Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-12-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 décembre 1899 16 décembre 1899
Description : 1899/12/16 (N190). 1899/12/16 (N190).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263389f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
\. w
(fr
k
N'
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 16 Décembre 1899. ,
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ,, . . . .par an 3 fr.
Départements . » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction ï. thorimeret
L’Imprimeur-Gérant E. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
LES
Il y a pour la République un péril
à droite, du côté de l’Eglise et de la
réaction. Il n’y a pas pour la Répu
blique de péril à gauche, du côté
du socialisme et de la révolution
consciente.
La République, en effet, ne peut
vivre qu’à la condition de résoudre,
par la raison, dans la liberté, les
inévitables problèmes que soulève
la vitalité démocratique. Or, l’Eglise
et la réaction prétendent imposer
les solutions du dogme ou de la force.
Cela se passerait dans la cité des
nuées, dans la crédulité et l’espé
rance, dans un autre monde que
n’atteignent ni le contrôle ni la cri
tique, ou bien dans la servitude et
le silence. « On fait trop de tapage
dans cette maison, déclara Saint-
Arnaud, le 2 décembre, en parlant
de la Chambre ; je vais chercher la
garde ». Pas de tapage devant le
.. é&gmê de D’Eglise ou la force de la
garde. Ce serait la mort de la raison
et de la liberté, et donc de la Ré
publique.
Mais qu’aurait-elle à craindre, la
République, du socialisme tel que
nous le voyons s’affirmer et s’orga
niser ? Même du socialisme révolu
tionnaire ?
Les plus ardents prophètes de la
Sociale se réclament toujours de la
science et de la libre observation.
Ils en appellent à la raison et à la
liberté. Si vous jugez qu’ils s’exal
tent pour des utopies, laissez faire :
la critique scientifique viendra après
le prophétisme et mettre toutes
choses à leur place et surtout l’é
preuve de la vie éliminera tout ce
qui doit être éliminé. Oui, laissez
proclamer tout idéal ; il n’en sera,
dans la réalité, que ce qui pourra
justement être.
La tâche
défense républicaine est donc de dé
noncer le péril à droite et non le
péril à gauche, de combattre l’Eglise
et non la Révolution.
La guerre à l’ennemi véritable !
Mais ceci soit dit sans paradoxe,
l’anticléricalisme risque souvent de
créer un danger d’impatience révo
lutionnaire et de violence dans le
socialisme.
J’entends l’anticléricalisme hypo
crite et timide, dont furent coutu
miers tant de ministres républicains
et qui menace de se continuer.
On veut bien crier contre l’inter
vention papale dans les affaires poli
tiques de la France ; mais on main
tient une ambassade au Vatican
On veut bien s’en prendre aux
congrégations, et à leurs trésors de
guerre, mais on vote un crédit de
d’un gouvernement de
On flétrit les Croix qui ont engagé
contre la République une lutte
acharnée, à l’enseigne de Jésus cru
cifié ; mais on déclare « sacrée »
cette enseigne. On arrache comme
on peut Fécole de l’Eglise ; mais on
dit de cette Eglise qu’elle est « la plus
grande puissance morale du monde ».
On se dit ministre de la France
républicaine que la Révolution a
faite ; mais on proclame la France
« nation catholique ».
On fait descendre des commissai
res de police chez les sœurs du Bon-
Pasteur, exploiteurs d’enfants ; mais
on fait aussi louer leurs services par
de bons fonctionnaires à qui le con
fesseur a fait la leçon.
On est, sur les programmes, pour
la séparation de l’Eglise de l’Etat,
mais on ne sépare rien, pas même le
budget, et on fait tramer les lois
nécessaires sur la liberté d’associa
tion.
Hypocrisies !
Timidités !
Dangereuses timidités?
Le peuple ne finira-t-il pas par
dire '. « Cet anticléricalisme n’est
qu’un mensonge dont vous avez
pensé nous amuser. Manger ainsi
du curé n’est pas manger du pain.
