Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-04-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 avril 1894 07 avril 1894
Description : 1894/04/07 (N139). 1894/04/07 (N139).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32633384
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4* Aflïée — S° 139 — Samedi 1 Avril 1894
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e Aimée — 18 Germinal An 102 — S° 139.
Réveil
Havr
ORGANE RÉPUBLICAIN
PBIX DES IBftOEMIKTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr, 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C AS IM I R-P É RI E R , 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSEOTIOIXS :
Annonces...., 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
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LES
Conseils Généraux
L’ouverture de la session des Conseils
généraux serait sans intérêt sans deux dis
cours prononcés, le premier à Lons-le-Saul-
mer, le second à Marseille.
Le président du Conseil général du Jura,
M. Poiffaut, a proposé le vote d une adresse
au ministère pour le féliciter de l'énergie dont
il a fait preuve contre les anarchistes.
Par contre, M. Estier, président du Conseil
général des Bouches-du-Rhône,' a exprimé
lin regret :
« Nous avons le regret de constater que la
politique intérieure est loin d’avoir donné à
nos aspirations de républicains les satisfactions
que nous étions en droit d’attendre. Espérer
que la Chambre nouvelle inaugurerait les
réformes réclamées par le pays, et voir prati
quer une politique de recul, ce fut un réveil
cruel pour le Conseil général des Bouches-
du-Rhône, qui a marché jusqu’à ce jour à
l’avant-garde du progrès. Heureusement, le
peuple ne s’abandonne pas, et, malgré les
tendances rétrogrades, malgré les manifes-
tnignns. de U esprit nouveau. oui pe
sont autre chose que la réédition de ce qu’on
appelait, en 1849, l’expédition de Rome à
l’intérieur, nous continuons à avoir foi daLS
les destinées de la démocratie. »
M. Estier a tenu le langage des électeurs au
mois d’août 1893, M. Poiffaat a parlé comme
les élus.
La Chambre des députés actuelle nous
donne le spectacle écœurant d’une majorité
républicaine travaillant de toutes ses forces au
triomphe d’une politique réactionnaire !
Les Français ont envoyé siéger au Palais
Bourbon des candidats antiroyalistes, anti
cléricaux, avec la mission de réaliser toutes
les réformes attendues impatiemment, non
seulement par le parti ouvrier, mais aussi
par l’immense majorité des électeurs ; et, à
l’inverse de ce qui devait arriver, nous voyons
le chef du pouvoir exécutif choisir des mi
nistres réactionnaires dont L’esprit nouveau se
borne à cire les très humbles serviteurs de
l’Eglise.
Répudiant ses origines, M. Spuller ne dit-
il p as — au contraire de son maître Gambetta
— le cléricalisme, voilà l’ami !
11 faut nous attendre à voir, un de ces
jours, Casimir d’Ànzin et sa suite aller à Rome
baiser la mule de Léon XIII.
Toute la dernière législature, les gouver
nementaux ont bénéficié de l’union des répu
blicains dans la nécessité d’opposer une con
centration à une minorité encore fort nom
breuse et surtout fort remuante. La politique
des ralliés était encore la bouteille à l’encre
pour tout le monde, excepté pour M. Carnot
et ses confidents. Maintenant, elle est claire :
chacun la comprend. Condamnée par le pays,
elle agit comme si elle était l’émanation du
suffrage universel.
Ah ! on ne s’amuse pas en chemin : au
jourd’hui, c’est l’organisation de la police
politique et la soumission à l’Eglise ; demain,
ce sera Vépuration du personnel.
Nos députés, élus il n’y a pas un an, pour
combattre cette politique, emboîtent tranquil
lement le pas au premier ministre et se laissent
mener comme un troupeau d'esclaveS.
Casimir n’a pas eu besoin de leur dire
«. Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que
tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. » Avec
eux, pas besoin d’objurgation : ils sont les
plots valets du pouvoir. La raison de ce revi
rement subit, un sénateur, M. Combe, nous
la donne :
« Le socialisme est bien autrement redou
table que l’anarchie. Fût-ce au prix de la
liberté, il faut barrer la route aux deux
doctrines. »
Cinquante socialistes sont entrés à la
Chambre. Immédiatement, cent républicains
ont passé à droite.
