Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-08-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 août 1893 09 août 1893
Description : 1893/08/09 (N95). 1893/08/09 (N95).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263294d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Année — N° 95 — Mercredi 9 Août 1899
CINQ CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 21 Thermidor An 101 — N° 95.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
JD
PUIS DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
AVIS
A partir d’aujourcTliuI
mercredi, le
RÉVEIL DU HAVRE
paraîtra
XOUS JiOUItS
à S heures du matin
LA MARINE MARCHANDE
ET
M. SIEGFRIED
M. Siegfried et ses amis ne laissent passer
aucune occasion de se livrer à des protes
tations de dévouement à l’égard des travail
leurs en général et des ouvriers du port en
particulier.
Mais, si l’on compare les actes aux paroles,
on est frappé de voir qu’en toutes circon
stances, M. Siegfried, député du Havre, a
sacrifié, avec la désinvolture la plus surpre
nante, les intérêts de ses électeurs.
Oui, nous l’affirmons, preuves en mains,
M. Siegfried a manqué à tous ses devoirs et
cela dans les circonstances les plus solen
nelles.
Comme s’il avait été poussé, par quelque
main invisible, à agir contre les intérêts de
la marine marchande française, il a voté
contre les encouragements que le Parlement
a accordé à cette marine. Et, ce qui est plus
grave, il a employé à cette œuvre anti-pa
triotique l’influence éphémère qu’il a possé
dée comme ministre du commerce.
Lorsqu’il a été élevé à ces hautes fonctions,
dans lesquelles il a fait preuve, de l’aveu de
tous les partis, de la plus complète incapacité,
nos concitoyens pouvaient croire qu’une ère
nouvelle allait s’ouvrir pour notre port du
Havre, si longtemps sacrifié par les pouvoirs
publics.
On se disait de toutes parts, que M. Sieg
fried ferait son devoir. On ne le croyait pas
capable de faire tourner son influence à un
autreavantage que celui de l’intérêt national.
On comptait sur N l’abrogation pure et
simple et immédiate du fameux décret Tirard,
qui, en proscrivant les lards salés, a privé
notre commerce local de tant de profits et nos
travailleurs (journaliers, camionnieurs, voi
liers, tonneliers, employés de commerce, etc.)
de plusieurs millions de salaires.
On comptait encore que M. Siegfried,
lors de la discussion de la loi sur la Marine
marchande, protégerait nos chantiers et ate
liers de construction.
Le Havre, en effet, possède de nombreux
ateliers, au premier rang desquels les Forges
et Chantiers et les chantiers Normand, qui
vivent de la construction française. Notons
que le fini, et on peut ajouter la perfection de
l’exécution, n’ont rien à envier à la construc
tion anglaise, trop souvent grossière.
Voilà donc des industries qu’il convenait
d’encourager ! Les soutenir était tellement
élémentaire, qu’il ne venait à l’idée de
personne qu’un ministre fiançais put agir
autrement.
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les jours
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
COMITÉ RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
DES COMMERÇANTS, OUVRIERS & EMPLOYÉS
CONSEILLER GÉNÉRAL ~ CANDIDAT RÉPUBLICAIN
Tient-on maintenant à savoir comment
M. Siegfried a agi au ministère et voté à la
Chambre ?
Il n’a rien fait, absolument rien, pour
rapporter le décret de prohibition des lards
salés ! Et pourtant, comme ministre, il avait
sur ce point la toute puissance ! Oui, M.
Siegfried, ministre, pouvait défaire ce que M,
Tirard, ministre, avait fait.
Abstention coupable, car elle refuse à un
grand nombre de travailleurs leur gagne-
pain !
Veut-on consulter les votes de M. Sieg
fried, lors de la discussion de la loi sur la
Marine marchande ?
La chose est facile. '
Dans la séance du 16 janvier 1893, M. de
Mahy avait proposé l’amendement suivant,
fruit de son patriotisme éclairé : « Aucune
» prime n’est accordée aux navires de cons*
» truction étrangère. » Cet amendement fut
combattu par M. Siegfried , qui était encore,
hélas ! ministre du commerce.