« Nous voulons manger du pam
par le travail, dans la justice. Faites-
nous des réformes sociales. Et, une
bonne fois, laissons sur la route le
cadavre de la bête cléricale, frappée
enfin du coup suprême des justes
lois ».
Victor CHARBONNEL.
LA SEMAINE
La Chambre
représenter la France à l’étranger
et on leur fait faire, par nos ami
raux, des visites officielles.
Il y avait quinze jours que la Cham
bre discutait le budget dans un calme
suffisant : c’était plus que l’impatience
de Méline ne pouvait supporter. Aussi
avait-il organisé pour la séance de
mardi une manœuvre dont il espérait
monts et merveilles.
Un de ses sous-ordres est venu,
comme par hasard, demandea au
garde des sceaux quelle attitude il en
tendait prendre à l’égard du Comité
général socialiste, qui a été institué à
l’issue du récent congrès socialiste.
Quel rapport cette question avait-elle
avec le budget? Le questionneur a
oublié de le dire, et pour cause. En
réalité, il s’agissait d’une réédition
nouvelle de l’unique interpellation
que Méline a déjà adressée trois fois
au ministère sous des formes diverses :
d’abord à propos de la formation du
ministère ; puis, sous prétexte de po
litique générale; enfin, dernièrement,
à l’occasion du drapeau rouge. Cette
interpellation perpétuelle a pour objet,
comme chacun sait, la présence de
M. Millerand dans le cabinet. Méline
en est hanté, et de temps en temps il a
besoin, pour se soulager, de pousser
un cri d’alarme.
Celui de mardi n'a point trouvé
d’écho. Dédaigneusement, le garde des
*
trente voix de majorité. Il n’est plus
besoin de répondre à Méline : il ra
bâche.
La guerre Sud-Africaine
Le général Gatacre s’est fait battre
à Stormberg. Mais sa défaite n’a pas
eu pour cause une trahison. Il le dit
lui-même dans la dépêche que nous
publions plus loin avec une franchise
qui lui fait honneur, mais qui ne
contribuera pas à l’éclat de sa répu
tation de stratégiste. 11 s’est lancé sur
l’ennemi sans prendre les précautions
élémentaires, sans savoir quelles
étaient les forces qu’il allait com
battre et sans même s’être rendu
compte de la distance que ses troupes
auraient à franchir, les exposant
ainsi à engager l’action après une
longue et accablante marche de toute
une nuit.
La défaite du général Gatacre aura
pour conséquence un ralentissement
des opérations anglaises sur cette
partie du théâtre de la guerre et
peut-être même sur d’autres. Le gé
néral Methuem est maintenant bien
isolé sur la Moder River, avec ses
communications coupées, ou tout au
moins sérieusement menacées. Et
est douteux que le général French
qui a, dit-on, pris contact avec les
Boers tente une action sérieuse avec
les quelques régiments de cavalerie
dont il dispose. R leur faudra atten
dre des renforts, c’est-à-dire la cin
quième division qui est en route ; car
les troupes anglaises qui n’ont pas
encore marché sont presque toutes
indisponibles pour cause d’afrikandé-
risme. On va même jusqu’à dire que
le général Buller renoncera peut-être
à attaquer le général Joubert à Co
lenso, et reviendrait au Cap avec le
gros de son armée, laissant Ladysmith
à son malheureux sort.
Mais ce serait là risquer une partie
bien dangereuse. La Natalie serait
entièrement livré aux Boers, que l’on
n’en chasserait pas facilement.
Après la défaite de Stormberg, les
Anglais qui jouent une partie plus
dure encore que ne le supposaient les
plus pessimistes, ont subi un échec
que le général Methuen avoue à demi
dans une dépêche publiée par le War
Office.
