Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-07-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 juillet 1894 21 juillet 1894
Description : 1894/07/21 (N154). 1894/07/21 (N154).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263353t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/05/2019
4 e Année — ? Thermidor An 102 — lï° 154
ORGANE RÉPUBLICAIN-SOCIALISTE INDÉPENDANT
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre....
Départements.
3 fr.
4 fr.
2 fr.
2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉBIRR, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Terreur sons
LA TERREUR
sous la troisième République
Quand paraîtront ces lignes, la République
aura reçu une grave atteinte.
Descendants des fiers Gaulois, fils des
Francs, nobles rejetons des Preux, successeurs
des héros de la Révolution française, tous
sans distinction seront devenus les esclaves
d’un propriétaire de mines et de son valet,
ancien pion et fils de larbin.
La prétendue loi contre l’anarchisme,
instrument destiné à supprimer la Presse hon
nête et indépendante — l’honneur et la gloire
de notre pays — aura réduit au silence les
défenseurs du peuple.
Pauvre Patrie ! tes maîtres feront de toi ce
qu’ils voudront ; tu seras uii vaste champ
d’exploitation, un fief où les membres du
gouvernement régneront sans conteste ; nous
veirons refleurir les beaux jours de la Féoda
lité, avec cette différence que nos seigneurs, au
lieu d’être des soldats bardés de fer exposant
courageusement leur vie pour la défense du
sol, seront un étrange mélange de parvenus,
de banquiers ventripotents, de non-lieu pana-
mistes et de prêteurs à la petite semaine.
Ce np eom pae F épée à la main et le heaume
en tête qu’ils défendront leurs prétentions ;
jamais on ne les verra dans la mêlée. Cachés
derrière les argousins, ils attendront que leurs
séides aient terrassé le citoyen qu’ils voudront
envoyer aux galères avant d’oser affronter
son regard méprisant.
Cette loi contre la Presse, loi inique entre
toutes, qu’une majorité servile et bête votera
probablement, nous ramènera aux atrocités
de la Terreur.
N’est-ii pas curieux de voir tuer le journa
lisme par des gens qui, chaque jour, se récla
ment de Gambetta ? Le grand patriote passa
;sa vie à obtenir une liberté que ses disciples
vont faire disparaître en son nom.
Et ces gens-là osent parler de jésuitisme,
ils osent attaquer quelqu’un ?
Mais regardez-vous donc ! Et dites-vous de
quel côté sont les hypocrites.
Avec une allure de sacristain, qu’ex
plique suffisamment ses attaches monar
chiques, le gouvernement veut un semblant
de légalité.
Pour la forme, il demande au Parlement
un moyen qui lui permette de se débarrasser
de tout censeur, de tout citoyen gênant.
Il se méfie du Jury ; il a peur de n’avoir
pas assez d’influence sur lui ; peur surtout
que, jugeant en son âme et conscience, il ne
lui inflige de sanglants affronts.
Aussi, demande-t-il — il posera la question
de confiance — que les délits de presse soient
justiciables de la police correctionnelle. Par
cela même, il donne la preuve irréfragable
de sa mauvaise foi. En récusant la sentence
des jurés — émanation directe de l’opinion
publique— il se dénonce lui-même. Ce ne
sont pas des juges qu’il lui laut, mais des
complaisants. Dupuy devrait pourtant savoir
que quand on a aussi longue oreille, elle
perce toujours.
Les magistrats appelés à siéger dans une
affaire de presse seront triés sur le volet ; on
les placera entre un ruban et une disgrâce.
Hélas ! combien hésiteront.
M. le Garde des Sceaux espère bien que
les scrupuleux — il y en a, et même beau
coup — n’attendront pas d’être mis à l’épreuve
et abandonneront une carrière qui n’en sera
plus une.
Et, soyez sans inquiétude, la bande des
parents et .amis aura vite rempli les vides. Il
y aura seulement quelques affamés de moins
et quèlques dociles magistrats de plus.
