Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1899-06-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 juin 1899 24 juin 1899
Description : 1899/06/24 (N165). 1899/06/24 (N165).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263364m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
Organe du Parti Républicain Démocratique
4
PRIX DES 4B0NNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction F. TilOiniEBEi
L’Luprimeur-Gérant F. LE ROY
EBBng—i—jiii. ui „ itoi mag»i^B'.^i«i!!CTg
1 B
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à
forfait
Le Cabinet est définitivement con
stitué de la façon suivante :
MM.
Présidence du
Conseil et de
l’intérieur..
Affaires étran
gères ..
Waldeck-Rousseau
Delcassé
Guerre ...
Général de Galliffet
Marine
de Lanessan
Agriculture...
Jean Dupuy
Justice
Monis
Commerce....
Millerand
Finances
Caillaux
Instruction...
Leygues
Travaux pu-
blics
Pierre Baudin
Colonies
Decrais
M. Waldeck-Rousseau a présenté
jeudi, à six heures du soir, les nou
veaux ministres à M. Loubet.
M. de Gallifet n’a cédé qu’aux in
stances réitérées et très vives faites
auprès de lui au nom de M. Loubet.
Le sous-secrétariat de l’intérieur
est supprimé.
M. Mougeot garde le sous-secréta-
TÎat des postes et des télégraphes.
Après dix jours d’une crise, au
cours de laquelle les intrigues parle
mentaires ont agi avec un véritable
cynisme, nous avons enfin un minis
tère.
Nous n’entreprendrons pas de
tirer l’horoscope de la nouvelle com
binaison. Nous avons été trompés
tant de fois par ceux qui voulaient se
faire passer pour nos amis, notam
ment par M. Bourgeois, qui a laissé
agir dans notre département des
fonctionnaires que tout le monde
connait, que nous ne voulons pas
juger, sur les noms assez disparates
qui le composent, le ministère qui
succède au gouvernement du triste
et fourbe Dupuy.
Nous attendons pour j uger ce gou
vernement qu’il ait agi. Nous pro
fessons le plus profond mépris pour
les gens qui, comme Rochefort,
l’injurient avant sa déclaration, et
pour les amis de Méline qui annon
cent déjà leur intention de l’inter
peller parce qu’une place a été faite
aux radicaux-socialistes comme Bau
din et Millerand.
Ce ministère nous apparaît, non
comme un ministère de réformes,
mais comme un comité de salut public
et de défense républicaine. Nous
sommes sûrs d’avance, les connais
sant personnellement, que les radi
caux-socialistes qui sont entrés dans
cette combinaison sont gens trop
avisés pour ne pas avoir stipulé, dans
l’intérêt de la République, c’est-à-
dire de la vérité et de la justice, les
conditions de leur concours. Nous
saluons au premier rang notre ami
Millerand, qui compte au Havre de
si solides sympathies.
Sa nomination au ministère du
commerce scandalisera peut-être
certains réactionnaires de notre
Chambre de commerce, mais elle
sera bien accueillie pas tous ceux qui
connaissent la hauteur de vues et
les aptitudes de cet honnête et ferme
républicain.
Le moment est venu d’agir. Cela
explique assez l’inaction de M. Bour
geois et de ses amis. Ils trouvent
peut-être spirituel de jouer un rôle
dans la comédie qui se joue à la
Haye, alors que nous sommes sous
la menace de la guerre civile. Libre
à eux. Mais ils ne seront pas surpris
si la démocratie, lasse de leurs cal
culs ambitieux, leur préfère des
hommes d’action, unis dans une
même pensée de salut républicain.
A l’œuvre donc pour la Répu
blique contre le césarisme !
Magister
SOYONS LOGIQUES
L’état d’insoumission qui règne
dans l’armée et dont les généraux
Metzinger, Hardtschmidt et de La
Rocque, le colonel de Saxcé, avec
d’autres, ont fait la preuve, mérite
d’être réprimé avec vigueur. Les ordres
du jour lus aux troupes par des chefs
qui, sous la prétention de ne pas faire
de politique, adressent à leurs soldats
des appels à la révolte; le refus
d’obéissance du général de La Rocque,
pour- ne prendre que Je dernier acte
commis, appellent des mesures exem
plaires. On a déjà trop attendu, et il
faut se presser d’agir si l’on ne veut
pas que la gangrène qui menace notre
armée s’étende davantage.
