Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-12-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 décembre 1900 22 décembre 1900
Description : 1900/12/22 (N243). 1900/12/22 (N243).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263442c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — N° 243.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
W
' S feJ
Samedi 22 Décembre 1900.
Organe du Parti Républicain Démocratie*ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GA.SIlÆIR.-FEtR.IER., 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alft»ed Henri
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames... 50 »
On traite à. ^forfait
Commission
(l’Assainissement
Balayage des Ruisseaux
A la dernière réunion de la Com
mission d’assainissement, M. Ch.
Joly, membre de cette Commission,
a proposé et défendu le projet sui
vant :
A partir du 1 er janvier 1901, il
sera établi un service municipal pour
le nettoyage des ruisseaux de la
Ville du Havre.
Ce service sera assuré par un
personnel spécial composé de 36
balayeurs et 6 chefs d’équipe, ré
partis par cantons comme suit :
v r
canton.
1 chef
5 hommes
2 8
>
1
»
5 »
3 e
»
1
»
6 »
4®
»
1
8 »
5 e
»
1
>
7
6 *
»
1
»
5 »
6
36
Soit un total de 42 personnes.
Chaque équipe de canton procé
dera au nettoyage des ruisseaux du
matin au soir, successivement par
quartier, sous la direction et la res
ponsabilité de son chef d’équipe.
Les fontainiers assureront un
service de chasses d’eau concurrem
ment à ce balayage.
11 sera mis à la disposition de ces
équipes une quantité suffisante de
produits désinfectants.
Au fur et à mesure des vacances
qui se produiront dans le personnel
actuel du service du balayage de la
voirie, il y sera pourvu par le choix
d’hommes absolument valides et vi
goureux qui fourniront, quoique
moins nombreux, un travail plus
efficace, en sorte qu’à un moment
donné, le service du nettoyage de
la chaussée et celui du balayage du
ruisseau aujourd’hui constitué puis
sent fusionner ensemble.
Les dépenses nécessitées par ce
nouveau service sont évaluées à en
viron 65.400 francs, se décomposant
comme suit :
36 hom. d’équipe à 1.400.. 50.400
6 chefs » à 1.500.. 9.0C0
matériel 4.000
désinfectants 2.000
Total 65.400
Aucune taxe spéciale de balayage
ne sera perçue pour couvrir ces dé
penses, qui, étant d’ordre essentiel
lement général, seront imputables
au budget ordidaire.
*
* *
Nous approuvons fort le projet
ci-dessus, et nous faisons des vœux
pour qu’il soit adopté dans son en
tier par la Commsision d’assainisse
ment. C’est là un prélude nécessaire
à ses travaux, et nous voudrions
voir fonctionner immédiatement ce
nouveau service de nettoyage.
Un de nos concitoyens, ayant
habité Genève plusieurs années,
nous montrait comme exemple ce
qui se passe dans cette ville pour le
maintien et la propreté des voies
publiques. Ce service, nous disait-il,
est considéré comme le plus impor
tant et le plus sérieux de la Cité,
puisqu’il préserve la santé publique
et annihile les épidémies.
Aussi, pour assurer son fonction
nement, on n’emploie que des hom
mes robustes et vigoureux auxquels
on attribue un salaire de 6 francs
par jour.
Malheureusement, on nous apprend
qu’une résistance sérieuse provien
drait de M. Maillart, adjoint chargé
du service de la Voirie, lequel aurait
en tête un projet fort différent.
On connaît rattachement de cet
adjoint à ses vieux balayeurs, qui,
soit dit en passant, ne fournissent
qu’une somme de travail peu appré
ciable pour la dépense relativement
'élevée qu’ils occasionnent au budget.
M. Maillart voudrait étendre leurs
services au nettoyage des ruisseaux
en reprenant un projet déposé en
1897, et prétendrait constituer une
équipe nouvelle de 60 balayeurs à
80 francs par mois.
Ce seul chiffre d’appointements
indique suffisamment que le travail
sera confié à des invalides , et, par
suite, sera fait d’une façon défec
tueuse.
