Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-09-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 septembre 1899 23 septembre 1899
Description : 1899/09/23 (N178). 1899/09/23 (N178).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633777
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4" Année — N° 178.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 28 Septembre 188?.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... F. thombmueret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces . 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LA SEMAINE
Crise et Complot
La grâce de Dreyfus ne saurait à
aucun titre constituer le terme de nos
doléances. Nous n’avons pas vu dans
la douloureuse affaire le cas unique
du capitaine condamné injustement,
et nous ne nous sommes pas tant
attaché à sauver, suivant l’expression
de Zola « une loque humaine » affai
blie, meurtrie, qu’à poursuivre la
réparation d’une erreur ou d’un crime
judiciaire, qu’à venger le droit violé,
la justice outragée. Tel a été notre
but, et notre conduite future le prou
vera comme le passé. Nous nous som
mes inspiré, aussi, des plus nobles
traditions du véritable patriotisme en
voulant la France pure de toute souil
lure aux yeux de l'étranger, considé
rant qu’une nation n’est vraiment
grande, qu’un peuple n’est vraiment
magnanime, que quand il peut assurer
à tous ses enfants, sans distinction de
caste ou de race, les bienfaits d’une
justice équitable. Et nous avons à cet
égard une œuvre capitale à entre
prendre, les différents procès de ces
derniers mois nous Font prouvé abon
damment.
Nous avons éprouvé une vive satis
faction, certes, de la signature de la
grâce du capitaine Dreyfus, non seu
lement comme un juste tribut d’hu
manité dans la crise qui sévit, mais
aussi comme un gage de sagesse, esti
mant que si l’ou a enlevé à la foule
l’objet de ses haines et de ses passions,
nous pourrons mieux continuer la
tâche profonde qui s’impose à nos
consciences; nous ferons mieux jaillir
la vérité aux yeux aveuglés par les
sophismes de la presse nationaliste.
La grâce n’est pas l’équité, c’tst, du
moins, un acheminement vers elle.
Nous atteindrons le but poursuivi,
nous établirons toutes les responsabi
lités, nous châtierons toutes les culpa
bilités, sans haine ni violence, car la
victoire doit finalement rester dans les
mains de l’honnêteté et du droit. Nous
réformerons surtout notre civilisation
pour la mettre désormais à l’abri de
toutes les entreprises factieuses. Len
tement, mais avec sûreté, l’eau d’une
source in tarrissableenlève et désagrège
les plus fortes collines, le mensonge
et l’iniquité auront ainsi leur sort.
Le complot était, d’ailleurs, le puis
sant ressort des affres que nous subis
sons depuis deux ans. L’église s’est
trouvée la main dans la main avec
les royalistes et les antisémites pour
fomenter les troubles et donner l’assaut
h la République. On se préparait par
des listes de proscription à frapper
et à bannir tous les bons français,
perpétrant de nouveaux crimes pour
innocenter les anciens.
La révocation de l’édit de Nantes
n’eut rien été, paraît-il, aupièi des
vengeances nationalistes.
Au Havre même, des listes étaient
formées par la gent cléricale, qui ont
dû être saisies par la police, lors des
récentes perquisitions, pour atteindre
les meilleurs des nôtres, les serviteurs
dévoués du droit.
Les troubles d’Alger, les criaille-
xies de quelques-uns qui se manifes
tent encore, ne sont plus que les der
nières convulsions d’une bête veni
meuse dont nous avons maintenant à
cicatriser le venin entré profondé
ment dans nos chairs.
Alf. HENRI.
La semaine aura été fertile en évé
nements sensationnels. En premier
lieu nous avons l’acte de clémence du
Président de la République qui a sa
tisfait l’opinion générale en rendant la
liberté à un innocent; puis la fia de
la mascarade des anti-juifs qui avaient
promis de ne jamais se rendre. Le pau
vre Guérin a capitulé et, accompagné
d’un officier, s’en est allé en lieu sûr,
laissant, non sans regrets, le fort Cha
brol de joyeuse mémoire.
