Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-12-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 décembre 1899 30 décembre 1899
Description : 1899/12/30 (N192). 1899/12/30 (N192).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263391h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
4 e Année — N 0 192.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 88 Décembre 1899.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÈRIER
Secrétaire de la Rédaction F. thojioifret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
1 5
Annonces
Réclames
25 centimes la ligne
50 »
On. traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL DU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
A NOS LECTEURS
L’administration et la rédaction du
Réveil du Havre , unies dans une pensée
commune de gratitude envers les lec
teurs de ce journal, parmi lesquels
elles comptent de nombreux amis,
leur adressent, pour le renouvelle
ment de l’année, leurs meilleurs sou
haits de circonstance.
Lu vous renseignant exactement,
e» parlant à leur plume comme il
l’ont fait, avec cœur, les rédacteurs
de cet organe ont pensé qu’ils trouve
raient en vous en écho de la foi pro
fonde qui les anime. Ils ont souvent
escompté recevoir l’approbation de
votre conscien-ce. Ne poursuivons-nous
pas un idéal commun ? Nous avons,
pour la plupart, les mêmes joies et les
mêmes espérances. Et c’est pour nous
une légitime satisfaction de savoir
par les nombreux témoignages qui
nous arrivent, que la sympathie que
nous professons à l’égard de nos lec
teurs est réciproque.
Très sincèrement et très cordiale
ment, pour tous, nous formons les
mêmes vœux de prospérité.
Les Employés
de Tramways
Les employés de tramways qui
peinent quatorze, seize et dix-sept
heures par jour se sont mis en
grève. Ils ont demandé à la compa
gnie de réduire à dix heures le tra
vail quotidien. Ils abandonnaient
meme un jour de congé, sur deux
par mois, les malheureux. Elle a
refusé. Elle n’a pas compris que des
hommes qui restent immobiles sur
une voiture durant d’aussi longues
journées, exposés auvent, à la pluie,
au froid, à la neige, eussent besoin
de repos, qu’ils pussent se réconfor
ter au foyer de famille pendant
quelques instants. Elle n’a pas com
pris que des hommes ne sont point
dos machines capables de fonction
ner sans trêve ni merci ; que le corps
douloureux de l’être s’use à cette
lutte constante contre les éléments ;
qu’il y a danger matériel et moral à
ce long labeur incessant.
Je ne parle pas seulement de la
vieillesse prématurée qui fauche les
bras, rompt les jambes, aveugle les
yeux et rend l’oreille paresseuse.
Je parle aussi des bronchites, pleu
résies et pneumonies, qui sont le lot
de l’employé de tramway. Ah !
Messieurs les administrateurs, je
voudrais vous voir seulement quel
ques heures à l’avant d’un car en
traîné par la vitesse, et faisant
l’office de wattman.
Je parle encore etesurtout, au point
de vue moral, du père de famille qui
ne voit ses enfants qu’au berceau,
endormis, le soir et auquel vous
marchandez un sourire ; ce père qui
entre en coup de vent au domicile
pour en repartir précipitamment au
bout de quelques minutes, car les
heures des repas sont courtes et
toujours variables ; ce père de fa
mille qui n’aura pas le temps d’aimer
son foyer.
Lire, s’instruire, jamais! Et l’édu
cation de ses entants, qui la fera ?
Vous lui jetterez la pierre si, sans
foi ni loi, sa fille se fait prostituée et
encanaille vos fils ; vous en ferez un
objet d’opprobre si son fils, pâle
souteneur ou sinistre assassin vous
poignarde, vous ou les vôtres, au
coin de quelque carrefour. Et à qui
donc la faute ? A vous, à vous !
actionnaires ou administrateurs
égoïstes qui avez renié les principes
essentiels de l’existence.
Des employés de tramways ga
gnaient 3 fr. 80 c., 4 fr. 40 ou 4 fr.