Ce projet, que M. Maillart doit
soumettre à la Commission en Fé
vrier! — ou à la Trinité! — le Con
seil le repoussera de toutes ses for
ces. C’est d’ailleurs ce que M. l’ad
joint paraît désirer lui-même, en
sorte que nos ruisseaux pourront
rester encore longtemps dans leur
croupissant statu quo.
C’est plutôt triste !
LE RÉVEIL.
SIMPLE RAPPROCHEMENT
Lorsque le colonel Picquart eut
l’idée d'avertir le président du conseil
d'alors que la pièce prétendue décisive
qui venait d’être lue par M. Cavai-
gnac à la tribune de la Chambre et
affichée par ordre de celle-ci était un
faux, on sait ce qui lui advint : il fut
arrêté incontinent et mis en prison.
Même après le suicide du faussaire
Henry, qui j ustifiait cependant si ma
nifestement l’accusation du colonel
Picquart, Cavaignac ne lui pardonna
pas d’avoir eu raison ; on le garda en
détention pendant onze mois pour
avoir dit la vérité.
Aujourd’hui, un sous-Cavaiguac,le
capitaine Cuignet, essaie, sans doute
pour dégager l’honneur de l’ancien
ministre de la guerre, d’accuser le mi
nistère des affaires étrangères d’avoir
à soir tour fabriqué un faux. C’est
qu’il sait qu’il ne court pas le risque
d’être traité comme le colonel Pic
quart : nous avons un gouvernement
débonnaire, qui ne le gardera sûre
ment pas onze mois en cellule.
Au contraire, une enquête est ou
verte sur sa dénonciation.
S. L.
Arrestation du commandant
Cuignet
Pendant toute la journée d’hier, on
s’est occupé du cas du commandant
Cuignet.
On savait que le ministre de la
guerre avait décidé de faire une en
quête sur les dires de cet officier et
notamment sur la publication par les
journaux nationalistes de la lettre
adressée au président du conseil et
sur la communication d’un procès-
verbal signé Chamoin-Cuignet.
Dans la matinée, le commandant
Cuignet avait encore voulu attirer
l’attention sur lui en faisant publier
par les journaux nationalistes une
lettre qu’il venait d’adresser au mi
nistre de la guerre. Sous prétexte
d’annoncer des poursuites contre le
journal le Siècle, le commandant
Cuignet insistait de nouveau sur ses
précédentes déclarations relatives à
la dépêche Panizzardi.
Le bruit a couru dans l’après-midi
que le commandant Cuignet avait pris
la fuite ; à son domicile, on déclarait
qu’il était parti à la campagne. C'était
sans doute pour éviter les importuns.
La nouvelle de la fuite du comman
dant Cuignet était inexacte : le com
mandant n’avait pas quitté Paris pour
se dérober à l’enquête prescrite par le
ministre de la guerre.
C’est le général Florentin, gouver
neur militaire de Paris, qui a procédé
à cette enquête ; et c’est à la Place et
non au ministère de la guerre que
dans l’après-midi de jeudi le général
Chamoin et le commandant Cuignet
ont été entendus.
Ce dernier s’est, dit-on, rendu en
suite chez le ministre de la guerre.
La plus grande réserve a été gardée
sur ces entrevues.
Ce qu’il y a de certain, c’est qu’aus
sitôt après avoir été entendu par ses
chefs le commandant Cuignet a été
mis en état d’arrestation.
Il a été écroué à la prison du Mont-
Valérien.
SANS PRÊTRES
Mercredi 12 décembre ont eu lieu
les obsèques civiles de Mme Edgard
Quinet, la compagne dévouée du
grand philosophe républicain et pa
triote. Les notabilitées du monde in
tellectuel ont suivi avec recueille
ment le convoi de cette femme émi
nente qui a souhaité pour toute épi
taphe ces mots : « Ci-git uue Fran
çaise! »
Conformément à ses dernières vo
lontés le corps de Mme Edgard Quinet
a été incinéré. Ses cendres ont été
jointes à celles de son mari.
