Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-08-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 août 1899 26 août 1899
Description : 1899/08/26 (N174). 1899/08/26 (N174).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263373k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4 e Aînée—11*174.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 26 Août 1869.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre etTa Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements.......* » 4 fr.
a
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE CASIMXR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... E. thoukiieret
L’Imprimeur-Gérant. E. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 >
On traite à forfait
Tuer le tyran, ce n’est pas tou
jours abattre la tyrannie. De même,
piller une église, briser les bénitiers,
incendier des chaises, ce n’est pas
toujours terrasser le cléricalisme,
ce n’est pas toujours atteindre la
théologie religieuse. Les tyrans re
naissent de leurs cendres, les catho
liques exploitent souvent à leur
profit les prétendues persécutions
dont ils se disent les victimes. Et
l’hydre du crime social est toujours
debout !
Les événements de dimanche der
nier à l’église St-Joseph de Paris
tendent à le démontrer.
Oui, je comprends la fureur des
hommes qui voient au nom de la
justice et de la bonté évangéli
ques, s’accomplir les forfaits de
l’église, d’autant plus redoutables
qu’ils sont ignorés ; la charité chré
tienne couvrant d’un voile opa
que la perfidie des enseigne
ments de la chaire comme la seélé-
ratessa des agissements cléricaux.
Mais à ces hommes qui se ruent
tête baissée contre le seul obstacle
en perspective, je demanderai :
« Qu’avez-vous fait pour déraciner
les croyances antiques dans les es
prits égarés? » Vous courbez en pas
sant, sur votre chemin, la ronce qui
vous blessera en se relevant. Ce
n’est pas l’arracher. Au lieu de
tendre l’arc, coupez la corde qui
vous menace delà flèche. Oui, dé
truisons les vieux préjugés qui ont
troublé et troublent encore la paix
du monde, ruinons les prétentions
injustes du catholicisme, cependant
soyons prudents. Nos adversaires
gagnent des batailles par la ruse ou
la diplomatie, soyons plus forts
qu’eux.
A côté de l’église, élevons, nous
aussi, nos monuments, dressons
d’utiles institutions. Répandons l’in
struction, encore et surtout l’éduca-
cation. Apprenons aux hommes à
penser, occupons tout entiers leurs
cerveaux pour que le mysticisme n’y
ait plus place ; ouvrons leurs cœurs
aux grandes et saines aspirations.
A ceux qui, niant Dieu comme
nous le nions, prétendent que, s’il
n’existait pas, il faudrait le créer,
montrons la vanité sociale d’un culte
mort, auquel les intelligences ne
croient plus ou si peu, qu’il est sans
action, auquel les intelligences débi
les attachent encore foi pour se
livrer pieds et poings liés au men
songe et à l’iniquité de la domina
tion théocratique, mais en tous cas
un culte qui laisse les uns et les au
tres sans une direction morale effec
tive.
A ceux qui, envers et contre tout,
veulent croire à l’au-delà, faisons
comprendre que nulle puissance ne
saurait contredire les commande-
jnents de la nature dont nous devons
nous attacher à surprendre les se
crets ; démontrons qu’il faut vivre
et répandre le bien-être, qu’il existe
dans l’univers des lois d’harmonie
conviant les êtres humains à la
fraternité, qu’il est laid de haïr, qu’il
est beau d’aimer.
La vie purement instinctive des
individualités ne saurait tenir ni lieu
ni place de l’existence raisonnée,
préparée par une éducation solide,
chaque jour améliorée, de plus en
plus conforme aux besoins matériels
et moraux.
Et l’éducation ne s’adresse pas
seulement aux enfants, aux adoles
cents, elle s’adresse à tous les âges,
à tous les sexes, à tous les temps, à
•tous les continents, appropriée aux
circonstances.
Autour de l’école, créons les so- ;
ciétés d’anciens élèves, en les déga
geant de la tutelle universitaire, afin
de sceller, dès la jeunesse, les sen
timents généreux du cœur qui, tout
en laissant au caractère son indé
pendance personnelle, le placeront
au-dessus des mesquines préoccupa
tions.