90 c., suivant les classes. Vous leur
reteniez fréquemment sur ce mo
dique salaire des amendes de 0,25 c.,
0,50 c. et 1 fr., sous des prétextes
futiles, afin de mieux grossir les pro
fits de la caisse. Vous remplaciez sans
vergogne, sous le motif d’unretard de
quelques minutes, un employé payé
4 fr. 40 ou 4 fr. 90, par un autre re
cevant seulement 3 fr. 80 ; les bé
néfices n’en seraient que plus grands,
pensiez-vous. J’omets de mention
ner la retenue opérée sur le salaire
pour la caisse de secours mutuels.
Vous avez, l’année dernière — et
cette année, ce sera plus encore,
peut-être — réalisé un boni net d’en
viron 450,000 fr., déduction opérée
des intérêts conventionnels.
Vous autres, administrateurs,
vous retirez de gros traitements sans
grande fatigue ; vous avez bonne
table, bon vin et bon gîte, sans
compter le reste; les actionnaires
touchent des dividendes qu’ils n’ont
que le mal d’emporter ; les uns vi
vront sans doute honnêtement, mais
que d’autres s’en serviront pour en
tretenir Nana, Sapho ou Paméla et
gaspiller le salaire de l’ouvrier sans
compter en babioles de luxe.
Eh bien, les employés de tram
ways, ces besogneux qui travaillent
d’un dur labeur, devant les béné
fices considérables que vous effec
tuez, vous demandent une petite
part qui n'est pas même leur droit
légitime. Ils vous réclament un trai
tement de 5 fr. par jour. La vie est
chère au Havre, ajoutent-ils et nous
avons des charges lourdes. Le sa
crifice serait d’une centaine de mille
francs à peine par an pour garantir
à vos collaborateurs, — ceux par qui
vous vivez, —• des conditions nor
males d’existence avec une diminu
tion raisonnable de labeur.
Vous, administrateurs, vous refu
sez net toute amélioration. Tel di
recteur aurait même ajouté qu’il dé
penserait 3 millions s’il le fallait,
plutôt que de céder un pouce d’un
régime arbitraire. Vous avez aussi
refusé de répondre aux tentatives
de conciliation du juge de paix. Il
vous demandait quelles étaient les
bases d’entente possibles. Vous vous
êtes tu, parce que vous considériez vos
propositions inavouables. Et comme
la grève durait, que la Ville menaçait
devant l’interruption du service, de le
faire fonctionner en régie,suivant les
prescriptions du cahier des charges,
vous avez fait venir des employés de
Paris, de Nancy et d’Orléans, hom
mes sans expérience pour la pldpart.
Vous avez fait cette chose mauvaise
de combattre le travailleur par le
travailleur. Vous méconnaissez le
droit de grève, qui est légal, en
renvoyant des employés parce
qu’ils sollicitaient une amélioration
à leur sort ; parce qu’ils vous disent
avoir faim et, humblement, vous font
voir que si vous avez une belle part
de gâteau, vous pourriez bien mettre
un peu de beurre sur leur pain sec.
Alors, vous leur arrachez ce même
morceau de pain. C’est peu digne,
pour ne pas dire plus.
Car, si je suis bien informé, tous
les anciens employés sont considérés
comme renvoyés et ils ne pourraient
plus rentrer qu’individuellement, en
passant par vos fourches caudines.
Oui, c’est mal et très mai.
Dans ce conflit, l’opinion publique
n’est pas avec vous. Les doléances
des employés de tramways ont trouvé
de l’écho au sein de la population ha-
vraise. Et je connais beaucoup de
nos concitoyens qui sont décidés à
faire grève à leur façon, en mar
chant à pied si cela est nécessaire,
jusqu’à ce qu’une solution favorable
intervienne.
Vous avez encouru une grave res
ponsabilité en excitant à la haine,
des hommes qui n’avaient eu jusque
là que des paroles de conciliation.
