Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-12-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 décembre 1893 09 décembre 1893
Description : 1893/12/09 (N122). 1893/12/09 (N122).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263321v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU II A VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LES
VRAIS RADICAUX
Certains bons esprits de notre ville, voyant
le Réveil marcher hardiment dans la voie du
socialisme, se sont, paraît-il, montrés inquiets.
D’autres — ceux-là sont nos ennemis sans
doute — nous ont jeté l’épithète, aussi sotte
que surannée, de « partageux V Des deux
parts, on s’est trompé sur nos tendances.
11 est très facile de faire le procès d’un
parti avec des formules toutes faites, et d’ac
cuser les socialistes de vouloir, nouveaux
barbares, retourner au communisme primitif.
Mais ce sont là raisons de gouvernementaux,
falsificateurs par profession de toute idée con
traire aux privilèges de F aristocratie capita
liste; ce sont là réfutations communes à tous
les cours et ouvrages des besogneux de l’éco
nomie politique.
Si cependant de tels arguments semblent à
nos adversaires mériter quelque faveur, nous
ne saurions mieux faire que leur recommander
la dernière élucubration de M. Yves Guyot,
La Tyrannie Socialiste , parue chez Delagrave,
rue Soufflot, au prix modique de 1 fr. 25. Ils
y verront, notamment, un ravissant dialogue
entre un déterministe et un délégué de la
Bourse du Travail, dont l'ignorance a, dans
l’espece, une heureuse excuse : la profonde
incompétence ue 1 autôttr.
On trouve ça et là des perles dans le genre
de celles-ci :
Le déterministe. — Qu’est-ce que le qua
trième état ?
Le délégué. — Il y a eu le Tiers-Etat en
1789. Un siècle après, il faut bien qu’il y ait
le quatrième. C’est le progrès.
Le déterministe. — Et de qui se compose-
t-il ?
Le délégué'. — De ceux qui ne sont pas
bourgeois.
Et voilà comment le vieux petit employé,
après avoir commis des socialistes à son image,
se jette dessus afin d’en montrer l'ignorance
et l’imbécilité.
Nos anciens amis du Havre, nos ennemis
eux-mêmes, reeourreront-ils à de pareils pro
cédés ?
Croiront-ils avoir à jamais coulé notre pro
pagande, en nous sacrant d’emblée commu
nistes et « partageux » pour nous plus facile
ment éreiflrter ?
Nous ne le pensons pas.
Aussi bien nous connaissons parmi eux des
républicains sincères, des radicaux "éprouvés,
entièrement différents, nous l’espérons, de
certains fumistes qu’en un banquet septembral
nous vîmes étaler un absolu dévouement aux
Grands Principes, dévouement, hélas ! plus
fugitif qu’un feu de paille, comme nous l’avons
vu au 20 août.
Fils de la Révolution Française, ils en ont
certainement comme nous saisi l’esprit; ils
sont résolus, nous en sommes convaincus, à
faire sortir de l’idée républicaine toutes les
réformes qu’en puissance elle contient.
Si cependant il fallait aux radicaux du
Havre un grand exemple de marche coura
geuse dans la voie du progrès, nous leur cite
rions la politique actuelle de certains radicaux
avancés et en particulier celle de leur leader :
Clémenceau.
Dans un article en date du 4 décembre 1893,
le rédacteur en chef de la Justice s’explique
de la manière la plus nette avec le groupe
socialiste de la Chambre actuelle, et notam
ment — nous allons" lâcher le gros mot —
avec les collectivistes.
Voici ses propres paroles :
« Je disais l’autre jour que l’opposition
socialiste ne serait vraiment féconde qu’à la
condition de ne pas se cantonner sur le terrain
étroit du collectivisme — doctrine à laquelle
la France n’est pas prête à se rallier. M. J aurès
me fait à ce sujet une réponse très nette, que
j’enregistre bien volontiers.
