Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-05-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 mai 1892 21 mai 1892
Description : 1892/05/21 (N33). 1892/05/21 (N33).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632344
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
M
î re Année — N° o3 — Samedi 21 Mai 1892.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 2 Prairial An
N° 3:.
Réveil (I u Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIE-PÉHIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
UN A.N SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
La nouvelle Administration municipale
DU HAVRE
Dimanche dernier, 15 mai, il a été procédé
à l’Hôtel-de-Ville, à la nomination du Maire
et des six adjoints, qui composent actuelle
ment l'Administration du Havre.
M. Louis Brindeau a été élu par 29 voix
sur 36 votants ; bulletins blancs, 7.
M. Rident, 1 er adjoint, par 28 voix ; bulle
tins blancs et divers, 8.
M. Marical, 2 e adjoint, par 28 voix ;
bulletins blancs, 8.
M. Heu, 3 e adjoint, par 24 voix; bulletins
blancs et divers, 12.
M, Gardye, 4 e adjoint, par 29 voix ; bulle
tins blancs et divers, 7. §
M. de Coninck, 5 e adjoint, par 28 voix ;
bulletins blancs, 8.
Et M. Flambard, 6 e adjoint, par 26 voix ;
bulletins blancs, nuis et divers, 10.
Ces résultats n’ont pas été sans étonner,
ceux qui, au Havre, > s’intéressent aux affaires
municipales, notamment en ce qui concerne
M. Louis Brindeau.
M. Brindeau avait, en effet, obtenu dans
une réunion préparatoire officieuse, tenue le
vendredi soir, 13 mai, à l’Hôtel de Ville, l'una-
nimité des suffrages des conseillers présents,
au nombre de 34, pour les fonctions de maire.
Un accord complet et spontané s’était fait
sur son nom et avait obtenu l’unanimité
sans distinction d’opinions et sans entente
préalable.
Mais à la suite de ce vote, la situation
s’est embrouillée.
Une liste, que personne n’avait le droit de
discuter, avait été élaborée en catimini par
une coterie qui entend mener à sa guise et
d’une façon aussi autoritaire qu’exclusive le
char municipal.
Deux membres de l’assemblée ayant de
mandé les noms des candidats aux fonctions
d’adjoint, M. Rispal, ex-adjoint, a répondu
à leur indiscrète question, que cela ne les
regardait pas, et que le Maire avait seul
qualité pour choisir ses adjoints et arriver
ainsi à constituer une administration homo
gène.
Quelques noms cependant ont été indiqués
par l’un des assesseurs, pour la forme.
Enfin M e Brindeau, avocat, a désigné,
comme apte à remplir les fonctions de 1 er
adjoint, M e Rident, avoué, c’était justice.
M c Rident a été accepté à la majorité.
M. Marical, que sa haute capacité en
matière administrative recommandait d’une
façon toute particulière aux suffrages de ses
collègues, a été également accepté à la ma
jorité, sans avoir été présenté par personne.
Mais lorsqu’il s’est agi de nommer le 3 e
adjoint, M. Acher a pris l’initiative de
proposer le nom d’un des membres de l’ancien
Conseil qui paraissait devoir figurer à une
meilleure place sur la liste des adjoints,
celui de M. Cherfils, vice-président de la
Commission administrative du Bureau de
bienfaisance, président de la Commission des
fêtes, vice-président du Comité d’organisation
du concours de pompiers, et celui des con
seillers qui connaît peut-être le mieux les
finances de la Ville.
Mais sur les ordres du chef de bordée, les
travailleurs, dociles au coup de sifflet, se sont
empressés de voter pour M. Heu, i J homme à
la voix prépondérante, le laïcisateur de la
veille- et l’anti-laïcisateur du lendemain,
l’ex-adjoint qui s'est laissé souffler ,
dans son budget, 9,000 fr. par un de
ses collègues, sans s’en "apercevoir, le fidèle
allié aujourd’hui de ceux qu’il combattait,
il y a dix-huit mois, enfin, l’homme qui
a fait concessions sur concessions pour arri
ver à se faire écharper à nouveau.
