Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-01-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 janvier 1893 21 janvier 1893
Description : 1893/01/21 (N65). 1893/01/21 (N65).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263265p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 Pluviôse Au 101 — A 0 65
2* Année — N* 65 — Samedi 21 Janvier 1895.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année —
Le Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
Le Havre *
Départements 6 fr
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
3 50
A DM IM ST RATION & RÉDACTION
15, RUE CASIIIR-PÉrier, 15
LE RÉ VE IL DU II A VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Convention d’avoir accompli à la fois un acte
SEMAINE POLITIQUE
Le droit démission de la Banque de France
Le 2d Janvier 1793
Il y a cent ans, le 21 Janvier 1793, à 10
heures 10 minutes du matin, Louis Capet,
qui avait, sous le nom de Louis XVI, régné
pendant seize ans et demi, expiait à l’âge de
trente-neuf ans, place de la Révolution
(aujourd’hui place de la Concorde), le crime
de trahison politique dont il s’était rendu
coupable dans les dernières années.
A ce souvenir, les âmes bien pensantes et
les cœurs sensibles, sont pris d’une affliction
profonde, et leurs feuilles et journaux pleu
rent et gémissent dans les plus pitoyables
lamentations. Ils'feignent d’oublier l’acte de
justice que rappelle cette journée, pour ne
considérer que le fait politique, qu’ils attri
buent à la haine, àla passion révolutionnaire.
Or, si jamais événement a été légitime,
opportun, nécessaire, c’est l’exécution de
Louis XVI.
U *
X *
La Révolution française, depuis son début,
avait franchi trois étapes principales : le 14
Juillet 1789, prise de la Bastille; — le 10
Août 1792, prise des Tuileries et chute de I
Louis XVI ; — le 21 Septembre 1792, aboli- ;
tion de la royauté et proclamation de la
République.
Mais le résultat de ces journées était loin
d’être assuré, en face des menées du parti de
la contre-révolution, dont le roi non seule
ment favorisait les agissements, mais travail
lait personnellement à réaliser les espérances.
★
* X
Depuis longtemps, en effet, les accusations
les plus graves circulaient sur le compte du
monarque déchu. On lui reprochait ses allian
ces secrètes avec les émigrés, ses rapports avec
coalition européenne. Nous empruntons à
l’ Histoire de la Révolution française, de Mignet,
un auteur calme et modéré entre tous, le
passage suivant qui résume ces reproches :
« Après le 10 Août, on avait trouvé, dans
les bureaux de la liste civile, des pièces qui
prouvaient les relations secrètes"entretenues
par Louis XVI, avec les princes mécontents,
l’émigration et l’Europe. Dans un rapport,
ordonné par l’Assemblée législative, on l’avait
accusé du dessein de trahir l’Etat et de ren
verser la révolution. On lui avait reproché
d’avoir écrit, le 16 avril 1791, à l’évêque de
Clermont, que , s'il recouvrait sa puissance , il
rétablirait V ancien gouvernement et le clergé dans
l’état où ils étaient auparavant ; de n’avoir,
plus tard, proposé la guerre que pour accélérer
la marche de ses libérateurs ; d’avoir été en
correspondance avec des hommes qui lui
écrivaient :
c La guerre forcera toutes les puissances
« à se réunir contre les factieux et les scélé-
x a rats qui tyrannisent la France, pour que
« leur châtiment serve bientôt d’exemple à
« tous ceux qui seraient tentés de troubler
« la paix des empires...
« ...Vous pouvez compter sur cent-cin-
« quante mille hommes, tant Prussiens
« qu’Autrichiens et Impériaux, et sur une
« armée de vingt mille émigrés; » « d’avoir
été d’accord avec ses frères, qu’il désapprou
vait par ses démarches publiques ; enfin de
n’avoir cessé de combattre la Révolution.
« De nouvelles pièces vinrent à l’appui de.
toutes ces accusations. 11 existait aux Tuile
ries, derrière un panneau de lambris, un trou
pratiqué dans le muret fermé par une porte
de fer. Cette armoire secrète fut indiquée au
ministre Roland, et l’on y trouva des preuves
de tous les complots et de toutes les intrigues
de la cour contre la Révolution »
★ /
X x
11 y avait donc un péril considérable, p >ur
la France et pour la République, à laisser
plus longtemps impuni un conspirateur aussi
dangereux. C'est l’éloge des hommes de la
de justice et un acte politique, eu prononçant
la peine de mort, à la majorité de vingt-six
voix sur 721 votants.
