Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-05-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 mai 1892 28 mai 1892
Description : 1892/05/28 (N34). 1892/05/28 (N34).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263235j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Année — Pi 0 84 — Samedi 28 Mai 1892
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 9 Prairial An 100 — N° 84.
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15.
LE RÉ VE IL DIJ LIA VUE paraît le Samedi
■jwiwünafWitmiMWWL
l'MX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fi\ 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
CONSEIL MUNICIPAL
DU HAVRE
Séance du 23 Mai 1892
La première séance du nouveau Conseil n’a pré
senté qu’un assez médiocre intérêt. Elle a été
surtout remplie par l’accomplissement de diverses
formalités indispensables au fonctionnement du
Conseil : nomination de commissions et de délé
gations, renvois de questions anciennes aux com
missions compétentes.
Seule, la nomination de la commission des
finances a donné lieiffà un vote secret. Nous n’éton
nerons personne en disant qu’il y avait eu dans
la coulisse, l’avant-veille, un vote préparatoire
dont le scrutin de lundi n’a été qu’une réédition.
Il y a là un procédé dont il ne faudrait pas abuser,
surtout après l’expérience assez triste qui a eu lieu
pour le choix de l’administration. L’entente est
une bonne chose, sans doute, mais il ne faut pas
que nos conseillers, sous prétexte de scrutin pré
paratoire, s’exposent au reproche de recevoir le
mot d’ordre de deux ou trois personnalités. Que
le Conseil reste indépendant s’il veut faire de
bonne besogne.
A noter encore la retraite de M. Rispal de la
commission administrative du Bureau de Bien
faisance. M. Rispal aurait-il compris enfin qu’il
est temps de renoncer à l’impossible défense des
congréganistes ? Dans ce cas, nous le féliciterons
d’avoir cédé sa idace à M. Rricka qui, nous en
sommes convaincus, apportera sans prévention
son concours à l’œuvre entreprise par MM. Nicolle,
Landrieu, Flamant, Cherfils et Prud’homme.
L’Assistance publique, par son importance, mérite
en effet la plus sérieuse attention et, grâce au
gâchis dans lequel le personnel congréganiste s’est
complu pendant tant d’années, il y a encore beau-
à faire.
Le point le plus important à retenir de la séance
de lundi dernier est, sans contredit, la déclaration
bien inattendue faite par M. le Maire, relativement
à .la conversion des emprunts. On était, on s’en
souvient, en négociations avec le Crédit Foncier,
et il ne s’agissait plus que de savoir si la ville du
Havre obtiendrait la modification de la clause du
projet, interdisant le remboursement pendant une
période de dix années. Or, on nous apprend que
tout est à vau-l’eau.
— Mais que va devenir le budget de 1892 ? font
observer quelques membres sur cetté déclaration
de M. le Maire.
— Il est approuvé par le gouvernement, répond
M. le Maire.
Seulement, il est bon d’ajouter que le budget
étant établi avec la nouvelle annuité d’emprunt et
les ressources spéciales qui y font face, l’échec de
la conversion remet en question le budget tout
entier.
Nous voilà donc sans budget pour 1892.
Ce résultat peu brillant prouve, en passant, que
les membres du Conseil qu’on accusait d’opposi
tion systématique, parce qu’ils faisaient des objec
tions à la conversion, voyaient juste et loin.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
*
Chambre des Députés. — Projet de loi sur
les Caisses d’Epargne. — Préoccupés de la situa
tion résultant de la centralisation, entre les mains
de l’Etat, des fonds provenant de l’épargne fran
çaise, un certain nombre d’esprits ont cherché les
moyens de remédier aux inconvénients, aux dan
gers même, qu’offre cette accumulation, qui,
actuellement, est de plus de 3 milliards, que la
Caisse des Dépôts et Consignations peut être
appelée à rembourser d’un moment à l’autre en
cas de crise.
Un projet de loi est sorti de cette étude, examiné
par une commission, avec M. Aynard comme rap
porteur ; en même temps, une proposition de loi,
de M. Hubbard et plusieurs de ses collègues, s’est
occupée de la même question en présentant diver
ses solutions d’une nature plus hardie. Le tout est
venu samedi dernier à la Chambre qui, depuis,
discutte sur ce projet.
