Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-07-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 juillet 1893 22 juillet 1893
Description : 1893/07/22 (N91). 1893/07/22 (N91).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632915
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Année — N° 91 — Samedi 22 Juillet 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 Thermidor An 101 — N° 91.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
^3
l’BlX DES ABONNEMENTS :
Le Havre....
Départements.
UN AN
5 fr.
6 fr.
SIX MOIS
3 fr.
3 50
LES
SCANDALES DUJLAÏ D’ORSAY
Sous le titre : Les Scandales du quai d'Orsay,
paraît chez l’éditeur Savine, à Paris, une
brochure qui semble destinée à un grand
retentissement dans le monde diplomatique.
A l'heure où l’attention, provoquée par les
événements du Mékong, se porte sur notre
politique dans l’Extrême-Orient, cette con
tribution à l’étude d’événements générale
ment peu connus, ne peut passer inaperçue.
L’auteur, M. Paul Boell, honorablement
connu au Havre et qui y compte de nom
breux amis, a habité la Chine pendant
trois années. Après avoir, à Tien-Tsin et
à Pékin, étudié à loisir l’administration
chinoise et le personnel diplomatique, il a
entrepris, du Fleuve jaune au Fleuve rouge,
un long et périlleux voyage. Après quoi il a
visité la Corée et le Japon. On se souvient,
d’ailleurs, des correspondances très remar
quées qu'il adressa au journal le Temps , pen
dant son séjour dans l’empire du Milieu.
Servi par les relations qu’il avait su se
créer dans le monde officiel, M. Paul Boell
revenait de Chine avec cette impression que
nos représentants dans l’Extrême-Orient sont
au-dessous de tout ce qu’otLpeut imaginer.
Et, comme le discrédit profond dans lequel
sont tombés nos agents aux yeux des puis
sances, constitue un danger pour notre in
fluence extérieure; qu’en outre, il a pu saisir
les preuves d’agissements criminels de ceux
qui devraient nous défendre là-bas, M. Paul
Boell a décidé de faire la lumière, sans s’ar
rêter aux considérations de personnes.
Il nous a été donné de lire, avant qu’il ne
fut livré à l’éditeur, le travail de M. Paul
Boell, et nous avons été tout d’abord frappé
de l’exceptionnelle gravité des faits qu’il allè
gue et du caractère authentique des docu
ments sur lesquels il base ses accusations.
Nos lecteurs nous sauront gré de leur faire
connaître les points principaux de cette bro
chure, qui, on peut le dire, constituera l’évé
nement de demain.
M. Paul Boell accuse nettement de tripo
tages un ancien consul général, lequel aurait
touché plus de 80,000 francs de pots-de-vin
dans diverses affaires industrielles, grâce à
l’appui de certaines personnalités, dont il
n’hésite pas à citer les noms. Les négociations
sont précisées dans la brochure avec comptes
et lettres, dont la photographie est, d’ailleurs,
aux mains de l’auteur.
M. Lemaire, notre représentant à Pékin,
encourt, à son tour, le reproche de trahir les
intérêts qui lui sont confiés, et de transformer
en lieu équivoque la légation de France.
Il est, dit l’auteur, à ce point déconsidéré,
que le Tsung-li-Yamen a cessé toutes relations
avec lui. Le vice-roi Li-Houng-Tchang refuse
de le recevoir. Au surplus, nous pouvons
ajouter- que, lors de son retour en France,
M. Paul Boell, qui était dans les meilleurs
termes, avec le vice-roi, fut chargé par lui
d'une mission confidentielle auprès de notre
gouvernement. M. Ribot a été mis au courant
de ces faits.
L’imputation la plus grave est dirigée con
tre M. Bourée, atfeien ministre plénipoten
tiaire, auteur du traité du même nom, lequel
est formellement accusé de haute trahison,
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VREparaît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
comme ayant encouragé pendant dix-huit
mois la résistance de la Chine lors des affaires
du Tonkin. MM. Billot et Jules Ferry ont été
avisés de ces faits, ainsi que l'auieur le
démontre, et M. Bourée n’aurait conservé sa
situation que grâce à la coterie puissante qu’il
a su se créer au quai d’Orsay et qui le défend
per fas et nef as.
