Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-08-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 août 1899 19 août 1899
Description : 1899/08/19 (N173). 1899/08/19 (N173).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633725
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
4 e Aînée — N° 173.
Samedi 19 Août 1899.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain DémocraiitjUe
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ...... .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE gasimir-périer; 15
Secrétaire de la Rédaction...
Lf Imprimeur-Gérant .......
F. THOMKHERET
F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces .......... 25 centimes la ligne
Réclames............ 50 »
On traite à forfait
Les Menées
Réactionnaires
Le gouvernement a fait un joli
Labori, foulant les droits sacrés de
la défense. Le parti des assassins
est bien le leur. Ce titre, ils ne
peuvent le répudier, car il s’attache
à leur conscience ainsi que la tunique
de Nessus.
Eh bien, un parti quelconque ne
coup de filet. Il a pris dans les ( s’érige jamais sur le crime quand on
mêmes mailles, le prébiscitaire l>é—
rouléde, les royalistes Buffet, Sa-
bran-Pontevès, avec l’état-major
antisémite, flanqués de leurs lieute
nants. Les forts de la Halle, les
assommeurs de la Villette avaient
reçu les offres d’embauchage pour
faire valoir la puissance de leurs
muscles auprès de tous les argu
ments de justice et de vérité. On
comprend mal les moyens de discus
sion employés par les nationalistes
de tout poil pour faire triompher
leur cause ; mais on reconnaît au
moins leur intention évidente d’arri
ver à leurs fins au plus vite. Tout
en s’étonnant de voir la jeunesse
■dorée des clubs royalistes et des
patronages dominicains fraterniser,
la main dans la main, avec les boyau*
diers de Paris, sans éprouver de
haut-le-cœur pour les maculatures
de sang qui recouvrent ceux-ci.
La solidarité des comtes et barons :
Solidarité trop tardive, en vérité,
pour qu’elle soit sincère, auprès du
mépris affiché pour les classes labo
rieuses et la démocratie à la con
quête de leurs droits. Solidarité qui
ressemble, de l’autre côté, à une
communion sous les seules espèces
de l’or.
Malgré la surdité des uns, la céci
té volontaire des autres, le complot
tramé contre l’existence de la Ré
publique était un fait accompli. Nous
devons en la circonstance féliciter
le ministère Waldeck-Rousseau de
son initiative et de son énergie dans
l’accomplissement de sa tâche qui
consiste à déjouer les combinaisons
des ennemis de la République et à
châtier les coupables en poursui
vant toutes les responsabilités.
Depuis quand ose-t-on ériger en
plein Paris des forteresses, pour
résister à l’exécution des lois? De
puis quand s’arroge-t-on le droit de
négocier avec le gouvernement les
conditions d’une capitulation? Œu
vre de fous et de fanatiques diront
certains. Soit, pour quelques-uns,
mais il y a des chefs responsables
qui ont entraîné derrière eux dés
troupes disciplinées par les forces du
mensonge, du faux et de la calom
nie. Calomniez, calomniez, dit Ba
nde, il en restera toujours quelque
chose.
ne saurait le légitimer et le natio
nalisme périra de la balle qui a
blessé Labori. .
•k
4 *
Derrière toutes les troupes, ma
nœuvrant les ficelles, se trouve le
père du Lac et le père Didon avec
tous les dominicains, les assomp-
tionnistes et les franciscains que
l’on a laissé rentrer en France d’une
façon coupable et qui. dans l’ombre,
conspirent, chacun suivant une be
sogne tracée, sans bruit révélateur,
à la chute de la République, à la
ruine de la France, à l’anéantisse
ment de tout ce qui est grand et
favoriserait le progrès.