Aussi deux membres de l’assemblée ont-ils
cru devoir, au moment où M. Heu, au scrutin
de ballottage, obtenait la majorité nécessaire
pour devoir être accepté, se retirer et laisser
la coterie se livrer à ses petits tripotages sous
l’œil trop bienveillant de M. Louis Brindeau.
La nomination des 4 e , 5 e et 6 e adjoints
s’est effectuée avec le même ordre et la même
discipline, M. Gardye, avec une abnégation
qui n’était peut-être pas tout à fait de son
goût, ayant cédé son tour à sa prépondérance
M. Heu.
Un incident, assez vif, a marqué la fin de
cette remarquable réunion.
Un membre ayant fait remarquer que la
municipalité se trouvait exclusivement com
posée de membres du Conseil pris sur la
liste patronnée par le Courrier du Havre, dp
cléricale mémoire, M. le Maire s'est indigné,
MM. Rispal et Guerrand, furieux de voir
leur mèches éventées et leurs ficelles mises à
jour, se sont emballés : M. Guerrand a même
fait la proposition de retourner devant les
électeurs, seulement il n’a pas dit si c’était
devant les électeurs sénatoriaux. Bref, après
un assez fort tapage, le résultat de la réunion
a été le succès des candidats patronnés par le
Courrier , et consacrés par l’eau bénite
sortie des goupillons de MM. Chegaray,
Coulon, Brenier, Alexandre and C°, et un
défi jeté aux 10,600 électeurs vraiment répu
blicains qui on voté pour les laïcisateurs et
les indépendants.
M. Brindeau, l’élu des 10,500 républicains
et en même temps des 1,900 cléricaux, a-t-il
fait en cette circonstance ce qu’il devait
faire ? Devait-il prendre le prépondérant
M. Heu sous son patronage? Nous ne le croyons
pas !
L ç, Journal du Havre, le journal de A. B .,
de Vindex et de Z. Y. Z ., demande dans un
de ses derniers numéros, ce que signifie cette
énigme et ce rébus des 6 bulletins blancs.
Il s’est même égaré à ce sujet dans la lune,
d’où il a, en effet, l’air de tomber.
Et il se demande si c’est une leçon qu’on
a voulu donner au jeune maire.
Ce n’est peut-être pas une leçon, mais
c’est, en tous cas, un sérieux avertissement
dont il fera bien de profiter, en même temps
qu’une protestation contre la façon dont la
municipalité a été formée et contre le choix
de M. Heu, comme adjoint.
M. Brindeau est, nous le savons, rempli
de bonnes intentions ; mais qu’il prenne donc
un peu plus d’initiative, qu’il écoute moins
les conseils que lui donnent, dans la coulisse,
des amis trop absorbants, qu’il laisse un peu
de côté les Maires honoraires du Palais qui le
circonviennent, qu’il suive une ligne de
conduite personnelle, sans hésitations, ni
indécision.
Et le concours des vrais républicains, y
compris ceux qui lui ont donné ce premier
avertissement, ne lui fera pas défaut.
Vive la République !
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Elections sénatoriales du 15 mai 1892.
Pas-de-Calais
M. Ringot, conseiller général,
maire de Saint-Omer, républicain 1,540 voix, élu
en remplacement de M. Lalanne, sénateur inamo
vible, républicain, décédé.
Ardèche
MM. Saint-Prix, ancien député,
républicain 487 voix, élu
Duclaux-Monteil, maire des
Vans, républicain 289 »
Il s’agissait d’élire un sénateur en remplace
ment de M. Martel, sénateur inamovible républi
cain, décédé.
La Rentrée des Chambres s’est effectuée
mardi dernier dans le plus grand calme.
A la Chambre des députés, où présidait M. Flo-
quet, M. Ricard a déposé un projet relatif à la
vente des objets laissés en gage dans les hôtelle
ries.