A la suite des agissements de Max
Régis, des troubles assez graves ont
éclaté en Algérie et ensanglanté notre
belle colonie. L’ancien maire d’Alger
a cru prudent de s’enfermer dans son
domicile, devenu le fort Mustapha,
imitant en cela son ami Guérin. Puis
se-t-il se rendre aussi ridicule !
Nous avons de mauvaises nouvelles
du Transwaal. Les Anglais, comme
toujours, ne veulent faire aucune
concession, et la guerre parait inévi
table. On s’y prépare des deux côtés
et les Anglais ont donné l’ordre à
plusieurs régiments de l’armée des,
Indes de se rendre sur le théâtre des
événements.
La nouvelle de la grâce du capi
taine Dreyfus a produit à l’étranger
une certaine détente. D'ailleurs, il
n’y avait pas lieu de s’émouvoir outre
mesure des menaces de boycottage de
l’exposition. Un très petit nombre
d’exposants etrangers ont donné, il
est vrai leur parole de n’y point par
ticiper, mais ils ont six mois pour
la reprendre. Le temps changera leurs
idées, espérons-le clans leur intérêt
plus que dans le nôtre. F. T.
M. MÉLINE ET SES PARTISANS
M. Méline continue à ne pas publier
les réponses qui lui sont parvenus au
sujet de la convocation immédiate des
Chambres.
Nous comprenons facilement ce
silence. M. Charles Dupuy déclare
que l’initiative de Méline et des roya
listes « ne peut inspirer aux républi
cains que de la défiance ». C'est éga
lement l’opinion de M. Jonnart. En
fin, M, François, député de la Somme,
répond : «Attendons».
Pauvre Méline ! Tout le monde
le lâche... sauf les royalistes.
Dans la circonstance, M. Méline
n’a pas été sans s’adresser à nos dépu-
pés, MM. Brindeau et Rispal. Nous
nous demandons pourquoi ces mes
sieurs n ? ont pas, à l’instar de MM.
Charles Dupuy et Jonnart, fait publi
quement connaître leur réponse : les
électeurs l’attendent avec impatience.
Peut-être que MM. Rispal et Brin
deau, ô surprise inespérée, vont bien
tôt rendre compte de leur mandat !
ONE DÉCLARATION DE DREYFUS
Le gouvernement de la République
me rend la liberté.
Elle n’est rien pour moi sans l’hon •
•neur. Dès aujourd’hui, je vais conti
nuer à poursuivre la réparation de
l’effroyable erreur judiciaire dont je
suis encore victime.
Je veux que la France entière
sache, par un jugement définitif de
révision, que je suis innocent.
Mon cœur ne sera apaisé que lors
qu’il n’y aura plus un Français qui
m’impute le crime abominable qu’un
autre a commis.
Alfred Dreyfus.
LE SYNDICAT DES FAUSSAIRES
L’innocent Dreyfus est gracié, en
attendant qu’il soit réhabilité. Ce pre
mier soufflet, appliqué par le Pouvoir
civil sur la face des juges militaires,
en présage quelques autres.
Le Syndicat des Faussaires et des
assassins prétend que la grâce de la
victime doit entraîner la grâce des
boureaux. Puisque l’Etat-Major et
l’Eglise ne peuvent plus s’acharner
sur Dreyfus, il faudrait que, par com
pensation, les champions delà Justice
consentissent à laisser en paix les gé
néraux faussaires et leurs acolytes.
Eh bien, c’est entendu... Mais à
condition naturellement, que toutes
choses soient égales de part et d’autre.
Quand Mercier, Boisdeflfre, Gonse,
Roget, de Pellieux et consorts auront
été justement condamnés, flétris, dé
gradés, quand la foule les aura pour
suivis de ses huées, quand ils auront
passé cinq ans à l’île du Diable, avec
la barre de fer aux pieds et Deniel
pour garde-chiourme, nous leur ferons
grâce, généreusement.
Ce sera encore bien scandaleux que
les coupables en soient quittes au
même prix que l’innocent.
