Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-12-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 décembre 1892 31 décembre 1892
Description : 1892/12/31 (N62). 1892/12/31 (N62).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263262f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 ® j^flée — 62 — Samedi SI Décembre 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
... r. ■-.aa;a&-
Le Réveil
2 e Année — 10 Nivôse Au 101 — N°
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABWWEMPfTS :
Le Havre
Départements
UN A.N SIX MtilS
5 fr. 3 I r.
6 fr. 3 50
il
si
ÂOMi.\ISTJ5ATÎOi\ à IlÊDÂCÎIOiV
lo, HUE C AS I M I R - P É R I E R , 15
LE RÉ VE IL DU IIA VUE,paraît le Samedi
l iiwMTiTmTiritrirarera^^
LES CANTINES SCOLAIRES
Dans sa séance du 9 décembre, sur le rapport
du docteur Fuuvel, le Conseil municipal a voté un
crédit de 2.0Ü0 francs, destiné à la création de
cantines scolaires.
A partir du 5 janvier, dans les écoles primaires
des quartiers de l'Eure et du Perrey, les enfants
trouveront le midi, pour la modique somme de
dix centimes, voire même entièrement gratis, un
bol de soupe chaude et quelques mets grossiers
certes, mais sains et bien préparés.
Nous ne pouvons qu’applaudir à la généreuse
initiative du Conseil municipal. Elle ne nous
étonne nullement d’ailleurs, car nous savons que
notre cité n’est jamais en retard quand il s’agit de
soulager les misères, et de donner un peu de bien-
être aux déshérités.
Ainsi, sans chercher chicane à M. l’inspecteur
primaire sur quelques traits de son tableau, qui
nous sembleraient un peu forcés, sans rechercher
si réellement tant d'enfants sont obligés d’aller
demander à la charité des passants le morceau de
pain qui les soutient jusqu’au soir, sans vouloir
enfin rien préjuger du succès de cette tentative
auprès des familles, nous sommes les premiers à
approuver le principe des cantines scolaires.
Mais qu’on nous permette quelques observa
tions.
La concierge des etablissements désignés, se
trouvent d’ore et déjà chargée de la cuisine. Nous
nous bornons à souhaiter que les fournitures delà
ville ne soient pas trop mises à contribution pour
payer ce service gratuit.
Mais tous ces enfants que vous attablerez dajis
une classe (et vous orïattendez 50 et plus pour une
seule école), ils ne pourront rester seuls. Qui les
surveillera ?
L’instituteur, n’est-ce pas, ce pauvre instituteur
qui n’en peut mais, que vous avez tant leurré de
belles paroles et que peu à peu vous replacez dans
la situation précaire d'où vous aviez paru le tirer.
En dépit de la loi, formelle à cet égard, il sur
veille les enfants à l’église et les conduit au caté
chisme. Le voilà maintenant chargé de tenir
un réfectoire. Où-vous arrêterez-vous ? Le bien-
être de l’enfant est certes une noble préoccupation,
mais il ne faudrait pas l’acheter au détriment du
maître.
Dans les écoles importantes comme celle de la
rue Augustin-Normand, par exemple, il faudra
sans doute deux surveillants, dans les autres un
seul suffira ; partant, voilà l’instituteur forcé de
rester à l’école le midi, une semaine par mois.
Entré à huit heures le matin, il ne sera libre
qu’à six heures le soir, s’il fait son cours, et aura
fourni dix heures consécutives de travail. Nous
estimons que c'est beaucoup, et le personnel ensei
gnant montre assez de dévouement ; sa tâche est
assez ingrate, pour qu’on ne l’aggrave pas inconsi
dérément.
Et puis, non seulement vous lui imposez ainsi
un surcroît de travail, mais encore vous lui causez
un préjudice matériel en le contraignant à plus de
dépenses.
Où mangera-t-il lui, et que mangera-t-il ?
Lui donnerez-vous une soupe à deux sous ; lui
faudra-t-il faire venir son repas du dehors,
ou apporter dans sa poche un morceau de char
cuterie ?
