Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-06-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 juin 1892 04 juin 1892
Description : 1892/06/04 (N35). 1892/06/04 (N35).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263236z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
i re Aimée — N° 3S — Samedi k Juin 1892.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 16 Prairial An 100 — Pi 0 35.
Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
T,IX DES ABONNEMENTS :
Le Havre..
Départements.
UN an six MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
LA CAISSE NOIRE
Les œuvres nouvelles des cléricaux
Ce serait bien mal connaître les cléricaux
que de les croire résignés à la laïcisation qui
leur a été imposée par le dernier conseil mu
nicipal, grâce aux efforts d’un groupe de
républicains énergiques et peu disposés à
pactiser avec la réaction.
L’intervention des partisans du trône et de
l’autel dans les dernières élections munici
pales, où ils ont accordé 2,000 voix à certains
candidats patronnés par le Courrier , montrait
assez que, dans ce parti, on ne désarme pas,
et qu’on emploie tous les moyens tantôt pour
renverser, tantôt pour enchaîner l’adversaire.
La réaction donne ainsi un bel exemple de
persévérance politique que nous nous permet
tons de recommander à plus d’un républi
cain.
L’action cléricale se poursuit avec une
discipline parfaite. Les gens bien pensants,
que la laïcisation a exaspérés, et dont elle a
supprimé l’un des moyens d’action, se grou
pent,. s’organisent, pour continuer la lutte
sous une autre forme. Ce qu’ils ont fait pour
l’enseignement, ils veulent le refaire pour
l’assistance publique.
Mais il faut bien convenir que, en cette
matière, la campagne des cléricaux reprend
d’une façon bien singulière.
Lorsque votre charité est sollicitée, vous
savez d’ordinaire, non-seulement à qui vous
donnez, mais à quoi servira votre aumône.
Vous agissez en connaissance de cause, ainsi
qu’il convient à un être raisonnable.
Les cléricaux ont, paraît-il, une idée toute
différente de l’intelligence du public. Voyez
en effet ce qui se passe au Havre depuis quel
ques semaines sous l’œil bienveillant des au
torités. Des religieuses se présentent à domi
cile, généralement accompagnées, et sollici
tent des souscriptions. Si vous avez l’indiscré
tion de leur demander quel sera l’emploi de
ces fonds, elles vous répondent : « C’est pour
nos nouvelles œu vres ! » Ne poussez pas plus
loin vos questions, ces dames vous feraient
comprendre que le Ciel n’aime pas les gens
curieux.
Nous admirons, pour notre part, l’épaisse
confiance dont sont doués les naïfs qui, se
contentant de cette explication, vident leur
bourse dans l’escarcelle congréganiste.
Quand on sait quel emploi les œuvres clé
ricales ont fait de leur argent dans lé cours
de ces dernières années ; — quand on a vu
la caisse noire subventionner les fomentateurs
de guerre civile et alimenter la plus violente
campagne qui ait jamais été faite contre la
République ; — on devrait être édifié sur ce
qu’il faut entendre par les œuvres cléricales.
Nos nouvelles œuvres, cela veut dire, en bon
français, dans la bouche des cléricaux : —
« Puisque l’administration a la sottise de nous
laisser faire notre besogne de démolition,
nous allons continuer de saper les institutions
démocratiques. Nous avons déjà édifié des
écoles où nous nous efforçons d’abêtir l'esprit
des enfants par des dogmes à la fois incom
préhensibles et grotesques, où le peu de science
qu’on y tolère est enchaîné à la religion. Nous
édifierons des maisons de secours, des crèches,
où l’on verra la continuation de ce qui se
passait dans l’ancien Bureau de bienfaisance :
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEE, 15
LE RÉ VE IL DU II A VRE paraît le Samedi
des faméliques agenouillés au commandement,
à l’heure de la soupe, pour dire leur bénédicité.
Nous imposerons le baptême, la confession.