Par la coopération des idées,
construisons maisons du peuple,
instituons cours, conférences.
Dans les villes et dans les campa
gnes, établissons des académies
communales ayant l’autonomie né
cessaire, mais la mentalité suffisam
ment élevée, pour inculquer aux
cerveaux une foi supérieure, suivant
les principes éternels de l’équité,
académies, cependant, susceptibles
de concurrencer leurs idées.
Ainsi, les autels des églises s’effri
teront, vermoulus, les voûtes som
bres des édifices religieux s’effondre
ront, écrasant dans leur chûte les
objets de fétichisme, et dans les mo
numents régénérés ou pénétrera à
pleins rayons un clair soleil, les bi
bliothèques se dresseront, toujours
prêtes à ouvrir leurs trésors, des
tribunes se verront d’où partiront
de généreux enseignements pour
tous, aussi bien pour le paysan qui
pourra apprendre là, à sa porte, les
meilleurs préceptes d’agriculture
que la science révèle, que pour
l’ouvrier des villes, qui connaîtra à
déserter le cabaret, que pour le ri
che, qui goûtera mieux la fortune
plus moralement acquise.
Alf. HENRI
NOTRE SV3ÂRINE
Machines et Mécaniciens
Après avoir fait ressortir, dans
notre dernier numéro, le rôle créé par
le progrès aux officiers mécaniciens
dans l’armée navale, nous avons cru
devoir nous élever contre l’esprit de
routine qui maintient leur nombre
bien au-dessous des nécessités que
l’expérience a d’ailleurs démontré
chaque fois qu’un de nos bâtiments
modernes a entrepris une campagne
de plusieurs mois à la mer.
Les nations étrangères, surtout
l’Angleterre et l’Italie, ont compris,
elles, la nécessité d’embarquer un
nombre suffisant d’offiôiers mécani
ciens.
Ainsi, pour la Jeanne-d' Arc, le Gui -
chen et le Châteciurenctult , grands croi
seurs corsaires dont je parlais la se
maine dernière, d’une force de vingt-
cinq mille chevaux chacun, nous em
barquons, nous, un officier mécanicien
du grade de capitaine et quatre autres
du grade de lieutenant.
Sur le Power fui et le Terrible, navi
res anglais de même puissance, nos
rivaux mettent : un officier mécani
cien du grade de colonel, trois du
grade de capitaine et quatre du grade
de lieutenant. Cela fait huit contre
cinq.
Sur les croiseurs américains (de
vingt mille chevaux seulement), le
Brocklyn, le Minneapolis et X Olympia,
ce dernier commandé par l’amiral
Devey, le vainqueur de Cavité, il y a
un mécanicien du grade de colonel,
deux du grade de capitaine et trois du
grade de lieutenant. Six contre cinq.
Pour les cuirassés d’escadre, c’est la
même différence entre les marines
étrangères et nous.
Yoici par exemple, le Jaurëguiberry,
de quinze mille chevaux ; nous avons
à bord, quatre officiers mécaniciens en
tout : un capitaine et trois lieute
nants.
A bord du Royal Sovereign, de treize
mille chevaux, les Anglais ont six
officiers mécaniciens : un colonel, deux
capitaines et trois lieutenants.
A bord du Sicilia , de dix-huit mille
chevaux, les Italiens ont neuf officiers
mécaniciens : un chef de bataillon,
quatre capitaines et quatre lieute
nants.
A bord de Y Oregon, de dix mille
cinq cents chevaux, les Américains en
ont cinq.
Je pourrais passer en revue les croi
seurs de première, de seconde et de
troisième classe, les éclaireurs d’es
cadre, etc.; c’est partout de même.
Pour que notre flotte de combat fut
suffisamment pourvue, il faudrait,
d’après les avis les plus compétents,
que notre effectif soit porté à 416 of
ficiers mécaniciens. Or, nous n’en
comptons que 285 !