LE VAGABONDAGE
« Sans domicile fixe et sans moyens
d’existence », telles sont les condi
tions qui, au point de vue légal,
constituent le vagabond.. Carie vaga
bondage est un délit. Quiconque
réunit les deux conditions que nous
venons de mentionner, est passible de
prison et l’apprend généralement à
sas dépens.
Parmi les réformes que le prési
dent Magnaud, généralement bien
inspiré, voudrait introduire dans le
Code pénal, est celle des textes qui
définissent et répriment le délit de
vagabondage. Trop souvent, en effet,
ils frappent de pauvres hères qui sont
au fond de très honnêtes gens.
Il n’est par rare d’en rencontrer
qui, après des années, de longues
années d’errance par les grands che
mins, comptent des vingt-cinq, trente,
quarante condamnations et davantage,
toutes pour vagabondage — parfois
aussi pour mendicité. Cette associa
tion des deux délits est fatale : le
nomade sans revenus a faim parfois,
et alors il demande, ce qui est encore
un acte puni par la loi. Il ne peut
cependant pas se laisser périr d’ina
nition ; si son âme droite répugne au
vol, que faire, sinon solliciter l’assis
tance de ceux qui possèdent ?
Il semble que lorsqu’un homme
placé dans ces conditions résiste aux
tentations mauvaises, lorsque, ayant
faim, témoin des jouissances de ceux
qui sont plus heureux, il garde le
respect du bien d’autrui, la loi com
met un excès de rigueur en le con
damnant. Ce vagabond ne cause, en
résumé, de préjudice à personne ; vous
ne pouvez le frapper que par une
cohvention très discutable.
Qu’il travaille ? dira-t-on. Avec
cela que c’est facile de trouver l’em
ploi de son intelligence et de ses bras.
Combien de gens crèvent de misère
qui ont un savoir consacré par des
diplômes, qui sont habiles dans une
profession manuelle, mais que pour
suit le sort contraire, qui ne réussis
sent à se caser nulle part.
Un de nos confrères signalait l’au
tre jour l’arrestation, à Paris, comme
vagabonds, de licenciés en droit, d’un
ancien directeur d’école primaire, d’un
lauréat de l’Ecole normale, d’un ingé
nieur diplômé sortant d’une école de
l’Etat. Ce dernier avait occupé une
brillante situation, puis, par un coup
du sort, s’était trouvé jeté soudaine
ment sur le pavé. Bientôt sans res
sources, tenaillé par la faim, n’osant
mendier, il s’était laissé allé à voler
des aliments. D’où condamnation à
quinze jours de prison. Il est remis en
liberté et, justifiant de connaissances
sérieuses, va se caser au chemin de
fer métropolitain, lorsque la produc--
tion de son casier judiciaire lui ferme,
à tout jamais peut-être, la voie de ré
habilitation. Si maintenant cet homme
croule, de chûte en chûte jusqu’au
déshonneur irrémédiable, ne sera-ce
point la faute de la société et la loi
aura-t-elle bien rempli sa mission ?
Ne coudoyons-nous pas tous les
jours des gens moins dignes d’estime
que cet ingénieur et dont l’honorabi
lité n’aurait pas résisté devant les
mêmes épreuves ? Voler un pain lors
que l’on a faim, c’est mal assurément,
mais est-ce un délit impardonnable
qui doive vous rayer à tout jamais du
nombre des honnêtes gens? Certains
tripotages en affaires, certaines ma-
nouvres de Bourse sont, sans contre
dit, bien plus blâmables en elles-
mêmes et portent une atteinte autre
ment grave aux droits des individus
aussi bien que de la société.