Désormais, un Français n’aura plus le droit
d’émettre son opinion ; l’espionnage sera
partout ; nul n’osera dire à l'oreille de son
plus sincère ami — dans la crainte d’être
emprisonné dans les vingt-quatre heures —
que le col rabattu de Casimir-Périer manque
de décorum.
Le pays libre par excellence ne sera plus
qu’un vaste préau de prison où pulluleront
moutons et mouchards.
Ah ! c’est un bel avenir que nous préparent
MM. Casimir-Périer, Dupuy et C ie .
L’honnête et laborieux père de famille ne
sera pas sûr, en se couchant le soir auprès
de sa vertueuse compagne, de se réveiller le
matin dans son lit.
Un envieux, un ennemi, peut-être simple
ment un imbécile aura rapporté à un policier
que ce brave a dit que Dupuy serait mieux
au fond d’un puits qu’au ministère ou qu’il
serait plus élégant sous le pittoresque costume
des porteurs d’eau que sous l’habit qui fait
trop ressortir son ventre; et crac! à Cayenne !
Du huis-clos à la déportation en masse, il n’y
a qu’un pas.
Pendant que les citoyens honnêtes et indé
pendants pourriront dans les bagnes, que
leurs petits crèveront de faim, les bénéficiaires
du Panama et autres affaires d’un clair-obscur
se gaudiront l’été en Tes stations thermales à
la mode, l’hiver auprès d’un bon feu en de
confortables fauteuils, l’exquis cigare aux
lèvres, la cave à liqueurs à portée de la
main.
Les tortionnaires célèbres, Torquemada et
ses accolytes, les monstres assoiffés de sang
qui ont fait les guerres de religion, étaient de
paisibles et inoffensifs bourgeois auprès de
gens qui veulent se faire donner, parle Par
lement, le droit de déporter la moitié des
Français et de terroriser l'autre moitié.
Malgré nous, nous plaignons ces hommes,
altérés de vengeance, remplis de haine, qui
ne voient pas l’abîme béant sous leurs pieds.
Croient-ils que notre race soit tellement
dégénérée qu’elle se puisse courber sans
révolte sous la férule d’un maître d’école et
la cravache d’un capitaine d’opéra-bouffe ?
Allons donc ! Il y a encore au Parlement,
des hommes, de tous les partis, qui sentiront
leur sang bouillonner à l’idée de la servi
tude dont on les menace. Us se rappelleront
à temps que Français ne peut être synonyme
d’esclave.
Tablant sur l’appui d’une Presse largement
subventionnée, le gouvernement se croit sûr
de la victoire. Les apparences sont souvent
trompeuses, mais pour les gouvernants seuls
que l’ambition aveugle. Le peuple, lui, a
rendu son verdict :
« La toge de César n’étouffera pas le chant
du coq gaulois. »
Effacez donc sur le drapeau tricolore, si
vous Posez, les mots :
Liberté, Egalité, Fraternité.
Son bulletin de vote en main, le PEUPLE
SOUVERAIN vous brisera comme verre.
Pierre MÉRITEL.
UNE GRAVURE A MÉDITER
Le journal L'Eclipse publie aujourd’hui une
gravure très spirituelle :
M. Thiers porte, dans ses bras, une grosse
fillette qui s’amuse avec un ballon, sur le ballon
on lit : République conservatrice.
Le petit Foutriquet contemple avec satisfaction
cette enfant, dont il aurait le droit d’être le père.
République conservatrice et... seizemayeuse
est bien l’étiquette qui convient au gouvernement
que nous prépare la loi Laserre.
La République démocratique est morte. Le
peuple n’ayant plus que le droit de payer et de se
taire.
C'est le rétablissement déguisé delà monarchie.
Si la loi Laserre n’était dirigée que contre les
misérables qui, sous le nom d’anarchistes, prati
quent l’assassinat, nous ne saurions nous en
plaindre ; mais elle vise également, et peut-être
davantage que les amis de Caserio, les indépen
dants, les socialistes.