Et la femme, car les institutrices sont en cause
comme les instituteurs ; est-ce un régime bien fa
vorable à sa santé ? Si elle est mariée, son mari
devra donc aller dîner au restaurant, s’il n’est pas
capable de faire lui-même sa cuisine. Passe encore,
mais ses enfants ; tout le monde conviendra qu’ils
souffriront forcément de l’absence de leur mère.
Nous croyons que Messieurs les membres de la
Commission de l’instruction publique n’ont pas
songé à cela, et qu’ils reconnaîtront avec nous, la
justesse de ces observations.
Ne serait-il pas possible de trouver dans chaque
quartier quelque brave femme qui, pour une mo
dique rétribution, se chargerait volontiers de ce
service extra-scolaire.
Car, enfin, franchement, nos instituteurs ne
sont pas des domestiques et nos institutrices des
bonnes à tout faire.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La Chambre à adopté, sans changement le pro
jet relatif à l’arbitrage entre les patrons et les ou
vriers, qui lui était revenu modifié du Sénat.
★
* *
Elle s’est également occupée du projet de l’ar
rangement commercial franco-suisse, tendant à
modifier le régime d’un certain nombre de. mar
chandises inscrites au tarif minimum.
Les orateurs qui ont parlé, dans la discussion
général, sont MM. Bourgeois (Jura), Viger, Rol
land, Jules Roche, Méline et Ribot, president du
Conseil des ministres.
Par 339 voix contre 193, la Chambre a décidé
de ne pas passer à la discussion des articles.
Nous ne pouvons nous empêcher de faire re
marquer le silence du ministre du commerce dans
cette discussion commerciale. Du moins, nous
n’avons trouvé son nom nulle part ; nous l’avons
cherché non-seulement dans le Journal Officiel ,
mais dans le Havre et dans le Petit Havre, qui ne
manquent jamais de reproduire les moindres sou
pirs de leur député; nous ne l’avons pas découvert.
C’eut été son rôle, cependant. Il aurait eu l’occa
sion, de rappeler notamment la récente délibéra
tion de notre Conseil municipal, en faveur de l’ar
rangement franco-suisse, et d’autres vœux éma
naut de différents syndicats et groupements du
Havre.
Il a mieux aimé se taire ; c’est grand dommage,
assurément, car nous sommes persuadés que sa
haute éloquence aurait réussi à convaincre M. Mé
line lui-même !
Que n’a-t-il parlé, notre député, que n’a-t-il
parlé !
*
* *
La session extraordinaire du Sénat et de la
Chambre a été close le 24 décembre.
LES ACCIDENTS DU TRAVAIL
ET LES ASSURANCES
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces ^ 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
âisajrjsaaat»
On voit que la législation actuelle, malgré ses
imperfections, accorde déjà certaines facilités à la
classe des travailleurs, dont ils devraient profiter,
en attendant mieux.
Une Loi incomprise
L-’CE I L_
LE TROU
Nous lisons dans le Radical d’hier :
« Pour faire un canon, on prend un trou et on
met du bronze autour.
« Pour faire dn scandale M. Andrieux a usé de
la même recette : il a pris un trou et il a mis des
insinuations,.des réticences, des promesses autour.
« Tout le monde sait de quel trou il s’agit : c’est
du trou qui, .dans la fameuse note remise par l’an
cien préfet de police à la commission d’enquête,
cachait, un nom considérable.
'< Pressé de faire connaître ce nom aux enquê
teurs, M. Andrieux déclara qu’il le donnerait au
juge d’instruction. L’émotion provoquée par ce
mystère allait augmentant et le pays attendait
anxieusement.
« Cruelle déception ! M. Andrieux se ravise ; il
ne dévoilera pas le personnage considérable.