U. G.
GROUPE RADICAL SOCIALISTE
La Commission de permanence du
groupe radical socialiste, réunie au
complet le 21 septembre, chiz un de
ses membres, M. Perillier :
Approuve le gouvernement d’avoir
convoqué la Haute-Cour pour répri
mer les complots organisés contre la
République et d’avoir accompli un
acte de justice en faisant gracier
Dreyfus.
Constate que M. Méline, en deman
dant à peu près seul de son parti, la
convocation des Chambres, favorise,
comme toujours, les menées réaction
naires.
....
LES SOEURS DD BON PASTEUR
Les Révélations de Mê r Turinaz
Evêque de Nancy
Il est des femmes qui, n’ayant point
le courage de rester femmes, ni d’af
fronter les difficultés de la vie, se
retirent du monde et, sous le voile de
la charité, vont passer leur existence
dans un couvent. Bien des fois je me
suis élevé contre elles, bien des fois
j’ai montré, avec preuves à l'appui,
ce qu’eiles sont réellement : astu
cieuses, égoïstes, hypocrites et débau
chées. Comment pourrait-il en être
autrement ! Ne faut^il pas avoir
perdu les sentiments du cœur pour
exercer un semblable métier ?
Qu’on ne vienne pas me dire que
j’exagère. Je parle sans aucune espèce
de parti-pris et je tiens à le prouver
en citant un homme qu’on ne pourra
pas taxer d’anticléricalisme, Mgr Thu-
rinaz, évêque de Nancy. Au sujet des
sœurs du Bon Pasteur qui ont un
orphelinat dans sa ville épiscopale, il
écrit à un cardinal Romain les lignes
suivantes, que les lecteurs de La
Croix feront bien de méditer :
Au Bon Pasteur de Nancy, on ne leur
donne rien, même après qu’elles ont tra
vaillé et gagné beaucoup d’argent à la
maison pendant cinq, dix, vingt ans. On
les met à la porte sans ressources, sans
s’occuper de leur trouver une place, sans
les engager à revenir voir leurs maîtres
ses (ce qui se fait dans toutes les maisons
de ce genre). Ces jeunes filles, parmi les*
quelles il en est. qui n’ont point de pa
rents ou qui ont des parents incapables
de les aimer ou de les diriger, sont li
vrées à tout les périls, à toutes les séduc
tions dès le moment de leur sortie et plus
tard. Parmi les soixante jeunes filles que
ces religieuses ont renvoj'ées depuis une
année, toutes (à l’exception de deux ou
trois auxquelles on a donné un peu d’ar
gent à cause de mes réclamations et de
mes protestations) ont été renvoyées dans
ces conditions. Il en est auxquelles j’ai
dû donner des secours et qui m’ont dé
claré qu’on cherchait à les entraîner
dans des maisons de prostitution.
J’ai protesté auprès de la supérieure
générale. Tout ce qui a été obtenu, c’est,
comme je viens de le dire, un peu d’ar
gent donné à deux ou trois, afin que les
religieuses puissent affirmer qu’elles ne
les renvoie pas toutes dans ces conditions.
Il y a là une question non seulement
de charité pour les âmes, une question de
moralité, une question de justice, car
l’argent que les religieuses jettent dans
leurs constructions est gagné, en très
grande partie, par ces jeunes fi les. Il y a
là, au point de vue de la perte presque
totale de ces jeunes filles, des crimes
qui crient vengeance...
On fait travailler ces jeunes filles ou
au moins un très grand nombre d’entre*
elles, chaque jour, plus longtemps que ne
le permettent les lois civiles, et, quand
l’inspecteur du travail des enfants de
mande à visiter la maison, on fait dispa
raître des salles de travail les jeunes
filles qui n’ont pas douze ans ; on de
mande à d’autres de sacrifier, pendant
plusieurs mois de l’année, une partie de
leurs récréations sous prétexte que le
travail est pressant, et on leur fait, a
cette occasion, des promesses que l’on ne
tient pas. Il suffirait de la dénonciation
de quelque jeune fille sortie de la maison
pour que l’autorité civile sévit contre les
religieuses.
Voilà des faits probants qui émanent
de source sûre et que nos bons cléri
caux, toujours disposés à crier à la
calomnie, ne pourrons, je le suppose
du moins, essayer de contester.