M. Loubet a déposé le projet de loi relatif aux
indêmnités et celui relatif aux nouveaux gardiens
de la paix.
Les demandes d'interpellation suivantes ont été
faites :
Par M. Lavy, sur les arrestations opérées le 22
avril ; discussion fixée à samedi.
Par M. Baïhaut, sur les chemins de fer tuni
siens ; discussion fixée à jeudi.
Par M. Soubeyran, sur la question monétaire ;
discussion fixée à quinzaine.
Le voyage du Président de la Répu
blique dans l’Est est fixé aux 5, 6 et 7 juin
prochain.
Il visitera les villes de Bar-le-Duc, Toul, Nancy
et Lunéville, et sera accompagné par plusieurs
ministres, MM. Loubet et Bourgeois, probable
ment.
Nécrologie. — M, Sandrique, ancien député
de l’Aisne, vient de mourir à l'âge de 47 ans.
Sous l’empire, il fut secrétaire de Clément Lau
rier et plaida devant la haute cour de Blois pour
Villeneuve, plus tard député de la Seine.
Pendant la guerre, il fut chef de cabinet de M.
Ranc. Plus tard, il devint le secrétaire de Gam
betta et occupa ce poste pendant plusieurs années.
En 1882, il fut élu député de Vervins.
Il fut réélu en 1885, mais échoua en 1889 devant
la coalition réactionnaire et boulangiste.
*
¥ *
On annonce la mort, à l’àge de 57 ans, de M.
Numa Baragnon, sénateur inamovible.
M. Numa Baragnon était né à Nîmes, en 1835.
Le 8 février 1871, il fut élu député du Gard,
sur la liste réactionnaire.
Sous le gouvernement du 24 mai, il occupa les
fonctions de sous-secrétaire d’Etat au ministère
de l’intérieur, puis au ministère de la justice.
S’étant présenté, le 20 février 1876, dans l’ar
rondissement d’Uzès, il fut battu par M. Mallet,
républicain. Après le 16 mai, il s’y représenta, et
battit à son tour M. Mallet; mais son élection fut
invalidée.
A la fin de 1878, il fut nommé sénateur inamo
vible. Malade depuis assez longtemps, il ne pre
nait plus part, dans ces derniers temps, aux tra
vaux parlementaires.
En somme, ce fut un réactionnaire des plus
militants, et ce n’est pas sa faute si le comte de
Chambord n’est pas devenu i*oi de France.
ITALIE
Le nouveau ministère italien se trouve
composé de la façon suivante :
MM. Giolitti, président du Conseil, intérieur et
intérim du tiésor.
Ellena, finances.
Brin, affaires étrangères.
Pelloux, guerre.
Saint-Bon, marine.
Martini, instruction publique.
Bonacci, justice.
Genala, travaux publics et chemins de fer.
Lacava, commerce et agriculture.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Finocchiaro-Aprile, postes et télégraphes.
Presque tous ces ministres sont des amis de
M. Crispi, de sorte que l’on peut dire que c’est un
cabinet Crispi, sans M. Crispi.
Trop gourmands !
Le Journal du Havre, se livrant à une
appréciation des élections de dimanche der
nier, trouve insuffisantes les 29 voix sur 36
votants obtenues par M. Louis Brindeau,
maire.
Ce journal est en vérité bien difficile.
Nous n’aurons pas, pour notre part, le
mauvais goût de rétorquer l’argument et de
nous étonner que 29 suffrages aient pu se
porter sur un nom à qui les sympathies du
Cqurrier du Havre ont valu une place d’hon
neur qui est, à la vérité, peu enviable.
Nous n’aurons pas davantage la curiosité
de demander au Journal du Havre, de quel
droit, poussé par un amour immodéré de la
famille de son gérant, il qualifie de oc cou
rageux anonymes » sept de nos conseillers.