Gardienne des institutions nouvelles et des
destinées de la France, la Convention avait
à veiller à ce qu’aucune atteinte ne leur fût
portée ; la moindre faiblesse de sa part pou
vait avoir des conséquences fatales. 11 ne
pouvait donc y avoir aucune hésitation chez
elle et il ne devait pas y en avoir : Louis XVI,
convaincu de conspiration et de trahison,
méritait la mort.
★
X X
La trahison est nettement prouvée par le
manifeste du duc de Brunswick, qui fut revu,
corrigé, annoté par le roi lui-même avant
d’être accepté par Leurs Majestés prussienne
et autrichienne.
Ce document disait, notamment, que les
habitants des villes, bourgs et villages qui
oseraient se défendre contre les troupes impé
riales et royales et tirer sur elles, soit en rase
campagne, soit par les fenêtres, portes et
ouvertures de leurs maisons, seront punis sur
le champ, suivant la rigueur du droit de la
guerre et leurs maisons démolies ou brûlées ;
que la ville de Paris et tous ses habitants,
sans distinction, seront tenus de se soumettre
sur le champ et sans délai au roi, de mettre
ce prince en pleine liberté, et de lui assurer,
ainsi qu’à toutes les personnes royales,
l’inviolabilité et le respect auxquels le droit
de la nature et des gens oblige les sujets
envers les souverains ; sous peine d'en rendre
responsables sur leurs tètes et pour être jugés
militairement, tous les membres de l’Assem
blée nationale, du département, dû district,
de la municipalité, 1 de la garde nationale, et
que, si le château était forcé ou insulté, si
le roi, la reine et la famille royale subissaient
le moindre outrage ou violence, Paris serait
livré à une exécution militaire et à une
subversion totale.
» A
X ■ X * ■« '
- -v Ui bai'. ■ • / ■ ' - i t .
La condamnation était donc méritée et
quand lès cléricaux et les monarchistes
viennent larmoyer à ce propos, ils oublient
cette circonstance aggravante de l’armoire de
fer et des révélations qu’elle contenait ; ils
oublient l’odieuse complicité du roi dans le
manifeste du duc de Brunswick.
A
X X
Mais le châtiment de Louis XVI constitue
également un acte politique de la plus haute
importance.
11 fallait montrer à l'Europe que la France
savait être forte et était résolue à se faire
respecter.
11 fallait, d’un autre côté, conserver les
libertés acquises par la Révolution, les ré
formes opérées ; empêcher, en un mot, de
perdre les résultats de tout ce qui avait été
lait depuis 1789.
Or, tout cela était en danger perpétuel,
tant que le roi existait ; il fallait donc sup
primer le roi, c’est-à-dire le représentant
officiel de toute cette organisation qui s’op
posait à l’avènement du nouvel ordre de
choses.
A
X X
Il y avait donc un intérêt social à voter la
mort du roi.
Laissons la légende pleurarde, et voyons la
réalité.
Le 21 Janvier 1793 est une grande journée
historique, qui a débarrassé la France d’un
traître, d’un conspirateur, et supprimé du
même coup la royauté.
Depuis 1793, les rois savent ce que peut
leur réserver Injustice du peuple.
A tous ces titres, nous glorifions ce cente
naire mémorable et les justiciers de la Con
vention.
FRANCE ’
La Chambre des Députés a voté le projet de loi
relatif à la marine marchande, à laquelle un cer
tain nombre d’orateurs ont pris part.
★
X X
Elle a autorisé la Banque de France a élever de
trois milliards 500 millions, le chiffre de ses émis
sions de billets de banque, à quatre.milliards.
■k
X ¥
M. Tirard a déposé à la Chambre des Députés
le projet de loi sur l’impôt des opérations de
Bourse, suivant lequel toute opération de Bourse
ayant pour objet la négociation des valeurs à
terme, aura à supporter un droit par 1,000 fr. de :
0,10 jusqu’à 5.000 fr. ; 0,50 de 5,000 à 50,000 fr. ;
fr. 5 de 50.000 à 100,000 fr. ; fr. 10 au-delà de
100,000 fr.'
