Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-07-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 juillet 1899 15 juillet 1899
Description : 1899/07/15 (N168). 1899/07/15 (N168).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263367v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
Samedi 15 Juillet 1839.
î° Année - N # 168. CINQ CENTIMES LE NUMERO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements * * fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
m
g
8
15,
RUE gasimir-périer,
1 5
ü
ES
Es
1
Secrétaire de la Rédaction— F. thommeret
SE
1
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
H
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
U DÉFENSE
BËPUBUG41NE
Les plébiscitaires ne sont plus d’ac
cord. M. Paul de Cassagnac, député
bonapartiste, dans une lettre ouverte
adressée à son ex-collègue Dugue de
la Fauconnerie, se plaint des faux
plébiscitaires qui suivent Déroulède.
La raison en est que ceux-ci parais
sent proclamer intangible en tant que
républicaine, la forme de gouverne
ment à donner à la nation. A la ri
gueur, on passerait cette supercherie,
dont on cbercberait même à tirer
parti dans le clan bonaparto-monar
chiste, aussi bien que chez les natio
nalistes. Mais les déroulèdistes sont
décidés à exclure de la présidence
éventuelle de la Republique, les can
didatures de Philippe d’Orléans et de
Victor-Napoléon. Voila la grosse
affaire.
Le barde de Montmartre et d’An-
goulême aurait déclare de sa voix
claironnante, à la salle Charras,
qu’il se lèverait contre les prétendants
s’ils s’avisaient de rompre la loi d’exil
et de fouler le sol de la patrie fran
çaise. Parbleu, nous n’en doutons
pas, il ferait ce qu’il pourrait, mais il
ne ferait pas beaucoup cependant,
car ses moyens de politicien de café-
concert ne dépassent point la bordure
du trottoir. Parbleu, il craindrait la
concurrence ; « il a la goinfrerie de
vouloir garder tout le morceau pour
son avantage personnel » déclare
amèrement de Cassagnac qui a la
naïveté d’ajouter, suivant sa simpli
cité habituelle qui le fait redouter
comme un maladroit ami par ses
correligionnaires politiques, pour son
exubérante faconde :
« Il peut convenir à Napoléon ou
« à Philippe — c’est leur droit — de
« prétendre à la présidence de la Ré-
« publique et de se faire consacrer
« par la volonté nationale, directe-
« ment consultée.
cc D’autres ont commencé de la
a même façon, et on sait que cette ma-
« nière d’opérer ne supprime eu rien
« la faculté de se faire couronner
« ensuite à Notre-Dame ».
L’histoire nous eu a donné les
funestes conséquences. Le piège est
éventé, républicains, n’y soyons pins
repris.
S’il est une constatation pénible,
c’est de reconnaître que les républi
cains n’ont jamais cherché à s’unir
pour la défense de la République, sauf
quand elle était attaquée de toutes
parts. Et encore Font-ils fait ou le
font-ils toujours, sans idée de derrière
la tête, sans chercher à assouvir des
intérêts de parti qui ressemblent à des
ambitions personnelles ?
La proclamation des différents
groupements communistes auxquels
se sont joints MM. Guesde et Vaillant,
et qui forme une scission dans le parti
socialiste, nous prouve combien d’es
prits ne se sont pas rendu compte, à
l’heure même du danger, qu’il est des
nécessités primordiales que l’on doit
faire passer avant l’intransigeance des
partis. C’est là, en effet, une question
de principe à poser. La République
démocratique bien entendue réclame
l’union de tous sur un objectif com
mun, sur des mesures communes à
réaliser, laissant de coté les accep
tions personnelles, provisoirement.
Là, se trouve l’unique tactique. Des
hommes comme Jaurès, Millerand,
Viviani Font si bien compris qu’ils ont
encouru de leurs anciens alliés un
blâme que leurs convictions profondes,
à cet endroit, leur permettront de sup
porter aisément.