L’explosion des menées factieuses
au moment même où le ministère pré
cédent avait abandonné le pouvoir,
est un symptôme qu’il importe de
retenir, parce qu’il prouve bien que
les fauteurs de coup d’Etat comptaient
sur l’impunité. L’on doit leur enlever
cette chimère. Il suffira de casser, sans
pitié ni merci, quelques rebelles aux
décisions du pouvoir civil et de décou
dre quelques galons pour faire rentrer
les uns et les autres dans la voie de
l’obéissance et de l’ordre.
Que ne s’empresse-t-on, aussi, de
faire cesser la tournée outrecuidante
du commandant Marchand en France ?
Après les bords de la Méditerranée,
les arrêts prolongés dans différentes
villes où l’on toaste et pérore sur
• l’affaire Dreyfus, qu’allait-on faire à
Rennes sinon chercher les acclama
tions de la foule ? Je sais bien que le
guerrier de Fachoda n’est pas seul
coupable et qu’il faut en la circon
stance rendre le peuple responsable
de ce qui arrive, ou de ce qui pourrait
arriver. Quel besoin les populations
ont-elles de se forger des maîtres sous
le couvert de manifestations de joie,
de témoignages de satisfaction qu’elles
n’ont pas à décerner ? Je ne tiens pas
ici à diminuer le mérite propre du
commandant Marchand, mais que la
foule laisse au gouvernement le soin
de récompenser par des croix ou par
l’avancement la valeur réelle des ser
vices rendus au pays. Ce serait plus
logique et moins dangereux, moins à
la portée des bandes nationalistes qui
cherchent toujours quelque terre-
neuve pour les repêcher dans les
marais de fange où elles se sont em
bourbées.
Tandis que la réaction, d’un œil
attentif, cherche le moment propice
de tirer parti d’un mouvement plé
biscitaire à la Déroulède pour ter
rasser la République en prétextant
n’atteindre que le régime parlemen
taire.
Nous avons maintenant un gou
vernement. Que sera-t-il? On a voulu
d’abord réconcilier les différentes frac
tions du parti républicain devant les
dangers de l’heure présente. Y par
viendra-t-on ? Pour que le ministère
soit viable, il est incontestable qu’il
réclame l’unité d’action, dans laquelle
peuvent se rencontrer un modéré
comme M. Waldeck-Rousseau avec
un extrême-gaucher comme M. Mille
rand. Il a besoin surtout de volonté
et d’énergie d’abord. Puis, pour que
son passage aux affaires soit fécond,
il reste indispensable d’abandonner la
politique du fusil de M. Dupuy,
l’arme tantôt à droite, tantôt à gauche
et vice-versâ. Cessons cette politique
de circonstance qui est le propre, non
pas de la méthode, mais des pratiques
opportunistes. Revenons aux grands
principes de gouvernement, à la vue
droite et large qui s’élève au-dessus
des mesquines préoccupations de
groupes ou de sous-groupes, pour
n’envisager que les questions géné
rales, vastes et profondes, qui englo
bent la fortune et l’existence d’un
peuple. Telles sont les opinions qui
me hantent en apprenant la consti
tution du cabinet.
M. de Galiffet à la guerre ? Je lui
aurais préféré M. Waldeck-Rousseau.
Il a, toutefois, la réputation d’un
sabreur et dans ce sens, il peut travail
ler, la ùêaugitiè dû mdiîqüe pas : Sa
brer le sabre ». Son nom possède un
certain prestige devant l’armée, ce qui
n’est pas à dédaigner. Son attitude a
paru crâne devant la Cour de Cassa
tion. Mais, voudra-t-il les réparations
nécessaires à l’immeuble qui s’effrite
rue Saint-Dominique ? Convient-il de
taire les rancunes du passé, oui ou
non ? Attendons.
Au pied du mur, nous jugerons le
maçon.
Alf. HENRI.
