Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1900-04-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 avril 1900 21 avril 1900
Description : 1900/04/21 (N208). 1900/04/21 (N208).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263407x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
5“ Année —S B 208.
Samedi 21 Avril 1900.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
PRIX DES 4BONNEME1NTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASXMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thoihmeret
L’ImpRIMEUR-GÉRANT. F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 *
On traite à forfait
Organe du Parti Républicain Démocratique .
LES
La fin d’un Malentendu
Les élections municipales doivent
avoir lieu dans quinze jours, et rien
ne se dessine de la ligne de conduite
qu’entendent suivre les divers partis
en présence, qui ont l’air de s’ob
server en évitant de porter aux ad
versaires les premiers coups.
Cette situation assez anormale,
doit être attribuée aux négociations
qui durent depuis plusieurs semaines
déjà, et qui ont complètement échoué.
On pouvait- espérer de voir s’ef
fectuer au Havre une concentration
allant des républicains modérés aux
socialistes. Ainsi que nous l’avons
indiqué ici même, cette concentra
tion aurait été l’application à nos
affaires municipales du principe
adopté pour la formation du minis
tère Waldeck-llousseau. Naturelle
ment cela devait impliquer la plus
grande largeur d’idées dans la com
position de la liste. On devait re
noncer à s’excommunier entre répu
blicains et s’en rapporter à chaque
comité pour le choix de ses candi
dats. Le contrôle des autres groupes
ne devait s’exercer que sur l’hono
rabilité et les antécédents politiques
des candidats présentés par l’un
d’eux.
Ce mode de procéder avait tout
d’abord été accepté par tout le
monde. Le Comité démocratique ,
quoique persuadé qu’il pouvait sans
danger affronter la lutte et se passer
de la concentration, avait cependant
fait des sacrifices au désir de con
corde manifesté par ses adversaires
de la veille. Le Comité central répu
blicain avait admis la négociation
avec les socialistes , dont les délé
gués s’étaient abouchés avec ceux
des deux autres groupes,
A ce moment donc, il est bon de
le constater, les opportunistes du
Comité central admettaient parfaite
ment l’union avec les démocrates et
les socialistes. Tout pouvait donc
marcher sans encombre, les socia
listes ne demandant qu’un nombre
très restreint de sièges et se bor
nant à exiger le droit comme les
autres comités de choisir librement
leurs candidats pour les faire figurer
sur la liste de concentration. Chacun
conservait son programme.
Mais les négociations ont révélé
nn fait qui devait entraîner fatale
ment la rupture à un moment don
né. Les délégués du Comité central
paraissent avoir été désavoués par
la majorité des membres* de leur
groupe. H ne faut pas oublier en effet
qu’aux élections de 1896 et de 1898,
ce Comité avait fait ouvertement
appel au concours des réactionnaires
pour combattre les candidats démo
crates. On se souvient de l’action
parallèle de M. Rispal et du Petit
Havre avec La Croix. Cet élément
réactionnaire entendait saisir l’oc
casion de demander la récompense
de son appui.
On a pu constater alors au cours
des pourparlers que le Comité cen
tral augmentait sans cesse ses exi
gences. Il revendiquait d’abord le
droit exclusif d’imposer ses candi
dats sans discussion possible de la
part des autres groupes. En même
temps il excluait tel ou tel membre
des groupes socialistes, sous nréte^Q
qu’il était un agitateur profession
nel... Comme si l’agitateur profes
sionnel était un être inconnu dans le
Comité central !
Ce groupe allait plus loin. Il pré
tendait imposer à la concentration
des candidats ralliés ou royalistes
avérés. Et, sur les objections des
républicains des autres comités, les
grands chefs du Comité central ré
pondaient avec hauteur et sérénité :
« Nous vous garantissons le répu
blicanisme de tous nos candidats,
cela doit vous suffire ». Réponse
vraiment trop commode de la part
de gens qui ont tenu le même rai
sonnement en garantissant naguère
le républicanisme des Rispal et des
Brindeau qu’ils combattent aujour
d’hui.
En vérité les démocrates, qui
étaient le pivot de la concentration,
auraient été bien naïfs de se conten
ter de pareilles déclarations.