Encore est-il nombre de vagabonds,
comme nous le disions tout à l’heure,
qui ont eu plus de force morale que
notre ingénieur. Jamais, même mou
rant de faim, ils n’ont fait tort d’un
centime à quiconque. Pour une rai
son ou pour une autre, parce que le
travail manque, l’ouvrier quitte l'ate
lier avec un léger pécule. Il va de
ville en ville frapper à la porte des
patrons pour demander qu’on l’em
bauche. 11 réalise des prodiges d'éco
nomie afin de faire durer ses ressour
ces, se nourrissant de pain arrosé
d’eau claire, couchant lorsqu’il le
peut, dans les fermes où cela ne coûte
rien.
Mais, un jour, la bourse est vide
et cependant le travail n’est pas venu.
Peu à peu les vêtements trempés par
les pluies, usés le long des chemins,
frippés à cause des nuits passées dans
les granges, (ne sont plus que des
frusques lamentables. Dès lors, le -
« trimardeur » est accueilli d’un œil
méfiant par les patrons et ! par les
camarades. D’où vient ce penailleux ?
Et des portes qui se seraient peut-être
ouvertes sans cela, restent fermées.
! Voilà un vagabond que cueillera
demain la gendarmerie et qu’un ar
ticle précis du code enfermera à la
prison avec les voleurs.
Pour qu’un pareil homme conserve
une conscience droite avec la fierté
de ne jamais mériter une condam
nation infâmante, pour qu’il ne
prenne pas rang parmi les misérables
qui se vengent par le crime des in
justices de la Société, il faut encore
qu’il ait l’âme bien trempée. Et cbaque
fois que nous voyons, aux audiences
correctionnelles, passer une de ces
victimes résignées, qui ont perdu
tout courage et acceptent maintenant
le sort avec une passivité lasse de
fatalistes, nous ne pouvons nous em
pêcher de penser qu’un autre législa
tion^ que d’autres mœurs les auraient
peut-être tirées de l’opprobre.
On dit à cela que les honnêtes gens
ont pour devoir de se protéger et que
les vagabonds terrorisent les cam
pagnes, qu’ils pillent, qu’ils volent,
qu’ils incendient, qu’ils assassinent
meme, lorsqu’ils n’accomplissent pas
des actes d’un sadisme révoltant.
D’abord, il ne faut point mettre
sur le compte des vagabonds tous les
crimes qui s’accomplissent dans les
campagnes. Il est trop facile de les
charger ainsi d’un nombre infini d’i
niquités. Dans tous les cas, les vaga
bonds capables de se livrer à de pa
reils excès sont une minorité. Ce sont
des professionnels, courant les che
mins avec l’intention bien arrêté de
ne jamais accepter une heure de tra
vail et de vivre de rapines. Pour
ceux-là, la loi ne saurait être trop
sévère. Le président Magnaud est de
cet avis et ne « les rate pas ». C’est
une engeance malfaisante dont on de
vrait bien purger notre territoire.
Les autres sont, avant tout, dignes
de pitié. Ils sont sans domicile ni
moyens d’existence, qu’on leur donne
l’un et l’autre. Que l’on crée, comme
en Allemagne et en de rares villes de
France, des établissement où ils puis
sent trouver un gîte passager et ga
gner quelque argent, en attendant un*
sort plus favorable. Mais pourquoi les
mettre obstinément en prison ? Eu sor
tent-ils améliorés ? Ont-ils plus dei
chance d’obtenir un emploi? Au con
traire, ils se sont enfoncés davantage
dans le bourbier horrible dont on finit
par ne plus pouvoir sortir. C’est l’en
lisement légal de l’esprit et du corps.;
Le Parlement fait œuvre de mora
lisation en s’occupant d’urgence de
cette question, l’une de celles qui
touchent le plus à la misère humaine*.
Que ceux qui ne croient pas à sa gra
vité, suivent pendant quelques se
maines les audiences correctionnelles,
ils seront édifiés. Leur pitié se révol
tera c . ils penseront avec nous qu’il y
a quelque chose à faire,
Que l’on supprime le délit de vaga
bondage tout simplement, en accor
dant à tout homme inoffensif le libre
droit de parcourir à son gré les routes
de France, si telle est sa passion. Pè
lerin de la misère ou touriste qui
CINQ CENTIMES LE NUMERO
W
' S feJ
Samedi 22 Décembre 1900.