D’après une autre dépêche officielle,
nous savons que le général Wanchope,
commandant la brigade des higlan-
ders, se trouve parmi les morts et qu’il
est arrivé à Moder River 293 blessés
dont 27 officiers. D’autre part, une
dépêche publiée à Bruxelles annonce
que le général Croenje a fait 100 à
150 prisonniers. C’est donc au moins
500 hommes que la journée a coûté
aux Anglais qui en avaient perdu près
de 800 dimanche à Stormberg. Et le
correspondant du Times dit que cette
première journée n’avait coûté que
tués et 9 blessés aux Boers !
Les Anglais qui attendaient une
victoire pour contrebalancer l’effet
moral de leurs désastres, n’ont plus à
compter que sur le général Buller, le
seul invaincu. Il est vrai qu’il ne s’est
pas encore battu.
800,000 francs, pour les charger de sceaux et le président du Conseil ont
7 ’ r ° négligé de demander la parole pour
répondre à une question inutile, et la
Chambre leur a donné raison en pro
nonçant la clôture de la discussion, à
UN SALUTAIRE EXEMPLE
M e Labori n’a pas voulu garder le
silence, il a poursuivi l’un de ceux
qui avaient essayé de créer une fausse
légende. Il a bien fait ; il aurait pu
en englober d’autres dans la pour
suite. Son adversaire s’est dérobé; il
a été condamné par défaut à l’inser
tion du jugement dans deux cents
journaux de départements et dans
quarante journaux de Paris.
La Cloche qui, dans cette affaire, a
marché à la remorque de la Libre Pa
role , ferait bien de méditer ce juge
ment.
C’est parfait. Si ceux qui sont
journellement traînés dans la boue
par une presse sans scrupules sui
vaient l’exemple de M e Labori, nous
n’assisterions plus à cet écœurant
spectacle de polémiques de ruisseau ;
on y regarderait à deux fois avant
d’attenter à l’honneur d’un homme,
de toucher à sa vie privée et à celle
de sa famille, de tenter de le flétrir
par le mensonge et par le trafic hon
teux de la naïveté publique.
Car la liberté de la presse n’a rien
à voir avec cette littérature de fange,
avec ces débordements d’outrages et
ces appétits de diffamation. Et le
jour où on frappera par de gros
dommages-intérêts les dillettantes de
l’insulte, l’industrie de scandale aura
reçu un coup terrible et ne se relèvera
pas des plaies qui auront été faites à
la bourse.
Ce sera un bienfait, car on éprouve
autant de dégoût que d’humiliation à
lire chaque jour dans quelques jour
naux de petites infamies qui se mul
tiplient grâce à la complicité de ceux
qui les méprisent.
letins de vote, d’ailleurs en vain, à
ceux de Martineau, pour renverser un
ministère qui, à la différence de la
colonne Vendôme, n’a pas encore été
renversé?
On ne s'ennuie pas, savez-vous?
chez les pompiers d’Octe ville ! Seraient-
ils destinés à supplanter ceux de Nan
terre ?
Mais alors, quand nous donneront-
ils le plaisir de voir couronner une
rosière?Pompiers d’Octeville, veillez
sur les vertus de votre crû. Et surtout
ayez l’œil sur Martineau, dont laproge
dans les colonnes du Journal du Havre,
encore helas ! des colonnes, —
devient vraiment trop gaillarde.....
Vous savez que c’est un coq! N’a-*t^ïl
pas succédé à M. Félix Faure?
Cachez vos poules
Zim-La-Il a !
UNE PERLE DE MARTINEAU
Décidément* M. Louis Brindeau
devient amusant. Réjouissons-nous,
mes Frères, ça le change.
On lit, dans la chronique régionale
du Petit Havre du mercredi 13 décem
bre, un désopilant compte rendu du
banquet des sapeurs-pompiers d’Octe
ville. Il s’agissait de baptiser une
pompe, et, dame, il paraît qu’on l’a
largement arrosée.
