Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-06-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 18 juin 1892 18 juin 1892
Description : 1892/06/18 (N37). 1892/06/18 (N37).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263238s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Année — 1° 37 — Samedi 18 Juin 1892.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
l re Année — 30 Prairial An 100 — Pi 0 37.
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre. ;..
Départements.
UN an six MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DÛ HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames .. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
a M OS LECTE URS
L’Administration du “ RÉVEIL ”, dési
reuse d’offrir un témoignage de sa vive
sympathie à ses abonnés, est heureuse de
leur annoncer que, par suite d’une com
binaison avec M. L. Dugardin de Paris, elle
leur offre GKATUITEMEMT un
magnifique portrait miniature peint à
l’huile.
Les bons seront délivrés directement
dans nos bureaux, 15, rue Gasimir-Périer,
sur le vu de la quittance d’abonnement.
Pour plus amples détails nous invitons
nos abonnés a se reporter à l’article ayant
comme titre: NOTltE PKIMK
LA MOI « INSTITUTEURS
Etat de l’Instruction laïque au Havre
Nous recevons la lettre suivante :
De la nef de Notre-Dame du Havre-de-Grâce ,
le 15 Juin 1892,
À Monsieur Garsault, inspecteur de
l’enseignement primaire, au Havre,
Cher Monsieur,
Voilà trois jours que nous, vos subor
donnés, instituteurs et institutrices, dits laï
ques, accompagnons et surveillons à l’Eglise
les élèves catholiques, à la veille de faire
leur première communion. Quoique apparte
nant à la paroisse Notre-Dame, nous ne
sommes pas les seuls privilégiés, car, dans
tous les quartiers, semblable chose existe ;
c’est-à-dire, comme l’affirment, avec raison,
certains républicains, que dans chaque éta
blissement, deux ou trois maîtres, bien
souvent en compagnie du directeur ou de la
directrice d'école, quittent leur classe pen
dant les trois jours de retraite , abandonnant
le reste des élèves : protestants ou non pra
tiquants, à d’autres collègues.
Vous savez tout cela, nous direz-vous,
Monsieur l’inspecteur, mais voici ce que vous
ignorez.
Nous sommes enchantés, mes collègues et
moi, de notre nouvel emploi. Après avoir
vécu dans l’impiété laïque la plus absolue
durant de longues années, la grâce nous a
touchés ! L’Esprit-Saint, convié par des
milliers de voix, est descendu de sa céleste
demeure et, par mégarde sans doute, nous a
frôlés de ses augustes ailes ! Que d’honneur
pour de vulgaires laïques ! Soudain, un souffle
divin a rallumé en nous la foi qui s’était
éteinte.... Aussi, est-ce avec l’exaltation
la plus sincère, que chacun de nous entonne :
« Adieu plaisirs ; adieu monde frivole !
« Je reviens à Jésus, sans retour ! »
Pour un peu, nous voudrions voir notre
nouveau service se prolonger, afin de pou
voir faire profiter, de l’indulgence céleste
dont nous jouissons, tous ces impies, tous
ces républicains bon teint, et vous tout le
premier, Monsieur l’inspecteur, car vous
n’ignorez pas qu’un moment vous avez cessé
déplaire au Très-Haut. Je veux parler du
moment où. vous avez paru faire quelques
efforts pour appliquer la loi républicaine de
1882 ; mais, il est vrai que depuis vous êtes
venu à résipiscence.. .
On nous apprend ici que sur terre nul
bonheur n’est parfait, tandis qu’au ciel c’est
autre chose. Le nôtre, quoique incommen
surable, n’est pas non plus sans mélange.
Dans notre enthousiasme religieux, il nous
vient un scrupule que volontiers nous allons
vous confesser :
De quel œil, cette bonne Marianne voit-
elle notre conduite, elle qui nous paie pour
être avant tout instituteurs et institutrices
laïques français et non pour faire office de
surveillants dans l’Eglise catholique, apos
tolique et romaine ; elle qui nous a donné
le mandat de propager ses doctrines de neu
tralité scolaire et à qui nous devons d’être
— en théorie du moins — des fonctionnaires
indépendants ; elle qui enfin a élaboré —
pour les mettre en pratique, sans doute - les
belles lois de 1882 et 1886, proclamant bien
haut avec la liberté de conscience des maîtres
et des élèves, dont vous paraissez vous
soucier comme de votre première élucubration
pédagogique, l’interdiction de remplir un
emploi, même gratuit, dans le service d’un
culte (art. 25, loi du 30 octobre 1886).