La Chambre passa outre à la résistance de
cet étrange ministre, et, à la majorité écra
sante de 399 voix contre 100, donna tort à
M. Siegfried. La demi-prime qu’il voulait
accorder aux étrangers, c’est-à-dire aux An
glais, principaux constructeurs de navires,
était écartée. L’intérêt national, mis en échec
par lui, était sauvé.
Nous aurons à revenir sur ce point, notam
ment en ce qui concerne la prime de 1 fr. 70
à la marine à voiles, votée, elle aussi, malgré
M. Siegfried.
Nous voulons seulement, pour aujourd'hui,
mettre en regard des actes de M. Siegfried, un
passage d’un ouvrage estimé de son concur
rent, M. Denis Guillot.
Dans une étude parue en 1888, à Paris,
chez Guillaumin, sous le titre de : La
Marine Marchande (la crise, les remèdes ),
M. Denis Guillot, qui ne prévoyait pas alors
qu’il serait un jour concurrent de M. Siegfried
à.la députation, et qui ne l’a pas édité pour
les besoins de son élection, s’exprimait ainsi
sur cette question si importante des primes :
« S’il nous suffit, pour nous maintenir à la
hauteur de nos concurrents acharnés, d’un
sacrifice annuel de 10 à 15 millions, qu’est-ce
que ce sacrifice en présence du résultat ob
tenu ? Alors que notre défense nationale se
chiffre dans chacun de nos budgets, par en
viron 800 millions, sans compter lps millions-
innombrables que le service militaire fait
perdre chaque année à la production indus
trielle et agricole, ne serait-il pas puéril de
refuser à notre marine marchande, c'est-à-dire
à un facteur puissant de notre grandeur, à un
auxiliaire indispensable de notre politique
extérieure, un concours qui sauvegarde nos
intérêts les plus chers ? »
Il appartient aux intéressés de décider
lequel des deux concurrents, en cette matière,
qui touche à la puissance nationale, possède
les idées les plus saines au double point de
vue Havrais et Lrançais.
Après examen, ils n’hésiteront pas à juger
avec sévérité l’attitude du député sortant, qui
sera bientôt, nous en sommes sûrs, uu député
sorti.
LES VOTES
DE
M. SIEGFRIED
M. Siegfried, comme député, a rarement
pris la parole à la Chambre. Comme Ministre
il n’a rien fait, ou chose plus grave, a agi
contre les intérêts de ses électeurs.
Force nous est donc, pour le juger, d’exa
miner ses votes. C’èst là le seul moyen d’ap
préciation.
En procédant à cet examen, nous avons été
littéralement stupéfaits, et nos lecteurs le se
ront avec nous. Rien n’égale le sans-gêne et
l’incohérence avec lesquels il a voté dans les
questions les plus importantes. Un très petit
nombre de ces votes sont connus, les organes
dévoués de M. Siegfried ayant le plus souvent,
par précaution, gardé le silence.
Nous aurons à faire la lumière sur ce point.
Les électeurs seront édifiés sur le compte de
ce personnage qui, en sollicitant de nouveaux
suffrages, prend apparemment ses concitoyens
pour des naïfs.
jjr, J I —— 'l— S ——
IL A PARLÉ!
M. Siegfried vient de publier sa circulaire.
Cela prend plus dame colonne du Havre d’hier
soir et est aussi long qu’a été court le travail effec
tif de son auteur.
Il y a de tout dans cette élucubration indigeste.
Le boniment commence par une grosse mala
dresse. M. Siegfried manifeste son dédain pour la
politique pure et sa préférence pour la politique
d’affaires. C’est vraiment imprudent de la part
d’un homme dont les relations avec le monde de
la haute finance sont notoires. Et cette affirma
tion fait sourir quand on songe que toute la
politique d’affaires de M. Siegfried a abouti à ce
beau résultat : soutenir les protestants Anglais à
Madagascar, donner à des Anglais le câble des
Açores et sacrifier, au profit des mêmes Anglais,
nos constructions maritimes.
Si M. Siegfried entend par politique d'affaires
la politique anglaise, avouons qu’il a réussi.