Je ne le répéterai jamais trop, si
nous voulons donner à nos filles, la
santé, la force, l’intelligence, il faut
chasser de notre pays ces femmes reli
gieuses, qui n’apportent dans leur
âme que la souillure. Ne l’oublions
pas, le couvent c’est l’école de la pros
titution.
On le sait, depuis longtemps en
haut lieu, et, malgré tour, des per
sonnes influentes ont exercé sur nos
gouvernants une telle pression qu’on
est resté dans le statu quo.
Quand trouverons nous des gens
assez courageux pour assainir la France
de cette vermine qui l’empoisonne?
Félix Thommeret
LIS MESSES MILITAIRES
On sait que, dans la plupart des
grandes villes, des cercles militaires
où les sous-officiers et soldats trou
vent des distractions de toutes sortes,
ont été créés par l’élément clérical ;
on ignore le plus souvent que, dans
certaines contrées, en Bretagne, par
exemple, les prêtres font une propa
gande active et, qu’aidés par des
officiers complaisants, ils amènent
insensiblement nos braves troupiers à
assister à des messes dites militaires,
espèces de représentations où les can
tiques sont chantés sur des airs en
traînants ; en d’autres termes, une
sorte d’armée du salut.
11 ne faudrait pas croire que les
soldats viennent à ces réunions par
amour pour le Créateur. Non, bien
d’autres choses les attirent. Ils trou
vent dans le saint lieu les officiers en
grand uniforme qui ne manquent
certes pas, le cas échéant, de se mon
trer indulgents pour les fidèles. Puis,
il est remis à chacun un bon d’un
demi-litre de cidre, ce qui n’est pas à
dédaigner lorsque, comme tant de
jeunes gens, l’on n’a que son prêt
pour tout revenu.
Il serait à souhaiter que le Minis
tre de la guerre, mît fin au plus tôt
à cet état, de choses.
Nous consentons à nous séparer de
nos enfants pour qu’ils apprennent à
défendre utilement leur pays ; nous
ne les confions point aux officiers
pour faire leur instruction religieuse.
——♦» ;
LES PROCÉDÉS
du « Petit Journal »
Si les nombreuses personnes qui,
chaque jour, se nourrissent des inep
ties débitées dans cette feuille popu
laire lisaient aussi attentivement les
articles que les feuilletons, elles pour
raient, sans difficulté, en se reportant
quelques armées en arrière, se rendre
compte qu’elles sont odieusement
jouées par les rédacteurs de ce jour
nal.
On se souvient qu’à l’époque où le
gouvernement de la République or
donna la laïcisation des écoles,
le Petit Journal fut un des premiers à
réclamer cette mesure. Or, aujour
d’hui, les temps sont changés et, dans
un récent article, il prend la défense
de « ces pauvres filles, de ces humbles
créatures qui se dévouent pour le sa
lut de leurs semblables »
On n’est pas plus grotesque et dire
qu’il y a en France plus de quatre mil
lions d’imbéciles pour lire ces idioties.
♦
Section Havraise de la
Ligue pour la Défense
des Droits de l’Homme
et du Citoyen.
Les membres de la section havraise
de la Ligue pour la défense des Droits
de l’Homme et du Citoyen se sont
réunis, samedi dernier, à la salle
Franklin, sous la présidence de M.
Maurice Dumoulin.
A l’unanimité, l’ordre du jour sui
vant a été adopté :
La section havraise de la Ligue fran
çaise pour la défense des Droits de
l’Homme et du Citoyen, réunie en Assem
blée générale le 16 septembre 1899,
encore sous le coup de la patriotique tris
tesse qu’elle a ressentie des derniers évé
nements, estime toutefois qu’il faut,
moins que jamais, se laisser aller au dé
couragement.
A l’unanimité :
Envoie à son président, M. L. Trarieux,
de cordiales félicitations pour sa déposi
tion au procès de Rennes où, dans nn
langage si noble et si élevé, il s’est fait le
digne porte-parole des sentiments et des
convictions de tous les membres de la
Ligue.