C’est à supprimer ces cinquante socialistes
que tendent tous les efforts.
Voilà où peut conduire l’affolement.
Périsse la République plutôt que de voir
progresser le socialisme !
Nous espérions que les Conseils généraux
réagiraient en indiquant nettement par leurs
vœux les volontés du pays. 11 n’en est rien.
Si députés et conseillers généraux aban
donnent leur drapeau, les électeurs sauront
le relever.
CHAMPDEAUX.
Samedi dernier, le paquebot transatlantique
La-Gascogne n’a pu partir à la marée du matin,
par suite du manque d’eau. Ce n'est qu’à la marée
du soir, au prix des plus grands efforts et de mille
précautions, que le grand steamer a enfin franchi
la passe.
C’est gentil, n’est-ce pas ?
Et dire que le Parlement en est encore à
discuter l’opportunité des travaux du port du
Havre !
Sans parler du tort matériel que cet état de
choses cause à la Compagnie Générale Trans
atlantique, songez à l’immense effet moral produit
par cet incident sur des centaines de passagers —
déjà peu enclins à utiliser les lignes françaises
— qui iront répéter dans le monde entier que le
plus beau port français du Nord est inaccessible
aux navires de fort tonnage.
Que pareil incident se reproduise deux ou trois
fois, et c’en est fait de la prospérité commerciale
de notre cité.
Les capitaines étrangers oublieront de plus en
plus la route de notre port, et les steamers qu’ils
commandent iront grossir le nombre, déjà consi
dérable, de ceux qui fréquentent Anvers ou Li-
verpool.
Nos nationaux, eux-mêmes, se verront dans
l’obligation de nous abandonner.
Nul ne pourrait faire un crime, ni même trouver
mauvais, que la Compagnie Générale Trans
atlantique songeât à changer son port d’attache.
Que diable, voulez-vous, malgré toute sa bonne
volonté, elle ne pourrait évidemment être astreinte
à supporter éternellement les frais excessifs occa
sionnés par le manque de profondeur de notre
chenal.
Si cela continue, nous allons redevenir la petite
bourgade de pêcheurs que François-I er avait tirée
de l’indigence.
Peut-être est-il encore temps de commencer les
travaux qu’on nous promet toujours et qui n’arri
vent jamais à sortir de la période embryonnaire.
Que nos représentants s’agitent ; qu’ils ne se
laissent pas endormir par les promesses de mi
nistres qui se soucient de nous comme de leur
première culotte ; qu’on aboutisse enfin à quelque
chose, ou, bientôt, Le Havre ne sera plus qu’une
petite ville dont les géographies scolaires diront :
c’était autrefois un grand port de commerce !
Pierre MÉRÏTËL.
NOUVEL ATTENTAT ANARCHISTE
Un nouvel attentat anarchiste vient de jeter la
terreur dans Paris.
Mercredi soir, vers neuf heures moins un quart,
une formidable explosion mettait en émoi le quar
tier de l’Odéon.
Une bombe venait d’éclater au restaurant Fayot,
situé 22 bis, rue de Vaugirard, vis-à-vis le palais
du Luxembourg. Les soldats du |poste du Sénat
et quelques courageux citoyens s’élancèrent dans
l’établissement d’où partaient des cris perçants.
Tout d’abord, il était impossible de rien voir au
milieu de la fumée intense qui remplissait la
salle. Les éclats de verre ou d’objets brisés jon
chant le sol ; l’aspect des blessés appelant à leur
aide formaient un horrible spectacle.
Fort heureusement, il n’v avait que peu de
consommateurs dans la salle au moment de l’ex
plosion, sans cela, au lieu de cinq victimes, c’est
une terrible catastrophe que nous aurions à déplo
rer.
Parmi les blessés se trouve Laurent Tailhade,
le collaborateur du GU Blas, surnommé l’anar
chiste des lettres à cause d’une série d’articles
intitulés Au pied des mufles , le même qui, au
lendemain de l’attentat du Palais-Bourbon pro
nonça les paroles tristement célèbres : « Qu’impor
tent les victimes, pourvu que le geste soit beau ! »
Criblé d’éclats de verre, il ne trouve probable
ment plus le geste aussi beau.
