Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-05-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 mai 1893 20 mai 1893
Description : 1893/05/20 (N82). 1893/05/20 (N82).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632826
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — A 0 82 — Samedi 20
mà
DIX CENTIMES LE NUMERO
er
191 — N° 82.
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
c t,
Le Havre
Départements.
UN AN SIX MO
5 fr. 3 fr
► 6 fr. 3 5 v
ADMlîVISTRATîOIV & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR -PERIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
AVIS A m ABONNES
Certaines irrégularités s’étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
Le Havre électoral
Un député des Bouches-du-Rhône, M.
Victor Leydet, déclare dans la Petite Répu
blique Française, que les prochaines élections
préoccupent tous les groupes de la Chambre
des Députés, qu’elles sont le sujet de toutes
les conversations et que chacun y pense avec
le plus vif intérêt et les discute avec ar
deur.
Nous comprenons sans peine ces divers
sentiments. Mais ce que nous comprenons
bien moins, c’est la profonde apathie avec
laquelle la question des élections est aban
donnée au Havre. Si, à Paris, on en cause,
si on discute les résultats futurs, ici, c’est
tout autre chose. Personne n’y pense et notre
grand confrère le Petit Havre ne parait même
pas se douter qu’il va y avoir bientôt des
élections générales. Nous n’ignorons pas, du
reste, qu’il est toujours excessivement satis
fait de la marche des événements, et dût la
Chambre des Députés ou le Sénat se déjuger
chaque semaine, jamais, oh ! non jamais, la
plus petite critique ne sort de la plume de sa
rédaction.
C’est là l’indice d’un bon caractère et nous
n’en voudrons jamais à un confrère de s’en
dormir dans une quiétude si parfaite. Ce
pendant, nous poserons au Petit Havre , une
simple question : Est-il véritablement journal
républicain, démocratique et socialiste ou
n’est-il simplement qu’opportuniste ?
Nous ne nous permettais même pas de
critiquer sa ligne de conduite, estimant que
toutes les opinions sont libres et éminemment
respectables, du moment qu’elles sont répu
blicaines. Nous conviendrons seulement que
pour le parti opportuniste, tout étant pour le
mieux en ce moment, il n’y a rien à changer
à la direction des affaires. Mais, hélas ! en
est-il de même pour le parti démocrate-
socialiste ? Non. Il ne cesse de demander des
réformes, des améliorations tout au moins
à la machine gouvernementale. Et cependant
rien n’aboutit.
Les ouvriers et les travailleurs sont conti
nuellement leurrés et Cest avec une pro
fonde tristesse que nous envisageons les résul
tats négatifs de la législature actuelle. Il est
donc nécessaire que la presse locale prenne
une initiative vigoureuse, engage le bon
combat et pèse de tout son poids sur les
députés et sénateurs afin de les encourager
s’ils ont bien voté et de les combattre s’ils ont
oublié les promesses faites jadis aux électeurs.
Le Havre possède deux députés républi
cains, mais malheureusement d’un oppor
tunisme notoire. Si on examinait un peu
sérieusement les professions de foi faites par
eux au moment de leur élection, combien
trouverions-nous de belles promesses, de
généreuses idées, de paroles enthousiastes.
Mais, hélas ! combien trouverions-nous de
ces promesses réalisées ?
Cherchons un peu les améliorations appor
tées au sort des travailleurs et nous en arri
verons à une conclusion que personne ne
démentira ; c’est que la population ouvrière
est plus malheureuse que jamais et que dans
la cité havraise, les conditions de l’existence
sont devenues tellement précaires, qu’il ne
sera bientôt plus possible à' l’ouvrier de
manger un peu de viande et de boire du vin.
Que d’étranges mixtures sont vendues sous
cette dernière dénomination et combien de
de malheureux perdent la santé en absorbant
les sophistications sans nombre qu’ils boivent
journellement, parce que cela coûte moins
cher ! Hélas ! les produits mauvaises sont
toujours trop chers.