Puissiez-vous n’avoir à regretter
plus tard votre conduite funeste.
Alf. HENRI.
LE DRO IT DE GRÈVE
En suspendant momentanément
leur travail pour discuter leurs inté
rêts lésés par une Compagnie riche et
puissante, les employés de tramways
n’ont fait que d’user d’un droit légi
time.
De son côté, le Conseil d’adminis
tration de la Compagnie Française
des Tramways, en refusant d’entrer
en pourparlers avec son personnel,
met absolument sous les pieds la loi
qui accorde le droit de grève aux
ouvriers.
Dans ces conditions, nous pensons
qu’il serait bon de soumettre la ques
tion au Conseil des prud’hommes. On
ne peut laisser impunément ruiner
toute nne classe importante de tra
vailleurs, pour le bon plaisir de quel
ques gros capitalistes.
La réunion générale ordinaire du
Comité Démocratique, aura lieu le
Vendredi 5 Janvier , à huit heures et
demie du soir, au Cercle Franklin.
L’heure sera rigoureusement observée . 1
La présence de tous les membres
est obligatoire.
Ordre du Jour :
1° Lecture du procès-verbal de la
dernière séance;
2° Présentation du programme ;
3° Nomination d’une Commission
électorale (deux membres par can
ton);
4° Questions diverses ;
Le Secrétaire ,
A. Savouret.
LA SEMA INE
La Haute-Cour
Le Procureur général a terminé,
dans sa séance de mercredi son réqui
sitoire. Il a, en outre, comme on pou
vait le prévoir, demandé à la Haute-
Cour de prononcer l’acquittement et
la mise en liberté immédiate de six
des inculpés, pour lesquels il avait
abandonné l’accusation. Ces six in
culpés, après avoir entendu l’arrêt de
la Cour, ont quitté le Palais du
Luxembourg : Ce sont MM. de Chevry,
de Bourmont, de Fréchemont, Bal-
lière, Cailly et Brunet.
•k
* 4
La guerre Sud-Africaine
Les nouvelles sensationnelles font
encore défaut et il est vraisemblable
que la guerre va encore plus traîner
en longueur, car lord Roberts a l’in
tention, dit-on, de ne commencer
qu’au mois de mars une campagne sé
rieuse.
On affirme que le maréchal Roberts
n’a accepté le commandement de l’ar
mée d’Afrique qu’à la condition
expresse d’avoir la plus entière liberté
d’action, et qu’il serait fermement ré
solu à ne commencer aucune opération
militaire tant que lord Kitchener
n’aura pas complètement achevé tous
les préparatifs. v
La situation paraît s’aggraver dans
la colonie du Cap.
Les témoignages s’accumulent,
montrant toute l’extension de l’esprit
de rébellion qui règne dans la colonie
du Cap. On dit que trois membres du
Parlement de la colonie du Cap sont
impliqués dans la sédition. L’un
d’eux aurait, en présence de 200 per
sonnes, reçu des mains d’un pasteur
de l’Eglise réformée un drapeau de
l’Etat Libre d’Orange, qu’il aurait
porte au commandant boer de son dis
trict, en lui déclarant qu’il espérait
que ce drapeau irait à la gloire et à
la victoire.
^ Un autre est passé ouvertement à
l’ennemi et recrute actuellement des
soldats pour les Boers.
Le fils et la fille d’un troisième se
parent des couleurs orangistes. On
possède des témoignages de cette na
ture a la charge d’un grand nombre
de riches fermiers de la colonie.
UN NOUVEAU GROUPE POLITIQUE
Nous avons, paraît-il, un nouveau
groupe de sénateurs et de députés
qui a pris le titre de « alliance des
républicains progressistes ». Quels
sont les hommes politiques qui en
trent dans cette alliance ? On ne nous
le dit pas, on ne nous cite pas de
noms. Tout ce que nous savons, c’est
que M. Méline lui accorde son patro
nage et a rédigé s ç*aisemblablement
lu, ' circulaire aux aéiégaés sénato
riaux, puisque le journal de M. Mé
line publie ce document en tête de
ses colonnes.