Nos bons Opportuno-chéquards savent très bien
que les socialistes n’ont rien de commun avec les
anarchistes, qu’ils repoussent avec horreur la
propagande par le fait, mais les socialistes sont
les défenseurs des miséreux, des exploités, et les
ventrus, les exploiteurs ne sauraient tolérer que
leurs actes soient critiqués, leurs vilenies mises
à jour et voilà pourquoi cette loi a été faite.
Il serait curieux de relire les professions de foi
et les articles de journaux de certains politiciens
alors que n’étant rien, ils essayaient d’êtrequelque
chose, et de les comparer avec leur manière
actuelle de voir.
Que de belles paroles ! que de promesses non
tenues!
On verrait que leur amour du peuple et la rigi
dité de leur opinion républicaine a décru en raison
directe de l’engraissement et de leur ventre et de
leur bourse.
J. NARZAC.
"tgggm,
MORT BE M. A. LÉCUREUR
C'est avec une douloureuse émotion que nous
avons appris la mort de M. A. Lécureur, rédac
teur en chef et gérant des journaux Le Havre et
Le Relit Havre.
Notre ville perd en lui un de ses meilleurs
citoyens, la rédaction et le personnel des deux
journaux un chef excellent et un ami.
Des amis, M. Lécureur en avait partout. On
pouvait être son adversaire politique, jamais son
-ennemi. Toujours on sympathisait avec lui dans
les questions humanitaires.
Propagateur de nombreuses œuvres de bienfai
sance, le regretté défunt ne comptait plus les
services rendus à la classe laborieuse. Créateur
de l’Hospitalité de Nuit, il avait réussi à force de
persévérance et de sacrifices, à assurer le bon
fonctionnement de cette œuvre utile entre toutes.
Adoré de ses ouvriers, il était estimé et respecté
par ceux même des autres maisons. La Caisse
typographique et le Syndicat de l’Imprimerie
viennent d’en donner la preuve, en offrant spon
tanément une couronne pour être déposée sur le
cercueil de l’homme de bien qui vient de s’éteindre.
Puisse ce suprême hommage réjouir h s mânes
du citoyen intègre, de l’ami dévoué, du confrère
estimé dont nous saluons respectueusement la
dépouille mortelle.
DEUX POIOS ET DEUX MESURES
Depuis quelques jours, les directeurs du café
Tortoni ont installé une demi-douzaine de violo
neux qui, placés sous les arcades, râclent à qui
mieux mieux.
Nous ne verrions aucun inconvénient à cette
résurreption des habitudes villageoises, si les
violons étaient enrubannés et si on pouvait danser
un peu. Il faut bien que jeunesse s’amuse.
Mais voilà le hic : non seulement on ne peut
pas danser, mais on n’a même pas le droit d’écou
ter si on ne prend pas une consommation sur la
terrasse, en compagnie d’une petite dame (nous
ne savons pas si cette dernière est indispensable).
Nous comprenons parfaitement qu’en un endroit
où la circulation est très active, les rassemble
ments sont fort gênants ; mais avant de faire
circuler les paisibles travailleurs, il faudrait, ce
nous semble, faire cesser la cause du rassemble
ment et dresser procès-verbal contre les maîtres
de rétablissement, qui troublent l’ordre public.
Si un petit cafetier s’avisait d’en, faire autant,
le laisserait-on tranquille ? Assurément non.
Alors, serait-ce que la municipalité n’aurait de
sourires et dq bon vouloir que pour les jeunes
pschutteux et leurs campagnes plus ou moins
numérotées? Garderait-on toutes les rigueurs
pour les honnêtes, promeneurs et toutes les faveurs
pour les désœuvrés et les inutiles ?
Nous avons signalé le fait; à MM. les Conseil- 1
lers municipaux de faire le reste.
CHRONIQUE HEBDOMADAIRE
L’aimable correspondant du Réveil pour la
commune de Sainte-Adresse devant faire l’histori
que de la charmante cavalcade qui a eu lieu di
manche dernier, nous n’en parlerons donc qu’à ua
point de vue tout à fait commercial, c’est-à-dire
très intéressant pour une partie de notre popu
lation.