Au dessert, M. Louis Brindeau,
qui présidait, a été' pris, comme
d’usage, de la crise patriotique. Voici
un passage de son discours, toujours
d’après le Petit Havre, organe évidem
ment jaloux du Journal du Havre , où
Martineau dépose, avec une régularité
de gallinacée, la bonne prose méli-
niste :
« M. Brindeau félicite les pompiers
de leur respect au drapeau tricolore
et à l’armée; il est convaincu de ne
pas rencontrer parmi eux de partisan
de l’internationalisme ni du drapeau
rouge, drapeau qui, du reste, a été
arraché de la colonne Vendôme par un
pompier du Havre, Séguin... »
Or, veuillez noter que, quand les
pompiers des départements sont arri
vés à Paris en 1871, c’était après la , ei/
Commune, c’est-à-dire à une époque ’ fies départements Normands et Bretons
où la dite colonne Vendôme que le fi ui f° n t avec l’Angleterre un com-
pompier Séguin est accusé d’avoir merc p considérable dont vivent une
escaladée, était à terre, ayant été multitude de petits cultivateurs doi
vent à ce CQmmerce une grande partie
de leur prospérité. Il est évident que
les producteurs nombreux de nos con
trées vont se trouver fortement at
teints par la décision brutale des
sujets de la trop pudique Albion.
En veut on des exemples ?
Le propriétaire d’une importante
maison d’expédition qui, à cette épo
que de l’année, envoie d’ordinaire sur
le marché de Londres cinquante à
soixante mille dindons, vient d’être
avisé qu’on n’accepterait plus désor
mais de marchandises françaises ; il
s’est donc vu dans l’obligation de sus
pendre ses achats, et les paysans qui,
était a
déboulonnée sur les ordres du célèbre
peintre Courbet.
Si le pompier Seguin a enlevé le
drapeau rouge du haut de la colonne
Vendôme , il n’a même pas eu besoin,
il faut le reconnaître, de prendre une
échelle, attendu que le haut de la
colonne, tout comme le bas, était au
ras du sol. Il n’a eu qu’à se baisser.
Pour que la cocasserie patriotarde
fûtcomplète, M. Louis Brindeau, après
avoir fait l’éloge de M. Félix Faure,
— c’est son journal qui nous l’ap-
irend, — a porté un toast à M. Loubet.
Que vont donc dire ses bons amis les
nationalistes, qui unissent leurs bul-
Les Anglais
et Nos Commerçants
Nos voisins d’Outre-Manche n’ont
pas, en ce moment, l’humeur facile. Ils
viennent de nous en donner une
preuve en prenant contre nos com
merçants, pour des motifs futiles, la
plus arbitraire mesure qui soit au
monde.
Il a plu a quelques journalistes mal
inspirés de représenter S. M. Victoria
de façon grossière et ridicule ; dans
les circonstances présentes, ce choix
n’était évidemment pas très heureux
ni en harmonie avec les sentiments
nobles et chevaleresques qui ont tou
jours été l’apanage du peuple Fran
çais. Les feuilles publiques sérieuses
ont, du reste, fait bonne justice de
cette façon d’agir ; les explications
franches, et loyales qu’elles ont don
nées étaient, je crois suffisantes pour
dissiper tout malentendu.
Malheureusement, il faut compter
avec 1 esprit spécial qui domine de
1 autre cote du détroit. Aussi, en
signe de protestation, quelques gros
bonnets du commerce Londonien ont-
ils pris la grave resolution de cesser
leurs relations d’affaires avec notre
pays.
Il est absurde de rendre toute une
nation responsable des élucubrations
plus ou moins fantaisistes de journa
listes en mal d’enfant, mais, puis-
qu il convient aux Anglais d’user,
envers nous, de repressailles, il est de
notre .devoir de nous occuper de la
situation que cette mesure étrange va
creer à un certain nombre de nos
compatriotes.
Incontestablement, le peuple bri
tannique est notre meilleur client et
m *
(fr
k
N'
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 16 Décembre 1899. ,
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ,, . . . .par an 3 fr.