Tous ceux que n’égare pas la voix du sang
ont compris que, la conduite de M. Brindeau
ayant manqué de franchise dans les" pourpar
lers relatifs à la constitution de son adminis
tration, il était du devoir des républi
cains qui mettent l’honnêteté politique
au-dessus de toute autre considération, de se
désintéresser de l’élection du Maire. L’avenir
apprendra s’ils ont eu tort ou si, au contraire,
ils n’ont pas fait preuve de perspicacité.
Les étonnements du Journal du Havre ne
manquent pas, il faut en convenir, de naïveté,
si on les appréôie au point de vue républicain,
puisqu’il considère comme un crime de lèse-
majesté le peu d’intérêt offert aux démocrates
par ce qu’il appelle pompeusement des têtes
de liste.
Nous savons malheureusement aujourd’hui
au prix de quelles trahisons, grâce à quelles
négociations louches, ou peut obtenir plus de
12,000 suffrages quelconques dans une ville
qui compte moins de ! 1,000 voix républi
caines. Il y a là une expérience qui ne sera
pas perdue pour les ennemis de la concen
tration à droite. Ils s’en souviendront, qu’on
se rassure, et, avant peu, l’on pourra s’en
apercevoir.
Cela déplaira peut-être à certains thurifé
raires qui déclarent ennemi public quiconque
se refuse à brûler, devant les idoles d’un jour,
l’encens pur des suffrages unanimes. On saura
se consoler de leur colère.
Quant au Journal du Havre, qu’il nous
permette de lui dire qu’il manque peut-être
d’esprit politique en soutenant M. Brindeau,
si vigoureusement et de façon si indiscrète.
Quand on a défendu des candidats, avec
le succès que l’on sait, on ferait mieux de
combattre, fût-on leur parent, les gens à qui
l’on veut du bien.
LE PORT DU HAVRE
On commence sérieusement à se lasser au
Havre, des longueurs, des tâtonnements, de toute
la paperasserie administrative qui empêchent la
réalisation à brève échéance des grands travaux
du port du Havre.
De tous côtés ce ne sont que plaintes, récrimi
nations continuelles contre cet état de choses, qui,
si on n’y remédie bien vite, fera descendre au
î re Année — N° o3 — Samedi 21 Mai 1892.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 2 Prairial An
N° 3:.
Réveil (I u Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIE-PÉHIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
UN A.N SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
La nouvelle Administration municipale
DU HAVRE
Dimanche dernier, 15 mai, il a été procédé
à l’Hôtel-de-Ville, à la nomination du Maire
et des six adjoints, qui composent actuelle
ment l'Administration du Havre.
M. Louis Brindeau a été élu par 29 voix
sur 36 votants ; bulletins blancs, 7.
M. Rident, 1 er adjoint, par 28 voix ; bulle
tins blancs et divers, 8.
M. Marical, 2 e adjoint, par 28 voix ;
bulletins blancs, 8.
M. Heu, 3 e adjoint, par 24 voix; bulletins
blancs et divers, 12.
M, Gardye, 4 e adjoint, par 29 voix ; bulle
tins blancs et divers, 7. §
M. de Coninck, 5 e adjoint, par 28 voix ;
bulletins blancs, 8.
Et M. Flambard, 6 e adjoint, par 26 voix ;
bulletins blancs, nuis et divers, 10.
Ces résultats n’ont pas été sans étonner,
ceux qui, au Havre, > s’intéressent aux affaires
municipales, notamment en ce qui concerne
M. Louis Brindeau.
M. Brindeau avait, en effet, obtenu dans
une réunion préparatoire officieuse, tenue le
vendredi soir, 13 mai, à l’Hôtel de Ville, l'una-
nimité des suffrages des conseillers présents,
au nombre de 34, pour les fonctions de maire.
Un accord complet et spontané s’était fait
sur son nom et avait obtenu l’unanimité
sans distinction d’opinions et sans entente
préalable.
Mais à la suite de ce vote, la situation
s’est embrouillée.
Une liste, que personne n’avait le droit de
discuter, avait été élaborée en catimini par
une coterie qui entend mener à sa guise et
d’une façon aussi autoritaire qu’exclusive le
char municipal.