La question économique doit donc préoc
cuper tous les esprits sérieux et nous espérons
que des comités locaux vont bientôt se former
et provoquer des explications de la part de
nos législateurs.
Ce soin incombe à la presse et surtout aux
électeurs, et nous espérons qu’ils ne failliront
pas à leur devoir.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election législative du 14 Mai 1893
AISNE. —(l re circonscription de Vervin») :
MM. Denéchau, républicain 4,806 voix
Furcy-Larue, boulangiste 3 305 —
Piette, rallié 3,140
II y a ballottage
Il s’agissait de remplacer M. Godelle, député
réactionnaire, démissionnaire. M. Godelle avait
été élu par 7,013 voix, contre 4,824 à M. Dupuy,
républicain.
Elections de Conseillers généraux
Dimanche dernier, il a été procédé au scrutin
de ballottage pour les élections au Conseil général
de la Seine.
On se rappelle que le premier tour de scrutin,
qui eût lieu le dimanche 7 mai, n’avait donné de
résultats définitifs que pour sept cantons. Il res
tait donc quatorze conseillers à élire, puisque de
puis la nouvelle loi, la banlieue de Paris proeède
à l’élection de 21 conseillers généraux au lieu de
huit comme précédemment.
Dans les départements, plusieurs élections de
conseillers généraux ont eu lieu également :
Dans le canton de Belfort, M. Lesmann, répu
blicain, a été nommé.
Dans la Côte-d’Or (canton de Liernais), M.
Charles, républicain, a été élu sans concurrent.
Dans l’Hérault, M. Castelbon, républicain, a
été nommé pour le canton de Saint-Pons.
Dans le Lot-et-Garonne (canton de Villeréall,
M. Besse, réactionnaire, a été nommé a trois voix
de majorité. Cette élection sera sûrement contes
tée par M. Pabon, candidat républicain, qui, le 31
juillet dernier, avait été élu à 25 voix de majorité
et avait vu son élection annulée par le Conseil
d’Etat.
Dans le Morbihan, jusqu’ici invétéré à la réac
tion, M. Passillé, républicain, a été nommé pour
le canton de Sarzeau.
Dans la Seine-et-Marne (canton de Coulom-
miers), M. Delaplace a été élu.
Dans les Alpes-Maritimes, M. Massiéra, répu
blicain a été nommé par le canton de Villars.
Comme on le voit, à Paris comme en Province,
les électeurs, en grande majorité, ne votent que
pour des républicains avérés. Les élections pro
chaines feronC certainement, espérons-le, bonne
justice des candidats réactionnaires et des nou
veaux ralliés à la République, car les uns et les
autres ne sollicitent les suffrages que pour mieux
la trahir, s’ils arrivaient au pouvoir.
★
* *
Nous n’éprouvons aucun besoin de rappeler ici,
le souvenir du Seize-Mai et de >son anniversaire,
sinon qu’il est toujours bon de mentionner au pas
sage certains faits historiques, pour l’instruction
et l’édification des jeunes.
Au 24 mai 1876, la France n’avait qu’une As
semblée, et cette Assemblée unique était aux
monarchistes. C’était l’Assemblée du jour de mal
heur, l’Assemblée nommée quand le pays, envahi,
blessé, gisant sous le genou de la Prusse, n’avait
pas sa connaissance. Les monarchistes venaient
de. congédier, comme un valet insolent, un Prési
dent de fa République qui avait refusé d’être leur
complice. Ils l’avaient remplacé par un maréchal
à leur dévotion. Ils étaient souverains et ils se
préparaient à faire marcher la France !
Mais un homme, un tribun populaire, dans un
discours resté mémorable, vint dénoncer ces ma
nœuvres au pays, par cette phrase impérieuse et
hardie, qui fit peur au maréchal :
« Il faut se soumettre ou se démettre. »
Ces vibrantes paroles retentirent avec un tel
éclat aux quatre coins du pays, qu’elles firent
avorter les projets des monarchistes. Dès lors, ils
virent échouer toutes leurs espérances ; ils com
prirent qu’ils ne pouvaient plus rien et abandon
nèrent le pouvoir pour toujours.
