Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-07-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 juillet 1899 22 juillet 1899
Description : 1899/07/22 (N169). 1899/07/22 (N169).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633688
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4 e Année—N® 169-
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure ......par an 3 fr.
Départements » 4 fr.
ADMINISTRATION ET REDACTION
15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thomheret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 >
On traite à forfait
U WIIU MB
AU «AïllIHI
Une lutte suprême est engagée ac
tuellement entre l’esprit républicain
et l’esprit clérical. De la victoire de
l'un des deux dépend la grandeur ou
la décadence de notre pays. D’un côté,
respect de la liberté et de la justice
avec, comme conséquence, la réparti,
tion plus équitable des richesses ; de
l’autre, despotisme,immuabilité, im
moralité. Les hommes soucieux de
l’avenir de la France, les réels pa
triotes doivent s’unir et engager con
tre le monstre catholique le bon com
bat. Le temps est passé des discussions
courtoises ; les équivoques ne sont
plus de mode. Il faut vaincre défin i-
tivementou disparaître comme nation.
Mais il sied d’avoir un plan. Nous
avons devant nous un parti merveil
leusement discipliné, un Etat dans
l’Etat. Riche de millions arrachés à la
crédulité populaire, forte par la passi
vité absolue des membres qui la com
posent, l’Eglise arrogante projette son
ombre mortelle sur la société moderne.
Le serment de chasteté, l’interdiction
aux prêtres de se marier et par là
d’entrer dans la vie, permet au parti
clérical d’avoir une armée d’autant
plus redoutable qu’elle n’a qu’un but
que n’affaiblit aucune considération
de famille. Le prêtre n’est pas citoyen,
quoi qu’on dise, pas plus qu’il n’est
français; il est prêtre et reste prêtre,
J’apporte aux lecteurs soucieux de
faire œuvre de patriotisme, les moyens
de nous guérir de la lèpre noire. Ils
ne sont pas anodins. Aux grands
maux les grands remèdes. Mais j’ai
la conviction que, si les républicains
parviennent à les appliquer, ils pour
ront se dire qu’ils auront sauvé la
France.
Les voici :
1° Abrogation de la loi Falloux ;
2° Expulsion des Jésuites. Le décret
du 30 mars n’a jamais été abrogé.
Qu’on le mette en vigueur ;
3° Dissolution des congrégations re
ligieuses non autorisées ;
4° Séparation des Eglises et de
l’Etat.
L’Eglise, si ces mesures sont em
ployées, criera à la tyrannie. Il ne
faut pas s’en alarmer. Une fois de
plus elle invoquera la liberté qu’elle
combat cependant avec acharnement.
Il n'y a qu’à lui faire remarquer que
la liberté ne se comprend qu’avec
l’égalité. Or, elle constitue un Etat
dans l’Etat. Riche et puissante (nous
ne le dirons jamais assez), elle est un
danger public, une association mal-J
saine d’intérêts, hypocritement mas
quée par des principes de bonté et de
charité. Avant d’exiger la liberté,
qu’elle abandonne ses privilèges :
droit de quêter, droit de posséder en
commun, subvention gouvernemen
tale. En un mot, qu’elle se libère.
.Mais passons ;
5° Interdiction d’enseigner à tout
membre ayant fait vœu de chasteté.
Ceci est la simple prudence. De tristes
faits nous autorisent à demander qu’on
prenne cette résolution. Si nous vou
lons une race forte, aimant la vie,
confions nos enfants à des éducateurs
qui seront des hommes et non des dé
traqués mystiques;
6° Nécessité pour tous les fonction-
tionnaires de passer par les écoles de
l’Etat. La logique nous oblige à cette
mesure. Du moment que nous conce
vons l’utilité d’un Etat, sous sommes
obligés de lui donner les moyens de
pouvoir remplir son office. Consé
quemment, il peut et doit exiger de
ses fonctionnaires certaines garanties,
un état d’esprit sans lequel ceux-ci ne
sauraient fonctionner, ce qui serait
contraire à leur titre de fonctionnaire.