« J’ai bien réfléchi, dit-il. Je ne le ferai jamais
« connaître. Si on m’interroge encore, j’écarterai
« toute question à son sujet. J’y suis absolument
résolu. »
« Et voilà tous les Français avec le bec dans
l’eau. C’est, on l’avouera, une position assez désa
gréable. Pas plus cependant que celle'de M. An
drieux si l’information suivante, fournie hier par
un journal du soir, est exacte :
« On a pu acquérir, paraît-il, la conviction que
« Î’X mystérieux que n’aurait pas voulu révéler
« M. Andrieux ne dissimulait aucun nom de per
ce sonnage connu ou même réel. »
« La déception d’une curiosité inassouvie ne
doit pas nous empêcher de reconnaître tout le sel
de cette farce. M. Andrieux est-un pince sans-rire
d’infiniment d’esprit. Les camelots, cette année,
n’avaient aucune question compliquée ou facile à
proposer aux badauds du boulevard, leurs fournis
seurs habituels ayant manqué d’imagination. Heu
reusement, M. Andrieux, Deus ex machina , sur
vient au bon moment pour les tirer de peine.
« Voyez le trou ! Où est X ? Qui est X ? Dix
centimes, deux sous !
« M. H. »
Dans un dernier article, nous avons constaté
avec un vif regret, le peu d’opérations effectuées
par les classes ouvrières à la Caisse nationale des
retraites pour la vieillesse.
Nous allons, aujourd’hui, aborder une autre
question pour laquelle nous constatons pénible
ment la même apathie, la même indifférence. Il
s’agit de la Caisse d’assurance en cas d’accidents,
dont le siège principal est au Ministère des finan
ces, à la direction générale de la Caisse des dépôts
et consignations.
Comme pour la Caisse nationale des retraites,
il y a des succursales dans tous les arrondisse
ments, et les trésoriers généraux et receveurs
particuliers des finances reçoivent gratuitement
toutes sommes qui leur sont versées, et fournis
sent tous renseignements nécessaires. Afin de
vulgariser ce genre d’opérations, le Gouvernement
de la République a .même autorisé tous les per
cepteurs et tous les receveurs des postes et télé
graphes à recevoir des versements et à les trans
mettre à l’administration centrale.
Quelle institution plus démocratique pe-ut-on
désirer ?
D’où vient donc cette abstention du public, nous
dirons même des classes ouvrières. Hélas, comme
précédemment, nous répondrons que les ouvriers
ne versent pas, parce qu’on ne les y contraint pas.
Nous sommes malheureusement obligés à nouveau
de constater que l’impérialisme a laissé beaucoup
de traces dans la génération actuelle, et que l’ou
vrier n’a pas encore appris complètement à se
diriger lui-même. Il y a déjà de l’amélioration,
mais il faut que chacun arrive à ne compter que
sur lui-même et non pas sur l’Etat.
Le rôle de la République est de créer des insti
tutions de prévoyance, de les vulgariser, en un
mot, de les mettre à la portée des plus pauvres et
des plus humbles. Mais là doit s’arrêter son action.
La suite appartient à chaque individu qui doit
pouvoir en profiter, mais librement, sans entrave,
et surtout doit être heureux de suivre uniquement
son initiative personnelle. C’est cette initiative
que nous ne cesserons de stimuler, car l’ouvrier
perd bénévolement le bénéfice de nombreuses ins
titutions de prévoyance ou de bienfaisance créées
uniquement dans son intérêt et pour le plus grand
bien de sa famille.
Nous rappellerons sommairement que la Caisse
d’assurances en cas d’accidents a pour objet de
constituer des pensions viagères aux personnes
assurées qui, dans l’exécution de travaux agricoles
ou industriels, seraient atteintes de blessures
entraînant une incapacité permanente de travail,
et de donner des secours aux veuves et aux enfants
mineurs, ou, à leur défaut, au père ou à la mère
sexagénaire des personnes assurées qui auront
péri par suite d’accidents survenus dans l’exécu
tion desdits travaux.
Les cotisations à verser annuellement sont de
3, 5 et 8 francs, et pour le règlement des pensions
viagères à concéder, il est distingué deux natures
d’accidents :
1° Ceux qui ont occasionné une incapacité ab
solue de travail ;
2* Ceux qui n’ont occasionné qu’une incapacité
permanente-du travail de la profession.