*
* *
Mais Méline, le réacteur, est
parti, Dupuy en déroute. Nous ne
verrons plus le général Roget haran
gué par Déroulède faire marquer le
pas à ses soldats pendant dix mi
nutes pour faire sa jonction avec la
brigade du général Lamy (qui ne
vint pas, du reste), afin de marcher
sur l’Elysée avec une division. Les
larmes de Roget au Conseil de guer
re, qu’est-ce que cela pouvait bien
signifier ? Sinon que l’heure du
mensonge avait cessé et qu’il fau
drait bientôt rendre des comptes.
C’était pour lui, peut-être, dans son
imagination, la perspective de la
Haute-Cour ou d’un nouveau Con
seil de guerre ou il apparaîtrait
pour rendre des comptes lui-même ;
car, nous avons maintenant un
gouvernement.
Alf. HENRI
L’AGIT ATION CO NTINUE
La situation s’aggrave ; c’est en
vain qu’on chercherait à le dissimuler.
Les antisémites et nationalistes,
conduits ouvertement ou guidés en
sous-main par les jésuites, provoquent
sans cesse les citoyens qui refusent
d’accepter le dogme de l’infaillibilité
militaire et religieuse et prétendent
que sans Justice, il n’y a plus de
Patrie.
Leurs excitations haineuses ont
abouti au complot qui a failli coûter
la vie à l’im des défenseurs de. Drey
fus, et l'honnêteté publique s’indigne
de voir que l’assassin et ses complices
ont échappé à la justice, grâce aux
gendarmes et à la population des
campagnes bretonnes où l’on semble
regretter la chouannerie.
Au lendemain du crime, les natio
C’est ainsique les promeut, les "«listesrecommencent leur campagne
Lasies, les Millevoye, les Rochcfortj R’ U n d’eux, M. Georges Bec, de
ont tout dénigré, tout sali. Je ne Y Echo de Paris, n’écrivait-il pas encore
A bas la patrie î » c’est-à-dire : A bas
l’ordre de la solidarité î ».
M. Georges Bec serait bien embar
rassé si on le mettait en demeure de
dire dans quel journal il a lu ces cris
abominables dont il parle ou par qui
il les a entendu proférer.
Jamais rien de pareil n’a été im
primé, pas même dans le Journal du
Peuple, de l’anarchiste Sébastien
Faure. Cependant, les lecteurs de
Y Echo de Paris resteront persuadés
qu’il y a des Français assez vils jour
crier : A bas l'honneur ! A bas la
Patrie !
Le cas de M. Georges Bec n’est
malheureusement pas isolé ; d’autres,
M. Judet, du Petit Journal, M. Dru-
mont, de la Libre Parole, etc, . , tien
nent un langage identique.
Pendant que les nationalistes pro
voquent ainsi ouvertement à la haine
et poussent à l’assassinat, les répu
blicains restent désarmés ; car per
sonne parmi nous ne veut d’une
bataille dans la rue, et les défenseurs
des faussaires spéculent sur notre
sagesse.
Tout le monde pourtant ne sait se
dominer et répondre aux provocations
par le dédain.
Te parti socialiste révolutionnaire
vient par exemple d’adresser l’appeil
suivant au peuple :
Au peuple,
La réaction aux abois tire ses
dernières cartouches.
Après avoir déchaîné une guerre de
race, ignoble au milieu de notre; dé
mocratie et avoir défendu les faux et
les mensonges d’hommes qui ont des
honoré l’état-major, elle cherche à
corrompre l’armée pour la faire sortir
de son rôle légal, pour qu’elle ne soit
plus l’armée de la République, mais
une force aveugle au service du clé
ricalisme et des fauteurs de restaura
tion monarchique, On assassine le
défenseur d’un accusé. On mobilise
l’écume de la population pour intimi
der les républicains.
C’est trop d’audace ! Nous ignorons
si le gouvernement peut compter sur
sa police.
Nous, nous ne comptons que sur
l’énergie révolutionnaire du peuple.
En raison des circonstances, il y a
nécessité urgente d’agir.
Pour ces motifs, tous les groupes
et syndicats affiliés au parti se tien
nent en permanence dès aujourd'hui,
car demain, nous aurons à prendre
possession de la rue, au nom de la
justice et du droit.
