Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1894-01-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 janvier 1894 20 janvier 1894
Description : 1894/01/20 (N128). 1894/01/20 (N128).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263327b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
4 e Année — 1 er Pluviôse An 182 — N° 128.
4* Année — S° 128 — Samedi 20 Janvier 1894.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Le
il du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES MOMENTS :
UN A.N SIX MOIS
Le Havre
Départements..
3 fr.
4 fr.
2 fr.
2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PERIER, 15
LE RÉ VEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces.. 25 cent, la ligne
Réclames ..... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
FER ET L'ETAT
aBasaœi&asaam
LES CHEMINS DE FER
ET L’ÉTAT
Nombre de républicains radicaux, — nous
ne parlons pas des opportunistes qui sont tous
des: réactionnaires. —. considèrent encore à
notre époque L ingérence de l’Etat .dans les
fonctions économiques du pays comme une
atteinte à la liberté, comme une menace à la
prospérité générale. Cependant, en présence
des expériences modernes, tant économiques
«je sociales, faites chaque jour sur le (globe
entier, en face de tout Farsenal des faits et des
résultats que la science apporte à chaque ins
tant, les..parti pris du début commencent à
être ébranlés, les .vieilles...formules, de plus en
plus infirmées tendent à disparaître et l’heure
est proche où tous les sincères républicains,
se ralliant au drapeau de la République sociale,
accepteront les justes revendications démo
cratiques et ouvrières.
D’ailleurs, l'Etat moderne n'est plus comme
autrefois un maître politique prétendant di
riger la nation, il prend maintenant, et dans
la vieille Europe et dans les territoires récem-
rr«ent çorïànis par la civilisation, le caractère
d’une association d’hommes libres, réglant et
gérant en commun un grand nombre d’inté
rêts économiques.
Une telle transformation dans les pays
classiques dei l'individualisme le plus intrai
table est terriblement significative*
Il faut remarquer, d’ailleurs, que le préten
du individualisme (bourgeois comporte, en
réalité, un socialisme à rebours, dont il est
surprenant qu’on se soit avisé si tard. Il est
tout à fait plaisant d’entendre invoquer le
dogme de la liberté industrielle, au profit des
privilèges les plus envahissants et les plus
tyranniques. Vers la fin de l’année, à; la tri
bune, c’est au nom de la sacro-sainte pro
priété individuelle, que les ministres se fai
saient les avocats des grandes compagnies
minières. . , .i
C’est du reste au nom de l’intérêt général,
qu’on viole aussi souvent, en vertu d'un pri
vilège, le principe individualiste de la pro
priété privée.
La vérité est que les hautes puissances fi
nancières, qui pèsent sur nous, se sont consti
tuées au moyen d’interventions très impé
rieuses de l’Etat dans le domaine économique,
Çe que les régimes aristocratiques ou bour
geois ont fait pour une petite oligarchie,
comment une démocratie ne pourrait-elle pas
le faire dans l’intérêt du progrès social et de
l’égalité économique ? C'est la question que
se sont posée les congrès ouvriers et ils l’ont
résolue par l’affirmative ; aussi, voyons-nous
maintenant inscrits sur tous les programmes
socialistes : « Nationalisation des chemins de
fer ».
Cette réforme, que nous devons faire con
naître et défendre, heurte violemment la
vieille orthodoxie économique, mais cette der
nière, comme l’a démontré Camille Pelletan,
est difficile à soutenir en présence des expé
riences modernes, car en Australie comme en
Allemagne, les chemins de fer restent partout
la propriété de l’Etat
Il est évident que le caractère dominant de
l’exploitation des chemins de fer est beaucoup
moins que celui d’une entreprise de transport,
que celui d’un droit de propriété et d’usufruit
sur les routes nationales, car il tombe sous
les sens que les chemins de fer sont les véri
table.-' routes vraiment nationales; des Etats
modernes.
On a bien conservé aux grandes routes
d’autrefois, ce vieux nom qui ne correspond
plus aux réalités que pour les dépenses que la
routine continue à y faire.