★
* *
Chambre des Députés. — La Chambre a
repris, jeudi, en première délibération la discus
sion des articles de la proposition de loi de M.
Louis Ricard, sur la responsabilité des patrons,
en matière d’accidents. Les débats promettent
d’être intéressants, bien que les membres de la
commission feront probablement tous leurs efforts
pour que l’on approfondisse pas l'étude du texte
proposé. Il esta craindre que la Chambre actuelle,
sur le point de retourner devant le corps électoral,
ne soit prise d’un beau zèle et ne veuille, coûte
que coûte, voter cette loi, bonne ou mauvaise,
afin d’en tirer vanité aux prochaines réunions
électorales. On sait que la loi Ricard est copiée
sur la loi allemande, et l’expérience a démontré
que les ouvriers d’Outre-Rhin n’avaient pas à se
féliciter des résultats acquis. Il est donc désirable
que la. discussion des articles amène une amélio
ration sensible à son texte, car la loi, telle qu’elle
est présentée, ne laisse pas à l’ouvrier, victime
d’un accident, la pleine réparation du dommage
éprouvé.
★
* *
L’Impôt sur les boissons. — M. Peytral
a rendu compte de son entretien avec la commis
sion du Sénat au sujet de la réforme des boissons.
Le gouvernement est d'accord avec la commission
sur presque tous les points. Le gouvernement,
sur les droits de l’alcool, propose deux cents
francs ; la commission propose cent quatre-vingt-
dix francs seulement.
La commission ferait face au déficit de dix-sept
millions résultant de cet écart de chiffres, au
moyen de l’unification du droit de circulation qui
serait porté uniformément à deux francs.
M. Peytral demandera au Sénat de renoncer
au droit de circulation sur les pommes et les
vendanges.
M. Viette*a annoncé que les Compagnies de
chemin de fer avaient décidé d’abaisser les tarifs
du transport des cidres au même taux que les
tarifs des vins.
*
* *
Arrestations d’anarchistes. — Les nom
breux objets saisis chez les compagnons Span-
nagel, Marchand, Leveillé, Venchon et Bondeau,
ont été soigneusement transportés au Palais-de-
Justice pour être examinés.
Une liste a attiré l’attention des magistrats ;
elle comprenait, entre autres noms de compa
gnons, ceux de Jean Blanc et Raymond Boutet,
âgés l’un et l’autre de vingt-cinq ans.
Le livret militaire de Boutet se trouvait même
avec la liste.
Blanc et Boutet sont entre les mains de la
Justice depuis trois semaines, ayant été arrêtés,
le premier à Saint-Ouen, chez M. Calan, et le
deuxième sur le pont d’Asnières, à la suite de vols
qualifiés.
Quand toute la correspondance et tous les do
cuments auront été dépouillés, nul doute que de
nouveaux renseignements ne permettent à la
Préfecture de police d’opérer d’autres arresta
tions.
LE PUNCH
DES
SUSPECTS
Il se passe parfois au Conseil municipal des
choses fort réjouissantes. La séance de vendredi
dernier nous a fourni un nouvel exemple qui ne
semble pas fait pour abaisser chez nous le niveau
de la vieille gaîté française.
Deux conseillers municipaux qui manifestent
autrement qu’en période électorale leur intérêt
pour la classe ouvrière, MM. Denis Guillot et
Cherfils, ont eu, paraît-il, le grand tort d’assister
au punch socialiste du 1 er Mai dernier. On leur a
fait entendre que c’est déroger gravement aux
devoirs d’un édile que d’aller se commettre avec
les ouvriers qui veulent améliorer leur situation.
Nul n’ignore, en effet que tous les conseillers
municipaux , qui siègent à T Hôtel de Ville sont
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces .. 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
sortis en droite ligne de la cuisse de Jupiter et
qu’ils doivent planer avec les aigles dans les
régions supérieures.