11 est à remarquer que, par une sage prévoyance,
il n’est pas concédé de capital, mais seulement
une rente viagère. On ne peut qu’applaudir à cette
condition qui empêche tout gaspillage et assure
pour la vie entière une rente viagère qui, si elle
n’est pas très élevée, est permanente, et, de plus,
est incessible et insaisissable.
Il n’est alloué de capital que dans le cas de
mort par suite d’accident, ce qui est généralement
assez rare. Dans cette circonstance, le secours
alloué à la veuve de l’assuré et, s’il est célibataire
ou veuf sans enfants, à son père ou à sa mère
sexagénaire, est égal à deux années de la pension
à laquelle l’assuré aurait eu droit en cas d’incapa
cité absolue.
DE
3VE.
La perspective du chapeau de cardinal, qui
empêche de dormir M. Thomas, archevêque de
Rouen, l’empêche aussi de surveiller son clergé
comme il devrait le faire.
Il y a quelques semaines, la Préfecture fut
avisée que le curé d’Ermenonville, l’une des com
munes de notre département, n’était pas de natio
nalité française. Il était,.paraît-il, allemand.
Inutile de dire que l’Archevêché fut invité, par
M. Hendlé, à faire cesser cet état de choses, ce à
quoi il se prêta d’ailleurs d’assez mauvaise grâce.
Gageons que les cléricaux, qui n’en-ont soufflé
mot, n’en parleront pas. Quelle belle indignation
pourtant on verrait dans leurs feuilles, si l’un des
instituteurs de l’Etat laïque n’était pas français î
On comprend, maintenant, pourquoi le clergé
s’est toujours opposé si vivement au service mili
taire de ses membres, et maudit chaque jour, du
haut des chaires, la devise : les curés sac au dos!
— Pour servir leur pays, certains prêtres, en effet,
seraient obligés de passer la frontière.
SOUSCRIPTION
en faveur de l’Œuvre des Etrennes aux
enfants pauvres
Deuxième Liste
Un généreux anonyme F. 20 —
M. E M » 5 —
M. A » 5 —
M. D. , J » 5 —
Un groupe de spéculateurs sur les
cafés » 10 50
Liste précédente » 18 —
Total général » 63 50
À PROPOS DES ÉTRENNES
On auia beau crier et tempêter contre les
étrennes — contre celles que nous sommes forcés
de donner, cela va sans dire — nous croyons
que cette antique et très respectable coutume
n’est pas encore en voie de passer de vie à trépas.
Longtemps encore, et fort longtemps, nous ferons,
quoi qu’on en dise, bon accueil aux mille qué
mandeurs qui, depuis tantôt huit jours, tirent le
cordon de notre sonnette, sans sHuquiéter de
nos muettes malédictions. Hier, le facteur ;
aujourd’hui, le télégraphiste ; demain, le ba
layeur, et pour clore la série, le concierge en.
personne, qui s’adjuge bien entendu, de par son
indéniable autorité, la plus belle part de notre
bourse. C’était ainsi l’an passé, cela sera de même
l’an prochain, et bien par delà le prochain siècle.
Pour dire toute notre pensée à cet égard, nous
ne sommes qu’à moitié l’ennemi des- étrennes.
Tout ce petit monde dont on nous dit tant de
mal, n’a-t-il pas au fond, dûment et durement
gagné les quelques pièces de cent sous que vous
lui octroyez en gémissant ! Soyons compatissant
à ceux qui profitent des étrennes, et qui tous,
la plupart d’entre eux, du moins, changeraient
très volontiers leur fliaigre richesse d’un jour
contre votre vie tranquille. Est-il si amusant an
fond d’arpenter les rues par le froid et la neige,
le sac de cuir au côté, tandis que vous attendez
paresseusement au lit le journal qui va vous
donner les nouvelles du matin ? Même avec les
étrennes, voyons, le cœur sur la main, voudriez-
vous être T infortuné et matinal facteur des
postes.