Dans ces conditions, une rupture
était inévitable. Du moment que la
concentration devenaitimpossible du
fait des opportunistes qui l’avaient
tout d’abord sollicitée en invoquant
les nécessités de la défense républi
caine, il n’y avait plus qu’à rentrer
chacun chez soi.
Il était d’ailleurs évident que les
nécessités de la défense républicaine
n’étaient dans la bouche de certains
qu’un prétexte. On cherchait avant
tout à se constituer une majorité
opportuniste au sein du futur Con
sul, pour remplacer par des hom
mes du Comité central M. Marais et
ses collaborateurs.
Il fallait donc déjouer ces manœu
vres, et nous ne pouvons que félici
ter nos amis du Comité républicain
démocratique de l’avoir fait. Ils ont
compris sagement leur devoir en
empêchant le retour à l’Hôtel de
Ville d’une majorité opportuniste
qui s’empresserait sans doute de re
venir aux déplorables errements
financiers des disciples ou amis de
M. Rispal, l’homme du déficit.
La population eût difficilement
compris, même en présence du péril
nationaliste, l’alliance entre démo
crates et opportunistes. Elle préfé
rera à cette fusion d’infusibles l’affir
mation nette par les démocrates de
leur volonté de persister dans la
voie oh le Conseil sortant s’est en
gagé pour le grand bien de notre
ville.
Les candidats opportunistes pour
ront rééditer au cours de la période
électorale les arguments au moyen
desquels les opportunistes du Con
seil ont combattu la majorité, avec
un esprit de tracasserie dont ils
conviennent aujourd’hui. Ils pour
ront agiter le spectre rouge,icomme
leur en donne le conseil Le Petit
Havre, toujours méliniste et anti-
miaistériel.
La population républicaine du
Havre est assez bien renseignée
pour savoir que M. Marais et ses
amis ne sont pas des hommes de
désordre, eux qui ont rétabli l’ordre
dans le gâchis de leurs prédéces
seurs. Elle tiendra à leur renouve
ler sa confiance, et à leur adjoindre
des hommes décidés à les seconder
dans leur œuvre loyalement et sans
arrière pensée.
VERUS
EXPLOITS NATIONALISTES
Le colonel de Villebois-Mareuil,
mort au Transvaal, était-il nationa
liste ? Les amis de M. Millevoye l’af
firment avec une telle énergie qu'ils
ont assisté hier, à une cérémonie reli
gieuse organisée en son nonneur, et
que, pour se faire la main, sans doute,
ils ont assommé un agent de police.
Pour nous, nous prétendons — les
preuves abondent — que M. Ville
bois-Mareuil a été un « infâme drey
fusard », qu’il a quitté l’armée parce
qu’il haïssait les coteries formées par
certains grands chefs, qu’il était pa
triote comme nous, et non comme les
nationalistes, enfin, qu’il n’était
guère religieux, puisqu’il a exigé
d’être enterré civilement, là où il
mourrait.
Cela ne gêne guère nos nationa
listes. Il leur fallait an héros — celui
qui se morfond sitr les rivages de la
(Joncha de Saint-Sébastien n’en était
pas un — et ils ont pris Villebois-
Mareuil. Vivant, ils l’ont encensé
pour l'embrigader. Mort, il leur a
échappé par son testament, par ses
lettres, que le Figaro et nous, avons
publiées, par son enterrement pure
ment militaire, sur un kopje du
Transvaal, loin de tout prêtre catho
lique, même en dehors d’uri pasteur
protestant. N’importe ! Ils ont essayé
de le reprendre quand même et ils lui
ont fait célébrer une messe.
C'est à la sortie de cette messe, dite
à Notre-Dame, que pour montrer que
Villebois-Mareuil était bien nationa
liste, ils ont assommé un sergent de
ville. Les nationalistes détestent la
police tout comme les cambrioleurs.
Quand ils ne sont pas pris sur le coup,
ils accusent les anarchistes — à preuve
le sac de l’église Saint-Joseph — mais
quand ils sont pinces, ils traînent le
préfet de police dans la boue. Excel
lents patriotes.
Ce sont là leurs hauts exploits. La
police, sous un ministère républicain,
les empêchant d’assommer les citoyens
libres comme au temps du procès
Zola, autour du Palais de Justice, ils
se vengent en assommant la police.