MM. RISPAL ET BRÏNDEAD
et le Permanganate de potasse
Il est toujours intéressant de s’en
tretenir des affaires de son pays ; on
aime ordinairement à revenir sans
cesse sur les causes de prospérité ou
de décadence de la ville qu’on habite,
c’est pourquoi je n’hésite pas à repar
ler de cette dernière séance de la
Chambre dans laquelle, MM. Rispal
et Brindeau, ont donné la mesure de
la sympathie qu’ils possèdent pour
leurs concitoyens.
Un projet de loi portant les droits
douane sur le permanganate de potasse
à 55 francs au tarif général, à 35 francs
au tarif minimum ayant été dép osé par
les deux honorables députés havrais,
la Chambre syndicale des fabricants
de produits chimiques avait, tout der
nièrement, exposé au Ministre des
finances ainsi qu’à la Commission des
douanes, les dangers qui pourraient
résulter, pour l’industrie française, du
vote de cette loi.
Croyez-vous que les sages avertisse
ments de la Chambre syndicale furent
pris en considération par MM. Rispal
et Brindeau ? Pensez-vous que les élus
songèrent, en la circonstance, aux
intérêts de leurs électeurs ? Jamais un
seul instant cette grave question n’a
préoccupé l’esprit de ces deux députés
fin de siècle.
Qn’on en juge par le compte rendu
suivant :
Au lendemain du Grand-Prix, alors
que l’atmosphère du Palais-Bourbon était
pleine d’orageux effluves, M. Dubochet,
rapporteur, au milieu de l’inattention gé
nérale, demande l’urgence : pas d’apposi
tion — pas de discussion générale — on
pensait à bien autre chose. On passe au
vote. Le pauvre permaganate reste sur le
carreau — avec 95 voix. — Rispal et
Brindeau en obtiennent 344, dont celle
de M. Georges Berger.
Et voyez quel regard perspicace nos
deux dessaisissants avaient jeté sur leur
circonscription ! — La seule usine, ou à
peu près, où on tente, en France, la fa
brication du permanganate de potasse est
située au Havre.
Yoilà comment MM. Rispal et Brin
deau prennent en mains les intérêts
de notre ville ; il est bon qu’on le
sache, on ne criera jamais trop.
Et dire que ces charmants députés,
pendant trois années encore, confec-
tionreront les boulettes indigestes
qu’ils font avaler à leurs concitoyens.
Félix Thommeret.
L’EXPULSION DES JÉSUITES
Pétition à la Chambre des Députés
Une pétition à la Chambre des dé
putés, demandant l’application du
décret du 30 mars 1880 portant disso
lution de l’ordre des Jésuites et des
congrégations religieuses, circule en
ce moment dans toute la Fran^ et se
couvre rapidement de signatures.
Nous engageons vivement nos con
citoyens à se joindre aux fervents ré
publicains pour demander l’expulsion
de ces religieux qui sont un obstacle
des plus sérieux à la grandeur et à la
propérité de la nation française.
Voici le texte du décret du 30 mars
1880 et de la pétition :
Article 1 er . — Un délai de trois mois, à
dater du présent décret, est accordé à
l’agrégation ou association non autorisée,
dite de Jésus, pour se dissoudre, en exé
cution des lois ci-dessus visées, et éva
cuer les établissements qu’elle occupe sur
la surface du territoire de la République.
Ce délai sera prolongé jusqu’au 31 août
1880 pour les établissements dans les
quels renseignement littéraire ou scienti
fique est donné, par les soins de l’associa
tion, à la jeunesse.
Art. 2. — Le ministre de l’intérieur et
des cultes et le garde des sceaux, ministre
de la justice, sont chargés, chacun en ce
qui le concerne, de l’exécution du présent
décret qui sera inséré au Bulletin des
Lois et au Journal Officiel.
Ce décret n’a pas été rapporté, mais
il n’est pas exécuté. Jamais les jé
suites n’ont tenté des entreprises
aussi audacieuses contre la Répu
blique que celles pour lesquelles ils se
livrent à l’embauchage impudent d’of
ficiers, de soldats, de magistrats, de
bandes antisémites et nationalistes.