C'est la commission du budget qui examine ce
projet, qui sera inséré dans la loi des finances
pour 1893.
★
X ¥
On est toujours sans nouvelle de ce budget de
189.3. Nous voici dans la deuxième quinzaine de
janvier, et rien ne semble indiquer encore que la
Chambre se décide enfin à le discuter.
Il serait, cependant, grand temps.
AUTRICHE-HONGRIE
Voulez-vous savoir où l’on en est encore en Au
triche ? La commission permanente du Code pénal
vient de voter la disposition suivante : « Qui
conque blasphème publiquement Dieu est puni
d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois
ans. »
MARINE MARCHANDE
Nos lecteurs ont pu voir, dans les journaux
quotidiens, deux votes importants, émis par la
Chambre, dans ses séances de lundi et de mer
credi.
La Chambre des Députés, par 422 voix contre
105, a, sur l’amendement de M. de Mahy, et, con
trairement à la proposition de M. Siegfried, sup
primé la demi-prime aux navires francisés.
Sur la proposition de MM. Sibille et de Mahy,
également combattue par M. Siegfried, la Cham
bre a, par 313 voix contre 170, élevé dé 1 fr. 40
à 1 fr. 70 la prime aux navires à voiles.
Nos ouvriers des constructions navales et nos
marins seront reconnaissants à MM. de Mahy et
Sibille d’avoir défendu leurs intérêts à la Chambre.
Ils seront certainement surpris de l’attitude de
M. Siegfried, député d’une ville maritime, qui n’a
pas craint de sacrifier de gaieté de cœur les inté
rêts si graves qui lui sont confiés.
Le double échec de M. Siegfried, dans la cir
constance, est une bonne fortune pour nos métal
lurgistes et nos marins.
UN MALIN
Nous trouvons dans le Bulletin des pétitions,
du Journal officiel du 18 janvier, une pétition
(n® 2,463), d’un Monsieur Jülg d’Haussy, à Canly
(Oise), qui sollicite une récompense pour la décou
verte d'un remède contre la phtisie, dont il est
l’auteur.
Voici comment M. Isambard, rapporteur expose
les motifs de la Commission pour rejeter la de
mande véritablement bizarre de ce quémandeur.
« Le pétitionnaire sollicite une récompense de
100,000 francs pour la découverte d’un remède
antiphtisique infaillible. Ordinairement, on ne
sollicite une récompense que pour des services
rendus ; mais à un inventeur il est permis d’in
nover jusqu’en cette matière. Il fera connaître son
remède à l’Académie de médecine si on consent à
lui allouer cette somme de 100,000 francs. Cette
promesse est assirante, et il faut en savoir gré au
pétitionnaire, qui, en possession d’uu pareil se
cret, pouvait exiger la somme et ne faire connaître
rien du tout. Il ajoute que cette récompense ne
pourrait lui être accordée si sa méthode était re
connue inefficace.
« Ce désintéressement est remarquable, quand il
s’agit d’un remèdeinfaillible, qui péut, néanmoins,
être inefficace. Par une générosité non moins
grande, le pétitionnaire fournirait gratuitement
sa méthode à l’Académie de médecine pour guérir
six autres maladies, réputées incurables, si la
récompense de 100,000 fr. lui était accordée d’ici
à la fin de l’année ».
Pour reconnaître dignement une si belle phi
lanthropie, la vingt-cinquième commission pro
pose l’ordre du jour.
La Chambre a voté après une courte discussioa
le projet de loi présenté par M. Tirard, ministre
des finances et portant de trois milliards et demi à
quatre milliards la limite de l’émission des billets
de la Banque de France. Nous trouvons ce vote
précipité et intempestif ; nous le déplorons, et
nous estimons qu’il ne peut qu’ajouter à la dé
considération de la Chambre ; mais nous regret
tons surtout qu’il ne se soit pas trouvé dans tout
le cabinet un seul ministre d’affaires pour ouvrir
les yeux à ses collègues, et les empêcher de com
mettre une aussi lourde faute.
Nous n’avons pas l'intention de faire aujour
d’hui une étude complète sur le renouvellement
de privilège de la Banque, bien que lé droit d’émis
sion s’y rattache intimement, nous voulons seule
ment envisager, au point de vue immédiatement
pratique, quel accueil aurait du être réservé à la
demande de la Banque.