Cependant, de nombreuses escouades de gar
diens de la paix ne tardèrent pas à arriver, puis
M. Lépioe-, préfet de police, et- M...Girard, chef
du laboratoire municipal. Un service d’ordre fut
organisé et M. Bernard, commissaire de police
du quartier, commença à interroger les témoins
occulaires.
Suivant les déclarations, l’auteur de l’attentat
serait un individu d’une trentaine d’années, cos
tumé en ouvrier aisé, qui aurait déposé l’engin
devant la façade du restaurant.
D’après le premier examen de la bombe, elle
aurait été fabriquée avec une boîte de conserves
assez volumineuse, remplie de nitro-glycôiine et
de ferraille.
La vie d’aucune des victimes n’est en danger.
Les dégâts sont estimés à une douzaine de
mille francs.
— : --ntpjfffTrr- —— ■
LES BIENFAITS DE M. MÉLINE
On lit, dans la Revue Economique d’Anvers, le
passage suivant :
« Des capitaux français ont émigré chez nous ;
des industriels, dont les prix de revient ont été
élevés artificiellement par le nouveau régime
douanier français ont dû créer à l’étranger des
usines pour alimenter leur clientèle d’outre
mer ; ils apportent du travail à nos ouvriers
sans que nos consommateurs leur paient un
tribut.
Ainsi, voilà les résultats de cette protection qui
devait donner à l’industrie française nn essor
merveilleux, assurer du travail aux ouvriers,
rehausser les salaires, faire le bonheur du produc
teur, sauvegarder les intérêts du consommateur
et donner, par surcroît à l’Etat, sous forme de
produits douaniers, des plus values considéra
bles ».
Après cela la République Française viendra
encore nous chanter les bienfaits du « régime
protecteur ». Il n'y pas de pire sourd que celui
qui ne veut entendre , dit un proverbe. Si Méline
n’entend pas, il peut voir ce que son système coûte
à la France.
Après cela, il s’en moque.peut-être, s’il y trouve
son intérêt.
Là JOURNÉE DE HUIT HEURES
Nous savons, par le rapport de M. Drou, fait au
nom de la Commission chargée d’examiner les
propositions de loi relatives à la règlementation
du travail des adultes dans les établissements in
dustriels, que tout le prolétariat français réclame
la journée de dix heures en attendant mieux, tous
les patrons, au contraire étant opposés à cette di
minution qui doit, d’après eux, ruiner Pi-ndits-
trie nationale, -
Pour nous, qui n’aimons pas les demi-mesure?,
nous avons toujours réclamé la journée de huit
heures, car ce maximum, grâce au progrès des
machines, et quoi qu’eudisent les exploiteurs, peut
être consenti sans aucune perte dans la produc
tion.
L’expérience vient d’être tentée en Angleterre,
dans des conditions véritablement scientifiques et
rigoureusement déterminées : le succès a été écla
tant.
C’est à MM. Mather et Platt, deux grands in
dustriels de Manchester (Salford Gron Works)
que revient l’honneur de cette expérience.
L’idée de la journée de huit heures l’avait tenté,
car l’industriel anglais n’est pas un ces hommes
qui croient nécessaire d’arracher de gré ou de
force à ses ouvriers le maximum d’efforts qu’ils
sont capables de fournir entre deux levers de soleil.
Il substitue donc au régime de cinquante-trois
heures par semaine celui de quarante-huit heures,
les salaires restant les mêmes. L’expérience com
mence en fin 1892, devait durer jusqu’en fin 1893.
L’année d’épreuveétaitexceptionnellement défa
vorable en raison de la dépression industrielle
dans le monde entier, aggravée du relèvement des
prix de revient dû à la grève des mineurs du
Centre.
Pendant l’année d’expérience la production, en
quantité, a été plus grande cependant que pendant
les six dernières années précédentes, ce qui fait
que, quoique les prix de vente aient baissé, la
proportion du taux des salaires se trouve relevé©
de 0,4 0/0.
De plus, le temps perdu sans permission, qui
atteignait jusqu’à 2,46 0/0 dans le système de 53
heures, tombe, dans le nouveau système, à 0,46
0/0. Cela résulte de l’exactitude plus grande du
travail et de l’application plus intense pendant les
heures diminuées.