Départements . » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction ï. thorimeret
L’Imprimeur-Gérant E. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces
Réclames.
25 centimes la ligne
50 »
On traite à forfait
LES
Il y a pour la République un péril
à droite, du côté de l’Eglise et de la
réaction. Il n’y a pas pour la Répu
blique de péril à gauche, du côté
du socialisme et de la révolution
consciente.
La République, en effet, ne peut
vivre qu’à la condition de résoudre,
par la raison, dans la liberté, les
inévitables problèmes que soulève
la vitalité démocratique. Or, l’Eglise
et la réaction prétendent imposer
les solutions du dogme ou de la force.
Cela se passerait dans la cité des
nuées, dans la crédulité et l’espé
rance, dans un autre monde que
n’atteignent ni le contrôle ni la cri
tique, ou bien dans la servitude et
le silence. « On fait trop de tapage
dans cette maison, déclara Saint-
Arnaud, le 2 décembre, en parlant
de la Chambre ; je vais chercher la
garde ». Pas de tapage devant le
.. é&gmê de D’Eglise ou la force de la
garde. Ce serait la mort de la raison
et de la liberté, et donc de la Ré
publique.
Mais qu’aurait-elle à craindre, la
République, du socialisme tel que
nous le voyons s’affirmer et s’orga
niser ? Même du socialisme révolu
tionnaire ?
Les plus ardents prophètes de la
Sociale se réclament toujours de la
science et de la libre observation.
Ils en appellent à la raison et à la
liberté. Si vous jugez qu’ils s’exal
tent pour des utopies, laissez faire :
la critique scientifique viendra après
le prophétisme et mettre toutes
choses à leur place et surtout l’é
preuve de la vie éliminera tout ce
qui doit être éliminé. Oui, laissez
proclamer tout idéal ; il n’en sera,
dans la réalité, que ce qui pourra
justement être.
La tâche
défense républicaine est donc de dé
noncer le péril à droite et non le
péril à gauche, de combattre l’Eglise
et non la Révolution.
La guerre à l’ennemi véritable !
Mais ceci soit dit sans paradoxe,
l’anticléricalisme risque souvent de
créer un danger d’impatience révo
lutionnaire et de violence dans le
socialisme.
J’entends l’anticléricalisme hypo
crite et timide, dont furent coutu
miers tant de ministres républicains
et qui menace de se continuer.
On veut bien crier contre l’inter
vention papale dans les affaires poli
tiques de la France ; mais on main
tient une ambassade au Vatican
On veut bien s’en prendre aux
congrégations, et à leurs trésors de
guerre, mais on vote un crédit de
d’un gouvernement de
On flétrit les Croix qui ont engagé
contre la République une lutte
acharnée, à l’enseigne de Jésus cru
cifié ; mais on déclare « sacrée »
cette enseigne. On arrache comme
on peut Fécole de l’Eglise ; mais on
dit de cette Eglise qu’elle est « la plus
grande puissance morale du monde ».
On se dit ministre de la France
républicaine que la Révolution a
faite ; mais on proclame la France
« nation catholique ».
On fait descendre des commissai
res de police chez les sœurs du Bon-
Pasteur, exploiteurs d’enfants ; mais
on fait aussi louer leurs services par
de bons fonctionnaires à qui le con
fesseur a fait la leçon.
On est, sur les programmes, pour
la séparation de l’Eglise de l’Etat,
mais on ne sépare rien, pas même le
budget, et on fait tramer les lois
nécessaires sur la liberté d’associa
tion.
Hypocrisies !
Timidités !
Dangereuses timidités?
Le peuple ne finira-t-il pas par
dire '. « Cet anticléricalisme n’est
qu’un mensonge dont vous avez
pensé nous amuser. Manger ainsi
du curé n’est pas manger du pain.