Le raisonnement de la Banque est fort simple ;
le public lui verse constamment de l’or et de l’ar
gent et lui demande des billets ; son encaisse
s’élève à 2,958 millions lui laissant une marge de
542 millions pour le service de l’escompte et des
avances. Ce chiffre est insuffisant, et la Banque
ne pouvant refuser l'escompte et les avances pour
lesquels elle est spécialement créée se voit forcée
de faire ses paiements en espèces et de réduire
son encaisse. D’une part, le public qui veut des
billets n’est pas content, d’autre part, on fait vi
brer la corde patriotique et l’on invoque le danger
qu’il y aurait à diminuer l’encaisse de la Banque
qui constitue, dit-on, notre trésor de guerre.
Et l’on est venu dire à la Chambre que le seul
moyen de porter remède à la situation était d’au
toriser la Banque à émettre 500 millions de billets
de plus.
Or, il suffit d’examiner le bilan de cet établisse
ment pour voir que le capital et les réserves non
l spéciales qui s’élèvent ensemble à 212 millions
sont employés en rentes sur l’Etat; c’est même,
au moins pour partie, une obligation légale. Avant
d’augmenter le droit d’émission, ne fallait-il pas
forcer la Banque à réaliser en rentes ? ce qui au
rait augmenté ses disponibilités de 212 millions,
car les rentes en portefeuilles valent mieux que
cela aux cours actuels. Cette solution présenterait
d’abord l’avantage de ne pas augmenter à nouveau
la circulation déjà énorme des billets. Ensuite, il
faut bien comprendre que le droit de créer du pa
pier monnaie est un droit régulier, et que si l’Etat
l’a rétrocédé à la Banque, c’est uniquement pour
assurer au commerce l’escompte des lettres de
change à une taxe raisonnable et uniforme dans
tout le pays; mais est-il possible d'admettre un
seul instant que l’Etat concède à la Banque son
droit d’émission de papier-monnaie pour que celle-
ci achète avec ses billets qui ne lui coûtent aucun
intérêt des rentes d’Etat et en touche le revenu à
son profit ? Nous osons dire que cela est scanda
leux et qu’un tel privilège doit disparaître.
Quelles que soient d’ailleurs les idées de la
Chambre à ce sujet, il est un point délicat qui
aurait du retenir son attention. La Banque accuse
une encaisse de 2,958 millions, c’est cette encaisse
qui légitime sa demande d’extension de circu
lation, et qui garantit les billets. Et bien, le
premier devoir de la Commission était de vérifier
cette encaisse. Nous ne voulons certes porter
aucune accusation contre la Banque, mais il est
indéniable qu’un Parlement manque au premier
de ses devoirs lorsqu’il autorise une nouvelle
émission de 500 millions de billets sans s’assurer
au préalable que l’encaisse, gage des billets déjà
émis, existe bien. Ou peut affirmer sans aucune
crainte de se tromper, que si cela n’est jamais
arrivé, il viendra bien un jour où des concussions
seront commises à la Banque, soit par son per
sonnel lui-même, soit par un gouvernement sans
scrupule ; il est effrayant de penser que le gage
d’un énorme bloc de'quatre milliards de billets
eut se trouver compromis ou entamé par les
orames au pouvoir. Cette crainte teirible aurait
du faire réfléchir sérieusement les législateurs
avant d’engager le pays à la légère comme ils
viennent de le faire.
Le traité de prorogation de privilège de la
Banque dans la discussion ne sera vraisemblable
ment pas abordé par la Chambre actuelle ; accor
dait à la Banque un droit d’émission de quatre
milliards eu échange de divers avantages tels que
. augmentation du nombre des succursales, faci
lités données au public. Eu admettant l’urgence
d’une augmentation d’émission, il n’était pas
nécessaire d’accorder immédiatement 500 mil
lions ; la dernière augmentation consentie en
1886 avait été de 300 millions, et il est vraiment
bien fâcheux qu’il ne soit pas venu à l’idée d’un
seul député de proposer un amendement limitant
le droit d’émission à 3,700 ou 3,800 millions, ce
qui aurait permis de réclamer plus tard des avan
tages en échange du droit d’émission à quatre
milliards.