Et l’on ne doit pas attribuer ces résultats comme
ont tenté de le faire croire certains organes gou
vernementaux, que ce succès gène, à un coup de
collier donné par les ouvriers, pendant l’année
d’expérience.
Nous laissons M. Mather leur répondre :
« Il semblait, au contraire, que nous travail-
» lions en harmonie avec une loi naturelle. L’a-
» méliorafion apportée à la vie de famille doit y
» être pour quelque chose. Chaque ouvrier peut
» maintenant jouir un peu des siens avant de par-
» tir pour son travail. Cela lui donne un bon dé-
» part qui se répercute sur toute la journée. »
L’expérience est donc complète et décisive. Et
en présence de pareils résultats, nos gouvernants
n’en persévèrent pas moins à réclamer la journée
de H heures, c’est-à-dire 66 heures par semaine.
Voilà leur dévouement au prolétariat !
A quand l’expérimentation française ? criait
hier Clémenceau.
A quoi bon de nouvelles expérimentations. La
science avait démontré depuis longtemps que la
journée de huit heures suffisait aux besoins de
l’industrie.
A quand l’application du principe ? demandons-
nous aujourd’hui — application soit par l’Etat,
soit par l’ouvrier lui-même, si l’Etat refuse.
VINDEX.
De son côté, le Figaro , sous la signature de M.
Francis Magnard, publie l’entrefilet ci-dessous :
« Une expérience curieuse vient d’être tentée,
en Angleterre, dans une grande usine de construc
tions mécaniques, à Salford, près de Manchester.
« Les patrons, MM. Mather et Platt, ont mis eu '
pratique le système de la journée de huit heures
en réduisant de 53 heures à 48 heures par semaine
le temps de travail fourni par les douze cents ou
vriers de leur usine.
« Cette suppression porté sur le travail du ma
tin avant le déjeuner.
« Disons tout d’abord que l’expérience a été
concluante.
« La production a été plus grande que dans les
années précédentes. Il y a eu dans l’éclairage, le
combustible, l’usure des machines et enfin dans
LE PORT DU HAVRE
CINQ CENTIMES LE NUMERO
4 e Aimée — 18 Germinal An 102 — S° 139.
Réveil
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ORGANE RÉPUBLICAIN
PBIX DES IBftOEMIKTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr, 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C AS IM I R-P É RI E R , 15
LE RÉVEIL DU HAVRE paraît tous les Samedis
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Réclames 50 cent, la ligne
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LES
Conseils Généraux
L’ouverture de la session des Conseils
généraux serait sans intérêt sans deux dis
cours prononcés, le premier à Lons-le-Saul-
mer, le second à Marseille.
Le président du Conseil général du Jura,
M. Poiffaut, a proposé le vote d une adresse
au ministère pour le féliciter de l'énergie dont
il a fait preuve contre les anarchistes.
Par contre, M. Estier, président du Conseil
général des Bouches-du-Rhône,' a exprimé
lin regret :
« Nous avons le regret de constater que la
politique intérieure est loin d’avoir donné à
nos aspirations de républicains les satisfactions
que nous étions en droit d’attendre. Espérer
que la Chambre nouvelle inaugurerait les
réformes réclamées par le pays, et voir prati
quer une politique de recul, ce fut un réveil
cruel pour le Conseil général des Bouches-
du-Rhône, qui a marché jusqu’à ce jour à
l’avant-garde du progrès. Heureusement, le
peuple ne s’abandonne pas, et, malgré les
tendances rétrogrades, malgré les manifes-
tnignns. de U esprit nouveau. oui pe
sont autre chose que la réédition de ce qu’on
appelait, en 1849, l’expédition de Rome à
l’intérieur, nous continuons à avoir foi daLS
les destinées de la démocratie. »
M. Estier a tenu le langage des électeurs au
mois d’août 1893, M. Poiffaat a parlé comme
les élus.
La Chambre des députés actuelle nous
donne le spectacle écœurant d’une majorité
républicaine travaillant de toutes ses forces au
triomphe d’une politique réactionnaire !