La. véritable route nationale, maintenant,
c’est la voie ferrée, et demander si leschemins
deTer doivent appartenir à la nation, c’est de
mander silles anciennes routes nationales lui
appartenaient autrefois.
r Et nous ne craindrons pas de dire que celui :
ou ceux qùi, détenant les chemins de fer,
ontséuls le droit d’y transporter les hommes
et les choses, sont les véritables maîtres du
paysq car dans ces conditions, ils prélèvent sur
les objets transportés, non seulement la rému
nération d’un service industriel, mais encore
de véritables impôts, car si l’on veut envoyer
des marchandises à Toulouse ou à Bruxelles,
un monopole d’Etat vous oblige à vous adres
ser à la Compagnie d'Orléans ou à celle du ,
Nord, qui exige la taxe correspondant non
seulement au service industriel qu'elle rend,,
mais encore au besoin que l’on a de la voie
nutlinnfi qjjp l’Etat a livrée aux'compagnies. !
r *■ '*1 'jl "■* r " . i w
Les dividendes de ces dernières sont donc
faite de péages, d’impôts, consolidés et garan
tis par l’Etat, que leur monopole leur a per
mis de lever sur le public, car lever péage
sur les voies de communication c’est perce
voir des impôts.
Or, l’Etat seul a droit d’en percevoir !
Mais ce n’est pas tout : les routes sont con
struites aux frais de la naeïon, et malgré l’ap
parence contraire, les chemins de fer ne font
pas exception à la règle.
Car les premières concessions que l’on at
tribue à tort aux capitalistes sont toutes tom
bées en déchéance à bref délai par l’impossi
bilité où se trouvaient les concessionnaires
de réunir les concours nécessaires.
L’Etat fut donc obligé de recevoir les fonds
et de construire lui-même ; puis, quand la
ligne fut achevée et qu’il n’y eut plus qu’à
en tirer immédiatement des bénéfices, non
seulement il la céda au prix coûtant à des
financiers, auxquels il fut alors d’autant plus
facile de trouver l’argent, qu’on leur donnait
une affaire toute faite ; mais encore il accorda
une garantie d’intérêt, c’est-à-dire qu’il per
mit aux compagnies d’émettre des titres, qui,
de même qu’ils étaient industriels, en ce
qu’ils permettaient d’espérer les plus énormes
bénéfices, étaient de véritables titres de ren
tes, puisque l’Etat s’engageait à leur assurer
un revenu minimum aux frais des contri
buables.
En 1848, après la grande débâcle finan
cière, l’Etat poursuivit les travaux inter
rompus, et cela avec les fonds du Trésor ;
puis la confiance revenue en 1849, l’Assem
blée livra les réseaux à la Haute Banque,
l’Empire continua son œuvre, Raynal l’acheva
par ses scélérates conventions de 1883, qui
font que l’Etat construit à ses frais, avec
l’argent des contribuables, les lignes concédées
aux grandes Compagnies.
Aussi, les chemins de fer remplaçant les
routes nationales, ainsi que toutes les voies
intermédiaires de communication, et construits
en réalité avec le crédit et la fortune de l’Etat,
doivent appartenir à la Nation.
La nationalisation des chemins de fer
comme celle des mines et des banques, dont
nous parlerons plus lard, est inscrite sur tous
les programmes ouvriers.
C'est un des points sur lequel doit primiti
vement porter la propagande socialiste.
E. S.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le vote sans discussion. — En principe,
tout le monde acceptait la conversion. Certains,
cependant, auraient désiré, sur un pirojefc de loi
aussi important, quelques hèures de discussion.
Le gouvernemént et la commission des crédits
ont refusé tout débat. Pourquoi ?'C’est que cha
que minute de perdue se traduit pour le Trésor
par un vol de plusieurs millions que notre gouver
nement ne peut empêcher car, financier lui-même,
il a les mains liées par tous les spéculateurs cos
mopolites et internationalistes qui peuplent la
Bourse de Paris.
Une demi-heure après le dépôt du projetée loi,
quoique la Bourse légale fut fermée depuis long
temps, brusquement, en quelques minutes, sous
l’influence des ventes préparées à l’avance par les
banquiers étrangers, lë 4 1/2 a été précipité du
cours de 104 75 que nous trouvons à la cote offi
cielle, d’abord au cours de 104 25. puis de 103 90
pour finir à 104, perdant ainsi, en moins d’une
heure, à peu près 75 centimes.
C’est la spéculation cosmopolite qui a conduit
l’assaut contre la Rente française, dans le but
facile à deviner de produire une mauvaise impres
sion sur l’opération projetée et amener le rentier
français à vendre son 4 1/2.