Nous aurons à examiner cette œuvre de haut
style. Bornons-nous à dire pour aujourd’hui que
M. Siegfried qui, répétons-le, n’a rien fait à la
Chambre, où il ne jouissait d’aucune autorité,
s’attribue modestement le travail des autres. C’est
la circulaire de la mouche du coche.
Le candidat auquel le Petit Havre est certaine
ment cher, entre dans des explications entortil
lées, parfois incompréhensibles sur sa conduite et
sur ses votes : socialisme pratique, question des
boissons, intérêt du port, tout cela est traité avec
une suffisance qui n’étonne pas ceux qui connais-
-un
sent la haute opinion que M. Siegfried professe
pour lui-même et qui n’est pas toujours partagée.
Nous reviendrons sur ce document.
DENIS GUILLOT
DEVANT SES ÉLECTEURS
RÉUNION DE LA SCALA
La rue du Général-Faidherbe présentait, avant-
hier au soir, un aspect des plus animés. Bien
avant huit heures et demie, la salle de la Scala
était comble; un grand nombre d’électeurs se sont
trouvés dans l’impossibilité de prendre part à la
réunion.
Nous le regrettons bien sincèrement, car nous
pouvons le dire hautement, le citoyen Denis Guîl-
lot a remporté, hier au soir, une première victoire
sur nos ennemis.
Merci donc, au nom de notre cher candidat, pour
ceux qui n’ont pu venir entendre ses loyales ex
plications.
A neuf heures , le citoyen Denis Guillot
fait son entrée-, accompagné de ses amis : il est
l’objet d’une ovation sympathique et est salué de
vigoureux applaudissements et aux cris de : Vive
Denis Guillot!
Après avoir pris place au bureau, le citoyen La-
ville prend la parole et invite les citoyens à cons
tituer un bureau.
Plusieurs noms sont prononcés, et au milieu
d’un grand tumulte, le nom du citoyen Marais est
désigné comme président. Son nom est, du reste,
chaleureusement acclamé.
Après bien des pourparlers, le citoyen Laville
prend place au bureau en qualité de premier asses
seur.
Le citoyen Krause est désigné comme second
assesseur. Enfin, le citoyen Meyer est nommé se
crétaire.
Le bureau est formé, pas sans bruit, il est vrai, *
mais assez rapidement, au grand mécontentement
de nos ennemis qui, du fond de la salle, se faisaient
fort d’empêcher ou tout au moins faire avorter la
réunion.
Tout est bien qui finit bien.
Le sympathique président prend la parole et,
après avoir expliqué le but de cette réunion, an
nonce que le citoyen Denis Guillot va parler afin
d’exposer son programme.
Le citoyen Denis Guillot remercie les nombreux
électeurs qui ont bien voulu le choisir comme can
didat aux élections législatives.
Il se montre profondément touché de cette mar
que d’estime dont il a été l’objet. Il continue en
ces termes :
Un groupe de citoyens a bien voulu, dans une
réunion privée, qui eut lieu vendredi dernier, dans
une des salles de l’Elysée, m’offrir la candidature
à l’unanimité.
— Moins deux voix, crie un loustic.
En effet, moins deux voix, répète notre conci
toyen, mais à l’uanimité, après avoir entendu mes
déclarations, et j’ai estimé qu’il était de mon de
voir de démocrate d’accepter et j’ai accepté. Je me
présente donc aujourd’hui à vous, avec la ferme
volonté de faire mon devoir d’honnête citoyen et
de vous exposer mon programme au point de vue
politique, économique, social.
— A ce moment, un cri de : Vive la sociale part
d’un coin de la salle, et après une repartie spiri
tuelle du citoyen Denis Guillot, le calme se réta
blit. Au moment où le citoyen Denis Guillot allait
continuer ses loyales explications, un grand don.
Quichotte, étaler dans un fauteil d’orchestre, se
lève, gesticule, ne sachant ce qu’il veut dire, finit
par soulever l’indignation de ses voisins.
Enfin, le citoyen Denis Guillot passe en revue
les votes du budget, les scandales du Panama.