Sinon, pas de pain. Nous monterons dans la
mansarde, nous explorerons le taudis, et, si
un pauvre nous implore, nous lui montrerons
ce moyen de salut : l’acceptation pour lui et
les siens de notre joug, de nos principes et de
nos hommes. Et nous continuerons d’attaquer
la République qui veut se passer de nous.
Nous poursuivrons contre elle la guerre, en
ayant aux lèvres le mot de Charité »
Voilà ce que pourraient dire les propa
gandistes des nouvelles œuvres. Mais ils
évitent de le faire, sachant bien qu’un tel
aveu provoquerait l’indignation de ceux à qui
la Religion n’a pas enlevé tout esprit de
justice, et qui refuseraient leur argent à des
œuvres de combat.
En présence de cette organisation nouvelle
du parti clérical, le devoir des républicains
havrais est tout tracé. Qu’ils fassent de larges
réformes dans l’assistance publique, qu’ils
secondent de tous leurs efforts l’œuvre entre
prise par la nouvelle Commission adminis
trative du Bureau de Bienfaisance, et qu’ils
montrent au peuple que le Droit à l’Assistance
et la Charité sont deux principe^ inconci
liables.
Qu’ils entrent dans la voie du vrai socia
lisme, et non pas de ce socialisme bénin,
véritable berquinade, qui s’attarde à vouloir
faire acheter par l’ouvrier une maison qui ne
lui servira de rien lorsqu’il l’aura payée, —
mais de cet ensemble de réformes qui permet
tront à l’homme, définitivement affranchi des
dogmes et de la misère, de vivre sans rien
sacrifier de sa liberté ni de sa dignité. Ce
programme est assez grand pour tenter les
hommes de cœur.
Un mot en terminant : comment expliquer
l’attitude de l’Administration municipale en
face des menées cléricales ? Etant donné que
les quêtes à domicile doivent être autorisées
par le Maire, serait-il indiscret .de demander
àM. Brindeau ce qu’il entend faire? Qu’at
tend-il pour agir dans la limite de ses attri
butions ?
Qu’on sache, une bonne fois, s’il est à
gauche avec les républicains, ou à droite avec
les cléricaux.
Nous ne sommes malheureusement pas
arri vés à cet âge d’or de la politique où, les
dissensions étant apaisées, il sera permis à un
maire de tout envisager avec sérénité.
Ce temps idéal est, hélas ! encore bien loin
de nous, et ce n’est pas en ménageant l’obscu
rantisme qu’on y parviendra.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La Chambre a continué la discussion de la
loi sur les Caisses d’Epargne. Elle a adopté
l’amendement présenté par M. Siegfried et plu
sieurs de ses collègues, d’après lequel, — suppri
mant le mot « négociables » du projet, la Caisse
des Dépôts et consignations pourra employer les
fonds que les Caisses d’épargne seront tenues de
lui verser, « 2° en obligations des Départements,
des Communes, des Chambres de commerce, en
obligations foncières et communales du Crédit
foncier.
Ce vote a causé une grande émotion dans le
monde parlementaire et financier.
Du coup,,M. Siegfried va se croire passé grand
homme! Et cependant, il faut bien avouer que
dans toute cette discussion, son rôle a été bien
peu important. Les principaux arguments, les
raisons décisives qui ont amené la Chambre à
voter son amendement, avaient été développés
amplement et brillamment par MM. Hubbard et
Pelletan; M. Siegfried est resté.bien modeste,
osant à peine élever la voix ! Malgré cela, il est
devenu le qualificatif d’un amendement !
Il y aurait bien des choses à dire sur l’ensemble
de cette discussion. Tout d’abord, il est certain
que les Caisses d’épargne devraient pouvoir placer,
sous certaines conditions, les fonds qu’elles ont
disponibles, sans être forcées de se servir de la
Caisse des Dépôts et consignations. Mais ce prin
cipe n’a pas été admis.