Traiter ainsi les affaires du pays, c’est manquer
de sens moral, et l’on peut dire que des lois
comme celle-là, votées dans de pareilles condi-
2* Année — N* 65 — Samedi 21 Janvier 1895.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année —
Le Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
Le Havre *
Départements 6 fr
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
3 50
A DM IM ST RATION & RÉDACTION
15, RUE CASIIIR-PÉrier, 15
LE RÉ VE IL DU II A VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Convention d’avoir accompli à la fois un acte
SEMAINE POLITIQUE
Le droit démission de la Banque de France
Le 2d Janvier 1793
Il y a cent ans, le 21 Janvier 1793, à 10
heures 10 minutes du matin, Louis Capet,
qui avait, sous le nom de Louis XVI, régné
pendant seize ans et demi, expiait à l’âge de
trente-neuf ans, place de la Révolution
(aujourd’hui place de la Concorde), le crime
de trahison politique dont il s’était rendu
coupable dans les dernières années.
A ce souvenir, les âmes bien pensantes et
les cœurs sensibles, sont pris d’une affliction
profonde, et leurs feuilles et journaux pleu
rent et gémissent dans les plus pitoyables
lamentations. Ils'feignent d’oublier l’acte de
justice que rappelle cette journée, pour ne
considérer que le fait politique, qu’ils attri
buent à la haine, àla passion révolutionnaire.
Or, si jamais événement a été légitime,
opportun, nécessaire, c’est l’exécution de
Louis XVI.
U *
X *
La Révolution française, depuis son début,
avait franchi trois étapes principales : le 14
Juillet 1789, prise de la Bastille; — le 10
Août 1792, prise des Tuileries et chute de I
Louis XVI ; — le 21 Septembre 1792, aboli- ;
tion de la royauté et proclamation de la
République.
Mais le résultat de ces journées était loin
d’être assuré, en face des menées du parti de
la contre-révolution, dont le roi non seule
ment favorisait les agissements, mais travail
lait personnellement à réaliser les espérances.
★
* X
Depuis longtemps, en effet, les accusations
les plus graves circulaient sur le compte du
monarque déchu. On lui reprochait ses allian
ces secrètes avec les émigrés, ses rapports avec
coalition européenne. Nous empruntons à
l’ Histoire de la Révolution française, de Mignet,
un auteur calme et modéré entre tous, le
passage suivant qui résume ces reproches :
« Après le 10 Août, on avait trouvé, dans
les bureaux de la liste civile, des pièces qui
prouvaient les relations secrètes"entretenues
par Louis XVI, avec les princes mécontents,
l’émigration et l’Europe. Dans un rapport,
ordonné par l’Assemblée législative, on l’avait
accusé du dessein de trahir l’Etat et de ren
verser la révolution. On lui avait reproché
d’avoir écrit, le 16 avril 1791, à l’évêque de
Clermont, que , s'il recouvrait sa puissance , il
rétablirait V ancien gouvernement et le clergé dans
l’état où ils étaient auparavant ; de n’avoir,
plus tard, proposé la guerre que pour accélérer
la marche de ses libérateurs ; d’avoir été en
correspondance avec des hommes qui lui
écrivaient :
c La guerre forcera toutes les puissances
« à se réunir contre les factieux et les scélé-
x a rats qui tyrannisent la France, pour que
« leur châtiment serve bientôt d’exemple à
« tous ceux qui seraient tentés de troubler
« la paix des empires...
« ...Vous pouvez compter sur cent-cin-
« quante mille hommes, tant Prussiens
« qu’Autrichiens et Impériaux, et sur une
« armée de vingt mille émigrés; » « d’avoir
été d’accord avec ses frères, qu’il désapprou
vait par ses démarches publiques ; enfin de
n’avoir cessé de combattre la Révolution.
« De nouvelles pièces vinrent à l’appui de.
toutes ces accusations. 11 existait aux Tuile
ries, derrière un panneau de lambris, un trou
pratiqué dans le muret fermé par une porte
de fer. Cette armoire secrète fut indiquée au
ministre Roland, et l’on y trouva des preuves
de tous les complots et de toutes les intrigues
de la cour contre la Révolution »
★ /
X x
11 y avait donc un péril considérable, p >ur
la France et pour la République, à laisser
plus longtemps impuni un conspirateur aussi
dangereux. C'est l’éloge des hommes de la
de justice et un acte politique, eu prononçant
la peine de mort, à la majorité de vingt-six
voix sur 721 votants.
