’il ne devait plus guère compter
sur la partie républicaine de sa cir
conscription, et qu’il en serait réduit
à se rejeter sur le parti réaction
naire. D’autre part, sans aucun
crédit auprès des ministres qu’il
attaque journellement dans une
feuille subventionnée par M. Dubosc,
il doit renoncer à prétendre à une
influence quelconque pour des com
mandes de travaux aux Forges et
Chantiers. C’est une rengaine élec
torale qui a fait son temps et dont
les ouvriers ne sont plus dupes.
Il est donc condamné à marcher
jusqu’au bout avec les ruraux aux
quels il promettra la lune, et avec
les nationalistes de la ville et de la
campagne auxquels il inspirera évi
dement confiance en exaltant les
mérites de Mercier et d’Esterhazy.
En un mot, il s’efforcera de rallier à
son profit les'anciens contingents de
M. Raoul Ancel. On peut être assuré
que les cléricaux de La Croix , qui
l’ont déjà soutenu, ne lui feront pas
défaut. Ils ne lui opposeront pas de
candidat. Car il est devenu leur
homme, leur chose.
Les républicains de la circonscrip
tion laisseront-ils faire? Permet
tront-ils à la réaction de s’implan
ter chez nous sous la forme d’un an
cien opportuniste qui a évolué défi
nitivement à droite ?
Nous dirons, pour notre part,
qu’il dépend de l’union de tous les
républicains, démocrates, radicaux-
socialistes et socialistes, de mettre
fin à la comédie qui se joue depuis
trop longtemps dans la seconde cir
conscription.
Dans les circonstances actuelles,
vouloir, pour eux, c’est pouvoir.
Ils auront cette volonté ï
YERUS
■
— .uiaij ga an»"» —
Elections législatives tiu 3 Février 1801
ONZIÈME ARRONDISSEMENT DE PARIS
Première Circonscription
Inscrits : 12,320 — Votants : 8,390
Blancs et nuis : 215
MM. Legrain, radical socialiste..
1
579
Allemane, socialiste
2
108
Fabérot, ancien dép. soc. -.
1
292
Max Régis, nationaliste...
2
718
Peiffer, nationalisto
481
(Ballottage)
Il s’agissait de remplacer M. Pierre
Baudin, radical socialiste, élu député de
rarrondissement de Belley (Ain).
Cr^TK.JD
Première Circonscription de Nîmes
SCRUTIN DE BALLOTTAGE
Inscrits : 23.688 — Votants : 15 672
MM. Fournier, socialiste.. 8.792 ELU
De Bernis, royaliste.. 6.712
Il s’agissait de remplacer M. Delon-
Soubeyran, radical socialiste, décédé.
^Au premier tour de scrutin, les voix
s’étaient réparties comme suit : M. Four
nier, socialiste, 4,956 ; M. Mourier, radi
cal socialiste, 4.429 ; M. de Bernis, roya
liste, 5.205. M. Mourier s’était désisté en
faveur du candidat socialiste.
Elections sénatoriales dn 3 Février 1901
LOT
Inscrits : 639 —• Votants : 639
MM. Costes, maire de Cahors,
républicain radical.... 450 ELU
Séguy, conseil, municip.
de Cahors, nationaliste 185
Il s’agissait de remplacer M. Delport,
radical, décédé, qui avait été élu le 25
mars 1900, en remplacement de M. Talou,
radical, décédé.
SOIMZIsÆIEj
Inscrits : 1.366 — Votants : 1.319
Premier tour de scrutin
MM. Raquet, professeur d’a
griculture en retraite,
indépendant 575 voix
Rousé, maire de Doullens,
conseiller général, répu
blicain de concentration. 362
François, député républi
cain de Péronne 284
Beauvais-Dumont, répu
blicain radical 23
Ricquiez, profes. à Louis-
le-Grand, maire de Vaux-
les-Amiens, républicain. 38
36 voix se sont en outre, portées sur
M. René Goblet, qui, on le sait, avait re
fusé toute candidature.
(Ballottage)
Deuxième tour de scrutin
MM. Raquet 658 voix
Rousé 503
François 156
(Ballottage)
Troisième tour de scrutin
MM. Raquet 758 ELU
Rousé 560
Il s’agissait de remplacer M. Dumon,
sénateur inamovible, dont le siège avait
été attribué au département de la Somme
par voie de tirage au sort, dans la séance
du Sénat du 8 novembre 1900, conformé
ment à l’article 3 de la loi du 9 décembre
1884.