Il serait, de plus, étrange que la Caisse des
Dépôts et consignations ne pût pas prêter directe
ment aux Départements et aux Communes ; c’est
ce que les députés ont pensé, et c’est pourquoi ils
ont voté l'amendement qui porte le nom du repré
sentant du Havre.
Le Crédit foncier recevait ainsi un coup droit,
qui a fait un instant donner sa démission à son
gouverneur, M. Christophle qui, d’ailleurs, l’a
retirée. Il est certain que cet établissement possède
une espèce de monopole dont la puissance peut
avoir des conséquences contre lesquelles il convient
d’être prudent. Tout ce qui se fait d’ailleurs pour
diminuer l’omnipotence de toutes ces institutions
financières en général, doit être approuvé.
Il faut, toutefois, considérer la situation sous
tous ses côtés et, sans entrer dans le vif de la
question, nous apercevons immédiatement deux
points qui ne sont pas sans danger. Il nous semble
d’abord qu’en facilitant la concurrence à l’égard
du Crédit foncier, l’on arrive à la dépréciation
forcée des titres de cet établissement. Or, comme
un nombre considérable de familles, en France,
possèdent de ces titres dans lesquels se trouve
placée, en somme, une portion notable de l’épar
gne quasi-populaire, on comprend la perte qui
peut en résulter sur ces valeurs.
Ensuite, si les communes peuvent trouver au
près de la Caisse de Dépôts et consignations, de
l’argent à meilleur compte qu’au Crédit foncier,
on voit d’ici tous les Rispal de France, hommes
aux dépenses faciles, s’embarquer dans les con
ceptions les plus coûteuses, obérant les contribua
bles à tort et à travers. Réfléchissez un peu à ce
que deviendraient les finances d’un pays qui pos
séderait de trop grandes facilités d’emprunt !
Cela tournerait bientôt au gaspillage.
Quoi qu’il en soit, ces questions offrent la plus
haute gravité et il faut savoir les examiner et les
résoudre avec une prudence extrême, non sans
agir avec hardiesse, partout où la situation le
permet.
Le Sénat a adopté le projet de loi dont M. Dide
était rapporteur, déclarant fête nationale, le 22
Septembre, centenaire de la proclamation de la
République.
La fête du 10 Août. — Le Conseil municipal
de Paris aura à statuer sur les conclusions sui
vantes du rapport présenté par M. Lucipia sur la
commémoration, du centenaire du 10 Août 1792,
que nous espérons qu’il adoptera :
« Le centenaire de la Marseillaise a été fêté par
les républicains de Choisi-le-Roi, dit à la fin de
son rapport M. Lucipia. Une loi vient de décider
que, le 22 septembre, on fêterait à la fois la vic
toire de Valrny, la proclamation de la République
et l’annexion de la Savoie.
« C’est bien.
« Il reste à fêter le 10 Août.
« Au Conseil municipal de Paris, il appartenait
de célébrer la victoire du peuple, la victoire des
inconnus, des misérables, de ceux qui tiennent le
plus à la patrie parce qu’ils n’ont pas d’autre bien,
et qui ont sauvé la patrie en renversantlaroyauté. »
Voici le texte du projet de délibération accepté
par la commission :
Le Conseil,
Considérant que, le 10 Août 1792, le peuple, renversant
lp monarchie, a sauvé la patrie,
Délibère :
Article premier. — Il y a heu de célébrer le centenaire
delà journée du 10 Août 1792.
Art. 2. — Un crédit de 200,000 francs est ouvert pour
les frais de cette fête populaire.
P1UX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Nécrologie. — Madier de Montjau vient de
mourir. Il était né le 1 er août 1814, à Nîmes.
Son aïeul, Noël-Joseph, fut député du Tiers aux
Etats généraux de 1789, où il siégeait à droite.
Son fils, — le père du défunt, — se rallia eu
1830, à la monarchie de juillet, et siégea au centre
dans la Chambre.