Dans les assauts successifs que la
forteresse républicaine a eu à suppor
ter, l’on s’est contenté de combler tant
bien que mal les brèches qui s’ou
vraient, et si elle reste encore debout,
cela tient certainement moins à la qua
lité des défenseurs qu’à la défection
des assaillants, toujours unis pour
l’attaque, mais qui se dévorent entre
eux quand il s’agit de partager le
gâteau ; Déroulède et de Cassagnac se
chargent de le démontrer. On ne peut
pourtant toujours faire la guerre sans
préjudice pour l’existence sociale du
peuple.
Eh bien ! il faut organiser la Répu
blique de telle sorte qu’elle pénètre
profondément dans les consciences. Il
faut l’organiser par de sages institu
tions pour qu’elle se défende d’elle-
même, bravant la routine et les an
ciennes divergences d’école.
Là est le salut.
Alf. HENRI.
LES CRIMES DU
GÉNÉRAL DE PELLIEUX
Sous ce titre, notre confrère le Siècle
rappelle qu’il a posé, il y a une quin
zaine de jours, les questions suivantes
auxquelles il n’a pas été répondu :
« Le général Duchesne a-t-il en
tendu les témoins essentiels del’affaire
Pellieux ?
« A-t-il entendu le colonel Ficquart ?
te A-t-il entendu du Paty, Gonse,
Boidefîre ?
« A-t-il entendu M. Christian Es-
terhazy sur les faits révélés par ce
témoin, à l’instruction ouverte au
sujet des dépêches Blanche et Speranza?
« A-t-il fait citer M. Walsin-Ester-
hazy au su et au vu des lettres trouvées
dans lapotiebe japonaise.
« A-t-il entendu M. le juge d’ins
truction Bertulus et le Père Du Lac ?
« Non, n’est-ce pas? Donc l’enquête
ne peut être close, à moins que M.
de Pellieux n’ai purement et simple
ment avoué ».
Le serment gardé par le général Du
chesne doit-il être interprété dans le
sens d’une complaisance coupable à
l’égard de « l’accusé » de Pellieux sur
la conduite de qui il a reçu mission de
I procéder à une enquête ;
On est en droit de le croire, si l’on
songe que, jusqu’à ce jour, M. Du
chesne n’a convoqué aucun des té
moins dont les noms précèdent.
Nous savons de longue date que les
« haut galonnés », comme les loups,
ne se mangent pas entre eux ; mais il
y a des cas où la bienveillance devient
un vrai crime social.
Et si le général Duchesne — : pour
des raisonsque nous comprenons,mais
qui excusent médiocrement sa fai
blesse — n’a pas le courage de pour
suivre jusqu’au bout la recherche de
la vérité au sujet des agissements de
M. de Pellieux, qu’il le dise franche
ment et qu’il passe la main à un autre
moins pussillanime.
Mais, en présence des accusations
formelles qui ont été publiquement
formulées contre l’officier général qui,
aux termes de ces accusations — ap
puyées sur des documents — s’est
rendu « complice du traître Esterhazy
en employant toute la puissance mise
à sa disposition pour détourner le
cours de la justice », il est impossible
que l’on se contente d'une enquête
sommaire et superficielle.
La vérité entière doit être connue.
Elle le sera, en dépit des fanfaron
nades de M. de Pellieux, elle le sera,
au besoin, contre la volonté même de
M. le général Duchesne.
A. B.
L’EXPULSION DES JÉSUITES
Nous tenons à la disposition de nos
lecteurs et amis des listes de pétition
pour l’expulsion des jésuites et des
congrégations non autorisées.
Dans l’intérêt de la France et de
la République contre lesquelles ne
cessent sournoisement de travailler
les membres des associations reli
gieuses, nous engageons vivement
tous ceux qui ont réellement l’amour
de notre pays comme celui de la
liberté, à ne pas hésiter à signer cette
pétition qui nous délivrera de cette
horde barbare, ennemie du progrès et
de la civilisation.
Le Parti Socialiste et la crise
Le « Conseil national » du Parti
Ouvrier français, la « Commission
administrative » du Parti socialiste
révolutionnaire et « les secrétaires et
les élus » de Y Alliance communiste
révolutionnaire viennent d’éprouver le
besoin de manifester.