« 11 est collectiviste, il fera la propagande
du collectivisme par tous les moyens en son
pouvoir. Ses amis s’inspireront naturellement
du principe collectiviste dans les propositions
qu’ils présenteront à la Chambre. Mais il
reconnaît que la formule même (du collecti
visme) ne peut être un acte législatif. « Elle ne
« crée donc pas, dit-il, une scission nécessaire
« entre ceux qui seraient simplement animés
r de Vesprit socialiste et nous. »
Et plus loin :
« Le programme de M. Jaurès c’est : tout
le programme radical socialiste défendu par la
Justice depuis quatorze ans, développé à la
tribune par Camille Pelletan, Georges Périn
et tant d’autres, y compris le signataire de
cet article.
<\ Si tel est le champ d’action de Vesprit
socialiste , il est assez vaste pour que les répu
blicains qui répudient toute compromission
avec la droite, et qui comprennent que la des
truction de l’ordre politique ancien entraîne la
transformation progressive, mais complète, de
l’ordre économique qui en était le corollaire,
puissent s’y rencontrer et s’y mouvoir. »
Que pensent nos amis les radicaux havrais
de ces déclarations? En toute sincérité, peut-
on les considérer comme émanant d’un uto
piste, d’un révolutionnaire ?
Nous ne nous dissimulons pas que la per
sonnalité de Clémenceau, sans doute depuis
la ridicule histoire des faux-papiers Norton,
est en discrédit auprès de quelques pseudo-
républicains, notamment au Havre auprès de
certaine blouse blanche de la typographie qui
fait métier de salir l’idée socialiste et de
calomnier les honnêtes gens; mais cette infime
minorité ne peut ôter son importance à l’opi
nion franchement exprimée d’un des plus
puissants champions de la troisième Répu
blique.
Ceux qui hésitent encore à s’enrôler sous le
drapeau de la Démocratie Socialiste, penseront
peut-être un jour qu’ils n’ont pas le droit de
chasser de la grande famille républicaine les
partis avancés auxquels d’éclatants succès
promettent un avènement prochain ; ils com-
prendrontqu’ilsneseraientpasdansla tradition
de leurs pères en jetant l’anathème aux jeunes,
aux travailleurs, à ceux qui, loin de subor
donner leurs conceptions politiques à leurs
intérêts immédiats, voient plushaut,regardent
plus loin, et viennent leur parler au nom de
tous leurs maîtres, au nom de Lamarck, de
Darwin, de Spencer, de Marx, d’Engels, au
nom de tous les savants du monde, au nom de
l’Internationale de l’Humanité !
Maurice GUÏLLOT.
SEMAINE ""POLITIQUE.
FRANCE
Déclaration de Gouvernement. — Parmi
les nouveaux élus au Parlement, on attendait
avec une certaine anxiété la déclaration de gou
vernement de lundi. Les vieux parlementaires
n’avaient pas de ces inquiétudes, iis savaient de
puis longtemps ce que signifie l’avènement au
pouvoir d’un Casimir Périer et d’un Raynal. Ce
pendant l’impression générale était un Soulage
ment causé par la fin de la crise ministérielle.
C’est, qu’en effet, la formation d’un nouveau
Cabinet n’avait pas été chose facile; on se souvient
sans doute que dans notre dernier numéro, nous
avions montré les piteux échecs des combinaisons
Méline et Dupuy ; or, plus récemment, les tenta
tives de Spulier, dans le même sens, avaient eu
un égal insuccès, grâce surtout à l’indignation
générale, soulevée dans la presse, par le retour au
pouvoir des tripoteurs de Panama.
M. Casimir Périer, le richissisme actionnaire de
la Compagnie d’Anzin, paraissait seul possible ;
mais, comme nous l’avions fait pressentir, il était
trop soucieux de sa candidature à la présidence
pour se compromettre dans une combinaison mi
nistérielle.
Cependant, l’obstination de M. Carnot qui, se
lon quelques-uns, alla jusqu’à parler de démission,
finit par triompher de ses résistances, et lundi
dernier, M. Casimir Périer, entouré de la fine
fleur de l’opportunisme, se présentait devant le
Parlement.