En état de conspiration perma
nente contre nos institutions, achar
nés à déconsidérer les hommes qui
peuvent les défendre, ils ne reculent
devant rien pour mêttre à la place de
la République parlementaire et libé
rale un sauveur quelconque, roi, em
pereur ou dictateur, qui serait un ins
trument entre leurs mains.
Pour atteindre ce but, ils ont
compté parmi les plus actifs agents
du boulangisme.
Us ont considéré que par l’antisé
mitisme, ils pouvaient frapper, après
les juifs, les protestants, les francs-
maçons, les libre-penseurs; ils ont
inspiré et soutenu Drumont, ils ont
fait fonder la Libre Parole par M.
Odelin, frère du vicaire général de
l’archevêché de Paris, ancien admi
nistrateur de leurs établissements, de
1882 à 1890.
A la veille des élections de 1893,
ils ont engagé la campagne dite du
Panama, afin d’englober tous les par
lementaires dans le discrédit qui pou
vait frapper quelques-uns d’entre eux;
et nous les voyons, aujourd’hui, re
nouveler cette campagne de calomnies
contre le Président de la République,
M. Loubet.
Désespérant, malgré tous leurs
efforts, de conquérir le suffrage uni
versel, ils veulent être les maîtres de
1 armee, et pour que leur autorité y
demeure incontestée, ils ont pour
suivi le but d’en éliminer les juifs,
dont ils feraient suivre l’exode par les
autres officiers qui refusent leur tu
telle et résistent à leur tyrannie.
L’affaire Crémieux-Foa est le premier
épisode de cette campagne ; l’affaire
Dreyfus en est le second. Malgré toute
son habileté, le P. Du Lac n’a pu
dissimuler son intervention dans les
manœuvres les plus abominables fai
tes pour maintenir la condamnation
de Dreyfus, perdre Picquart et sauver
Esterhazy.
Dans l’armée, les élèves des jé
suites forment une société secrète,
destinée à soutenir ses affiliés, à per
sécuter les indépendants. Ils peuplent
ainsi les hauts grades, se rendant
maîtres du commandemprit; et il est
de bon ton que des commandants de
corps d’armée, des officiers supérieurs
les choisissent comme éducateurs de
leurs fils.
On sait que les jésuites ne relèvent
pas des évêques, mais qu’ils ne relè
vent que du pape ; leur histoire prouve
qu ils ne reculent devant aucun
moyen, si monstrueux et si criminel
qu’il soit, qui puisse servir leurs inté
rêts et assurer leur domination.
Leur politique a un tel caractère
que des pays libres comme la Suisse,
après avoir garanti dans leur Contitu-
tion la liberté d’association y ont in
séré une disposition spéciale contre les
jésuites.
Jamais les partisans de la liberté
d’association ne Vont réclamée pour les
associations de malfaiteurs ; et il est
impossible de ne pas considérer comme
tel Vordre des jésuites.
En conséquence, Messieurs les dé
putés, nous avons l’honneur de vous
adresser la pétition suivante, espérant
que vous y ferez un aussi bon accueil
que la Chambre des députés de 1828
fit à une pétition semblable :
Les soussignés demandent l’applica
tion du décret du 30 mars1880
portant dissolution de l’ordre des
jésuites, decret gui n a jamais été rap
porté.
LE
Dimanche des Employés Havrais
(Suite)
La réunion des patrons
La réunion tenue lundi dernier par
le Syndicat des patrons et les com
merçants non-syndiqués, sous la pré
sidence de M. Malandain, a tourné
à la confusion et, malgré le vote
acquis et l’ordre du jour adopté, il est
impossible de dégager une idée géné
rale sur 1 ensemble de la discussion,
sinon le heurt des intérêts contraires
dans une Assemblée qui ne compre
nait pas plus de 70 assistants.
La première question posée :
« Doit-on reprendre sa liberté indi
viduelle ?» a été votée par 44 voix
sui 66 votants. Mais, on nous permet
tra d’objecter qu’il y a là, sans doute
méprise. En effet, la liberté des com
merçants n a pas été engagée en
I
4
PRIX DES 4B0NNEMENTS
Le Havre et la Seine-Inférieure par an
Départements »
3 fr.
