Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-12-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 décembre 1892 24 décembre 1892
Description : 1892/12/24 (N61). 1892/12/24 (N61).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632611
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — S Nivôse An 101 — N° 61
2* Année — N® 61 — Samedi 21 Décembre 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
l’BlX DIS ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEE,
LE RÉ VE IL DU IIA VRE paraît le Samedi
15
g
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Messieurs les Abonnés qui, à l’expiration
de leur abonnement, Vauront pas donné
avis de le suspendre seront considérés
comme réabonnés pour le même laps de
temps. Le prix de l’abonnement annuel
est de cinq francs pour un an et de trois
francs pour six mois.
LES POURSUITES
Depuis qu’une instruction est ouverte sur
cette lamentable affaire de Panama, chaque
jour nous apporte une révélation nouvelle et
les accusations les plus graves se font jour.
Nous attribuons, pour notre part, peu
d’importance aux attaques, à jet continu, de
journaux tels que la Cocarde et la Libre Parole,
qui font métier de jeter l’injure et l’outrage
sur tous les républicains sans distinction. Et
l'on a déjà, dans plus d’une circonstance, pu
apprécier la mauvaise foi de leurs impu
tations.
A leur suite, tous les organes monarchistes,
renchérissant au besoin sur ces deux jour
naux, honnissent à l’envi la République
qu’ils rendent responsable de tout ce qui s’est
passé d’irrégulier, de délictueux même, dans
les affaires de Panama. Il était, d’ailleurs,
facile de prévoir que la presse réactionnaire
profiterait de l’occasion pour reprendre la
campagne contre nos institutions. ' " 7
Si ces attaques, que la mauvaise foi et ia
passion politique inspirent d’ordinaire^ Stérir
tent peu de créance, il n’en est pas de même
des constatations de la Commission d’enquête
et du Parquet. Sans que l’on puisse, dès à
présent, se prononcer sur les responsabilités
encourues, c’est, aux yeux du public, une
présomption très lourde contre certaines per
sonnes que les poursuites, dont elles sont
l’objet avec l’autorisation des Chambres. L.e
pays, qui est peu familier avec les distinc
tions de droit et les arguties de procédure,
est tout naturellement porté à croire que des
députés et des sénateurs, que leurs collègues
livrent sans hésiter à la justice, sont réelle
ment coupables.
Il y a là une situation terrible, pleine de
conséquences injustes et peut-être de châti
ments immérités.
Et d’avance, nous plaignons sincèrement
ceux d’entre eux qui, étant innocents, su
bissent de telles épreuves. L’intérêt de la
vérité, supérieur faux convenances indivi
duelles, exige ce sacrifice.
On ne peut s’empêcher de déplorer, en
passant, l’attitude de certains ministres. Il y
a huit jours, M. Ribot rendait hommage à
M. Rouvier et donnait, de sa sortie du minis
tère, une explication assez invraisemblable.
Aujourd’hui, il le débarque — le mot est
pittoresque ; — et en même temps, il impli
que dans les poursuites d’anciens ministres,
parmi lesquels M. Jules Roche dont, hier
encore, il demandait le concours pour la
discussion du traité franco-suisse. En vérité,
l’esprit de suite ne paraît pas être la vertu
dominante de M. Ribot !
La conduite du garde des sceaux, M. Bour
geois, a été également critiquée. On lui a re
proché de procéder par coups de théâtre et de
ne pas user de ménagements vis-à-vis de per
sonnalités en vue. Nous ne voyons pas en quoi
le mode de procéder qu’il a suivi pourrait en
courir le blâme. Chargé de trouver les cou
pables, il n’a rien négligé de ce qui peut lui
permettre d’atteindre ce but.
Dira-t-on que M. Bourgeois, ministre à
tendances radicales, a dû éprouver un malin
plaisir à trouver des indices de culpabilité
contre certains personnages appartenant à la
nuance modérée. Ce serait lui prêter des ri
sées bien machiavéliques ! Au surplus, ce
n’est pas sa faute, si les premières recherches,
confirmant ce qui se chuchottait depuis des
aimées, ont révélé des charges contre les fortes
têtes du parti opportuniste: Rouvier, Jules
Roche, Arène, Thévenet, Léon Renault, voilà
des hommes que le parti radical a rencontré
plus d’une fois comme adversaires et qu'il eût
préféré, dans l’intérêt de la République, lie
pas voir, fut-ce par allusion, dans toute cette
affaire.