Les Français ont envoyé siéger au Palais
Bourbon des candidats antiroyalistes, anti
cléricaux, avec la mission de réaliser toutes
les réformes attendues impatiemment, non
seulement par le parti ouvrier, mais aussi
par l’immense majorité des électeurs ; et, à
l’inverse de ce qui devait arriver, nous voyons
le chef du pouvoir exécutif choisir des mi
nistres réactionnaires dont L’esprit nouveau se
borne à cire les très humbles serviteurs de
l’Eglise.
Répudiant ses origines, M. Spuller ne dit-
il p as — au contraire de son maître Gambetta
— le cléricalisme, voilà l’ami !
11 faut nous attendre à voir, un de ces
jours, Casimir d’Ànzin et sa suite aller à Rome
baiser la mule de Léon XIII.
Toute la dernière législature, les gouver
nementaux ont bénéficié de l’union des répu
blicains dans la nécessité d’opposer une con
centration à une minorité encore fort nom
breuse et surtout fort remuante. La politique
des ralliés était encore la bouteille à l’encre
pour tout le monde, excepté pour M. Carnot
et ses confidents. Maintenant, elle est claire :
chacun la comprend. Condamnée par le pays,
elle agit comme si elle était l’émanation du
suffrage universel.
Ah ! on ne s’amuse pas en chemin : au
jourd’hui, c’est l’organisation de la police
politique et la soumission à l’Eglise ; demain,
ce sera Vépuration du personnel.
Nos députés, élus il n’y a pas un an, pour
combattre cette politique, emboîtent tranquil
lement le pas au premier ministre et se laissent
mener comme un troupeau d'esclaveS.
Casimir n’a pas eu besoin de leur dire
«. Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que
tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. » Avec
eux, pas besoin d’objurgation : ils sont les
plots valets du pouvoir. La raison de ce revi
rement subit, un sénateur, M. Combe, nous
la donne :
« Le socialisme est bien autrement redou
table que l’anarchie. Fût-ce au prix de la
liberté, il faut barrer la route aux deux
doctrines. »
Cinquante socialistes sont entrés à la
Chambre. Immédiatement, cent républicains
ont passé à droite.
C’est à supprimer ces cinquante socialistes
que tendent tous les efforts.
Voilà où peut conduire l’affolement.
Périsse la République plutôt que de voir
progresser le socialisme !
Nous espérions que les Conseils généraux
réagiraient en indiquant nettement par leurs
vœux les volontés du pays. 11 n’en est rien.
Si députés et conseillers généraux aban
donnent leur drapeau, les électeurs sauront
le relever.
CHAMPDEAUX.
Samedi dernier, le paquebot transatlantique
La-Gascogne n’a pu partir à la marée du matin,
par suite du manque d’eau. Ce n'est qu’à la marée
du soir, au prix des plus grands efforts et de mille
précautions, que le grand steamer a enfin franchi
la passe.
C’est gentil, n’est-ce pas ?
Et dire que le Parlement en est encore à
discuter l’opportunité des travaux du port du
Havre !
Sans parler du tort matériel que cet état de
choses cause à la Compagnie Générale Trans
atlantique, songez à l’immense effet moral produit
par cet incident sur des centaines de passagers —
déjà peu enclins à utiliser les lignes françaises
— qui iront répéter dans le monde entier que le
plus beau port français du Nord est inaccessible
aux navires de fort tonnage.
Que pareil incident se reproduise deux ou trois
fois, et c’en est fait de la prospérité commerciale
de notre cité.
Les capitaines étrangers oublieront de plus en
plus la route de notre port, et les steamers qu’ils
commandent iront grossir le nombre, déjà consi
dérable, de ceux qui fréquentent Anvers ou Li-
verpool.
Nos nationaux, eux-mêmes, se verront dans
l’obligation de nous abandonner.
Nul ne pourrait faire un crime, ni même trouver
mauvais, que la Compagnie Générale Trans
atlantique songeât à changer son port d’attache.
Que diable, voulez-vous, malgré toute sa bonne
volonté, elle ne pourrait évidemment être astreinte
à supporter éternellement les frais excessifs occa
sionnés par le manque de profondeur de notre
chenal.
Si cela continue, nous allons redevenir la petite
bourgade de pêcheurs que François-I er avait tirée
de l’indigence.