Contre qui ? contre la bourgeoisie
capitaliste et le cléricalisme ?
Point du tout.
Le Capital et l’Eglise peuvent
abrutir et opprimer tranquillement
les travailleurs ; c’est à Millerand,
c’est à Jaurès, c’est à Yiviani, c’est à
Fournière, c’est à tous les indépen
dants qui ne veulent pas enfermer le
socialisme dans un dogme, que s’en
prennent les rédacteurs du manifeste
en question.
En s’interdisant de jamais partici
per au gouvernement tant que la
société n’aura pas été transformé de
fond en comble, les socialistes intran
sigeants renoncent aux réformes pro
gressives et s’acculent eux-mêmes
dans une impasse.
Pour être conséquents, les auteurs
du manifeste devraient adhérer aux
doctrines libertaires, mépriser les
« votards », dédaigner les mandats
électifs et souhaiter que l’excès du
mal provoque une explosion de haines
et une effusion de sang.
Mais les dissidents sont gens trop
avisés pour prendre un parti aussi
extrême ; eux aussi, bien qu’ils s v en
défendent avec indignation, vou
draient ménager leur situation, et l’on
sent la place que tiennent dans leur
manifeste les préoccupations électo
rales et même la jalousie que leur
cause l’influence des camarades excom
muniés.
On peut donc croire que les socia
listes ne prendront pas cette manifes
tation trop au sérieux.
Quant aux radicaux-socialistes, très
désintéressés dans la question, ils ne
peuvent que louer Millerand d’avoir
pris le pouvoir, car ils sont persuadés
qu’il saura en user dans l’intérêt de la
justice sociale. D.
DEUX REMARQUES
Avant d’indiquer les mesures né
cessaires à prendre pour lutter contre
le péril prêtre, je crois utile de faire
deux remarques.
La première porte sur la différence
qui existe, parait-il, entre le cléri
calisme et le catholicisme. De l’avis
de certains, nous devons combattre
le premier, mais respecter scrupuleuse
ment le second. Rien de plus faux
selon moi. Il faut cesser de prolonger
cette équivoque sous peine de contri
buer, à organiser la décadence irré
médiable de notre nation.
Constatons que le clérical et le ca
tholique ont le même but : la gran
deur de l’Eglise et que, pour atteindre
ce but, tous deux tout ce qu’ils peu
vent. Les moyens différent simplement
Le clérical est plus actif ; il multiplie
les œuvres pouvant fortifier son parti ;
il s’agite de son mieux afin de paraly
ser l’action adverse.
Le catholique se contente d’appuyer
de son vote les candidats proposés par
son compère ; sa prudence le tient
hors du combat. Mais l’accord n’en
subsiste pas moins. Ils restent quoi
qu’ils veulent et malgré leurs menson
ges les partisans dévoués de l’absolu
tisme, les ennemis irréductibles de la
liberté.
Ennemis irréductibles de la liberté,
voici ma deuxième remarque. Catho
lique et libéral, sont deux termes qui
s’excluent. Il n’est pas possible qu’il
en soit autrement. Le catholique a
reçu, sous forme de mystères qu’il n’a
pas le droit et le pouvoir de pénétrer
le dépôt de la vérité. Dieu, par l’en
tremise de l’Eglise, lui a toht révélé
en lui interdisant formellement le
doute. L’obéissance absolue est la base
du système clérical ; il faut croire
toujours. Aussi le catholique n’existe-
il pas comme individu pensant cons
cient. Il a abandonné ses droits pour
en faire don à l’autorité suprême qui
sait seule ce qu’il faut faire.
Conséquemment, s’il est sincère,
s’il est logique, il ne peut comprendre
la liberté, surtout pour ses adversai
res.
Lui seul possède la Vérité. Il a de
vant lui l’Erreur, la rébellion contre
les lois divines, pour tout dire, Satan.