Ce n’est, d’ailleurs, que la première délibération
du projet qui se poursuit, en ce moment ; la com
mission et le gouvernement sont d’accord sur un
certain nombre de points, et l'on espère de part et
d’autre qu’entre la première et la seconde délibé
ration, l’entente sera complète.
La discussion générale n’a pas été très longue ;
elle a donné lieu, toutefois, à d’intéressants dis
cours de MM. Hubbard, Aynard, Lockroy, Rouvier
et Léon Say.
L’examen de l’article 1 er a été laborieux ; il n’est
d’ailleurs pas encore terminé ; on a décidé, jusqu’à
ce moment, que les Caisses d’épargne sont tenues
« de verser à la Caisse des Dépôts et Consignations
« toutes les sommes qu’elles reçoivent des dépo-
« sants ; ces sommes sont employées par la Caisse
« des Dépôts sous la réserve des fonds jugés
« nécessaires pour assurer la remise des rembour-
« sements ; 1° en valeurs de l’Etat ou jouissant
« d’une garantie de l’Etat... »
Mais ici, la commission et M. Hubbard ne sont
pas d’accord ; la première autorise la Caisse des
Dépôts à employer ses fonds en obligations négo
ciables des Départements, des Communes, des
Chambres de commerce, en obligations foncières
et communales du Crédit foncier ; — tandis que
M. Hubbard propose de dire : «... 2° En prêts
« aux Départements, aux Communes et aux
« Chambres de commerce ; 3° En lettres de change
« sur la France et sur l'étranger, de 3 signatures
« au moins, à une échéance de 3 mois au plus,
« pour une somme ne dépassant pas 100 millions. »
Chose étonnante, M. Jules Siegfried est inter
venu! Il a présenté un amendement ; mais au lieu
de le présenter en temps convenable, il l’a fait
distribuer au dernier moment ; la commission ne
l’avait pas examiné ; il a donc fallu arrêter la dis
cussion de l’article premier, par la faute de M.
Siegfried !
~k
¥ *
Le ministre de la guerre a déposé le projet de
loi destiné à modifier la répartition du service
militaire dans la réserve et la territorale qui avait
été approuvé au conseil des ministres de samedi
dernier.
Il a pour objet de porter de 7 à 10 ans la durée
du service dans la réserve sans augmenter la durée
totale du service, qui resterait fixée à 25 ans.
Il y aurait par suite trois ans de service actif,
dix ans de réserve et douze ans de territoriale.
L’avantage de ce système est de permettre de
constituer en cas de mobilisation l’armée de pre
mière ligne d’une manière homogène et de laisser
l’armée territoriale à sa destination légale, la
défense du territoire et des places fortes.
Fêtes de Nancy. — Les allemands veulent
nous effrayer. Ils avancent une foule des raisons
plus saugrenues les unes que les autres pour
voir, dans les fêtes qui vont prochainement avoir
lieu à Nancy, un caractère d’excitation belli
queuse ; ils vont jusqu’à trouver mauvais et
provoquant le voyage de M. Carnot dans cette
ville à cette occasion.
Naturellement, on profite de la circonstance
pour menacer de rigueurs les Alsaciens-Lorrains
qui participeront à ces fêtes.
Le Vorwaerts , organe officiel des socialistes
allemands fait la réflexion suivante à propos de
tout le bruit que certains journaux allemands mè
nent autour des préparatifs pour les fêtes de Nancy:
Ce que les gymnastes français vont faire à
Nancy en quoi cela nous regarde-t-il ? L’empire
allemand est-il donc si faible qu’il doive trembler
devant quelques discours ? Ou bien veut-on
exciter les esprits pour leur faire accepter le
nouveau projet de loi militaire qui augmente nos
charges ?
GROUPE
DES
Ouvriers socialistes du Havre
Nous apprenons que, dans une réunion pri
vée tenue le dimanche 23 mai dernier, a été
formé un Groupe des ouvriers socialistes du
Havre.
Ce groupe, constitué en vue de la propa
gande socialiste, vient combler une lacune
dans l’organisation ouvrière du Havre. Des
expériences récentes ont démontré que le parti
dit modéré, dans notre ville comme ailleurs,
ne craint pas de s’allier au besoin aux cléri
caux pour défendre ses privilèges et les abus
dont il vit. Il importe que la masse ouvrière,
à qui l’on doit l’établissement de la Républi
que et qui a trop longtemps obéi au mot
d’ordre de certains réactionnaires couverts du
masque républicain, oppose à cette réaction
son programme réformateur et affirme nette
ment ses principes. Dans cette tâche il peut
compter, non-seulement sur le dévouement des
travailleurs socialistes qui, réunis au lieu
d’être disséminés, auront une action plus effi
cace, mais encore sur le concours de tous les dé
mocrates qui, même lorsqu’ils sont sortis de
la classe bourgeoise, en répudient les doctri
nes égoïstes et étroites.