Gardienne des institutions nouvelles et des
destinées de la France, la Convention avait
à veiller à ce qu’aucune atteinte ne leur fût
portée ; la moindre faiblesse de sa part pou
vait avoir des conséquences fatales. 11 ne
pouvait donc y avoir aucune hésitation chez
elle et il ne devait pas y en avoir : Louis XVI,
convaincu de conspiration et de trahison,
méritait la mort.
★
X X
La trahison est nettement prouvée par le
manifeste du duc de Brunswick, qui fut revu,
corrigé, annoté par le roi lui-même avant
d’être accepté par Leurs Majestés prussienne
et autrichienne.
Ce document disait, notamment, que les
habitants des villes, bourgs et villages qui
oseraient se défendre contre les troupes impé
riales et royales et tirer sur elles, soit en rase
campagne, soit par les fenêtres, portes et
ouvertures de leurs maisons, seront punis sur
le champ, suivant la rigueur du droit de la
guerre et leurs maisons démolies ou brûlées ;
que la ville de Paris et tous ses habitants,
sans distinction, seront tenus de se soumettre
sur le champ et sans délai au roi, de mettre
ce prince en pleine liberté, et de lui assurer,
ainsi qu’à toutes les personnes royales,
l’inviolabilité et le respect auxquels le droit
de la nature et des gens oblige les sujets
envers les souverains ; sous peine d'en rendre
responsables sur leurs tètes et pour être jugés
militairement, tous les membres de l’Assem
blée nationale, du département, dû district,
de la municipalité, 1 de la garde nationale, et
que, si le château était forcé ou insulté, si
le roi, la reine et la famille royale subissaient
le moindre outrage ou violence, Paris serait
livré à une exécution militaire et à une
subversion totale.
» A
X ■ X * ■« '
- -v Ui bai'. ■ • / ■ ' - i t .
La condamnation était donc méritée et
quand lès cléricaux et les monarchistes
viennent larmoyer à ce propos, ils oublient
cette circonstance aggravante de l’armoire de
fer et des révélations qu’elle contenait ; ils
oublient l’odieuse complicité du roi dans le
manifeste du duc de Brunswick.
A
X X
Mais le châtiment de Louis XVI constitue
également un acte politique de la plus haute
importance.
11 fallait montrer à l'Europe que la France
savait être forte et était résolue à se faire
respecter.
11 fallait, d’un autre côté, conserver les
libertés acquises par la Révolution, les ré
formes opérées ; empêcher, en un mot, de
perdre les résultats de tout ce qui avait été
lait depuis 1789.
Or, tout cela était en danger perpétuel,
tant que le roi existait ; il fallait donc sup
primer le roi, c’est-à-dire le représentant
officiel de toute cette organisation qui s’op
posait à l’avènement du nouvel ordre de
choses.
A
X X
Il y avait donc un intérêt social à voter la
mort du roi.
Laissons la légende pleurarde, et voyons la
réalité.
Le 21 Janvier 1793 est une grande journée
historique, qui a débarrassé la France d’un
traître, d’un conspirateur, et supprimé du
même coup la royauté.
Depuis 1793, les rois savent ce que peut
leur réserver Injustice du peuple.
A tous ces titres, nous glorifions ce cente
naire mémorable et les justiciers de la Con
vention.
FRANCE ’
La Chambre des Députés a voté le projet de loi
relatif à la marine marchande, à laquelle un cer
tain nombre d’orateurs ont pris part.
★
X X
Elle a autorisé la Banque de France a élever de
trois milliards 500 millions, le chiffre de ses émis
sions de billets de banque, à quatre.milliards.
■k
X ¥
M. Tirard a déposé à la Chambre des Députés
le projet de loi sur l’impôt des opérations de
Bourse, suivant lequel toute opération de Bourse
ayant pour objet la négociation des valeurs à
terme, aura à supporter un droit par 1,000 fr. de :
0,10 jusqu’à 5.000 fr. ; 0,50 de 5,000 à 50,000 fr. ;
fr. 5 de 50.000 à 100,000 fr. ; fr. 10 au-delà de
100,000 fr.'
C'est la commission du budget qui examine ce
projet, qui sera inséré dans la loi des finances
pour 1893.