Alfred Madier de Montfau, son fils, adhéra en
1848 à la République. Il entra à l’Assemblée en
1849 comme représentant de Saône-et-Loire, et
vota toujours avec la Montagne.
Au 2 Décembre, il fit le coup de feu et fut blessé
le 4 décembre sur une barricade du faubourg
St-Antoine. Banni par Bonaparte, il se réfugia en
Belgique et resta un adversaire irréconciliable do
l’Empire.
Le département de la Drôme l’envoya à l’Assem
blée en 1874. Depuis, il a pris part à tous les tra
vaux parlementaires avec une conviction nettement
républicaine. Il a occupé jusqu’il y a trois ans, les
fonctions de questeur de la Chambre.
A
¥ *
On annonce également la mort du colonel baron
de Plazanet , député réactionnaire de la deuxième
circonscription de Laval.
ITALIE
La déclaration du cabinet Giolitti a reçu un
fort mauvais accueil du Parlement italien. Elle se
composait d’ailleurs d’un tissu de lieux communs
et ne présentait au pays qu’une série d'expédients,
dont il était difficile aux Chambres de se contenter.
Il y a donc eu du bruit. En définitive, ce qu’il
faut à l’Italie, ce ne sont pas des changements de
ministres, mais un système énergique d’économies
sérieuses.
Le ministère a offert sa démission ; puis, il l’a
retirée. Tout cela pourrait bien mener à une dis
solution prochaine de la Chambre.
Le MOIS de JEANNE D’ARC
(Voir le Réveil du Havre du 14 et 21 mai)
26 mai 1629. — Le duc d’Alençon est mis à la
tête de l’armée qui, sous l’inspiration de Jeanne,
va faire la campagne de la Loire, marquée en huit
jours par les triomphes de Jargeau, de Meung, de
Beaugency, et la victoire décisive de Patay.
Jeanne rassure la duchesse d’Alençon et promet
de ramener son mari sain et sauf. — La déposition
duduc d’Alençon, faiteenmai 1456, témoigne com
ment Jeanne sut tenir parole et sauva le duc de la
mort.
26 mai 1630. — Le vicaire général de l’Inquisi
tion requiert le duc de Bourgogne d’avoir à livrer
la prisonnière pour qu’il lui soit fait un procès
d’hérésie.
*
* *
21 mai 1631. — Jeanne, à qui le vicaire inqui
siteur a fait revêtir des habits de femme, reprend
les habits d’hommes perfidement laissés à sa por
tée, pour protéger sa virginité, reconnue par les
Anglais eux-mêmes.
*
¥ ¥
28 mai 1631. — Les juges de Jeanne s’étant ren
dus dans sa prison, lui demandent pourquoi elle a
repris l’habit d’homme et pourquoi elle donne
créance à ses voix après avoir abjuré. Elle rétracte
avec force son abjuration, finit par dire qu’elle con
sentira à reprendre les vêtements de femme, mais
déclare préférer la mort au reniement de ses voix.
Les juges décident qu’il n’y a plus qu'à procéder
comme de droit.
A
¥ *
29 mai 1631. — Les juges et quarante deux
assesseurs délibèrent sur le cas de Jeanne relapse.
L’avis unanime est qu’il faut la livrer au bras sécu
lier pour être brûlée.
A
¥ N-
29 mai 1656. — Le chevalier d’Aulon, ancien
écuyer de Jeanne, dépose de ce qu’il sait sur
elle.
★
■¥■ ¥
30 mai 1631. — Jeanne est brûlée.
A
N- ¥
31 mai 1631. — Les juges de Jeanne machinent,
pour se justifier, des calomnies posthumes contre
leur victime.
A
¥ N-
Nous avons reproduit les éphémérides du mois
de Jeanne d’Arc, telles que M. Joseph Fabre les a
publiées dans Le Temps.
L’auteur, dans ce journal, a fait suivre chacune
d’elles d’un développement des plus intéressants,
écrit dans un style simple, charmant et touchant à
la fois et que nous regrettons de n’avoir pu publier
également.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 16 Prairial An 100 — Pi 0 35.
Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
T,IX DES ABONNEMENTS :
Le Havre..
Départements.
UN an six MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
LA CAISSE NOIRE
Les œuvres nouvelles des cléricaux
Ce serait bien mal connaître les cléricaux
que de les croire résignés à la laïcisation qui
leur a été imposée par le dernier conseil mu
nicipal, grâce aux efforts d’un groupe de
républicains énergiques et peu disposés à
pactiser avec la réaction.
L’intervention des partisans du trône et de
l’autel dans les dernières élections munici
pales, où ils ont accordé 2,000 voix à certains
candidats patronnés par le Courrier , montrait
assez que, dans ce parti, on ne désarme pas,
et qu’on emploie tous les moyens tantôt pour
renverser, tantôt pour enchaîner l’adversaire.
La réaction donne ainsi un bel exemple de
persévérance politique que nous nous permet
tons de recommander à plus d’un républi
cain.
L’action cléricale se poursuit avec une
discipline parfaite. Les gens bien pensants,
que la laïcisation a exaspérés, et dont elle a
supprimé l’un des moyens d’action, se grou
pent,. s’organisent, pour continuer la lutte
sous une autre forme. Ce qu’ils ont fait pour
l’enseignement, ils veulent le refaire pour
l’assistance publique.
Mais il faut bien convenir que, en cette
matière, la campagne des cléricaux reprend
d’une façon bien singulière.
Lorsque votre charité est sollicitée, vous
savez d’ordinaire, non-seulement à qui vous
donnez, mais à quoi servira votre aumône.
Vous agissez en connaissance de cause, ainsi
qu’il convient à un être raisonnable.
Les cléricaux ont, paraît-il, une idée toute
différente de l’intelligence du public. Voyez
en effet ce qui se passe au Havre depuis quel
ques semaines sous l’œil bienveillant des au
torités. Des religieuses se présentent à domi
cile, généralement accompagnées, et sollici
tent des souscriptions. Si vous avez l’indiscré
tion de leur demander quel sera l’emploi de
ces fonds, elles vous répondent : « C’est pour
nos nouvelles œu vres ! » Ne poussez pas plus
loin vos questions, ces dames vous feraient
comprendre que le Ciel n’aime pas les gens
curieux.
Nous admirons, pour notre part, l’épaisse
confiance dont sont doués les naïfs qui, se
contentant de cette explication, vident leur
bourse dans l’escarcelle congréganiste.
Quand on sait quel emploi les œuvres clé
ricales ont fait de leur argent dans lé cours
de ces dernières années ; — quand on a vu
la caisse noire subventionner les fomentateurs
de guerre civile et alimenter la plus violente
campagne qui ait jamais été faite contre la
République ; — on devrait être édifié sur ce
qu’il faut entendre par les œuvres cléricales.
Nos nouvelles œuvres, cela veut dire, en bon
français, dans la bouche des cléricaux : —
« Puisque l’administration a la sottise de nous
laisser faire notre besogne de démolition,
nous allons continuer de saper les institutions
démocratiques. Nous avons déjà édifié des
écoles où nous nous efforçons d’abêtir l'esprit
des enfants par des dogmes à la fois incom
préhensibles et grotesques, où le peu de science
qu’on y tolère est enchaîné à la religion. Nous
édifierons des maisons de secours, des crèches,
où l’on verra la continuation de ce qui se
passait dans l’ancien Bureau de bienfaisance :
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEE, 15
LE RÉ VE IL DU II A VRE paraît le Samedi
des faméliques agenouillés au commandement,
à l’heure de la soupe, pour dire leur bénédicité.
Nous imposerons le baptême, la confession.
Sinon, pas de pain. Nous monterons dans la
mansarde, nous explorerons le taudis, et, si
un pauvre nous implore, nous lui montrerons
ce moyen de salut : l’acceptation pour lui et
les siens de notre joug, de nos principes et de
nos hommes. Et nous continuerons d’attaquer
la République qui veut se passer de nous.