M. le ministre des finances a reconnu, sur les
observations de Jules Guesde, qu’il existait des
financiers véritables malfaiteurs, — M. Burdeau
est quelquefois dur pour ses collègues ! — dont
les menées pouvaient compromettre la sûreté des
finances de l’Etat.
Certains capitalistes, certains banquiers, fran
çais ou étrangers, le plus souvent étrangers, peu
vent se livrer aux spéculations les plus éhontées,
et jeter, du jour au lendemain, le désarroi dans
nos finances, en face de ces « associations de mal
faiteurs pour le vol et le pillage • qüi attentent à
la nation en attentant à nos finances, nous sommes
désarmés. Nous ne pouvons les poursuivre, nous
ne pouvons les empêcher de spolier notre épargne,
et si des projets comme celui de lundi sont pré
sentés aux Chambres, on en est réduit pour res
treindre le vol, à voter d’urgence et sans discus
sion, car, pour me servir de l’expression d’un des
chefs du parti radical : « les projets de conversion
de rente sont de ceux dont la spéculation s’empare
tout de suite. »
Voilà où nous en sommes réduits après vingt
ans de République — de République opportuniste,
il est vrai.
Le gouvernement et la majorité de la Chambre
sont à la merci du capitalisme étranger.
*
¥ ¥
L’échec du gouvernement. — Tout le
monde est d’accord, aujourd’hui, pour reconnaître
la défaite du gouvernement.
D’abord par 266 voix contre 235, ensuite par 392
contre 71, Jaurès a battu le ministère, et si M. de
Bernis n’avait pas demandé la division de l’amen
dement Jaurès, repoussé par le gouvernement, il
n’y aurait pas eu de vote sur l’ensemble, et le ca
binet était bel et bien par terre !
Le ministère réactionnaire Casimir-Périer a été
sauvé par la droite, encore a-t-il fallu que le pré
sident du Conseil vienne, la face ferreuse, poser
la question de cabinet.
« Vous avez — s’est-il écrié en pâlissant — vous
« avez un sacrifice à faire ; vous direz si vous vou-
« lez le faire plus tard ou si vous croyez qu’on ser-
« vira mieux les intérêts que vous avez en vue en
« changeant le cabinet qui est sur ces bancs. »
A la pàrole impérieuse dè Casimir d’Anzin,. les
mêmes députés qui avaient reconnu là nécessité
de l’amélioration fiscale, réclamée par Jaurès et
Miilerand, courbèrent la tête, firent amende hono
rable, et repoussèrent la suppression de l’impôt
foncier qu’ils avaient voté quelques minutes plus
tôt.
Le ministère a retrouvé sa majorité, Une majo
rité chancelante, car le cabinet se sent atteint
dans ses oeuvres vives, au prix du déshonneur de
plus de 150 députés qui ont signé de leur bulletin
de vote l’acte le plus ignominieux qui leur ait
jamais été demandé.
A quand le jour où, cette majorité voulant ra
cheter son humiliation dégradante, secouera son
manteau d’esclave, et étranglera le maître qui l’a
traitée, mardi, comme une fille soumise.
*
* ¥
ÉTRANGER
L’Italie en état de siège. — Hier c’était
une émeute, — aujourd’hui c’est une révolution.
— Après la Sicile, la Péninsule.
A Carrare, à Niassa, l’insurrection bat son
plein. C’est la guerre civile dans toute sa hideur !
Des bandes, fortes de 600 à 1,000 hommes, tien
nent la campagne.
Mardi' dans la nuit, les révoltés, après avoir
enlevés les barricades qui défendent feutrée de
Foce, un faubourg de Carrare, ont failli s'emparer
4e la ville.
Dans toutes les cités, les troupes gouvernèmea-
fciles se tiennent sur la défensive, mais la campa
gne appartient entièrement aux révoltés.
D’ici à quelques jours, de véritables armées de
travailleurs seront organisées, et le mouvement
insurrectionnel s’étendant dans toutes les provin
ces, toutes les forces italiennes ne suffiront pas
à rétablir l’ordre.
Beaucoup de régiments sont, du reste, très
tièdes et, d’ici peu, il faut s’attendre à voir cer
tains d’entre eux passer à la révolution.