Cela n’arrête point le cours des choses :
malgré tout, Déroulède se désespère
que le pays se refuse énergiquement
à le suivre, et Mercier, le fameux
faussaire est, chaque fois qu’il savise
de paraître en public, hué à un tel
point par la foule, que la police —
celle-là même que ses amis assomment
— à l’obligeance de lui procurer un
fiacre et de le protéger. C’est ainsi,
pour parler comme les nationalistes,
que la France marche avec Mercier et
Déroulède.
UN MANIFESTE ANONYME
Il a paru simultanément, dans le
journal de M. Méline et dans le jour
nal de M. Millevoye, une sorte de
manifeste émanant d’un prétendu
comité de sénateurs et de députés qui
s’intitule : « Alliance des républicains
progressistes. »
Ce document, destiné, paraît-il, à
éclairer les électeurs municipaux et à
faciliter la tâche des comités électo
raux, ne porte aucune signature ; il a
peut-être été rédigé par M. Méline,
peut-être aussi par M. Millevoye. Il
y a des phrases où se reconnaît la pen
sée de l’un et de l’autre; il y eu a
aussi que le père Bailly ne renierait
pas ; mais ni ceux-là ni celui-ci n’ont
osé mettre leur nom au bas du papier,
et les autres députés et sénateurs de
T « Alliance des républicains progres
sistes » ont observé la même discré
tion.
Cet anonymat est fâcheux ; quand
on s’adresse au suffrage universel,
c’est bien le moins que l’on se montre
à visage découvert et que l’on signe
son programme avant de l’imposer
aux autres.
Tant que nous ne connaîtrons pas
les auteurs de l’appel en question,
nous serons en droit de le considérer
comme une pure mystification.
Quant à mettre en garde les élec
teurs municipaux contre leurs mysté
rieux conseillers, est-ce bien utile ?
Les républicains n’auront qu’à par
courir rapidement la circulaire, qui
sera sans doute adressée à un grand
nombre d’entre eux, pour voir qu’elle
émane de quelque officine réaction
naire et cléricale.
Le truc des ennemis de la Répu
blique est vraiment trop grossier, et
ces gens-là dépassent les limites de la
sottise en s’imaginant qu’ils n’ont
qu’à cacher leurs noms pour nous
faire avaler leurs bourdes. Comme si
leurs écrits ne portaient pas une mar
que d’origine indélébile !...
Le manifeste anonyme ne trompera
personne; l’âne couvert de la peau
du lion n’a pas eu le temps de braire,
et déjà les risées le mettent en fuite.
J. Derriaz
PATRIOTISME DE MOINES
Une enquête vient d’être faite par
M. l’Inspecteur primaire de Clermont
(Oise) sur le personnel enseignant de
l’école privée des frères maristes de
Breteuil, à laquelle est annexé un
petit pensionnat.
L’inspecteur a découvert, parmi
les maîtres de cet établissement, un
jeune professeur de nationalité alle
mande. Un rapport sur cette décou
verte a été immédiatement adressé à
l’inspection académique du départe
ment.
On ne se doute pas du nombre d’é
trangers qu’abritent ainsi les écoles
religieuses de tous ordres. Et pourtant
l’article 4 de la loi du 30 octobre 1886
est clair:
« Nul ne peut être directeur ou ad
joint chargé de classe dans une école
primaire publique ou privée s’il n’est
Français, et s’il ne remplit, en outre,
les conditions de capacité fixées par
la loi du 1 b juin 1881 et les conditions
d’âge établies par la présente loi. Tou
tefois, les étrangers remplissant les
deux ordres de conditions précités et
admis à jouir des droits civils en
France, peuvent enseigner dans les
écoles privées, moyennant une auto
risation donnée par le ministre, après
avis du Conseil départemental,
Eh bien, savez-vous ce qu’ont ima
giné nos bons frères ? Us ont tout sim
plement joué sur les mots « chargé de
classe » et soutiennent qu’un étranger
peut enseigner pourvu que la classe
soit dirigée par un Français.
Naturellement en temps ordinaire,
l’étranger est seul avec ses élèves ;
mais, dès que l’inspecteur est signalé,
on lui adjoint le frère cuisinier ou le:
frère portier qui est Français, et le
tour est joué.