La Chambre, dit-il, s’est séparée et cela a été
pour la France entière un grand soulagement ;
ses députés ont la ferme espérance de revenir à la
CINQ CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 21 Thermidor An 101 — N° 95.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
JD
PUIS DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
AVIS
A partir d’aujourcTliuI
mercredi, le
RÉVEIL DU HAVRE
paraîtra
XOUS JiOUItS
à S heures du matin
LA MARINE MARCHANDE
ET
M. SIEGFRIED
M. Siegfried et ses amis ne laissent passer
aucune occasion de se livrer à des protes
tations de dévouement à l’égard des travail
leurs en général et des ouvriers du port en
particulier.
Mais, si l’on compare les actes aux paroles,
on est frappé de voir qu’en toutes circon
stances, M. Siegfried, député du Havre, a
sacrifié, avec la désinvolture la plus surpre
nante, les intérêts de ses électeurs.
Oui, nous l’affirmons, preuves en mains,
M. Siegfried a manqué à tous ses devoirs et
cela dans les circonstances les plus solen
nelles.
Comme s’il avait été poussé, par quelque
main invisible, à agir contre les intérêts de
la marine marchande française, il a voté
contre les encouragements que le Parlement
a accordé à cette marine. Et, ce qui est plus
grave, il a employé à cette œuvre anti-pa
triotique l’influence éphémère qu’il a possé
dée comme ministre du commerce.
Lorsqu’il a été élevé à ces hautes fonctions,
dans lesquelles il a fait preuve, de l’aveu de
tous les partis, de la plus complète incapacité,
nos concitoyens pouvaient croire qu’une ère
nouvelle allait s’ouvrir pour notre port du
Havre, si longtemps sacrifié par les pouvoirs
publics.
On se disait de toutes parts, que M. Sieg
fried ferait son devoir. On ne le croyait pas
capable de faire tourner son influence à un
autreavantage que celui de l’intérêt national.
On comptait sur N l’abrogation pure et
simple et immédiate du fameux décret Tirard,
qui, en proscrivant les lards salés, a privé
notre commerce local de tant de profits et nos
travailleurs (journaliers, camionnieurs, voi
liers, tonneliers, employés de commerce, etc.)
de plusieurs millions de salaires.
On comptait encore que M. Siegfried,
lors de la discussion de la loi sur la Marine
marchande, protégerait nos chantiers et ate
liers de construction.
Le Havre, en effet, possède de nombreux
ateliers, au premier rang desquels les Forges
et Chantiers et les chantiers Normand, qui
vivent de la construction française. Notons
que le fini, et on peut ajouter la perfection de
l’exécution, n’ont rien à envier à la construc
tion anglaise, trop souvent grossière.
Voilà donc des industries qu’il convenait
d’encourager ! Les soutenir était tellement
élémentaire, qu’il ne venait à l’idée de
personne qu’un ministre fiançais put agir
autrement.
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît tous les jours
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Annonces 25 cent, la ligne
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On traite à Forfait
COMITÉ RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
DES COMMERÇANTS, OUVRIERS & EMPLOYÉS
CONSEILLER GÉNÉRAL ~ CANDIDAT RÉPUBLICAIN
Tient-on maintenant à savoir comment
M. Siegfried a agi au ministère et voté à la
Chambre ?
Il n’a rien fait, absolument rien, pour
rapporter le décret de prohibition des lards
salés ! Et pourtant, comme ministre, il avait
sur ce point la toute puissance ! Oui, M.
Siegfried, ministre, pouvait défaire ce que M,
Tirard, ministre, avait fait.
Abstention coupable, car elle refuse à un
grand nombre de travailleurs leur gagne-
pain !
Veut-on consulter les votes de M. Sieg
fried, lors de la discussion de la loi sur la
Marine marchande ?
La chose est facile. '
Dans la séance du 16 janvier 1893, M. de
Mahy avait proposé l’amendement suivant,
fruit de son patriotisme éclairé : « Aucune
» prime n’est accordée aux navires de cons*
» truction étrangère. » Cet amendement fut
combattu par M. Siegfried , qui était encore,
hélas ! ministre du commerce.