« Nous voulons manger du pam
par le travail, dans la justice. Faites-
nous des réformes sociales. Et, une
bonne fois, laissons sur la route le
cadavre de la bête cléricale, frappée
enfin du coup suprême des justes
lois ».
Victor CHARBONNEL.
LA SEMAINE
La Chambre
représenter la France à l’étranger
et on leur fait faire, par nos ami
raux, des visites officielles.
Il y avait quinze jours que la Cham
bre discutait le budget dans un calme
suffisant : c’était plus que l’impatience
de Méline ne pouvait supporter. Aussi
avait-il organisé pour la séance de
mardi une manœuvre dont il espérait
monts et merveilles.
Un de ses sous-ordres est venu,
comme par hasard, demandea au
garde des sceaux quelle attitude il en
tendait prendre à l’égard du Comité
général socialiste, qui a été institué à
l’issue du récent congrès socialiste.
Quel rapport cette question avait-elle
avec le budget? Le questionneur a
oublié de le dire, et pour cause. En
réalité, il s’agissait d’une réédition
nouvelle de l’unique interpellation
que Méline a déjà adressée trois fois
au ministère sous des formes diverses :
d’abord à propos de la formation du
ministère ; puis, sous prétexte de po
litique générale; enfin, dernièrement,
à l’occasion du drapeau rouge. Cette
interpellation perpétuelle a pour objet,
comme chacun sait, la présence de
M. Millerand dans le cabinet. Méline
en est hanté, et de temps en temps il a
besoin, pour se soulager, de pousser
un cri d’alarme.
Celui de mardi n'a point trouvé
d’écho. Dédaigneusement, le garde des
*
trente voix de majorité. Il n’est plus
besoin de répondre à Méline : il ra
bâche.
La guerre Sud-Africaine
Le général Gatacre s’est fait battre
à Stormberg. Mais sa défaite n’a pas
eu pour cause une trahison. Il le dit
lui-même dans la dépêche que nous
publions plus loin avec une franchise
qui lui fait honneur, mais qui ne
contribuera pas à l’éclat de sa répu
tation de stratégiste. 11 s’est lancé sur
l’ennemi sans prendre les précautions
élémentaires, sans savoir quelles
étaient les forces qu’il allait com
battre et sans même s’être rendu
compte de la distance que ses troupes
auraient à franchir, les exposant
ainsi à engager l’action après une
longue et accablante marche de toute
une nuit.
La défaite du général Gatacre aura
pour conséquence un ralentissement
des opérations anglaises sur cette
partie du théâtre de la guerre et
peut-être même sur d’autres. Le gé
néral Methuem est maintenant bien
isolé sur la Moder River, avec ses
communications coupées, ou tout au
moins sérieusement menacées. Et
est douteux que le général French
qui a, dit-on, pris contact avec les
Boers tente une action sérieuse avec
les quelques régiments de cavalerie
dont il dispose. R leur faudra atten
dre des renforts, c’est-à-dire la cin
quième division qui est en route ; car
les troupes anglaises qui n’ont pas
encore marché sont presque toutes
indisponibles pour cause d’afrikandé-
risme. On va même jusqu’à dire que
le général Buller renoncera peut-être
à attaquer le général Joubert à Co
lenso, et reviendrait au Cap avec le
gros de son armée, laissant Ladysmith
à son malheureux sort.
Mais ce serait là risquer une partie
bien dangereuse. La Natalie serait
entièrement livré aux Boers, que l’on
n’en chasserait pas facilement.
Après la défaite de Stormberg, les
Anglais qui jouent une partie plus
dure encore que ne le supposaient les
plus pessimistes, ont subi un échec
que le général Methuen avoue à demi
dans une dépêche publiée par le War
Office.