Aller banqueter avec un ministre, à trente
francs par tête, aux frais des contribuables, à la
bonne heure ! Aller assister à l’une de ces fêtes
organisées par l’opportunisme et où il abreuve ses
agents électoraux, parfait ! mais se rendre parmi
les ouvriers, s’attabler à un punch démocratique
où chacun paie son écot, fi donc !
Pour comble de malheur, il paraît que ce fa
meux punch était organisé parles conservateurs?
On ne s’en serait jamais douté.
Les coupables ont donc été traduits à la barre
du Conseil municipal où siège comme chacun sait,,
une administration uniquement choisie parmi les
anciens candidats patronnés par le Courrier du
Havre , de M. Brindeau à M. Gardye. Voilà un
tribunal qui doit évidemment s’y connaître en ma
tière de réaction !
M, Denis Guillot, personnellement mis en cause
comme suspect, a fait justement observer qu’il
allait où bon lui semblait. S’il lui a plu d’aller
porter des paroles de paix dans une réunion d’ou
vriers, il est à croire qu’il n’ira pas demander la
permission des modérés le jour où, — le fossé
étant définitivement creusé entre les démocrates
et les opportunistes-conservateurs, — il jugerait
bon de prononcer dans les mêmes réunions des
paroles de guerre.
VERUS.
UN KRACH FINANCIER
Le Comptoir des fonds nationaux, dont le siège
est à Paris, 92, rue Richelieu, et qui jouissait
dans le monde financier d’une certaine réputation,
vient de suspendre ses opérations.
Grâce à la complicité d’une personne attachée à
cette administration, qui a procuré à des jour
naux financiers, intéressés à la chute du Comptoir,
la liste de tous les clients de cette maison, une
campagne a été menée et des circulaires leur ont
été envoyées. -,
Les clients, affolés par les bruits alarmants
répandus par les journaux et les circulaires, ont
jeté sur le marché un nombre considérable de
titres que le Comptoir des fonds nationaux a cru.
devoir racheter pour retarder ou éviter l’effon
drement des cours. Cette Société s’étant vue dans
l’impossibilité de continuer les rachats, a aban
donné la partie.
On sait que les administrateurs des Fonds na
tionaux ont lancé un certain nombre d’affaires,
parmi lesquelles on peut citer : la Société des
Châlets de commodité, la Société du Canal de
Toulouse, la Compagnie des Tramways du Jura,
etc., etc.
Deux des administrateurs du Comptoir, MM.
Nahmias et Laffargue, ont pris la fuite ; le Par
quet a nommé immédiatement un juge, M. Espi-
nas, pour procéder à une instruction au sujet de
cette double disparition, un mandat d’arrêt a été
lancé contre les fugitifs.
Quant à M. Lucien Kahn, un des autres admi
nistrateurs, il est en dehors des poursuites ; il
avait, en effet, donné sa démission il y a quelques
jours.
Le montant du passif n’a pu encore être éva
lué ; M. Gauche a été désigné comme expert.
Ajoutons que, vendredi dernier, un garçon de
bureau du Comptoir des fonds nationaux a dis
paru en emportant une somme de dix-huit mille
francs.
LA BOURSE^DD TRAVAIL
i (q el les Opportunistes - ,
Comme il fallait s’y attendre, l’approche des
élections donne lieu à la concentration de la peur.
Les journaux, tant conservateurs qu’opportu-
nistes, viennent en effet d’enregistrer, avec la
même satisfaction et presque dans les mêmes ter
mes, les réflexions que suggèrent à leur pusillani
mité les attaques de M. Yves Guyot contre la
Bourse du Travail. Il y a là un indice qui mérite
d’être noté et qui démontre bien de quel côté sont
les amis de la classe ouvrière.
M. Yves Guyot, l’inaugurateur de chemins de
fer, l’ancien ministre que chacun a pu voir à
l”œuvre et qui, si l’on en juge par les résultats,
devait certainement travailler moins de huit
heures par jour, appartient à cette catégorie d’é
conomistes qui trouvent que tout est pour le mieux
mà
DIX CENTIMES LE NUMERO
er
191 — N° 82.