Inutile de dire que les colonnes du Réveil
sont largement ouvertes à cette propagande
socialiste qui, aujourd’hui plus que jamais,
s’impose chez nous.
LE MINISTE RE DE LA MARINE
AUGMENTATION DE NOTRE FLOTTE
On peut dire que depuis son entrée au pouvoir
M. Godefroy-Cavaignac, le successeur intelligent
de l'incapable Barbey, a fait déjà pas mal de
choses et qu’il a l’intention d’en faire de plus
grandes encore. Animé du plus pur patriotisme,
entouré de gens éclairés, connaissant à fond et la
marine, et les marins, M. Cavaignac ne peut que
remettre un pe,u d’ordre dans tout le galimatias
qui existait jadis au ministère de la marine.
Comme de juste, nos bons amis les réaction
naires ne manquent pas de dire à qui veut les
entendre ou lire leur prose, que cette augmenta
tion de plusieurs millions est une charge nouvelle
pour notre pauvre pays déjà affamé (sic) par les
dilapidations de ces infâmes républicains. Nous
comprenons parfaitement les récriminations de
nos adversaires. Depuis 22 ans qu’ils ne tiennent
plus l’assiette au beurre, ils ne seraient certes pas
fâchés d’y mettre le doigt, pas vrai MM. de
Y Autorité ? Mais là n’est pas la question, que les
cléricaux rient ou pleurent, cela nous est parfai
tement égal. Ce qu’il nous faut, c’est une armée
solide, bien organisée et une marine puissante et
parfaitement outillée.
Ün sait ce qu’a fait M. de Freycinet, voyons
maintenant ce que va faire M. de Cavaignac. C’est
tout une révolution à l’hôtel de la rue Royale. Le
budget de la marine, préparé par l’ex-ministre, a
été bouleversé de fond en comble. Les crédits sup
plémentaires n’étaient que de 28 millions. Il nous
en faut 40. Demandons-les et on ne nous les refu
sera pas. C’est un peu vrai, croyons-nous.
Si cette dépense énorme avait pour but d’aug
menter le nombre des gratte-papier qui infestent
les ministères, pour ne rien faire ou construire
des navires impossibles, qui ne serviraient à rien,
nos législateurs y regarderaient à deux fois avant
de voter l’excédent de dépenses demandé. Il ne
s’agit pas de cela. Cette somme servira entière
ment à la réorganisation et à l’augmentation de
notre flotte. La somme totale, prévue au budget
est de 401 millions, représentant la construction
et l’armement de 98 navires de tous types et de
tous modèles.
De plus M. Cavaignac, ne veut pas de lenteurs
dans la livraison des cuirassés, croiseurs ou autres.
Il est en effet honteux de voir des vaisseaux rester
jusqu’à neuf années sur les chantiers, comme cela
s’est vu pour le Neptune et le Magenta. Cette
rapidité dans la construction ne doit pas exclure
pour cela la parfaite qualité de nos futurs cui
rassés. Aussi le ministre de la marine a-t-il songé
à s’adresser à l’industrie privée dont aucun minis
tère ri’a jamais eu à se plaindre, au contraire.
Alors, pourrait-on dire pourquoi on travaille
mieux dans les chantiers de l’Etat que dans les
chantiers privés. La question n’est pas difficile à
résoudre. A Cherbourg comme à Toulon, il y a
trop d’employés, trop de paperasses, trop d’ingé-
PUIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
nieurs, tr op de maîtres chargés et pas assez d’em
ployés. Où il y a dix travailleurs, on est certain
de rencontrer six contrôleurs, sans compter les
gendarmes chargés de la surveillance intérieure.
