Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-12-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 décembre 1900 15 décembre 1900
Description : 1900/12/15 (N242). 1900/12/15 (N242).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263441z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5 e Année — B° 212.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi la Décembre 1900.
Réveil
Vf IjDÊP O T *LÈ G A
dÊÊtok mmi mm ******* A ssins-iru^re ]. !j
|J[|yP0Slj
Organe du Parti Républicain Démocratie)ue
PRIX DES ABONNEMENTS
==
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
|
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 1 5
Annonces...
Réclames....
|
Secrétaire de la Rédaction.... Alfired HENRI
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROT
Prélude à l’Apaisement
C’est en vain, que M. le président
du Conseil a posé déjà la question de
confiance ; le projet d’amnistie n’est
pas encore voté.
Cela ne veut pas dire qu’il ne le
sera pas, cela veut dire que la ma
jorité ne l’accepte qu’à son corps dé
fendant et par crainte de complica
tions. Cela veut dire, par conséquent,
que si le gouvernement n’insistait
pas énergiquement pour son adop
tion en déclarant qu’il n’accepterait
pas la responsabilité du pouvoir au
cas ou la Chambre ne lui donnerait
pas raison, le projet d’amnistie n’au
rait aucune chance de succès.
En vérité, cette amnistie ne res
semble à aucune autre. D’ordinaire,
c’est un mouvement d’opinion qui
réussit à imposer peu à peu l’idée de
l’amnistie à la Chambre et au gou
vernement. Ici, rien de semblable ;
il n’y a nul mouvement d’opinion en
faveur de l’amnistie ; au contraire,
c’est le gouvernement tout seul qui
se met dans la tète de le faire et qui
menace de se retirer si on ne l’écoute
pas. Et il la fait au profit de qui ? Au
profit de gens qu’il flétrit et voue
aux indignations de l’histoire !
Hier, comme prélude à l’apaise
ment rêvé, on s’est disputé quatre
heures durant sur l’affaire Dreyfus,
mais oui, sur l’Affaire, qui n’a pas été
liquidée par l’arrêt inique du conseil
de guerre de Rennes et qui ne le
sera que par le triomphe de la jus
tice. Courageusement, M. Vazeille
et M. Jules Breton ont successive
ment montré que l’agitation que l’on
prétend calmer avec un texte de loi
a sa cause vraie dans la protestation
de la conscience publique et que la
prétendue amnistie était un acte,
non d’apaisement, mais de faiblesse.
On attendait du ministère un appel
au combat, et ce qu’il apporte c’est
un conseil impérieux de défaillance.
Comment ne pas constater que le
ministère manque à son parti, à son
devoir politique et moral ?
Entre temps, M. Méline a justifié
la révision faite par M.Brisson, mais
M. Brisson ne s’est point justifié de
l’emprisonnement du colonel Pic-
quart.
Pour finir, M. Vazeille a proposé
un certain nombre d’exceptions à
l'amnistie, et, comme on lui objec
tait qu’il excluait ainsi toute l’affaire
Dreyfus, il s’est écrié : « Ce n’est
pas ma faute si cette affaire est le
rendez-vous de tous les crimes du
Code pénal ! >
Cela est vrai. Les crimes des
Mercier, des Esterhazy, des Billot,
sont prévus par le Code pénal. Mais
M. Waldeck-Rousseau ne veut pas
qu’ils soient punis. Sa justice à lui
consiste à gracier l’innocent et à
empêcher de poursuivre les coupa
bles. Méline eut été capable d’en
faire autant. S.L.
POISON NATIONALISTE
La Chambre a cru évidemment por
ter un coup terrible à l’absinthe,
quand elle a décidé, à la suite de M.
Vaillant, que le gouvernement devrait
interdire la consommation de toute
liqueur déclarée dangereuse par l’A
cadémie de médecine.
Il n’est pas sûr pourtant que le fu
neste apéritif ne résiste pas à cette
manifestation, car il est à craindre
que ce ne soit qu’une manifestation.
On conçoit, à la rigueur, le gou
vernement prononçant l’interdiction,
surveillant les comptoirs, emprison
nants les débitants en contravention,
poursuivant enfin par tous les moyens
la liqueur empoisonnée qui détraque
à la lois les estomacs et les cerveaux.