D’après une autre dépêche officielle,
nous savons que le général Wanchope,
commandant la brigade des higlan-
ders, se trouve parmi les morts et qu’il
est arrivé à Moder River 293 blessés
dont 27 officiers. D’autre part, une
dépêche publiée à Bruxelles annonce
que le général Croenje a fait 100 à
150 prisonniers. C’est donc au moins
500 hommes que la journée a coûté
aux Anglais qui en avaient perdu près
de 800 dimanche à Stormberg. Et le
correspondant du Times dit que cette
première journée n’avait coûté que
tués et 9 blessés aux Boers !
Les Anglais qui attendaient une
victoire pour contrebalancer l’effet
moral de leurs désastres, n’ont plus à
compter que sur le général Buller, le
seul invaincu. Il est vrai qu’il ne s’est
pas encore battu.
800,000 francs, pour les charger de sceaux et le président du Conseil ont
7 ’ r ° négligé de demander la parole pour
répondre à une question inutile, et la
Chambre leur a donné raison en pro
nonçant la clôture de la discussion, à
UN SALUTAIRE EXEMPLE
M e Labori n’a pas voulu garder le
silence, il a poursuivi l’un de ceux
qui avaient essayé de créer une fausse
légende. Il a bien fait ; il aurait pu
en englober d’autres dans la pour
suite. Son adversaire s’est dérobé; il
a été condamné par défaut à l’inser
tion du jugement dans deux cents
journaux de départements et dans
quarante journaux de Paris.
La Cloche qui, dans cette affaire, a
marché à la remorque de la Libre Pa
role , ferait bien de méditer ce juge
ment.
C’est parfait. Si ceux qui sont
journellement traînés dans la boue
par une presse sans scrupules sui
vaient l’exemple de M e Labori, nous
n’assisterions plus à cet écœurant
spectacle de polémiques de ruisseau ;
on y regarderait à deux fois avant
d’attenter à l’honneur d’un homme,
de toucher à sa vie privée et à celle
de sa famille, de tenter de le flétrir
par le mensonge et par le trafic hon
teux de la naïveté publique.
Car la liberté de la presse n’a rien
à voir avec cette littérature de fange,
avec ces débordements d’outrages et
ces appétits de diffamation. Et le
jour où on frappera par de gros
dommages-intérêts les dillettantes de
l’insulte, l’industrie de scandale aura
reçu un coup terrible et ne se relèvera
pas des plaies qui auront été faites à
la bourse.
Ce sera un bienfait, car on éprouve
autant de dégoût que d’humiliation à
lire chaque jour dans quelques jour
naux de petites infamies qui se mul
tiplient grâce à la complicité de ceux
qui les méprisent.
letins de vote, d’ailleurs en vain, à
ceux de Martineau, pour renverser un
ministère qui, à la différence de la
colonne Vendôme, n’a pas encore été
renversé?
On ne s'ennuie pas, savez-vous?
chez les pompiers d’Octe ville ! Seraient-
ils destinés à supplanter ceux de Nan
terre ?
Mais alors, quand nous donneront-
ils le plaisir de voir couronner une
rosière?Pompiers d’Octeville, veillez
sur les vertus de votre crû. Et surtout
ayez l’œil sur Martineau, dont laproge
dans les colonnes du Journal du Havre,
encore helas ! des colonnes, —
devient vraiment trop gaillarde.....
Vous savez que c’est un coq! N’a-*t^ïl
pas succédé à M. Félix Faure?
Cachez vos poules
Zim-La-Il a !
UNE PERLE DE MARTINEAU
Décidément* M. Louis Brindeau
devient amusant. Réjouissons-nous,
mes Frères, ça le change.
On lit, dans la chronique régionale
du Petit Havre du mercredi 13 décem
bre, un désopilant compte rendu du
banquet des sapeurs-pompiers d’Octe
ville. Il s’agissait de baptiser une
pompe, et, dame, il paraît qu’on l’a
largement arrosée.