Dans nos grands chantiers, c’est une tout autre
façon de travailler. Il y a bien aussi une direction
et une surveillance, mais elle est exercée avec in
finiment plus d’ordre et de bon sens. Nous ne
prétendons pas dire qu’il ne faut plus rien donner
aux chantiers de l’Etat. Ce serait mal interpréter
notre pensée. Qu’on leur donne tout simplement à
construire les navires dont la livraison n’est pas
urgente, et à nos chantiers, tout ce qui devra être
livré rapidement. Ce sera tout aussi bon et ça
coûtera moins cher.
C’est pour cela que nous ne pouvon que féliciters
le ministre de la marine de son heureuse idée, et
avec nous, les ouvriers havrais heureux de trouver
pour longtemps du pain pour eux et pour leurs
familles.
Dn singulier Catéchisme
En dépit des observations multiples faites par
M. le garde des sceaux à nos bons évêques, ceux-
ci font tout ce qui est en leur pouvoir, pour com
battre le gouvernement qui les paye, et arriver, si
possible, à atrophier l’intelligence des enfants
dont l’éducation religieuse leur est confiée.
Les cléricaux, le Courrier du Havre en tête,
protestent avec toute l’énergie dont ils sont capa
bles contre ce qu’ils appellent l 'oppression gou~
vernementale.
Nous avons, à maintes reprises, donné notre
opinion au sujet des manifestations ridicules de
nos Monseigneurs.
Nous n’avons jamais hésité à dévoiler les me
nées des archevêques, évêques, chanoines, etc. ;
nous avons toujours exprimé pleinement et entiè
rement notre manière de voir. C’est pourquoi,
aujourd’hui encore, sans parti pris, nous croyons
bien faire en nous élevant une fois de plus contre
les porte-crosses et donner quelques extraits du
catéchisme que l’évêque d’Orléans vient de faire
éditer. On pourra dire peut-être, que nous faisons
tous les jours notre nourriture de prêtres et de
bonnes sœurs. Ce serait là une erreur. Nous ne
demandons et ne cherchons qu’une chose : Mettre
à jour les actes d’insubordination de ces princi
paux enfroqués, qui, par tous les moyens en leur
pouvoir essayent non-seulement d’amoindrir, mais
de faire tomber la République.
Voici, à ce sujet, l’article que publie notre con
frère le Radical :
Les malins prétendent, en clignant de l’œil, que le
pape, sur les instances de M. Ribot, avait donné l’ordre
aux évêques de ne plus ajouter à leurs catéchismes dio
césains des chapitres ayant trait à l’art de bien voter,
et ils ajoutaient, ces malins : « N... i... ni. c’est fini. Les
évêques vont ramasser leurs suppléments. »
Va-t-en voir s’ils viennent !
L’Univers, portant la date de dimanche, donne en pre
mière page une information qui débute ainsi :
« Mgr l’évêque d’Orléans vient d’ajouter à son caté
chisme diocésain les chapitres suivants, sur les écoles
mauvaises, sur le devoir électoral et sur le divorce. »
Voilà le cas que le successeur de Dupanloup fait des
injonctions de son pape.
M. d’Orléans ne s’exprime pas autrement que ses
confrères en épiscopat. On retrouve les mêmes deman
des et les mêmes réponses :
— Qu’est-ce qu’une école mauvaise ?
— Les parents commettraient-ils un grand péché en
envoyant leurs enfants dans une école mauvaise ?
Dans les cas douteux, il faut consulter le curé et
suivre son avis.
C’est bien ce que le Soleil, journal royaliste, appelait
« le gouvernement des curés, »
D. Pourquoi est-ce un devoir de voter aux élections ?
R. C’est un devoir de voter aux élections, parce qu’en
ne votant pas on rend possible la nomination des enne
mis de la religion.
D. Est ce un péché de mal voter aux élections ?
R. Oui, c’est un péché de mal voter aux élections.
D. Qu’est-ce que mal voter ?
R. Mal voter, c’est voler pour des ennemis de reli
gion, ou qui ne sont pas décidés à défendre les intérêts
de la religion et de la société.
Enfin, l’évêque d’Orléans, à propos du divorce, donne
toujours l’horrible conseil d’abandonner sa femme, en
cas de second mariage après divorce.
Il faut reproduire ce nouveau commandement de l’E
glise pour qu’on ne nous accuse pas de l’inventer pour
nuire à nos adversaires :
D. Que doit faire un époux divorcé qui s’est remarié
et qui veut se réconcilier avec Dieu ?
R. Un époux divorcé, qui s’est remarié et qui veut se
réconcilier avec Dieu, doit se séparer de sa nouvelle
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 9 Prairial An 100 — N° 84.