L’heure est venue, non de récriminer, mais
de faire la lumière sur toutes les responsabi
lités. La justice, pour y parvenir, a assummé
une tâche très lourde. Elle tiendra à poursui
vre tous les coupables, sans se laisser égarer
par la diversion habile que la réaction essaie
de faire actuellement au profit des administra
teurs de Panama, contre la représentation
nationale. S’il y a eu des corrompus, il y a eu
des corrupteurs, il importe aussi que la vérité
soit connue au plqs tôt, et que l’opinion pu
blique soit promptement fixée sur le compte
de certains hommes politiques. Après quoi, la
Chambre n’aura plus qu’une chose à faire :
donner la parole aux électeurs.
La France dira alors clairement si ses des
tinées doivent dépendre d’une bande de finan
ciers, et si nos pères ont renversé la royauté
pour faire place à une oligarchie de tripoteurs.
Le peuple des travailleurs se demandera si
un personnel politique qui a profité de la cor
ruption, ou qui, du moins, l'a tolérée, ne doit
pas être renouvelé de fond en comble.
- ———-—■—
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE ■ "
Election sénatoriale du 18 décembre 1892
ARDENNES
MM. Tirinan, conseiller général,
ancien gouverneur de F Al
gérie*; républicain........ 478 voix élu
Corneau,' député, républicain. 344 »
En remplacement de M. Péronne, républicain,
décédé.
Election législative du 18 décembre 1892
DRÔME?
Arrondissement do Die ,
MM. Reynaud, ancien directeur du
Cabinet au Ministère de
l’Intérieur, républicain... ■.. G.208 voix
Blanc, conseiller général, répit-
blfçaln .-, -3.880 »
Evesquç, conseiller général, ré
publicain. ................ 2.824 »
Il y a ballottage.
Il s’agissait de remplacer M. Chevandier, élu
sénateur de la Drôme.
¥ ¥
Charles de Lesseps, Marius Fontane et Henri
Cottu, administrateurs du Panama, et Sans-
Leroy, ancien député de l’Ariège, ont été arrêtés
pour faits de corruption de fonctionnaires
publics.
Cette triste affaire du Panama nous ménage,
malheureusement , de nouvelles et pénibles
surprises.
Le Parlement vient, en effet, de lever l’immu
nité parlementaire contre dix de ses membres :
cinq sénateurs, MM. Beral, Devès, Albert Grevy,
Léon Renault et Thevenet ; cinq députés, MM.
Emmanuel Arène, Dugué de la Fauconnerie,
Antonin Proust, Jules Roche et Rouvier.
Il ne convient évidemment pas de conclure de
cette décision que ces dix personnes sont toutes
coupables ; la mesure qui les concerne a pour
but surtout de permettre au juge d’instruction de
les appeler devant lui, dans les formes légales,
et de pouvoir, s’il y a lieu, procéder à leur
arrestation.
Nous voudrions, pour l’honneur politique de
notre pays, que ces accusés fussent tous reconnus
innocents !
Il faut bien avouer, cependant, que dans les
mœurs actuelles, il existe un vice profond : c’est
la spéculation financière, gangrène qui ronge
une partie de notre personnel politique, et quand
on assiste à ce qui se passe et que l’on apprend
les révélations faites à la Commission d’enquête,
on peut constater toute la gravité du mal.
Nous savons bien que la réaction cherche à
rendre responsable de cette situation, le régime
républicain ; c’est une tactique dont elle va user
d’une manière de plus en plus accentuée.
Mais ce procédé ne trompera personne.
Si, nous l’avons dit, le parti républicain ren
ferme des tarés, il saura lui-même les extraire
de son sein, à n'importe quel degré d’élévation,
à n’importe quel rang ces personnalités se trou
vent places ! Le gouvernement républicain est,
d'ailleurs, résolument entré dans cette voie, en
ne s’opposant plus aux arrestations et en de
mandant les autorisations de poursuites néces
saires pour faire la lumière.
Puisque les réactionnaires nous jettent les
mots de tripotages et de corruption à la tête,
nous leur répondrons que c’est dans leur passé
que se trouve l’origine du mal dont souffre la
société française actuelle et nous leur rappellerons
que le régime du tripotage a fleuri sous Louis-
Philippe et que Napoléon III l’a continué en
l’aggravant.