Notons, en passant, que le même M. Bourée,
actuellement ambassadeur à Bruxelles, vient
d’être proposé pour l’ambassade de Vienne.
M. Paul Boell, on le voit, n’hésite pas à
accuser de haute trahison un homme que le
gouvernement actuel veut choisir pour nous
représenter auprès d’une des puissances de la
Tripliee.
Nous n’avons pas, en ce qui nous concerne,
à nous faire juge de ces accusations. Nous
nous bornons, pour l’instant, à en signaler
l’exceptionnelle gravité.
Mais il est encore un point qu’on ne peut
passer sous silence, parce qu’il montre sous
un nouveau jour les tendances et les procédés
du ministère Dupuy.
M. Paul Boell rappelle qu’au mois de mai
dernier, il avait posé sa candidature républi
caine dans l’arrondissement de Pont-l’Evêque
(Calvados), contre M. Conrad de Witfc. Tous
les comités républicains avaient promis de le
soutenir. Mais, depuis lors, le gouvernement
que préside M. Dupuy, averti de la campagne
que devait entreprendre M. Paul Boell, lui a
suscité un concurrent, M. Bénard, avocat à
Caen, ancien magistrat démissionnaire. Dans
ces conditions, M. Paul Boell a retiré sa can
didature dans une lettre aux républicains de
la circonscription de Pont-l’Evêque, lettre par
laquelle il promet de dire, dans une brochure
ce qu’il aurait voulu dire à la tribune de la
Chambre.
Cette promesse a été remplie par lui.
Il ne nous reste plus qu’à attendre le débat,
qui ne peut manquer de s’ouvrir sur cette
question de moralité diplomatique. Nous som
mes curieux de savoir ce que répondront MM.
Dupuy et Develle aux accusations si précises
de M. Paul Boell.
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE
La France et le Siam. — V Ultimatum : La
grande préoccupation du jour est l’ultimatum que
M. le ministre des affaires étrangères vient d’a
dresser à M. Pavie, notre agent à Bangkok, pour
l’inviter à signifier au gouvernement siamois les
résolutions qui ont été arrêtées au Conseil des
ministres et qui comportent les demandes formu
lées par le gouvernement français.
M. Pavie a, en outre, l’ordre de n’accorder à
la cour de Siam que Quarante-huit heures pour
faire connaître sa réponse.
D’après ce qu'on nous dit, les conditions de l’ul
timatum adressé au roi de Siam comportent :
1° Une rectification de frontière donnant pour
limite à nos possessions indo-chinoises la rive
gauche du Mékong ; les îles nous étant attri
buées ;
2° Payement d’une indemnité générale d’envi
ron 3 millions ;
3° Paiement d'indemnités particulières aux
Français ou protégés de là France, victimes du
Siam.
Des mesures sont décidées pour la cas où le
gouvernement Siamois n’accorderait pas dans les
délais fixés les réparations exigées de lui.
Ajoutons que M. Le Myre de Villers, parti de
Marseille le 10 juillet pour Bangkok, recevra à
son escale à Singapour les instructions et les
pouvoirs les plus étendus du gouvernement de la
République française.
•fr
* *
A la Chambre. — On sait que la Chambre
a renvoyé à la Commission de la loi électorale la
proposition Alicot, tendant à fixer, pour l’avenir,
la date des élections générales au premier diman
che de mai, tous les quatre ans.
La commission, dans sa réunion d’hier, a
repoussé cette proposition. La commission a, en
outre, constaté qu’il y avait inconvénient à modi
fier sans cesse la législation électorale.
C’est dans ces conditions que la proposition a
été écartée. Il importe de rappeler qu’elle ne s’ap
pliquait pas, d’ailleurs, aux élections prochaines,
qui restent fixées au 20 août, mais seulement à la
Chambre future.
Au Sénat. — Le Sénat continue l’examen du
Budget de 1894.