Mais ce qu’on voit moins, c’est
l’Académie de médecine se transfor
mant en compagnie de dégustateurs
et décidant, après expérience, sur le
plus ou moins de nocivité de toutes
les liqueurs passées, présentes et fu
tures. Il ne s’agit pas, en effet, de
dire, d’une façon générale : « L’u
sage de l’absinthe est dangereux. »
Il faut spécifier, préciser ; car, pour
l’absinthe comme pour autre chose,
c’est la dose qui fait le mal, et rien
n’empêche que l’absinthe, intelligem
ment préparée, devienne, comme la
mmthe, une boisson saine et rafraî
chissante.
Et puis, il n’y a pas que l’absinthe :
les neuf dixièmes des prétendus apé
ritifs sont aussi nuisibles que l’absin
the. L’Académie de médecine va-t-
elle délibérer officiellement sur chacune
de ces inventions commerciales, pour
décerner aux unes un brevet d’inno
cuité qui se transformerait vite en lu
crative réclame etcondamner les autres
à disparaître, au risque de ruiner des
industriels qui n’ont qu’un tort, celui
de servir leurs contemporains comme
ils aiment à être servis.
Il n’y a pas à dire : une partie du
peuple français aime à s’empoisonner.
On lui dit que l’absinthe est nn poi
son : il le sait, et il en boit tout de
même. Résultat : l’insuffisance des
asiles d’aliénés et les élections natio
nalistes de Paris.
Vous verrez que, au nom de la li
berté, la République se croira obligée
de respecter, dans l’absinthe comme
dans la presse, le poison nationaliste.
S. L.
L’élection sénatoriale de la Charente
Nos amis de la Charente nous ap
prennent que M. le colonel Chaffaut
posera sa candidature à la succession
du sénateur Broihier.
Déjà en 1894, alors qu’il était en
core dans l'armée active, des amis
avaient pensé à lui pour le Sénat :
au Congrès préparatoire ou huit can
didatures étaient posées, 77 voix
s’éraient portées sur son nom.
Le colonel Chaffautest un républi
cain qui, dans l’année, a défendu avec
ardeur les principes démocratiques
eu face de chefs hostiles à l’esprit ré
publicain et qui a été victime, comme,
tant d’autres, de ses convictions.
Marié en Charente, il a été depuis
vingt-cinq ans l’un des vaillants dé
fenseurs des idées républicaines et
anticléricales. Sa candidature serait
une candidature de patriotisme et de
loyauté.
L’an dernier, en face de la politi
que cléricale et nationaliste des « Vive
l’armée ! -» cet ancien officier supé
rieur a adressé publiquement à M.
François Coppée une lettre qui a mé
rité les éloges de toute la presse répu
blicaine et produit le plus salutaire
effet parmi les naïfs que les boniments
patriotards risquaient d’égarer.
Sa compétente des questions mili
taires, qu’il a affirmée dans de nom
breux écrits, et particulièrement sur
la possibilité du service de deux ans,
lui permettrait de combattre l’esprit
de routine qui paralyse tous nos pro
grès militaires.
Les électeurs charentais, en l’en
voyant au Sénat, tout en récoinpen-
sant les services rendus à la patrie et
à la République par ce bon patriote,
trouveraient en lui un homme dévoué,
susceptible de rendre d’inappréciables
services. La nouvelle qui nous par
vient réjouira donc tous ceux qui,
sans secousses, ont à cœur de voir
grossir au Parlement la phalange des
hommes de courage et de foi qui sor
tiront la France du mauvais rêve des
dernières années.
-SSffîï* *
LA MISS E DO SAIN T-ESPRIT
Par un vote — qui n’a réuni que
deux voix de majorité, mais la Répu
blique ne fut votée qu’à une seule
voix... — la Chambre vient d’inviter
le gouvernement à interdire les messes
dites du « Saint-Esprit ».
Ce sera, désormais, une annuelle
manifestation cléricale en moins ; on
ne verra plus, le jour de la rentrée
des cours et tribunaux, ces théories
de robes rouges et noires, garnies
d'hermine, défilant en parade pour se
rendre à l’église.
Une telle suppression provoque, na
turellement, les jérémiades des feuilles
de sacristie : elles préjeqdent que leurs
coreligionnaires sont victimes du sec
tarisme et de l’intolérance.