Que pensez-vous de notre scrupule, M.
l’Inspecteur de l’enseignement laïque et ré
publicain au Havre? Notre conscience laïque,
si 'nous l’écoutions, ferait considérer notre
conduite comme un crime de lèse-trahison à
l’égard de la République ; mais, dans ce
saint lieu, où nous exerçons un emploi illégal ,
comme surveillant ; l'Eglise nous apprend
qu’à tout péché il y a miséricorde et que
nous, pauvres subordonnés, devons faire ce
que notre chef qui, s’il ne le commande pas,
ne fait rien non plus pour empêcher. De la
sorte, c’est donc vous, pauvre Inspecteur !
qui encourez, auprès de cette magnanime
République, la responsabilité de toutes nos
fautes et' de toutes nos compromissions. Il
est vrai que, pleine de mansuétude, elle ne
vous appliquera peut-être point ses peines
terrestres. Toutefois — car il faut tout pré
voir — si un jour la République vous cherche
noise pour votre conduite, il vous restera du
moins la suprême ressource de vous réfugier
dans ces saints lieux pour entonner après
nous :
Adieu plaisirs ; adieu monde frivole-(lire laïque,
Je reviens à Jésus, sans retour !
Ainsi soit-il !...
Un laïque repenti , délégué par ses
collègues de Notre-Dame et de toutes
les paroisses du Havre-de-Grâce.
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
La Chambre a terminé la première délibé
ration sur le projet de loi relatif aux Caisses
d’épargne.
Un échange de discours très intéressants a eu
lieu entre MM. Charles Roux, Rouvier, Àynard,
Pelletanet Léon Say, à l’occasion de l’article 12
de la commission accordant à un certain nombre
de Caisses d’épargne, appelées caisses d'épargne
libres, qui posséderaient une fortune personnelle,
le droit, par décret, de placer elles-mêmes, jus
qu’à concurrence de quatre fois le montant de
cette fortune, les dépôts qu’elles auront reçus au
31 décembre de l’exercice écoulé.
Cette disposition a été rejetée par la Chambre,
par 263 voix contre 254.
Les caisses d’épargne restent ainsi sous le
régime de la tutelle de l’Etat.
*
Y Y
La première délibération sur la proposition de
loi de M. Méline, tendant à l’organisation du
crédit agricole et populaire, a commencé
par un discours de M. Etcheverry.
M. Méline devait prononcer lundi un grand
discours ; mais la discussion de ce projet a été
interrompue par l’adoption, en première délibé
ration, du projet de loi concernant l’assistance
médicale gratuite, dont la Chambre décide
qu’elle passera à une deuxième délibération ; —
par l’interpellation de M. Moreau sur les agisse
ments de l’association professionnelle des
patrons du Nord et de la congrégation
de Notre Dame-de-1’Usine ; — par celles
de MM. Léopold Goiraud et Francis Laur sur la
situation de la Banque d’Algérie.
★
¥ ¥
Nous regrettons vivement que le manque de
place nous empêche de reproduire, même succin
ctement, les discours de MM. Emile Moreau,
Dron et Ricard, ministre de la justice et des
cultes, sur les agissements cléricaux du Nord.
M. Ricard a été, dans cette affaire, très net,
dans ses déclarations, d’où il résulte que le gou
vernement a donné des instructions pour :
1° Que l’association professionnelle des patrons
du Nord soit poursuivie devant le tribunal cor
rectionnel de Lille ;
2° La fermeture de la chapelle de Notre-Dame
du Hautmont, ouverte en violation des lois.
En même temps, il veillera à ce que les jésuites,
qui sont dans cette affaire, ne se reconstituent pas
en France.
La Chambre a voté par 306 voix contre 148
l’ordre du jour suivant, proposé par MM. Hubbard
et Vian et accepté par le gouvernement :
« La Chambre, approuvant les déclarations du
« gouvernement et confiante dans la fermeté avec
« laquelle il saura faire respecter les lois exis-
« tantes, passe à l’ordre du jour. »
★
¥ ¥
Le Sénat a procédé à la première délibération
du projet de loi relatif aux Sociétés de secours
mutuels.