Mais, en revanche, l’Angleterre en
a 460, la Russie 485, les Etats-Unis
492, et l’Italie 538 !
Si bien que la France, qui tient le
second rang dans le monde pour la
force de sa flotte, en artillerie et en
tonnage, tient le dernier quant au
personnel indispensable pour faire
marcher ses navires.
Martin.
EPST AVANT
Si l’affaire Dreyfus, en nous dévoi
lant les singulières manœuvres de
l’Etat-Major, a mis à découvert une
foule de choses étranges bien faites
pour agiter une nation, elle a sérieu
sement contribué à reconnaître ceux-
là qui, sous le masque de l’opportu
nisme, n’étaient, en quelque sorte,
que les auxiliaires de la prêtraille et
les partisans de l’ancien régime.
Il s’est établi une division bien
nette : d’un côté, les cléricaux, de
l’autre, les républicains francs et sin
cères. Parmi ces derniers il en est,
comme les radicaux et les socialistes,
qui ont toujours combattu pour la
bonne cause et lutté pour les idées de
justice et de vérité ; leur ligne de con
duite n’a pas varié et leur principal
but a toujours été de développer les
questions sociales. Il en est d’autres,
fervents républicains, je n’en discon
viens pas, mais imbus des principes
de l’opportunisme d’où ils sortent,
qui n’ont pas la même façon d’envi
sager les choses que les premiers.
Certes, les questions ouvrières ne les
laissent point indifférents, mais ils
jugent que le moment n’est point en
core venu pour tenter de faire triom
pher les revendications des classes
laborieuses ; ils ne songent point que,
depuis des années, les travailleurs at
tendent les réformes promises par les
hommes d’Etat des temps passés ; ils
ne se rendent pas compte que les
besoins augmentent, que les salaires
diminuent et que le peuple souffre de
ce mal qui le trouble et l’irrite. Ce
peuple ne peut éternellement se con
tenter de promesses : il en veut, un
jour ou l’autre, la réalisation.
Ce moment-là est précisément ar
rivé ; il faut aujourd’hui faire de la
bonne besogne et, pour réussir dans
une œuvre difficile et périlleuse, des
hommes à conviction sincère, des
hommes d’action marchant de l’avant
sont, non seulement nécessaires, mais
je dirai presque indispensables.
Or, ces opportunistes de la veille
qui. grâce à l’affaire Dreyfus, ont
laissé voir leur opinion franchement
républicaine, sont-ils, comme les au
tres, des hommes d'énergie, entière
ment résolus à livrer le bon combat ?
Je ne le crois pas. En abandonnant
leurs amis, par amour de la vérité,
ils ont fait un grand pas en avant.
Mais, en politique, rien ne prouve
qu’ils ne sont pas restés ce qu’ils
étaient autrefois. On ne change pas
ses convictions en un jour et ce qu’on
fait par raisonnement n’est pas ordi
nairement accompli avec cette cha
leur communicative qui caractérise
l’homme aux idées immuables.
Considérez de façon attentive les
anciens boulangistes. Au lendemain
de l’aventure néfaste du général, les
uns et les autres se sont jetés, ceux-ci
dans l’opportunisme, ceux-là dans le
radicalisme. Nous avons aujourd’hui
la preuve que ces gens-là ne sont en
trés parmi nous que pour nous mieux
duper, puisque nous les retrouvons
aujourd’hui, pour la plupart, mêlés
au récent complot.
Il est donc bien difficile aux répu
blicains de vieille date, d’accepter
dans leurs rangs ceux-là qui n’ont ja
mais cessé un seul instant de les com
battre, de les accepter uniquement
parce qu’ils ont agi en honnêtes hom
mes, en demandant la lumière sur
cette ténébreuse affaire Dreyfus.
Ce n’est point là, à mon avis, une
garantie suffisante pour combattre aux
côtés de citoyens qui ont toujours lutté
à outrance pour la réalisation des
questions sociales.