S’il se résigne à laisser jouir ses en
nemis politiques des droits qu’il pos
sède, soyez certain que c’est par force.
Délégué du Créateur pour imposer la
parole divine, il ne peut voir le ré
gime de la liberté, le régime républi
cain, que comme une transition en
attendant le jour béni où le troupeau
humain sera de nouveau agenouillé
devant le Dieu de Rome.
Or, si le catholicisme consent à être
un organe au lieu d’être un individu,
ad majorem Dei gloriam, il n’en est
pas de même du libéral. Celui-ci pose
en principe « Je pense, donc je suis ».
Il s’aperçoit qu’il existe en tant que
mentabilité, en tant que moralité.
Dès lors, la nécessité de la liberté lui
apparaît. C’est la condition sine qua
non qui lui assurera l’entier exercice
de ses facultés, qui lui permettra de
chercher les connaissances humaines
et divines. Mais, à côté de lui, exis
tent d’autres hommes prétendant éga
lement aux mêmes droits. Qu’on les
leur donne, et voici les limites de la
liberté individuelle posées (puisqu’elle
a pour régulateur la liberté d’autrui);
voici la charte philosophique de la
République, la déclaration des droits
de l’homme, qui entre en valenr.
Je prie le lecteur d’excuser la lon
gueur de ces observations qui peuvent
sembler des redites. Elles m’ont paru
nécessaires. Le clérical ne peut être
républicain, le catholique ne peut être
libéral. C’est antinomique. Il faut se
pénétrer de cet vérités de crainte
d’accueillir nos pires ennemis et de
nous livrer à eux.
Je me proposais aujourd’hui d’in
diquer la aligne de conduite à suivre
dans les circonstances actuelles. Le
manque de place me fait remettre ce
projet à huitaine.
Jean SERC.
m DÉCORÉ SUSPECT
rii'LPÉAC r> ~ v . T- * 1
îiUÏIb oOiiliildS UepillIS long-
temps accoutumés aux mystifications
du Journal Officiel, et nous avons
perdu l’habitude de nous étonner
quand paraît un décret qui décore des
morts ; mais une des nominations que
nous relevons dans l’interminable liste
des chevaliers de la Légion d’honneur
créés hier par le ministre de la guerre,
nous déconcerte un peu.
Il s’agit du commandant Lauth.
Oui, Lauth, qui monta contre le
colonel Picquart le coup du petit bleu ;
Lauth, le collaborateur suspect
d’Henry et de du Paty de Clam ;
Lauth, dont le témoignage a été
considéré comme sans valeur par la
Cour de cassation ;
Lauth, qui aura sans doute des
comptes à rendre dans un délai pro
chain ;
Lauth est décoré.
Et il a dû être bien étonné, bien
ennuyé de cet honneur inattendu qui
l’arrache à son effacement prudem
ment calculé.
Mais qui peut avoir eu l’idée de
décorer le commandant Lauth?
Henry s’est suicidé. Du Paty de
Clam est en prison. A tort ou à rai
son, le commandant Lauth passe pour
avoir machiné avec eux les intrigues
qui ont si mal fini.
S’il a été souçonné injustement, s’il
a été trompé lui-même, qu’on le dise,
qu’on explique ses actes, qu’on jette
une pleine lumière sur le rôle qu’il a
pu jouer inconsciemment. Nous ne de
mandons qu’à trouver un coupable
de moins dans ces tristes affaires.
Mais que, pour toute justification,
le ministre décerne à M. Lauth la
Légion d’honneur, qu’il lui attribue
une distinction enviée et longtemps
attendue, nous avouons que nous ne
comprenons pas.
Cette méprise ne peut s’expliquer
que de deux façons : ou bien le minis
tère Waldeek-Rousseau continue le
système des compensations qui a si
mal réussi à son prédécesseur, ou bien
il y a dans les bureaux de la guerre
quelqu’un qui se moque impudem
ment de son chef le ministre de la
guerre.