Dans son discours, le rapporteur, M. Cuvinot,
avait déclaré que le projet s’efforçait de répondre
aux deux tendances qui se sont produites dans
le monde du mutualisme : la tendance vers la
liberté totale, d’une part, et, de l’autre, celle qui
consiste à réclamer la tutelle de l’Etat.
En tout cas, il faut en finir avec ce projet qui
est pendant depuis plus de six ans.
Le Sénat a décidé qu’il passera à la deuxième
délibération du projet de loi.
*
¥ ¥
Il n’est pas inutile, à ce propos, de faire ressor
tir combien depuis un certain temps, les questions
de l’ordre économique prennent une place de plus
en plus importante dans les travaux du Parle
ment. Les projets de loi et les interpellations sur
ce genre de sujets se succèdent et indiquent que
les véritables préoccupations sont bien de ce
côté. Rapports des patrons et des ouvriers ; pro
tection des ouvriers, assurances, caisses de re
traites, sociétés de coopérations, crédits, épargne,
banques ; on ne parle plus que de cela dans nos
Chambres et nous ne nous en plaindrons pas, car
il est temps que nos représentants s’intéressent
enfin aux choses vitales du pays.
Mais ce ne sont pas seulement les députés qui
doivent se préoccuper de ces questions qu’ils ne
peuvent d’ailleurs traiter qu’à un point de vue
purement législatif ; il importe que le public lui-
même, les électeurs, les travailleurs en général,
les étudient, pour arriver à les connaître dans
leurs détails, de façon à ce que dans la pratique
ils puissent en faire une application saine et
profitable.
Aussi ne saurions-nous trop recommander aux
Chambres syndicales — dont c’est d’ailleurs un
des rôles les plus utiles — de donner une attention
suivie à ces points de socialisme pratique et d’en
poursuivre sérieusement l’examen rationnel.
*
Y Y
Chronique électorale. — Les collèges
électoraux de : la 2 e circonscription de Beaune
( Côte - d’Or ), l’arrondissement de Montélimar
(Drôme), la 2 e circonscription de Laval (Mayen
ne), l’arrondissement de Joigny (Yonne), sont
convoqués pour le 10 juillet à l’effet dénommer
chacun un député, en remplacement de, respec
tivement ;
MM. Spuller, devenu sénateur ; Madier de
Montjau (décédé) ; de Plazanet (décédé) ; Dethon
(démissionnaire).
ITALIE
Le ministère italien vient de remporter un
succès ; par 72 voix de majorité, la Chambre des
députés lui a accordé les six douzièmes provisoires
qu’il réclamait.
Ce résultat, qui ne semblait guère prévu paraît
dû évidemment à la crainte d’une dissolution dont
on parlait sérieusement dans ces derniers temps,
pour le cas où l’entente n’arriverait pas à se
faire sur cette question des douzièmes provi
soires.
*
Y Y
Les élections en Belgique viennent d’avoir
lieu ; les nouvelles que nous en possédons jus
qu’à ce moment semblent que le succès est assuré
aux libéraux. On sait que l’on procède à l’élection
de la Chambre et du Sénat en vue de la formation
d’une Constituante chargée d’entreprendre la ré
vision de la constitution et dans laquelle les
décisions doivent être prises à la majorité des
deux tiers des voix. Or, d’après les résultats con
nus, un tiers est déjà acquis aux libéraux, ce qui
est suffisant pour empêcher une révision dans le
sens réactionnaire.
INERTIE
Les électeurs havrais sont décidément d’une
singulière composition.
Un mois à peine nous’sépare des élections can
tonales et l’on s’est occupé, à peu près, autant
qu’on le faisait en avril des élections municipales
du 1 er mai dernier. Nous avons trois conseillers
généraux et trois conseillers d’arrondissement à
réélire et nous restons pleinement et entièrement
dans le statu quo.
Cette inertie que nous avons combattue à main
tes reprises, dans les colonnes du Réveil, doit dis
paraître dans le plus bref délai. C’est le rôle de
tous ceux qui ont à cœur de voir soutenir, et dé
fendre, au besoin, la cause républicaine, d’orga
niser des réunions publiques, de faire accepter les
candidats qui se sont toujours fidèlement acquit
tés de leur mandat et éliminer, par contre, ceux
dont la conduite politique n’a pas toujours été
correcte.