4 fr.
15,
ADMINISTRATION ET RÉDACTION
RUE GASIMIR-PÉRIER,
Secrétaire de la Rédaction F. TilOiniEBEi
L’Luprimeur-Gérant F. LE ROY
EBBng—i—jiii. ui „ itoi mag»i^B'.^i«i!!CTg
1 B
Prix des Insertions :
Annonces 25 centimes la ligne
Réclames 50 j>
On traite à
forfait
Le Cabinet est définitivement con
stitué de la façon suivante :
MM.
Présidence du
Conseil et de
l’intérieur..
Affaires étran
gères ..
Waldeck-Rousseau
Delcassé
Guerre ...
Général de Galliffet
Marine
de Lanessan
Agriculture...
Jean Dupuy
Justice
Monis
Commerce....
Millerand
Finances
Caillaux
Instruction...
Leygues
Travaux pu-
blics
Pierre Baudin
Colonies
Decrais
M. Waldeck-Rousseau a présenté
jeudi, à six heures du soir, les nou
veaux ministres à M. Loubet.
M. de Gallifet n’a cédé qu’aux in
stances réitérées et très vives faites
auprès de lui au nom de M. Loubet.
Le sous-secrétariat de l’intérieur
est supprimé.
M. Mougeot garde le sous-secréta-
TÎat des postes et des télégraphes.
Après dix jours d’une crise, au
cours de laquelle les intrigues parle
mentaires ont agi avec un véritable
cynisme, nous avons enfin un minis
tère.
Nous n’entreprendrons pas de
tirer l’horoscope de la nouvelle com
binaison. Nous avons été trompés
tant de fois par ceux qui voulaient se
faire passer pour nos amis, notam
ment par M. Bourgeois, qui a laissé
agir dans notre département des
fonctionnaires que tout le monde
connait, que nous ne voulons pas
juger, sur les noms assez disparates
qui le composent, le ministère qui
succède au gouvernement du triste
et fourbe Dupuy.
Nous attendons pour j uger ce gou
vernement qu’il ait agi. Nous pro
fessons le plus profond mépris pour
les gens qui, comme Rochefort,
l’injurient avant sa déclaration, et
pour les amis de Méline qui annon
cent déjà leur intention de l’inter
peller parce qu’une place a été faite
aux radicaux-socialistes comme Bau
din et Millerand.
Ce ministère nous apparaît, non
comme un ministère de réformes,
mais comme un comité de salut public
et de défense républicaine. Nous
sommes sûrs d’avance, les connais
sant personnellement, que les radi
caux-socialistes qui sont entrés dans
cette combinaison sont gens trop
avisés pour ne pas avoir stipulé, dans
l’intérêt de la République, c’est-à-
dire de la vérité et de la justice, les
conditions de leur concours. Nous
saluons au premier rang notre ami
Millerand, qui compte au Havre de
si solides sympathies.
Sa nomination au ministère du
commerce scandalisera peut-être
certains réactionnaires de notre
Chambre de commerce, mais elle
sera bien accueillie pas tous ceux qui
connaissent la hauteur de vues et
les aptitudes de cet honnête et ferme
républicain.
Le moment est venu d’agir. Cela
explique assez l’inaction de M. Bour
geois et de ses amis. Ils trouvent
peut-être spirituel de jouer un rôle
dans la comédie qui se joue à la
Haye, alors que nous sommes sous
la menace de la guerre civile. Libre
à eux. Mais ils ne seront pas surpris
si la démocratie, lasse de leurs cal
culs ambitieux, leur préfère des
hommes d’action, unis dans une
même pensée de salut républicain.
A l’œuvre donc pour la Répu
blique contre le césarisme !
Magister
SOYONS LOGIQUES
L’état d’insoumission qui règne
dans l’armée et dont les généraux
Metzinger, Hardtschmidt et de La
Rocque, le colonel de Saxcé, avec
d’autres, ont fait la preuve, mérite
d’être réprimé avec vigueur. Les ordres
du jour lus aux troupes par des chefs
qui, sous la prétention de ne pas faire
de politique, adressent à leurs soldats
des appels à la révolte; le refus
d’obéissance du général de La Rocque,
pour- ne prendre que Je dernier acte
commis, appellent des mesures exem
plaires. On a déjà trop attendu, et il
faut se presser d’agir si l’on ne veut
pas que la gangrène qui menace notre
armée s’étende davantage.