Concurrence à St-Antoine
Un sieur Bourgerolles, de Viersat
(Creuse), exploitait la naïveté des
cultivateurs de la Creuse et de l’Ailier
en leur vendant une drogue mais qui,
d’après lui, accompagnée d’une invo
cation à sainte Thérence, guérissait
les animaux* atteints de la fièvre
aphteuse. Ce malin personnage, qui
avait été récemment condamné à un
mois de prison pour ces faits, compa
raissait de nouveau l’autre jour devant
le tribunal correctionnel de Chambon,
sous la prévention d’abus de con
fiance.
Dernièrement, un sieur Elie’Chapy,
duTheil, commune de Savault-Sainte-
Anne, rencontrait sur la place Notre-
Dame, à Montluçon, le susdit Bour
gerolles.
Tout en causant, ce dernier apprit
que le fils Chapy, qui habite près de
Montluçon, avait été victime d’un vol
de 1,300 francs.
Il offrit ses services au père Chapy
et lui dit que contre remboursement
d’une somme de 25 fr., il lui ferait
découvrir son voleur, ce qui fut
accepté. Pour ce faire, il lui remit un
petit paquet contenant des herbes et
une invocation à sainte Thérence. Le
voleur, naturellement, resta introu
vable.
Le tribunal a condamné Bourge
rolles à un mois de prison et 100 fr.
d’amende.
Pourquoi Bourgerolles opère-t-il à
l’aide de sainte Thérence et non de
saint Antoine ?
Il est vrai qu’il n’est pas Àssomp-
tionniste.
Nos Instituteurs et l'Exposition
Plusieurs contrées de l’Europe, l’Al
lemagne entre autres, se proposent
d’envoyer à leurs frais un certain
nombre d’instituteurs visiter notra.
belle Exposition.
En France, jusqualors, cette ques
tion n’est pas encore agitée ? Pour
quoi ?
En 1888, il y eut, dans chaque can
ton, trois ou quatre maîtres ou maî
tresses délégués par l’Etat et le dépar
tement, pour aller à Paris étudier les
meilleures méthodes d’enseignement,
et, à leur retour, ils durent, dans des,
rapports documentés, rendre compte;
de leurs observations, ce qui fut d’un
grand profit pour tous.
Ne serait-il pas bon d’agir de même,
cette année?
Au moment où notre conseil géné
ral va se réunir, M. le préfet ne pour
rait-il soulever cette question ?
mj*
ée 1900 /
1
Samedi 21 Avril 1900.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
PRIX DES 4BONNEME1NTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASXMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thoihmeret
L’ImpRIMEUR-GÉRANT. F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 *
On traite à forfait
Organe du Parti Républicain Démocratique .
LES
La fin d’un Malentendu
Les élections municipales doivent
avoir lieu dans quinze jours, et rien
ne se dessine de la ligne de conduite
qu’entendent suivre les divers partis
en présence, qui ont l’air de s’ob
server en évitant de porter aux ad
versaires les premiers coups.
Cette situation assez anormale,
doit être attribuée aux négociations
qui durent depuis plusieurs semaines
déjà, et qui ont complètement échoué.
On pouvait- espérer de voir s’ef
fectuer au Havre une concentration
allant des républicains modérés aux
socialistes. Ainsi que nous l’avons
indiqué ici même, cette concentra
tion aurait été l’application à nos
affaires municipales du principe
adopté pour la formation du minis
tère Waldeck-llousseau. Naturelle
ment cela devait impliquer la plus
grande largeur d’idées dans la com
position de la liste. On devait re
noncer à s’excommunier entre répu
blicains et s’en rapporter à chaque
comité pour le choix de ses candi
dats. Le contrôle des autres groupes
ne devait s’exercer que sur l’hono
rabilité et les antécédents politiques
des candidats présentés par l’un
d’eux.
Ce mode de procéder avait tout
d’abord été accepté par tout le
monde. Le Comité démocratique ,
quoique persuadé qu’il pouvait sans
danger affronter la lutte et se passer
de la concentration, avait cependant
fait des sacrifices au désir de con
corde manifesté par ses adversaires
de la veille. Le Comité central répu
blicain avait admis la négociation
avec les socialistes , dont les délé
gués s’étaient abouchés avec ceux
des deux autres groupes,
A ce moment donc, il est bon de
le constater, les opportunistes du
Comité central admettaient parfaite
ment l’union avec les démocrates et
les socialistes. Tout pouvait donc
marcher sans encombre, les socia
listes ne demandant qu’un nombre
très restreint de sièges et se bor
nant à exiger le droit comme les
autres comités de choisir librement
leurs candidats pour les faire figurer
sur la liste de concentration. Chacun
conservait son programme.