Donner une idée de sa déclaration est chose fa
cile : c’est du Dupuy traduit eh français et pré
senté avec les formes polies d’un parfait gentle
man. Malheureusement, si différent qu’il soit,
quant à la forme du discours de son prédécesseur,
il n’en diffère pas quant au fond. Tout au plus y
trouve-t-on une demande « de relèvement, modéré
en ligne directe, des droits de succession ». Enco
re cette proposition n’a-t-elle aucune chance d’a?
boutir avec la constitution actuelle, car elle a été
accueillie plus que froidement par l’assémblée
des nobles vieillards du Luxembourg.
La demande d’interpellation sur la politique gé
nérale qu’attendait le gouvernemant n’a pas eu
lieu, l’extrême-gauche par l’organe de M. Paschal
Grousset, a préféré tâter le nouveau Cabinet sur
la question de l’amnistie.
Quand des propositions de ce genre se produisent,
il y a un jeu qui est tout fait. Déclaration d’ur
gence, discussion immédiate, arrêt de la proposi
tion au moment du passage à la discussion des ar
ticles. C’est tout réglé. D’ordinaire, les Chambres
pensent que les propositions d’amnistie qui n’ont
pas l’appui du gouvernement doivent être soumi
ses à une.procédure expéditive qui ressemble à la
question préalable. C’est sur des propositions de
ce genre que les ministères comptent les plus
g ,r os effectifs de leur majorité
Lundi, il y a eu pointage. C’est un fait sans pré
cédent. Il constitue moralement un échec pour un
Cabinet, qui n’a même pas réuni la majorité des
voix républicaines !
Le meilleur morceau de la séance, a été, sans
contredit, l’excellent discours de M.Ernest Roche.
Il était difficile de plaider la cause de l’amnistie
avec plus d’habileté et aussi avec plus de talent.
Jaurès avait déjà réduit à rien le malheureux
Dupux. Roche en a fait de même du pauvre Ray
nal. Décidément, M. Carnot n’a pas la main heu
reuse dans le choix des gendarmes qu’il lance con
tres les socialistes. Ils sont peut-être bons à dres
ser des procès-verbaux avec l’aide de la magistra
ture. Mais quand il s’agit d’affronter la tribune,
quelle déception pour l’Elysée !
★
* *
La Présidence de la Chambre. — Le
sympathique Dupuy, bien que lourdement tombé
à terre, cherche à sortir de la boue où les socia
listes l’avaient enfoncé. Encore un qui connaît la
fable de la Fourmi de Tamerlan !
Mardi dernier, Dupuy a été élu à la présidence
de la Chambre.
Il est juste de dire que la victoire n’a pas été
brillante. Alors que M. Brisson, son concurrent,
obtenait 213 voix républicaines, M. Dupuy n’a pu
être élu que grâce au concours des 60 membres de
la droite par 251 voix.
Cela, si nous ne nous trompons, se nomme une
victoire à la Pyrrhus.
R. J.
"
GOUVERNEMENT SANS MAJORITÉ
Décidément, la Chambre nouvelle ne semble pas
décidée à donner une majorité bien nette aux
réactionnaires, témoin le vote sur le passage à la
discussion des articles de la proposition d’amnistie
émanant de M. Paschal Grousset, témoin aussi
l’élection à la présidence de la Chambre de l’intel
ligent et subtil Dupuy.
Tout Cabinet conscient de l’esprit du parlemen
tarisme et respectueux de la décision des manda
taires du peuple se fut retiré après l’insuccès du
lundi 4 décembre. Il est, en effet, de toute évidence
que dans un pays dont les représentants sont pour
les 9/10* élus avec un programme républicain, un
gouvernement ne doit se maintenir qu’à condition
de réunir sur ses déclarations une forte majorité
républicaine. Or,fil n’en a rien été.
L’examen du scrutin démontre, en effet, que la
majorité obtenue par le ministère comprend 42
voix de droite et 215 voix républicaines dont
celles des 8 ministres députés.
D’autre part, sur les 226 voix qui se sont pro
noncées pour l’amnistie, on ne compte que 12 voix
de droite.