Deux membres de l’assemblée ayant de
mandé les noms des candidats aux fonctions
d’adjoint, M. Rispal, ex-adjoint, a répondu
à leur indiscrète question, que cela ne les
regardait pas, et que le Maire avait seul
qualité pour choisir ses adjoints et arriver
ainsi à constituer une administration homo
gène.
Quelques noms cependant ont été indiqués
par l’un des assesseurs, pour la forme.
Enfin M e Brindeau, avocat, a désigné,
comme apte à remplir les fonctions de 1 er
adjoint, M e Rident, avoué, c’était justice.
M c Rident a été accepté à la majorité.
M. Marical, que sa haute capacité en
matière administrative recommandait d’une
façon toute particulière aux suffrages de ses
collègues, a été également accepté à la ma
jorité, sans avoir été présenté par personne.
Mais lorsqu’il s’est agi de nommer le 3 e
adjoint, M. Acher a pris l’initiative de
proposer le nom d’un des membres de l’ancien
Conseil qui paraissait devoir figurer à une
meilleure place sur la liste des adjoints,
celui de M. Cherfils, vice-président de la
Commission administrative du Bureau de
bienfaisance, président de la Commission des
fêtes, vice-président du Comité d’organisation
du concours de pompiers, et celui des con
seillers qui connaît peut-être le mieux les
finances de la Ville.
Mais sur les ordres du chef de bordée, les
travailleurs, dociles au coup de sifflet, se sont
empressés de voter pour M. Heu, i J homme à
la voix prépondérante, le laïcisateur de la
veille- et l’anti-laïcisateur du lendemain,
l’ex-adjoint qui s'est laissé souffler ,
dans son budget, 9,000 fr. par un de
ses collègues, sans s’en "apercevoir, le fidèle
allié aujourd’hui de ceux qu’il combattait,
il y a dix-huit mois, enfin, l’homme qui
a fait concessions sur concessions pour arri
ver à se faire écharper à nouveau.
Aussi deux membres de l’assemblée ont-ils
cru devoir, au moment où M. Heu, au scrutin
de ballottage, obtenait la majorité nécessaire
pour devoir être accepté, se retirer et laisser
la coterie se livrer à ses petits tripotages sous
l’œil trop bienveillant de M. Louis Brindeau.
La nomination des 4 e , 5 e et 6 e adjoints
s’est effectuée avec le même ordre et la même
discipline, M. Gardye, avec une abnégation
qui n’était peut-être pas tout à fait de son
goût, ayant cédé son tour à sa prépondérance
M. Heu.
Un incident, assez vif, a marqué la fin de
cette remarquable réunion.
Un membre ayant fait remarquer que la
municipalité se trouvait exclusivement com
posée de membres du Conseil pris sur la
liste patronnée par le Courrier du Havre, dp
cléricale mémoire, M. le Maire s'est indigné,
MM. Rispal et Guerrand, furieux de voir
leur mèches éventées et leurs ficelles mises à
jour, se sont emballés : M. Guerrand a même
fait la proposition de retourner devant les
électeurs, seulement il n’a pas dit si c’était
devant les électeurs sénatoriaux. Bref, après
un assez fort tapage, le résultat de la réunion
a été le succès des candidats patronnés par le
Courrier , et consacrés par l’eau bénite
sortie des goupillons de MM. Chegaray,
Coulon, Brenier, Alexandre and C°, et un
défi jeté aux 10,600 électeurs vraiment répu
blicains qui on voté pour les laïcisateurs et
les indépendants.
M. Brindeau, l’élu des 10,500 républicains
et en même temps des 1,900 cléricaux, a-t-il
fait en cette circonstance ce qu’il devait
faire ? Devait-il prendre le prépondérant
M. Heu sous son patronage? Nous ne le croyons
pas !
L ç, Journal du Havre, le journal de A. B .,
de Vindex et de Z. Y. Z ., demande dans un
de ses derniers numéros, ce que signifie cette
énigme et ce rébus des 6 bulletins blancs.