Nous aurions aimé à connaître les
adhérents, parce qu’il est bon, il est
moral de ne pas lancer dans la circu
lation, des documents anonymes et de
ne pas s’abriter derrière une étiquette
sans aucun répondant.
Dans ce papier sans signature qui
pourrait recueillir les adhésions des
nationalistes, des ralliés, des réaction
naires, on passe rapidement sur les
questions d’opinions ; on se borne à
mentionner que les candidats doivent
être républicains et on est très large
sur le sens qu’il faut donner à l’épi
thète de républicain, puisqu’on recon
naît que beaucoup de catholiques Sont
venus à la République En revanche,
on s’étend assez longuement sur di
verses déclarations qu’on doit imposer
aux candidats : c’est d’abord la dé
fense de l’armée ; tout le monde ou
presque tout le urnde la défend, mais
on n’entend sans doute pas qu’il faille
défendre les officiers coupables qui
n’ont rien de commun avec l’armée.
On demande, en outre, aux candidats
de résister à ceux qui voudraient
ressusciter l’affaire Dreyfus. Nous ne
voyons pas trop quels sont ceux qui
songent à la reprendre.
On exige des candidats qu’ils s’op
posent à toute loi contre la liberté de
l’enseignement et qu’ils refusent leur
concours au cabinet actuel coupable
d’avoir accepté la collaboration des
représentants du parti socialiste.
Et on nous menace de la guerre ci
vile si nous ne ratifions pas toutes ces
conditions.
C’est là le langage qui est tenu cou
ramment par les ennemis de nos ins
titutions ; et les candidats réaction
naires peuvent, sans démentir leur
passé, signer ce programme.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 88 Décembre 1899.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÈRIER
Secrétaire de la Rédaction F. thojioifret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
1 5
Annonces
Réclames
25 centimes la ligne
50 »
On. traite à forfait
PRIME
du RÉVEIL DU HAVRE
Le RÉVEIL DU HAVRE, désireux
d’être agréable à ses abonnés, leur
offre gratuitement, comme prime
exceptionnelle : Les Dialogues anti
cléricaux, de Boissier, un volume du
prix de 2 francs.
Prière de le réclamer, 15, rue
Casimir-Périer.
Les nouveaux abonnés bénéficie
ront de ce cadeau.
A NOS LECTEURS
L’administration et la rédaction du
Réveil du Havre , unies dans une pensée
commune de gratitude envers les lec
teurs de ce journal, parmi lesquels
elles comptent de nombreux amis,
leur adressent, pour le renouvelle
ment de l’année, leurs meilleurs sou
haits de circonstance.
Lu vous renseignant exactement,
e» parlant à leur plume comme il
l’ont fait, avec cœur, les rédacteurs
de cet organe ont pensé qu’ils trouve
raient en vous en écho de la foi pro
fonde qui les anime. Ils ont souvent
escompté recevoir l’approbation de
votre conscien-ce. Ne poursuivons-nous
pas un idéal commun ? Nous avons,
pour la plupart, les mêmes joies et les
mêmes espérances. Et c’est pour nous
une légitime satisfaction de savoir
par les nombreux témoignages qui
nous arrivent, que la sympathie que
nous professons à l’égard de nos lec
teurs est réciproque.
Très sincèrement et très cordiale
ment, pour tous, nous formons les
mêmes vœux de prospérité.