DIX CENTIMES LE NUMERO
... r. ■-.aa;a&-
Le Réveil
2 e Année — 10 Nivôse Au 101 — N°
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABWWEMPfTS :
Le Havre
Départements
UN A.N SIX MtilS
5 fr. 3 I r.
6 fr. 3 50
il
si
ÂOMi.\ISTJ5ATÎOi\ à IlÊDÂCÎIOiV
lo, HUE C AS I M I R - P É R I E R , 15
LE RÉ VE IL DU IIA VUE,paraît le Samedi
l iiwMTiTmTiritrirarera^^
LES CANTINES SCOLAIRES
Dans sa séance du 9 décembre, sur le rapport
du docteur Fuuvel, le Conseil municipal a voté un
crédit de 2.0Ü0 francs, destiné à la création de
cantines scolaires.
A partir du 5 janvier, dans les écoles primaires
des quartiers de l'Eure et du Perrey, les enfants
trouveront le midi, pour la modique somme de
dix centimes, voire même entièrement gratis, un
bol de soupe chaude et quelques mets grossiers
certes, mais sains et bien préparés.
Nous ne pouvons qu’applaudir à la généreuse
initiative du Conseil municipal. Elle ne nous
étonne nullement d’ailleurs, car nous savons que
notre cité n’est jamais en retard quand il s’agit de
soulager les misères, et de donner un peu de bien-
être aux déshérités.
Ainsi, sans chercher chicane à M. l’inspecteur
primaire sur quelques traits de son tableau, qui
nous sembleraient un peu forcés, sans rechercher
si réellement tant d'enfants sont obligés d’aller
demander à la charité des passants le morceau de
pain qui les soutient jusqu’au soir, sans vouloir
enfin rien préjuger du succès de cette tentative
auprès des familles, nous sommes les premiers à
approuver le principe des cantines scolaires.
Mais qu’on nous permette quelques observa
tions.
La concierge des etablissements désignés, se
trouvent d’ore et déjà chargée de la cuisine. Nous
nous bornons à souhaiter que les fournitures delà
ville ne soient pas trop mises à contribution pour
payer ce service gratuit.
Mais tous ces enfants que vous attablerez dajis
une classe (et vous orïattendez 50 et plus pour une
seule école), ils ne pourront rester seuls. Qui les
surveillera ?
L’instituteur, n’est-ce pas, ce pauvre instituteur
qui n’en peut mais, que vous avez tant leurré de
belles paroles et que peu à peu vous replacez dans
la situation précaire d'où vous aviez paru le tirer.
En dépit de la loi, formelle à cet égard, il sur
veille les enfants à l’église et les conduit au caté
chisme. Le voilà maintenant chargé de tenir
un réfectoire. Où-vous arrêterez-vous ? Le bien-
être de l’enfant est certes une noble préoccupation,
mais il ne faudrait pas l’acheter au détriment du
maître.
Dans les écoles importantes comme celle de la
rue Augustin-Normand, par exemple, il faudra
sans doute deux surveillants, dans les autres un
seul suffira ; partant, voilà l’instituteur forcé de
rester à l’école le midi, une semaine par mois.
Entré à huit heures le matin, il ne sera libre
qu’à six heures le soir, s’il fait son cours, et aura
fourni dix heures consécutives de travail. Nous
estimons que c'est beaucoup, et le personnel ensei
gnant montre assez de dévouement ; sa tâche est
assez ingrate, pour qu’on ne l’aggrave pas inconsi
dérément.
Et puis, non seulement vous lui imposez ainsi
un surcroît de travail, mais encore vous lui causez
un préjudice matériel en le contraignant à plus de
dépenses.
Où mangera-t-il lui, et que mangera-t-il ?
Lui donnerez-vous une soupe à deux sous ; lui
faudra-t-il faire venir son repas du dehors,
ou apporter dans sa poche un morceau de char
cuterie ?