La majorité de 31 voix obtenues par le ministère
se réduit donc à une quantité négative — 207 voix
contre 214 — si l’on ne considère, comme le pro
gramme lu quelques minutes avant le vote semble
l'indiquer, que la majorité républicaine, abstraction
faite des voix des ministres qui, dans une question
de confiance, ne peuvent raisonnablement être
comptées.
En résumé, les républicains de la Chambre, par
7 voix de majorité, se sont prononcés contre le
nouveau Cabinet. C’est un fait qui, mieux que
toute argumentation, montre que M. Casimir
Périer, réactionnaire par hérédité, entend chercher
sa majorité dans les rangs de la droite.
Quoiqu’il en soit, la séance de lundi peut se
ramener aux proportions d’une médiocre comédie
parlementaire. Un patron de mines, laissant de
côté, en considération de ses intérêts, toute ques
tion politique, a demandé aux industriels sans
convictions et sans patrie qui forment une bonne
partie de la Chambre, de bien vouloir ratifier par
un vote ses exactions quotidiennes. En bons con
frères, les Reille, les Schneider, les Renard, les
Taillandier, les Veikinder, ont voté comme un
seul homme pour leur complice et ami.
Malheureusement, il s’est trouvé des représen
tants du peuple assez mal nés pour rappeler en
plein Parlement les violences patronales, les mas
sacres du Pas-de-Calais, et pour sc souvenir que
■déè pèvéà uê fàniiiie pOiifrissent dans les cachots
de la troisième République, pendant que des
enfants et des femmes meurent de faim.
Ces hommes se sont trouvés assez nombreux
pour infliger-à l’industriel d’Anzin le blâme répu
blicain. Mais Casimir-Périer n’en a cure. Périsse
plutôt le parlementarisme que le dieu Dividende t
Au milieu du concert joyeux déchaîné dans les
rangs gouvernementaux par le succès trompeur de
lundi, il s’est trouvé cependant quelques notes
discordantes. Gageons, par exemple, que certains
opportunistes ont été fort marris de voir le record
du cynisme battu par le droitier Mackau et ses
amis.
Nous avouons que nous avons été nous-mêmes
singulièrement surpris de voir l’exil des boulan-
gistes maintenu, prolongé par la voix de Mackau,
l’agent discret de tous les traités contractés par la
droite avec les amis du brav’ général, le négocia
teur attitré et humble féal de Philippe VII. Comme
exemple de lâchage, le vote des droitiers mérite
de passer à la postérité.
En somme, le gouvernement a la majorité dont
il est digne; qu’il la garde! qu’il continue à décla
rer que dans le boulangisme il y avait un crime
inexpiable, et que c’est une prétention insuppor
table chez un mineur de réclamer du pain, mais
nous le prévenons qu’à ce jeu là on n’a jamais vu
vieillir les ministères, et qu’avec beaucoup de
succès comme celui de lundi, on s’achemine tout
doucement à la défaite honteuse et finale !
Les Nouveaux Tarifs Douaniers aux Etats-Unis
Ainsi que nous l’avions annoncé dans notre der
nier Réveil, la commission des Douanes des Etats-
Unis a proposé au gouvernement de réformer les
tarifs douaniers actuellement en vigueur.
Nous savons maintenant qu’il ne faut pas don
ner trop d’importance à ces quelques modifications
apportées au Bill Mac-Kinley, car elles sont faites
plus pour protéger le travailleur des Etats-Unis,
que pour donner satisfaction à certaines revendi
cations étrangères.
En effet, M. Wilson, le président de la commis
sion, a déclaré que cette dernière : 1° remplacera,
partout où cela est possible, les droits spécifiques
par des droits ad valorem ; 2° exemptera de droits
les matières premières nécessaires aux industries,
et que cette exemption très étendue comprendra
le oharbon , le fer , les minerais , les bois de char -
pente, la laine, etc.