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15.
LE RÉ VE IL DIJ LIA VUE paraît le Samedi
■jwiwünafWitmiMWWL
l'MX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fi\ 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
CONSEIL MUNICIPAL
DU HAVRE
Séance du 23 Mai 1892
La première séance du nouveau Conseil n’a pré
senté qu’un assez médiocre intérêt. Elle a été
surtout remplie par l’accomplissement de diverses
formalités indispensables au fonctionnement du
Conseil : nomination de commissions et de délé
gations, renvois de questions anciennes aux com
missions compétentes.
Seule, la nomination de la commission des
finances a donné lieiffà un vote secret. Nous n’éton
nerons personne en disant qu’il y avait eu dans
la coulisse, l’avant-veille, un vote préparatoire
dont le scrutin de lundi n’a été qu’une réédition.
Il y a là un procédé dont il ne faudrait pas abuser,
surtout après l’expérience assez triste qui a eu lieu
pour le choix de l’administration. L’entente est
une bonne chose, sans doute, mais il ne faut pas
que nos conseillers, sous prétexte de scrutin pré
paratoire, s’exposent au reproche de recevoir le
mot d’ordre de deux ou trois personnalités. Que
le Conseil reste indépendant s’il veut faire de
bonne besogne.
A noter encore la retraite de M. Rispal de la
commission administrative du Bureau de Bien
faisance. M. Rispal aurait-il compris enfin qu’il
est temps de renoncer à l’impossible défense des
congréganistes ? Dans ce cas, nous le féliciterons
d’avoir cédé sa idace à M. Rricka qui, nous en
sommes convaincus, apportera sans prévention
son concours à l’œuvre entreprise par MM. Nicolle,
Landrieu, Flamant, Cherfils et Prud’homme.
L’Assistance publique, par son importance, mérite
en effet la plus sérieuse attention et, grâce au
gâchis dans lequel le personnel congréganiste s’est
complu pendant tant d’années, il y a encore beau-
à faire.
Le point le plus important à retenir de la séance
de lundi dernier est, sans contredit, la déclaration
bien inattendue faite par M. le Maire, relativement
à .la conversion des emprunts. On était, on s’en
souvient, en négociations avec le Crédit Foncier,
et il ne s’agissait plus que de savoir si la ville du
Havre obtiendrait la modification de la clause du
projet, interdisant le remboursement pendant une
période de dix années. Or, on nous apprend que
tout est à vau-l’eau.
— Mais que va devenir le budget de 1892 ? font
observer quelques membres sur cetté déclaration
de M. le Maire.
— Il est approuvé par le gouvernement, répond
M. le Maire.
Seulement, il est bon d’ajouter que le budget
étant établi avec la nouvelle annuité d’emprunt et
les ressources spéciales qui y font face, l’échec de
la conversion remet en question le budget tout
entier.
Nous voilà donc sans budget pour 1892.
Ce résultat peu brillant prouve, en passant, que
les membres du Conseil qu’on accusait d’opposi
tion systématique, parce qu’ils faisaient des objec
tions à la conversion, voyaient juste et loin.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
*
Chambre des Députés. — Projet de loi sur
les Caisses d’Epargne. — Préoccupés de la situa
tion résultant de la centralisation, entre les mains
de l’Etat, des fonds provenant de l’épargne fran
çaise, un certain nombre d’esprits ont cherché les
moyens de remédier aux inconvénients, aux dan
gers même, qu’offre cette accumulation, qui,
actuellement, est de plus de 3 milliards, que la
Caisse des Dépôts et Consignations peut être
appelée à rembourser d’un moment à l’autre en
cas de crise.
Un projet de loi est sorti de cette étude, examiné
par une commission, avec M. Aynard comme rap
porteur ; en même temps, une proposition de loi,
de M. Hubbard et plusieurs de ses collègues, s’est
occupée de la même question en présentant diver
ses solutions d’une nature plus hardie. Le tout est
venu samedi dernier à la Chambre qui, depuis,
discutte sur ce projet.
Ce n’est, d’ailleurs, que la première délibération
du projet qui se poursuit, en ce moment ; la com
mission et le gouvernement sont d’accord sur un
certain nombre de points, et l'on espère de part et
d’autre qu’entre la première et la seconde délibé
ration, l’entente sera complète.