Il a commencé par adopter les 12 chapitres du
ministère de la justice. Puis il est passé au minis
tère de l’intérieur. M. Trarieux demande à M.
Dupuy qu’étant installé à la Bourse du Travail,
comment fera-t-il pour en sortir ? — Oh ! c’est
bien simple, répond majestueusement le Président
du Conseil, j’élaborerai un règlement. Et là-dessus,
les 77 chapitres du ministère de l’intérieur ont été
adoptés tout d’un trait.
Les 124 chapitres du ministère de la guerre ont
été également adoptés, sans l’ombre de la moindre
discussion.
Quelques échanges d’observations, mais absolu
ment dénuées d’intérêts sur le ministère de la
marine, mais cela n’a pas duré longtemps, et vite,
le voilà expédié.
Autant pour le ministère de l’instruction publi
que. En trois bouchées, il a été avalé. Autant
pour le service des cultes.
Le Sénat a encore adopté le ministère du com
merce et de l’industrie ; mais sur le service des
postes, il y a un accroc; la Chambre avait demandé
un léger crédit en faveur du personnel des postes,
et le Sénat n’a jamais voulu avaler ce dernier
morceau. Et voilà pourquoi, à cause de ce petit
mécompte, le Budget est condamné à revenir à la
Chambre.
Le Comité de l’extrême-gauche. — Les
députés composant le groupe de l’extrême-gauche,
commence ses préparatifs de campagne en vue
des élections prochaines. Hier, sur l’initiative de
M. Barodet, ils se sont réunis pour s’occuper des
mesures à prendre.
Après une longue délibération, la réunion a
décidé de constituer à Paris un comité qui siégera
en permanence pendant toute la durée de la période
électorale. Ce comité sera formé de six députés de
Paris et six députés de province. Il recevra la
mission de formuler une déclaration résumant les
points eesentiels du programme radical et pouvant
servir de base aux professions de foi des candidats
appartenant à cette nuance politique.
Le comité donnera son concours à tous ceux
qui, partageant les vues politiques du groupe, fe
ront appel à lui.
Une réunion du groupe aura lieu demain ven
dredi pour désigner les douze membres du comité
de permanence.
Devant cette discipline et l’alliance des radi
caux avec les socialistes, les conservateurs de
toutes couleürs ont l’air de confondre socialistes
avec communistes. Ils savent, et nous savons
comme eux, que les doctrines où les utopies com
munistes éveillent naturellement, dans la très
grande majorité de la population française, des
inquiétudes et des craintes qui, habilement ex
ploitées, rejetteraient du côté de la réaction poli
tique et sociale des partisans très sincères d’une
République progressive et réformatrice. Ils savent,
et nous savons comme eux, qu’un parti qui passe
rait pour menacer le principe de la propriété, sans
distinction entre la propriété légitime, fruit du
travail, et la propriété moins respectable, acquise
par des spéculations malhonnêtes, serait un parti
condamné à l'impuissance. C’est pourquoi ils s’ef
forcent de faire passer les radicaux, les socialistes,
pour des ennemis de la propriété et de la liberté,
pour des contempteurs des droits naturels de
l’homme.
Mais nous avons bonne foi dans la clairvoyance
des électeurs français. Le socialisme n’est ni
spoliateur, ni malhonnête. Il a un but plus gran
diose et plus humanitaire : c’est l’émancipation la
plus complète, la plus large de l’individu, dans son
travail et dans sa liberté. — Nini.
LE CAS
DE
M. SIEGFRIED
La journée de jeudi, à la Chambre des
Députés, a été mauvaise pour M. Siegfried,
dont certains actes ont été sévèrement criti
qués par tous les orateurs de droite et de
gauche qui ont pris la parole dans la discus
sion.
M. Dubost avait déposé un rapport con
cluant au remboursement d’une somme de
400,000 fr. versée à titre de cautionnement
par une compagnie française qui avait pour
suivi la concession du câble des Açores auprès
des Gouvernements français et portugais.