Sous ces règnes s’est formée cette race de gens
d’argent, de spéculateurs sans honte, qui ont donné
à notre pays une impulsion u’agiotage effréné !
De sorte que, lorsque la troisième Republique est
arrivée, elle s’est trouvée entourée, englobée
dans une génération qui avait subi l’influerice de
ces théories financières chères aux orléanistes et
aux bonapartistes.
Elle a eu à lutter contre un capitalisme insatia
ble, et la lutte continue toujours.
Nous avons la ferme conviction que, peu à peu,
l’épuration se fera : le plus tôt le mieux !
En attendant, que les citoyens ne se lais
sent pas effrayer par la tactique réactionnaire,
qui voudrait rendre la République responsable
de ces scandales financiers ; et nous leur dirons
volontiers, avec M. B. Malon, dans la Revue
socialiste du 15 décembre (page 645) :
« La conspiration de scandale a démasqué trop
« tôt ses ignobles manœuvres et la troisième
« République, qui en a bien vu d’autres, rejettera
« d’un geste cette poignée de boue sur les orléa-
« nistes sans vergogne, épurateurs impurs, qui
« avaient prétendu s’en servir contre elle. »
*
¥ ¥
Le Sénat s’est occupé du projet de loi, adopté
par la Chambre, sur la conciliation et l’arbitrage
facultatifs en matière de différends- collectifs
entre patrons et ouvriers ou employés.
La discussion vient de se terminer et le projet
est retourné à la Chambre.
*
¥ ¥
A la Chambre de Députés, on discute toujours
le projet de loi sur le régime, des boissons.
★
¥ ¥
ITALIE
Le ministre de la Justice a déposé, à la
Chambre, un projet de loi stipulant que le mariage
civil devra être célébré avant le mariage reli
gieux.
SOUSCRIPTION
en faveur de l’Œuvre des Etrennes aux
enfants pauvres
Première Liste
E. D F. 2 50
Madame X ... » 1 50
Jean D x » 1 —
Un lecteur » 4 —
Anonyme.. '. » 3
Uri ouvrier » 0 50
Un abonné du Réveil » 1 —
Un démocrate » 1 —
B » 0 50
Un anonyme » 3 —
Total de la î re liste F! 18 —
La République et sa Sollicitude
Pour les Classes travailleuses
Depuis quelque temps, les pouvoirs publics
paraissent s’intéresser très sérieusement à l’a
mélioration des classes ouvrières et à la situa
tion déplorable où quelques-unes d’entre elles
se trouvent au moment de leur vieillesse. Des
projets de loi ont été présentés, étudiés avec
soin et discutés très passionnément. Nous vou
lons parler de l’assurance obligatoire, tant pour
le patron que pour l’ouvrier.
Cette question est très complexe, car elle de
vrait être appliquée non-seulement aux ou
vriers, mais encore aux cultivateurs et aux
employés. 11 en résulterait une nouvelle orga
nisation administrative et une accumulation de
capitaux tellement énorme, que les esprits sé
rieux se refusent à croire à la réussite de ce
projet. Il faudrait non-seulement constituer des
réserves très considérables pour assurer les
intérêts de l’avenir, mais prendre encore des
mesures de conservation toutes particulières,
afin d’éviter la disparition des sommes versées
ou leur emploi à d’autres dépenses. Il ne faut
pas ignorer que dans chaque pays, on est ex
posé à des secousses politiques, qui peuvent
amener au pouvoir quelque aventurier sans
vergogne, qui ne se ferait pas faute de s’em
parer de l’obole du pauvre pour soutenir de vils
intérêts et une politique de mauvais aloi. Nous
laisserons donc mûrir la question et nous
ne manquerons pas de donner un avis sérieux
le jour où les faits, passant de l’utopie à la réa
lité, nous aurons à discuter une œuvre conve
nablement étudiée.