D. L.
Les 84 Fidèles
84 députés sont restés fidèles au gouvernement
dans les deux scrutins sur l’amendement Jaurès.
Ils forment le noyau de ce qu’on peut appeler la
réaction opportuniste. Ce sont les bons gouver
nementaux amis du conservateur Périer d’Anzin.
MM. J. Siegfried et Félix Faure sont du nombre.
Cela étonnera peut-être les Ilavrais qui se sont
laissés duper au 20 août par leur fausse étiquette
de républicain progressiste.
Aujourd’hui, les masques sont tombés : on crie
vive Casimir I demain on braira vive le Roi ! !
— «ta» .
I. SIEGFRIED ET NOTRE MARINE
Au mois d’août dernier, essayant de justifier soà
rôle néfaste dans l’affaire du câble des A.ores, M.
J. Siegfried déclara en réunion publique — c’était
à la Lyre havraiso — qu’il ne fallait pas considé-
rer « le cas où nous aurions à envoyer des dépê
ches en Russie, au moment d’une guerre avec
l’Allemagne, car le cable serait immédiatement
coupé par les marines ennemies ».
Nous lui répondîmes (voir Réveil du Havre da
15 août 1893) que « dans U cas d’une guerre avec
l’Allemagne, ce sera, non pas même da îs les 24
heures après cette déclaration, mais dans les
quelques heures qui la suivront que ces dépêches
devant être échangées avec la Russie.
Et continuant, nous ajoutions : « Dans ces con
ditions, je ne comprends pas comment M. Sieg
fried ose prétendre que les communications se
raient interrompuse, car tous les gens du métieF
vous diront que la rupture d’un câble, sauf près
des côtes, est une opération relativement longue
et qui demanderait certainement plusieurs jours
aux croiseurs étrangers.
« Quant aux points où ce câble se rapproche
des côtes quatre croiseurs à grande vitesse (2 à
chaque point de sortie) sont grandement suffisants
pour en assurer la défense et, si nos marins sont;
prévenus à temps, ce qui n’est pas douteux, il est
certain qu’ils sauront se porter sur les points me
nacés aussi vite que les marines étrangères ».
M. Siegfried n’en persista pas moins à préten
dre que le cable serait immédiatement coupé .
■ è
h
4* Année — S° 128 — Samedi 20 Janvier 1894.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
Le
il du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES MOMENTS :
UN A.N SIX MOIS
Le Havre
Départements..
3 fr.
4 fr.
2 fr.
2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PERIER, 15
LE RÉ VEIL DU HA VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces.. 25 cent, la ligne
Réclames ..... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
FER ET L'ETAT
aBasaœi&asaam
LES CHEMINS DE FER
ET L’ÉTAT
Nombre de républicains radicaux, — nous
ne parlons pas des opportunistes qui sont tous
des: réactionnaires. —. considèrent encore à
notre époque L ingérence de l’Etat .dans les
fonctions économiques du pays comme une
atteinte à la liberté, comme une menace à la
prospérité générale. Cependant, en présence
des expériences modernes, tant économiques
«je sociales, faites chaque jour sur le (globe
entier, en face de tout Farsenal des faits et des
résultats que la science apporte à chaque ins
tant, les..parti pris du début commencent à
être ébranlés, les .vieilles...formules, de plus en
plus infirmées tendent à disparaître et l’heure
est proche où tous les sincères républicains,
se ralliant au drapeau de la République sociale,
accepteront les justes revendications démo
cratiques et ouvrières.
D’ailleurs, l'Etat moderne n'est plus comme
autrefois un maître politique prétendant di
riger la nation, il prend maintenant, et dans
la vieille Europe et dans les territoires récem-
rr«ent çorïànis par la civilisation, le caractère
d’une association d’hommes libres, réglant et
gérant en commun un grand nombre d’inté
rêts économiques.
Une telle transformation dans les pays
classiques dei l'individualisme le plus intrai
table est terriblement significative*
Il faut remarquer, d’ailleurs, que le préten
du individualisme (bourgeois comporte, en
réalité, un socialisme à rebours, dont il est
surprenant qu’on se soit avisé si tard. Il est
tout à fait plaisant d’entendre invoquer le
dogme de la liberté industrielle, au profit des
privilèges les plus envahissants et les plus
tyranniques. Vers la fin de l’année, à; la tri
bune, c’est au nom de la sacro-sainte pro
priété individuelle, que les ministres se fai
saient les avocats des grandes compagnies
minières. . , .i
C’est du reste au nom de l’intérêt général,
qu’on viole aussi souvent, en vertu d'un pri
vilège, le principe individualiste de la pro
priété privée.