Comme suite du précédent, il convient
de demander la gratuité absolue de
l’enseignement secondaire et supé
rieur. Cela permettrait de choisir les
élèves les plus intelligents des écoles
laïques, de leur laire continuer leurs
études, d’opérer une véritable sélec
tion des classes populaires au grand
avantage de la nation ;
7° Création de patronages laïques
continuant l’école, en formant de la
sorte le prolongement naturel. Des
subventions gouvernementales et mu
nicipales pourraient être obtenues. Je
n’ai pas besoin d’insister sur cette
mesure. Elle s’impose. Un timide essai
a été tenté, mais ce n’est pas suffisant.
8° Création d’œuvres analogues à
celle de « Toyubee Hall ». En plein
quartier- populeux de Londres existe
une œuvre dans laquelle se réunissent
des étudiants et des ouvriers, unis par
l’amitié. Les premiers apprennent aux
seconds, mais d’une façon toute sym
pathique, sans aucune pédanterie. Il
s’opère un rapprochement des classes,
des malentendus s’effacent, des haines
disparaissent. Michelet, du veste, dans
« Nos Fils » et dans « Le Peuple »,
avait préconisé ce qu’il appelait un
apostolat. Je reviendrai sur cette
œuvre ;
9° Propagande en faveur de la
Franc-Maçonnerie, élargie dans son
esprit. (Pour cela, diminution de la
cotisation de façon à faire entrer l’élé
ment ouvrier dans son sein ; suppres
sion du côté mystérieux peu en rap
port avec l’esprit de notre époque ;
modification des statuts de façon à
leur imprimer un carractère social
qu’ils n’ont pas assez) ;
10° Cercles de jeunes filles. N’ou
blions pas que la jeune fille d’aujour
d’hui est la femme et la mère de de
main. Occupons-nous d’elle; arra-
chons-là à l’Eglise. Faisons-en une
citoyenne. Remarque que je crois
importante : invitons les mères à faire
partie de la direction de l’œuvre de
façon à les y intéresser. Ce sera le
succès assuré ;
11° Propagande anticléricale par
tous les moyens légaux tels que : les
campagnes de presse, les conférences,
les biblothèques circulantes contenant
des ouvrages scientifiques et philoso
phiques, etc.
Voici mon étude terminée. Les re
mèdes que je propose effraieront peut-
être. Quelques-uns penseront sans
doute que la plaie n’est pas assez pro
fonde pour mériter Une telle cure.
D’autres, encore, en face du travail de
tous les instants à accomplir, de
l'énergie à déployer, masqueront leur
veulerie sous un air sceptique. Ils se
donnerontpour prétexte que le danger
n’est pas ainsi que je l’ai dépeint. A
ceux-ci je dirai que l’esclavage les
attend et que, pour être traités en
hommes, il faut agir en hommes.
Jean SERC.
Mes confrères de ce journal m’ap
prennent qu’un article du Travailleur
Normand, m’accuse d’être un étranger.
Je n’ai pas lu cet article et, par con
séquent, n’en connais pas les termes.
Je n’y réponds donc pas; mais je tiens
à faire savoir à mes lecteurs que je
suis né à Paris (France), fils d’un natif
de Montpellier (France) et d’une na
tive de Lisieux (France), et, qu’aussi
loin que remontent mes souvenirs, en
ce qui concerne ma famille, je n’y puis
trouver le moindre élément étranger.
Si le rédacteur du Travailleur Normand
se croit mieux informé qne moi sur ce
point, il me fera plaisir en me four
nissant ses sources. Je veux bien lui
faire l’honneur de croire qu’il a été
trompé et que ses affirmations ne sont
pas le fait de pures habitudes de polé
mique cléricale.
J. S.
A L’ÉLYSÉE
Une idée généreuse du président
On nous raconte une manifestation
touchante dontM. le président de la
République a été l’obj.et, à l’Elysée.