Or, il résulte des explications fournies par
MM. de Ramel et Delafosse, qu’après des
négociations obscures qui ressemblent beau
coup à une intrigue, cette concession fut
enlevée à la société française et définitivement
accordée à une compagnie anglaise.
M. Siegfried, alors ministre des Postes et
Télégraphes, se trouvait fréquemment à cette
époque en relations avec le représentant, à Paris,
de la société anglaise concurrente.
Visé par cette accusation précise, M. Sieg
fried a essayé de le prendre de haut, en décla-<
rant qu’il méprisait les insinuations de M. de
Ramel.
Yertement relevé par ce dernier, comme il
le fut naguère par M. de Mahy à propos de
Madagascar, M. Siegfried a tenté de se justi
fier. Il a osé soutenir que la société anglaise
faisant des conditions financièrement plus
avantageuses, il avait eu raison de lui donner
la préférence ! I !
M. Jules Roche, ancien ministre du com
merce, n’a pas eu de peine à réfuter cette
étrange théorie. Il a répondu à M. Siegfried,
que cette affaire ne devait pas être conduite
en se plaçant au point de vue étroit d’un
commerçant, mais avec ces vues larges et
hautes d’un homme d’Etat que n’a jamais été
et que ne sera jamais, hélas! le député du
Havre.
Dupuy, lui-même (qui l’eût cru ?) Dupuy
qui devrait être indulgent à ses collègues les
gaffeurs, l’étant lui-même au plus haut point,
a lâché M. Siegfried, en déplorant sa faute et
en laissant à la Chambre le soin de lui infli
ger un blâme.
Nous aurons sans doute à revenir sur ces
faits qui dénotent chez M. Siegfried, soit une
incapacité hors ligne, soit la plus dangereuse
ignorance de nos intérêts nationaux.
Rapprochés de l’attitude de M. Siegfried
dans l’affaire de Madagascar, où il se mon
trait indulgent pour ses amis les méthodistes
anglais, il nous prouvent que M. Siegfried
est affecté d’anglomanie impénitente. Sa place
n’était certainement pas au ministère, et l’on
peut douter qu’elle soit à la Chambre.
11 ne suffisait pas à M. Siegfried de soutenir
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 Thermidor An 101 — N° 91.
Réveil
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
^3
l’BlX DES ABONNEMENTS :
Le Havre....
Départements.
UN AN
5 fr.
6 fr.
SIX MOIS
3 fr.
3 50
LES
SCANDALES DUJLAÏ D’ORSAY
Sous le titre : Les Scandales du quai d'Orsay,
paraît chez l’éditeur Savine, à Paris, une
brochure qui semble destinée à un grand
retentissement dans le monde diplomatique.
A l'heure où l’attention, provoquée par les
événements du Mékong, se porte sur notre
politique dans l’Extrême-Orient, cette con
tribution à l’étude d’événements générale
ment peu connus, ne peut passer inaperçue.
L’auteur, M. Paul Boell, honorablement
connu au Havre et qui y compte de nom
breux amis, a habité la Chine pendant
trois années. Après avoir, à Tien-Tsin et
à Pékin, étudié à loisir l’administration
chinoise et le personnel diplomatique, il a
entrepris, du Fleuve jaune au Fleuve rouge,
un long et périlleux voyage. Après quoi il a
visité la Corée et le Japon. On se souvient,
d’ailleurs, des correspondances très remar
quées qu'il adressa au journal le Temps , pen
dant son séjour dans l’empire du Milieu.
Servi par les relations qu’il avait su se
créer dans le monde officiel, M. Paul Boell
revenait de Chine avec cette impression que
nos représentants dans l’Extrême-Orient sont
au-dessous de tout ce qu’otLpeut imaginer.
Et, comme le discrédit profond dans lequel
sont tombés nos agents aux yeux des puis
sances, constitue un danger pour notre in
fluence extérieure; qu’en outre, il a pu saisir
les preuves d’agissements criminels de ceux
qui devraient nous défendre là-bas, M. Paul
Boell a décidé de faire la lumière, sans s’ar
rêter aux considérations de personnes.