Rien de plus faux. Les magistrats
continueront, si c’est leur bon plaisir,
d’aller à la messe tous les matins, de
se confesser et de communier. Mais,
cela, à titre individuel, particulier.
Il n’y a d’aboli, insistons-y, qu’une
manifestation publique. Et c’est bien,
au reste, on n’en saurait douter, ce
que les cléricaux considèrent comme
un dommage.
Da peu de Pédagogie, Monsieur Lemoine
En a-t-on assez dit sur le livre de
M. Lemoine, inspecteur primaire :
« La Morale par la Récitation / »
On a prétendu que ce livre était
clérical. Le grief est peut-être exagéré.
Toutefois, il est certain que de la
lecture de l’ouvrage, il se dégage un
sentiment pénible qui vous donne
1 impression que l’auteur a fait ses
efforts pour satisfaire la plus nom
breuse clientèle possible : les congré
ganistes d’abord, auxquels il ne peut
rien imposer ; ensuite, mais bien en
suite, les laïques sur lesquels il exerce
une influence puisée uniquement dans
l’autorité de ses fonctions.
Une très large part est en effet réser
vée au x Devoirs envers Dieu, alors que
quautité d’ouvrages similaires, égale
ment en rapport avec les programmes
officiels, n’en parlent pas, respectant
ainsi la liberté de conscience des gens
qui croient, comme de ceux que l’é
tude et la réflexion ont rendus incré
dules ou tout au moins indifférents.
Donc, considéré dans son ensemble,
le livre de M. Lemoine n’est incon
testablement pas... libéral, comme le
sont aujourd’hui les ouvrages nou
veaux qui sont rédigés de façon à ré
pondre aux aspirations de la démo
cratie française, et à l’esprit des répu
blicains, qui, depuis 20 ans, se sont
intéressés à l’enseignement laïque, es
sentiellement laïque.
Mais ce ne sont pas là les seuls re
proches que mérite « la Morale par la
Récitation. »
L’ouvrage de M. Lemoine paraît
encore n’avoir été conçu — comme on
l’a déjà dit, dailleurs — que dans un
but uniquement commercial, devant
rapporter de gros bénéfices auxquels
ne devaient évidemment pas partici
per le personnel enseignant qui a été
INVITE à en établir le gros œuvre.
D’abord, cet ouvrage a été fait à la
hâte ; puis il a été édité dans les meil
leures conditions possibles de bon
marché. Et cependant il est vendu le
même prix que les ouvrages similai
res qui ont exigé beaucoup plus de
travail personnel de frais et de soins.
Pour parvenir à réaliser le plus
d’économies possibles, M. Lemoine a
complètement négligé la partie péda
gogique qui doit être la base essen
tielle de tout livre d’éducation, sur
tout de récitation et de morale.
M. Lemoine, prévoyant la critique,
a voulu s’excuser. Dans la préface de
son ouvrage, il dit, en effet, qu’il
laisse aux maîtres le soin de tirer la
morale de la leçon de récitation. On
constate donc que M. Lemoine a
trouvé très commode de s’éviter un
travail FORT DÉLICAT.
Quoi qu’il dise, M. l’Inspecteur
primaire ne rendra pas son livre meil
leur qu’il n’est. N’ayant de valeur au
point de vue pédagogique que celle
(c’est la seule) d’avoir les sujets de ré
citation en rapport direct avec le pro
gramme de morale qui se trouve re
produit pour chaque mois, le livre de
M. Lemoine est pour tout le reste ab
solument nul.
Mis entre les mains de maîtres
enexpérimentés ou de mauvaise foi,
ce livre peut même devenir nuisible.
Le professeur doit, on le sait, com
menter et expliquer la leçon que ses
élèves doivent lui réciter. Si ce maître
esc jeune, et manque d’expérience, il
se trouve souvent embarrassé pour
faire porter à la leçon de récitation
tous les fruits désirables; il arrive
parfois que sa leçon produit des résul
tats tout à fait contraires à ceux qui
devraient être obtenus.
Et si le maître est un congréga
niste? Alors, quels résultats néfastes !