Il s’est même égaré à ce sujet dans la lune,
d’où il a, en effet, l’air de tomber.
Et il se demande si c’est une leçon qu’on
a voulu donner au jeune maire.
Ce n’est peut-être pas une leçon, mais
c’est, en tous cas, un sérieux avertissement
dont il fera bien de profiter, en même temps
qu’une protestation contre la façon dont la
municipalité a été formée et contre le choix
de M. Heu, comme adjoint.
M. Brindeau est, nous le savons, rempli
de bonnes intentions ; mais qu’il prenne donc
un peu plus d’initiative, qu’il écoute moins
les conseils que lui donnent, dans la coulisse,
des amis trop absorbants, qu’il laisse un peu
de côté les Maires honoraires du Palais qui le
circonviennent, qu’il suive une ligne de
conduite personnelle, sans hésitations, ni
indécision.
Et le concours des vrais républicains, y
compris ceux qui lui ont donné ce premier
avertissement, ne lui fera pas défaut.
Vive la République !
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Elections sénatoriales du 15 mai 1892.
Pas-de-Calais
M. Ringot, conseiller général,
maire de Saint-Omer, républicain 1,540 voix, élu
en remplacement de M. Lalanne, sénateur inamo
vible, républicain, décédé.
Ardèche
MM. Saint-Prix, ancien député,
républicain 487 voix, élu
Duclaux-Monteil, maire des
Vans, républicain 289 »
Il s’agissait d’élire un sénateur en remplace
ment de M. Martel, sénateur inamovible républi
cain, décédé.
La Rentrée des Chambres s’est effectuée
mardi dernier dans le plus grand calme.
A la Chambre des députés, où présidait M. Flo-
quet, M. Ricard a déposé un projet relatif à la
vente des objets laissés en gage dans les hôtelle
ries.
M. Loubet a déposé le projet de loi relatif aux
indêmnités et celui relatif aux nouveaux gardiens
de la paix.
Les demandes d'interpellation suivantes ont été
faites :
Par M. Lavy, sur les arrestations opérées le 22
avril ; discussion fixée à samedi.
Par M. Baïhaut, sur les chemins de fer tuni
siens ; discussion fixée à jeudi.
Par M. Soubeyran, sur la question monétaire ;
discussion fixée à quinzaine.
Le voyage du Président de la Répu
blique dans l’Est est fixé aux 5, 6 et 7 juin
prochain.
Il visitera les villes de Bar-le-Duc, Toul, Nancy
et Lunéville, et sera accompagné par plusieurs
ministres, MM. Loubet et Bourgeois, probable
ment.
Nécrologie. — M, Sandrique, ancien député
de l’Aisne, vient de mourir à l'âge de 47 ans.
Sous l’empire, il fut secrétaire de Clément Lau
rier et plaida devant la haute cour de Blois pour
Villeneuve, plus tard député de la Seine.
Pendant la guerre, il fut chef de cabinet de M.
Ranc. Plus tard, il devint le secrétaire de Gam
betta et occupa ce poste pendant plusieurs années.
En 1882, il fut élu député de Vervins.
Il fut réélu en 1885, mais échoua en 1889 devant
la coalition réactionnaire et boulangiste.
*
¥ *
On annonce la mort, à l’àge de 57 ans, de M.
Numa Baragnon, sénateur inamovible.
M. Numa Baragnon était né à Nîmes, en 1835.
Le 8 février 1871, il fut élu député du Gard,
sur la liste réactionnaire.
Sous le gouvernement du 24 mai, il occupa les
fonctions de sous-secrétaire d’Etat au ministère
de l’intérieur, puis au ministère de la justice.
S’étant présenté, le 20 février 1876, dans l’ar
rondissement d’Uzès, il fut battu par M. Mallet,
républicain. Après le 16 mai, il s’y représenta, et
battit à son tour M. Mallet; mais son élection fut
invalidée.