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
c t,
Le Havre
Départements.
UN AN SIX MO
5 fr. 3 fr
► 6 fr. 3 5 v
ADMlîVISTRATîOIV & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR -PERIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
AVIS A m ABONNES
Certaines irrégularités s’étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
Le Havre électoral
Un député des Bouches-du-Rhône, M.
Victor Leydet, déclare dans la Petite Répu
blique Française, que les prochaines élections
préoccupent tous les groupes de la Chambre
des Députés, qu’elles sont le sujet de toutes
les conversations et que chacun y pense avec
le plus vif intérêt et les discute avec ar
deur.
Nous comprenons sans peine ces divers
sentiments. Mais ce que nous comprenons
bien moins, c’est la profonde apathie avec
laquelle la question des élections est aban
donnée au Havre. Si, à Paris, on en cause,
si on discute les résultats futurs, ici, c’est
tout autre chose. Personne n’y pense et notre
grand confrère le Petit Havre ne parait même
pas se douter qu’il va y avoir bientôt des
élections générales. Nous n’ignorons pas, du
reste, qu’il est toujours excessivement satis
fait de la marche des événements, et dût la
Chambre des Députés ou le Sénat se déjuger
chaque semaine, jamais, oh ! non jamais, la
plus petite critique ne sort de la plume de sa
rédaction.
C’est là l’indice d’un bon caractère et nous
n’en voudrons jamais à un confrère de s’en
dormir dans une quiétude si parfaite. Ce
pendant, nous poserons au Petit Havre , une
simple question : Est-il véritablement journal
républicain, démocratique et socialiste ou
n’est-il simplement qu’opportuniste ?
Nous ne nous permettais même pas de
critiquer sa ligne de conduite, estimant que
toutes les opinions sont libres et éminemment
respectables, du moment qu’elles sont répu
blicaines. Nous conviendrons seulement que
pour le parti opportuniste, tout étant pour le
mieux en ce moment, il n’y a rien à changer
à la direction des affaires. Mais, hélas ! en
est-il de même pour le parti démocrate-
socialiste ? Non. Il ne cesse de demander des
réformes, des améliorations tout au moins
à la machine gouvernementale. Et cependant
rien n’aboutit.
Les ouvriers et les travailleurs sont conti
nuellement leurrés et Cest avec une pro
fonde tristesse que nous envisageons les résul
tats négatifs de la législature actuelle. Il est
donc nécessaire que la presse locale prenne
une initiative vigoureuse, engage le bon
combat et pèse de tout son poids sur les
députés et sénateurs afin de les encourager
s’ils ont bien voté et de les combattre s’ils ont
oublié les promesses faites jadis aux électeurs.
Le Havre possède deux députés républi
cains, mais malheureusement d’un oppor
tunisme notoire. Si on examinait un peu
sérieusement les professions de foi faites par
eux au moment de leur élection, combien
trouverions-nous de belles promesses, de
généreuses idées, de paroles enthousiastes.
Mais, hélas ! combien trouverions-nous de
ces promesses réalisées ?
Cherchons un peu les améliorations appor
tées au sort des travailleurs et nous en arri
verons à une conclusion que personne ne
démentira ; c’est que la population ouvrière
est plus malheureuse que jamais et que dans
la cité havraise, les conditions de l’existence
sont devenues tellement précaires, qu’il ne
sera bientôt plus possible à' l’ouvrier de
manger un peu de viande et de boire du vin.
Que d’étranges mixtures sont vendues sous
cette dernière dénomination et combien de
de malheureux perdent la santé en absorbant
les sophistications sans nombre qu’ils boivent
journellement, parce que cela coûte moins
cher ! Hélas ! les produits mauvaises sont
toujours trop chers.
La question économique doit donc préoc
cuper tous les esprits sérieux et nous espérons
que des comités locaux vont bientôt se former
et provoquer des explications de la part de
nos législateurs.