Ce manifeste est signé parle citoyen
L. Girard, pour le secrétariat général
du Parti ouvrier, et par le citoyen
J.-B. Lavaud, pour l’Union fédéra
tive du Centre.
Malgré les efforts et les conseils de
calme que nous ne cesserons d’adres
ser aux démocrates, il est à craindre
que nous ne soyons pas entendus si
les nationalistes continuent à faire;
appel à la violence.
«Quoiqu’il arrive, l'agitation ac
tuelle est leur œuvre, et c’est à eux
seuls qu’il faudra s’en prendre des
conséquences tragiques qu’elles pour
raient avoir.
A chacun ses responsabilités.
l’esclavage dans la grande île et que
les malheureux affranchis se sont
établis, sous la protection de l’armée,
dans différentes contrées qu’ils culti
vent de leur mieux, ce qui leur permet
de vivre médiocrement. N’ayant pas
de besoins, ces gens ne cherchent
naturellement pas à travailler pour le
compte d’autrui. 11 en résulte qu’il
est pour ainsi dire impossible aux
colons français de trouver des bras
pour défricher les nombreux terrains
qui leur ont été concédés.
Que faire ? L’administration a
trouvé un moyen des plus simples,
mais tout à fait odieux. Il ne s’agit
rien moins que d’introduire dans les
populations aux goûts simples, les
idées de luxe. Habituer ces anciens
esclaves à l’usage de l’alcool, à se
vêtir de vêtements moins rustiques,
c’est les contraidre à travailler pour
les autres afin d’obtenir l’argent né
cessaire pour obtenir ces différents
produits. C’est, en un mot, suivant
l’administration des colonies, faire
œuvre civilisatrice.
Il faut avouer que c’est là une sin
gulière façon de coloniser.
parle pas des cris de mort qu’ils ont
férocement proférés comme des
rugissements de bêtes fauves.
Ils ont poussé à tous les crimes.
Et Ton s’étonne qu’on leur impute
Ja tentative de meutre sur M e
hier
« Ce ferment de haine qui bout
dans les âmes françaises, qui donc Ta
préparé ? qui donc a parlé des pro
chaines routes rouges et fait retentir
aux oreilles de la multitude ces cris
abominables : « A bas l’honneur !
SINGULIÈRE FAÇON
DE COLONISER
Le dernier courrier de Madagascar
nous apporte une nouvelle absolument
invraisemblable. On sait que le gou
vernement de la République a aboli
L’AFFAIRE DREYFUS
La déposition du général Mercier
que l'on disait accablante pour Drey
fus, n’a été qu’un ramassis de commé
rages, si Ton en excepte l’aveu de
la communication des pièces secrètes
au colonel Maurel et celui de la des
truction du commentaire desdites
pièces, délits prévus par la loi. Le
long témoignage du général Roget
comme celui de son prédécesseur ne
repose que sur des possibilités ou des
fausses pièces. On irait loin avec ce
système d’accusation qui permettrait
d’inculper d’un assassinat un inno
cent parce que, par exemple, il aurait
la force musculaire d’assommer l’un
de ses congénères.
Des pièces fausses, on en voit par
tout surgir. Le colonel Schneider
vient d’en montrer une nouvelle :
c’est ce rapport d’un attaché militaire
qui a été versé par le général Mercier !
et que Ton considérait comme la pièce
décisive.
Le témoignage de M. Bertulus,
d’une logique impressionnante est
l’un des points capitaux du procès. 11
fait ressortir avec une merveilleuse
lucidité la complicité du colonel
Henry. Non pas pour F accuser formel
lement de trahison, peut-être comme
complice inconscient. Car, il semble
ressortir des débats et du bordereau
lai-même que certains documents énu
mérés ne pouvaient provenir que de
l’état-major.