Cette seconde explication nous pa
rait la plus vraisemblable d’autant
î° Année - N # 168. CINQ CENTIMES LE NUMERO
Organe du Parti Républicain Démocratique
PRIX DES ABONNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an 3 fr.
Départements * * fr.
1
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
m
g
8
15,
RUE gasimir-périer,
1 5
ü
ES
Es
1
Secrétaire de la Rédaction— F. thommeret
SE
1
L’Imprimeur-Gérant F. LE ROY
H
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 »
On traite à forfait
U DÉFENSE
BËPUBUG41NE
Les plébiscitaires ne sont plus d’ac
cord. M. Paul de Cassagnac, député
bonapartiste, dans une lettre ouverte
adressée à son ex-collègue Dugue de
la Fauconnerie, se plaint des faux
plébiscitaires qui suivent Déroulède.
La raison en est que ceux-ci parais
sent proclamer intangible en tant que
républicaine, la forme de gouverne
ment à donner à la nation. A la ri
gueur, on passerait cette supercherie,
dont on cbercberait même à tirer
parti dans le clan bonaparto-monar
chiste, aussi bien que chez les natio
nalistes. Mais les déroulèdistes sont
décidés à exclure de la présidence
éventuelle de la Republique, les can
didatures de Philippe d’Orléans et de
Victor-Napoléon. Voila la grosse
affaire.
Le barde de Montmartre et d’An-
goulême aurait déclare de sa voix
claironnante, à la salle Charras,
qu’il se lèverait contre les prétendants
s’ils s’avisaient de rompre la loi d’exil
et de fouler le sol de la patrie fran
çaise. Parbleu, nous n’en doutons
pas, il ferait ce qu’il pourrait, mais il
ne ferait pas beaucoup cependant,
car ses moyens de politicien de café-
concert ne dépassent point la bordure
du trottoir. Parbleu, il craindrait la
concurrence ; « il a la goinfrerie de
vouloir garder tout le morceau pour
son avantage personnel » déclare
amèrement de Cassagnac qui a la
naïveté d’ajouter, suivant sa simpli
cité habituelle qui le fait redouter
comme un maladroit ami par ses
correligionnaires politiques, pour son
exubérante faconde :
« Il peut convenir à Napoléon ou
« à Philippe — c’est leur droit — de
« prétendre à la présidence de la Ré-
« publique et de se faire consacrer
« par la volonté nationale, directe-
« ment consultée.
cc D’autres ont commencé de la
a même façon, et on sait que cette ma-
« nière d’opérer ne supprime eu rien
« la faculté de se faire couronner
« ensuite à Notre-Dame ».
L’histoire nous eu a donné les
funestes conséquences. Le piège est
éventé, républicains, n’y soyons pins
repris.
S’il est une constatation pénible,
c’est de reconnaître que les républi
cains n’ont jamais cherché à s’unir
pour la défense de la République, sauf
quand elle était attaquée de toutes
parts. Et encore Font-ils fait ou le
font-ils toujours, sans idée de derrière
la tête, sans chercher à assouvir des
intérêts de parti qui ressemblent à des
ambitions personnelles ?
La proclamation des différents
groupements communistes auxquels
se sont joints MM. Guesde et Vaillant,
et qui forme une scission dans le parti
socialiste, nous prouve combien d’es
prits ne se sont pas rendu compte, à
l’heure même du danger, qu’il est des
nécessités primordiales que l’on doit
faire passer avant l’intransigeance des
partis. C’est là, en effet, une question
de principe à poser. La République
démocratique bien entendue réclame
l’union de tous sur un objectif com
mun, sur des mesures communes à
réaliser, laissant de coté les accep
tions personnelles, provisoirement.
Là, se trouve l’unique tactique. Des
hommes comme Jaurès, Millerand,
Viviani Font si bien compris qu’ils ont
encouru de leurs anciens alliés un
blâme que leurs convictions profondes,
à cet endroit, leur permettront de sup
porter aisément.