En attendant, nous ne saurions mieux faire
que de conseiller aux classes ouvrières d’utili
ser les avantages que la loi met actuellement à
leur disposition. Nous voulons parler des ver
sements à opérer à la Caisse des retraites de la
vieillesse. L’Etat ne cherche nullement à éta
blir une concurrence avec les Compagnies d’as
surances. Il s’est imposé une limite et les caisses
des préposés de la Caisse des Dépôts ne peuvent
plus recevoir pour chaque déposant qu’une
somme de 1,000 fr. par an. Les gros capitaux
peuvent donc se retourner du côté des Compa
gnies d’assurance. L’Etat n’en veut pas. D'abord,
il n’en a pas besoin. Son crédit est illimité et
ses ressources sont téllement considérables,
qu’il a réduit à un taux infime l’intérêt qu’il
alloue aux porteurs de bons du Trésor.
Le gouvernement de la République est essen
tiellement démocratique, et c’est dans ce but
que la Caisse des retraites pour la vieillesse a
été autorisée à accepter les plus modestes ver
sements. Elle reçoit la somme minime du un
franc. L’ouvrier peut donc placer ses plus petites
économies, et l’employé modeste, comme le cul
tivateur peu aisé, se trouvent donc dans des
conditions excellentes pour assurer le sort de
leur vieillesse. De 1 à 1,000 francs la marge est
grande et chacun peut économiser selon ses
ressources.
D’où vient donc que, malgré tous ces avanta
ges, les classes ouvrières et agricoles ne se ser
vent pas de la Caisse des retraites ? Oserons-
nous le dire ? Oui. Eh bien ! cela tient uni
quement à ce qu’elles ne sont pas forcées de
le faire, et nous allons le démontrer.
Le Français a trop été habitué à suivre‘l’im
pulsion gouvernementale, et lorsqu’il est livré
à lui-même et qu’on lui donne la possibilité de
se diriger, il est tellement surpris de cette li
berté, qu’il n’essaie, même pas de s’en servir.
Nous donnerons comme exemple, les adminis
trations des Tabacs et des Chemins de fer, dans
lesquelles il est opéré mensuellement des rete
nues sur les traitements. Ces retenues sont pla
cées à la Caisse des retraites pour la vieillesse
et procurent aux titulaires des livrets des ren
tes viagères, dont la jouissance est fixée à 50,
55 ou 60 ans. Ces rentes viagères sont plus-ou
moins fortes, selon l’âge des déposants, et sont
parfois considérables, relativement au capital
versé, si les titulaires des livrets ont déclaré
abandonner entièrement ce capital. Il résulte
donc de ce fait, que les ouvriers et employés
des Chemins de fer et des Tabacs conneiss 3 nt
entièrement le bénéfice des sages dispositions
de la Caisse de retraites, puisque leur applica
tion en est faite rigoureusement à chaque men
sualité. Il devrait donc en résulter des partisans
sérieux de la Caisse des retraites. Rélas ! il n’en
est rien, et la preuve s’en trouve dans la petite
quantité d’ouvriers et d’employés qui quittent
l’administration avant la jouissance de la rente
viagère à laquelle ils ont droit. Tant qu’ils ont
fait partie de l’administration, ils ont supporté
passivement la retenue faite sur les salaires et
appointements, mais une fois rentrés dans la
vie ordinaire, il s’en trouve à peine deux ou
trois sur cent qui aient continué leurs verse
ments. Et cependant, la grande majorité des
ouvriers des Tabacs et des Chemins de fer qui
cessent de faire partie de ces administrations
avant d’avoir droit à la retraite, ne les quittent
que parce qu’ils trouvent ailleurs des situations
plus rémunératrices.
Mais dans les nouveaux emplois on n’effectue
pas obligatoirement des retenues sur les salaires
ou traitements, et il en résulte cette consé
quence absurde, c’est que les ouvriers ne son
gent même pas à porter à la Caisse des retraites
une retenue qu’ils effectueraient volontairement
sur leurs salaires et contribuerait à leur assu
rer un peu de bien-être sur leurs vieux jours.
Nous adressons donc un appel chaleureux à
tous les humbles du travail et nous ne cesserons
de leur répéter : « Rappelez-vous que vous êtes
en République, que cette République est démo
cratique, et que si, jusqu’à ce jour, elle n’a pas
encore pu améliorer entièrement la situation
des travailleurs, elle a du moins mis à la portée
du plus grand nombre la liberté de s’instruire,
de se diriger et de se suffire à soi-même.