A peine élu parle congrès, M. Lou
bet a trouvé le moyen, par un sacri
fice personnel considérable sur la
dotation qu’il reçoit de l’Etat, d’assu
rer une retraite à tous les serviteurs
de la présidence, huissiers, cochers,
valets de pied, etc., qui, par excep
tion (puisqu’il n’en est pas à la prési
dence comme dans tous les ministères
où tous les gens de service versent à
la caisse des retraites), formaient un
simple service de maison particulière
à la disposition entière du président.
Cette combinaison, esquissée par
M. Carnot, a été reprise par M. Lou
bet.
Le personnel compte cent ou cent
cinquante employés, qui seront désor
mais munis d’un livret, auquel les
versements spontanés du président
permettront de donner un caractère
de rétroactivité.
Une délégation, composée des huit
plus anciens serviteurs de l’Elysée, a
réclamé l’honneur d’être reçue par
M. Loubet et d’exprimer les remercie
ments très respectueux et très recon
naissants de tout le personnel.
Malheureusement, pour ses servi
teurs, nous sommes persuadés que
Dubosc, le pacha des Hallates, ne re
cevra jamais pareille délégation.
LES JÉSUITES
Nous avons un gouvernement et
nous en sommes heureux.
Les cléricaux sont moins fiers que
d’habitude et ils avouent, que, pour
eux, la partie est perdue. L’affaire
Dreyfus aura rendu un grand service
aux républicains en leur découvrant
les canailleries dont sont coupables
les jésuites en robes et en redingotes
longues ou courtes Pour asservir les
consciences, pour diriger le pays, ils
ont admis les laïques dans leur so
ciété.
Quand ils découvraient un homme
intelligent ayant de l’avenir, ils délé
guaient bien vite un de leurs affiliés
auprès de lui, afin de le gagner à leur
cause. Les jésuites se chargeaient de
le pousser aux grands emplois pu
blics ; mais ils lui demandaient en
compensation, obéissance passive et
dévouement à la cause du Gésu. Si
l’homme intelligent acceptait de telles
conditions, il gravissait avec rapidité
tous les échelons de la hiérarchie ad
ministrative, s’il refusait de s’asservir,
malheur à lui; les jésuistes le pour
suivaient sans cesse et multipliaient
les obstacles sous ses pas.
Et ne croyez pas que les jésuites
fussent exigeants dans leurs choix. Ils
n’étaient exigeants que sur l’intelli
gence et le caractère des affiliés. Au
trement, ils acceptaient aussi bien un
protestant et un franc-maçon qu’un
catholique. Au contraire, ils préfé
raient ceux-là à celui-ci. Qui accuse
rait, en effet, un protestant ou un
franc-maçon d’être affilié aux jésui
tes ? Jamais on ne le voit à la messe,
il ne parle jamais des curés, les jour
naux cléricaux l’attaquent même pour
cacher leur jeu ; il peut donc rendre
impunément les plus grands services
aux jésuites.
C’est, par ce moyen que les servi
teurs du pape noir ont peuplé toutes
les administrations et surtout les bu
reaux des ministères de leurs affiliés.
Les ministres changent, les bureaux
restent et les jésuites dirigent tou
jours la France. Quand nettoiera-t-on
ces écuries d’Augias? Si nous avons
un gouvernement, qu’il prouve son
énergie en confiant tous les hauts em
plois à de bons et fermes républicains.
Mais le pourra-1-il ? Nous aperce
vons devant lui un amoncellement
d’obstacles ; il ne saura les surmonter
en peu de temps. Nous avons la ferme
conviction qu’il n’arrivera qu’à la
longue à distinguer le bon grain de
l’ivraie, les républicains des réaction
naires. Peut-être même a-t-il déjà
confié quelque gros emploi à certain
affilié des jésuites qui se tenait dans
la galerie et qui jouait au radicalisme
politique pour atteindre son but. La
confrérie sait préparer le remplace
ment d’un jésuite par un jésuite et les
plus clairvoyants n’y voient que du
bleu.