Dans les assauts successifs que la
forteresse républicaine a eu à suppor
ter, l’on s’est contenté de combler tant
bien que mal les brèches qui s’ou
vraient, et si elle reste encore debout,
cela tient certainement moins à la qua
lité des défenseurs qu’à la défection
des assaillants, toujours unis pour
l’attaque, mais qui se dévorent entre
eux quand il s’agit de partager le
gâteau ; Déroulède et de Cassagnac se
chargent de le démontrer. On ne peut
pourtant toujours faire la guerre sans
préjudice pour l’existence sociale du
peuple.
Eh bien ! il faut organiser la Répu
blique de telle sorte qu’elle pénètre
profondément dans les consciences. Il
faut l’organiser par de sages institu
tions pour qu’elle se défende d’elle-
même, bravant la routine et les an
ciennes divergences d’école.
Là est le salut.
Alf. HENRI.
LES CRIMES DU
GÉNÉRAL DE PELLIEUX
Sous ce titre, notre confrère le Siècle
rappelle qu’il a posé, il y a une quin
zaine de jours, les questions suivantes
auxquelles il n’a pas été répondu :
« Le général Duchesne a-t-il en
tendu les témoins essentiels del’affaire
Pellieux ?
« A-t-il entendu le colonel Ficquart ?
te A-t-il entendu du Paty, Gonse,
Boidefîre ?
« A-t-il entendu M. Christian Es-
terhazy sur les faits révélés par ce
témoin, à l’instruction ouverte au
sujet des dépêches Blanche et Speranza?
« A-t-il fait citer M. Walsin-Ester-
hazy au su et au vu des lettres trouvées
dans lapotiebe japonaise.
« A-t-il entendu M. le juge d’ins
truction Bertulus et le Père Du Lac ?
« Non, n’est-ce pas? Donc l’enquête
ne peut être close, à moins que M.
de Pellieux n’ai purement et simple
ment avoué ».
Le serment gardé par le général Du
chesne doit-il être interprété dans le
sens d’une complaisance coupable à
l’égard de « l’accusé » de Pellieux sur
la conduite de qui il a reçu mission de
I procéder à une enquête ;
On est en droit de le croire, si l’on
songe que, jusqu’à ce jour, M. Du
chesne n’a convoqué aucun des té
moins dont les noms précèdent.
Nous savons de longue date que les
« haut galonnés », comme les loups,
ne se mangent pas entre eux ; mais il
y a des cas où la bienveillance devient
un vrai crime social.
Et si le général Duchesne — : pour
des raisonsque nous comprenons,mais
qui excusent médiocrement sa fai
blesse — n’a pas le courage de pour
suivre jusqu’au bout la recherche de
la vérité au sujet des agissements de
M. de Pellieux, qu’il le dise franche
ment et qu’il passe la main à un autre
moins pussillanime.
Mais, en présence des accusations
formelles qui ont été publiquement
formulées contre l’officier général qui,
aux termes de ces accusations — ap
puyées sur des documents — s’est
rendu « complice du traître Esterhazy
en employant toute la puissance mise
à sa disposition pour détourner le
cours de la justice », il est impossible
que l’on se contente d'une enquête
sommaire et superficielle.
La vérité entière doit être connue.
Elle le sera, en dépit des fanfaron
nades de M. de Pellieux, elle le sera,
au besoin, contre la volonté même de
M. le général Duchesne.
A. B.
L’EXPULSION DES JÉSUITES
Nous tenons à la disposition de nos
lecteurs et amis des listes de pétition
pour l’expulsion des jésuites et des
congrégations non autorisées.
Dans l’intérêt de la France et de
la République contre lesquelles ne
cessent sournoisement de travailler
les membres des associations reli
gieuses, nous engageons vivement
tous ceux qui ont réellement l’amour
de notre pays comme celui de la
liberté, à ne pas hésiter à signer cette
pétition qui nous délivrera de cette
horde barbare, ennemie du progrès et
de la civilisation.
Le Parti Socialiste et la crise
Le « Conseil national » du Parti
Ouvrier français, la « Commission
administrative » du Parti socialiste
révolutionnaire et « les secrétaires et
les élus » de Y Alliance communiste
révolutionnaire viennent d’éprouver le
besoin de manifester.