La familiarité ancienne des deux
commandants Esterhazy et Henry (il
n’était que commandant en 1894b les
besoins pécuniaires de celui-ci,de l’aveu
môme du uhlan qui le déclarait son
débiteur, suffisent à expliquer une
entente entre eux. Ajoutez à cela le
faux de Henry, les démarches à la
fausse barbe, de Du Paty, la destruc
tion de pièces compromettantes, l’ex
pédition de Bâle, le déplacement de
l’agent Lajoux qui avait rapporté la
dénonciation de Richard Cuer, et vous
aurez la conviction morale de la com
promission du colonel Henry.
Esterhazy, comme commandant,
faisait des conférences aux ; officiers
de réserve, ainsi que m’a déclaré son
secrétaire en 1895, l’un de mes amis.
que j’ai copiée en une nuit, m’a-1-il
ajouté. » N’apparaît-il pas qu’il y a
là un prétexte plausible pour rece
voir d’un ami complaisant tous les
documents dont celui-ci disposait.
« Tu sais au profit de qui j’ai agi »
écrivait le colonel à sa femme et, il
n’était pas là question de la Patrie,
quoi qu’on en ait dit.
Quant au bordereau sur lequel les
témoins militaires s’attachent encore
à discuter, malgré la sentence de la
Cour de cassation et l’aveu du uhlan
national, comment ne pas compren
dre que Dreyfus, en dehors des dé
monstrations techniques du comman
dant Hartmann, n’en peut être l’au
teur par la note finale dans laquelle
il est écrit, au sujet du manuel de
tir : je vous le ferai copier si besoin
est. Dreyfus n’avait pas de secrétaire,
Esterhazy en disposait.
M. Pannizardi, attaché militaire
italien, d’ailleurs, posséderait la note
sur Madagascar, écrite sur papier
pelure, de la main du trop célèbre
commandant. Ce serait l’évidence
même de sa trahison,
Le capitaine Ereystaetter, l’un des
juges de 1894, a fait à notre envoyé,
à Rennes, cette déclaration qu’il re
nouvellera sans doute à la barre :
« Comment vouliez-vous que nous
pussions juger, nous n’avions à notre
disposition que des fausses pièces et
de faux témoignages.
4.Et le public était comme lui, mais
la lumière déchire les ténèbres.
Alf. HENRI.
« Il en a fait une sur la guerre sino-
japonaise au point de vue technique,
LETTRE DE RENNES
(i de notre envoyé spécial)
Au conseil de guerre
Rennes, 19 août 1899.
Je veux, au début de cette lettre
chronique, apporter au vaillant dé
fenseur de Zola et de Dreyfus, à
l'éminent M e Labori, le tribut de vive
admiration et de profond respect du
« Réveil du Havre ».
Je crois inutile de faire entendre
ici de nouvelles paroles d’indignation
contre l’abominable attentat commis
par un immonde lâche, lequel n’a
d’ailleurs pas agi pour son compte,
se contentant de toucher, pour le
plus monstrueux des crimes, quelque
maigre rétribution.
Mais je tiens à affirmer qu’il n’est
pas possible de mettre cet épouvan
table forfait au compte d’un fou fa
natique d’anti-Dreyfusisme.
L'attentat contre M e Labori avait
été mûrement combiné et non seule
ment on espérait ainsi, par le plus
odieux des assassinats, arrêté la mar
che de la Vérité, mais Ton espérait
encore, en s’emparant des papiers et
documents dont M e Labori pouvait
être détenteur, empêcher la mise à
jour de certaines responsabilités.
Quiconque s’est trouvé à Rennes,
samedi, peut ainsi que moi, affirmer
que ce vol de pièces a été le principal
but du crime.
Or, Labori a été frappé par un
miséreux et fouillé par une sorte de
mendiant complice du premier. Quel
intérêt personnel ces deux misérables
pouvaient avoir à soustraire les docu
ments de M e Labori? Aucun évidem
ment.
Ils n’ont donc été que des instru
ments ! Qui les a payés ? Qui a armé
leur main pour accomplir semblable
forfait?