La discussion générale n’a pas été très longue ;
elle a donné lieu, toutefois, à d’intéressants dis
cours de MM. Hubbard, Aynard, Lockroy, Rouvier
et Léon Say.
L’examen de l’article 1 er a été laborieux ; il n’est
d’ailleurs pas encore terminé ; on a décidé, jusqu’à
ce moment, que les Caisses d’épargne sont tenues
« de verser à la Caisse des Dépôts et Consignations
« toutes les sommes qu’elles reçoivent des dépo-
« sants ; ces sommes sont employées par la Caisse
« des Dépôts sous la réserve des fonds jugés
« nécessaires pour assurer la remise des rembour-
« sements ; 1° en valeurs de l’Etat ou jouissant
« d’une garantie de l’Etat... »
Mais ici, la commission et M. Hubbard ne sont
pas d’accord ; la première autorise la Caisse des
Dépôts à employer ses fonds en obligations négo
ciables des Départements, des Communes, des
Chambres de commerce, en obligations foncières
et communales du Crédit foncier ; — tandis que
M. Hubbard propose de dire : «... 2° En prêts
« aux Départements, aux Communes et aux
« Chambres de commerce ; 3° En lettres de change
« sur la France et sur l'étranger, de 3 signatures
« au moins, à une échéance de 3 mois au plus,
« pour une somme ne dépassant pas 100 millions. »
Chose étonnante, M. Jules Siegfried est inter
venu! Il a présenté un amendement ; mais au lieu
de le présenter en temps convenable, il l’a fait
distribuer au dernier moment ; la commission ne
l’avait pas examiné ; il a donc fallu arrêter la dis
cussion de l’article premier, par la faute de M.
Siegfried !
~k
¥ *
Le ministre de la guerre a déposé le projet de
loi destiné à modifier la répartition du service
militaire dans la réserve et la territorale qui avait
été approuvé au conseil des ministres de samedi
dernier.
Il a pour objet de porter de 7 à 10 ans la durée
du service dans la réserve sans augmenter la durée
totale du service, qui resterait fixée à 25 ans.
Il y aurait par suite trois ans de service actif,
dix ans de réserve et douze ans de territoriale.
L’avantage de ce système est de permettre de
constituer en cas de mobilisation l’armée de pre
mière ligne d’une manière homogène et de laisser
l’armée territoriale à sa destination légale, la
défense du territoire et des places fortes.
Fêtes de Nancy. — Les allemands veulent
nous effrayer. Ils avancent une foule des raisons
plus saugrenues les unes que les autres pour
voir, dans les fêtes qui vont prochainement avoir
lieu à Nancy, un caractère d’excitation belli
queuse ; ils vont jusqu’à trouver mauvais et
provoquant le voyage de M. Carnot dans cette
ville à cette occasion.
Naturellement, on profite de la circonstance
pour menacer de rigueurs les Alsaciens-Lorrains
qui participeront à ces fêtes.
Le Vorwaerts , organe officiel des socialistes
allemands fait la réflexion suivante à propos de
tout le bruit que certains journaux allemands mè
nent autour des préparatifs pour les fêtes de Nancy:
Ce que les gymnastes français vont faire à
Nancy en quoi cela nous regarde-t-il ? L’empire
allemand est-il donc si faible qu’il doive trembler
devant quelques discours ? Ou bien veut-on
exciter les esprits pour leur faire accepter le
nouveau projet de loi militaire qui augmente nos
charges ?
GROUPE
DES
Ouvriers socialistes du Havre
Nous apprenons que, dans une réunion pri
vée tenue le dimanche 23 mai dernier, a été
formé un Groupe des ouvriers socialistes du
Havre.
Ce groupe, constitué en vue de la propa
gande socialiste, vient combler une lacune
dans l’organisation ouvrière du Havre. Des
expériences récentes ont démontré que le parti
dit modéré, dans notre ville comme ailleurs,
ne craint pas de s’allier au besoin aux cléri
caux pour défendre ses privilèges et les abus
dont il vit. Il importe que la masse ouvrière,
à qui l’on doit l’établissement de la Républi
que et qui a trop longtemps obéi au mot
d’ordre de certains réactionnaires couverts du
masque républicain, oppose à cette réaction
son programme réformateur et affirme nette
ment ses principes. Dans cette tâche il peut
compter, non-seulement sur le dévouement des
travailleurs socialistes qui, réunis au lieu
d’être disséminés, auront une action plus effi
cace, mais encore sur le concours de tous les dé
mocrates qui, même lorsqu’ils sont sortis de
la classe bourgeoise, en répudient les doctri
nes égoïstes et étroites.