QUESTIONS DU PORT
* Les lauriers de MM. les Maires de Caen, de
Trouville et d'Honfleur, empêchaient M. le
Maire du Havre de dormir ; il était jaloux de ces
administrateurs qui, si résolument, avaient pris,
pendant l’épidémie cholérique, les arrêtés célèbres
2* Année — N® 61 — Samedi 21 Décembre 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
l’BlX DIS ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEE,
LE RÉ VE IL DU IIA VRE paraît le Samedi
15
g
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Réclames 50 cent, la ligne
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de leur abonnement, Vauront pas donné
avis de le suspendre seront considérés
comme réabonnés pour le même laps de
temps. Le prix de l’abonnement annuel
est de cinq francs pour un an et de trois
francs pour six mois.
LES POURSUITES
Depuis qu’une instruction est ouverte sur
cette lamentable affaire de Panama, chaque
jour nous apporte une révélation nouvelle et
les accusations les plus graves se font jour.
Nous attribuons, pour notre part, peu
d’importance aux attaques, à jet continu, de
journaux tels que la Cocarde et la Libre Parole,
qui font métier de jeter l’injure et l’outrage
sur tous les républicains sans distinction. Et
l'on a déjà, dans plus d’une circonstance, pu
apprécier la mauvaise foi de leurs impu
tations.
A leur suite, tous les organes monarchistes,
renchérissant au besoin sur ces deux jour
naux, honnissent à l’envi la République
qu’ils rendent responsable de tout ce qui s’est
passé d’irrégulier, de délictueux même, dans
les affaires de Panama. Il était, d’ailleurs,
facile de prévoir que la presse réactionnaire
profiterait de l’occasion pour reprendre la
campagne contre nos institutions. ' " 7
Si ces attaques, que la mauvaise foi et ia
passion politique inspirent d’ordinaire^ Stérir
tent peu de créance, il n’en est pas de même
des constatations de la Commission d’enquête
et du Parquet. Sans que l’on puisse, dès à
présent, se prononcer sur les responsabilités
encourues, c’est, aux yeux du public, une
présomption très lourde contre certaines per
sonnes que les poursuites, dont elles sont
l’objet avec l’autorisation des Chambres. L.e
pays, qui est peu familier avec les distinc
tions de droit et les arguties de procédure,
est tout naturellement porté à croire que des
députés et des sénateurs, que leurs collègues
livrent sans hésiter à la justice, sont réelle
ment coupables.
Il y a là une situation terrible, pleine de
conséquences injustes et peut-être de châti
ments immérités.
Et d’avance, nous plaignons sincèrement
ceux d’entre eux qui, étant innocents, su
bissent de telles épreuves. L’intérêt de la
vérité, supérieur faux convenances indivi
duelles, exige ce sacrifice.
On ne peut s’empêcher de déplorer, en
passant, l’attitude de certains ministres. Il y
a huit jours, M. Ribot rendait hommage à
M. Rouvier et donnait, de sa sortie du minis
tère, une explication assez invraisemblable.
Aujourd’hui, il le débarque — le mot est
pittoresque ; — et en même temps, il impli
que dans les poursuites d’anciens ministres,
parmi lesquels M. Jules Roche dont, hier
encore, il demandait le concours pour la
discussion du traité franco-suisse. En vérité,
l’esprit de suite ne paraît pas être la vertu
dominante de M. Ribot !
La conduite du garde des sceaux, M. Bour
geois, a été également critiquée. On lui a re
proché de procéder par coups de théâtre et de
ne pas user de ménagements vis-à-vis de per
sonnalités en vue. Nous ne voyons pas en quoi
le mode de procéder qu’il a suivi pourrait en
courir le blâme. Chargé de trouver les cou
pables, il n’a rien négligé de ce qui peut lui
permettre d’atteindre ce but.
Dira-t-on que M. Bourgeois, ministre à
tendances radicales, a dû éprouver un malin
plaisir à trouver des indices de culpabilité
contre certains personnages appartenant à la
nuance modérée. Ce serait lui prêter des ri
sées bien machiavéliques ! Au surplus, ce
n’est pas sa faute, si les premières recherches,
confirmant ce qui se chuchottait depuis des
aimées, ont révélé des charges contre les fortes
têtes du parti opportuniste: Rouvier, Jules
Roche, Arène, Thévenet, Léon Renault, voilà
des hommes que le parti radical a rencontré
plus d’une fois comme adversaires et qu'il eût
préféré, dans l’intérêt de la République, lie
pas voir, fut-ce par allusion, dans toute cette
affaire.