Voilà ce que Ton eut pu établir
Samedi 19 Août 1899.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain DémocraiitjUe
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ...... .par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
15, RUE gasimir-périer; 15
Secrétaire de la Rédaction...
Lf Imprimeur-Gérant .......
F. THOMKHERET
F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces .......... 25 centimes la ligne
Réclames............ 50 »
On traite à forfait
Les Menées
Réactionnaires
Le gouvernement a fait un joli
Labori, foulant les droits sacrés de
la défense. Le parti des assassins
est bien le leur. Ce titre, ils ne
peuvent le répudier, car il s’attache
à leur conscience ainsi que la tunique
de Nessus.
Eh bien, un parti quelconque ne
coup de filet. Il a pris dans les ( s’érige jamais sur le crime quand on
mêmes mailles, le prébiscitaire l>é—
rouléde, les royalistes Buffet, Sa-
bran-Pontevès, avec l’état-major
antisémite, flanqués de leurs lieute
nants. Les forts de la Halle, les
assommeurs de la Villette avaient
reçu les offres d’embauchage pour
faire valoir la puissance de leurs
muscles auprès de tous les argu
ments de justice et de vérité. On
comprend mal les moyens de discus
sion employés par les nationalistes
de tout poil pour faire triompher
leur cause ; mais on reconnaît au
moins leur intention évidente d’arri
ver à leurs fins au plus vite. Tout
en s’étonnant de voir la jeunesse
■dorée des clubs royalistes et des
patronages dominicains fraterniser,
la main dans la main, avec les boyau*
diers de Paris, sans éprouver de
haut-le-cœur pour les maculatures
de sang qui recouvrent ceux-ci.
La solidarité des comtes et barons :
Solidarité trop tardive, en vérité,
pour qu’elle soit sincère, auprès du
mépris affiché pour les classes labo
rieuses et la démocratie à la con
quête de leurs droits. Solidarité qui
ressemble, de l’autre côté, à une
communion sous les seules espèces
de l’or.
Malgré la surdité des uns, la céci
té volontaire des autres, le complot
tramé contre l’existence de la Ré
publique était un fait accompli. Nous
devons en la circonstance féliciter
le ministère Waldeck-Rousseau de
son initiative et de son énergie dans
l’accomplissement de sa tâche qui
consiste à déjouer les combinaisons
des ennemis de la République et à
châtier les coupables en poursui
vant toutes les responsabilités.
Depuis quand ose-t-on ériger en
plein Paris des forteresses, pour
résister à l’exécution des lois? De
puis quand s’arroge-t-on le droit de
négocier avec le gouvernement les
conditions d’une capitulation? Œu
vre de fous et de fanatiques diront
certains. Soit, pour quelques-uns,
mais il y a des chefs responsables
qui ont entraîné derrière eux dés
troupes disciplinées par les forces du
mensonge, du faux et de la calom
nie. Calomniez, calomniez, dit Ba
nde, il en restera toujours quelque
chose.
ne saurait le légitimer et le natio
nalisme périra de la balle qui a
blessé Labori. .
•k
4 *
Derrière toutes les troupes, ma
nœuvrant les ficelles, se trouve le
père du Lac et le père Didon avec
tous les dominicains, les assomp-
tionnistes et les franciscains que
l’on a laissé rentrer en France d’une
façon coupable et qui. dans l’ombre,
conspirent, chacun suivant une be
sogne tracée, sans bruit révélateur,
à la chute de la République, à la
ruine de la France, à l’anéantisse
ment de tout ce qui est grand et
favoriserait le progrès.
*
* *
Mais Méline, le réacteur, est
parti, Dupuy en déroute. Nous ne
verrons plus le général Roget haran
gué par Déroulède faire marquer le
pas à ses soldats pendant dix mi
nutes pour faire sa jonction avec la
brigade du général Lamy (qui ne
vint pas, du reste), afin de marcher
sur l’Elysée avec une division. Les
larmes de Roget au Conseil de guer
re, qu’est-ce que cela pouvait bien
signifier ? Sinon que l’heure du
mensonge avait cessé et qu’il fau
drait bientôt rendre des comptes.