★
X ¥
On est toujours sans nouvelle de ce budget de
189.3. Nous voici dans la deuxième quinzaine de
janvier, et rien ne semble indiquer encore que la
Chambre se décide enfin à le discuter.
Il serait, cependant, grand temps.
AUTRICHE-HONGRIE
Voulez-vous savoir où l’on en est encore en Au
triche ? La commission permanente du Code pénal
vient de voter la disposition suivante : « Qui
conque blasphème publiquement Dieu est puni
d’un emprisonnement pouvant aller jusqu’à trois
ans. »
MARINE MARCHANDE
Nos lecteurs ont pu voir, dans les journaux
quotidiens, deux votes importants, émis par la
Chambre, dans ses séances de lundi et de mer
credi.
La Chambre des Députés, par 422 voix contre
105, a, sur l’amendement de M. de Mahy, et, con
trairement à la proposition de M. Siegfried, sup
primé la demi-prime aux navires francisés.
Sur la proposition de MM. Sibille et de Mahy,
également combattue par M. Siegfried, la Cham
bre a, par 313 voix contre 170, élevé dé 1 fr. 40
à 1 fr. 70 la prime aux navires à voiles.
Nos ouvriers des constructions navales et nos
marins seront reconnaissants à MM. de Mahy et
Sibille d’avoir défendu leurs intérêts à la Chambre.
Ils seront certainement surpris de l’attitude de
M. Siegfried, député d’une ville maritime, qui n’a
pas craint de sacrifier de gaieté de cœur les inté
rêts si graves qui lui sont confiés.
Le double échec de M. Siegfried, dans la cir
constance, est une bonne fortune pour nos métal
lurgistes et nos marins.
UN MALIN
Nous trouvons dans le Bulletin des pétitions,
du Journal officiel du 18 janvier, une pétition
(n® 2,463), d’un Monsieur Jülg d’Haussy, à Canly
(Oise), qui sollicite une récompense pour la décou
verte d'un remède contre la phtisie, dont il est
l’auteur.
Voici comment M. Isambard, rapporteur expose
les motifs de la Commission pour rejeter la de
mande véritablement bizarre de ce quémandeur.
« Le pétitionnaire sollicite une récompense de
100,000 francs pour la découverte d’un remède
antiphtisique infaillible. Ordinairement, on ne
sollicite une récompense que pour des services
rendus ; mais à un inventeur il est permis d’in
nover jusqu’en cette matière. Il fera connaître son
remède à l’Académie de médecine si on consent à
lui allouer cette somme de 100,000 francs. Cette
promesse est assirante, et il faut en savoir gré au
pétitionnaire, qui, en possession d’uu pareil se
cret, pouvait exiger la somme et ne faire connaître
rien du tout. Il ajoute que cette récompense ne
pourrait lui être accordée si sa méthode était re
connue inefficace.
« Ce désintéressement est remarquable, quand il
s’agit d’un remèdeinfaillible, qui péut, néanmoins,
être inefficace. Par une générosité non moins
grande, le pétitionnaire fournirait gratuitement
sa méthode à l’Académie de médecine pour guérir
six autres maladies, réputées incurables, si la
récompense de 100,000 fr. lui était accordée d’ici
à la fin de l’année ».
Pour reconnaître dignement une si belle phi
lanthropie, la vingt-cinquième commission pro
pose l’ordre du jour.
La Chambre a voté après une courte discussioa
le projet de loi présenté par M. Tirard, ministre
des finances et portant de trois milliards et demi à
quatre milliards la limite de l’émission des billets
de la Banque de France. Nous trouvons ce vote
précipité et intempestif ; nous le déplorons, et
nous estimons qu’il ne peut qu’ajouter à la dé
considération de la Chambre ; mais nous regret
tons surtout qu’il ne se soit pas trouvé dans tout
le cabinet un seul ministre d’affaires pour ouvrir
les yeux à ses collègues, et les empêcher de com
mettre une aussi lourde faute.
Nous n’avons pas l'intention de faire aujour
d’hui une étude complète sur le renouvellement
de privilège de la Banque, bien que lé droit d’émis
sion s’y rattache intimement, nous voulons seule
ment envisager, au point de vue immédiatement
pratique, quel accueil aurait du être réservé à la
demande de la Banque.