Rien dans la Morale par la Récitation
‘ne venant éclairer l’enfant, notre
saint homme a toute liberté pour lais
ser dans l'ombre tout ce qui peut con
tribuer à développer dans le jeune
cœur de son jeune élève les meilleurs
sentiments. Son rôle était de ne pas
faire comprendre ni réfléchirai s’abs
tient de donner les explications nécess
saires ; il évite également le plus pos
sible de donner la signification des
mots incompris ; il ne voit qu’une
chose : faire trouver les leçons de réci
tation au profit de l’idée religieuse
qu’il a mission de développer toutes
les fois que son enseignement s’y
prête.
Or, le livre de M. Lemoine est pour
lui un excellent auxiliaire, de nom
breux morceaux se prêtant très bien
au but proposé.
Ainsi, l’on peut dire, en toute sin
cérité et sans crainte de démenti, qu’à
tous les points de vue, la Morale par
la Récitation ne vaut rien, moins que
rien pour nos écoleslaïques auxquelles
sont présentés tant d’ouvrages de
grande valeur pédagogique. BS êéIÜÜ
Si, pour appuyer mon appréciation
qui est celle de tous les membres de
l’enseignement qui ont étudié sérieu
sement le livre de M. Lemoine, j’a
nalyse succinctement un de ces ou
vrages auxquels je faisais allusion,
par exemple : la Premièie année de
Récitation , par M. Moy, doyen de la
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
Faculté de Lille, je vois que l’auteur
a, lui aussi, choisi ses morceaux de
récitation pour les faire concorder avec
le programme de Morale. Mais, ce
qui ne se rencontre pas dans la Morale
par la Récitation , je remarque surtout
que les sujets sont tous choisis avec le
plus grand soin. M. Moy a fait des
efforts couronnés de succès ponr que
son^ivre soit absolument neutre au
point de vue religieux. Chaque mor
ceau est analysé dans un court ré
sumé qui le précède et que l’enfant
comprend de suite; il est de plus
suivi d’une maxime qui laisse dans
l’esprit de l’enfant une empreinte qui
est comme l’essence même de la leçon
récitée. Chaque sujet de récitation
est en outre accompagné de nom
breuses gravures fort bien faites, dont
1 utilité n’est pas à démontrer. Enfin
une foule d’explications sont données
sur le sens et la signification des mots
qui ne pourraient pas être compris
des enfants.
Et je le répète, le livre de M. Moy
n’est pas le seul qui présente de
réelles qualités pédagogiques.
On le voit donc, nos maîtres avaient
autrefois à leur disposition des ouvra
ges sur la Récitation fort bien faits
et pouvant rendre les plus grands
services.
Pour répondre à un autre besoin
qu’un besoin d’un nouveau livre, ils
ont dû mettre entre les mains de nos
enfants un ouvrage creux, présentant,
pour l’étude la plus grande aridité,,
en un mot un livre qui ne paraît pas
avoir été fait par un pédagogue.
Un Voltairien.
PROJET DE VŒU
déposé par M. Ch. Joly, à la séance du.
Conseil Municipal du 10 courant
et renvoyé à l’examen de la
Commission dé intérêt
général.
Considérant que le mode d’éleeto-
rat encore en usage pour les Cham-
bres de Commerce Françaises est su
ranné et incompatible avec les prin
cipes d’égalité qui sont la base de
notre Société.
Qu’en effet, le nombre des notables
étant limité par la loi, la Commission
qui les choisit a tendance à désigner
les patentés les plus importants de
chaque tableau, alors que, sous un
régime démocratique, l’électorat, de
vrait être un droit stricte, et non
une prime accordée à l’importance
des capitaux engagés dans le Com
merce.
Qu’en outre, un certain nombre de
patentés acquittent des taxes de
Chambre de Commerce, sans être
électeurs, par conséquent sans pou
voir contribuer à l’élection de ceux:
qui établissent ces taxes, ce qui
constitue une violation flagrante des
principes mêmes de 1789.
Considérant enfla que, sur toutes
les questions qui intéressent notre
commerce, les pouvoirs publics de
mandent et suivent l’avis de ces
chambres, comme si elles étaient les-
mandataires de la communauté com
merciale toute entière, sans tenir
compte qu’en réalité elles ne sont q,ue
l’émanation d’un groupe de privilé
giés.