Cette petite fête qui a été charmante et des
mieux réussies, avait attiré à SainteAdresse une
très grande quantité d’étrangers et nous ne serons
pas taxés d’exagération en estimant à vingt mille
le nombre des Havrais qui s’y sont rendus.
Ce résultat indique très nettement que cette dis
traction est du goût de notre population. Il y aurait
donc lieu d’en tirer parti et d’organiser au Havre
de semblables fêtes qui nous amèneraient toute la
population des communes environnantes. Il nous
semble qu’il y aurait dans notre ville assez de
jeunes gens intelligents et dévoués pour organiser
de belles fêtes. Le Havre est une grande ville et
aspire à une certaine suprématie sur les autres
viiles de province. Elle a déjà créé un comité des
fêtes qui, jusqu’à présent, a eu une certaine réus
site dans ses projets. Que cette commission daigne
bien examiner nos vues et se mette à l’œuvre
pour nous offrir une fête vraiment intésessante,
vraiment populaire. Ne pourrait on trouver dans
les beaux épisodes de notre première Révolution,
des scènes patriotiques qui nous sortiraient un
peu de la royauté et auraient le talent d’émouvoir
profondément le peuple qui entend toujours parler
de la République, mais ne la voit jamais glorifier.
★
* * *
Le ministre des travaux publics vient d’envoyer
de nouvelles instructions au sujet des plaintes
inscrites par le public sur les registres spéciaux
des gares et stations.
Dorénavant, le résumé de l’instruction à laquelle
aura donné lieu ch ique plainte, devra être trans
crit sur le registre des réclamations en regard de
la plainte, afin que chacun puisse s’assurer que
l’administration a étudié l’affaire et s’est efforcée
de donner satisfaction aux réclamants.
Ceci est un premier résultat, mais ce que nous
désirerions, c’est que le Ministre voulût bien faire
connaître, sans frais, au domicile du plaignant,
le résultat qu’il fera mentionner sur le registre
des réclamations.
Personne n’ignore combien ce registre est diffi
cile à se procurer et il faut énormément d’énergie
et même d’aplomb pour se le faire présenter.
Chaque voyageur qui le réclame devient immédia
tement un ennemi pour tout le personnel de la
gare. Aussi, faut-il des motifs bien sérieux pour
que l’on se décide à affronter les regards plus ou
moins impertinents du personnel des compagnies.
Il nous paraît donc indispensable que chaque
plaignant soit mis en mesure de connaître la suite
des réclamations qu’il a faites et de discuter à
nouveau les réponses des employés du chemin de
fer.
*
* *
La Société de Géographie Cummerciale du
Havre vient d’organiser un concours de géogra
phie pour les 26 et 29 juillet, entre les jeunes
gens et jeunes filles de 10 à 20 ans, des cantons de
Montivilliers et du Havre.
Le but de la Société étant éminemment utile
et de jolies récompenses devant être décernées-
aux lauréats, nous engageons très vivement nos
compatriotes à prendre part au concours.
L’étude de la géographie est désormais devenue
indispensable, en raison de l’étendue de nôs colo
nies et de la concurrence extrême qui nous est
faite par l’étranger sur tous les continents asiati
ques et africains. . . >■
★
* * ....
Le 16 juillet a eu lieu la réunion annuelle du
Conseil d’arrondissement, sous la présidence de
l’honorable M. Lemonnier, doyen d’âge.
Le Conseil a tout d’abord procédé à l’installa
tion de MM. Léon Desgenétais et Weber, nommés
dernièrement et a constitué ensuite son bureau de
la manière ci-après :
Président : M. Lemonnier ;
Vice-présidents : MM. Cheuret et Douit ;
Secrétaire : M. Nicolle.
Lors de sa première réunion, M. Lemonnier a
ouvert la séance par un discours de circonstance
sur l’assassinat du président de la République et
l’a close aussitôt en signe de deuil. On nous assure
cependant que ce deuil national n’a pas empêché
nos honorables conseillers d’arrondissement d’ac
cepter le déjeuner qui leur a été ensuite offert par
un haut fonctionnaire de l’administration supé
rieure.