Félix Thcjæmeret.
«t».
LA
CONVOCATION DES CHAMBRES
Le Petit Havre se met à la remorque
des pires réactionnaires, les Laroche-
Joubert, les Paul de Cassagnac, pour
demander la convocation anticipée de
la Chambre qui, malgré l’affichage de
l’arrêt de la Cour de cassation, s’est
déconsidérée à jamais par celui du
faux Henry.
La feuille de la rue Fontenelle a
déjà subi l’inspiration de M. Quesnay
de Beaurepaire en réclamant la loi
de dessaisissement; aujourd’hui, elle
veut se rendre plus anti-républicaine
encore. Elle semble ainsi contester les
pouvoirs dûment et légitimement con
férés au ministère Waldeck-Rousseau
par le président de la République,
agissant au nom de la Constitution.
Vous êtes donc révolutionnaire, M. Fé-
noux, et du pire révolutionnarisme,
celui qui conduit à la réaction.
Vous qüi, autrefois, au temps de
Méline, demandiez la réglementation
des interpellations, vous avez donc,
une fois de plus, changé votre fusil
d'épaule. Vous ne vous souvenez pas,
sans doute, des débats confus dont la
Chambre nous a donné le triste spec
tacle. Vous oubliez que la séparation
des pouvoirs est un article de foi ré
publicaine, et que la Chambre devant
s’occuper du législatif, n’a pas le droit
de s’attribuer le pouvoir exécutif.
Nous devons laisser à notre gouver
nement, à nos ministres, le temps
d’agir et il y a de la besogne, les
Chambres auront à leur tour, à la
rentrée, le droit de contrôle, mais
avant.
Voyons, M. Fénoux, vous n’êtes
pas républicain, vous le savez, aban
donnez donc une étiquette que votre
journal ne saurait porter plus long
temps sans trahir.
Alf. HENRI.
U article que nous publions ci-dessous
est de l’un de nos amis, et n’émane en
rien de la rédaction ordinaire du
RÉVEIL DU HAVRE. Nous reprodui
sons cette étude simplement parce qu’elle
nous a semblé intéressante et que de
plus elle dnalyse un état d'âme qui n'est
pas sans donner certaines craintes à un
grand nombre d’amis de la vérité; mais,
convaincus que la Justice et la Vérité
ne peuvent malgré tout que triompher ,
nous déclarons laisser à son auteur seul
la responsabilité des théories dévelop
pées en l’étude qui suit.
La Rédaction.
Ce que sera l’arrêt de Rennes
Dreyfus sera condamné !
L’acquittement est impossible, et quel
que soit le vide des audiences déjà écou
lées, quel que soit le résultat dés déposi
tions encore à recueillir, Dreyfus sera
condamné !
Ne croyez pas que je vais crier à l’indi
gnité des membres du Conseil de guerre
de Rennes ; — à la pression gouverne
mentale ou état-majoriste ; — à l’achat
des juges par des promesses d’argent, de
galons ou de croix.
Non, je ne crois à rien de cela, et je le
proclame hautement ; j’estime que les
juges de Dreyfus le condamneront et cela
en toute loyauté et en restant parfaite
ment d’accord avec leur conscience.
Mais alors, allez-vous me dire, vous
estimez donc qu’en dehors même des
débats actuels et antérieurement à ceux-ci,
la preuve de la trahison de Dreyfus a été
faite et que le châtiment est inévitable T
Que nenni ! j’estime au contraire que
rien avant les débats actuels n’apportait
la preuve de la culpabilité de Dreyfus, et
que, depuis le procès de Rennes, non
seulement ce manque absolu de preuve
est resté aussi absolu, mais encore les
quelques rares présomptions de culpabi
lité que l’arrêt de 1894 avaient fait naître
sont complètement anéanties par le débat
public.