La Chambre passa outre à la résistance de
cet étrange ministre, et, à la majorité écra
sante de 399 voix contre 100, donna tort à
M. Siegfried. La demi-prime qu’il voulait
accorder aux étrangers, c’est-à-dire aux An
glais, principaux constructeurs de navires,
était écartée. L’intérêt national, mis en échec
par lui, était sauvé.
Nous aurons à revenir sur ce point, notam
ment en ce qui concerne la prime de 1 fr. 70
à la marine à voiles, votée, elle aussi, malgré
M. Siegfried.
Nous voulons seulement, pour aujourd'hui,
mettre en regard des actes de M. Siegfried, un
passage d’un ouvrage estimé de son concur
rent, M. Denis Guillot.
Dans une étude parue en 1888, à Paris,
chez Guillaumin, sous le titre de : La
Marine Marchande (la crise, les remèdes ),
M. Denis Guillot, qui ne prévoyait pas alors
qu’il serait un jour concurrent de M. Siegfried
à.la députation, et qui ne l’a pas édité pour
les besoins de son élection, s’exprimait ainsi
sur cette question si importante des primes :
« S’il nous suffit, pour nous maintenir à la
hauteur de nos concurrents acharnés, d’un
sacrifice annuel de 10 à 15 millions, qu’est-ce
que ce sacrifice en présence du résultat ob
tenu ? Alors que notre défense nationale se
chiffre dans chacun de nos budgets, par en
viron 800 millions, sans compter lps millions-
innombrables que le service militaire fait
perdre chaque année à la production indus
trielle et agricole, ne serait-il pas puéril de
refuser à notre marine marchande, c'est-à-dire
à un facteur puissant de notre grandeur, à un
auxiliaire indispensable de notre politique
extérieure, un concours qui sauvegarde nos
intérêts les plus chers ? »
Il appartient aux intéressés de décider
lequel des deux concurrents, en cette matière,
qui touche à la puissance nationale, possède
les idées les plus saines au double point de
vue Havrais et Lrançais.
Après examen, ils n’hésiteront pas à juger
avec sévérité l’attitude du député sortant, qui
sera bientôt, nous en sommes sûrs, uu député
sorti.
LES VOTES
DE
M. SIEGFRIED
M. Siegfried, comme député, a rarement
pris la parole à la Chambre. Comme Ministre
il n’a rien fait, ou chose plus grave, a agi
contre les intérêts de ses électeurs.
Force nous est donc, pour le juger, d’exa
miner ses votes. C’èst là le seul moyen d’ap
préciation.
En procédant à cet examen, nous avons été
littéralement stupéfaits, et nos lecteurs le se
ront avec nous. Rien n’égale le sans-gêne et
l’incohérence avec lesquels il a voté dans les
questions les plus importantes. Un très petit
nombre de ces votes sont connus, les organes
dévoués de M. Siegfried ayant le plus souvent,
par précaution, gardé le silence.
Nous aurons à faire la lumière sur ce point.
Les électeurs seront édifiés sur le compte de
ce personnage qui, en sollicitant de nouveaux
suffrages, prend apparemment ses concitoyens
pour des naïfs.
jjr, J I —— 'l— S ——
IL A PARLÉ!
M. Siegfried vient de publier sa circulaire.
Cela prend plus dame colonne du Havre d’hier
soir et est aussi long qu’a été court le travail effec
tif de son auteur.
Il y a de tout dans cette élucubration indigeste.
Le boniment commence par une grosse mala
dresse. M. Siegfried manifeste son dédain pour la
politique pure et sa préférence pour la politique
d’affaires. C’est vraiment imprudent de la part
d’un homme dont les relations avec le monde de
la haute finance sont notoires. Et cette affirma
tion fait sourir quand on songe que toute la
politique d’affaires de M. Siegfried a abouti à ce
beau résultat : soutenir les protestants Anglais à
Madagascar, donner à des Anglais le câble des
Açores et sacrifier, au profit des mêmes Anglais,
nos constructions maritimes.
Si M. Siegfried entend par politique d'affaires
la politique anglaise, avouons qu’il a réussi.