Exprime ses regrets d’avoir à
constater que, depuis dix ans, les dif
férents Ministères qui se sont succé
dés, n’ont rien tenté pour faire abou
tir les projets de réforme proposés, se
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi la Décembre 1900.
Réveil
Vf IjDÊP O T *LÈ G A
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Départements » 4 fr.
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15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 1 5
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Réclames....
|
Secrétaire de la Rédaction.... Alfired HENRI
L’Imprimeur-Gérant. F. LE ROT
Prélude à l’Apaisement
C’est en vain, que M. le président
du Conseil a posé déjà la question de
confiance ; le projet d’amnistie n’est
pas encore voté.
Cela ne veut pas dire qu’il ne le
sera pas, cela veut dire que la ma
jorité ne l’accepte qu’à son corps dé
fendant et par crainte de complica
tions. Cela veut dire, par conséquent,
que si le gouvernement n’insistait
pas énergiquement pour son adop
tion en déclarant qu’il n’accepterait
pas la responsabilité du pouvoir au
cas ou la Chambre ne lui donnerait
pas raison, le projet d’amnistie n’au
rait aucune chance de succès.
En vérité, cette amnistie ne res
semble à aucune autre. D’ordinaire,
c’est un mouvement d’opinion qui
réussit à imposer peu à peu l’idée de
l’amnistie à la Chambre et au gou
vernement. Ici, rien de semblable ;
il n’y a nul mouvement d’opinion en
faveur de l’amnistie ; au contraire,
c’est le gouvernement tout seul qui
se met dans la tète de le faire et qui
menace de se retirer si on ne l’écoute
pas. Et il la fait au profit de qui ? Au
profit de gens qu’il flétrit et voue
aux indignations de l’histoire !
Hier, comme prélude à l’apaise
ment rêvé, on s’est disputé quatre
heures durant sur l’affaire Dreyfus,
mais oui, sur l’Affaire, qui n’a pas été
liquidée par l’arrêt inique du conseil
de guerre de Rennes et qui ne le
sera que par le triomphe de la jus
tice. Courageusement, M. Vazeille
et M. Jules Breton ont successive
ment montré que l’agitation que l’on
prétend calmer avec un texte de loi
a sa cause vraie dans la protestation
de la conscience publique et que la
prétendue amnistie était un acte,
non d’apaisement, mais de faiblesse.
On attendait du ministère un appel
au combat, et ce qu’il apporte c’est
un conseil impérieux de défaillance.
Comment ne pas constater que le
ministère manque à son parti, à son
devoir politique et moral ?
Entre temps, M. Méline a justifié
la révision faite par M.Brisson, mais
M. Brisson ne s’est point justifié de
l’emprisonnement du colonel Pic-
quart.
Pour finir, M. Vazeille a proposé
un certain nombre d’exceptions à
l'amnistie, et, comme on lui objec
tait qu’il excluait ainsi toute l’affaire
Dreyfus, il s’est écrié : « Ce n’est
pas ma faute si cette affaire est le
rendez-vous de tous les crimes du
Code pénal ! >
Cela est vrai. Les crimes des
Mercier, des Esterhazy, des Billot,
sont prévus par le Code pénal. Mais
M. Waldeck-Rousseau ne veut pas
qu’ils soient punis. Sa justice à lui
consiste à gracier l’innocent et à
empêcher de poursuivre les coupa
bles. Méline eut été capable d’en
faire autant. S.L.
POISON NATIONALISTE
La Chambre a cru évidemment por
ter un coup terrible à l’absinthe,
quand elle a décidé, à la suite de M.
Vaillant, que le gouvernement devrait
interdire la consommation de toute
liqueur déclarée dangereuse par l’A
cadémie de médecine.
Il n’est pas sûr pourtant que le fu
neste apéritif ne résiste pas à cette
manifestation, car il est à craindre
que ce ne soit qu’une manifestation.
On conçoit, à la rigueur, le gou
vernement prononçant l’interdiction,
surveillant les comptoirs, emprison
nants les débitants en contravention,
poursuivant enfin par tous les moyens
la liqueur empoisonnée qui détraque
à la lois les estomacs et les cerveaux.