Peut-être est-il encore temps de commencer les
travaux qu’on nous promet toujours et qui n’arri
vent jamais à sortir de la période embryonnaire.
Que nos représentants s’agitent ; qu’ils ne se
laissent pas endormir par les promesses de mi
nistres qui se soucient de nous comme de leur
première culotte ; qu’on aboutisse enfin à quelque
chose, ou, bientôt, Le Havre ne sera plus qu’une
petite ville dont les géographies scolaires diront :
c’était autrefois un grand port de commerce !
Pierre MÉRÏTËL.
NOUVEL ATTENTAT ANARCHISTE
Un nouvel attentat anarchiste vient de jeter la
terreur dans Paris.
Mercredi soir, vers neuf heures moins un quart,
une formidable explosion mettait en émoi le quar
tier de l’Odéon.
Une bombe venait d’éclater au restaurant Fayot,
situé 22 bis, rue de Vaugirard, vis-à-vis le palais
du Luxembourg. Les soldats du |poste du Sénat
et quelques courageux citoyens s’élancèrent dans
l’établissement d’où partaient des cris perçants.
Tout d’abord, il était impossible de rien voir au
milieu de la fumée intense qui remplissait la
salle. Les éclats de verre ou d’objets brisés jon
chant le sol ; l’aspect des blessés appelant à leur
aide formaient un horrible spectacle.
Fort heureusement, il n’v avait que peu de
consommateurs dans la salle au moment de l’ex
plosion, sans cela, au lieu de cinq victimes, c’est
une terrible catastrophe que nous aurions à déplo
rer.
Parmi les blessés se trouve Laurent Tailhade,
le collaborateur du GU Blas, surnommé l’anar
chiste des lettres à cause d’une série d’articles
intitulés Au pied des mufles , le même qui, au
lendemain de l’attentat du Palais-Bourbon pro
nonça les paroles tristement célèbres : « Qu’impor
tent les victimes, pourvu que le geste soit beau ! »
Criblé d’éclats de verre, il ne trouve probable
ment plus le geste aussi beau.
Cependant, de nombreuses escouades de gar
diens de la paix ne tardèrent pas à arriver, puis
M. Lépioe-, préfet de police, et- M...Girard, chef
du laboratoire municipal. Un service d’ordre fut
organisé et M. Bernard, commissaire de police
du quartier, commença à interroger les témoins
occulaires.
Suivant les déclarations, l’auteur de l’attentat
serait un individu d’une trentaine d’années, cos
tumé en ouvrier aisé, qui aurait déposé l’engin
devant la façade du restaurant.
D’après le premier examen de la bombe, elle
aurait été fabriquée avec une boîte de conserves
assez volumineuse, remplie de nitro-glycôiine et
de ferraille.
La vie d’aucune des victimes n’est en danger.
Les dégâts sont estimés à une douzaine de
mille francs.
— : --ntpjfffTrr- —— ■
LES BIENFAITS DE M. MÉLINE
On lit, dans la Revue Economique d’Anvers, le
passage suivant :
« Des capitaux français ont émigré chez nous ;
des industriels, dont les prix de revient ont été
élevés artificiellement par le nouveau régime
douanier français ont dû créer à l’étranger des
usines pour alimenter leur clientèle d’outre
mer ; ils apportent du travail à nos ouvriers
sans que nos consommateurs leur paient un
tribut.
Ainsi, voilà les résultats de cette protection qui
devait donner à l’industrie française nn essor
merveilleux, assurer du travail aux ouvriers,
rehausser les salaires, faire le bonheur du produc
teur, sauvegarder les intérêts du consommateur
et donner, par surcroît à l’Etat, sous forme de
produits douaniers, des plus values considéra
bles ».
Après cela la République Française viendra
encore nous chanter les bienfaits du « régime
protecteur ». Il n'y pas de pire sourd que celui
qui ne veut entendre , dit un proverbe. Si Méline
n’entend pas, il peut voir ce que son système coûte
à la France.
Après cela, il s’en moque.peut-être, s’il y trouve
son intérêt.