L’heure est venue, non de récriminer, mais
de faire la lumière sur toutes les responsabi
lités. La justice, pour y parvenir, a assummé
une tâche très lourde. Elle tiendra à poursui
vre tous les coupables, sans se laisser égarer
par la diversion habile que la réaction essaie
de faire actuellement au profit des administra
teurs de Panama, contre la représentation
nationale. S’il y a eu des corrompus, il y a eu
des corrupteurs, il importe aussi que la vérité
soit connue au plqs tôt, et que l’opinion pu
blique soit promptement fixée sur le compte
de certains hommes politiques. Après quoi, la
Chambre n’aura plus qu’une chose à faire :
donner la parole aux électeurs.
La France dira alors clairement si ses des
tinées doivent dépendre d’une bande de finan
ciers, et si nos pères ont renversé la royauté
pour faire place à une oligarchie de tripoteurs.
Le peuple des travailleurs se demandera si
un personnel politique qui a profité de la cor
ruption, ou qui, du moins, l'a tolérée, ne doit
pas être renouvelé de fond en comble.
- ———-—■—
SEMAIN E POL ITIQUE
FRANCE ■ "
Election sénatoriale du 18 décembre 1892
ARDENNES
MM. Tirinan, conseiller général,
ancien gouverneur de F Al
gérie*; républicain........ 478 voix élu
Corneau,' député, républicain. 344 »
En remplacement de M. Péronne, républicain,
décédé.
Election législative du 18 décembre 1892
DRÔME?
Arrondissement do Die ,
MM. Reynaud, ancien directeur du
Cabinet au Ministère de
l’Intérieur, républicain... ■.. G.208 voix
Blanc, conseiller général, répit-
blfçaln .-, -3.880 »
Evesquç, conseiller général, ré
publicain. ................ 2.824 »
Il y a ballottage.
Il s’agissait de remplacer M. Chevandier, élu
sénateur de la Drôme.
¥ ¥
Charles de Lesseps, Marius Fontane et Henri
Cottu, administrateurs du Panama, et Sans-
Leroy, ancien député de l’Ariège, ont été arrêtés
pour faits de corruption de fonctionnaires
publics.
Cette triste affaire du Panama nous ménage,
malheureusement , de nouvelles et pénibles
surprises.
Le Parlement vient, en effet, de lever l’immu
nité parlementaire contre dix de ses membres :
cinq sénateurs, MM. Beral, Devès, Albert Grevy,
Léon Renault et Thevenet ; cinq députés, MM.
Emmanuel Arène, Dugué de la Fauconnerie,
Antonin Proust, Jules Roche et Rouvier.
Il ne convient évidemment pas de conclure de
cette décision que ces dix personnes sont toutes
coupables ; la mesure qui les concerne a pour
but surtout de permettre au juge d’instruction de
les appeler devant lui, dans les formes légales,
et de pouvoir, s’il y a lieu, procéder à leur
arrestation.
Nous voudrions, pour l’honneur politique de
notre pays, que ces accusés fussent tous reconnus
innocents !
Il faut bien avouer, cependant, que dans les
mœurs actuelles, il existe un vice profond : c’est
la spéculation financière, gangrène qui ronge
une partie de notre personnel politique, et quand
on assiste à ce qui se passe et que l’on apprend
les révélations faites à la Commission d’enquête,
on peut constater toute la gravité du mal.
Nous savons bien que la réaction cherche à
rendre responsable de cette situation, le régime
républicain ; c’est une tactique dont elle va user
d’une manière de plus en plus accentuée.
Mais ce procédé ne trompera personne.
Si, nous l’avons dit, le parti républicain ren
ferme des tarés, il saura lui-même les extraire
de son sein, à n'importe quel degré d’élévation,
à n’importe quel rang ces personnalités se trou
vent places ! Le gouvernement républicain est,
d'ailleurs, résolument entré dans cette voie, en
ne s’opposant plus aux arrestations et en de
mandant les autorisations de poursuites néces
saires pour faire la lumière.
Puisque les réactionnaires nous jettent les
mots de tripotages et de corruption à la tête,
nous leur répondrons que c’est dans leur passé
que se trouve l’origine du mal dont souffre la
société française actuelle et nous leur rappellerons
que le régime du tripotage a fleuri sous Louis-
Philippe et que Napoléon III l’a continué en
l’aggravant.