Certes, l’affaire Dreyfus nous a
montré comment les bons pères per
dent les innocents et opèrent ad majo-
rem dei gloriam ; mais aurons-nous
toujours les jeux divers et saurons-
nous acquérir le courage de dénoncer
les menées cléricales ? Nous n’osons
pas l’espérer.
Nous avons une pierre de touche
pour reconnaître les affiliés aux jé
suites : les bons P.P. exigent que les
jésuites laïques confient l’éducation de
leurs enfants aux congréganistes. Ils
exigent encore que leurs affiliés agis
sent en bous catholiques quand ils
sont en vacances, quand ils n’occupent
pas leurs emplois. Le gouvernement
n’a qu’à se procurer la liste des fonc
tionnaires qui envoient leurs enfants
dans les écoles congréganistes et il
sera fixé. Il n’a qu’à surveiller les
fonctionnaires qui prennent leurs va
cances en province et il saura bien
vite quels sont ceux qui paient des
Saint-Antoine de Padoue aux églises
et qui créent des histoires ennuyeuses
aux bons républicains.
Qui les frappe sans merci, s’il veut
réussir dans son œuvre de défense
républicaine autrement qu’il cède sa
place à un autre gouvernement plus
énergique. Nous lui demandons deux
choses : 1° d’exiger que tous les fonc
tionnaires soient républicains et laï
ques ; 2° d’appliquer les décrets de
1880 contre les jésuites et les congré
gations non autorisées. Si sur ces
deux points il faiblit, sa vie ne sera
pas longue. A la rentrée, il sera ren
versé.
A. de Prignac.
LES INSTITUTEURS
SOUS LA RÉPUBLIQUE
Tout le monde reconnaît que les
progrès de la civilisation sont dus au
développement intellectuel de la
masse dont l’instituteur est l’éduca
teur incontesté.
L’instituteur joue donc un rôle con
sidérable dans la société.
Fous trouvez naturel que les puis
sants, les gouvernants, tous les favo
risés de la fortune et de la science
prêtent leur appui à ce modeste fonc
tionnaire, à ce pionnier de l’enseigne
ment, qui prépare la route de l’exis
tence facile à tant d’hommes considé
rés et respectés.
Vous êtes de braves cœurs f
Fous aussi, hommes de peine, vous
vous trouvez heureux. Tous savez
lire et écrire assez pour vos modestes
besoins et vous n’oubliez pas que ce
précieux bagage de connaissances ru
dimentaires qui vous procurent tant
de joies intimes, c’est également à
votre vieil instituteur que vous le
devez.
Oui, vous êtes de braves cœurs !
Mais savez-vous bien que l’institu
teur que vous supposez également
heureux — peut-être parce que vous
tenez le bonheur de ses salutaires
leçons — fait tous les jours le sacrifice
de sa vie ea échange d’un salaire dont
un journalier de nos quais ou un char
bonnier ne voudrait se contenter ?
Il est vrai que de temps en temps
il lui est adressé des compliments
flatteurs aussi vite oubliés qu’exprimés
par tous ceux à qui de bonnes pré
bendes laissent les loisirs de s’ingénier
à prouver qu’ils font quelque chose...
«... Oui, Messieurs les spectateurs
delà comédie humaine, l’instituteur
est le premier citoyen de la Républi
que; il mérite la considération et le
respect de tous; il exerce uu véritable
sacerdoce qui exige un dévouement
sans bornes, une entière abnégation
de soi même. On ne fera jamais trop
pour celui que la Nation charge de
faire de nos chers enfants de bons Fran
çais instruits, laborieux, honnêtes,
heureux... etc. »
Que c’est beau !
Conclusion : Nourris-toi de ce des
sert. Demain tu passeras à la caisse
qui est vide en ce moment. Tu as cin
quante-cinq ans, dis-tu? Mais tues
vaillant puisque tu marches, que tu
parles !... La retraite, si tu ne la
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Organe du Parti Républicain Démocratique
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Départements » 4 fr.