La vérité est que les hautes puissances fi
nancières, qui pèsent sur nous, se sont consti
tuées au moyen d’interventions très impé
rieuses de l’Etat dans le domaine économique,
Çe que les régimes aristocratiques ou bour
geois ont fait pour une petite oligarchie,
comment une démocratie ne pourrait-elle pas
le faire dans l’intérêt du progrès social et de
l’égalité économique ? C'est la question que
se sont posée les congrès ouvriers et ils l’ont
résolue par l’affirmative ; aussi, voyons-nous
maintenant inscrits sur tous les programmes
socialistes : « Nationalisation des chemins de
fer ».
Cette réforme, que nous devons faire con
naître et défendre, heurte violemment la
vieille orthodoxie économique, mais cette der
nière, comme l’a démontré Camille Pelletan,
est difficile à soutenir en présence des expé
riences modernes, car en Australie comme en
Allemagne, les chemins de fer restent partout
la propriété de l’Etat
Il est évident que le caractère dominant de
l’exploitation des chemins de fer est beaucoup
moins que celui d’une entreprise de transport,
que celui d’un droit de propriété et d’usufruit
sur les routes nationales, car il tombe sous
les sens que les chemins de fer sont les véri
table.-' routes vraiment nationales; des Etats
modernes.
On a bien conservé aux grandes routes
d’autrefois, ce vieux nom qui ne correspond
plus aux réalités que pour les dépenses que la
routine continue à y faire.
La. véritable route nationale, maintenant,
c’est la voie ferrée, et demander si leschemins
deTer doivent appartenir à la nation, c’est de
mander silles anciennes routes nationales lui
appartenaient autrefois.
r Et nous ne craindrons pas de dire que celui :
ou ceux qùi, détenant les chemins de fer,
ontséuls le droit d’y transporter les hommes
et les choses, sont les véritables maîtres du
paysq car dans ces conditions, ils prélèvent sur
les objets transportés, non seulement la rému
nération d’un service industriel, mais encore
de véritables impôts, car si l’on veut envoyer
des marchandises à Toulouse ou à Bruxelles,
un monopole d’Etat vous oblige à vous adres
ser à la Compagnie d'Orléans ou à celle du ,
Nord, qui exige la taxe correspondant non
seulement au service industriel qu'elle rend,,
mais encore au besoin que l’on a de la voie
nutlinnfi qjjp l’Etat a livrée aux'compagnies. !
r *■ '*1 'jl "■* r " . i w
Les dividendes de ces dernières sont donc
faite de péages, d’impôts, consolidés et garan
tis par l’Etat, que leur monopole leur a per
mis de lever sur le public, car lever péage
sur les voies de communication c’est perce
voir des impôts.
Or, l’Etat seul a droit d’en percevoir !
Mais ce n’est pas tout : les routes sont con
struites aux frais de la naeïon, et malgré l’ap
parence contraire, les chemins de fer ne font
pas exception à la règle.
Car les premières concessions que l’on at
tribue à tort aux capitalistes sont toutes tom
bées en déchéance à bref délai par l’impossi
bilité où se trouvaient les concessionnaires
de réunir les concours nécessaires.
L’Etat fut donc obligé de recevoir les fonds
et de construire lui-même ; puis, quand la
ligne fut achevée et qu’il n’y eut plus qu’à
en tirer immédiatement des bénéfices, non
seulement il la céda au prix coûtant à des
financiers, auxquels il fut alors d’autant plus
facile de trouver l’argent, qu’on leur donnait
une affaire toute faite ; mais encore il accorda
une garantie d’intérêt, c’est-à-dire qu’il per
mit aux compagnies d’émettre des titres, qui,
de même qu’ils étaient industriels, en ce
qu’ils permettaient d’espérer les plus énormes
bénéfices, étaient de véritables titres de ren
tes, puisque l’Etat s’engageait à leur assurer
un revenu minimum aux frais des contri
buables.