Et la femme, car les institutrices sont en cause
comme les instituteurs ; est-ce un régime bien fa
vorable à sa santé ? Si elle est mariée, son mari
devra donc aller dîner au restaurant, s’il n’est pas
capable de faire lui-même sa cuisine. Passe encore,
mais ses enfants ; tout le monde conviendra qu’ils
souffriront forcément de l’absence de leur mère.
Nous croyons que Messieurs les membres de la
Commission de l’instruction publique n’ont pas
songé à cela, et qu’ils reconnaîtront avec nous, la
justesse de ces observations.
Ne serait-il pas possible de trouver dans chaque
quartier quelque brave femme qui, pour une mo
dique rétribution, se chargerait volontiers de ce
service extra-scolaire.
Car, enfin, franchement, nos instituteurs ne
sont pas des domestiques et nos institutrices des
bonnes à tout faire.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La Chambre à adopté, sans changement le pro
jet relatif à l’arbitrage entre les patrons et les ou
vriers, qui lui était revenu modifié du Sénat.
★
* *
Elle s’est également occupée du projet de l’ar
rangement commercial franco-suisse, tendant à
modifier le régime d’un certain nombre de. mar
chandises inscrites au tarif minimum.
Les orateurs qui ont parlé, dans la discussion
général, sont MM. Bourgeois (Jura), Viger, Rol
land, Jules Roche, Méline et Ribot, president du
Conseil des ministres.
Par 339 voix contre 193, la Chambre a décidé
de ne pas passer à la discussion des articles.
Nous ne pouvons nous empêcher de faire re
marquer le silence du ministre du commerce dans
cette discussion commerciale. Du moins, nous
n’avons trouvé son nom nulle part ; nous l’avons
cherché non-seulement dans le Journal Officiel ,
mais dans le Havre et dans le Petit Havre, qui ne
manquent jamais de reproduire les moindres sou
pirs de leur député; nous ne l’avons pas découvert.
C’eut été son rôle, cependant. Il aurait eu l’occa
sion, de rappeler notamment la récente délibéra
tion de notre Conseil municipal, en faveur de l’ar
rangement franco-suisse, et d’autres vœux éma
naut de différents syndicats et groupements du
Havre.
Il a mieux aimé se taire ; c’est grand dommage,
assurément, car nous sommes persuadés que sa
haute éloquence aurait réussi à convaincre M. Mé
line lui-même !
Que n’a-t-il parlé, notre député, que n’a-t-il
parlé !
*
* *
La session extraordinaire du Sénat et de la
Chambre a été close le 24 décembre.
LES ACCIDENTS DU TRAVAIL
ET LES ASSURANCES
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces ^ 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
âisajrjsaaat»
On voit que la législation actuelle, malgré ses
imperfections, accorde déjà certaines facilités à la
classe des travailleurs, dont ils devraient profiter,
en attendant mieux.
Une Loi incomprise
L-’CE I L_
LE TROU
Nous lisons dans le Radical d’hier :
« Pour faire un canon, on prend un trou et on
met du bronze autour.
« Pour faire dn scandale M. Andrieux a usé de
la même recette : il a pris un trou et il a mis des
insinuations,.des réticences, des promesses autour.
« Tout le monde sait de quel trou il s’agit : c’est
du trou qui, .dans la fameuse note remise par l’an
cien préfet de police à la commission d’enquête,
cachait, un nom considérable.
'< Pressé de faire connaître ce nom aux enquê
teurs, M. Andrieux déclara qu’il le donnerait au
juge d’instruction. L’émotion provoquée par ce
mystère allait augmentant et le pays attendait
anxieusement.
« Cruelle déception ! M. Andrieux se ravise ; il
ne dévoilera pas le personnage considérable.