De cette façon les intérêts des travailleurs amé
ricains sont ainsi sauvegardés. — Il st prouvé
que les manufactures des Etats-Unis peuvent,
dans un délai de six à neuf mois, fabriquer assez
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements G fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU II A VRE paraît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LES
VRAIS RADICAUX
Certains bons esprits de notre ville, voyant
le Réveil marcher hardiment dans la voie du
socialisme, se sont, paraît-il, montrés inquiets.
D’autres — ceux-là sont nos ennemis sans
doute — nous ont jeté l’épithète, aussi sotte
que surannée, de « partageux V Des deux
parts, on s’est trompé sur nos tendances.
11 est très facile de faire le procès d’un
parti avec des formules toutes faites, et d’ac
cuser les socialistes de vouloir, nouveaux
barbares, retourner au communisme primitif.
Mais ce sont là raisons de gouvernementaux,
falsificateurs par profession de toute idée con
traire aux privilèges de F aristocratie capita
liste; ce sont là réfutations communes à tous
les cours et ouvrages des besogneux de l’éco
nomie politique.
Si cependant de tels arguments semblent à
nos adversaires mériter quelque faveur, nous
ne saurions mieux faire que leur recommander
la dernière élucubration de M. Yves Guyot,
La Tyrannie Socialiste , parue chez Delagrave,
rue Soufflot, au prix modique de 1 fr. 25. Ils
y verront, notamment, un ravissant dialogue
entre un déterministe et un délégué de la
Bourse du Travail, dont l'ignorance a, dans
l’espece, une heureuse excuse : la profonde
incompétence ue 1 autôttr.
On trouve ça et là des perles dans le genre
de celles-ci :
Le déterministe. — Qu’est-ce que le qua
trième état ?
Le délégué. — Il y a eu le Tiers-Etat en
1789. Un siècle après, il faut bien qu’il y ait
le quatrième. C’est le progrès.
Le déterministe. — Et de qui se compose-
t-il ?
Le délégué'. — De ceux qui ne sont pas
bourgeois.
Et voilà comment le vieux petit employé,
après avoir commis des socialistes à son image,
se jette dessus afin d’en montrer l'ignorance
et l’imbécilité.
Nos anciens amis du Havre, nos ennemis
eux-mêmes, reeourreront-ils à de pareils pro
cédés ?
Croiront-ils avoir à jamais coulé notre pro
pagande, en nous sacrant d’emblée commu
nistes et « partageux » pour nous plus facile
ment éreiflrter ?
Nous ne le pensons pas.
Aussi bien nous connaissons parmi eux des
républicains sincères, des radicaux "éprouvés,
entièrement différents, nous l’espérons, de
certains fumistes qu’en un banquet septembral
nous vîmes étaler un absolu dévouement aux
Grands Principes, dévouement, hélas ! plus
fugitif qu’un feu de paille, comme nous l’avons
vu au 20 août.
Fils de la Révolution Française, ils en ont
certainement comme nous saisi l’esprit; ils
sont résolus, nous en sommes convaincus, à
faire sortir de l’idée républicaine toutes les
réformes qu’en puissance elle contient.
Si cependant il fallait aux radicaux du
Havre un grand exemple de marche coura
geuse dans la voie du progrès, nous leur cite
rions la politique actuelle de certains radicaux
avancés et en particulier celle de leur leader :
Clémenceau.
Dans un article en date du 4 décembre 1893,
le rédacteur en chef de la Justice s’explique
de la manière la plus nette avec le groupe
socialiste de la Chambre actuelle, et notam
ment — nous allons" lâcher le gros mot —
avec les collectivistes.
Voici ses propres paroles :
« Je disais l’autre jour que l’opposition
socialiste ne serait vraiment féconde qu’à la
condition de ne pas se cantonner sur le terrain
étroit du collectivisme — doctrine à laquelle
la France n’est pas prête à se rallier. M. J aurès
me fait à ce sujet une réponse très nette, que
j’enregistre bien volontiers.