L’explosion des menées factieuses
au moment même où le ministère pré
cédent avait abandonné le pouvoir,
est un symptôme qu’il importe de
retenir, parce qu’il prouve bien que
les fauteurs de coup d’Etat comptaient
sur l’impunité. L’on doit leur enlever
cette chimère. Il suffira de casser, sans
pitié ni merci, quelques rebelles aux
décisions du pouvoir civil et de décou
dre quelques galons pour faire rentrer
les uns et les autres dans la voie de
l’obéissance et de l’ordre.
Que ne s’empresse-t-on, aussi, de
faire cesser la tournée outrecuidante
du commandant Marchand en France ?
Après les bords de la Méditerranée,
les arrêts prolongés dans différentes
villes où l’on toaste et pérore sur
• l’affaire Dreyfus, qu’allait-on faire à
Rennes sinon chercher les acclama
tions de la foule ? Je sais bien que le
guerrier de Fachoda n’est pas seul
coupable et qu’il faut en la circon
stance rendre le peuple responsable
de ce qui arrive, ou de ce qui pourrait
arriver. Quel besoin les populations
ont-elles de se forger des maîtres sous
le couvert de manifestations de joie,
de témoignages de satisfaction qu’elles
n’ont pas à décerner ? Je ne tiens pas
ici à diminuer le mérite propre du
commandant Marchand, mais que la
foule laisse au gouvernement le soin
de récompenser par des croix ou par
l’avancement la valeur réelle des ser
vices rendus au pays. Ce serait plus
logique et moins dangereux, moins à
la portée des bandes nationalistes qui
cherchent toujours quelque terre-
neuve pour les repêcher dans les
marais de fange où elles se sont em
bourbées.
Tandis que la réaction, d’un œil
attentif, cherche le moment propice
de tirer parti d’un mouvement plé
biscitaire à la Déroulède pour ter
rasser la République en prétextant
n’atteindre que le régime parlemen
taire.
Nous avons maintenant un gou
vernement. Que sera-t-il? On a voulu
d’abord réconcilier les différentes frac
tions du parti républicain devant les
dangers de l’heure présente. Y par
viendra-t-on ? Pour que le ministère
soit viable, il est incontestable qu’il
réclame l’unité d’action, dans laquelle
peuvent se rencontrer un modéré
comme M. Waldeck-Rousseau avec
un extrême-gaucher comme M. Mille
rand. Il a besoin surtout de volonté
et d’énergie d’abord. Puis, pour que
son passage aux affaires soit fécond,
il reste indispensable d’abandonner la
politique du fusil de M. Dupuy,
l’arme tantôt à droite, tantôt à gauche
et vice-versâ. Cessons cette politique
de circonstance qui est le propre, non
pas de la méthode, mais des pratiques
opportunistes. Revenons aux grands
principes de gouvernement, à la vue
droite et large qui s’élève au-dessus
des mesquines préoccupations de
groupes ou de sous-groupes, pour
n’envisager que les questions géné
rales, vastes et profondes, qui englo
bent la fortune et l’existence d’un
peuple. Telles sont les opinions qui
me hantent en apprenant la consti
tution du cabinet.
M. de Galiffet à la guerre ? Je lui
aurais préféré M. Waldeck-Rousseau.
Il a, toutefois, la réputation d’un
sabreur et dans ce sens, il peut travail
ler, la ùêaugitiè dû mdiîqüe pas : Sa
brer le sabre ». Son nom possède un
certain prestige devant l’armée, ce qui
n’est pas à dédaigner. Son attitude a
paru crâne devant la Cour de Cassa
tion. Mais, voudra-t-il les réparations
nécessaires à l’immeuble qui s’effrite
rue Saint-Dominique ? Convient-il de
taire les rancunes du passé, oui ou
non ? Attendons.
Au pied du mur, nous jugerons le
maçon.