J’estime que le vide de l’accusation est
sans précédent ! que la mauvaise foi et la
passion qui président aux témoignages
des témoins à charge crèvent les yeux ! 1
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Samedi 26 Août 1869.
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre etTa Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements.......* » 4 fr.
a
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE CASIMXR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction.... E. thoukiieret
L’Imprimeur-Gérant. E. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 >
On traite à forfait
Tuer le tyran, ce n’est pas tou
jours abattre la tyrannie. De même,
piller une église, briser les bénitiers,
incendier des chaises, ce n’est pas
toujours terrasser le cléricalisme,
ce n’est pas toujours atteindre la
théologie religieuse. Les tyrans re
naissent de leurs cendres, les catho
liques exploitent souvent à leur
profit les prétendues persécutions
dont ils se disent les victimes. Et
l’hydre du crime social est toujours
debout !
Les événements de dimanche der
nier à l’église St-Joseph de Paris
tendent à le démontrer.
Oui, je comprends la fureur des
hommes qui voient au nom de la
justice et de la bonté évangéli
ques, s’accomplir les forfaits de
l’église, d’autant plus redoutables
qu’ils sont ignorés ; la charité chré
tienne couvrant d’un voile opa
que la perfidie des enseigne
ments de la chaire comme la seélé-
ratessa des agissements cléricaux.
Mais à ces hommes qui se ruent
tête baissée contre le seul obstacle
en perspective, je demanderai :
« Qu’avez-vous fait pour déraciner
les croyances antiques dans les es
prits égarés? » Vous courbez en pas
sant, sur votre chemin, la ronce qui
vous blessera en se relevant. Ce
n’est pas l’arracher. Au lieu de
tendre l’arc, coupez la corde qui
vous menace delà flèche. Oui, dé
truisons les vieux préjugés qui ont
troublé et troublent encore la paix
du monde, ruinons les prétentions
injustes du catholicisme, cependant
soyons prudents. Nos adversaires
gagnent des batailles par la ruse ou
la diplomatie, soyons plus forts
qu’eux.
A côté de l’église, élevons, nous
aussi, nos monuments, dressons
d’utiles institutions. Répandons l’in
struction, encore et surtout l’éduca-
cation. Apprenons aux hommes à
penser, occupons tout entiers leurs
cerveaux pour que le mysticisme n’y
ait plus place ; ouvrons leurs cœurs
aux grandes et saines aspirations.
A ceux qui, niant Dieu comme
nous le nions, prétendent que, s’il
n’existait pas, il faudrait le créer,
montrons la vanité sociale d’un culte
mort, auquel les intelligences ne
croient plus ou si peu, qu’il est sans
action, auquel les intelligences débi
les attachent encore foi pour se
livrer pieds et poings liés au men
songe et à l’iniquité de la domina
tion théocratique, mais en tous cas
un culte qui laisse les uns et les au
tres sans une direction morale effec
tive.
A ceux qui, envers et contre tout,
veulent croire à l’au-delà, faisons
comprendre que nulle puissance ne
saurait contredire les commande-
jnents de la nature dont nous devons
nous attacher à surprendre les se
crets ; démontrons qu’il faut vivre
et répandre le bien-être, qu’il existe
dans l’univers des lois d’harmonie
conviant les êtres humains à la
fraternité, qu’il est laid de haïr, qu’il
est beau d’aimer.
La vie purement instinctive des
individualités ne saurait tenir ni lieu
ni place de l’existence raisonnée,
préparée par une éducation solide,
chaque jour améliorée, de plus en
plus conforme aux besoins matériels
et moraux.
Et l’éducation ne s’adresse pas
seulement aux enfants, aux adoles
cents, elle s’adresse à tous les âges,
à tous les sexes, à tous les temps, à
•tous les continents, appropriée aux
circonstances.
Autour de l’école, créons les so- ;
ciétés d’anciens élèves, en les déga
geant de la tutelle universitaire, afin
de sceller, dès la jeunesse, les sen
timents généreux du cœur qui, tout
en laissant au caractère son indé
pendance personnelle, le placeront
au-dessus des mesquines préoccupa
tions.