C’est là un devoir qui s’impose à tous ceux qui
se disent réellement républicains.
Chacun sait maintenant de quelle triste façon
ont été préparées les élections municipales.
Il ne faut pas voir se renouveler aux élections
cantonales, ce qui s’est passé quelques jours avant
e 1 er mai. Ce qu’il faut, ce sont des conférences
ou des réunions, — le nom importe peu dans les
quelles les candidats devront donner et expliquer
leur programme, ne pas promettre plus de beurre
que de pain, et s’occuper d’une façon absolue des
intérêts de la ville et du port du Havre.
Ce sont là des questions d’une importance capi
tale, qui intéressent toute notre population.
Il nous semble aussi que les électeurs ont le
devoir de s’enquérir à quelle orientation politique
obéissent leurs représentants.
Il y a notamment la question religieuse qui
passionne aujourd’hui si justement le pays et qui
devrait provoquer de la part d’élus républicains
des déclarations un peu moins vagues que celles
qu’on a fait jusqu’à ce jour dans notre région. Le
temps des concessions est passé, grâce à la rébel
lion cléricale, et ce n’est pas avec de l’eau de rose
qu’on luttera contre l’eau bénite.
On remarquera au surplus que les représentants
des cantons paraissent peu disposés à se trouver
en contact avec les électeurs. On dirait qu’ils crai
gnent de serencontrer nez à nez avec euv. Si nous
en exceptons MM. Denis Guillot et Fauvel, con
seillers généraux des 3 e et 4 e cantons, et MM. Ni
colle et Cheuret, conseillers d’arrondissement du
même canton, qui ont, il y a quelques semaines,
rendu compte de leur mandat — ce que nous avons
relaté ici même. — Que font donc les élus des
1 er , 2 e , 5 e , et 6 e cantons ?
Serait-il indiscret de leur demander ce qu’ils
comptent faire ?
Voici, du reste, à titre de renseignement, les
noms des conseillers dont le mandat expire le
mois prochain.
Conseillers Généraux :
MM. Rispal,
Roederér,
Fauvel.
Conseillers d’arrondissement ;
MM. Faisant,
(fficnret,
Odinet.
:>■
I
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
l re Année — 30 Prairial An 100 — Pi 0 37.
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre. ;..
Départements.
UN an six MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DÛ HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames .. 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
a M OS LECTE URS
L’Administration du “ RÉVEIL ”, dési
reuse d’offrir un témoignage de sa vive
sympathie à ses abonnés, est heureuse de
leur annoncer que, par suite d’une com
binaison avec M. L. Dugardin de Paris, elle
leur offre GKATUITEMEMT un
magnifique portrait miniature peint à
l’huile.
Les bons seront délivrés directement
dans nos bureaux, 15, rue Gasimir-Périer,
sur le vu de la quittance d’abonnement.
Pour plus amples détails nous invitons
nos abonnés a se reporter à l’article ayant
comme titre: NOTltE PKIMK
LA MOI « INSTITUTEURS
Etat de l’Instruction laïque au Havre
Nous recevons la lettre suivante :
De la nef de Notre-Dame du Havre-de-Grâce ,
le 15 Juin 1892,
À Monsieur Garsault, inspecteur de
l’enseignement primaire, au Havre,
Cher Monsieur,
Voilà trois jours que nous, vos subor
donnés, instituteurs et institutrices, dits laï
ques, accompagnons et surveillons à l’Eglise
les élèves catholiques, à la veille de faire
leur première communion. Quoique apparte
nant à la paroisse Notre-Dame, nous ne
sommes pas les seuls privilégiés, car, dans
tous les quartiers, semblable chose existe ;
c’est-à-dire, comme l’affirment, avec raison,
certains républicains, que dans chaque éta
blissement, deux ou trois maîtres, bien
souvent en compagnie du directeur ou de la
directrice d'école, quittent leur classe pen
dant les trois jours de retraite , abandonnant
le reste des élèves : protestants ou non pra
tiquants, à d’autres collègues.
Vous savez tout cela, nous direz-vous,
Monsieur l’inspecteur, mais voici ce que vous
ignorez.