Alf. HENRI.
MM. RISPAL ET BRÏNDEAD
et le Permanganate de potasse
Il est toujours intéressant de s’en
tretenir des affaires de son pays ; on
aime ordinairement à revenir sans
cesse sur les causes de prospérité ou
de décadence de la ville qu’on habite,
c’est pourquoi je n’hésite pas à repar
ler de cette dernière séance de la
Chambre dans laquelle, MM. Rispal
et Brindeau, ont donné la mesure de
la sympathie qu’ils possèdent pour
leurs concitoyens.
Un projet de loi portant les droits
douane sur le permanganate de potasse
à 55 francs au tarif général, à 35 francs
au tarif minimum ayant été dép osé par
les deux honorables députés havrais,
la Chambre syndicale des fabricants
de produits chimiques avait, tout der
nièrement, exposé au Ministre des
finances ainsi qu’à la Commission des
douanes, les dangers qui pourraient
résulter, pour l’industrie française, du
vote de cette loi.
Croyez-vous que les sages avertisse
ments de la Chambre syndicale furent
pris en considération par MM. Rispal
et Brindeau ? Pensez-vous que les élus
songèrent, en la circonstance, aux
intérêts de leurs électeurs ? Jamais un
seul instant cette grave question n’a
préoccupé l’esprit de ces deux députés
fin de siècle.
Qn’on en juge par le compte rendu
suivant :
Au lendemain du Grand-Prix, alors
que l’atmosphère du Palais-Bourbon était
pleine d’orageux effluves, M. Dubochet,
rapporteur, au milieu de l’inattention gé
nérale, demande l’urgence : pas d’apposi
tion — pas de discussion générale — on
pensait à bien autre chose. On passe au
vote. Le pauvre permaganate reste sur le
carreau — avec 95 voix. — Rispal et
Brindeau en obtiennent 344, dont celle
de M. Georges Berger.
Et voyez quel regard perspicace nos
deux dessaisissants avaient jeté sur leur
circonscription ! — La seule usine, ou à
peu près, où on tente, en France, la fa
brication du permanganate de potasse est
située au Havre.
Yoilà comment MM. Rispal et Brin
deau prennent en mains les intérêts
de notre ville ; il est bon qu’on le
sache, on ne criera jamais trop.
Et dire que ces charmants députés,
pendant trois années encore, confec-
tionreront les boulettes indigestes
qu’ils font avaler à leurs concitoyens.
Félix Thommeret.
L’EXPULSION DES JÉSUITES
Pétition à la Chambre des Députés
Une pétition à la Chambre des dé
putés, demandant l’application du
décret du 30 mars 1880 portant disso
lution de l’ordre des Jésuites et des
congrégations religieuses, circule en
ce moment dans toute la Fran^ et se
couvre rapidement de signatures.
Nous engageons vivement nos con
citoyens à se joindre aux fervents ré
publicains pour demander l’expulsion
de ces religieux qui sont un obstacle
des plus sérieux à la grandeur et à la
propérité de la nation française.
Voici le texte du décret du 30 mars
1880 et de la pétition :
Article 1 er . — Un délai de trois mois, à
dater du présent décret, est accordé à
l’agrégation ou association non autorisée,
dite de Jésus, pour se dissoudre, en exé
cution des lois ci-dessus visées, et éva
cuer les établissements qu’elle occupe sur
la surface du territoire de la République.
Ce délai sera prolongé jusqu’au 31 août
1880 pour les établissements dans les
quels renseignement littéraire ou scienti
fique est donné, par les soins de l’associa
tion, à la jeunesse.
Art. 2. — Le ministre de l’intérieur et
des cultes et le garde des sceaux, ministre
de la justice, sont chargés, chacun en ce
qui le concerne, de l’exécution du présent
décret qui sera inséré au Bulletin des
Lois et au Journal Officiel.
Ce décret n’a pas été rapporté, mais
il n’est pas exécuté. Jamais les jé
suites n’ont tenté des entreprises
aussi audacieuses contre la Répu
blique que celles pour lesquelles ils se
livrent à l’embauchage impudent d’of
ficiers, de soldats, de magistrats, de
bandes antisémites et nationalistes.