Au dessert, M. Louis Brindeau,
qui présidait, a été' pris, comme
d’usage, de la crise patriotique. Voici
un passage de son discours, toujours
d’après le Petit Havre, organe évidem
ment jaloux du Journal du Havre , où
Martineau dépose, avec une régularité
de gallinacée, la bonne prose méli-
niste :
« M. Brindeau félicite les pompiers
de leur respect au drapeau tricolore
et à l’armée; il est convaincu de ne
pas rencontrer parmi eux de partisan
de l’internationalisme ni du drapeau
rouge, drapeau qui, du reste, a été
arraché de la colonne Vendôme par un
pompier du Havre, Séguin... »
Or, veuillez noter que, quand les
pompiers des départements sont arri
vés à Paris en 1871, c’était après la , ei/
Commune, c’est-à-dire à une époque ’ fies départements Normands et Bretons
où la dite colonne Vendôme que le fi ui f° n t avec l’Angleterre un com-
pompier Séguin est accusé d’avoir merc p considérable dont vivent une
escaladée, était à terre, ayant été multitude de petits cultivateurs doi
vent à ce CQmmerce une grande partie
de leur prospérité. Il est évident que
les producteurs nombreux de nos con
trées vont se trouver fortement at
teints par la décision brutale des
sujets de la trop pudique Albion.
En veut on des exemples ?
Le propriétaire d’une importante
maison d’expédition qui, à cette épo
que de l’année, envoie d’ordinaire sur
le marché de Londres cinquante à
soixante mille dindons, vient d’être
avisé qu’on n’accepterait plus désor
mais de marchandises françaises ; il
s’est donc vu dans l’obligation de sus
pendre ses achats, et les paysans qui,
était a
déboulonnée sur les ordres du célèbre
peintre Courbet.
Si le pompier Seguin a enlevé le
drapeau rouge du haut de la colonne
Vendôme , il n’a même pas eu besoin,
il faut le reconnaître, de prendre une
échelle, attendu que le haut de la
colonne, tout comme le bas, était au
ras du sol. Il n’a eu qu’à se baisser.
Pour que la cocasserie patriotarde
fûtcomplète, M. Louis Brindeau, après
avoir fait l’éloge de M. Félix Faure,
— c’est son journal qui nous l’ap-
irend, — a porté un toast à M. Loubet.
Que vont donc dire ses bons amis les
nationalistes, qui unissent leurs bul-
Les Anglais
et Nos Commerçants
Nos voisins d’Outre-Manche n’ont
pas, en ce moment, l’humeur facile. Ils
viennent de nous en donner une
preuve en prenant contre nos com
merçants, pour des motifs futiles, la
plus arbitraire mesure qui soit au
monde.
Il a plu a quelques journalistes mal
inspirés de représenter S. M. Victoria
de façon grossière et ridicule ; dans
les circonstances présentes, ce choix
n’était évidemment pas très heureux
ni en harmonie avec les sentiments
nobles et chevaleresques qui ont tou
jours été l’apanage du peuple Fran
çais. Les feuilles publiques sérieuses
ont, du reste, fait bonne justice de
cette façon d’agir ; les explications
franches, et loyales qu’elles ont don
nées étaient, je crois suffisantes pour
dissiper tout malentendu.
Malheureusement, il faut compter
avec 1 esprit spécial qui domine de
1 autre cote du détroit. Aussi, en
signe de protestation, quelques gros
bonnets du commerce Londonien ont-
ils pris la grave resolution de cesser
leurs relations d’affaires avec notre
pays.
Il est absurde de rendre toute une
nation responsable des élucubrations
plus ou moins fantaisistes de journa
listes en mal d’enfant, mais, puis-
qu il convient aux Anglais d’user,
envers nous, de repressailles, il est de
notre .devoir de nous occuper de la
situation que cette mesure étrange va
creer à un certain nombre de nos
compatriotes.
Incontestablement, le peuple bri
tannique est notre meilleur client et
m *
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.89%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.89%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263389f/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263389f/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263389f/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263389f
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263389f
Facebook
Twitter