La journée, comme on le voit, a
été bonne pour la République.
Dans le Lot, M. Cos te. républicain
radical, est élu sénateur à une majo
rité considérable, près des deux tiers
des voix, laissant les partisans de
M. Séguy, son concurrent, dans un
profond découragement.
M. de Bernis, royaliste bon teint,
a été mis en pleine déroute, par son
concuirenfc socialiste Fournier, au
tour duquel tous les républicains s’é
taient groupés, pour faire pièce au
clérical nationaliste, ce qui fait pous
ser deshurlementsaux amis de Méline,
en criant que le spectre socialiste, que
le hideux collectivisme estànos portes,
que la Révolution sociale nous me
nace. Tremblez, bourgeois !
Leur crie d’orfaie, n’efraiera per
sonne. On sait que M. Fournier était
le candidat de tous les républicains,
le candidat de l’union contre l’ennemi
commun, voilà tout.
A Paris, Max Régis, comme nous
Pavions prévu, est battu et bien battu.
Àllemane reste seul en face de l’in
surgé d’Alger. Il est certain que les
républicains de la Folie-Méricourt ne
partagent pas tous les opinions et les
idées d’Allemane ; mais ce qu’fis sau
ront faire devant le danger commun,
c’est d’obéir à la discipline républi
caine. Et puis, Allemane, comme
nous l’avons déjà dit, est inébran
lable dans ses idées. Il a subi, sans
broncher, la peine de la déportation
dans les forteresses de Nouméa. 11 en
est revenu, exténué, brisé par les
souffrances de l’exil, mais ses convic
tions de républicain et de socialiste
se sont plus enracinées. Les Parisiens
aiment ces âmes vaillantes et coura
geuses. Ils sauront le lui prouver en
votant pour lui au scrutin de ballot
tage. Par lui, la République sera bien
défendue.
LE SERVICE D’UN AN
■ÿ
Importante décision de la com
mission de l’armée. — La réduc
tion du service militaire à un
an.
La question du service de deux
ans a fait l’objet de longues discus
sions à la commission de l’armée ; et
ce qu’il y a de plus curieux c’est que
celle-ci, après avoir entendu divers
rapports et examiné les propositions
qui lui étaient soumises, est arrivée
à cette conclusion que le service mili
taire devait être réduit à nn an.
Voici, en effet, le texte de la réso
lution que la commission de l’armée
a votée hier à la presque unanimité :
« La commission de l’armée invite
le ministre de la guerre à préparer le
plus tôt possible :
« 1° Un projet de loi portant réorga
nisation des cadres et effectifs de l’ar
mée active;
« 2° Un projet de loi sur l’enga
gement et le rengagement des sous-
officiers, caporaux, brigadiers et sim
ples soldats, de façon à arriver par
l’application de l’article 39 de la loi
de 1889 à la réduction progressive du
service militaire à un minimum d’un
an ;
3° Un projet de loi supprimant
toutes les dispenses prévues dans la
loi de 1889 : les soutiens indispensa
bles de famille, remplissant effec
tivement les obligations et reconnus
instruits devant bénéficier seuls d’un
droit de priorité pour être renvoyés
par anticipation après une année de
service. »
Des discussions qui ont eu lieu, il
s’est dégagé cette constatation que le
service de deux ans, sans dispenses,
serait inapplicable, et qu’il valait
mieux aller immédiatement au service
d’un an.
Mais une difficulté a surgi : si un
an d’instruction militaire suffit pour
l’infanterie et même l’artillerie, il ne
peut en être ainsi pour la cavalerie.;
La majorité de la commission s’est
alors arrêtée à cette idée que les
emplois de l’Etat, ceux de facteurs,
garde-champêtres, cantonniers, etc.,
ne seraient donnés qu’aux candidats
ayant accompli un engagement de
quatre ans.
Avec les faveurs données aux
engagés et aux rengagés on parvien
drait à avoir des cadres solides et une
bonne cavalerie.
C’est maintenant aux bureaux du
ministère de la guerre d’étudier la
question et d’apporter des solutions à
la commission de l’armée.
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