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15, RUE GASIMIR-PÉRIER, 15
Secrétaire de la Rédaction F. thomheret
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 >
On traite à forfait
U WIIU MB
AU «AïllIHI
Une lutte suprême est engagée ac
tuellement entre l’esprit républicain
et l’esprit clérical. De la victoire de
l'un des deux dépend la grandeur ou
la décadence de notre pays. D’un côté,
respect de la liberté et de la justice
avec, comme conséquence, la réparti,
tion plus équitable des richesses ; de
l’autre, despotisme,immuabilité, im
moralité. Les hommes soucieux de
l’avenir de la France, les réels pa
triotes doivent s’unir et engager con
tre le monstre catholique le bon com
bat. Le temps est passé des discussions
courtoises ; les équivoques ne sont
plus de mode. Il faut vaincre défin i-
tivementou disparaître comme nation.
Mais il sied d’avoir un plan. Nous
avons devant nous un parti merveil
leusement discipliné, un Etat dans
l’Etat. Riche de millions arrachés à la
crédulité populaire, forte par la passi
vité absolue des membres qui la com
posent, l’Eglise arrogante projette son
ombre mortelle sur la société moderne.
Le serment de chasteté, l’interdiction
aux prêtres de se marier et par là
d’entrer dans la vie, permet au parti
clérical d’avoir une armée d’autant
plus redoutable qu’elle n’a qu’un but
que n’affaiblit aucune considération
de famille. Le prêtre n’est pas citoyen,
quoi qu’on dise, pas plus qu’il n’est
français; il est prêtre et reste prêtre,
J’apporte aux lecteurs soucieux de
faire œuvre de patriotisme, les moyens
de nous guérir de la lèpre noire. Ils
ne sont pas anodins. Aux grands
maux les grands remèdes. Mais j’ai
la conviction que, si les républicains
parviennent à les appliquer, ils pour
ront se dire qu’ils auront sauvé la
France.
Les voici :
1° Abrogation de la loi Falloux ;
2° Expulsion des Jésuites. Le décret
du 30 mars n’a jamais été abrogé.
Qu’on le mette en vigueur ;
3° Dissolution des congrégations re
ligieuses non autorisées ;
4° Séparation des Eglises et de
l’Etat.
L’Eglise, si ces mesures sont em
ployées, criera à la tyrannie. Il ne
faut pas s’en alarmer. Une fois de
plus elle invoquera la liberté qu’elle
combat cependant avec acharnement.
Il n'y a qu’à lui faire remarquer que
la liberté ne se comprend qu’avec
l’égalité. Or, elle constitue un Etat
dans l’Etat. Riche et puissante (nous
ne le dirons jamais assez), elle est un
danger public, une association mal-J
saine d’intérêts, hypocritement mas
quée par des principes de bonté et de
charité. Avant d’exiger la liberté,
qu’elle abandonne ses privilèges :
droit de quêter, droit de posséder en
commun, subvention gouvernemen
tale. En un mot, qu’elle se libère.
.Mais passons ;
5° Interdiction d’enseigner à tout
membre ayant fait vœu de chasteté.
Ceci est la simple prudence. De tristes
faits nous autorisent à demander qu’on
prenne cette résolution. Si nous vou
lons une race forte, aimant la vie,
confions nos enfants à des éducateurs
qui seront des hommes et non des dé
traqués mystiques;
6° Nécessité pour tous les fonction-
tionnaires de passer par les écoles de
l’Etat. La logique nous oblige à cette
mesure. Du moment que nous conce
vons l’utilité d’un Etat, sous sommes
obligés de lui donner les moyens de
pouvoir remplir son office. Consé
quemment, il peut et doit exiger de
ses fonctionnaires certaines garanties,
un état d’esprit sans lequel ceux-ci ne
sauraient fonctionner, ce qui serait
contraire à leur titre de fonctionnaire.