Organe du Parti Républicain Démocratie*ue
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GA.SIlÆIR.-FEtR.IER., 15
Secrétaire de la Rédaction.... Alft»ed Henri
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames... 50 »
On traite à. ^forfait
Commission
(l’Assainissement
Balayage des Ruisseaux
A la dernière réunion de la Com
mission d’assainissement, M. Ch.
Joly, membre de cette Commission,
a proposé et défendu le projet sui
vant :
A partir du 1 er janvier 1901, il
sera établi un service municipal pour
le nettoyage des ruisseaux de la
Ville du Havre.
Ce service sera assuré par un
personnel spécial composé de 36
balayeurs et 6 chefs d’équipe, ré
partis par cantons comme suit :
v r
canton.
1 chef
5 hommes
2 8
>
1
»
5 »
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6 »
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»
1
8 »
5 e
»
1
>
7
6 *
»
1
»
5 »
6
36
Soit un total de 42 personnes.
Chaque équipe de canton procé
dera au nettoyage des ruisseaux du
matin au soir, successivement par
quartier, sous la direction et la res
ponsabilité de son chef d’équipe.
Les fontainiers assureront un
service de chasses d’eau concurrem
ment à ce balayage.
11 sera mis à la disposition de ces
équipes une quantité suffisante de
produits désinfectants.
Au fur et à mesure des vacances
qui se produiront dans le personnel
actuel du service du balayage de la
voirie, il y sera pourvu par le choix
d’hommes absolument valides et vi
goureux qui fourniront, quoique
moins nombreux, un travail plus
efficace, en sorte qu’à un moment
donné, le service du nettoyage de
la chaussée et celui du balayage du
ruisseau aujourd’hui constitué puis
sent fusionner ensemble.
Les dépenses nécessitées par ce
nouveau service sont évaluées à en
viron 65.400 francs, se décomposant
comme suit :
36 hom. d’équipe à 1.400.. 50.400
6 chefs » à 1.500.. 9.0C0
matériel 4.000
désinfectants 2.000
Total 65.400
Aucune taxe spéciale de balayage
ne sera perçue pour couvrir ces dé
penses, qui, étant d’ordre essentiel
lement général, seront imputables
au budget ordidaire.
*
* *
Nous approuvons fort le projet
ci-dessus, et nous faisons des vœux
pour qu’il soit adopté dans son en
tier par la Commsision d’assainisse
ment. C’est là un prélude nécessaire
à ses travaux, et nous voudrions
voir fonctionner immédiatement ce
nouveau service de nettoyage.
Un de nos concitoyens, ayant
habité Genève plusieurs années,
nous montrait comme exemple ce
qui se passe dans cette ville pour le
maintien et la propreté des voies
publiques. Ce service, nous disait-il,
est considéré comme le plus impor
tant et le plus sérieux de la Cité,
puisqu’il préserve la santé publique
et annihile les épidémies.
Aussi, pour assurer son fonction
nement, on n’emploie que des hom
mes robustes et vigoureux auxquels
on attribue un salaire de 6 francs
par jour.
Malheureusement, on nous apprend
qu’une résistance sérieuse provien
drait de M. Maillart, adjoint chargé
du service de la Voirie, lequel aurait
en tête un projet fort différent.
On connaît rattachement de cet
adjoint à ses vieux balayeurs, qui,
soit dit en passant, ne fournissent
qu’une somme de travail peu appré
ciable pour la dépense relativement
'élevée qu’ils occasionnent au budget.
M. Maillart voudrait étendre leurs
services au nettoyage des ruisseaux
en reprenant un projet déposé en
1897, et prétendrait constituer une
équipe nouvelle de 60 balayeurs à
80 francs par mois.
Ce seul chiffre d’appointements
indique suffisamment que le travail
sera confié à des invalides , et, par
suite, sera fait d’une façon défec
tueuse.