Sous ces règnes s’est formée cette race de gens
d’argent, de spéculateurs sans honte, qui ont donné
à notre pays une impulsion u’agiotage effréné !
De sorte que, lorsque la troisième Republique est
arrivée, elle s’est trouvée entourée, englobée
dans une génération qui avait subi l’influerice de
ces théories financières chères aux orléanistes et
aux bonapartistes.
Elle a eu à lutter contre un capitalisme insatia
ble, et la lutte continue toujours.
Nous avons la ferme conviction que, peu à peu,
l’épuration se fera : le plus tôt le mieux !
En attendant, que les citoyens ne se lais
sent pas effrayer par la tactique réactionnaire,
qui voudrait rendre la République responsable
de ces scandales financiers ; et nous leur dirons
volontiers, avec M. B. Malon, dans la Revue
socialiste du 15 décembre (page 645) :
« La conspiration de scandale a démasqué trop
« tôt ses ignobles manœuvres et la troisième
« République, qui en a bien vu d’autres, rejettera
« d’un geste cette poignée de boue sur les orléa-
« nistes sans vergogne, épurateurs impurs, qui
« avaient prétendu s’en servir contre elle. »
*
¥ ¥
Le Sénat s’est occupé du projet de loi, adopté
par la Chambre, sur la conciliation et l’arbitrage
facultatifs en matière de différends- collectifs
entre patrons et ouvriers ou employés.
La discussion vient de se terminer et le projet
est retourné à la Chambre.
*
¥ ¥
A la Chambre de Députés, on discute toujours
le projet de loi sur le régime, des boissons.
★
¥ ¥
ITALIE
Le ministre de la Justice a déposé, à la
Chambre, un projet de loi stipulant que le mariage
civil devra être célébré avant le mariage reli
gieux.
SOUSCRIPTION
en faveur de l’Œuvre des Etrennes aux
enfants pauvres
Première Liste
E. D F. 2 50
Madame X ... » 1 50
Jean D x » 1 —
Un lecteur » 4 —
Anonyme.. '. » 3
Uri ouvrier » 0 50
Un abonné du Réveil » 1 —
Un démocrate » 1 —
B » 0 50
Un anonyme » 3 —
Total de la î re liste F! 18 —
La République et sa Sollicitude
Pour les Classes travailleuses
Depuis quelque temps, les pouvoirs publics
paraissent s’intéresser très sérieusement à l’a
mélioration des classes ouvrières et à la situa
tion déplorable où quelques-unes d’entre elles
se trouvent au moment de leur vieillesse. Des
projets de loi ont été présentés, étudiés avec
soin et discutés très passionnément. Nous vou
lons parler de l’assurance obligatoire, tant pour
le patron que pour l’ouvrier.
Cette question est très complexe, car elle de
vrait être appliquée non-seulement aux ou
vriers, mais encore aux cultivateurs et aux
employés. 11 en résulterait une nouvelle orga
nisation administrative et une accumulation de
capitaux tellement énorme, que les esprits sé
rieux se refusent à croire à la réussite de ce
projet. Il faudrait non-seulement constituer des
réserves très considérables pour assurer les
intérêts de l’avenir, mais prendre encore des
mesures de conservation toutes particulières,
afin d’éviter la disparition des sommes versées
ou leur emploi à d’autres dépenses. Il ne faut
pas ignorer que dans chaque pays, on est ex
posé à des secousses politiques, qui peuvent
amener au pouvoir quelque aventurier sans
vergogne, qui ne se ferait pas faute de s’em
parer de l’obole du pauvre pour soutenir de vils
intérêts et une politique de mauvais aloi. Nous
laisserons donc mûrir la question et nous
ne manquerons pas de donner un avis sérieux
le jour où les faits, passant de l’utopie à la réa
lité, nous aurons à discuter une œuvre conve
nablement étudiée.
En attendant, nous ne saurions mieux faire
que de conseiller aux classes ouvrières d’utili
ser les avantages que la loi met actuellement à
leur disposition. Nous voulons parler des ver
sements à opérer à la Caisse des retraites de la
vieillesse. L’Etat ne cherche nullement à éta
blir une concurrence avec les Compagnies d’as
surances. Il s’est imposé une limite et les caisses
des préposés de la Caisse des Dépôts ne peuvent
plus recevoir pour chaque déposant qu’une
somme de 1,000 fr. par an. Les gros capitaux
peuvent donc se retourner du côté des Compa
gnies d’assurance. L’Etat n’en veut pas. D'abord,
il n’en a pas besoin. Son crédit est illimité et
ses ressources sont téllement considérables,
qu’il a réduit à un taux infime l’intérêt qu’il
alloue aux porteurs de bons du Trésor.