Nous poursuivrons contre elle la guerre, en
ayant aux lèvres le mot de Charité »
Voilà ce que pourraient dire les propa
gandistes des nouvelles œuvres. Mais ils
évitent de le faire, sachant bien qu’un tel
aveu provoquerait l’indignation de ceux à qui
la Religion n’a pas enlevé tout esprit de
justice, et qui refuseraient leur argent à des
œuvres de combat.
En présence de cette organisation nouvelle
du parti clérical, le devoir des républicains
havrais est tout tracé. Qu’ils fassent de larges
réformes dans l’assistance publique, qu’ils
secondent de tous leurs efforts l’œuvre entre
prise par la nouvelle Commission adminis
trative du Bureau de Bienfaisance, et qu’ils
montrent au peuple que le Droit à l’Assistance
et la Charité sont deux principe^ inconci
liables.
Qu’ils entrent dans la voie du vrai socia
lisme, et non pas de ce socialisme bénin,
véritable berquinade, qui s’attarde à vouloir
faire acheter par l’ouvrier une maison qui ne
lui servira de rien lorsqu’il l’aura payée, —
mais de cet ensemble de réformes qui permet
tront à l’homme, définitivement affranchi des
dogmes et de la misère, de vivre sans rien
sacrifier de sa liberté ni de sa dignité. Ce
programme est assez grand pour tenter les
hommes de cœur.
Un mot en terminant : comment expliquer
l’attitude de l’Administration municipale en
face des menées cléricales ? Etant donné que
les quêtes à domicile doivent être autorisées
par le Maire, serait-il indiscret .de demander
àM. Brindeau ce qu’il entend faire? Qu’at
tend-il pour agir dans la limite de ses attri
butions ?
Qu’on sache, une bonne fois, s’il est à
gauche avec les républicains, ou à droite avec
les cléricaux.
Nous ne sommes malheureusement pas
arri vés à cet âge d’or de la politique où, les
dissensions étant apaisées, il sera permis à un
maire de tout envisager avec sérénité.
Ce temps idéal est, hélas ! encore bien loin
de nous, et ce n’est pas en ménageant l’obscu
rantisme qu’on y parviendra.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
La Chambre a continué la discussion de la
loi sur les Caisses d’Epargne. Elle a adopté
l’amendement présenté par M. Siegfried et plu
sieurs de ses collègues, d’après lequel, — suppri
mant le mot « négociables » du projet, la Caisse
des Dépôts et consignations pourra employer les
fonds que les Caisses d’épargne seront tenues de
lui verser, « 2° en obligations des Départements,
des Communes, des Chambres de commerce, en
obligations foncières et communales du Crédit
foncier.
Ce vote a causé une grande émotion dans le
monde parlementaire et financier.
Du coup,,M. Siegfried va se croire passé grand
homme! Et cependant, il faut bien avouer que
dans toute cette discussion, son rôle a été bien
peu important. Les principaux arguments, les
raisons décisives qui ont amené la Chambre à
voter son amendement, avaient été développés
amplement et brillamment par MM. Hubbard et
Pelletan; M. Siegfried est resté.bien modeste,
osant à peine élever la voix ! Malgré cela, il est
devenu le qualificatif d’un amendement !
Il y aurait bien des choses à dire sur l’ensemble
de cette discussion. Tout d’abord, il est certain
que les Caisses d’épargne devraient pouvoir placer,
sous certaines conditions, les fonds qu’elles ont
disponibles, sans être forcées de se servir de la
Caisse des Dépôts et consignations. Mais ce prin
cipe n’a pas été admis.
Il serait, de plus, étrange que la Caisse des
Dépôts et consignations ne pût pas prêter directe
ment aux Départements et aux Communes ; c’est
ce que les députés ont pensé, et c’est pourquoi ils
ont voté l'amendement qui porte le nom du repré
sentant du Havre.