Nous sommes enchantés, mes collègues et
moi, de notre nouvel emploi. Après avoir
vécu dans l’impiété laïque la plus absolue
durant de longues années, la grâce nous a
touchés ! L’Esprit-Saint, convié par des
milliers de voix, est descendu de sa céleste
demeure et, par mégarde sans doute, nous a
frôlés de ses augustes ailes ! Que d’honneur
pour de vulgaires laïques ! Soudain, un souffle
divin a rallumé en nous la foi qui s’était
éteinte.... Aussi, est-ce avec l’exaltation
la plus sincère, que chacun de nous entonne :
« Adieu plaisirs ; adieu monde frivole !
« Je reviens à Jésus, sans retour ! »
Pour un peu, nous voudrions voir notre
nouveau service se prolonger, afin de pou
voir faire profiter, de l’indulgence céleste
dont nous jouissons, tous ces impies, tous
ces républicains bon teint, et vous tout le
premier, Monsieur l’inspecteur, car vous
n’ignorez pas qu’un moment vous avez cessé
déplaire au Très-Haut. Je veux parler du
moment où. vous avez paru faire quelques
efforts pour appliquer la loi républicaine de
1882 ; mais, il est vrai que depuis vous êtes
venu à résipiscence.. .
On nous apprend ici que sur terre nul
bonheur n’est parfait, tandis qu’au ciel c’est
autre chose. Le nôtre, quoique incommen
surable, n’est pas non plus sans mélange.
Dans notre enthousiasme religieux, il nous
vient un scrupule que volontiers nous allons
vous confesser :
De quel œil, cette bonne Marianne voit-
elle notre conduite, elle qui nous paie pour
être avant tout instituteurs et institutrices
laïques français et non pour faire office de
surveillants dans l’Eglise catholique, apos
tolique et romaine ; elle qui nous a donné
le mandat de propager ses doctrines de neu
tralité scolaire et à qui nous devons d’être
— en théorie du moins — des fonctionnaires
indépendants ; elle qui enfin a élaboré —
pour les mettre en pratique, sans doute - les
belles lois de 1882 et 1886, proclamant bien
haut avec la liberté de conscience des maîtres
et des élèves, dont vous paraissez vous
soucier comme de votre première élucubration
pédagogique, l’interdiction de remplir un
emploi, même gratuit, dans le service d’un
culte (art. 25, loi du 30 octobre 1886).
Que pensez-vous de notre scrupule, M.
l’Inspecteur de l’enseignement laïque et ré
publicain au Havre? Notre conscience laïque,
si 'nous l’écoutions, ferait considérer notre
conduite comme un crime de lèse-trahison à
l’égard de la République ; mais, dans ce
saint lieu, où nous exerçons un emploi illégal ,
comme surveillant ; l'Eglise nous apprend
qu’à tout péché il y a miséricorde et que
nous, pauvres subordonnés, devons faire ce
que notre chef qui, s’il ne le commande pas,
ne fait rien non plus pour empêcher. De la
sorte, c’est donc vous, pauvre Inspecteur !
qui encourez, auprès de cette magnanime
République, la responsabilité de toutes nos
fautes et' de toutes nos compromissions. Il
est vrai que, pleine de mansuétude, elle ne
vous appliquera peut-être point ses peines
terrestres. Toutefois — car il faut tout pré
voir — si un jour la République vous cherche
noise pour votre conduite, il vous restera du
moins la suprême ressource de vous réfugier
dans ces saints lieux pour entonner après
nous :
Adieu plaisirs ; adieu monde frivole-(lire laïque,
Je reviens à Jésus, sans retour !
Ainsi soit-il !...
Un laïque repenti , délégué par ses
collègues de Notre-Dame et de toutes
les paroisses du Havre-de-Grâce.
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
La Chambre a terminé la première délibé
ration sur le projet de loi relatif aux Caisses
d’épargne.
Un échange de discours très intéressants a eu
lieu entre MM. Charles Roux, Rouvier, Àynard,
Pelletanet Léon Say, à l’occasion de l’article 12
de la commission accordant à un certain nombre
de Caisses d’épargne, appelées caisses d'épargne
libres, qui posséderaient une fortune personnelle,
le droit, par décret, de placer elles-mêmes, jus
qu’à concurrence de quatre fois le montant de
cette fortune, les dépôts qu’elles auront reçus au
31 décembre de l’exercice écoulé.