Adresse à M. Waldeck-Rousseau, pré
sident du Conseil, le témoignage de sa
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Samedi 28 Septembre 188?.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... F. thombmueret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces . 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
LA SEMAINE
Crise et Complot
La grâce de Dreyfus ne saurait à
aucun titre constituer le terme de nos
doléances. Nous n’avons pas vu dans
la douloureuse affaire le cas unique
du capitaine condamné injustement,
et nous ne nous sommes pas tant
attaché à sauver, suivant l’expression
de Zola « une loque humaine » affai
blie, meurtrie, qu’à poursuivre la
réparation d’une erreur ou d’un crime
judiciaire, qu’à venger le droit violé,
la justice outragée. Tel a été notre
but, et notre conduite future le prou
vera comme le passé. Nous nous som
mes inspiré, aussi, des plus nobles
traditions du véritable patriotisme en
voulant la France pure de toute souil
lure aux yeux de l'étranger, considé
rant qu’une nation n’est vraiment
grande, qu’un peuple n’est vraiment
magnanime, que quand il peut assurer
à tous ses enfants, sans distinction de
caste ou de race, les bienfaits d’une
justice équitable. Et nous avons à cet
égard une œuvre capitale à entre
prendre, les différents procès de ces
derniers mois nous Font prouvé abon
damment.
Nous avons éprouvé une vive satis
faction, certes, de la signature de la
grâce du capitaine Dreyfus, non seu
lement comme un juste tribut d’hu
manité dans la crise qui sévit, mais
aussi comme un gage de sagesse, esti
mant que si l’ou a enlevé à la foule
l’objet de ses haines et de ses passions,
nous pourrons mieux continuer la
tâche profonde qui s’impose à nos
consciences; nous ferons mieux jaillir
la vérité aux yeux aveuglés par les
sophismes de la presse nationaliste.
La grâce n’est pas l’équité, c’tst, du
moins, un acheminement vers elle.
Nous atteindrons le but poursuivi,
nous établirons toutes les responsabi
lités, nous châtierons toutes les culpa
bilités, sans haine ni violence, car la
victoire doit finalement rester dans les
mains de l’honnêteté et du droit. Nous
réformerons surtout notre civilisation
pour la mettre désormais à l’abri de
toutes les entreprises factieuses. Len
tement, mais avec sûreté, l’eau d’une
source in tarrissableenlève et désagrège
les plus fortes collines, le mensonge
et l’iniquité auront ainsi leur sort.
Le complot était, d’ailleurs, le puis
sant ressort des affres que nous subis
sons depuis deux ans. L’église s’est
trouvée la main dans la main avec
les royalistes et les antisémites pour
fomenter les troubles et donner l’assaut
h la République. On se préparait par
des listes de proscription à frapper
et à bannir tous les bons français,
perpétrant de nouveaux crimes pour
innocenter les anciens.
La révocation de l’édit de Nantes
n’eut rien été, paraît-il, aupièi des
vengeances nationalistes.
Au Havre même, des listes étaient
formées par la gent cléricale, qui ont
dû être saisies par la police, lors des
récentes perquisitions, pour atteindre
les meilleurs des nôtres, les serviteurs
dévoués du droit.
Les troubles d’Alger, les criaille-
xies de quelques-uns qui se manifes
tent encore, ne sont plus que les der
nières convulsions d’une bête veni
meuse dont nous avons maintenant à
cicatriser le venin entré profondé
ment dans nos chairs.
Alf. HENRI.
La semaine aura été fertile en évé
nements sensationnels. En premier
lieu nous avons l’acte de clémence du
Président de la République qui a sa
tisfait l’opinion générale en rendant la
liberté à un innocent; puis la fia de
la mascarade des anti-juifs qui avaient
promis de ne jamais se rendre. Le pau
vre Guérin a capitulé et, accompagné
d’un officier, s’en est allé en lieu sûr,
laissant, non sans regrets, le fort Cha
brol de joyeuse mémoire.