« 11 est collectiviste, il fera la propagande
du collectivisme par tous les moyens en son
pouvoir. Ses amis s’inspireront naturellement
du principe collectiviste dans les propositions
qu’ils présenteront à la Chambre. Mais il
reconnaît que la formule même (du collecti
visme) ne peut être un acte législatif. « Elle ne
« crée donc pas, dit-il, une scission nécessaire
« entre ceux qui seraient simplement animés
r de Vesprit socialiste et nous. »
Et plus loin :
« Le programme de M. Jaurès c’est : tout
le programme radical socialiste défendu par la
Justice depuis quatorze ans, développé à la
tribune par Camille Pelletan, Georges Périn
et tant d’autres, y compris le signataire de
cet article.
<\ Si tel est le champ d’action de Vesprit
socialiste , il est assez vaste pour que les répu
blicains qui répudient toute compromission
avec la droite, et qui comprennent que la des
truction de l’ordre politique ancien entraîne la
transformation progressive, mais complète, de
l’ordre économique qui en était le corollaire,
puissent s’y rencontrer et s’y mouvoir. »
Que pensent nos amis les radicaux havrais
de ces déclarations? En toute sincérité, peut-
on les considérer comme émanant d’un uto
piste, d’un révolutionnaire ?
Nous ne nous dissimulons pas que la per
sonnalité de Clémenceau, sans doute depuis
la ridicule histoire des faux-papiers Norton,
est en discrédit auprès de quelques pseudo-
républicains, notamment au Havre auprès de
certaine blouse blanche de la typographie qui
fait métier de salir l’idée socialiste et de
calomnier les honnêtes gens; mais cette infime
minorité ne peut ôter son importance à l’opi
nion franchement exprimée d’un des plus
puissants champions de la troisième Répu
blique.
Ceux qui hésitent encore à s’enrôler sous le
drapeau de la Démocratie Socialiste, penseront
peut-être un jour qu’ils n’ont pas le droit de
chasser de la grande famille républicaine les
partis avancés auxquels d’éclatants succès
promettent un avènement prochain ; ils com-
prendrontqu’ilsneseraientpasdansla tradition
de leurs pères en jetant l’anathème aux jeunes,
aux travailleurs, à ceux qui, loin de subor
donner leurs conceptions politiques à leurs
intérêts immédiats, voient plushaut,regardent
plus loin, et viennent leur parler au nom de
tous leurs maîtres, au nom de Lamarck, de
Darwin, de Spencer, de Marx, d’Engels, au
nom de tous les savants du monde, au nom de
l’Internationale de l’Humanité !
Maurice GUÏLLOT.
SEMAINE ""POLITIQUE.
FRANCE
Déclaration de Gouvernement. — Parmi
les nouveaux élus au Parlement, on attendait
avec une certaine anxiété la déclaration de gou
vernement de lundi. Les vieux parlementaires
n’avaient pas de ces inquiétudes, iis savaient de
puis longtemps ce que signifie l’avènement au
pouvoir d’un Casimir Périer et d’un Raynal. Ce
pendant l’impression générale était un Soulage
ment causé par la fin de la crise ministérielle.
C’est, qu’en effet, la formation d’un nouveau
Cabinet n’avait pas été chose facile; on se souvient
sans doute que dans notre dernier numéro, nous
avions montré les piteux échecs des combinaisons
Méline et Dupuy ; or, plus récemment, les tenta
tives de Spulier, dans le même sens, avaient eu
un égal insuccès, grâce surtout à l’indignation
générale, soulevée dans la presse, par le retour au
pouvoir des tripoteurs de Panama.
M. Casimir Périer, le richissisme actionnaire de
la Compagnie d’Anzin, paraissait seul possible ;
mais, comme nous l’avions fait pressentir, il était
trop soucieux de sa candidature à la présidence
pour se compromettre dans une combinaison mi
nistérielle.
Cependant, l’obstination de M. Carnot qui, se
lon quelques-uns, alla jusqu’à parler de démission,
finit par triompher de ses résistances, et lundi
dernier, M. Casimir Périer, entouré de la fine
fleur de l’opportunisme, se présentait devant le
Parlement.