C’était pour lui, peut-être, dans son
imagination, la perspective de la
Haute-Cour ou d’un nouveau Con
seil de guerre ou il apparaîtrait
pour rendre des comptes lui-même ;
car, nous avons maintenant un
gouvernement.
Alf. HENRI
L’AGIT ATION CO NTINUE
La situation s’aggrave ; c’est en
vain qu’on chercherait à le dissimuler.
Les antisémites et nationalistes,
conduits ouvertement ou guidés en
sous-main par les jésuites, provoquent
sans cesse les citoyens qui refusent
d’accepter le dogme de l’infaillibilité
militaire et religieuse et prétendent
que sans Justice, il n’y a plus de
Patrie.
Leurs excitations haineuses ont
abouti au complot qui a failli coûter
la vie à l’im des défenseurs de. Drey
fus, et l'honnêteté publique s’indigne
de voir que l’assassin et ses complices
ont échappé à la justice, grâce aux
gendarmes et à la population des
campagnes bretonnes où l’on semble
regretter la chouannerie.
Au lendemain du crime, les natio
C’est ainsique les promeut, les "«listesrecommencent leur campagne
Lasies, les Millevoye, les Rochcfortj R’ U n d’eux, M. Georges Bec, de
ont tout dénigré, tout sali. Je ne Y Echo de Paris, n’écrivait-il pas encore
A bas la patrie î » c’est-à-dire : A bas
l’ordre de la solidarité î ».
M. Georges Bec serait bien embar
rassé si on le mettait en demeure de
dire dans quel journal il a lu ces cris
abominables dont il parle ou par qui
il les a entendu proférer.
Jamais rien de pareil n’a été im
primé, pas même dans le Journal du
Peuple, de l’anarchiste Sébastien
Faure. Cependant, les lecteurs de
Y Echo de Paris resteront persuadés
qu’il y a des Français assez vils jour
crier : A bas l'honneur ! A bas la
Patrie !
Le cas de M. Georges Bec n’est
malheureusement pas isolé ; d’autres,
M. Judet, du Petit Journal, M. Dru-
mont, de la Libre Parole, etc, . , tien
nent un langage identique.
Pendant que les nationalistes pro
voquent ainsi ouvertement à la haine
et poussent à l’assassinat, les répu
blicains restent désarmés ; car per
sonne parmi nous ne veut d’une
bataille dans la rue, et les défenseurs
des faussaires spéculent sur notre
sagesse.
Tout le monde pourtant ne sait se
dominer et répondre aux provocations
par le dédain.
Te parti socialiste révolutionnaire
vient par exemple d’adresser l’appeil
suivant au peuple :
Au peuple,
La réaction aux abois tire ses
dernières cartouches.
Après avoir déchaîné une guerre de
race, ignoble au milieu de notre; dé
mocratie et avoir défendu les faux et
les mensonges d’hommes qui ont des
honoré l’état-major, elle cherche à
corrompre l’armée pour la faire sortir
de son rôle légal, pour qu’elle ne soit
plus l’armée de la République, mais
une force aveugle au service du clé
ricalisme et des fauteurs de restaura
tion monarchique, On assassine le
défenseur d’un accusé. On mobilise
l’écume de la population pour intimi
der les républicains.
C’est trop d’audace ! Nous ignorons
si le gouvernement peut compter sur
sa police.
Nous, nous ne comptons que sur
l’énergie révolutionnaire du peuple.
En raison des circonstances, il y a
nécessité urgente d’agir.
Pour ces motifs, tous les groupes
et syndicats affiliés au parti se tien
nent en permanence dès aujourd'hui,
car demain, nous aurons à prendre
possession de la rue, au nom de la
justice et du droit.