Par la coopération des idées,
construisons maisons du peuple,
instituons cours, conférences.
Dans les villes et dans les campa
gnes, établissons des académies
communales ayant l’autonomie né
cessaire, mais la mentalité suffisam
ment élevée, pour inculquer aux
cerveaux une foi supérieure, suivant
les principes éternels de l’équité,
académies, cependant, susceptibles
de concurrencer leurs idées.
Ainsi, les autels des églises s’effri
teront, vermoulus, les voûtes som
bres des édifices religieux s’effondre
ront, écrasant dans leur chûte les
objets de fétichisme, et dans les mo
numents régénérés ou pénétrera à
pleins rayons un clair soleil, les bi
bliothèques se dresseront, toujours
prêtes à ouvrir leurs trésors, des
tribunes se verront d’où partiront
de généreux enseignements pour
tous, aussi bien pour le paysan qui
pourra apprendre là, à sa porte, les
meilleurs préceptes d’agriculture
que la science révèle, que pour
l’ouvrier des villes, qui connaîtra à
déserter le cabaret, que pour le ri
che, qui goûtera mieux la fortune
plus moralement acquise.
Alf. HENRI
NOTRE SV3ÂRINE
Machines et Mécaniciens
Après avoir fait ressortir, dans
notre dernier numéro, le rôle créé par
le progrès aux officiers mécaniciens
dans l’armée navale, nous avons cru
devoir nous élever contre l’esprit de
routine qui maintient leur nombre
bien au-dessous des nécessités que
l’expérience a d’ailleurs démontré
chaque fois qu’un de nos bâtiments
modernes a entrepris une campagne
de plusieurs mois à la mer.
Les nations étrangères, surtout
l’Angleterre et l’Italie, ont compris,
elles, la nécessité d’embarquer un
nombre suffisant d’offiôiers mécani
ciens.
Ainsi, pour la Jeanne-d' Arc, le Gui -
chen et le Châteciurenctult , grands croi
seurs corsaires dont je parlais la se
maine dernière, d’une force de vingt-
cinq mille chevaux chacun, nous em
barquons, nous, un officier mécanicien
du grade de capitaine et quatre autres
du grade de lieutenant.
Sur le Power fui et le Terrible, navi
res anglais de même puissance, nos
rivaux mettent : un officier mécani
cien du grade de colonel, trois du
grade de capitaine et quatre du grade
de lieutenant. Cela fait huit contre
cinq.
Sur les croiseurs américains (de
vingt mille chevaux seulement), le
Brocklyn, le Minneapolis et X Olympia,
ce dernier commandé par l’amiral
Devey, le vainqueur de Cavité, il y a
un mécanicien du grade de colonel,
deux du grade de capitaine et trois du
grade de lieutenant. Six contre cinq.
Pour les cuirassés d’escadre, c’est la
même différence entre les marines
étrangères et nous.
Yoici par exemple, le Jaurëguiberry,
de quinze mille chevaux ; nous avons
à bord, quatre officiers mécaniciens en
tout : un capitaine et trois lieute
nants.
A bord du Royal Sovereign, de treize
mille chevaux, les Anglais ont six
officiers mécaniciens : un colonel, deux
capitaines et trois lieutenants.
A bord du Sicilia , de dix-huit mille
chevaux, les Italiens ont neuf officiers
mécaniciens : un chef de bataillon,
quatre capitaines et quatre lieute
nants.
A bord de Y Oregon, de dix mille
cinq cents chevaux, les Américains en
ont cinq.
Je pourrais passer en revue les croi
seurs de première, de seconde et de
troisième classe, les éclaireurs d’es
cadre, etc.; c’est partout de même.
Pour que notre flotte de combat fut
suffisamment pourvue, il faudrait,
d’après les avis les plus compétents,
que notre effectif soit porté à 416 of
ficiers mécaniciens. Or, nous n’en
comptons que 285 !