Donner une idée de sa déclaration est chose fa
cile : c’est du Dupuy traduit eh français et pré
senté avec les formes polies d’un parfait gentle
man. Malheureusement, si différent qu’il soit,
quant à la forme du discours de son prédécesseur,
il n’en diffère pas quant au fond. Tout au plus y
trouve-t-on une demande « de relèvement, modéré
en ligne directe, des droits de succession ». Enco
re cette proposition n’a-t-elle aucune chance d’a?
boutir avec la constitution actuelle, car elle a été
accueillie plus que froidement par l’assémblée
des nobles vieillards du Luxembourg.
La demande d’interpellation sur la politique gé
nérale qu’attendait le gouvernemant n’a pas eu
lieu, l’extrême-gauche par l’organe de M. Paschal
Grousset, a préféré tâter le nouveau Cabinet sur
la question de l’amnistie.
Quand des propositions de ce genre se produisent,
il y a un jeu qui est tout fait. Déclaration d’ur
gence, discussion immédiate, arrêt de la proposi
tion au moment du passage à la discussion des ar
ticles. C’est tout réglé. D’ordinaire, les Chambres
pensent que les propositions d’amnistie qui n’ont
pas l’appui du gouvernement doivent être soumi
ses à une.procédure expéditive qui ressemble à la
question préalable. C’est sur des propositions de
ce genre que les ministères comptent les plus
g ,r os effectifs de leur majorité
Lundi, il y a eu pointage. C’est un fait sans pré
cédent. Il constitue moralement un échec pour un
Cabinet, qui n’a même pas réuni la majorité des
voix républicaines !
Le meilleur morceau de la séance, a été, sans
contredit, l’excellent discours de M.Ernest Roche.
Il était difficile de plaider la cause de l’amnistie
avec plus d’habileté et aussi avec plus de talent.
Jaurès avait déjà réduit à rien le malheureux
Dupux. Roche en a fait de même du pauvre Ray
nal. Décidément, M. Carnot n’a pas la main heu
reuse dans le choix des gendarmes qu’il lance con
tres les socialistes. Ils sont peut-être bons à dres
ser des procès-verbaux avec l’aide de la magistra
ture. Mais quand il s’agit d’affronter la tribune,
quelle déception pour l’Elysée !
★
* *
La Présidence de la Chambre. — Le
sympathique Dupuy, bien que lourdement tombé
à terre, cherche à sortir de la boue où les socia
listes l’avaient enfoncé. Encore un qui connaît la
fable de la Fourmi de Tamerlan !
Mardi dernier, Dupuy a été élu à la présidence
de la Chambre.
Il est juste de dire que la victoire n’a pas été
brillante. Alors que M. Brisson, son concurrent,
obtenait 213 voix républicaines, M. Dupuy n’a pu
être élu que grâce au concours des 60 membres de
la droite par 251 voix.
Cela, si nous ne nous trompons, se nomme une
victoire à la Pyrrhus.
R. J.
"
GOUVERNEMENT SANS MAJORITÉ
Décidément, la Chambre nouvelle ne semble pas
décidée à donner une majorité bien nette aux
réactionnaires, témoin le vote sur le passage à la
discussion des articles de la proposition d’amnistie
émanant de M. Paschal Grousset, témoin aussi
l’élection à la présidence de la Chambre de l’intel
ligent et subtil Dupuy.
Tout Cabinet conscient de l’esprit du parlemen
tarisme et respectueux de la décision des manda
taires du peuple se fut retiré après l’insuccès du
lundi 4 décembre. Il est, en effet, de toute évidence
que dans un pays dont les représentants sont pour
les 9/10* élus avec un programme républicain, un
gouvernement ne doit se maintenir qu’à condition
de réunir sur ses déclarations une forte majorité
républicaine. Or,fil n’en a rien été.
L’examen du scrutin démontre, en effet, que la
majorité obtenue par le ministère comprend 42
voix de droite et 215 voix républicaines dont
celles des 8 ministres députés.
D’autre part, sur les 226 voix qui se sont pro
noncées pour l’amnistie, on ne compte que 12 voix
de droite.