Mais les négociations ont révélé
nn fait qui devait entraîner fatale
ment la rupture à un moment don
né. Les délégués du Comité central
paraissent avoir été désavoués par
la majorité des membres* de leur
groupe. H ne faut pas oublier en effet
qu’aux élections de 1896 et de 1898,
ce Comité avait fait ouvertement
appel au concours des réactionnaires
pour combattre les candidats démo
crates. On se souvient de l’action
parallèle de M. Rispal et du Petit
Havre avec La Croix. Cet élément
réactionnaire entendait saisir l’oc
casion de demander la récompense
de son appui.
On a pu constater alors au cours
des pourparlers que le Comité cen
tral augmentait sans cesse ses exi
gences. Il revendiquait d’abord le
droit exclusif d’imposer ses candi
dats sans discussion possible de la
part des autres groupes. En même
temps il excluait tel ou tel membre
des groupes socialistes, sous nréte^Q
qu’il était un agitateur profession
nel... Comme si l’agitateur profes
sionnel était un être inconnu dans le
Comité central !
Ce groupe allait plus loin. Il pré
tendait imposer à la concentration
des candidats ralliés ou royalistes
avérés. Et, sur les objections des
républicains des autres comités, les
grands chefs du Comité central ré
pondaient avec hauteur et sérénité :
« Nous vous garantissons le répu
blicanisme de tous nos candidats,
cela doit vous suffire ». Réponse
vraiment trop commode de la part
de gens qui ont tenu le même rai
sonnement en garantissant naguère
le républicanisme des Rispal et des
Brindeau qu’ils combattent aujour
d’hui.
En vérité les démocrates, qui
étaient le pivot de la concentration,
auraient été bien naïfs de se conten
ter de pareilles déclarations.
Dans ces conditions, une rupture
était inévitable. Du moment que la
concentration devenaitimpossible du
fait des opportunistes qui l’avaient
tout d’abord sollicitée en invoquant
les nécessités de la défense républi
caine, il n’y avait plus qu’à rentrer
chacun chez soi.
Il était d’ailleurs évident que les
nécessités de la défense républicaine
n’étaient dans la bouche de certains
qu’un prétexte. On cherchait avant
tout à se constituer une majorité
opportuniste au sein du futur Con
sul, pour remplacer par des hom
mes du Comité central M. Marais et
ses collaborateurs.
Il fallait donc déjouer ces manœu
vres, et nous ne pouvons que félici
ter nos amis du Comité républicain
démocratique de l’avoir fait. Ils ont
compris sagement leur devoir en
empêchant le retour à l’Hôtel de
Ville d’une majorité opportuniste
qui s’empresserait sans doute de re
venir aux déplorables errements
financiers des disciples ou amis de
M. Rispal, l’homme du déficit.
La population eût difficilement
compris, même en présence du péril
nationaliste, l’alliance entre démo
crates et opportunistes. Elle préfé
rera à cette fusion d’infusibles l’affir
mation nette par les démocrates de
leur volonté de persister dans la
voie oh le Conseil sortant s’est en
gagé pour le grand bien de notre
ville.
Les candidats opportunistes pour
ront rééditer au cours de la période
électorale les arguments au moyen
desquels les opportunistes du Con
seil ont combattu la majorité, avec
un esprit de tracasserie dont ils
conviennent aujourd’hui. Ils pour
ront agiter le spectre rouge,icomme
leur en donne le conseil Le Petit
Havre, toujours méliniste et anti-
miaistériel.
La population républicaine du
Havre est assez bien renseignée
pour savoir que M. Marais et ses
amis ne sont pas des hommes de
désordre, eux qui ont rétabli l’ordre
dans le gâchis de leurs prédéces
seurs. Elle tiendra à leur renouve
ler sa confiance, et à leur adjoindre
des hommes décidés à les seconder
dans leur œuvre loyalement et sans
arrière pensée.
VERUS
EXPLOITS NATIONALISTES
Le colonel de Villebois-Mareuil,
mort au Transvaal, était-il nationa
liste ? Les amis de M. Millevoye l’af
firment avec une telle énergie qu'ils
ont assisté hier, à une cérémonie reli
gieuse organisée en son nonneur, et
que, pour se faire la main, sans doute,
ils ont assommé un agent de police.