Nous aurons à examiner cette œuvre de haut
style. Bornons-nous à dire pour aujourd’hui que
M. Siegfried qui, répétons-le, n’a rien fait à la
Chambre, où il ne jouissait d’aucune autorité,
s’attribue modestement le travail des autres. C’est
la circulaire de la mouche du coche.
Le candidat auquel le Petit Havre est certaine
ment cher, entre dans des explications entortil
lées, parfois incompréhensibles sur sa conduite et
sur ses votes : socialisme pratique, question des
boissons, intérêt du port, tout cela est traité avec
une suffisance qui n’étonne pas ceux qui connais-
-un
sent la haute opinion que M. Siegfried professe
pour lui-même et qui n’est pas toujours partagée.
Nous reviendrons sur ce document.
DENIS GUILLOT
DEVANT SES ÉLECTEURS
RÉUNION DE LA SCALA
La rue du Général-Faidherbe présentait, avant-
hier au soir, un aspect des plus animés. Bien
avant huit heures et demie, la salle de la Scala
était comble; un grand nombre d’électeurs se sont
trouvés dans l’impossibilité de prendre part à la
réunion.
Nous le regrettons bien sincèrement, car nous
pouvons le dire hautement, le citoyen Denis Guîl-
lot a remporté, hier au soir, une première victoire
sur nos ennemis.
Merci donc, au nom de notre cher candidat, pour
ceux qui n’ont pu venir entendre ses loyales ex
plications.
A neuf heures , le citoyen Denis Guillot
fait son entrée-, accompagné de ses amis : il est
l’objet d’une ovation sympathique et est salué de
vigoureux applaudissements et aux cris de : Vive
Denis Guillot!
Après avoir pris place au bureau, le citoyen La-
ville prend la parole et invite les citoyens à cons
tituer un bureau.
Plusieurs noms sont prononcés, et au milieu
d’un grand tumulte, le nom du citoyen Marais est
désigné comme président. Son nom est, du reste,
chaleureusement acclamé.
Après bien des pourparlers, le citoyen Laville
prend place au bureau en qualité de premier asses
seur.
Le citoyen Krause est désigné comme second
assesseur. Enfin, le citoyen Meyer est nommé se
crétaire.
Le bureau est formé, pas sans bruit, il est vrai, *
mais assez rapidement, au grand mécontentement
de nos ennemis qui, du fond de la salle, se faisaient
fort d’empêcher ou tout au moins faire avorter la
réunion.
Tout est bien qui finit bien.
Le sympathique président prend la parole et,
après avoir expliqué le but de cette réunion, an
nonce que le citoyen Denis Guillot va parler afin
d’exposer son programme.
Le citoyen Denis Guillot remercie les nombreux
électeurs qui ont bien voulu le choisir comme can
didat aux élections législatives.
Il se montre profondément touché de cette mar
que d’estime dont il a été l’objet. Il continue en
ces termes :
Un groupe de citoyens a bien voulu, dans une
réunion privée, qui eut lieu vendredi dernier, dans
une des salles de l’Elysée, m’offrir la candidature
à l’unanimité.
— Moins deux voix, crie un loustic.
En effet, moins deux voix, répète notre conci
toyen, mais à l’uanimité, après avoir entendu mes
déclarations, et j’ai estimé qu’il était de mon de
voir de démocrate d’accepter et j’ai accepté. Je me
présente donc aujourd’hui à vous, avec la ferme
volonté de faire mon devoir d’honnête citoyen et
de vous exposer mon programme au point de vue
politique, économique, social.
— A ce moment, un cri de : Vive la sociale part
d’un coin de la salle, et après une repartie spiri
tuelle du citoyen Denis Guillot, le calme se réta
blit. Au moment où le citoyen Denis Guillot allait
continuer ses loyales explications, un grand don.
Quichotte, étaler dans un fauteil d’orchestre, se
lève, gesticule, ne sachant ce qu’il veut dire, finit
par soulever l’indignation de ses voisins.
Enfin, le citoyen Denis Guillot passe en revue
les votes du budget, les scandales du Panama.
La Chambre, dit-il, s’est séparée et cela a été
pour la France entière un grand soulagement ;
ses députés ont la ferme espérance de revenir à la
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