Là JOURNÉE DE HUIT HEURES
Nous savons, par le rapport de M. Drou, fait au
nom de la Commission chargée d’examiner les
propositions de loi relatives à la règlementation
du travail des adultes dans les établissements in
dustriels, que tout le prolétariat français réclame
la journée de dix heures en attendant mieux, tous
les patrons, au contraire étant opposés à cette di
minution qui doit, d’après eux, ruiner Pi-ndits-
trie nationale, -
Pour nous, qui n’aimons pas les demi-mesure?,
nous avons toujours réclamé la journée de huit
heures, car ce maximum, grâce au progrès des
machines, et quoi qu’eudisent les exploiteurs, peut
être consenti sans aucune perte dans la produc
tion.
L’expérience vient d’être tentée en Angleterre,
dans des conditions véritablement scientifiques et
rigoureusement déterminées : le succès a été écla
tant.
C’est à MM. Mather et Platt, deux grands in
dustriels de Manchester (Salford Gron Works)
que revient l’honneur de cette expérience.
L’idée de la journée de huit heures l’avait tenté,
car l’industriel anglais n’est pas un ces hommes
qui croient nécessaire d’arracher de gré ou de
force à ses ouvriers le maximum d’efforts qu’ils
sont capables de fournir entre deux levers de soleil.
Il substitue donc au régime de cinquante-trois
heures par semaine celui de quarante-huit heures,
les salaires restant les mêmes. L’expérience com
mence en fin 1892, devait durer jusqu’en fin 1893.
L’année d’épreuveétaitexceptionnellement défa
vorable en raison de la dépression industrielle
dans le monde entier, aggravée du relèvement des
prix de revient dû à la grève des mineurs du
Centre.
Pendant l’année d’expérience la production, en
quantité, a été plus grande cependant que pendant
les six dernières années précédentes, ce qui fait
que, quoique les prix de vente aient baissé, la
proportion du taux des salaires se trouve relevé©
de 0,4 0/0.
De plus, le temps perdu sans permission, qui
atteignait jusqu’à 2,46 0/0 dans le système de 53
heures, tombe, dans le nouveau système, à 0,46
0/0. Cela résulte de l’exactitude plus grande du
travail et de l’application plus intense pendant les
heures diminuées.
Et l’on ne doit pas attribuer ces résultats comme
ont tenté de le faire croire certains organes gou
vernementaux, que ce succès gène, à un coup de
collier donné par les ouvriers, pendant l’année
d’expérience.
Nous laissons M. Mather leur répondre :
« Il semblait, au contraire, que nous travail-
» lions en harmonie avec une loi naturelle. L’a-
» méliorafion apportée à la vie de famille doit y
» être pour quelque chose. Chaque ouvrier peut
» maintenant jouir un peu des siens avant de par-
» tir pour son travail. Cela lui donne un bon dé-
» part qui se répercute sur toute la journée. »
L’expérience est donc complète et décisive. Et
en présence de pareils résultats, nos gouvernants
n’en persévèrent pas moins à réclamer la journée
de H heures, c’est-à-dire 66 heures par semaine.
Voilà leur dévouement au prolétariat !
A quand l’expérimentation française ? criait
hier Clémenceau.
A quoi bon de nouvelles expérimentations. La
science avait démontré depuis longtemps que la
journée de huit heures suffisait aux besoins de
l’industrie.
A quand l’application du principe ? demandons-
nous aujourd’hui — application soit par l’Etat,
soit par l’ouvrier lui-même, si l’Etat refuse.
VINDEX.
De son côté, le Figaro , sous la signature de M.
Francis Magnard, publie l’entrefilet ci-dessous :
« Une expérience curieuse vient d’être tentée,
en Angleterre, dans une grande usine de construc
tions mécaniques, à Salford, près de Manchester.
« Les patrons, MM. Mather et Platt, ont mis eu '
pratique le système de la journée de huit heures
en réduisant de 53 heures à 48 heures par semaine
le temps de travail fourni par les douze cents ou
vriers de leur usine.
« Cette suppression porté sur le travail du ma
tin avant le déjeuner.
« Disons tout d’abord que l’expérience a été
concluante.
« La production a été plus grande que dans les
années précédentes. Il y a eu dans l’éclairage, le
combustible, l’usure des machines et enfin dans
LE PORT DU HAVRE
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