Mais ce qu’on voit moins, c’est
l’Académie de médecine se transfor
mant en compagnie de dégustateurs
et décidant, après expérience, sur le
plus ou moins de nocivité de toutes
les liqueurs passées, présentes et fu
tures. Il ne s’agit pas, en effet, de
dire, d’une façon générale : « L’u
sage de l’absinthe est dangereux. »
Il faut spécifier, préciser ; car, pour
l’absinthe comme pour autre chose,
c’est la dose qui fait le mal, et rien
n’empêche que l’absinthe, intelligem
ment préparée, devienne, comme la
mmthe, une boisson saine et rafraî
chissante.
Et puis, il n’y a pas que l’absinthe :
les neuf dixièmes des prétendus apé
ritifs sont aussi nuisibles que l’absin
the. L’Académie de médecine va-t-
elle délibérer officiellement sur chacune
de ces inventions commerciales, pour
décerner aux unes un brevet d’inno
cuité qui se transformerait vite en lu
crative réclame etcondamner les autres
à disparaître, au risque de ruiner des
industriels qui n’ont qu’un tort, celui
de servir leurs contemporains comme
ils aiment à être servis.
Il n’y a pas à dire : une partie du
peuple français aime à s’empoisonner.
On lui dit que l’absinthe est nn poi
son : il le sait, et il en boit tout de
même. Résultat : l’insuffisance des
asiles d’aliénés et les élections natio
nalistes de Paris.
Vous verrez que, au nom de la li
berté, la République se croira obligée
de respecter, dans l’absinthe comme
dans la presse, le poison nationaliste.
S. L.
L’élection sénatoriale de la Charente
Nos amis de la Charente nous ap
prennent que M. le colonel Chaffaut
posera sa candidature à la succession
du sénateur Broihier.
Déjà en 1894, alors qu’il était en
core dans l'armée active, des amis
avaient pensé à lui pour le Sénat :
au Congrès préparatoire ou huit can
didatures étaient posées, 77 voix
s’éraient portées sur son nom.
Le colonel Chaffautest un républi
cain qui, dans l’année, a défendu avec
ardeur les principes démocratiques
eu face de chefs hostiles à l’esprit ré
publicain et qui a été victime, comme,
tant d’autres, de ses convictions.
Marié en Charente, il a été depuis
vingt-cinq ans l’un des vaillants dé
fenseurs des idées républicaines et
anticléricales. Sa candidature serait
une candidature de patriotisme et de
loyauté.
L’an dernier, en face de la politi
que cléricale et nationaliste des « Vive
l’armée ! -» cet ancien officier supé
rieur a adressé publiquement à M.
François Coppée une lettre qui a mé
rité les éloges de toute la presse répu
blicaine et produit le plus salutaire
effet parmi les naïfs que les boniments
patriotards risquaient d’égarer.
Sa compétente des questions mili
taires, qu’il a affirmée dans de nom
breux écrits, et particulièrement sur
la possibilité du service de deux ans,
lui permettrait de combattre l’esprit
de routine qui paralyse tous nos pro
grès militaires.
Les électeurs charentais, en l’en
voyant au Sénat, tout en récoinpen-
sant les services rendus à la patrie et
à la République par ce bon patriote,
trouveraient en lui un homme dévoué,
susceptible de rendre d’inappréciables
services. La nouvelle qui nous par
vient réjouira donc tous ceux qui,
sans secousses, ont à cœur de voir
grossir au Parlement la phalange des
hommes de courage et de foi qui sor
tiront la France du mauvais rêve des
dernières années.
-SSffîï* *
LA MISS E DO SAIN T-ESPRIT
Par un vote — qui n’a réuni que
deux voix de majorité, mais la Répu
blique ne fut votée qu’à une seule
voix... — la Chambre vient d’inviter
le gouvernement à interdire les messes
dites du « Saint-Esprit ».
Ce sera, désormais, une annuelle
manifestation cléricale en moins ; on
ne verra plus, le jour de la rentrée
des cours et tribunaux, ces théories
de robes rouges et noires, garnies
d'hermine, défilant en parade pour se
rendre à l’église.
Une telle suppression provoque, na
turellement, les jérémiades des feuilles
de sacristie : elles préjeqdent que leurs
coreligionnaires sont victimes du sec
tarisme et de l’intolérance.
Rien de plus faux. Les magistrats
continueront, si c’est leur bon plaisir,
d’aller à la messe tous les matins, de
se confesser et de communier. Mais,
cela, à titre individuel, particulier.