Le Crédit foncier recevait ainsi un coup droit,
qui a fait un instant donner sa démission à son
gouverneur, M. Christophle qui, d’ailleurs, l’a
retirée. Il est certain que cet établissement possède
une espèce de monopole dont la puissance peut
avoir des conséquences contre lesquelles il convient
d’être prudent. Tout ce qui se fait d’ailleurs pour
diminuer l’omnipotence de toutes ces institutions
financières en général, doit être approuvé.
Il faut, toutefois, considérer la situation sous
tous ses côtés et, sans entrer dans le vif de la
question, nous apercevons immédiatement deux
points qui ne sont pas sans danger. Il nous semble
d’abord qu’en facilitant la concurrence à l’égard
du Crédit foncier, l’on arrive à la dépréciation
forcée des titres de cet établissement. Or, comme
un nombre considérable de familles, en France,
possèdent de ces titres dans lesquels se trouve
placée, en somme, une portion notable de l’épar
gne quasi-populaire, on comprend la perte qui
peut en résulter sur ces valeurs.
Ensuite, si les communes peuvent trouver au
près de la Caisse de Dépôts et consignations, de
l’argent à meilleur compte qu’au Crédit foncier,
on voit d’ici tous les Rispal de France, hommes
aux dépenses faciles, s’embarquer dans les con
ceptions les plus coûteuses, obérant les contribua
bles à tort et à travers. Réfléchissez un peu à ce
que deviendraient les finances d’un pays qui pos
séderait de trop grandes facilités d’emprunt !
Cela tournerait bientôt au gaspillage.
Quoi qu’il en soit, ces questions offrent la plus
haute gravité et il faut savoir les examiner et les
résoudre avec une prudence extrême, non sans
agir avec hardiesse, partout où la situation le
permet.
Le Sénat a adopté le projet de loi dont M. Dide
était rapporteur, déclarant fête nationale, le 22
Septembre, centenaire de la proclamation de la
République.
La fête du 10 Août. — Le Conseil municipal
de Paris aura à statuer sur les conclusions sui
vantes du rapport présenté par M. Lucipia sur la
commémoration, du centenaire du 10 Août 1792,
que nous espérons qu’il adoptera :
« Le centenaire de la Marseillaise a été fêté par
les républicains de Choisi-le-Roi, dit à la fin de
son rapport M. Lucipia. Une loi vient de décider
que, le 22 septembre, on fêterait à la fois la vic
toire de Valrny, la proclamation de la République
et l’annexion de la Savoie.
« C’est bien.
« Il reste à fêter le 10 Août.
« Au Conseil municipal de Paris, il appartenait
de célébrer la victoire du peuple, la victoire des
inconnus, des misérables, de ceux qui tiennent le
plus à la patrie parce qu’ils n’ont pas d’autre bien,
et qui ont sauvé la patrie en renversantlaroyauté. »
Voici le texte du projet de délibération accepté
par la commission :
Le Conseil,
Considérant que, le 10 Août 1792, le peuple, renversant
lp monarchie, a sauvé la patrie,
Délibère :
Article premier. — Il y a heu de célébrer le centenaire
delà journée du 10 Août 1792.
Art. 2. — Un crédit de 200,000 francs est ouvert pour
les frais de cette fête populaire.
P1UX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Nécrologie. — Madier de Montjau vient de
mourir. Il était né le 1 er août 1814, à Nîmes.
Son aïeul, Noël-Joseph, fut député du Tiers aux
Etats généraux de 1789, où il siégeait à droite.
Son fils, — le père du défunt, — se rallia eu
1830, à la monarchie de juillet, et siégea au centre
dans la Chambre.
Alfred Madier de Montfau, son fils, adhéra en
1848 à la République. Il entra à l’Assemblée en
1849 comme représentant de Saône-et-Loire, et
vota toujours avec la Montagne.