Cette disposition a été rejetée par la Chambre,
par 263 voix contre 254.
Les caisses d’épargne restent ainsi sous le
régime de la tutelle de l’Etat.
*
Y Y
La première délibération sur la proposition de
loi de M. Méline, tendant à l’organisation du
crédit agricole et populaire, a commencé
par un discours de M. Etcheverry.
M. Méline devait prononcer lundi un grand
discours ; mais la discussion de ce projet a été
interrompue par l’adoption, en première délibé
ration, du projet de loi concernant l’assistance
médicale gratuite, dont la Chambre décide
qu’elle passera à une deuxième délibération ; —
par l’interpellation de M. Moreau sur les agisse
ments de l’association professionnelle des
patrons du Nord et de la congrégation
de Notre Dame-de-1’Usine ; — par celles
de MM. Léopold Goiraud et Francis Laur sur la
situation de la Banque d’Algérie.
★
¥ ¥
Nous regrettons vivement que le manque de
place nous empêche de reproduire, même succin
ctement, les discours de MM. Emile Moreau,
Dron et Ricard, ministre de la justice et des
cultes, sur les agissements cléricaux du Nord.
M. Ricard a été, dans cette affaire, très net,
dans ses déclarations, d’où il résulte que le gou
vernement a donné des instructions pour :
1° Que l’association professionnelle des patrons
du Nord soit poursuivie devant le tribunal cor
rectionnel de Lille ;
2° La fermeture de la chapelle de Notre-Dame
du Hautmont, ouverte en violation des lois.
En même temps, il veillera à ce que les jésuites,
qui sont dans cette affaire, ne se reconstituent pas
en France.
La Chambre a voté par 306 voix contre 148
l’ordre du jour suivant, proposé par MM. Hubbard
et Vian et accepté par le gouvernement :
« La Chambre, approuvant les déclarations du
« gouvernement et confiante dans la fermeté avec
« laquelle il saura faire respecter les lois exis-
« tantes, passe à l’ordre du jour. »
★
¥ ¥
Le Sénat a procédé à la première délibération
du projet de loi relatif aux Sociétés de secours
mutuels.
Dans son discours, le rapporteur, M. Cuvinot,
avait déclaré que le projet s’efforçait de répondre
aux deux tendances qui se sont produites dans
le monde du mutualisme : la tendance vers la
liberté totale, d’une part, et, de l’autre, celle qui
consiste à réclamer la tutelle de l’Etat.
En tout cas, il faut en finir avec ce projet qui
est pendant depuis plus de six ans.
Le Sénat a décidé qu’il passera à la deuxième
délibération du projet de loi.
*
¥ ¥
Il n’est pas inutile, à ce propos, de faire ressor
tir combien depuis un certain temps, les questions
de l’ordre économique prennent une place de plus
en plus importante dans les travaux du Parle
ment. Les projets de loi et les interpellations sur
ce genre de sujets se succèdent et indiquent que
les véritables préoccupations sont bien de ce
côté. Rapports des patrons et des ouvriers ; pro
tection des ouvriers, assurances, caisses de re
traites, sociétés de coopérations, crédits, épargne,
banques ; on ne parle plus que de cela dans nos
Chambres et nous ne nous en plaindrons pas, car
il est temps que nos représentants s’intéressent
enfin aux choses vitales du pays.
Mais ce ne sont pas seulement les députés qui
doivent se préoccuper de ces questions qu’ils ne
peuvent d’ailleurs traiter qu’à un point de vue
purement législatif ; il importe que le public lui-
même, les électeurs, les travailleurs en général,
les étudient, pour arriver à les connaître dans
leurs détails, de façon à ce que dans la pratique
ils puissent en faire une application saine et
profitable.
Aussi ne saurions-nous trop recommander aux
Chambres syndicales — dont c’est d’ailleurs un
des rôles les plus utiles — de donner une attention
suivie à ces points de socialisme pratique et d’en
poursuivre sérieusement l’examen rationnel.
*
Y Y
Chronique électorale. — Les collèges
électoraux de : la 2 e circonscription de Beaune
( Côte - d’Or ), l’arrondissement de Montélimar
(Drôme), la 2 e circonscription de Laval (Mayen
ne), l’arrondissement de Joigny (Yonne), sont
convoqués pour le 10 juillet à l’effet dénommer
chacun un député, en remplacement de, respec
tivement ;
MM. Spuller, devenu sénateur ; Madier de
Montjau (décédé) ; de Plazanet (décédé) ; Dethon
(démissionnaire).