Les Employés
de Tramways
Les employés de tramways qui
peinent quatorze, seize et dix-sept
heures par jour se sont mis en
grève. Ils ont demandé à la compa
gnie de réduire à dix heures le tra
vail quotidien. Ils abandonnaient
meme un jour de congé, sur deux
par mois, les malheureux. Elle a
refusé. Elle n’a pas compris que des
hommes qui restent immobiles sur
une voiture durant d’aussi longues
journées, exposés auvent, à la pluie,
au froid, à la neige, eussent besoin
de repos, qu’ils pussent se réconfor
ter au foyer de famille pendant
quelques instants. Elle n’a pas com
pris que des hommes ne sont point
dos machines capables de fonction
ner sans trêve ni merci ; que le corps
douloureux de l’être s’use à cette
lutte constante contre les éléments ;
qu’il y a danger matériel et moral à
ce long labeur incessant.
Je ne parle pas seulement de la
vieillesse prématurée qui fauche les
bras, rompt les jambes, aveugle les
yeux et rend l’oreille paresseuse.
Je parle aussi des bronchites, pleu
résies et pneumonies, qui sont le lot
de l’employé de tramway. Ah !
Messieurs les administrateurs, je
voudrais vous voir seulement quel
ques heures à l’avant d’un car en
traîné par la vitesse, et faisant
l’office de wattman.
Je parle encore etesurtout, au point
de vue moral, du père de famille qui
ne voit ses enfants qu’au berceau,
endormis, le soir et auquel vous
marchandez un sourire ; ce père qui
entre en coup de vent au domicile
pour en repartir précipitamment au
bout de quelques minutes, car les
heures des repas sont courtes et
toujours variables ; ce père de fa
mille qui n’aura pas le temps d’aimer
son foyer.
Lire, s’instruire, jamais! Et l’édu
cation de ses entants, qui la fera ?
Vous lui jetterez la pierre si, sans
foi ni loi, sa fille se fait prostituée et
encanaille vos fils ; vous en ferez un
objet d’opprobre si son fils, pâle
souteneur ou sinistre assassin vous
poignarde, vous ou les vôtres, au
coin de quelque carrefour. Et à qui
donc la faute ? A vous, à vous !
actionnaires ou administrateurs
égoïstes qui avez renié les principes
essentiels de l’existence.
Des employés de tramways ga
gnaient 3 fr. 80 c., 4 fr. 40 ou 4 fr.
90 c., suivant les classes. Vous leur
reteniez fréquemment sur ce mo
dique salaire des amendes de 0,25 c.,
0,50 c. et 1 fr., sous des prétextes
futiles, afin de mieux grossir les pro
fits de la caisse. Vous remplaciez sans
vergogne, sous le motif d’unretard de
quelques minutes, un employé payé
4 fr. 40 ou 4 fr. 90, par un autre re
cevant seulement 3 fr. 80 ; les bé
néfices n’en seraient que plus grands,
pensiez-vous. J’omets de mention
ner la retenue opérée sur le salaire
pour la caisse de secours mutuels.
Vous avez, l’année dernière — et
cette année, ce sera plus encore,
peut-être — réalisé un boni net d’en
viron 450,000 fr., déduction opérée
des intérêts conventionnels.
Vous autres, administrateurs,
vous retirez de gros traitements sans
grande fatigue ; vous avez bonne
table, bon vin et bon gîte, sans
compter le reste; les actionnaires
touchent des dividendes qu’ils n’ont
que le mal d’emporter ; les uns vi
vront sans doute honnêtement, mais
que d’autres s’en serviront pour en
tretenir Nana, Sapho ou Paméla et
gaspiller le salaire de l’ouvrier sans
compter en babioles de luxe.
Eh bien, les employés de tram
ways, ces besogneux qui travaillent
d’un dur labeur, devant les béné
fices considérables que vous effec
tuez, vous demandent une petite
part qui n'est pas même leur droit
légitime. Ils vous réclament un trai
tement de 5 fr. par jour. La vie est
chère au Havre, ajoutent-ils et nous
avons des charges lourdes. Le sa
crifice serait d’une centaine de mille
francs à peine par an pour garantir
à vos collaborateurs, — ceux par qui
vous vivez, —• des conditions nor
males d’existence avec une diminu
tion raisonnable de labeur.