Ce soin incombe à la presse et surtout aux
électeurs, et nous espérons qu’ils ne failliront
pas à leur devoir.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election législative du 14 Mai 1893
AISNE. —(l re circonscription de Vervin») :
MM. Denéchau, républicain 4,806 voix
Furcy-Larue, boulangiste 3 305 —
Piette, rallié 3,140
II y a ballottage
Il s’agissait de remplacer M. Godelle, député
réactionnaire, démissionnaire. M. Godelle avait
été élu par 7,013 voix, contre 4,824 à M. Dupuy,
républicain.
Elections de Conseillers généraux
Dimanche dernier, il a été procédé au scrutin
de ballottage pour les élections au Conseil général
de la Seine.
On se rappelle que le premier tour de scrutin,
qui eût lieu le dimanche 7 mai, n’avait donné de
résultats définitifs que pour sept cantons. Il res
tait donc quatorze conseillers à élire, puisque de
puis la nouvelle loi, la banlieue de Paris proeède
à l’élection de 21 conseillers généraux au lieu de
huit comme précédemment.
Dans les départements, plusieurs élections de
conseillers généraux ont eu lieu également :
Dans le canton de Belfort, M. Lesmann, répu
blicain, a été nommé.
Dans la Côte-d’Or (canton de Liernais), M.
Charles, républicain, a été élu sans concurrent.
Dans l’Hérault, M. Castelbon, républicain, a
été nommé pour le canton de Saint-Pons.
Dans le Lot-et-Garonne (canton de Villeréall,
M. Besse, réactionnaire, a été nommé a trois voix
de majorité. Cette élection sera sûrement contes
tée par M. Pabon, candidat républicain, qui, le 31
juillet dernier, avait été élu à 25 voix de majorité
et avait vu son élection annulée par le Conseil
d’Etat.
Dans le Morbihan, jusqu’ici invétéré à la réac
tion, M. Passillé, républicain, a été nommé pour
le canton de Sarzeau.
Dans la Seine-et-Marne (canton de Coulom-
miers), M. Delaplace a été élu.
Dans les Alpes-Maritimes, M. Massiéra, répu
blicain a été nommé par le canton de Villars.
Comme on le voit, à Paris comme en Province,
les électeurs, en grande majorité, ne votent que
pour des républicains avérés. Les élections pro
chaines feronC certainement, espérons-le, bonne
justice des candidats réactionnaires et des nou
veaux ralliés à la République, car les uns et les
autres ne sollicitent les suffrages que pour mieux
la trahir, s’ils arrivaient au pouvoir.
★
* *
Nous n’éprouvons aucun besoin de rappeler ici,
le souvenir du Seize-Mai et de >son anniversaire,
sinon qu’il est toujours bon de mentionner au pas
sage certains faits historiques, pour l’instruction
et l’édification des jeunes.
Au 24 mai 1876, la France n’avait qu’une As
semblée, et cette Assemblée unique était aux
monarchistes. C’était l’Assemblée du jour de mal
heur, l’Assemblée nommée quand le pays, envahi,
blessé, gisant sous le genou de la Prusse, n’avait
pas sa connaissance. Les monarchistes venaient
de. congédier, comme un valet insolent, un Prési
dent de fa République qui avait refusé d’être leur
complice. Ils l’avaient remplacé par un maréchal
à leur dévotion. Ils étaient souverains et ils se
préparaient à faire marcher la France !
Mais un homme, un tribun populaire, dans un
discours resté mémorable, vint dénoncer ces ma
nœuvres au pays, par cette phrase impérieuse et
hardie, qui fit peur au maréchal :
« Il faut se soumettre ou se démettre. »
Ces vibrantes paroles retentirent avec un tel
éclat aux quatre coins du pays, qu’elles firent
avorter les projets des monarchistes. Dès lors, ils
virent échouer toutes leurs espérances ; ils com
prirent qu’ils ne pouvaient plus rien et abandon
nèrent le pouvoir pour toujours.