A la suite des agissements de Max
Régis, des troubles assez graves ont
éclaté en Algérie et ensanglanté notre
belle colonie. L’ancien maire d’Alger
a cru prudent de s’enfermer dans son
domicile, devenu le fort Mustapha,
imitant en cela son ami Guérin. Puis
se-t-il se rendre aussi ridicule !
Nous avons de mauvaises nouvelles
du Transwaal. Les Anglais, comme
toujours, ne veulent faire aucune
concession, et la guerre parait inévi
table. On s’y prépare des deux côtés
et les Anglais ont donné l’ordre à
plusieurs régiments de l’armée des,
Indes de se rendre sur le théâtre des
événements.
La nouvelle de la grâce du capi
taine Dreyfus a produit à l’étranger
une certaine détente. D'ailleurs, il
n’y avait pas lieu de s’émouvoir outre
mesure des menaces de boycottage de
l’exposition. Un très petit nombre
d’exposants etrangers ont donné, il
est vrai leur parole de n’y point par
ticiper, mais ils ont six mois pour
la reprendre. Le temps changera leurs
idées, espérons-le clans leur intérêt
plus que dans le nôtre. F. T.
M. MÉLINE ET SES PARTISANS
M. Méline continue à ne pas publier
les réponses qui lui sont parvenus au
sujet de la convocation immédiate des
Chambres.
Nous comprenons facilement ce
silence. M. Charles Dupuy déclare
que l’initiative de Méline et des roya
listes « ne peut inspirer aux républi
cains que de la défiance ». C'est éga
lement l’opinion de M. Jonnart. En
fin, M, François, député de la Somme,
répond : «Attendons».
Pauvre Méline ! Tout le monde
le lâche... sauf les royalistes.
Dans la circonstance, M. Méline
n’a pas été sans s’adresser à nos dépu-
pés, MM. Brindeau et Rispal. Nous
nous demandons pourquoi ces mes
sieurs n ? ont pas, à l’instar de MM.
Charles Dupuy et Jonnart, fait publi
quement connaître leur réponse : les
électeurs l’attendent avec impatience.
Peut-être que MM. Rispal et Brin
deau, ô surprise inespérée, vont bien
tôt rendre compte de leur mandat !
ONE DÉCLARATION DE DREYFUS
Le gouvernement de la République
me rend la liberté.
Elle n’est rien pour moi sans l’hon •
•neur. Dès aujourd’hui, je vais conti
nuer à poursuivre la réparation de
l’effroyable erreur judiciaire dont je
suis encore victime.
Je veux que la France entière
sache, par un jugement définitif de
révision, que je suis innocent.
Mon cœur ne sera apaisé que lors
qu’il n’y aura plus un Français qui
m’impute le crime abominable qu’un
autre a commis.
Alfred Dreyfus.
LE SYNDICAT DES FAUSSAIRES
L’innocent Dreyfus est gracié, en
attendant qu’il soit réhabilité. Ce pre
mier soufflet, appliqué par le Pouvoir
civil sur la face des juges militaires,
en présage quelques autres.
Le Syndicat des Faussaires et des
assassins prétend que la grâce de la
victime doit entraîner la grâce des
boureaux. Puisque l’Etat-Major et
l’Eglise ne peuvent plus s’acharner
sur Dreyfus, il faudrait que, par com
pensation, les champions delà Justice
consentissent à laisser en paix les gé
néraux faussaires et leurs acolytes.
Eh bien, c’est entendu... Mais à
condition naturellement, que toutes
choses soient égales de part et d’autre.
Quand Mercier, Boisdeflfre, Gonse,
Roget, de Pellieux et consorts auront
été justement condamnés, flétris, dé
gradés, quand la foule les aura pour
suivis de ses huées, quand ils auront
passé cinq ans à l’île du Diable, avec
la barre de fer aux pieds et Deniel
pour garde-chiourme, nous leur ferons
grâce, généreusement.
Ce sera encore bien scandaleux que
les coupables en soient quittes au
même prix que l’innocent.
U. G.
GROUPE RADICAL SOCIALISTE
La Commission de permanence du
groupe radical socialiste, réunie au
complet le 21 septembre, chiz un de
ses membres, M. Perillier :
Approuve le gouvernement d’avoir
convoqué la Haute-Cour pour répri
mer les complots organisés contre la
République et d’avoir accompli un
acte de justice en faisant gracier
Dreyfus.