*
* *
Nous ne saurions passer sous silence les scan
dales qui viennent d’éclater à Rouen au sujet de
la bande dite « du Mont Gai gan ». En vérité, il
ORGANE RÉPUBLICAIN-SOCIALISTE INDÉPENDANT
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre....
Départements.
3 fr.
4 fr.
2 fr.
2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉBIRR, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Terreur sons
LA TERREUR
sous la troisième République
Quand paraîtront ces lignes, la République
aura reçu une grave atteinte.
Descendants des fiers Gaulois, fils des
Francs, nobles rejetons des Preux, successeurs
des héros de la Révolution française, tous
sans distinction seront devenus les esclaves
d’un propriétaire de mines et de son valet,
ancien pion et fils de larbin.
La prétendue loi contre l’anarchisme,
instrument destiné à supprimer la Presse hon
nête et indépendante — l’honneur et la gloire
de notre pays — aura réduit au silence les
défenseurs du peuple.
Pauvre Patrie ! tes maîtres feront de toi ce
qu’ils voudront ; tu seras uii vaste champ
d’exploitation, un fief où les membres du
gouvernement régneront sans conteste ; nous
veirons refleurir les beaux jours de la Féoda
lité, avec cette différence que nos seigneurs, au
lieu d’être des soldats bardés de fer exposant
courageusement leur vie pour la défense du
sol, seront un étrange mélange de parvenus,
de banquiers ventripotents, de non-lieu pana-
mistes et de prêteurs à la petite semaine.
Ce np eom pae F épée à la main et le heaume
en tête qu’ils défendront leurs prétentions ;
jamais on ne les verra dans la mêlée. Cachés
derrière les argousins, ils attendront que leurs
séides aient terrassé le citoyen qu’ils voudront
envoyer aux galères avant d’oser affronter
son regard méprisant.
Cette loi contre la Presse, loi inique entre
toutes, qu’une majorité servile et bête votera
probablement, nous ramènera aux atrocités
de la Terreur.
N’est-ii pas curieux de voir tuer le journa
lisme par des gens qui, chaque jour, se récla
ment de Gambetta ? Le grand patriote passa
;sa vie à obtenir une liberté que ses disciples
vont faire disparaître en son nom.
Et ces gens-là osent parler de jésuitisme,
ils osent attaquer quelqu’un ?
Mais regardez-vous donc ! Et dites-vous de
quel côté sont les hypocrites.
Avec une allure de sacristain, qu’ex
plique suffisamment ses attaches monar
chiques, le gouvernement veut un semblant
de légalité.
Pour la forme, il demande au Parlement
un moyen qui lui permette de se débarrasser
de tout censeur, de tout citoyen gênant.
Il se méfie du Jury ; il a peur de n’avoir
pas assez d’influence sur lui ; peur surtout
que, jugeant en son âme et conscience, il ne
lui inflige de sanglants affronts.
Aussi, demande-t-il — il posera la question
de confiance — que les délits de presse soient
justiciables de la police correctionnelle. Par
cela même, il donne la preuve irréfragable
de sa mauvaise foi. En récusant la sentence
des jurés — émanation directe de l’opinion
publique— il se dénonce lui-même. Ce ne
sont pas des juges qu’il lui laut, mais des
complaisants. Dupuy devrait pourtant savoir
que quand on a aussi longue oreille, elle
perce toujours.
Les magistrats appelés à siéger dans une
affaire de presse seront triés sur le volet ; on
les placera entre un ruban et une disgrâce.
Hélas ! combien hésiteront.
M. le Garde des Sceaux espère bien que
les scrupuleux — il y en a, et même beau
coup — n’attendront pas d’être mis à l’épreuve
et abandonneront une carrière qui n’en sera
plus une.
Et, soyez sans inquiétude, la bande des
parents et .amis aura vite rempli les vides. Il
y aura seulement quelques affamés de moins
et quèlques dociles magistrats de plus.
Désormais, un Français n’aura plus le droit
d’émettre son opinion ; l’espionnage sera
partout ; nul n’osera dire à l'oreille de son
plus sincère ami — dans la crainte d’être
emprisonné dans les vingt-quatre heures —
que le col rabattu de Casimir-Périer manque
de décorum.