★
* *
Chambre des Députés. — La Chambre a
repris, jeudi, en première délibération la discus
sion des articles de la proposition de loi de M.
Louis Ricard, sur la responsabilité des patrons,
en matière d’accidents. Les débats promettent
d’être intéressants, bien que les membres de la
commission feront probablement tous leurs efforts
pour que l’on approfondisse pas l'étude du texte
proposé. Il esta craindre que la Chambre actuelle,
sur le point de retourner devant le corps électoral,
ne soit prise d’un beau zèle et ne veuille, coûte
que coûte, voter cette loi, bonne ou mauvaise,
afin d’en tirer vanité aux prochaines réunions
électorales. On sait que la loi Ricard est copiée
sur la loi allemande, et l’expérience a démontré
que les ouvriers d’Outre-Rhin n’avaient pas à se
féliciter des résultats acquis. Il est donc désirable
que la. discussion des articles amène une amélio
ration sensible à son texte, car la loi, telle qu’elle
est présentée, ne laisse pas à l’ouvrier, victime
d’un accident, la pleine réparation du dommage
éprouvé.
★
* *
L’Impôt sur les boissons. — M. Peytral
a rendu compte de son entretien avec la commis
sion du Sénat au sujet de la réforme des boissons.
Le gouvernement est d'accord avec la commission
sur presque tous les points. Le gouvernement,
sur les droits de l’alcool, propose deux cents
francs ; la commission propose cent quatre-vingt-
dix francs seulement.
La commission ferait face au déficit de dix-sept
millions résultant de cet écart de chiffres, au
moyen de l’unification du droit de circulation qui
serait porté uniformément à deux francs.
M. Peytral demandera au Sénat de renoncer
au droit de circulation sur les pommes et les
vendanges.
M. Viette*a annoncé que les Compagnies de
chemin de fer avaient décidé d’abaisser les tarifs
du transport des cidres au même taux que les
tarifs des vins.
*
* *
Arrestations d’anarchistes. — Les nom
breux objets saisis chez les compagnons Span-
nagel, Marchand, Leveillé, Venchon et Bondeau,
ont été soigneusement transportés au Palais-de-
Justice pour être examinés.
Une liste a attiré l’attention des magistrats ;
elle comprenait, entre autres noms de compa
gnons, ceux de Jean Blanc et Raymond Boutet,
âgés l’un et l’autre de vingt-cinq ans.
Le livret militaire de Boutet se trouvait même
avec la liste.
Blanc et Boutet sont entre les mains de la
Justice depuis trois semaines, ayant été arrêtés,
le premier à Saint-Ouen, chez M. Calan, et le
deuxième sur le pont d’Asnières, à la suite de vols
qualifiés.
Quand toute la correspondance et tous les do
cuments auront été dépouillés, nul doute que de
nouveaux renseignements ne permettent à la
Préfecture de police d’opérer d’autres arresta
tions.
LE PUNCH
DES
SUSPECTS
Il se passe parfois au Conseil municipal des
choses fort réjouissantes. La séance de vendredi
dernier nous a fourni un nouvel exemple qui ne
semble pas fait pour abaisser chez nous le niveau
de la vieille gaîté française.
Deux conseillers municipaux qui manifestent
autrement qu’en période électorale leur intérêt
pour la classe ouvrière, MM. Denis Guillot et
Cherfils, ont eu, paraît-il, le grand tort d’assister
au punch socialiste du 1 er Mai dernier. On leur a
fait entendre que c’est déroger gravement aux
devoirs d’un édile que d’aller se commettre avec
les ouvriers qui veulent améliorer leur situation.
Nul n’ignore, en effet que tous les conseillers
municipaux , qui siègent à T Hôtel de Ville sont
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces .. 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
sortis en droite ligne de la cuisse de Jupiter et
qu’ils doivent planer avec les aigles dans les
régions supérieures.