Il nous a été donné de lire, avant qu’il ne
fut livré à l’éditeur, le travail de M. Paul
Boell, et nous avons été tout d’abord frappé
de l’exceptionnelle gravité des faits qu’il allè
gue et du caractère authentique des docu
ments sur lesquels il base ses accusations.
Nos lecteurs nous sauront gré de leur faire
connaître les points principaux de cette bro
chure, qui, on peut le dire, constituera l’évé
nement de demain.
M. Paul Boell accuse nettement de tripo
tages un ancien consul général, lequel aurait
touché plus de 80,000 francs de pots-de-vin
dans diverses affaires industrielles, grâce à
l’appui de certaines personnalités, dont il
n’hésite pas à citer les noms. Les négociations
sont précisées dans la brochure avec comptes
et lettres, dont la photographie est, d’ailleurs,
aux mains de l’auteur.
M. Lemaire, notre représentant à Pékin,
encourt, à son tour, le reproche de trahir les
intérêts qui lui sont confiés, et de transformer
en lieu équivoque la légation de France.
Il est, dit l’auteur, à ce point déconsidéré,
que le Tsung-li-Yamen a cessé toutes relations
avec lui. Le vice-roi Li-Houng-Tchang refuse
de le recevoir. Au surplus, nous pouvons
ajouter- que, lors de son retour en France,
M. Paul Boell, qui était dans les meilleurs
termes, avec le vice-roi, fut chargé par lui
d'une mission confidentielle auprès de notre
gouvernement. M. Ribot a été mis au courant
de ces faits.
L’imputation la plus grave est dirigée con
tre M. Bourée, atfeien ministre plénipoten
tiaire, auteur du traité du même nom, lequel
est formellement accusé de haute trahison,
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VREparaît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
comme ayant encouragé pendant dix-huit
mois la résistance de la Chine lors des affaires
du Tonkin. MM. Billot et Jules Ferry ont été
avisés de ces faits, ainsi que l'auieur le
démontre, et M. Bourée n’aurait conservé sa
situation que grâce à la coterie puissante qu’il
a su se créer au quai d’Orsay et qui le défend
per fas et nef as.
Notons, en passant, que le même M. Bourée,
actuellement ambassadeur à Bruxelles, vient
d’être proposé pour l’ambassade de Vienne.
M. Paul Boell, on le voit, n’hésite pas à
accuser de haute trahison un homme que le
gouvernement actuel veut choisir pour nous
représenter auprès d’une des puissances de la
Tripliee.
Nous n’avons pas, en ce qui nous concerne,
à nous faire juge de ces accusations. Nous
nous bornons, pour l’instant, à en signaler
l’exceptionnelle gravité.
Mais il est encore un point qu’on ne peut
passer sous silence, parce qu’il montre sous
un nouveau jour les tendances et les procédés
du ministère Dupuy.
M. Paul Boell rappelle qu’au mois de mai
dernier, il avait posé sa candidature républi
caine dans l’arrondissement de Pont-l’Evêque
(Calvados), contre M. Conrad de Witfc. Tous
les comités républicains avaient promis de le
soutenir. Mais, depuis lors, le gouvernement
que préside M. Dupuy, averti de la campagne
que devait entreprendre M. Paul Boell, lui a
suscité un concurrent, M. Bénard, avocat à
Caen, ancien magistrat démissionnaire. Dans
ces conditions, M. Paul Boell a retiré sa can
didature dans une lettre aux républicains de
la circonscription de Pont-l’Evêque, lettre par
laquelle il promet de dire, dans une brochure
ce qu’il aurait voulu dire à la tribune de la
Chambre.
Cette promesse a été remplie par lui.
Il ne nous reste plus qu’à attendre le débat,
qui ne peut manquer de s’ouvrir sur cette
question de moralité diplomatique. Nous som
mes curieux de savoir ce que répondront MM.
Dupuy et Develle aux accusations si précises
de M. Paul Boell.