Le gouvernement de la République est essen
tiellement démocratique, et c’est dans ce but
que la Caisse des retraites pour la vieillesse a
été autorisée à accepter les plus modestes ver
sements. Elle reçoit la somme minime du un
franc. L’ouvrier peut donc placer ses plus petites
économies, et l’employé modeste, comme le cul
tivateur peu aisé, se trouvent donc dans des
conditions excellentes pour assurer le sort de
leur vieillesse. De 1 à 1,000 francs la marge est
grande et chacun peut économiser selon ses
ressources.
D’où vient donc que, malgré tous ces avanta
ges, les classes ouvrières et agricoles ne se ser
vent pas de la Caisse des retraites ? Oserons-
nous le dire ? Oui. Eh bien ! cela tient uni
quement à ce qu’elles ne sont pas forcées de
le faire, et nous allons le démontrer.
Le Français a trop été habitué à suivre‘l’im
pulsion gouvernementale, et lorsqu’il est livré
à lui-même et qu’on lui donne la possibilité de
se diriger, il est tellement surpris de cette li
berté, qu’il n’essaie, même pas de s’en servir.
Nous donnerons comme exemple, les adminis
trations des Tabacs et des Chemins de fer, dans
lesquelles il est opéré mensuellement des rete
nues sur les traitements. Ces retenues sont pla
cées à la Caisse des retraites pour la vieillesse
et procurent aux titulaires des livrets des ren
tes viagères, dont la jouissance est fixée à 50,
55 ou 60 ans. Ces rentes viagères sont plus-ou
moins fortes, selon l’âge des déposants, et sont
parfois considérables, relativement au capital
versé, si les titulaires des livrets ont déclaré
abandonner entièrement ce capital. Il résulte
donc de ce fait, que les ouvriers et employés
des Chemins de fer et des Tabacs conneiss 3 nt
entièrement le bénéfice des sages dispositions
de la Caisse de retraites, puisque leur applica
tion en est faite rigoureusement à chaque men
sualité. Il devrait donc en résulter des partisans
sérieux de la Caisse des retraites. Rélas ! il n’en
est rien, et la preuve s’en trouve dans la petite
quantité d’ouvriers et d’employés qui quittent
l’administration avant la jouissance de la rente
viagère à laquelle ils ont droit. Tant qu’ils ont
fait partie de l’administration, ils ont supporté
passivement la retenue faite sur les salaires et
appointements, mais une fois rentrés dans la
vie ordinaire, il s’en trouve à peine deux ou
trois sur cent qui aient continué leurs verse
ments. Et cependant, la grande majorité des
ouvriers des Tabacs et des Chemins de fer qui
cessent de faire partie de ces administrations
avant d’avoir droit à la retraite, ne les quittent
que parce qu’ils trouvent ailleurs des situations
plus rémunératrices.
Mais dans les nouveaux emplois on n’effectue
pas obligatoirement des retenues sur les salaires
ou traitements, et il en résulte cette consé
quence absurde, c’est que les ouvriers ne son
gent même pas à porter à la Caisse des retraites
une retenue qu’ils effectueraient volontairement
sur leurs salaires et contribuerait à leur assu
rer un peu de bien-être sur leurs vieux jours.
Nous adressons donc un appel chaleureux à
tous les humbles du travail et nous ne cesserons
de leur répéter : « Rappelez-vous que vous êtes
en République, que cette République est démo
cratique, et que si, jusqu’à ce jour, elle n’a pas
encore pu améliorer entièrement la situation
des travailleurs, elle a du moins mis à la portée
du plus grand nombre la liberté de s’instruire,
de se diriger et de se suffire à soi-même.
QUESTIONS DU PORT
* Les lauriers de MM. les Maires de Caen, de
Trouville et d'Honfleur, empêchaient M. le
Maire du Havre de dormir ; il était jaloux de ces
administrateurs qui, si résolument, avaient pris,
pendant l’épidémie cholérique, les arrêtés célèbres
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