La majorité de 31 voix obtenues par le ministère
se réduit donc à une quantité négative — 207 voix
contre 214 — si l’on ne considère, comme le pro
gramme lu quelques minutes avant le vote semble
l'indiquer, que la majorité républicaine, abstraction
faite des voix des ministres qui, dans une question
de confiance, ne peuvent raisonnablement être
comptées.
En résumé, les républicains de la Chambre, par
7 voix de majorité, se sont prononcés contre le
nouveau Cabinet. C’est un fait qui, mieux que
toute argumentation, montre que M. Casimir
Périer, réactionnaire par hérédité, entend chercher
sa majorité dans les rangs de la droite.
Quoiqu’il en soit, la séance de lundi peut se
ramener aux proportions d’une médiocre comédie
parlementaire. Un patron de mines, laissant de
côté, en considération de ses intérêts, toute ques
tion politique, a demandé aux industriels sans
convictions et sans patrie qui forment une bonne
partie de la Chambre, de bien vouloir ratifier par
un vote ses exactions quotidiennes. En bons con
frères, les Reille, les Schneider, les Renard, les
Taillandier, les Veikinder, ont voté comme un
seul homme pour leur complice et ami.
Malheureusement, il s’est trouvé des représen
tants du peuple assez mal nés pour rappeler en
plein Parlement les violences patronales, les mas
sacres du Pas-de-Calais, et pour sc souvenir que
■déè pèvéà uê fàniiiie pOiifrissent dans les cachots
de la troisième République, pendant que des
enfants et des femmes meurent de faim.
Ces hommes se sont trouvés assez nombreux
pour infliger-à l’industriel d’Anzin le blâme répu
blicain. Mais Casimir-Périer n’en a cure. Périsse
plutôt le parlementarisme que le dieu Dividende t
Au milieu du concert joyeux déchaîné dans les
rangs gouvernementaux par le succès trompeur de
lundi, il s’est trouvé cependant quelques notes
discordantes. Gageons, par exemple, que certains
opportunistes ont été fort marris de voir le record
du cynisme battu par le droitier Mackau et ses
amis.
Nous avouons que nous avons été nous-mêmes
singulièrement surpris de voir l’exil des boulan-
gistes maintenu, prolongé par la voix de Mackau,
l’agent discret de tous les traités contractés par la
droite avec les amis du brav’ général, le négocia
teur attitré et humble féal de Philippe VII. Comme
exemple de lâchage, le vote des droitiers mérite
de passer à la postérité.
En somme, le gouvernement a la majorité dont
il est digne; qu’il la garde! qu’il continue à décla
rer que dans le boulangisme il y avait un crime
inexpiable, et que c’est une prétention insuppor
table chez un mineur de réclamer du pain, mais
nous le prévenons qu’à ce jeu là on n’a jamais vu
vieillir les ministères, et qu’avec beaucoup de
succès comme celui de lundi, on s’achemine tout
doucement à la défaite honteuse et finale !
Les Nouveaux Tarifs Douaniers aux Etats-Unis
Ainsi que nous l’avions annoncé dans notre der
nier Réveil, la commission des Douanes des Etats-
Unis a proposé au gouvernement de réformer les
tarifs douaniers actuellement en vigueur.
Nous savons maintenant qu’il ne faut pas don
ner trop d’importance à ces quelques modifications
apportées au Bill Mac-Kinley, car elles sont faites
plus pour protéger le travailleur des Etats-Unis,
que pour donner satisfaction à certaines revendi
cations étrangères.
En effet, M. Wilson, le président de la commis
sion, a déclaré que cette dernière : 1° remplacera,
partout où cela est possible, les droits spécifiques
par des droits ad valorem ; 2° exemptera de droits
les matières premières nécessaires aux industries,
et que cette exemption très étendue comprendra
le oharbon , le fer , les minerais , les bois de char -
pente, la laine, etc.
De cette façon les intérêts des travailleurs amé
ricains sont ainsi sauvegardés. — Il st prouvé
que les manufactures des Etats-Unis peuvent,
dans un délai de six à neuf mois, fabriquer assez
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.25%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.25%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263321v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263321v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263321v/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263321v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263321v