Ce projet, que M. Maillart doit
soumettre à la Commission en Fé
vrier! — ou à la Trinité! — le Con
seil le repoussera de toutes ses for
ces. C’est d’ailleurs ce que M. l’ad
joint paraît désirer lui-même, en
sorte que nos ruisseaux pourront
rester encore longtemps dans leur
croupissant statu quo.
C’est plutôt triste !
LE RÉVEIL.
SIMPLE RAPPROCHEMENT
Lorsque le colonel Picquart eut
l’idée d'avertir le président du conseil
d'alors que la pièce prétendue décisive
qui venait d’être lue par M. Cavai-
gnac à la tribune de la Chambre et
affichée par ordre de celle-ci était un
faux, on sait ce qui lui advint : il fut
arrêté incontinent et mis en prison.
Même après le suicide du faussaire
Henry, qui j ustifiait cependant si ma
nifestement l’accusation du colonel
Picquart, Cavaignac ne lui pardonna
pas d’avoir eu raison ; on le garda en
détention pendant onze mois pour
avoir dit la vérité.
Aujourd’hui, un sous-Cavaiguac,le
capitaine Cuignet, essaie, sans doute
pour dégager l’honneur de l’ancien
ministre de la guerre, d’accuser le mi
nistère des affaires étrangères d’avoir
à soir tour fabriqué un faux. C’est
qu’il sait qu’il ne court pas le risque
d’être traité comme le colonel Pic
quart : nous avons un gouvernement
débonnaire, qui ne le gardera sûre
ment pas onze mois en cellule.
Au contraire, une enquête est ou
verte sur sa dénonciation.
S. L.
Arrestation du commandant
Cuignet
Pendant toute la journée d’hier, on
s’est occupé du cas du commandant
Cuignet.
On savait que le ministre de la
guerre avait décidé de faire une en
quête sur les dires de cet officier et
notamment sur la publication par les
journaux nationalistes de la lettre
adressée au président du conseil et
sur la communication d’un procès-
verbal signé Chamoin-Cuignet.
Dans la matinée, le commandant
Cuignet avait encore voulu attirer
l’attention sur lui en faisant publier
par les journaux nationalistes une
lettre qu’il venait d’adresser au mi
nistre de la guerre. Sous prétexte
d’annoncer des poursuites contre le
journal le Siècle, le commandant
Cuignet insistait de nouveau sur ses
précédentes déclarations relatives à
la dépêche Panizzardi.
Le bruit a couru dans l’après-midi
que le commandant Cuignet avait pris
la fuite ; à son domicile, on déclarait
qu’il était parti à la campagne. C'était
sans doute pour éviter les importuns.
La nouvelle de la fuite du comman
dant Cuignet était inexacte : le com
mandant n’avait pas quitté Paris pour
se dérober à l’enquête prescrite par le
ministre de la guerre.
C’est le général Florentin, gouver
neur militaire de Paris, qui a procédé
à cette enquête ; et c’est à la Place et
non au ministère de la guerre que
dans l’après-midi de jeudi le général
Chamoin et le commandant Cuignet
ont été entendus.
Ce dernier s’est, dit-on, rendu en
suite chez le ministre de la guerre.
La plus grande réserve a été gardée
sur ces entrevues.
Ce qu’il y a de certain, c’est qu’aus
sitôt après avoir été entendu par ses
chefs le commandant Cuignet a été
mis en état d’arrestation.
Il a été écroué à la prison du Mont-
Valérien.
SANS PRÊTRES
Mercredi 12 décembre ont eu lieu
les obsèques civiles de Mme Edgard
Quinet, la compagne dévouée du
grand philosophe républicain et pa
triote. Les notabilitées du monde in
tellectuel ont suivi avec recueille
ment le convoi de cette femme émi
nente qui a souhaité pour toute épi
taphe ces mots : « Ci-git uue Fran
çaise! »
Conformément à ses dernières vo
lontés le corps de Mme Edgard Quinet
a été incinéré. Ses cendres ont été
jointes à celles de son mari.