En 1848, après la grande débâcle finan
cière, l’Etat poursuivit les travaux inter
rompus, et cela avec les fonds du Trésor ;
puis la confiance revenue en 1849, l’Assem
blée livra les réseaux à la Haute Banque,
l’Empire continua son œuvre, Raynal l’acheva
par ses scélérates conventions de 1883, qui
font que l’Etat construit à ses frais, avec
l’argent des contribuables, les lignes concédées
aux grandes Compagnies.
Aussi, les chemins de fer remplaçant les
routes nationales, ainsi que toutes les voies
intermédiaires de communication, et construits
en réalité avec le crédit et la fortune de l’Etat,
doivent appartenir à la Nation.
La nationalisation des chemins de fer
comme celle des mines et des banques, dont
nous parlerons plus lard, est inscrite sur tous
les programmes ouvriers.
C'est un des points sur lequel doit primiti
vement porter la propagande socialiste.
E. S.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Le vote sans discussion. — En principe,
tout le monde acceptait la conversion. Certains,
cependant, auraient désiré, sur un pirojefc de loi
aussi important, quelques hèures de discussion.
Le gouvernemént et la commission des crédits
ont refusé tout débat. Pourquoi ?'C’est que cha
que minute de perdue se traduit pour le Trésor
par un vol de plusieurs millions que notre gouver
nement ne peut empêcher car, financier lui-même,
il a les mains liées par tous les spéculateurs cos
mopolites et internationalistes qui peuplent la
Bourse de Paris.
Une demi-heure après le dépôt du projetée loi,
quoique la Bourse légale fut fermée depuis long
temps, brusquement, en quelques minutes, sous
l’influence des ventes préparées à l’avance par les
banquiers étrangers, lë 4 1/2 a été précipité du
cours de 104 75 que nous trouvons à la cote offi
cielle, d’abord au cours de 104 25. puis de 103 90
pour finir à 104, perdant ainsi, en moins d’une
heure, à peu près 75 centimes.
C’est la spéculation cosmopolite qui a conduit
l’assaut contre la Rente française, dans le but
facile à deviner de produire une mauvaise impres
sion sur l’opération projetée et amener le rentier
français à vendre son 4 1/2.
M. le ministre des finances a reconnu, sur les
observations de Jules Guesde, qu’il existait des
financiers véritables malfaiteurs, — M. Burdeau
est quelquefois dur pour ses collègues ! — dont
les menées pouvaient compromettre la sûreté des
finances de l’Etat.
Certains capitalistes, certains banquiers, fran
çais ou étrangers, le plus souvent étrangers, peu
vent se livrer aux spéculations les plus éhontées,
et jeter, du jour au lendemain, le désarroi dans
nos finances, en face de ces « associations de mal
faiteurs pour le vol et le pillage • qüi attentent à
la nation en attentant à nos finances, nous sommes
désarmés. Nous ne pouvons les poursuivre, nous
ne pouvons les empêcher de spolier notre épargne,
et si des projets comme celui de lundi sont pré
sentés aux Chambres, on en est réduit pour res
treindre le vol, à voter d’urgence et sans discus
sion, car, pour me servir de l’expression d’un des
chefs du parti radical : « les projets de conversion
de rente sont de ceux dont la spéculation s’empare
tout de suite. »
Voilà où nous en sommes réduits après vingt
ans de République — de République opportuniste,
il est vrai.
Le gouvernement et la majorité de la Chambre
sont à la merci du capitalisme étranger.
*
¥ ¥
L’échec du gouvernement. — Tout le
monde est d’accord, aujourd’hui, pour reconnaître
la défaite du gouvernement.
D’abord par 266 voix contre 235, ensuite par 392
contre 71, Jaurès a battu le ministère, et si M. de
Bernis n’avait pas demandé la division de l’amen
dement Jaurès, repoussé par le gouvernement, il
n’y aurait pas eu de vote sur l’ensemble, et le ca
binet était bel et bien par terre !
Le ministère réactionnaire Casimir-Périer a été
sauvé par la droite, encore a-t-il fallu que le pré
sident du Conseil vienne, la face ferreuse, poser
la question de cabinet.