Au 2 Décembre, il fit le coup de feu et fut blessé
le 4 décembre sur une barricade du faubourg
St-Antoine. Banni par Bonaparte, il se réfugia en
Belgique et resta un adversaire irréconciliable do
l’Empire.
Le département de la Drôme l’envoya à l’Assem
blée en 1874. Depuis, il a pris part à tous les tra
vaux parlementaires avec une conviction nettement
républicaine. Il a occupé jusqu’il y a trois ans, les
fonctions de questeur de la Chambre.
A
¥ *
On annonce également la mort du colonel baron
de Plazanet , député réactionnaire de la deuxième
circonscription de Laval.
ITALIE
La déclaration du cabinet Giolitti a reçu un
fort mauvais accueil du Parlement italien. Elle se
composait d’ailleurs d’un tissu de lieux communs
et ne présentait au pays qu’une série d'expédients,
dont il était difficile aux Chambres de se contenter.
Il y a donc eu du bruit. En définitive, ce qu’il
faut à l’Italie, ce ne sont pas des changements de
ministres, mais un système énergique d’économies
sérieuses.
Le ministère a offert sa démission ; puis, il l’a
retirée. Tout cela pourrait bien mener à une dis
solution prochaine de la Chambre.
Le MOIS de JEANNE D’ARC
(Voir le Réveil du Havre du 14 et 21 mai)
26 mai 1629. — Le duc d’Alençon est mis à la
tête de l’armée qui, sous l’inspiration de Jeanne,
va faire la campagne de la Loire, marquée en huit
jours par les triomphes de Jargeau, de Meung, de
Beaugency, et la victoire décisive de Patay.
Jeanne rassure la duchesse d’Alençon et promet
de ramener son mari sain et sauf. — La déposition
duduc d’Alençon, faiteenmai 1456, témoigne com
ment Jeanne sut tenir parole et sauva le duc de la
mort.
26 mai 1630. — Le vicaire général de l’Inquisi
tion requiert le duc de Bourgogne d’avoir à livrer
la prisonnière pour qu’il lui soit fait un procès
d’hérésie.
*
* *
21 mai 1631. — Jeanne, à qui le vicaire inqui
siteur a fait revêtir des habits de femme, reprend
les habits d’hommes perfidement laissés à sa por
tée, pour protéger sa virginité, reconnue par les
Anglais eux-mêmes.
*
¥ ¥
28 mai 1631. — Les juges de Jeanne s’étant ren
dus dans sa prison, lui demandent pourquoi elle a
repris l’habit d’homme et pourquoi elle donne
créance à ses voix après avoir abjuré. Elle rétracte
avec force son abjuration, finit par dire qu’elle con
sentira à reprendre les vêtements de femme, mais
déclare préférer la mort au reniement de ses voix.
Les juges décident qu’il n’y a plus qu'à procéder
comme de droit.
A
¥ *
29 mai 1631. — Les juges et quarante deux
assesseurs délibèrent sur le cas de Jeanne relapse.
L’avis unanime est qu’il faut la livrer au bras sécu
lier pour être brûlée.
A
¥ N-
29 mai 1656. — Le chevalier d’Aulon, ancien
écuyer de Jeanne, dépose de ce qu’il sait sur
elle.
★
■¥■ ¥
30 mai 1631. — Jeanne est brûlée.
A
N- ¥
31 mai 1631. — Les juges de Jeanne machinent,
pour se justifier, des calomnies posthumes contre
leur victime.
A
¥ N-
Nous avons reproduit les éphémérides du mois
de Jeanne d’Arc, telles que M. Joseph Fabre les a
publiées dans Le Temps.
L’auteur, dans ce journal, a fait suivre chacune
d’elles d’un développement des plus intéressants,
écrit dans un style simple, charmant et touchant à
la fois et que nous regrettons de n’avoir pu publier
également.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89.09%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 89.09%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263236z/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263236z/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263236z/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263236z
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263236z
Facebook
Twitter