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE
La France et le Siam. — V Ultimatum : La
grande préoccupation du jour est l’ultimatum que
M. le ministre des affaires étrangères vient d’a
dresser à M. Pavie, notre agent à Bangkok, pour
l’inviter à signifier au gouvernement siamois les
résolutions qui ont été arrêtées au Conseil des
ministres et qui comportent les demandes formu
lées par le gouvernement français.
M. Pavie a, en outre, l’ordre de n’accorder à
la cour de Siam que Quarante-huit heures pour
faire connaître sa réponse.
D’après ce qu'on nous dit, les conditions de l’ul
timatum adressé au roi de Siam comportent :
1° Une rectification de frontière donnant pour
limite à nos possessions indo-chinoises la rive
gauche du Mékong ; les îles nous étant attri
buées ;
2° Payement d’une indemnité générale d’envi
ron 3 millions ;
3° Paiement d'indemnités particulières aux
Français ou protégés de là France, victimes du
Siam.
Des mesures sont décidées pour la cas où le
gouvernement Siamois n’accorderait pas dans les
délais fixés les réparations exigées de lui.
Ajoutons que M. Le Myre de Villers, parti de
Marseille le 10 juillet pour Bangkok, recevra à
son escale à Singapour les instructions et les
pouvoirs les plus étendus du gouvernement de la
République française.
•fr
* *
A la Chambre. — On sait que la Chambre
a renvoyé à la Commission de la loi électorale la
proposition Alicot, tendant à fixer, pour l’avenir,
la date des élections générales au premier diman
che de mai, tous les quatre ans.
La commission, dans sa réunion d’hier, a
repoussé cette proposition. La commission a, en
outre, constaté qu’il y avait inconvénient à modi
fier sans cesse la législation électorale.
C’est dans ces conditions que la proposition a
été écartée. Il importe de rappeler qu’elle ne s’ap
pliquait pas, d’ailleurs, aux élections prochaines,
qui restent fixées au 20 août, mais seulement à la
Chambre future.
Au Sénat. — Le Sénat continue l’examen du
Budget de 1894.
Il a commencé par adopter les 12 chapitres du
ministère de la justice. Puis il est passé au minis
tère de l’intérieur. M. Trarieux demande à M.
Dupuy qu’étant installé à la Bourse du Travail,
comment fera-t-il pour en sortir ? — Oh ! c’est
bien simple, répond majestueusement le Président
du Conseil, j’élaborerai un règlement. Et là-dessus,
les 77 chapitres du ministère de l’intérieur ont été
adoptés tout d’un trait.
Les 124 chapitres du ministère de la guerre ont
été également adoptés, sans l’ombre de la moindre
discussion.
Quelques échanges d’observations, mais absolu
ment dénuées d’intérêts sur le ministère de la
marine, mais cela n’a pas duré longtemps, et vite,
le voilà expédié.
Autant pour le ministère de l’instruction publi
que. En trois bouchées, il a été avalé. Autant
pour le service des cultes.
Le Sénat a encore adopté le ministère du com
merce et de l’industrie ; mais sur le service des
postes, il y a un accroc; la Chambre avait demandé
un léger crédit en faveur du personnel des postes,
et le Sénat n’a jamais voulu avaler ce dernier
morceau. Et voilà pourquoi, à cause de ce petit
mécompte, le Budget est condamné à revenir à la
Chambre.
Le Comité de l’extrême-gauche. — Les
députés composant le groupe de l’extrême-gauche,
commence ses préparatifs de campagne en vue
des élections prochaines. Hier, sur l’initiative de
M. Barodet, ils se sont réunis pour s’occuper des
mesures à prendre.
Après une longue délibération, la réunion a
décidé de constituer à Paris un comité qui siégera
en permanence pendant toute la durée de la période
électorale. Ce comité sera formé de six députés de
Paris et six députés de province. Il recevra la
mission de formuler une déclaration résumant les
points eesentiels du programme radical et pouvant
servir de base aux professions de foi des candidats
appartenant à cette nuance politique.
Le comité donnera son concours à tous ceux
qui, partageant les vues politiques du groupe, fe
ront appel à lui.
Une réunion du groupe aura lieu demain ven
dredi pour désigner les douze membres du comité
de permanence.