Comme suite du précédent, il convient
de demander la gratuité absolue de
l’enseignement secondaire et supé
rieur. Cela permettrait de choisir les
élèves les plus intelligents des écoles
laïques, de leur laire continuer leurs
études, d’opérer une véritable sélec
tion des classes populaires au grand
avantage de la nation ;
7° Création de patronages laïques
continuant l’école, en formant de la
sorte le prolongement naturel. Des
subventions gouvernementales et mu
nicipales pourraient être obtenues. Je
n’ai pas besoin d’insister sur cette
mesure. Elle s’impose. Un timide essai
a été tenté, mais ce n’est pas suffisant.
8° Création d’œuvres analogues à
celle de « Toyubee Hall ». En plein
quartier- populeux de Londres existe
une œuvre dans laquelle se réunissent
des étudiants et des ouvriers, unis par
l’amitié. Les premiers apprennent aux
seconds, mais d’une façon toute sym
pathique, sans aucune pédanterie. Il
s’opère un rapprochement des classes,
des malentendus s’effacent, des haines
disparaissent. Michelet, du veste, dans
« Nos Fils » et dans « Le Peuple »,
avait préconisé ce qu’il appelait un
apostolat. Je reviendrai sur cette
œuvre ;
9° Propagande en faveur de la
Franc-Maçonnerie, élargie dans son
esprit. (Pour cela, diminution de la
cotisation de façon à faire entrer l’élé
ment ouvrier dans son sein ; suppres
sion du côté mystérieux peu en rap
port avec l’esprit de notre époque ;
modification des statuts de façon à
leur imprimer un carractère social
qu’ils n’ont pas assez) ;
10° Cercles de jeunes filles. N’ou
blions pas que la jeune fille d’aujour
d’hui est la femme et la mère de de
main. Occupons-nous d’elle; arra-
chons-là à l’Eglise. Faisons-en une
citoyenne. Remarque que je crois
importante : invitons les mères à faire
partie de la direction de l’œuvre de
façon à les y intéresser. Ce sera le
succès assuré ;
11° Propagande anticléricale par
tous les moyens légaux tels que : les
campagnes de presse, les conférences,
les biblothèques circulantes contenant
des ouvrages scientifiques et philoso
phiques, etc.
Voici mon étude terminée. Les re
mèdes que je propose effraieront peut-
être. Quelques-uns penseront sans
doute que la plaie n’est pas assez pro
fonde pour mériter Une telle cure.
D’autres, encore, en face du travail de
tous les instants à accomplir, de
l'énergie à déployer, masqueront leur
veulerie sous un air sceptique. Ils se
donnerontpour prétexte que le danger
n’est pas ainsi que je l’ai dépeint. A
ceux-ci je dirai que l’esclavage les
attend et que, pour être traités en
hommes, il faut agir en hommes.
Jean SERC.
Mes confrères de ce journal m’ap
prennent qu’un article du Travailleur
Normand, m’accuse d’être un étranger.
Je n’ai pas lu cet article et, par con
séquent, n’en connais pas les termes.
Je n’y réponds donc pas; mais je tiens
à faire savoir à mes lecteurs que je
suis né à Paris (France), fils d’un natif
de Montpellier (France) et d’une na
tive de Lisieux (France), et, qu’aussi
loin que remontent mes souvenirs, en
ce qui concerne ma famille, je n’y puis
trouver le moindre élément étranger.
Si le rédacteur du Travailleur Normand
se croit mieux informé qne moi sur ce
point, il me fera plaisir en me four
nissant ses sources. Je veux bien lui
faire l’honneur de croire qu’il a été
trompé et que ses affirmations ne sont
pas le fait de pures habitudes de polé
mique cléricale.
J. S.
A L’ÉLYSÉE
Une idée généreuse du président
On nous raconte une manifestation
touchante dontM. le président de la
République a été l’obj.et, à l’Elysée.