ITALIE
Le ministère italien vient de remporter un
succès ; par 72 voix de majorité, la Chambre des
députés lui a accordé les six douzièmes provisoires
qu’il réclamait.
Ce résultat, qui ne semblait guère prévu paraît
dû évidemment à la crainte d’une dissolution dont
on parlait sérieusement dans ces derniers temps,
pour le cas où l’entente n’arriverait pas à se
faire sur cette question des douzièmes provi
soires.
*
Y Y
Les élections en Belgique viennent d’avoir
lieu ; les nouvelles que nous en possédons jus
qu’à ce moment semblent que le succès est assuré
aux libéraux. On sait que l’on procède à l’élection
de la Chambre et du Sénat en vue de la formation
d’une Constituante chargée d’entreprendre la ré
vision de la constitution et dans laquelle les
décisions doivent être prises à la majorité des
deux tiers des voix. Or, d’après les résultats con
nus, un tiers est déjà acquis aux libéraux, ce qui
est suffisant pour empêcher une révision dans le
sens réactionnaire.
INERTIE
Les électeurs havrais sont décidément d’une
singulière composition.
Un mois à peine nous’sépare des élections can
tonales et l’on s’est occupé, à peu près, autant
qu’on le faisait en avril des élections municipales
du 1 er mai dernier. Nous avons trois conseillers
généraux et trois conseillers d’arrondissement à
réélire et nous restons pleinement et entièrement
dans le statu quo.
Cette inertie que nous avons combattue à main
tes reprises, dans les colonnes du Réveil, doit dis
paraître dans le plus bref délai. C’est le rôle de
tous ceux qui ont à cœur de voir soutenir, et dé
fendre, au besoin, la cause républicaine, d’orga
niser des réunions publiques, de faire accepter les
candidats qui se sont toujours fidèlement acquit
tés de leur mandat et éliminer, par contre, ceux
dont la conduite politique n’a pas toujours été
correcte.
C’est là un devoir qui s’impose à tous ceux qui
se disent réellement républicains.
Chacun sait maintenant de quelle triste façon
ont été préparées les élections municipales.
Il ne faut pas voir se renouveler aux élections
cantonales, ce qui s’est passé quelques jours avant
e 1 er mai. Ce qu’il faut, ce sont des conférences
ou des réunions, — le nom importe peu dans les
quelles les candidats devront donner et expliquer
leur programme, ne pas promettre plus de beurre
que de pain, et s’occuper d’une façon absolue des
intérêts de la ville et du port du Havre.
Ce sont là des questions d’une importance capi
tale, qui intéressent toute notre population.
Il nous semble aussi que les électeurs ont le
devoir de s’enquérir à quelle orientation politique
obéissent leurs représentants.
Il y a notamment la question religieuse qui
passionne aujourd’hui si justement le pays et qui
devrait provoquer de la part d’élus républicains
des déclarations un peu moins vagues que celles
qu’on a fait jusqu’à ce jour dans notre région. Le
temps des concessions est passé, grâce à la rébel
lion cléricale, et ce n’est pas avec de l’eau de rose
qu’on luttera contre l’eau bénite.
On remarquera au surplus que les représentants
des cantons paraissent peu disposés à se trouver
en contact avec les électeurs. On dirait qu’ils crai
gnent de serencontrer nez à nez avec euv. Si nous
en exceptons MM. Denis Guillot et Fauvel, con
seillers généraux des 3 e et 4 e cantons, et MM. Ni
colle et Cheuret, conseillers d’arrondissement du
même canton, qui ont, il y a quelques semaines,
rendu compte de leur mandat — ce que nous avons
relaté ici même. — Que font donc les élus des
1 er , 2 e , 5 e , et 6 e cantons ?
Serait-il indiscret de leur demander ce qu’ils
comptent faire ?
Voici, du reste, à titre de renseignement, les
noms des conseillers dont le mandat expire le
mois prochain.
Conseillers Généraux :
MM. Rispal,
Roederér,
Fauvel.
Conseillers d’arrondissement ;
MM. Faisant,
(fficnret,
Odinet.
:>■
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