« J’ai bien réfléchi, dit-il. Je ne le ferai jamais
« connaître. Si on m’interroge encore, j’écarterai
« toute question à son sujet. J’y suis absolument
résolu. »
« Et voilà tous les Français avec le bec dans
l’eau. C’est, on l’avouera, une position assez désa
gréable. Pas plus cependant que celle'de M. An
drieux si l’information suivante, fournie hier par
un journal du soir, est exacte :
« On a pu acquérir, paraît-il, la conviction que
« Î’X mystérieux que n’aurait pas voulu révéler
« M. Andrieux ne dissimulait aucun nom de per
ce sonnage connu ou même réel. »
« La déception d’une curiosité inassouvie ne
doit pas nous empêcher de reconnaître tout le sel
de cette farce. M. Andrieux est-un pince sans-rire
d’infiniment d’esprit. Les camelots, cette année,
n’avaient aucune question compliquée ou facile à
proposer aux badauds du boulevard, leurs fournis
seurs habituels ayant manqué d’imagination. Heu
reusement, M. Andrieux, Deus ex machina , sur
vient au bon moment pour les tirer de peine.
« Voyez le trou ! Où est X ? Qui est X ? Dix
centimes, deux sous !
« M. H. »
Dans un dernier article, nous avons constaté
avec un vif regret, le peu d’opérations effectuées
par les classes ouvrières à la Caisse nationale des
retraites pour la vieillesse.
Nous allons, aujourd’hui, aborder une autre
question pour laquelle nous constatons pénible
ment la même apathie, la même indifférence. Il
s’agit de la Caisse d’assurance en cas d’accidents,
dont le siège principal est au Ministère des finan
ces, à la direction générale de la Caisse des dépôts
et consignations.
Comme pour la Caisse nationale des retraites,
il y a des succursales dans tous les arrondisse
ments, et les trésoriers généraux et receveurs
particuliers des finances reçoivent gratuitement
toutes sommes qui leur sont versées, et fournis
sent tous renseignements nécessaires. Afin de
vulgariser ce genre d’opérations, le Gouvernement
de la République a .même autorisé tous les per
cepteurs et tous les receveurs des postes et télé
graphes à recevoir des versements et à les trans
mettre à l’administration centrale.
Quelle institution plus démocratique pe-ut-on
désirer ?
D’où vient donc cette abstention du public, nous
dirons même des classes ouvrières. Hélas, comme
précédemment, nous répondrons que les ouvriers
ne versent pas, parce qu’on ne les y contraint pas.
Nous sommes malheureusement obligés à nouveau
de constater que l’impérialisme a laissé beaucoup
de traces dans la génération actuelle, et que l’ou
vrier n’a pas encore appris complètement à se
diriger lui-même. Il y a déjà de l’amélioration,
mais il faut que chacun arrive à ne compter que
sur lui-même et non pas sur l’Etat.
Le rôle de la République est de créer des insti
tutions de prévoyance, de les vulgariser, en un
mot, de les mettre à la portée des plus pauvres et
des plus humbles. Mais là doit s’arrêter son action.
La suite appartient à chaque individu qui doit
pouvoir en profiter, mais librement, sans entrave,
et surtout doit être heureux de suivre uniquement
son initiative personnelle. C’est cette initiative
que nous ne cesserons de stimuler, car l’ouvrier
perd bénévolement le bénéfice de nombreuses ins
titutions de prévoyance ou de bienfaisance créées
uniquement dans son intérêt et pour le plus grand
bien de sa famille.
Nous rappellerons sommairement que la Caisse
d’assurances en cas d’accidents a pour objet de
constituer des pensions viagères aux personnes
assurées qui, dans l’exécution de travaux agricoles
ou industriels, seraient atteintes de blessures
entraînant une incapacité permanente de travail,
et de donner des secours aux veuves et aux enfants
mineurs, ou, à leur défaut, au père ou à la mère
sexagénaire des personnes assurées qui auront
péri par suite d’accidents survenus dans l’exécu
tion desdits travaux.
Les cotisations à verser annuellement sont de
3, 5 et 8 francs, et pour le règlement des pensions
viagères à concéder, il est distingué deux natures
d’accidents :
1° Ceux qui ont occasionné une incapacité ab
solue de travail ;
2* Ceux qui n’ont occasionné qu’une incapacité
permanente-du travail de la profession.