LE VAGABONDAGE
« Sans domicile fixe et sans moyens
d’existence », telles sont les condi
tions qui, au point de vue légal,
constituent le vagabond.. Carie vaga
bondage est un délit. Quiconque
réunit les deux conditions que nous
venons de mentionner, est passible de
prison et l’apprend généralement à
sas dépens.
Parmi les réformes que le prési
dent Magnaud, généralement bien
inspiré, voudrait introduire dans le
Code pénal, est celle des textes qui
définissent et répriment le délit de
vagabondage. Trop souvent, en effet,
ils frappent de pauvres hères qui sont
au fond de très honnêtes gens.
Il n’est par rare d’en rencontrer
qui, après des années, de longues
années d’errance par les grands che
mins, comptent des vingt-cinq, trente,
quarante condamnations et davantage,
toutes pour vagabondage — parfois
aussi pour mendicité. Cette associa
tion des deux délits est fatale : le
nomade sans revenus a faim parfois,
et alors il demande, ce qui est encore
un acte puni par la loi. Il ne peut
cependant pas se laisser périr d’ina
nition ; si son âme droite répugne au
vol, que faire, sinon solliciter l’assis
tance de ceux qui possèdent ?
Il semble que lorsqu’un homme
placé dans ces conditions résiste aux
tentations mauvaises, lorsque, ayant
faim, témoin des jouissances de ceux
qui sont plus heureux, il garde le
respect du bien d’autrui, la loi com
met un excès de rigueur en le con
damnant. Ce vagabond ne cause, en
résumé, de préjudice à personne ; vous
ne pouvez le frapper que par une
cohvention très discutable.
Qu’il travaille ? dira-t-on. Avec
cela que c’est facile de trouver l’em
ploi de son intelligence et de ses bras.
Combien de gens crèvent de misère
qui ont un savoir consacré par des
diplômes, qui sont habiles dans une
profession manuelle, mais que pour
suit le sort contraire, qui ne réussis
sent à se caser nulle part.
Un de nos confrères signalait l’au
tre jour l’arrestation, à Paris, comme
vagabonds, de licenciés en droit, d’un
ancien directeur d’école primaire, d’un
lauréat de l’Ecole normale, d’un ingé
nieur diplômé sortant d’une école de
l’Etat. Ce dernier avait occupé une
brillante situation, puis, par un coup
du sort, s’était trouvé jeté soudaine
ment sur le pavé. Bientôt sans res
sources, tenaillé par la faim, n’osant
mendier, il s’était laissé allé à voler
des aliments. D’où condamnation à
quinze jours de prison. Il est remis en
liberté et, justifiant de connaissances
sérieuses, va se caser au chemin de
fer métropolitain, lorsque la produc--
tion de son casier judiciaire lui ferme,
à tout jamais peut-être, la voie de ré
habilitation. Si maintenant cet homme
croule, de chûte en chûte jusqu’au
déshonneur irrémédiable, ne sera-ce
point la faute de la société et la loi
aura-t-elle bien rempli sa mission ?
Ne coudoyons-nous pas tous les
jours des gens moins dignes d’estime
que cet ingénieur et dont l’honorabi
lité n’aurait pas résisté devant les
mêmes épreuves ? Voler un pain lors
que l’on a faim, c’est mal assurément,
mais est-ce un délit impardonnable
qui doive vous rayer à tout jamais du
nombre des honnêtes gens? Certains
tripotages en affaires, certaines ma-
nouvres de Bourse sont, sans contre
dit, bien plus blâmables en elles-
mêmes et portent une atteinte autre
ment grave aux droits des individus
aussi bien que de la société.