Constate que M. Méline, en deman
dant à peu près seul de son parti, la
convocation des Chambres, favorise,
comme toujours, les menées réaction
naires.
....
LES SOEURS DD BON PASTEUR
Les Révélations de Mê r Turinaz
Evêque de Nancy
Il est des femmes qui, n’ayant point
le courage de rester femmes, ni d’af
fronter les difficultés de la vie, se
retirent du monde et, sous le voile de
la charité, vont passer leur existence
dans un couvent. Bien des fois je me
suis élevé contre elles, bien des fois
j’ai montré, avec preuves à l'appui,
ce qu’eiles sont réellement : astu
cieuses, égoïstes, hypocrites et débau
chées. Comment pourrait-il en être
autrement ! Ne faut^il pas avoir
perdu les sentiments du cœur pour
exercer un semblable métier ?
Qu’on ne vienne pas me dire que
j’exagère. Je parle sans aucune espèce
de parti-pris et je tiens à le prouver
en citant un homme qu’on ne pourra
pas taxer d’anticléricalisme, Mgr Thu-
rinaz, évêque de Nancy. Au sujet des
sœurs du Bon Pasteur qui ont un
orphelinat dans sa ville épiscopale, il
écrit à un cardinal Romain les lignes
suivantes, que les lecteurs de La
Croix feront bien de méditer :
Au Bon Pasteur de Nancy, on ne leur
donne rien, même après qu’elles ont tra
vaillé et gagné beaucoup d’argent à la
maison pendant cinq, dix, vingt ans. On
les met à la porte sans ressources, sans
s’occuper de leur trouver une place, sans
les engager à revenir voir leurs maîtres
ses (ce qui se fait dans toutes les maisons
de ce genre). Ces jeunes filles, parmi les*
quelles il en est. qui n’ont point de pa
rents ou qui ont des parents incapables
de les aimer ou de les diriger, sont li
vrées à tout les périls, à toutes les séduc
tions dès le moment de leur sortie et plus
tard. Parmi les soixante jeunes filles que
ces religieuses ont renvoj'ées depuis une
année, toutes (à l’exception de deux ou
trois auxquelles on a donné un peu d’ar
gent à cause de mes réclamations et de
mes protestations) ont été renvoyées dans
ces conditions. Il en est auxquelles j’ai
dû donner des secours et qui m’ont dé
claré qu’on cherchait à les entraîner
dans des maisons de prostitution.
J’ai protesté auprès de la supérieure
générale. Tout ce qui a été obtenu, c’est,
comme je viens de le dire, un peu d’ar
gent donné à deux ou trois, afin que les
religieuses puissent affirmer qu’elles ne
les renvoie pas toutes dans ces conditions.
Il y a là une question non seulement
de charité pour les âmes, une question de
moralité, une question de justice, car
l’argent que les religieuses jettent dans
leurs constructions est gagné, en très
grande partie, par ces jeunes fi les. Il y a
là, au point de vue de la perte presque
totale de ces jeunes filles, des crimes
qui crient vengeance...
On fait travailler ces jeunes filles ou
au moins un très grand nombre d’entre*
elles, chaque jour, plus longtemps que ne
le permettent les lois civiles, et, quand
l’inspecteur du travail des enfants de
mande à visiter la maison, on fait dispa
raître des salles de travail les jeunes
filles qui n’ont pas douze ans ; on de
mande à d’autres de sacrifier, pendant
plusieurs mois de l’année, une partie de
leurs récréations sous prétexte que le
travail est pressant, et on leur fait, a
cette occasion, des promesses que l’on ne
tient pas. Il suffirait de la dénonciation
de quelque jeune fille sortie de la maison
pour que l’autorité civile sévit contre les
religieuses.
Voilà des faits probants qui émanent
de source sûre et que nos bons cléri
caux, toujours disposés à crier à la
calomnie, ne pourrons, je le suppose
du moins, essayer de contester.