Aller banqueter avec un ministre, à trente
francs par tête, aux frais des contribuables, à la
bonne heure ! Aller assister à l’une de ces fêtes
organisées par l’opportunisme et où il abreuve ses
agents électoraux, parfait ! mais se rendre parmi
les ouvriers, s’attabler à un punch démocratique
où chacun paie son écot, fi donc !
Pour comble de malheur, il paraît que ce fa
meux punch était organisé parles conservateurs?
On ne s’en serait jamais douté.
Les coupables ont donc été traduits à la barre
du Conseil municipal où siège comme chacun sait,,
une administration uniquement choisie parmi les
anciens candidats patronnés par le Courrier du
Havre , de M. Brindeau à M. Gardye. Voilà un
tribunal qui doit évidemment s’y connaître en ma
tière de réaction !
M, Denis Guillot, personnellement mis en cause
comme suspect, a fait justement observer qu’il
allait où bon lui semblait. S’il lui a plu d’aller
porter des paroles de paix dans une réunion d’ou
vriers, il est à croire qu’il n’ira pas demander la
permission des modérés le jour où, — le fossé
étant définitivement creusé entre les démocrates
et les opportunistes-conservateurs, — il jugerait
bon de prononcer dans les mêmes réunions des
paroles de guerre.
VERUS.
UN KRACH FINANCIER
Le Comptoir des fonds nationaux, dont le siège
est à Paris, 92, rue Richelieu, et qui jouissait
dans le monde financier d’une certaine réputation,
vient de suspendre ses opérations.
Grâce à la complicité d’une personne attachée à
cette administration, qui a procuré à des jour
naux financiers, intéressés à la chute du Comptoir,
la liste de tous les clients de cette maison, une
campagne a été menée et des circulaires leur ont
été envoyées. -,
Les clients, affolés par les bruits alarmants
répandus par les journaux et les circulaires, ont
jeté sur le marché un nombre considérable de
titres que le Comptoir des fonds nationaux a cru.
devoir racheter pour retarder ou éviter l’effon
drement des cours. Cette Société s’étant vue dans
l’impossibilité de continuer les rachats, a aban
donné la partie.
On sait que les administrateurs des Fonds na
tionaux ont lancé un certain nombre d’affaires,
parmi lesquelles on peut citer : la Société des
Châlets de commodité, la Société du Canal de
Toulouse, la Compagnie des Tramways du Jura,
etc., etc.
Deux des administrateurs du Comptoir, MM.
Nahmias et Laffargue, ont pris la fuite ; le Par
quet a nommé immédiatement un juge, M. Espi-
nas, pour procéder à une instruction au sujet de
cette double disparition, un mandat d’arrêt a été
lancé contre les fugitifs.
Quant à M. Lucien Kahn, un des autres admi
nistrateurs, il est en dehors des poursuites ; il
avait, en effet, donné sa démission il y a quelques
jours.
Le montant du passif n’a pu encore être éva
lué ; M. Gauche a été désigné comme expert.
Ajoutons que, vendredi dernier, un garçon de
bureau du Comptoir des fonds nationaux a dis
paru en emportant une somme de dix-huit mille
francs.
LA BOURSE^DD TRAVAIL
i (q el les Opportunistes - ,
Comme il fallait s’y attendre, l’approche des
élections donne lieu à la concentration de la peur.
Les journaux, tant conservateurs qu’opportu-
nistes, viennent en effet d’enregistrer, avec la
même satisfaction et presque dans les mêmes ter
mes, les réflexions que suggèrent à leur pusillani
mité les attaques de M. Yves Guyot contre la
Bourse du Travail. Il y a là un indice qui mérite
d’être noté et qui démontre bien de quel côté sont
les amis de la classe ouvrière.
M. Yves Guyot, l’inaugurateur de chemins de
fer, l’ancien ministre que chacun a pu voir à
l”œuvre et qui, si l’on en juge par les résultats,
devait certainement travailler moins de huit
heures par jour, appartient à cette catégorie d’é
conomistes qui trouvent que tout est pour le mieux
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