Il n’y a d’aboli, insistons-y, qu’une
manifestation publique. Et c’est bien,
au reste, on n’en saurait douter, ce
que les cléricaux considèrent comme
un dommage.
Da peu de Pédagogie, Monsieur Lemoine
En a-t-on assez dit sur le livre de
M. Lemoine, inspecteur primaire :
« La Morale par la Récitation / »
On a prétendu que ce livre était
clérical. Le grief est peut-être exagéré.
Toutefois, il est certain que de la
lecture de l’ouvrage, il se dégage un
sentiment pénible qui vous donne
1 impression que l’auteur a fait ses
efforts pour satisfaire la plus nom
breuse clientèle possible : les congré
ganistes d’abord, auxquels il ne peut
rien imposer ; ensuite, mais bien en
suite, les laïques sur lesquels il exerce
une influence puisée uniquement dans
l’autorité de ses fonctions.
Une très large part est en effet réser
vée au x Devoirs envers Dieu, alors que
quautité d’ouvrages similaires, égale
ment en rapport avec les programmes
officiels, n’en parlent pas, respectant
ainsi la liberté de conscience des gens
qui croient, comme de ceux que l’é
tude et la réflexion ont rendus incré
dules ou tout au moins indifférents.
Donc, considéré dans son ensemble,
le livre de M. Lemoine n’est incon
testablement pas... libéral, comme le
sont aujourd’hui les ouvrages nou
veaux qui sont rédigés de façon à ré
pondre aux aspirations de la démo
cratie française, et à l’esprit des répu
blicains, qui, depuis 20 ans, se sont
intéressés à l’enseignement laïque, es
sentiellement laïque.
Mais ce ne sont pas là les seuls re
proches que mérite « la Morale par la
Récitation. »
L’ouvrage de M. Lemoine paraît
encore n’avoir été conçu — comme on
l’a déjà dit, dailleurs — que dans un
but uniquement commercial, devant
rapporter de gros bénéfices auxquels
ne devaient évidemment pas partici
per le personnel enseignant qui a été
INVITE à en établir le gros œuvre.
D’abord, cet ouvrage a été fait à la
hâte ; puis il a été édité dans les meil
leures conditions possibles de bon
marché. Et cependant il est vendu le
même prix que les ouvrages similai
res qui ont exigé beaucoup plus de
travail personnel de frais et de soins.
Pour parvenir à réaliser le plus
d’économies possibles, M. Lemoine a
complètement négligé la partie péda
gogique qui doit être la base essen
tielle de tout livre d’éducation, sur
tout de récitation et de morale.
M. Lemoine, prévoyant la critique,
a voulu s’excuser. Dans la préface de
son ouvrage, il dit, en effet, qu’il
laisse aux maîtres le soin de tirer la
morale de la leçon de récitation. On
constate donc que M. Lemoine a
trouvé très commode de s’éviter un
travail FORT DÉLICAT.
Quoi qu’il dise, M. l’Inspecteur
primaire ne rendra pas son livre meil
leur qu’il n’est. N’ayant de valeur au
point de vue pédagogique que celle
(c’est la seule) d’avoir les sujets de ré
citation en rapport direct avec le pro
gramme de morale qui se trouve re
produit pour chaque mois, le livre de
M. Lemoine est pour tout le reste ab
solument nul.
Mis entre les mains de maîtres
enexpérimentés ou de mauvaise foi,
ce livre peut même devenir nuisible.
Le professeur doit, on le sait, com
menter et expliquer la leçon que ses
élèves doivent lui réciter. Si ce maître
esc jeune, et manque d’expérience, il
se trouve souvent embarrassé pour
faire porter à la leçon de récitation
tous les fruits désirables; il arrive
parfois que sa leçon produit des résul
tats tout à fait contraires à ceux qui
devraient être obtenus.
Et si le maître est un congréga
niste? Alors, quels résultats néfastes !