Je ne le répéterai jamais trop, si
nous voulons donner à nos filles, la
santé, la force, l’intelligence, il faut
chasser de notre pays ces femmes reli
gieuses, qui n’apportent dans leur
âme que la souillure. Ne l’oublions
pas, le couvent c’est l’école de la pros
titution.
On le sait, depuis longtemps en
haut lieu, et, malgré tour, des per
sonnes influentes ont exercé sur nos
gouvernants une telle pression qu’on
est resté dans le statu quo.
Quand trouverons nous des gens
assez courageux pour assainir la France
de cette vermine qui l’empoisonne?
Félix Thommeret
LIS MESSES MILITAIRES
On sait que, dans la plupart des
grandes villes, des cercles militaires
où les sous-officiers et soldats trou
vent des distractions de toutes sortes,
ont été créés par l’élément clérical ;
on ignore le plus souvent que, dans
certaines contrées, en Bretagne, par
exemple, les prêtres font une propa
gande active et, qu’aidés par des
officiers complaisants, ils amènent
insensiblement nos braves troupiers à
assister à des messes dites militaires,
espèces de représentations où les can
tiques sont chantés sur des airs en
traînants ; en d’autres termes, une
sorte d’armée du salut.
11 ne faudrait pas croire que les
soldats viennent à ces réunions par
amour pour le Créateur. Non, bien
d’autres choses les attirent. Ils trou
vent dans le saint lieu les officiers en
grand uniforme qui ne manquent
certes pas, le cas échéant, de se mon
trer indulgents pour les fidèles. Puis,
il est remis à chacun un bon d’un
demi-litre de cidre, ce qui n’est pas à
dédaigner lorsque, comme tant de
jeunes gens, l’on n’a que son prêt
pour tout revenu.
Il serait à souhaiter que le Minis
tre de la guerre, mît fin au plus tôt
à cet état, de choses.
Nous consentons à nous séparer de
nos enfants pour qu’ils apprennent à
défendre utilement leur pays ; nous
ne les confions point aux officiers
pour faire leur instruction religieuse.
——♦» ;
LES PROCÉDÉS
du « Petit Journal »
Si les nombreuses personnes qui,
chaque jour, se nourrissent des inep
ties débitées dans cette feuille popu
laire lisaient aussi attentivement les
articles que les feuilletons, elles pour
raient, sans difficulté, en se reportant
quelques armées en arrière, se rendre
compte qu’elles sont odieusement
jouées par les rédacteurs de ce jour
nal.
On se souvient qu’à l’époque où le
gouvernement de la République or
donna la laïcisation des écoles,
le Petit Journal fut un des premiers à
réclamer cette mesure. Or, aujour
d’hui, les temps sont changés et, dans
un récent article, il prend la défense
de « ces pauvres filles, de ces humbles
créatures qui se dévouent pour le sa
lut de leurs semblables »
On n’est pas plus grotesque et dire
qu’il y a en France plus de quatre mil
lions d’imbéciles pour lire ces idioties.
♦
Section Havraise de la
Ligue pour la Défense
des Droits de l’Homme
et du Citoyen.
Les membres de la section havraise
de la Ligue pour la défense des Droits
de l’Homme et du Citoyen se sont
réunis, samedi dernier, à la salle
Franklin, sous la présidence de M.
Maurice Dumoulin.
A l’unanimité, l’ordre du jour sui
vant a été adopté :
La section havraise de la Ligue fran
çaise pour la défense des Droits de
l’Homme et du Citoyen, réunie en Assem
blée générale le 16 septembre 1899,
encore sous le coup de la patriotique tris
tesse qu’elle a ressentie des derniers évé
nements, estime toutefois qu’il faut,
moins que jamais, se laisser aller au dé
couragement.
A l’unanimité :
Envoie à son président, M. L. Trarieux,
de cordiales félicitations pour sa déposi
tion au procès de Rennes où, dans nn
langage si noble et si élevé, il s’est fait le
digne porte-parole des sentiments et des
convictions de tous les membres de la
Ligue.
Adresse à M. Waldeck-Rousseau, pré
sident du Conseil, le témoignage de sa
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