Contre qui ? contre la bourgeoisie
capitaliste et le cléricalisme ?
Point du tout.
Le Capital et l’Eglise peuvent
abrutir et opprimer tranquillement
les travailleurs ; c’est à Millerand,
c’est à Jaurès, c’est à Yiviani, c’est à
Fournière, c’est à tous les indépen
dants qui ne veulent pas enfermer le
socialisme dans un dogme, que s’en
prennent les rédacteurs du manifeste
en question.
En s’interdisant de jamais partici
per au gouvernement tant que la
société n’aura pas été transformé de
fond en comble, les socialistes intran
sigeants renoncent aux réformes pro
gressives et s’acculent eux-mêmes
dans une impasse.
Pour être conséquents, les auteurs
du manifeste devraient adhérer aux
doctrines libertaires, mépriser les
« votards », dédaigner les mandats
électifs et souhaiter que l’excès du
mal provoque une explosion de haines
et une effusion de sang.
Mais les dissidents sont gens trop
avisés pour prendre un parti aussi
extrême ; eux aussi, bien qu’ils s v en
défendent avec indignation, vou
draient ménager leur situation, et l’on
sent la place que tiennent dans leur
manifeste les préoccupations électo
rales et même la jalousie que leur
cause l’influence des camarades excom
muniés.
On peut donc croire que les socia
listes ne prendront pas cette manifes
tation trop au sérieux.
Quant aux radicaux-socialistes, très
désintéressés dans la question, ils ne
peuvent que louer Millerand d’avoir
pris le pouvoir, car ils sont persuadés
qu’il saura en user dans l’intérêt de la
justice sociale. D.
DEUX REMARQUES
Avant d’indiquer les mesures né
cessaires à prendre pour lutter contre
le péril prêtre, je crois utile de faire
deux remarques.
La première porte sur la différence
qui existe, parait-il, entre le cléri
calisme et le catholicisme. De l’avis
de certains, nous devons combattre
le premier, mais respecter scrupuleuse
ment le second. Rien de plus faux
selon moi. Il faut cesser de prolonger
cette équivoque sous peine de contri
buer, à organiser la décadence irré
médiable de notre nation.
Constatons que le clérical et le ca
tholique ont le même but : la gran
deur de l’Eglise et que, pour atteindre
ce but, tous deux tout ce qu’ils peu
vent. Les moyens différent simplement
Le clérical est plus actif ; il multiplie
les œuvres pouvant fortifier son parti ;
il s’agite de son mieux afin de paraly
ser l’action adverse.
Le catholique se contente d’appuyer
de son vote les candidats proposés par
son compère ; sa prudence le tient
hors du combat. Mais l’accord n’en
subsiste pas moins. Ils restent quoi
qu’ils veulent et malgré leurs menson
ges les partisans dévoués de l’absolu
tisme, les ennemis irréductibles de la
liberté.
Ennemis irréductibles de la liberté,
voici ma deuxième remarque. Catho
lique et libéral, sont deux termes qui
s’excluent. Il n’est pas possible qu’il
en soit autrement. Le catholique a
reçu, sous forme de mystères qu’il n’a
pas le droit et le pouvoir de pénétrer
le dépôt de la vérité. Dieu, par l’en
tremise de l’Eglise, lui a toht révélé
en lui interdisant formellement le
doute. L’obéissance absolue est la base
du système clérical ; il faut croire
toujours. Aussi le catholique n’existe-
il pas comme individu pensant cons
cient. Il a abandonné ses droits pour
en faire don à l’autorité suprême qui
sait seule ce qu’il faut faire.
Conséquemment, s’il est sincère,
s’il est logique, il ne peut comprendre
la liberté, surtout pour ses adversai
res.
Lui seul possède la Vérité. Il a de
vant lui l’Erreur, la rébellion contre
les lois divines, pour tout dire, Satan.