En état de conspiration perma
nente contre nos institutions, achar
nés à déconsidérer les hommes qui
peuvent les défendre, ils ne reculent
devant rien pour mêttre à la place de
la République parlementaire et libé
rale un sauveur quelconque, roi, em
pereur ou dictateur, qui serait un ins
trument entre leurs mains.
Pour atteindre ce but, ils ont
compté parmi les plus actifs agents
du boulangisme.
Us ont considéré que par l’antisé
mitisme, ils pouvaient frapper, après
les juifs, les protestants, les francs-
maçons, les libre-penseurs; ils ont
inspiré et soutenu Drumont, ils ont
fait fonder la Libre Parole par M.
Odelin, frère du vicaire général de
l’archevêché de Paris, ancien admi
nistrateur de leurs établissements, de
1882 à 1890.
A la veille des élections de 1893,
ils ont engagé la campagne dite du
Panama, afin d’englober tous les par
lementaires dans le discrédit qui pou
vait frapper quelques-uns d’entre eux;
et nous les voyons, aujourd’hui, re
nouveler cette campagne de calomnies
contre le Président de la République,
M. Loubet.
Désespérant, malgré tous leurs
efforts, de conquérir le suffrage uni
versel, ils veulent être les maîtres de
1 armee, et pour que leur autorité y
demeure incontestée, ils ont pour
suivi le but d’en éliminer les juifs,
dont ils feraient suivre l’exode par les
autres officiers qui refusent leur tu
telle et résistent à leur tyrannie.
L’affaire Crémieux-Foa est le premier
épisode de cette campagne ; l’affaire
Dreyfus en est le second. Malgré toute
son habileté, le P. Du Lac n’a pu
dissimuler son intervention dans les
manœuvres les plus abominables fai
tes pour maintenir la condamnation
de Dreyfus, perdre Picquart et sauver
Esterhazy.
Dans l’armée, les élèves des jé
suites forment une société secrète,
destinée à soutenir ses affiliés, à per
sécuter les indépendants. Ils peuplent
ainsi les hauts grades, se rendant
maîtres du commandemprit; et il est
de bon ton que des commandants de
corps d’armée, des officiers supérieurs
les choisissent comme éducateurs de
leurs fils.
On sait que les jésuites ne relèvent
pas des évêques, mais qu’ils ne relè
vent que du pape ; leur histoire prouve
qu ils ne reculent devant aucun
moyen, si monstrueux et si criminel
qu’il soit, qui puisse servir leurs inté
rêts et assurer leur domination.
Leur politique a un tel caractère
que des pays libres comme la Suisse,
après avoir garanti dans leur Contitu-
tion la liberté d’association y ont in
séré une disposition spéciale contre les
jésuites.
Jamais les partisans de la liberté
d’association ne Vont réclamée pour les
associations de malfaiteurs ; et il est
impossible de ne pas considérer comme
tel Vordre des jésuites.
En conséquence, Messieurs les dé
putés, nous avons l’honneur de vous
adresser la pétition suivante, espérant
que vous y ferez un aussi bon accueil
que la Chambre des députés de 1828
fit à une pétition semblable :
Les soussignés demandent l’applica
tion du décret du 30 mars1880
portant dissolution de l’ordre des
jésuites, decret gui n a jamais été rap
porté.
LE
Dimanche des Employés Havrais
(Suite)
La réunion des patrons
La réunion tenue lundi dernier par
le Syndicat des patrons et les com
merçants non-syndiqués, sous la pré
sidence de M. Malandain, a tourné
à la confusion et, malgré le vote
acquis et l’ordre du jour adopté, il est
impossible de dégager une idée géné
rale sur 1 ensemble de la discussion,
sinon le heurt des intérêts contraires
dans une Assemblée qui ne compre
nait pas plus de 70 assistants.
La première question posée :
« Doit-on reprendre sa liberté indi
viduelle ?» a été votée par 44 voix
sui 66 votants. Mais, on nous permet
tra d’objecter qu’il y a là, sans doute
méprise. En effet, la liberté des com
merçants n a pas été engagée en
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