Inutile de dire que les colonnes du Réveil
sont largement ouvertes à cette propagande
socialiste qui, aujourd’hui plus que jamais,
s’impose chez nous.
LE MINISTE RE DE LA MARINE
AUGMENTATION DE NOTRE FLOTTE
On peut dire que depuis son entrée au pouvoir
M. Godefroy-Cavaignac, le successeur intelligent
de l'incapable Barbey, a fait déjà pas mal de
choses et qu’il a l’intention d’en faire de plus
grandes encore. Animé du plus pur patriotisme,
entouré de gens éclairés, connaissant à fond et la
marine, et les marins, M. Cavaignac ne peut que
remettre un pe,u d’ordre dans tout le galimatias
qui existait jadis au ministère de la marine.
Comme de juste, nos bons amis les réaction
naires ne manquent pas de dire à qui veut les
entendre ou lire leur prose, que cette augmenta
tion de plusieurs millions est une charge nouvelle
pour notre pauvre pays déjà affamé (sic) par les
dilapidations de ces infâmes républicains. Nous
comprenons parfaitement les récriminations de
nos adversaires. Depuis 22 ans qu’ils ne tiennent
plus l’assiette au beurre, ils ne seraient certes pas
fâchés d’y mettre le doigt, pas vrai MM. de
Y Autorité ? Mais là n’est pas la question, que les
cléricaux rient ou pleurent, cela nous est parfai
tement égal. Ce qu’il nous faut, c’est une armée
solide, bien organisée et une marine puissante et
parfaitement outillée.
Ün sait ce qu’a fait M. de Freycinet, voyons
maintenant ce que va faire M. de Cavaignac. C’est
tout une révolution à l’hôtel de la rue Royale. Le
budget de la marine, préparé par l’ex-ministre, a
été bouleversé de fond en comble. Les crédits sup
plémentaires n’étaient que de 28 millions. Il nous
en faut 40. Demandons-les et on ne nous les refu
sera pas. C’est un peu vrai, croyons-nous.
Si cette dépense énorme avait pour but d’aug
menter le nombre des gratte-papier qui infestent
les ministères, pour ne rien faire ou construire
des navires impossibles, qui ne serviraient à rien,
nos législateurs y regarderaient à deux fois avant
de voter l’excédent de dépenses demandé. Il ne
s’agit pas de cela. Cette somme servira entière
ment à la réorganisation et à l’augmentation de
notre flotte. La somme totale, prévue au budget
est de 401 millions, représentant la construction
et l’armement de 98 navires de tous types et de
tous modèles.
De plus M. Cavaignac, ne veut pas de lenteurs
dans la livraison des cuirassés, croiseurs ou autres.
Il est en effet honteux de voir des vaisseaux rester
jusqu’à neuf années sur les chantiers, comme cela
s’est vu pour le Neptune et le Magenta. Cette
rapidité dans la construction ne doit pas exclure
pour cela la parfaite qualité de nos futurs cui
rassés. Aussi le ministre de la marine a-t-il songé
à s’adresser à l’industrie privée dont aucun minis
tère ri’a jamais eu à se plaindre, au contraire.
Alors, pourrait-on dire pourquoi on travaille
mieux dans les chantiers de l’Etat que dans les
chantiers privés. La question n’est pas difficile à
résoudre. A Cherbourg comme à Toulon, il y a
trop d’employés, trop de paperasses, trop d’ingé-
PUIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
nieurs, tr op de maîtres chargés et pas assez d’em
ployés. Où il y a dix travailleurs, on est certain
de rencontrer six contrôleurs, sans compter les
gendarmes chargés de la surveillance intérieure.
Dans nos grands chantiers, c’est une tout autre
façon de travailler. Il y a bien aussi une direction
et une surveillance, mais elle est exercée avec in
finiment plus d’ordre et de bon sens. Nous ne
prétendons pas dire qu’il ne faut plus rien donner
aux chantiers de l’Etat. Ce serait mal interpréter
notre pensée. Qu’on leur donne tout simplement à
construire les navires dont la livraison n’est pas
urgente, et à nos chantiers, tout ce qui devra être
livré rapidement. Ce sera tout aussi bon et ça
coûtera moins cher.