Mais, en revanche, l’Angleterre en
a 460, la Russie 485, les Etats-Unis
492, et l’Italie 538 !
Si bien que la France, qui tient le
second rang dans le monde pour la
force de sa flotte, en artillerie et en
tonnage, tient le dernier quant au
personnel indispensable pour faire
marcher ses navires.
Martin.
EPST AVANT
Si l’affaire Dreyfus, en nous dévoi
lant les singulières manœuvres de
l’Etat-Major, a mis à découvert une
foule de choses étranges bien faites
pour agiter une nation, elle a sérieu
sement contribué à reconnaître ceux-
là qui, sous le masque de l’opportu
nisme, n’étaient, en quelque sorte,
que les auxiliaires de la prêtraille et
les partisans de l’ancien régime.
Il s’est établi une division bien
nette : d’un côté, les cléricaux, de
l’autre, les républicains francs et sin
cères. Parmi ces derniers il en est,
comme les radicaux et les socialistes,
qui ont toujours combattu pour la
bonne cause et lutté pour les idées de
justice et de vérité ; leur ligne de con
duite n’a pas varié et leur principal
but a toujours été de développer les
questions sociales. Il en est d’autres,
fervents républicains, je n’en discon
viens pas, mais imbus des principes
de l’opportunisme d’où ils sortent,
qui n’ont pas la même façon d’envi
sager les choses que les premiers.
Certes, les questions ouvrières ne les
laissent point indifférents, mais ils
jugent que le moment n’est point en
core venu pour tenter de faire triom
pher les revendications des classes
laborieuses ; ils ne songent point que,
depuis des années, les travailleurs at
tendent les réformes promises par les
hommes d’Etat des temps passés ; ils
ne se rendent pas compte que les
besoins augmentent, que les salaires
diminuent et que le peuple souffre de
ce mal qui le trouble et l’irrite. Ce
peuple ne peut éternellement se con
tenter de promesses : il en veut, un
jour ou l’autre, la réalisation.
Ce moment-là est précisément ar
rivé ; il faut aujourd’hui faire de la
bonne besogne et, pour réussir dans
une œuvre difficile et périlleuse, des
hommes à conviction sincère, des
hommes d’action marchant de l’avant
sont, non seulement nécessaires, mais
je dirai presque indispensables.
Or, ces opportunistes de la veille
qui. grâce à l’affaire Dreyfus, ont
laissé voir leur opinion franchement
républicaine, sont-ils, comme les au
tres, des hommes d'énergie, entière
ment résolus à livrer le bon combat ?
Je ne le crois pas. En abandonnant
leurs amis, par amour de la vérité,
ils ont fait un grand pas en avant.
Mais, en politique, rien ne prouve
qu’ils ne sont pas restés ce qu’ils
étaient autrefois. On ne change pas
ses convictions en un jour et ce qu’on
fait par raisonnement n’est pas ordi
nairement accompli avec cette cha
leur communicative qui caractérise
l’homme aux idées immuables.
Considérez de façon attentive les
anciens boulangistes. Au lendemain
de l’aventure néfaste du général, les
uns et les autres se sont jetés, ceux-ci
dans l’opportunisme, ceux-là dans le
radicalisme. Nous avons aujourd’hui
la preuve que ces gens-là ne sont en
trés parmi nous que pour nous mieux
duper, puisque nous les retrouvons
aujourd’hui, pour la plupart, mêlés
au récent complot.
Il est donc bien difficile aux répu
blicains de vieille date, d’accepter
dans leurs rangs ceux-là qui n’ont ja
mais cessé un seul instant de les com
battre, de les accepter uniquement
parce qu’ils ont agi en honnêtes hom
mes, en demandant la lumière sur
cette ténébreuse affaire Dreyfus.
Ce n’est point là, à mon avis, une
garantie suffisante pour combattre aux
côtés de citoyens qui ont toujours lutté
à outrance pour la réalisation des
questions sociales.