Devant cette discipline et l’alliance des radi
caux avec les socialistes, les conservateurs de
toutes couleürs ont l’air de confondre socialistes
avec communistes. Ils savent, et nous savons
comme eux, que les doctrines où les utopies com
munistes éveillent naturellement, dans la très
grande majorité de la population française, des
inquiétudes et des craintes qui, habilement ex
ploitées, rejetteraient du côté de la réaction poli
tique et sociale des partisans très sincères d’une
République progressive et réformatrice. Ils savent,
et nous savons comme eux, qu’un parti qui passe
rait pour menacer le principe de la propriété, sans
distinction entre la propriété légitime, fruit du
travail, et la propriété moins respectable, acquise
par des spéculations malhonnêtes, serait un parti
condamné à l'impuissance. C’est pourquoi ils s’ef
forcent de faire passer les radicaux, les socialistes,
pour des ennemis de la propriété et de la liberté,
pour des contempteurs des droits naturels de
l’homme.
Mais nous avons bonne foi dans la clairvoyance
des électeurs français. Le socialisme n’est ni
spoliateur, ni malhonnête. Il a un but plus gran
diose et plus humanitaire : c’est l’émancipation la
plus complète, la plus large de l’individu, dans son
travail et dans sa liberté. — Nini.
LE CAS
DE
M. SIEGFRIED
La journée de jeudi, à la Chambre des
Députés, a été mauvaise pour M. Siegfried,
dont certains actes ont été sévèrement criti
qués par tous les orateurs de droite et de
gauche qui ont pris la parole dans la discus
sion.
M. Dubost avait déposé un rapport con
cluant au remboursement d’une somme de
400,000 fr. versée à titre de cautionnement
par une compagnie française qui avait pour
suivi la concession du câble des Açores auprès
des Gouvernements français et portugais.
Or, il résulte des explications fournies par
MM. de Ramel et Delafosse, qu’après des
négociations obscures qui ressemblent beau
coup à une intrigue, cette concession fut
enlevée à la société française et définitivement
accordée à une compagnie anglaise.
M. Siegfried, alors ministre des Postes et
Télégraphes, se trouvait fréquemment à cette
époque en relations avec le représentant, à Paris,
de la société anglaise concurrente.
Visé par cette accusation précise, M. Sieg
fried a essayé de le prendre de haut, en décla-<
rant qu’il méprisait les insinuations de M. de
Ramel.
Yertement relevé par ce dernier, comme il
le fut naguère par M. de Mahy à propos de
Madagascar, M. Siegfried a tenté de se justi
fier. Il a osé soutenir que la société anglaise
faisant des conditions financièrement plus
avantageuses, il avait eu raison de lui donner
la préférence ! I !
M. Jules Roche, ancien ministre du com
merce, n’a pas eu de peine à réfuter cette
étrange théorie. Il a répondu à M. Siegfried,
que cette affaire ne devait pas être conduite
en se plaçant au point de vue étroit d’un
commerçant, mais avec ces vues larges et
hautes d’un homme d’Etat que n’a jamais été
et que ne sera jamais, hélas! le député du
Havre.
Dupuy, lui-même (qui l’eût cru ?) Dupuy
qui devrait être indulgent à ses collègues les
gaffeurs, l’étant lui-même au plus haut point,
a lâché M. Siegfried, en déplorant sa faute et
en laissant à la Chambre le soin de lui infli
ger un blâme.
Nous aurons sans doute à revenir sur ces
faits qui dénotent chez M. Siegfried, soit une
incapacité hors ligne, soit la plus dangereuse
ignorance de nos intérêts nationaux.
Rapprochés de l’attitude de M. Siegfried
dans l’affaire de Madagascar, où il se mon
trait indulgent pour ses amis les méthodistes
anglais, il nous prouvent que M. Siegfried
est affecté d’anglomanie impénitente. Sa place
n’était certainement pas au ministère, et l’on
peut douter qu’elle soit à la Chambre.
11 ne suffisait pas à M. Siegfried de soutenir
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