Ce manifeste est signé parle citoyen
L. Girard, pour le secrétariat général
du Parti ouvrier, et par le citoyen
J.-B. Lavaud, pour l’Union fédéra
tive du Centre.
Malgré les efforts et les conseils de
calme que nous ne cesserons d’adres
ser aux démocrates, il est à craindre
que nous ne soyons pas entendus si
les nationalistes continuent à faire;
appel à la violence.
«Quoiqu’il arrive, l'agitation ac
tuelle est leur œuvre, et c’est à eux
seuls qu’il faudra s’en prendre des
conséquences tragiques qu’elles pour
raient avoir.
A chacun ses responsabilités.
l’esclavage dans la grande île et que
les malheureux affranchis se sont
établis, sous la protection de l’armée,
dans différentes contrées qu’ils culti
vent de leur mieux, ce qui leur permet
de vivre médiocrement. N’ayant pas
de besoins, ces gens ne cherchent
naturellement pas à travailler pour le
compte d’autrui. 11 en résulte qu’il
est pour ainsi dire impossible aux
colons français de trouver des bras
pour défricher les nombreux terrains
qui leur ont été concédés.
Que faire ? L’administration a
trouvé un moyen des plus simples,
mais tout à fait odieux. Il ne s’agit
rien moins que d’introduire dans les
populations aux goûts simples, les
idées de luxe. Habituer ces anciens
esclaves à l’usage de l’alcool, à se
vêtir de vêtements moins rustiques,
c’est les contraidre à travailler pour
les autres afin d’obtenir l’argent né
cessaire pour obtenir ces différents
produits. C’est, en un mot, suivant
l’administration des colonies, faire
œuvre civilisatrice.
Il faut avouer que c’est là une sin
gulière façon de coloniser.
parle pas des cris de mort qu’ils ont
férocement proférés comme des
rugissements de bêtes fauves.
Ils ont poussé à tous les crimes.
Et Ton s’étonne qu’on leur impute
Ja tentative de meutre sur M e
hier
« Ce ferment de haine qui bout
dans les âmes françaises, qui donc Ta
préparé ? qui donc a parlé des pro
chaines routes rouges et fait retentir
aux oreilles de la multitude ces cris
abominables : « A bas l’honneur !
SINGULIÈRE FAÇON
DE COLONISER
Le dernier courrier de Madagascar
nous apporte une nouvelle absolument
invraisemblable. On sait que le gou
vernement de la République a aboli
L’AFFAIRE DREYFUS
La déposition du général Mercier
que l'on disait accablante pour Drey
fus, n’a été qu’un ramassis de commé
rages, si Ton en excepte l’aveu de
la communication des pièces secrètes
au colonel Maurel et celui de la des
truction du commentaire desdites
pièces, délits prévus par la loi. Le
long témoignage du général Roget
comme celui de son prédécesseur ne
repose que sur des possibilités ou des
fausses pièces. On irait loin avec ce
système d’accusation qui permettrait
d’inculper d’un assassinat un inno
cent parce que, par exemple, il aurait
la force musculaire d’assommer l’un
de ses congénères.
Des pièces fausses, on en voit par
tout surgir. Le colonel Schneider
vient d’en montrer une nouvelle :
c’est ce rapport d’un attaché militaire
qui a été versé par le général Mercier !
et que Ton considérait comme la pièce
décisive.
Le témoignage de M. Bertulus,
d’une logique impressionnante est
l’un des points capitaux du procès. 11
fait ressortir avec une merveilleuse
lucidité la complicité du colonel
Henry. Non pas pour F accuser formel
lement de trahison, peut-être comme
complice inconscient. Car, il semble
ressortir des débats et du bordereau
lai-même que certains documents énu
mérés ne pouvaient provenir que de
l’état-major.