Félix Thcjæmeret.
«t».
LA
CONVOCATION DES CHAMBRES
Le Petit Havre se met à la remorque
des pires réactionnaires, les Laroche-
Joubert, les Paul de Cassagnac, pour
demander la convocation anticipée de
la Chambre qui, malgré l’affichage de
l’arrêt de la Cour de cassation, s’est
déconsidérée à jamais par celui du
faux Henry.
La feuille de la rue Fontenelle a
déjà subi l’inspiration de M. Quesnay
de Beaurepaire en réclamant la loi
de dessaisissement; aujourd’hui, elle
veut se rendre plus anti-républicaine
encore. Elle semble ainsi contester les
pouvoirs dûment et légitimement con
férés au ministère Waldeck-Rousseau
par le président de la République,
agissant au nom de la Constitution.
Vous êtes donc révolutionnaire, M. Fé-
noux, et du pire révolutionnarisme,
celui qui conduit à la réaction.
Vous qüi, autrefois, au temps de
Méline, demandiez la réglementation
des interpellations, vous avez donc,
une fois de plus, changé votre fusil
d'épaule. Vous ne vous souvenez pas,
sans doute, des débats confus dont la
Chambre nous a donné le triste spec
tacle. Vous oubliez que la séparation
des pouvoirs est un article de foi ré
publicaine, et que la Chambre devant
s’occuper du législatif, n’a pas le droit
de s’attribuer le pouvoir exécutif.
Nous devons laisser à notre gouver
nement, à nos ministres, le temps
d’agir et il y a de la besogne, les
Chambres auront à leur tour, à la
rentrée, le droit de contrôle, mais
avant.
Voyons, M. Fénoux, vous n’êtes
pas républicain, vous le savez, aban
donnez donc une étiquette que votre
journal ne saurait porter plus long
temps sans trahir.
Alf. HENRI.
U article que nous publions ci-dessous
est de l’un de nos amis, et n’émane en
rien de la rédaction ordinaire du
RÉVEIL DU HAVRE. Nous reprodui
sons cette étude simplement parce qu’elle
nous a semblé intéressante et que de
plus elle dnalyse un état d'âme qui n'est
pas sans donner certaines craintes à un
grand nombre d’amis de la vérité; mais,
convaincus que la Justice et la Vérité
ne peuvent malgré tout que triompher ,
nous déclarons laisser à son auteur seul
la responsabilité des théories dévelop
pées en l’étude qui suit.
La Rédaction.
Ce que sera l’arrêt de Rennes
Dreyfus sera condamné !
L’acquittement est impossible, et quel
que soit le vide des audiences déjà écou
lées, quel que soit le résultat dés déposi
tions encore à recueillir, Dreyfus sera
condamné !
Ne croyez pas que je vais crier à l’indi
gnité des membres du Conseil de guerre
de Rennes ; — à la pression gouverne
mentale ou état-majoriste ; — à l’achat
des juges par des promesses d’argent, de
galons ou de croix.
Non, je ne crois à rien de cela, et je le
proclame hautement ; j’estime que les
juges de Dreyfus le condamneront et cela
en toute loyauté et en restant parfaite
ment d’accord avec leur conscience.
Mais alors, allez-vous me dire, vous
estimez donc qu’en dehors même des
débats actuels et antérieurement à ceux-ci,
la preuve de la trahison de Dreyfus a été
faite et que le châtiment est inévitable T
Que nenni ! j’estime au contraire que
rien avant les débats actuels n’apportait
la preuve de la culpabilité de Dreyfus, et
que, depuis le procès de Rennes, non
seulement ce manque absolu de preuve
est resté aussi absolu, mais encore les
quelques rares présomptions de culpabi
lité que l’arrêt de 1894 avaient fait naître
sont complètement anéanties par le débat
public.
J’estime que le vide de l’accusation est
sans précédent ! que la mauvaise foi et la
passion qui président aux témoignages
des témoins à charge crèvent les yeux ! 1
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