11 est à remarquer que, par une sage prévoyance,
il n’est pas concédé de capital, mais seulement
une rente viagère. On ne peut qu’applaudir à cette
condition qui empêche tout gaspillage et assure
pour la vie entière une rente viagère qui, si elle
n’est pas très élevée, est permanente, et, de plus,
est incessible et insaisissable.
Il n’est alloué de capital que dans le cas de
mort par suite d’accident, ce qui est généralement
assez rare. Dans cette circonstance, le secours
alloué à la veuve de l’assuré et, s’il est célibataire
ou veuf sans enfants, à son père ou à sa mère
sexagénaire, est égal à deux années de la pension
à laquelle l’assuré aurait eu droit en cas d’incapa
cité absolue.
DE
3VE.
La perspective du chapeau de cardinal, qui
empêche de dormir M. Thomas, archevêque de
Rouen, l’empêche aussi de surveiller son clergé
comme il devrait le faire.
Il y a quelques semaines, la Préfecture fut
avisée que le curé d’Ermenonville, l’une des com
munes de notre département, n’était pas de natio
nalité française. Il était,.paraît-il, allemand.
Inutile de dire que l’Archevêché fut invité, par
M. Hendlé, à faire cesser cet état de choses, ce à
quoi il se prêta d’ailleurs d’assez mauvaise grâce.
Gageons que les cléricaux, qui n’en-ont soufflé
mot, n’en parleront pas. Quelle belle indignation
pourtant on verrait dans leurs feuilles, si l’un des
instituteurs de l’Etat laïque n’était pas français î
On comprend, maintenant, pourquoi le clergé
s’est toujours opposé si vivement au service mili
taire de ses membres, et maudit chaque jour, du
haut des chaires, la devise : les curés sac au dos!
— Pour servir leur pays, certains prêtres, en effet,
seraient obligés de passer la frontière.
SOUSCRIPTION
en faveur de l’Œuvre des Etrennes aux
enfants pauvres
Deuxième Liste
Un généreux anonyme F. 20 —
M. E M » 5 —
M. A » 5 —
M. D. , J » 5 —
Un groupe de spéculateurs sur les
cafés » 10 50
Liste précédente » 18 —
Total général » 63 50
À PROPOS DES ÉTRENNES
On auia beau crier et tempêter contre les
étrennes — contre celles que nous sommes forcés
de donner, cela va sans dire — nous croyons
que cette antique et très respectable coutume
n’est pas encore en voie de passer de vie à trépas.
Longtemps encore, et fort longtemps, nous ferons,
quoi qu’on en dise, bon accueil aux mille qué
mandeurs qui, depuis tantôt huit jours, tirent le
cordon de notre sonnette, sans sHuquiéter de
nos muettes malédictions. Hier, le facteur ;
aujourd’hui, le télégraphiste ; demain, le ba
layeur, et pour clore la série, le concierge en.
personne, qui s’adjuge bien entendu, de par son
indéniable autorité, la plus belle part de notre
bourse. C’était ainsi l’an passé, cela sera de même
l’an prochain, et bien par delà le prochain siècle.
Pour dire toute notre pensée à cet égard, nous
ne sommes qu’à moitié l’ennemi des- étrennes.
Tout ce petit monde dont on nous dit tant de
mal, n’a-t-il pas au fond, dûment et durement
gagné les quelques pièces de cent sous que vous
lui octroyez en gémissant ! Soyons compatissant
à ceux qui profitent des étrennes, et qui tous,
la plupart d’entre eux, du moins, changeraient
très volontiers leur fliaigre richesse d’un jour
contre votre vie tranquille. Est-il si amusant an
fond d’arpenter les rues par le froid et la neige,
le sac de cuir au côté, tandis que vous attendez
paresseusement au lit le journal qui va vous
donner les nouvelles du matin ? Même avec les
étrennes, voyons, le cœur sur la main, voudriez-
vous être T infortuné et matinal facteur des
postes.
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