C’est pour cela que nous ne pouvon que féliciters
le ministre de la marine de son heureuse idée, et
avec nous, les ouvriers havrais heureux de trouver
pour longtemps du pain pour eux et pour leurs
familles.
Dn singulier Catéchisme
En dépit des observations multiples faites par
M. le garde des sceaux à nos bons évêques, ceux-
ci font tout ce qui est en leur pouvoir, pour com
battre le gouvernement qui les paye, et arriver, si
possible, à atrophier l’intelligence des enfants
dont l’éducation religieuse leur est confiée.
Les cléricaux, le Courrier du Havre en tête,
protestent avec toute l’énergie dont ils sont capa
bles contre ce qu’ils appellent l 'oppression gou~
vernementale.
Nous avons, à maintes reprises, donné notre
opinion au sujet des manifestations ridicules de
nos Monseigneurs.
Nous n’avons jamais hésité à dévoiler les me
nées des archevêques, évêques, chanoines, etc. ;
nous avons toujours exprimé pleinement et entiè
rement notre manière de voir. C’est pourquoi,
aujourd’hui encore, sans parti pris, nous croyons
bien faire en nous élevant une fois de plus contre
les porte-crosses et donner quelques extraits du
catéchisme que l’évêque d’Orléans vient de faire
éditer. On pourra dire peut-être, que nous faisons
tous les jours notre nourriture de prêtres et de
bonnes sœurs. Ce serait là une erreur. Nous ne
demandons et ne cherchons qu’une chose : Mettre
à jour les actes d’insubordination de ces princi
paux enfroqués, qui, par tous les moyens en leur
pouvoir essayent non-seulement d’amoindrir, mais
de faire tomber la République.
Voici, à ce sujet, l’article que publie notre con
frère le Radical :
Les malins prétendent, en clignant de l’œil, que le
pape, sur les instances de M. Ribot, avait donné l’ordre
aux évêques de ne plus ajouter à leurs catéchismes dio
césains des chapitres ayant trait à l’art de bien voter,
et ils ajoutaient, ces malins : « N... i... ni. c’est fini. Les
évêques vont ramasser leurs suppléments. »
Va-t-en voir s’ils viennent !
L’Univers, portant la date de dimanche, donne en pre
mière page une information qui débute ainsi :
« Mgr l’évêque d’Orléans vient d’ajouter à son caté
chisme diocésain les chapitres suivants, sur les écoles
mauvaises, sur le devoir électoral et sur le divorce. »
Voilà le cas que le successeur de Dupanloup fait des
injonctions de son pape.
M. d’Orléans ne s’exprime pas autrement que ses
confrères en épiscopat. On retrouve les mêmes deman
des et les mêmes réponses :
— Qu’est-ce qu’une école mauvaise ?
— Les parents commettraient-ils un grand péché en
envoyant leurs enfants dans une école mauvaise ?
Dans les cas douteux, il faut consulter le curé et
suivre son avis.
C’est bien ce que le Soleil, journal royaliste, appelait
« le gouvernement des curés, »
D. Pourquoi est-ce un devoir de voter aux élections ?
R. C’est un devoir de voter aux élections, parce qu’en
ne votant pas on rend possible la nomination des enne
mis de la religion.
D. Est ce un péché de mal voter aux élections ?
R. Oui, c’est un péché de mal voter aux élections.
D. Qu’est-ce que mal voter ?
R. Mal voter, c’est voler pour des ennemis de reli
gion, ou qui ne sont pas décidés à défendre les intérêts
de la religion et de la société.
Enfin, l’évêque d’Orléans, à propos du divorce, donne
toujours l’horrible conseil d’abandonner sa femme, en
cas de second mariage après divorce.
Il faut reproduire ce nouveau commandement de l’E
glise pour qu’on ne nous accuse pas de l’inventer pour
nuire à nos adversaires :
D. Que doit faire un époux divorcé qui s’est remarié
et qui veut se réconcilier avec Dieu ?
R. Un époux divorcé, qui s’est remarié et qui veut se
réconcilier avec Dieu, doit se séparer de sa nouvelle
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.66%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.66%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k3263235j/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k3263235j/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k3263235j/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k3263235j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k3263235j
Facebook
Twitter