Rien dans la Morale par la Récitation
‘ne venant éclairer l’enfant, notre
saint homme a toute liberté pour lais
ser dans l'ombre tout ce qui peut con
tribuer à développer dans le jeune
cœur de son jeune élève les meilleurs
sentiments. Son rôle était de ne pas
faire comprendre ni réfléchirai s’abs
tient de donner les explications nécess
saires ; il évite également le plus pos
sible de donner la signification des
mots incompris ; il ne voit qu’une
chose : faire trouver les leçons de réci
tation au profit de l’idée religieuse
qu’il a mission de développer toutes
les fois que son enseignement s’y
prête.
Or, le livre de M. Lemoine est pour
lui un excellent auxiliaire, de nom
breux morceaux se prêtant très bien
au but proposé.
Ainsi, l’on peut dire, en toute sin
cérité et sans crainte de démenti, qu’à
tous les points de vue, la Morale par
la Récitation ne vaut rien, moins que
rien pour nos écoleslaïques auxquelles
sont présentés tant d’ouvrages de
grande valeur pédagogique. BS êéIÜÜ
Si, pour appuyer mon appréciation
qui est celle de tous les membres de
l’enseignement qui ont étudié sérieu
sement le livre de M. Lemoine, j’a
nalyse succinctement un de ces ou
vrages auxquels je faisais allusion,
par exemple : la Premièie année de
Récitation , par M. Moy, doyen de la
Prix des Insertions :
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
Faculté de Lille, je vois que l’auteur
a, lui aussi, choisi ses morceaux de
récitation pour les faire concorder avec
le programme de Morale. Mais, ce
qui ne se rencontre pas dans la Morale
par la Récitation , je remarque surtout
que les sujets sont tous choisis avec le
plus grand soin. M. Moy a fait des
efforts couronnés de succès ponr que
son^ivre soit absolument neutre au
point de vue religieux. Chaque mor
ceau est analysé dans un court ré
sumé qui le précède et que l’enfant
comprend de suite; il est de plus
suivi d’une maxime qui laisse dans
l’esprit de l’enfant une empreinte qui
est comme l’essence même de la leçon
récitée. Chaque sujet de récitation
est en outre accompagné de nom
breuses gravures fort bien faites, dont
1 utilité n’est pas à démontrer. Enfin
une foule d’explications sont données
sur le sens et la signification des mots
qui ne pourraient pas être compris
des enfants.
Et je le répète, le livre de M. Moy
n’est pas le seul qui présente de
réelles qualités pédagogiques.
On le voit donc, nos maîtres avaient
autrefois à leur disposition des ouvra
ges sur la Récitation fort bien faits
et pouvant rendre les plus grands
services.
Pour répondre à un autre besoin
qu’un besoin d’un nouveau livre, ils
ont dû mettre entre les mains de nos
enfants un ouvrage creux, présentant,
pour l’étude la plus grande aridité,,
en un mot un livre qui ne paraît pas
avoir été fait par un pédagogue.
Un Voltairien.
PROJET DE VŒU
déposé par M. Ch. Joly, à la séance du.
Conseil Municipal du 10 courant
et renvoyé à l’examen de la
Commission dé intérêt
général.
Considérant que le mode d’éleeto-
rat encore en usage pour les Cham-
bres de Commerce Françaises est su
ranné et incompatible avec les prin
cipes d’égalité qui sont la base de
notre Société.
Qu’en effet, le nombre des notables
étant limité par la loi, la Commission
qui les choisit a tendance à désigner
les patentés les plus importants de
chaque tableau, alors que, sous un
régime démocratique, l’électorat, de
vrait être un droit stricte, et non
une prime accordée à l’importance
des capitaux engagés dans le Com
merce.
Qu’en outre, un certain nombre de
patentés acquittent des taxes de
Chambre de Commerce, sans être
électeurs, par conséquent sans pou
voir contribuer à l’élection de ceux:
qui établissent ces taxes, ce qui
constitue une violation flagrante des
principes mêmes de 1789.
Considérant enfla que, sur toutes
les questions qui intéressent notre
commerce, les pouvoirs publics de
mandent et suivent l’avis de ces
chambres, comme si elles étaient les-
mandataires de la communauté com
merciale toute entière, sans tenir
compte qu’en réalité elles ne sont q,ue
l’émanation d’un groupe de privilé
giés.
Exprime ses regrets d’avoir à
constater que, depuis dix ans, les dif
férents Ministères qui se sont succé
dés, n’ont rien tenté pour faire abou
tir les projets de réforme proposés, se
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