Pour nous, nous prétendons — les
preuves abondent — que M. Ville
bois-Mareuil a été un « infâme drey
fusard », qu’il a quitté l’armée parce
qu’il haïssait les coteries formées par
certains grands chefs, qu’il était pa
triote comme nous, et non comme les
nationalistes, enfin, qu’il n’était
guère religieux, puisqu’il a exigé
d’être enterré civilement, là où il
mourrait.
Cela ne gêne guère nos nationa
listes. Il leur fallait an héros — celui
qui se morfond sitr les rivages de la
(Joncha de Saint-Sébastien n’en était
pas un — et ils ont pris Villebois-
Mareuil. Vivant, ils l’ont encensé
pour l'embrigader. Mort, il leur a
échappé par son testament, par ses
lettres, que le Figaro et nous, avons
publiées, par son enterrement pure
ment militaire, sur un kopje du
Transvaal, loin de tout prêtre catho
lique, même en dehors d’uri pasteur
protestant. N’importe ! Ils ont essayé
de le reprendre quand même et ils lui
ont fait célébrer une messe.
C'est à la sortie de cette messe, dite
à Notre-Dame, que pour montrer que
Villebois-Mareuil était bien nationa
liste, ils ont assommé un sergent de
ville. Les nationalistes détestent la
police tout comme les cambrioleurs.
Quand ils ne sont pas pris sur le coup,
ils accusent les anarchistes — à preuve
le sac de l’église Saint-Joseph — mais
quand ils sont pinces, ils traînent le
préfet de police dans la boue. Excel
lents patriotes.
Ce sont là leurs hauts exploits. La
police, sous un ministère républicain,
les empêchant d’assommer les citoyens
libres comme au temps du procès
Zola, autour du Palais de Justice, ils
se vengent en assommant la police.
Cela n’arrête point le cours des choses :
malgré tout, Déroulède se désespère
que le pays se refuse énergiquement
à le suivre, et Mercier, le fameux
faussaire est, chaque fois qu’il savise
de paraître en public, hué à un tel
point par la foule, que la police —
celle-là même que ses amis assomment
— à l’obligeance de lui procurer un
fiacre et de le protéger. C’est ainsi,
pour parler comme les nationalistes,
que la France marche avec Mercier et
Déroulède.
UN MANIFESTE ANONYME
Il a paru simultanément, dans le
journal de M. Méline et dans le jour
nal de M. Millevoye, une sorte de
manifeste émanant d’un prétendu
comité de sénateurs et de députés qui
s’intitule : « Alliance des républicains
progressistes. »
Ce document, destiné, paraît-il, à
éclairer les électeurs municipaux et à
faciliter la tâche des comités électo
raux, ne porte aucune signature ; il a
peut-être été rédigé par M. Méline,
peut-être aussi par M. Millevoye. Il
y a des phrases où se reconnaît la pen
sée de l’un et de l’autre; il y eu a
aussi que le père Bailly ne renierait
pas ; mais ni ceux-là ni celui-ci n’ont
osé mettre leur nom au bas du papier,
et les autres députés et sénateurs de
T « Alliance des républicains progres
sistes » ont observé la même discré
tion.
Cet anonymat est fâcheux ; quand
on s’adresse au suffrage universel,
c’est bien le moins que l’on se montre
à visage découvert et que l’on signe
son programme avant de l’imposer
aux autres.
Tant que nous ne connaîtrons pas
les auteurs de l’appel en question,
nous serons en droit de le considérer
comme une pure mystification.
Quant à mettre en garde les élec
teurs municipaux contre leurs mysté
rieux conseillers, est-ce bien utile ?
Les républicains n’auront qu’à par
courir rapidement la circulaire, qui
sera sans doute adressée à un grand
nombre d’entre eux, pour voir qu’elle
émane de quelque officine réaction
naire et cléricale.
Le truc des ennemis de la Répu
blique est vraiment trop grossier, et
ces gens-là dépassent les limites de la
sottise en s’imaginant qu’ils n’ont
qu’à cacher leurs noms pour nous
faire avaler leurs bourdes. Comme si
leurs écrits ne portaient pas une mar
que d’origine indélébile !...