Vous, administrateurs, vous refu
sez net toute amélioration. Tel di
recteur aurait même ajouté qu’il dé
penserait 3 millions s’il le fallait,
plutôt que de céder un pouce d’un
régime arbitraire. Vous avez aussi
refusé de répondre aux tentatives
de conciliation du juge de paix. Il
vous demandait quelles étaient les
bases d’entente possibles. Vous vous
êtes tu, parce que vous considériez vos
propositions inavouables. Et comme
la grève durait, que la Ville menaçait
devant l’interruption du service, de le
faire fonctionner en régie,suivant les
prescriptions du cahier des charges,
vous avez fait venir des employés de
Paris, de Nancy et d’Orléans, hom
mes sans expérience pour la pldpart.
Vous avez fait cette chose mauvaise
de combattre le travailleur par le
travailleur. Vous méconnaissez le
droit de grève, qui est légal, en
renvoyant des employés parce
qu’ils sollicitaient une amélioration
à leur sort ; parce qu’ils vous disent
avoir faim et, humblement, vous font
voir que si vous avez une belle part
de gâteau, vous pourriez bien mettre
un peu de beurre sur leur pain sec.
Alors, vous leur arrachez ce même
morceau de pain. C’est peu digne,
pour ne pas dire plus.
Car, si je suis bien informé, tous
les anciens employés sont considérés
comme renvoyés et ils ne pourraient
plus rentrer qu’individuellement, en
passant par vos fourches caudines.
Oui, c’est mal et très mai.
Dans ce conflit, l’opinion publique
n’est pas avec vous. Les doléances
des employés de tramways ont trouvé
de l’écho au sein de la population ha-
vraise. Et je connais beaucoup de
nos concitoyens qui sont décidés à
faire grève à leur façon, en mar
chant à pied si cela est nécessaire,
jusqu’à ce qu’une solution favorable
intervienne.
Vous avez encouru une grave res
ponsabilité en excitant à la haine,
des hommes qui n’avaient eu jusque
là que des paroles de conciliation.
Puissiez-vous n’avoir à regretter
plus tard votre conduite funeste.
Alf. HENRI.
LE DRO IT DE GRÈVE
En suspendant momentanément
leur travail pour discuter leurs inté
rêts lésés par une Compagnie riche et
puissante, les employés de tramways
n’ont fait que d’user d’un droit légi
time.
De son côté, le Conseil d’adminis
tration de la Compagnie Française
des Tramways, en refusant d’entrer
en pourparlers avec son personnel,
met absolument sous les pieds la loi
qui accorde le droit de grève aux
ouvriers.
Dans ces conditions, nous pensons
qu’il serait bon de soumettre la ques
tion au Conseil des prud’hommes. On
ne peut laisser impunément ruiner
toute nne classe importante de tra
vailleurs, pour le bon plaisir de quel
ques gros capitalistes.
La réunion générale ordinaire du
Comité Démocratique, aura lieu le
Vendredi 5 Janvier , à huit heures et
demie du soir, au Cercle Franklin.
L’heure sera rigoureusement observée . 1
La présence de tous les membres
est obligatoire.
Ordre du Jour :
1° Lecture du procès-verbal de la
dernière séance;
2° Présentation du programme ;
3° Nomination d’une Commission
électorale (deux membres par can
ton);
4° Questions diverses ;
Le Secrétaire ,
A. Savouret.
LA SEMA INE
La Haute-Cour
Le Procureur général a terminé,
dans sa séance de mercredi son réqui
sitoire. Il a, en outre, comme on pou
vait le prévoir, demandé à la Haute-
Cour de prononcer l’acquittement et
la mise en liberté immédiate de six
des inculpés, pour lesquels il avait
abandonné l’accusation. Ces six in
culpés, après avoir entendu l’arrêt de
la Cour, ont quitté le Palais du
Luxembourg : Ce sont MM. de Chevry,
de Bourmont, de Fréchemont, Bal-
lière, Cailly et Brunet.