Le pays libre par excellence ne sera plus
qu’un vaste préau de prison où pulluleront
moutons et mouchards.
Ah ! c’est un bel avenir que nous préparent
MM. Casimir-Périer, Dupuy et C ie .
L’honnête et laborieux père de famille ne
sera pas sûr, en se couchant le soir auprès
de sa vertueuse compagne, de se réveiller le
matin dans son lit.
Un envieux, un ennemi, peut-être simple
ment un imbécile aura rapporté à un policier
que ce brave a dit que Dupuy serait mieux
au fond d’un puits qu’au ministère ou qu’il
serait plus élégant sous le pittoresque costume
des porteurs d’eau que sous l’habit qui fait
trop ressortir son ventre; et crac! à Cayenne !
Du huis-clos à la déportation en masse, il n’y
a qu’un pas.
Pendant que les citoyens honnêtes et indé
pendants pourriront dans les bagnes, que
leurs petits crèveront de faim, les bénéficiaires
du Panama et autres affaires d’un clair-obscur
se gaudiront l’été en Tes stations thermales à
la mode, l’hiver auprès d’un bon feu en de
confortables fauteuils, l’exquis cigare aux
lèvres, la cave à liqueurs à portée de la
main.
Les tortionnaires célèbres, Torquemada et
ses accolytes, les monstres assoiffés de sang
qui ont fait les guerres de religion, étaient de
paisibles et inoffensifs bourgeois auprès de
gens qui veulent se faire donner, parle Par
lement, le droit de déporter la moitié des
Français et de terroriser l'autre moitié.
Malgré nous, nous plaignons ces hommes,
altérés de vengeance, remplis de haine, qui
ne voient pas l’abîme béant sous leurs pieds.
Croient-ils que notre race soit tellement
dégénérée qu’elle se puisse courber sans
révolte sous la férule d’un maître d’école et
la cravache d’un capitaine d’opéra-bouffe ?
Allons donc ! Il y a encore au Parlement,
des hommes, de tous les partis, qui sentiront
leur sang bouillonner à l’idée de la servi
tude dont on les menace. Us se rappelleront
à temps que Français ne peut être synonyme
d’esclave.
Tablant sur l’appui d’une Presse largement
subventionnée, le gouvernement se croit sûr
de la victoire. Les apparences sont souvent
trompeuses, mais pour les gouvernants seuls
que l’ambition aveugle. Le peuple, lui, a
rendu son verdict :
« La toge de César n’étouffera pas le chant
du coq gaulois. »
Effacez donc sur le drapeau tricolore, si
vous Posez, les mots :
Liberté, Egalité, Fraternité.
Son bulletin de vote en main, le PEUPLE
SOUVERAIN vous brisera comme verre.
Pierre MÉRITEL.
UNE GRAVURE A MÉDITER
Le journal L'Eclipse publie aujourd’hui une
gravure très spirituelle :
M. Thiers porte, dans ses bras, une grosse
fillette qui s’amuse avec un ballon, sur le ballon
on lit : République conservatrice.
Le petit Foutriquet contemple avec satisfaction
cette enfant, dont il aurait le droit d’être le père.
République conservatrice et... seizemayeuse
est bien l’étiquette qui convient au gouvernement
que nous prépare la loi Laserre.
La République démocratique est morte. Le
peuple n’ayant plus que le droit de payer et de se
taire.
C'est le rétablissement déguisé delà monarchie.
Si la loi Laserre n’était dirigée que contre les
misérables qui, sous le nom d’anarchistes, prati
quent l’assassinat, nous ne saurions nous en
plaindre ; mais elle vise également, et peut-être
davantage que les amis de Caserio, les indépen
dants, les socialistes.
Nos bons Opportuno-chéquards savent très bien
que les socialistes n’ont rien de commun avec les
anarchistes, qu’ils repoussent avec horreur la
propagande par le fait, mais les socialistes sont
les défenseurs des miséreux, des exploités, et les
ventrus, les exploiteurs ne sauraient tolérer que
leurs actes soient critiqués, leurs vilenies mises
à jour et voilà pourquoi cette loi a été faite.