Le manifeste anonyme ne trompera
personne; l’âne couvert de la peau
du lion n’a pas eu le temps de braire,
et déjà les risées le mettent en fuite.
J. Derriaz
PATRIOTISME DE MOINES
Une enquête vient d’être faite par
M. l’Inspecteur primaire de Clermont
(Oise) sur le personnel enseignant de
l’école privée des frères maristes de
Breteuil, à laquelle est annexé un
petit pensionnat.
L’inspecteur a découvert, parmi
les maîtres de cet établissement, un
jeune professeur de nationalité alle
mande. Un rapport sur cette décou
verte a été immédiatement adressé à
l’inspection académique du départe
ment.
On ne se doute pas du nombre d’é
trangers qu’abritent ainsi les écoles
religieuses de tous ordres. Et pourtant
l’article 4 de la loi du 30 octobre 1886
est clair:
« Nul ne peut être directeur ou ad
joint chargé de classe dans une école
primaire publique ou privée s’il n’est
Français, et s’il ne remplit, en outre,
les conditions de capacité fixées par
la loi du 1 b juin 1881 et les conditions
d’âge établies par la présente loi. Tou
tefois, les étrangers remplissant les
deux ordres de conditions précités et
admis à jouir des droits civils en
France, peuvent enseigner dans les
écoles privées, moyennant une auto
risation donnée par le ministre, après
avis du Conseil départemental,
Eh bien, savez-vous ce qu’ont ima
giné nos bons frères ? Us ont tout sim
plement joué sur les mots « chargé de
classe » et soutiennent qu’un étranger
peut enseigner pourvu que la classe
soit dirigée par un Français.
Naturellement en temps ordinaire,
l’étranger est seul avec ses élèves ;
mais, dès que l’inspecteur est signalé,
on lui adjoint le frère cuisinier ou le:
frère portier qui est Français, et le
tour est joué.
Concurrence à St-Antoine
Un sieur Bourgerolles, de Viersat
(Creuse), exploitait la naïveté des
cultivateurs de la Creuse et de l’Ailier
en leur vendant une drogue mais qui,
d’après lui, accompagnée d’une invo
cation à sainte Thérence, guérissait
les animaux* atteints de la fièvre
aphteuse. Ce malin personnage, qui
avait été récemment condamné à un
mois de prison pour ces faits, compa
raissait de nouveau l’autre jour devant
le tribunal correctionnel de Chambon,
sous la prévention d’abus de con
fiance.
Dernièrement, un sieur Elie’Chapy,
duTheil, commune de Savault-Sainte-
Anne, rencontrait sur la place Notre-
Dame, à Montluçon, le susdit Bour
gerolles.
Tout en causant, ce dernier apprit
que le fils Chapy, qui habite près de
Montluçon, avait été victime d’un vol
de 1,300 francs.
Il offrit ses services au père Chapy
et lui dit que contre remboursement
d’une somme de 25 fr., il lui ferait
découvrir son voleur, ce qui fut
accepté. Pour ce faire, il lui remit un
petit paquet contenant des herbes et
une invocation à sainte Thérence. Le
voleur, naturellement, resta introu
vable.
Le tribunal a condamné Bourge
rolles à un mois de prison et 100 fr.
d’amende.
Pourquoi Bourgerolles opère-t-il à
l’aide de sainte Thérence et non de
saint Antoine ?
Il est vrai qu’il n’est pas Àssomp-
tionniste.
Nos Instituteurs et l'Exposition
Plusieurs contrées de l’Europe, l’Al
lemagne entre autres, se proposent
d’envoyer à leurs frais un certain
nombre d’instituteurs visiter notra.
belle Exposition.
En France, jusqualors, cette ques
tion n’est pas encore agitée ? Pour
quoi ?
En 1888, il y eut, dans chaque can
ton, trois ou quatre maîtres ou maî
tresses délégués par l’Etat et le dépar
tement, pour aller à Paris étudier les
meilleures méthodes d’enseignement,
et, à leur retour, ils durent, dans des,
rapports documentés, rendre compte;
de leurs observations, ce qui fut d’un
grand profit pour tous.
Ne serait-il pas bon d’agir de même,
cette année?
Au moment où notre conseil géné
ral va se réunir, M. le préfet ne pour
rait-il soulever cette question ?
mj*
ée 1900 /
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