Encore est-il nombre de vagabonds,
comme nous le disions tout à l’heure,
qui ont eu plus de force morale que
notre ingénieur. Jamais, même mou
rant de faim, ils n’ont fait tort d’un
centime à quiconque. Pour une rai
son ou pour une autre, parce que le
travail manque, l’ouvrier quitte l'ate
lier avec un léger pécule. Il va de
ville en ville frapper à la porte des
patrons pour demander qu’on l’em
bauche. 11 réalise des prodiges d'éco
nomie afin de faire durer ses ressour
ces, se nourrissant de pain arrosé
d’eau claire, couchant lorsqu’il le
peut, dans les fermes où cela ne coûte
rien.
Mais, un jour, la bourse est vide
et cependant le travail n’est pas venu.
Peu à peu les vêtements trempés par
les pluies, usés le long des chemins,
frippés à cause des nuits passées dans
les granges, (ne sont plus que des
frusques lamentables. Dès lors, le -
« trimardeur » est accueilli d’un œil
méfiant par les patrons et ! par les
camarades. D’où vient ce penailleux ?
Et des portes qui se seraient peut-être
ouvertes sans cela, restent fermées.
! Voilà un vagabond que cueillera
demain la gendarmerie et qu’un ar
ticle précis du code enfermera à la
prison avec les voleurs.
Pour qu’un pareil homme conserve
une conscience droite avec la fierté
de ne jamais mériter une condam
nation infâmante, pour qu’il ne
prenne pas rang parmi les misérables
qui se vengent par le crime des in
justices de la Société, il faut encore
qu’il ait l’âme bien trempée. Et cbaque
fois que nous voyons, aux audiences
correctionnelles, passer une de ces
victimes résignées, qui ont perdu
tout courage et acceptent maintenant
le sort avec une passivité lasse de
fatalistes, nous ne pouvons nous em
pêcher de penser qu’un autre législa
tion^ que d’autres mœurs les auraient
peut-être tirées de l’opprobre.
On dit à cela que les honnêtes gens
ont pour devoir de se protéger et que
les vagabonds terrorisent les cam
pagnes, qu’ils pillent, qu’ils volent,
qu’ils incendient, qu’ils assassinent
meme, lorsqu’ils n’accomplissent pas
des actes d’un sadisme révoltant.
D’abord, il ne faut point mettre
sur le compte des vagabonds tous les
crimes qui s’accomplissent dans les
campagnes. Il est trop facile de les
charger ainsi d’un nombre infini d’i
niquités. Dans tous les cas, les vaga
bonds capables de se livrer à de pa
reils excès sont une minorité. Ce sont
des professionnels, courant les che
mins avec l’intention bien arrêté de
ne jamais accepter une heure de tra
vail et de vivre de rapines. Pour
ceux-là, la loi ne saurait être trop
sévère. Le président Magnaud est de
cet avis et ne « les rate pas ». C’est
une engeance malfaisante dont on de
vrait bien purger notre territoire.
Les autres sont, avant tout, dignes
de pitié. Ils sont sans domicile ni
moyens d’existence, qu’on leur donne
l’un et l’autre. Que l’on crée, comme
en Allemagne et en de rares villes de
France, des établissement où ils puis
sent trouver un gîte passager et ga
gner quelque argent, en attendant un*
sort plus favorable. Mais pourquoi les
mettre obstinément en prison ? Eu sor
tent-ils améliorés ? Ont-ils plus dei
chance d’obtenir un emploi? Au con
traire, ils se sont enfoncés davantage
dans le bourbier horrible dont on finit
par ne plus pouvoir sortir. C’est l’en
lisement légal de l’esprit et du corps.;
Le Parlement fait œuvre de mora
lisation en s’occupant d’urgence de
cette question, l’une de celles qui
touchent le plus à la misère humaine*.
Que ceux qui ne croient pas à sa gra
vité, suivent pendant quelques se
maines les audiences correctionnelles,
ils seront édifiés. Leur pitié se révol
tera c . ils penseront avec nous qu’il y
a quelque chose à faire,
Que l’on supprime le délit de vaga
bondage tout simplement, en accor
dant à tout homme inoffensif le libre
droit de parcourir à son gré les routes
de France, si telle est sa passion. Pè
lerin de la misère ou touriste qui
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