S’il se résigne à laisser jouir ses en
nemis politiques des droits qu’il pos
sède, soyez certain que c’est par force.
Délégué du Créateur pour imposer la
parole divine, il ne peut voir le ré
gime de la liberté, le régime républi
cain, que comme une transition en
attendant le jour béni où le troupeau
humain sera de nouveau agenouillé
devant le Dieu de Rome.
Or, si le catholicisme consent à être
un organe au lieu d’être un individu,
ad majorem Dei gloriam, il n’en est
pas de même du libéral. Celui-ci pose
en principe « Je pense, donc je suis ».
Il s’aperçoit qu’il existe en tant que
mentabilité, en tant que moralité.
Dès lors, la nécessité de la liberté lui
apparaît. C’est la condition sine qua
non qui lui assurera l’entier exercice
de ses facultés, qui lui permettra de
chercher les connaissances humaines
et divines. Mais, à côté de lui, exis
tent d’autres hommes prétendant éga
lement aux mêmes droits. Qu’on les
leur donne, et voici les limites de la
liberté individuelle posées (puisqu’elle
a pour régulateur la liberté d’autrui);
voici la charte philosophique de la
République, la déclaration des droits
de l’homme, qui entre en valenr.
Je prie le lecteur d’excuser la lon
gueur de ces observations qui peuvent
sembler des redites. Elles m’ont paru
nécessaires. Le clérical ne peut être
républicain, le catholique ne peut être
libéral. C’est antinomique. Il faut se
pénétrer de cet vérités de crainte
d’accueillir nos pires ennemis et de
nous livrer à eux.
Je me proposais aujourd’hui d’in
diquer la aligne de conduite à suivre
dans les circonstances actuelles. Le
manque de place me fait remettre ce
projet à huitaine.
Jean SERC.
m DÉCORÉ SUSPECT
rii'LPÉAC r> ~ v . T- * 1
îiUÏIb oOiiliildS UepillIS long-
temps accoutumés aux mystifications
du Journal Officiel, et nous avons
perdu l’habitude de nous étonner
quand paraît un décret qui décore des
morts ; mais une des nominations que
nous relevons dans l’interminable liste
des chevaliers de la Légion d’honneur
créés hier par le ministre de la guerre,
nous déconcerte un peu.
Il s’agit du commandant Lauth.
Oui, Lauth, qui monta contre le
colonel Picquart le coup du petit bleu ;
Lauth, le collaborateur suspect
d’Henry et de du Paty de Clam ;
Lauth, dont le témoignage a été
considéré comme sans valeur par la
Cour de cassation ;
Lauth, qui aura sans doute des
comptes à rendre dans un délai pro
chain ;
Lauth est décoré.
Et il a dû être bien étonné, bien
ennuyé de cet honneur inattendu qui
l’arrache à son effacement prudem
ment calculé.
Mais qui peut avoir eu l’idée de
décorer le commandant Lauth?
Henry s’est suicidé. Du Paty de
Clam est en prison. A tort ou à rai
son, le commandant Lauth passe pour
avoir machiné avec eux les intrigues
qui ont si mal fini.
S’il a été souçonné injustement, s’il
a été trompé lui-même, qu’on le dise,
qu’on explique ses actes, qu’on jette
une pleine lumière sur le rôle qu’il a
pu jouer inconsciemment. Nous ne de
mandons qu’à trouver un coupable
de moins dans ces tristes affaires.
Mais que, pour toute justification,
le ministre décerne à M. Lauth la
Légion d’honneur, qu’il lui attribue
une distinction enviée et longtemps
attendue, nous avouons que nous ne
comprenons pas.
Cette méprise ne peut s’expliquer
que de deux façons : ou bien le minis
tère Waldeek-Rousseau continue le
système des compensations qui a si
mal réussi à son prédécesseur, ou bien
il y a dans les bureaux de la guerre
quelqu’un qui se moque impudem
ment de son chef le ministre de la
guerre.
Cette seconde explication nous pa
rait la plus vraisemblable d’autant
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