Il serait curieux de relire les professions de foi
et les articles de journaux de certains politiciens
alors que n’étant rien, ils essayaient d’êtrequelque
chose, et de les comparer avec leur manière
actuelle de voir.
Que de belles paroles ! que de promesses non
tenues!
On verrait que leur amour du peuple et la rigi
dité de leur opinion républicaine a décru en raison
directe de l’engraissement et de leur ventre et de
leur bourse.
J. NARZAC.
"tgggm,
MORT BE M. A. LÉCUREUR
C'est avec une douloureuse émotion que nous
avons appris la mort de M. A. Lécureur, rédac
teur en chef et gérant des journaux Le Havre et
Le Relit Havre.
Notre ville perd en lui un de ses meilleurs
citoyens, la rédaction et le personnel des deux
journaux un chef excellent et un ami.
Des amis, M. Lécureur en avait partout. On
pouvait être son adversaire politique, jamais son
-ennemi. Toujours on sympathisait avec lui dans
les questions humanitaires.
Propagateur de nombreuses œuvres de bienfai
sance, le regretté défunt ne comptait plus les
services rendus à la classe laborieuse. Créateur
de l’Hospitalité de Nuit, il avait réussi à force de
persévérance et de sacrifices, à assurer le bon
fonctionnement de cette œuvre utile entre toutes.
Adoré de ses ouvriers, il était estimé et respecté
par ceux même des autres maisons. La Caisse
typographique et le Syndicat de l’Imprimerie
viennent d’en donner la preuve, en offrant spon
tanément une couronne pour être déposée sur le
cercueil de l’homme de bien qui vient de s’éteindre.
Puisse ce suprême hommage réjouir h s mânes
du citoyen intègre, de l’ami dévoué, du confrère
estimé dont nous saluons respectueusement la
dépouille mortelle.
DEUX POIOS ET DEUX MESURES
Depuis quelques jours, les directeurs du café
Tortoni ont installé une demi-douzaine de violo
neux qui, placés sous les arcades, râclent à qui
mieux mieux.
Nous ne verrions aucun inconvénient à cette
résurreption des habitudes villageoises, si les
violons étaient enrubannés et si on pouvait danser
un peu. Il faut bien que jeunesse s’amuse.
Mais voilà le hic : non seulement on ne peut
pas danser, mais on n’a même pas le droit d’écou
ter si on ne prend pas une consommation sur la
terrasse, en compagnie d’une petite dame (nous
ne savons pas si cette dernière est indispensable).
Nous comprenons parfaitement qu’en un endroit
où la circulation est très active, les rassemble
ments sont fort gênants ; mais avant de faire
circuler les paisibles travailleurs, il faudrait, ce
nous semble, faire cesser la cause du rassemble
ment et dresser procès-verbal contre les maîtres
de rétablissement, qui troublent l’ordre public.
Si un petit cafetier s’avisait d’en, faire autant,
le laisserait-on tranquille ? Assurément non.
Alors, serait-ce que la municipalité n’aurait de
sourires et dq bon vouloir que pour les jeunes
pschutteux et leurs campagnes plus ou moins
numérotées? Garderait-on toutes les rigueurs
pour les honnêtes, promeneurs et toutes les faveurs
pour les désœuvrés et les inutiles ?
Nous avons signalé le fait; à MM. les Conseil- 1
lers municipaux de faire le reste.
CHRONIQUE HEBDOMADAIRE
L’aimable correspondant du Réveil pour la
commune de Sainte-Adresse devant faire l’histori
que de la charmante cavalcade qui a eu lieu di
manche dernier, nous n’en parlerons donc qu’à ua
point de vue tout à fait commercial, c’est-à-dire
très intéressant pour une partie de notre popu
lation.
Cette petite fête qui a été charmante et des
mieux réussies, avait attiré à SainteAdresse une
très grande quantité d’étrangers et nous ne serons
pas taxés d’exagération en estimant à vingt mille
le nombre des Havrais qui s’y sont rendus.