A peine élu parle congrès, M. Lou
bet a trouvé le moyen, par un sacri
fice personnel considérable sur la
dotation qu’il reçoit de l’Etat, d’assu
rer une retraite à tous les serviteurs
de la présidence, huissiers, cochers,
valets de pied, etc., qui, par excep
tion (puisqu’il n’en est pas à la prési
dence comme dans tous les ministères
où tous les gens de service versent à
la caisse des retraites), formaient un
simple service de maison particulière
à la disposition entière du président.
Cette combinaison, esquissée par
M. Carnot, a été reprise par M. Lou
bet.
Le personnel compte cent ou cent
cinquante employés, qui seront désor
mais munis d’un livret, auquel les
versements spontanés du président
permettront de donner un caractère
de rétroactivité.
Une délégation, composée des huit
plus anciens serviteurs de l’Elysée, a
réclamé l’honneur d’être reçue par
M. Loubet et d’exprimer les remercie
ments très respectueux et très recon
naissants de tout le personnel.
Malheureusement, pour ses servi
teurs, nous sommes persuadés que
Dubosc, le pacha des Hallates, ne re
cevra jamais pareille délégation.
LES JÉSUITES
Nous avons un gouvernement et
nous en sommes heureux.
Les cléricaux sont moins fiers que
d’habitude et ils avouent, que, pour
eux, la partie est perdue. L’affaire
Dreyfus aura rendu un grand service
aux républicains en leur découvrant
les canailleries dont sont coupables
les jésuites en robes et en redingotes
longues ou courtes Pour asservir les
consciences, pour diriger le pays, ils
ont admis les laïques dans leur so
ciété.
Quand ils découvraient un homme
intelligent ayant de l’avenir, ils délé
guaient bien vite un de leurs affiliés
auprès de lui, afin de le gagner à leur
cause. Les jésuites se chargeaient de
le pousser aux grands emplois pu
blics ; mais ils lui demandaient en
compensation, obéissance passive et
dévouement à la cause du Gésu. Si
l’homme intelligent acceptait de telles
conditions, il gravissait avec rapidité
tous les échelons de la hiérarchie ad
ministrative, s’il refusait de s’asservir,
malheur à lui; les jésuistes le pour
suivaient sans cesse et multipliaient
les obstacles sous ses pas.
Et ne croyez pas que les jésuites
fussent exigeants dans leurs choix. Ils
n’étaient exigeants que sur l’intelli
gence et le caractère des affiliés. Au
trement, ils acceptaient aussi bien un
protestant et un franc-maçon qu’un
catholique. Au contraire, ils préfé
raient ceux-là à celui-ci. Qui accuse
rait, en effet, un protestant ou un
franc-maçon d’être affilié aux jésui
tes ? Jamais on ne le voit à la messe,
il ne parle jamais des curés, les jour
naux cléricaux l’attaquent même pour
cacher leur jeu ; il peut donc rendre
impunément les plus grands services
aux jésuites.
C’est, par ce moyen que les servi
teurs du pape noir ont peuplé toutes
les administrations et surtout les bu
reaux des ministères de leurs affiliés.
Les ministres changent, les bureaux
restent et les jésuites dirigent tou
jours la France. Quand nettoiera-t-on
ces écuries d’Augias? Si nous avons
un gouvernement, qu’il prouve son
énergie en confiant tous les hauts em
plois à de bons et fermes républicains.
Mais le pourra-1-il ? Nous aperce
vons devant lui un amoncellement
d’obstacles ; il ne saura les surmonter
en peu de temps. Nous avons la ferme
conviction qu’il n’arrivera qu’à la
longue à distinguer le bon grain de
l’ivraie, les républicains des réaction
naires. Peut-être même a-t-il déjà
confié quelque gros emploi à certain
affilié des jésuites qui se tenait dans
la galerie et qui jouait au radicalisme
politique pour atteindre son but. La
confrérie sait préparer le remplace
ment d’un jésuite par un jésuite et les
plus clairvoyants n’y voient que du
bleu.