La familiarité ancienne des deux
commandants Esterhazy et Henry (il
n’était que commandant en 1894b les
besoins pécuniaires de celui-ci,de l’aveu
môme du uhlan qui le déclarait son
débiteur, suffisent à expliquer une
entente entre eux. Ajoutez à cela le
faux de Henry, les démarches à la
fausse barbe, de Du Paty, la destruc
tion de pièces compromettantes, l’ex
pédition de Bâle, le déplacement de
l’agent Lajoux qui avait rapporté la
dénonciation de Richard Cuer, et vous
aurez la conviction morale de la com
promission du colonel Henry.
Esterhazy, comme commandant,
faisait des conférences aux ; officiers
de réserve, ainsi que m’a déclaré son
secrétaire en 1895, l’un de mes amis.
que j’ai copiée en une nuit, m’a-1-il
ajouté. » N’apparaît-il pas qu’il y a
là un prétexte plausible pour rece
voir d’un ami complaisant tous les
documents dont celui-ci disposait.
« Tu sais au profit de qui j’ai agi »
écrivait le colonel à sa femme et, il
n’était pas là question de la Patrie,
quoi qu’on en ait dit.
Quant au bordereau sur lequel les
témoins militaires s’attachent encore
à discuter, malgré la sentence de la
Cour de cassation et l’aveu du uhlan
national, comment ne pas compren
dre que Dreyfus, en dehors des dé
monstrations techniques du comman
dant Hartmann, n’en peut être l’au
teur par la note finale dans laquelle
il est écrit, au sujet du manuel de
tir : je vous le ferai copier si besoin
est. Dreyfus n’avait pas de secrétaire,
Esterhazy en disposait.
M. Pannizardi, attaché militaire
italien, d’ailleurs, posséderait la note
sur Madagascar, écrite sur papier
pelure, de la main du trop célèbre
commandant. Ce serait l’évidence
même de sa trahison,
Le capitaine Ereystaetter, l’un des
juges de 1894, a fait à notre envoyé,
à Rennes, cette déclaration qu’il re
nouvellera sans doute à la barre :
« Comment vouliez-vous que nous
pussions juger, nous n’avions à notre
disposition que des fausses pièces et
de faux témoignages.
4.Et le public était comme lui, mais
la lumière déchire les ténèbres.
Alf. HENRI.
« Il en a fait une sur la guerre sino-
japonaise au point de vue technique,
LETTRE DE RENNES
(i de notre envoyé spécial)
Au conseil de guerre
Rennes, 19 août 1899.
Je veux, au début de cette lettre
chronique, apporter au vaillant dé
fenseur de Zola et de Dreyfus, à
l'éminent M e Labori, le tribut de vive
admiration et de profond respect du
« Réveil du Havre ».
Je crois inutile de faire entendre
ici de nouvelles paroles d’indignation
contre l’abominable attentat commis
par un immonde lâche, lequel n’a
d’ailleurs pas agi pour son compte,
se contentant de toucher, pour le
plus monstrueux des crimes, quelque
maigre rétribution.
Mais je tiens à affirmer qu’il n’est
pas possible de mettre cet épouvan
table forfait au compte d’un fou fa
natique d’anti-Dreyfusisme.
L'attentat contre M e Labori avait
été mûrement combiné et non seule
ment on espérait ainsi, par le plus
odieux des assassinats, arrêté la mar
che de la Vérité, mais Ton espérait
encore, en s’emparant des papiers et
documents dont M e Labori pouvait
être détenteur, empêcher la mise à
jour de certaines responsabilités.
Quiconque s’est trouvé à Rennes,
samedi, peut ainsi que moi, affirmer
que ce vol de pièces a été le principal
but du crime.
Or, Labori a été frappé par un
miséreux et fouillé par une sorte de
mendiant complice du premier. Quel
intérêt personnel ces deux misérables
pouvaient avoir à soustraire les docu
ments de M e Labori? Aucun évidem
ment.
Ils n’ont donc été que des instru
ments ! Qui les a payés ? Qui a armé
leur main pour accomplir semblable
forfait?
Voilà ce que Ton eut pu établir
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