A la fin de 1878, il fut nommé sénateur inamo
vible. Malade depuis assez longtemps, il ne pre
nait plus part, dans ces derniers temps, aux tra
vaux parlementaires.
En somme, ce fut un réactionnaire des plus
militants, et ce n’est pas sa faute si le comte de
Chambord n’est pas devenu i*oi de France.
ITALIE
Le nouveau ministère italien se trouve
composé de la façon suivante :
MM. Giolitti, président du Conseil, intérieur et
intérim du tiésor.
Ellena, finances.
Brin, affaires étrangères.
Pelloux, guerre.
Saint-Bon, marine.
Martini, instruction publique.
Bonacci, justice.
Genala, travaux publics et chemins de fer.
Lacava, commerce et agriculture.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Finocchiaro-Aprile, postes et télégraphes.
Presque tous ces ministres sont des amis de
M. Crispi, de sorte que l’on peut dire que c’est un
cabinet Crispi, sans M. Crispi.
Trop gourmands !
Le Journal du Havre, se livrant à une
appréciation des élections de dimanche der
nier, trouve insuffisantes les 29 voix sur 36
votants obtenues par M. Louis Brindeau,
maire.
Ce journal est en vérité bien difficile.
Nous n’aurons pas, pour notre part, le
mauvais goût de rétorquer l’argument et de
nous étonner que 29 suffrages aient pu se
porter sur un nom à qui les sympathies du
Cqurrier du Havre ont valu une place d’hon
neur qui est, à la vérité, peu enviable.
Nous n’aurons pas davantage la curiosité
de demander au Journal du Havre, de quel
droit, poussé par un amour immodéré de la
famille de son gérant, il qualifie de oc cou
rageux anonymes » sept de nos conseillers.
Tous ceux que n’égare pas la voix du sang
ont compris que, la conduite de M. Brindeau
ayant manqué de franchise dans les" pourpar
lers relatifs à la constitution de son adminis
tration, il était du devoir des républi
cains qui mettent l’honnêteté politique
au-dessus de toute autre considération, de se
désintéresser de l’élection du Maire. L’avenir
apprendra s’ils ont eu tort ou si, au contraire,
ils n’ont pas fait preuve de perspicacité.
Les étonnements du Journal du Havre ne
manquent pas, il faut en convenir, de naïveté,
si on les appréôie au point de vue républicain,
puisqu’il considère comme un crime de lèse-
majesté le peu d’intérêt offert aux démocrates
par ce qu’il appelle pompeusement des têtes
de liste.
Nous savons malheureusement aujourd’hui
au prix de quelles trahisons, grâce à quelles
négociations louches, ou peut obtenir plus de
12,000 suffrages quelconques dans une ville
qui compte moins de ! 1,000 voix républi
caines. Il y a là une expérience qui ne sera
pas perdue pour les ennemis de la concen
tration à droite. Ils s’en souviendront, qu’on
se rassure, et, avant peu, l’on pourra s’en
apercevoir.
Cela déplaira peut-être à certains thurifé
raires qui déclarent ennemi public quiconque
se refuse à brûler, devant les idoles d’un jour,
l’encens pur des suffrages unanimes. On saura
se consoler de leur colère.
Quant au Journal du Havre, qu’il nous
permette de lui dire qu’il manque peut-être
d’esprit politique en soutenant M. Brindeau,
si vigoureusement et de façon si indiscrète.
Quand on a défendu des candidats, avec
le succès que l’on sait, on ferait mieux de
combattre, fût-on leur parent, les gens à qui
l’on veut du bien.
LE PORT DU HAVRE
On commence sérieusement à se lasser au
Havre, des longueurs, des tâtonnements, de toute
la paperasserie administrative qui empêchent la
réalisation à brève échéance des grands travaux
du port du Havre.
De tous côtés ce ne sont que plaintes, récrimi
nations continuelles contre cet état de choses, qui,
si on n’y remédie bien vite, fera descendre au
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