Certes, l’affaire Dreyfus nous a
montré comment les bons pères per
dent les innocents et opèrent ad majo-
rem dei gloriam ; mais aurons-nous
toujours les jeux divers et saurons-
nous acquérir le courage de dénoncer
les menées cléricales ? Nous n’osons
pas l’espérer.
Nous avons une pierre de touche
pour reconnaître les affiliés aux jé
suites : les bons P.P. exigent que les
jésuites laïques confient l’éducation de
leurs enfants aux congréganistes. Ils
exigent encore que leurs affiliés agis
sent en bous catholiques quand ils
sont en vacances, quand ils n’occupent
pas leurs emplois. Le gouvernement
n’a qu’à se procurer la liste des fonc
tionnaires qui envoient leurs enfants
dans les écoles congréganistes et il
sera fixé. Il n’a qu’à surveiller les
fonctionnaires qui prennent leurs va
cances en province et il saura bien
vite quels sont ceux qui paient des
Saint-Antoine de Padoue aux églises
et qui créent des histoires ennuyeuses
aux bons républicains.
Qui les frappe sans merci, s’il veut
réussir dans son œuvre de défense
républicaine autrement qu’il cède sa
place à un autre gouvernement plus
énergique. Nous lui demandons deux
choses : 1° d’exiger que tous les fonc
tionnaires soient républicains et laï
ques ; 2° d’appliquer les décrets de
1880 contre les jésuites et les congré
gations non autorisées. Si sur ces
deux points il faiblit, sa vie ne sera
pas longue. A la rentrée, il sera ren
versé.
A. de Prignac.
LES INSTITUTEURS
SOUS LA RÉPUBLIQUE
Tout le monde reconnaît que les
progrès de la civilisation sont dus au
développement intellectuel de la
masse dont l’instituteur est l’éduca
teur incontesté.
L’instituteur joue donc un rôle con
sidérable dans la société.
Fous trouvez naturel que les puis
sants, les gouvernants, tous les favo
risés de la fortune et de la science
prêtent leur appui à ce modeste fonc
tionnaire, à ce pionnier de l’enseigne
ment, qui prépare la route de l’exis
tence facile à tant d’hommes considé
rés et respectés.
Vous êtes de braves cœurs f
Fous aussi, hommes de peine, vous
vous trouvez heureux. Tous savez
lire et écrire assez pour vos modestes
besoins et vous n’oubliez pas que ce
précieux bagage de connaissances ru
dimentaires qui vous procurent tant
de joies intimes, c’est également à
votre vieil instituteur que vous le
devez.
Oui, vous êtes de braves cœurs !
Mais savez-vous bien que l’institu
teur que vous supposez également
heureux — peut-être parce que vous
tenez le bonheur de ses salutaires
leçons — fait tous les jours le sacrifice
de sa vie ea échange d’un salaire dont
un journalier de nos quais ou un char
bonnier ne voudrait se contenter ?
Il est vrai que de temps en temps
il lui est adressé des compliments
flatteurs aussi vite oubliés qu’exprimés
par tous ceux à qui de bonnes pré
bendes laissent les loisirs de s’ingénier
à prouver qu’ils font quelque chose...
«... Oui, Messieurs les spectateurs
delà comédie humaine, l’instituteur
est le premier citoyen de la Républi
que; il mérite la considération et le
respect de tous; il exerce uu véritable
sacerdoce qui exige un dévouement
sans bornes, une entière abnégation
de soi même. On ne fera jamais trop
pour celui que la Nation charge de
faire de nos chers enfants de bons Fran
çais instruits, laborieux, honnêtes,
heureux... etc. »
Que c’est beau !
Conclusion : Nourris-toi de ce des
sert. Demain tu passeras à la caisse
qui est vide en ce moment. Tu as cin
quante-cinq ans, dis-tu? Mais tues
vaillant puisque tu marches, que tu
parles !... La retraite, si tu ne la
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