« Vous avez — s’est-il écrié en pâlissant — vous
« avez un sacrifice à faire ; vous direz si vous vou-
« lez le faire plus tard ou si vous croyez qu’on ser-
« vira mieux les intérêts que vous avez en vue en
« changeant le cabinet qui est sur ces bancs. »
A la pàrole impérieuse dè Casimir d’Anzin,. les
mêmes députés qui avaient reconnu là nécessité
de l’amélioration fiscale, réclamée par Jaurès et
Miilerand, courbèrent la tête, firent amende hono
rable, et repoussèrent la suppression de l’impôt
foncier qu’ils avaient voté quelques minutes plus
tôt.
Le ministère a retrouvé sa majorité, Une majo
rité chancelante, car le cabinet se sent atteint
dans ses oeuvres vives, au prix du déshonneur de
plus de 150 députés qui ont signé de leur bulletin
de vote l’acte le plus ignominieux qui leur ait
jamais été demandé.
A quand le jour où, cette majorité voulant ra
cheter son humiliation dégradante, secouera son
manteau d’esclave, et étranglera le maître qui l’a
traitée, mardi, comme une fille soumise.
*
* ¥
ÉTRANGER
L’Italie en état de siège. — Hier c’était
une émeute, — aujourd’hui c’est une révolution.
— Après la Sicile, la Péninsule.
A Carrare, à Niassa, l’insurrection bat son
plein. C’est la guerre civile dans toute sa hideur !
Des bandes, fortes de 600 à 1,000 hommes, tien
nent la campagne.
Mardi' dans la nuit, les révoltés, après avoir
enlevés les barricades qui défendent feutrée de
Foce, un faubourg de Carrare, ont failli s'emparer
4e la ville.
Dans toutes les cités, les troupes gouvernèmea-
fciles se tiennent sur la défensive, mais la campa
gne appartient entièrement aux révoltés.
D’ici à quelques jours, de véritables armées de
travailleurs seront organisées, et le mouvement
insurrectionnel s’étendant dans toutes les provin
ces, toutes les forces italiennes ne suffiront pas
à rétablir l’ordre.
Beaucoup de régiments sont, du reste, très
tièdes et, d’ici peu, il faut s’attendre à voir cer
tains d’entre eux passer à la révolution.
D. L.
Les 84 Fidèles
84 députés sont restés fidèles au gouvernement
dans les deux scrutins sur l’amendement Jaurès.
Ils forment le noyau de ce qu’on peut appeler la
réaction opportuniste. Ce sont les bons gouver
nementaux amis du conservateur Périer d’Anzin.
MM. J. Siegfried et Félix Faure sont du nombre.
Cela étonnera peut-être les Ilavrais qui se sont
laissés duper au 20 août par leur fausse étiquette
de républicain progressiste.
Aujourd’hui, les masques sont tombés : on crie
vive Casimir I demain on braira vive le Roi ! !
— «ta» .
I. SIEGFRIED ET NOTRE MARINE
Au mois d’août dernier, essayant de justifier soà
rôle néfaste dans l’affaire du câble des A.ores, M.
J. Siegfried déclara en réunion publique — c’était
à la Lyre havraiso — qu’il ne fallait pas considé-
rer « le cas où nous aurions à envoyer des dépê
ches en Russie, au moment d’une guerre avec
l’Allemagne, car le cable serait immédiatement
coupé par les marines ennemies ».
Nous lui répondîmes (voir Réveil du Havre da
15 août 1893) que « dans U cas d’une guerre avec
l’Allemagne, ce sera, non pas même da îs les 24
heures après cette déclaration, mais dans les
quelques heures qui la suivront que ces dépêches
devant être échangées avec la Russie.
Et continuant, nous ajoutions : « Dans ces con
ditions, je ne comprends pas comment M. Sieg
fried ose prétendre que les communications se
raient interrompuse, car tous les gens du métieF
vous diront que la rupture d’un câble, sauf près
des côtes, est une opération relativement longue
et qui demanderait certainement plusieurs jours
aux croiseurs étrangers.
« Quant aux points où ce câble se rapproche
des côtes quatre croiseurs à grande vitesse (2 à
chaque point de sortie) sont grandement suffisants
pour en assurer la défense et, si nos marins sont;
prévenus à temps, ce qui n’est pas douteux, il est
certain qu’ils sauront se porter sur les points me
nacés aussi vite que les marines étrangères ».
M. Siegfried n’en persista pas moins à préten
dre que le cable serait immédiatement coupé .
■ è
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