Ce résultat indique très nettement que cette dis
traction est du goût de notre population. Il y aurait
donc lieu d’en tirer parti et d’organiser au Havre
de semblables fêtes qui nous amèneraient toute la
population des communes environnantes. Il nous
semble qu’il y aurait dans notre ville assez de
jeunes gens intelligents et dévoués pour organiser
de belles fêtes. Le Havre est une grande ville et
aspire à une certaine suprématie sur les autres
viiles de province. Elle a déjà créé un comité des
fêtes qui, jusqu’à présent, a eu une certaine réus
site dans ses projets. Que cette commission daigne
bien examiner nos vues et se mette à l’œuvre
pour nous offrir une fête vraiment intésessante,
vraiment populaire. Ne pourrait on trouver dans
les beaux épisodes de notre première Révolution,
des scènes patriotiques qui nous sortiraient un
peu de la royauté et auraient le talent d’émouvoir
profondément le peuple qui entend toujours parler
de la République, mais ne la voit jamais glorifier.
★
* * *
Le ministre des travaux publics vient d’envoyer
de nouvelles instructions au sujet des plaintes
inscrites par le public sur les registres spéciaux
des gares et stations.
Dorénavant, le résumé de l’instruction à laquelle
aura donné lieu ch ique plainte, devra être trans
crit sur le registre des réclamations en regard de
la plainte, afin que chacun puisse s’assurer que
l’administration a étudié l’affaire et s’est efforcée
de donner satisfaction aux réclamants.
Ceci est un premier résultat, mais ce que nous
désirerions, c’est que le Ministre voulût bien faire
connaître, sans frais, au domicile du plaignant,
le résultat qu’il fera mentionner sur le registre
des réclamations.
Personne n’ignore combien ce registre est diffi
cile à se procurer et il faut énormément d’énergie
et même d’aplomb pour se le faire présenter.
Chaque voyageur qui le réclame devient immédia
tement un ennemi pour tout le personnel de la
gare. Aussi, faut-il des motifs bien sérieux pour
que l’on se décide à affronter les regards plus ou
moins impertinents du personnel des compagnies.
Il nous paraît donc indispensable que chaque
plaignant soit mis en mesure de connaître la suite
des réclamations qu’il a faites et de discuter à
nouveau les réponses des employés du chemin de
fer.
*
* *
La Société de Géographie Cummerciale du
Havre vient d’organiser un concours de géogra
phie pour les 26 et 29 juillet, entre les jeunes
gens et jeunes filles de 10 à 20 ans, des cantons de
Montivilliers et du Havre.
Le but de la Société étant éminemment utile
et de jolies récompenses devant être décernées-
aux lauréats, nous engageons très vivement nos
compatriotes à prendre part au concours.
L’étude de la géographie est désormais devenue
indispensable, en raison de l’étendue de nôs colo
nies et de la concurrence extrême qui nous est
faite par l’étranger sur tous les continents asiati
ques et africains. . . >■
★
* * ....
Le 16 juillet a eu lieu la réunion annuelle du
Conseil d’arrondissement, sous la présidence de
l’honorable M. Lemonnier, doyen d’âge.
Le Conseil a tout d’abord procédé à l’installa
tion de MM. Léon Desgenétais et Weber, nommés
dernièrement et a constitué ensuite son bureau de
la manière ci-après :
Président : M. Lemonnier ;
Vice-présidents : MM. Cheuret et Douit ;
Secrétaire : M. Nicolle.
Lors de sa première réunion, M. Lemonnier a
ouvert la séance par un discours de circonstance
sur l’assassinat du président de la République et
l’a close aussitôt en signe de deuil. On nous assure
cependant que ce deuil national n’a pas empêché
nos honorables conseillers d’arrondissement d’ac
cepter le déjeuner qui leur a été ensuite offert par
un haut fonctionnaire de l’administration supé
rieure.
*
* *
Nous ne saurions passer sous silence les scan
dales qui viennent d’éclater à Rouen au sujet de
la bande dite « du Mont Gai gan ». En vérité, il
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