•k
* 4
La guerre Sud-Africaine
Les nouvelles sensationnelles font
encore défaut et il est vraisemblable
que la guerre va encore plus traîner
en longueur, car lord Roberts a l’in
tention, dit-on, de ne commencer
qu’au mois de mars une campagne sé
rieuse.
On affirme que le maréchal Roberts
n’a accepté le commandement de l’ar
mée d’Afrique qu’à la condition
expresse d’avoir la plus entière liberté
d’action, et qu’il serait fermement ré
solu à ne commencer aucune opération
militaire tant que lord Kitchener
n’aura pas complètement achevé tous
les préparatifs. v
La situation paraît s’aggraver dans
la colonie du Cap.
Les témoignages s’accumulent,
montrant toute l’extension de l’esprit
de rébellion qui règne dans la colonie
du Cap. On dit que trois membres du
Parlement de la colonie du Cap sont
impliqués dans la sédition. L’un
d’eux aurait, en présence de 200 per
sonnes, reçu des mains d’un pasteur
de l’Eglise réformée un drapeau de
l’Etat Libre d’Orange, qu’il aurait
porte au commandant boer de son dis
trict, en lui déclarant qu’il espérait
que ce drapeau irait à la gloire et à
la victoire.
^ Un autre est passé ouvertement à
l’ennemi et recrute actuellement des
soldats pour les Boers.
Le fils et la fille d’un troisième se
parent des couleurs orangistes. On
possède des témoignages de cette na
ture a la charge d’un grand nombre
de riches fermiers de la colonie.
UN NOUVEAU GROUPE POLITIQUE
Nous avons, paraît-il, un nouveau
groupe de sénateurs et de députés
qui a pris le titre de « alliance des
républicains progressistes ». Quels
sont les hommes politiques qui en
trent dans cette alliance ? On ne nous
le dit pas, on ne nous cite pas de
noms. Tout ce que nous savons, c’est
que M. Méline lui accorde son patro
nage et a rédigé s ç*aisemblablement
lu, ' circulaire aux aéiégaés sénato
riaux, puisque le journal de M. Mé
line publie ce document en tête de
ses colonnes.
Nous aurions aimé à connaître les
adhérents, parce qu’il est bon, il est
moral de ne pas lancer dans la circu
lation, des documents anonymes et de
ne pas s’abriter derrière une étiquette
sans aucun répondant.
Dans ce papier sans signature qui
pourrait recueillir les adhésions des
nationalistes, des ralliés, des réaction
naires, on passe rapidement sur les
questions d’opinions ; on se borne à
mentionner que les candidats doivent
être républicains et on est très large
sur le sens qu’il faut donner à l’épi
thète de républicain, puisqu’on recon
naît que beaucoup de catholiques Sont
venus à la République En revanche,
on s’étend assez longuement sur di
verses déclarations qu’on doit imposer
aux candidats : c’est d’abord la dé
fense de l’armée ; tout le monde ou
presque tout le urnde la défend, mais
on n’entend sans doute pas qu’il faille
défendre les officiers coupables qui
n’ont rien de commun avec l’armée.
On demande, en outre, aux candidats
de résister à ceux qui voudraient
ressusciter l’affaire Dreyfus. Nous ne
voyons pas trop quels sont ceux qui
songent à la reprendre.
On exige des candidats qu’ils s’op
posent à toute loi contre la liberté de
l’enseignement et qu’ils refusent leur
concours au cabinet actuel coupable
d’avoir accepté la collaboration des
représentants du parti socialiste.
Et on nous menace de la guerre ci
vile si nous ne ratifions pas toutes ces
conditions.
C’est là le langage qui est tenu cou
ramment par les ennemis de nos ins
titutions ; et les candidats réaction
naires peuvent, sans démentir leur
passé, signer ce programme.
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