Le raisonnement de la Banque est fort simple ;
le public lui verse constamment de l’or et de l’ar
gent et lui demande des billets ; son encaisse
s’élève à 2,958 millions lui laissant une marge de
542 millions pour le service de l’escompte et des
avances. Ce chiffre est insuffisant, et la Banque
ne pouvant refuser l'escompte et les avances pour
lesquels elle est spécialement créée se voit forcée
de faire ses paiements en espèces et de réduire
son encaisse. D’une part, le public qui veut des
billets n’est pas content, d’autre part, on fait vi
brer la corde patriotique et l’on invoque le danger
qu’il y aurait à diminuer l’encaisse de la Banque
qui constitue, dit-on, notre trésor de guerre.
Et l’on est venu dire à la Chambre que le seul
moyen de porter remède à la situation était d’au
toriser la Banque à émettre 500 millions de billets
de plus.
Or, il suffit d’examiner le bilan de cet établisse
ment pour voir que le capital et les réserves non
l spéciales qui s’élèvent ensemble à 212 millions
sont employés en rentes sur l’Etat; c’est même,
au moins pour partie, une obligation légale. Avant
d’augmenter le droit d’émission, ne fallait-il pas
forcer la Banque à réaliser en rentes ? ce qui au
rait augmenté ses disponibilités de 212 millions,
car les rentes en portefeuilles valent mieux que
cela aux cours actuels. Cette solution présenterait
d’abord l’avantage de ne pas augmenter à nouveau
la circulation déjà énorme des billets. Ensuite, il
faut bien comprendre que le droit de créer du pa
pier monnaie est un droit régulier, et que si l’Etat
l’a rétrocédé à la Banque, c’est uniquement pour
assurer au commerce l’escompte des lettres de
change à une taxe raisonnable et uniforme dans
tout le pays; mais est-il possible d'admettre un
seul instant que l’Etat concède à la Banque son
droit d’émission de papier-monnaie pour que celle-
ci achète avec ses billets qui ne lui coûtent aucun
intérêt des rentes d’Etat et en touche le revenu à
son profit ? Nous osons dire que cela est scanda
leux et qu’un tel privilège doit disparaître.
Quelles que soient d’ailleurs les idées de la
Chambre à ce sujet, il est un point délicat qui
aurait du retenir son attention. La Banque accuse
une encaisse de 2,958 millions, c’est cette encaisse
qui légitime sa demande d’extension de circu
lation, et qui garantit les billets. Et bien, le
premier devoir de la Commission était de vérifier
cette encaisse. Nous ne voulons certes porter
aucune accusation contre la Banque, mais il est
indéniable qu’un Parlement manque au premier
de ses devoirs lorsqu’il autorise une nouvelle
émission de 500 millions de billets sans s’assurer
au préalable que l’encaisse, gage des billets déjà
émis, existe bien. Ou peut affirmer sans aucune
crainte de se tromper, que si cela n’est jamais
arrivé, il viendra bien un jour où des concussions
seront commises à la Banque, soit par son per
sonnel lui-même, soit par un gouvernement sans
scrupule ; il est effrayant de penser que le gage
d’un énorme bloc de'quatre milliards de billets
eut se trouver compromis ou entamé par les
orames au pouvoir. Cette crainte teirible aurait
du faire réfléchir sérieusement les législateurs
avant d’engager le pays à la légère comme ils
viennent de le faire.
Le traité de prorogation de privilège de la
Banque dans la discussion ne sera vraisemblable
ment pas abordé par la Chambre actuelle ; accor
dait à la Banque un droit d’émission de quatre
milliards eu échange de divers avantages tels que
. augmentation du nombre des succursales, faci
lités données au public. Eu admettant l’urgence
d’une augmentation d’émission, il n’était pas
nécessaire d’accorder immédiatement 500 mil
lions ; la dernière augmentation consentie en
1886 avait été de 300 millions, et il est vraiment
bien fâcheux qu’il ne soit pas venu à l’idée d’un
seul député de proposer un amendement limitant
le droit d’émission à 3,700 ou 3,800 millions, ce
qui aurait permis de réclamer plus tard des avan
tages en échange du droit d’émission à quatre
milliards.
Traiter ainsi les affaires du pays, c’est manquer
de sens moral, et l’on peut dire que des lois
comme celle-là, votées dans de pareilles condi-
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