Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-02-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 février 1892 20 février 1892
Description : 1892/02/20 (N20). 1892/02/20 (N20).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263221h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Aînée — N° 21) — Samedi 20 Février 1892.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
I re Année — 2 Vcnlôse An 100 — N° 20.
ïT2SSS25E32S5SaœBBBa
OR6AME KÉPUBLICAIN
PRIX DES Â'OOXXEMEXTS :
Le Havre
Départements
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
=
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIÈR, 15
LE RÉ VE IL DU IIA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
T ITTTI^ TT
-a— jLj JL JL JTvJiIj
UH PÈRE DE FAMILLE
Nous recevons la lettre suivante, que nous
insérons bien volontiers. Nos lecteurs verront
combien sont justifiées les critiques dont nous
nous sommes fait maintes fois l’écho :
•Monsieur le Rédacteur,
N’est-il pas vrai qu’il deviendra bientôt
difficile à un père de famille républicain, de
trouver une école où il puisse mettre ses
enfants ?
Les écoles congréganistes, contraires à ses
principes, lui sont fermées. Leur programme
répugne à tous ceux qui ont souci d’une
instruction scientifique.
Quant aux écoles dites laïques — j’ai le
regret de le constater — c’est absolument la
même chose. On dirait que la loi est faite
pour servir d’objet de risée à ces petits
potentats que s’efforcent d’être certains direc
teurs d’écoles.
Je sais qu'il est mauvais de parler de soi.
Le moi est haïssable. Cependant, je crois
intéressant d’apporter mon contingent d’in
formations personnelles à la cause que vous
défendez.
Mon fils fréquente l’école primai re laïque
de la rue de l’Observatoire, directeur M.
Desgenétais. __
Tous allez juger de quelle façon originale
ce directeur comprend sa mission de chef
d’école laïque. Je dois dire que je tiens ces
renseignements, non-seulement de mon fils,
niais d’un certain nombre de ses petits
camarades que. j’ai pu contrôler les uns par
les autres.
Vous savez, sans doute, que les Classes ont
lieu, chaque jour, sauf le dimanche et le
jeudi, de 8 h. 1/2 à I I h. 1/2 et de 1 h. 1/2
à 4 h. 1/2. Or le mardi et le vendredi, et
parfois pendant les heures de classe, les
enfants sont - conduits au catéchisme. Ils y
sont surveillés par des moniteurs désignés
par le directeur de l’école. Ces moniteurs
font leur rapport sur ceux qui manquent au
catéchisme et l’on peut voir journellement
,M. De sgenétais parcourir les classes de son
école et poser, avec un regard courroucé,
cette sévère question : « Elève un tel,
pourquoi avez-vous manqué hier, au caté
chisme ? »
Il y a, enoutre, le mercredi, le catéchisme
préparatoire qui donne lieu aux memes
incidents, le directeur faisant son office de
raccoleur de catéchumènes.
Le dimanche, M. Desgenétais prend gra
vement son paroissien et s’en va faire l’office
de bedeau, soit à l’église Sainte-Marie, soit
-— ce qui est un comble — à la chapelle
Saint-Léon, lieu de culte dont l’ouverture
n’a pas été autorisée et dont le Conseil
municipal a plusieurs fois demandé la ferme
ture. 11 fait alors l’appel des élèves, inscrits
sur un registre qui ressemble singulièrement
aux cahiers fournis par la Ville.
Les manquants sont notés par M. Desge
nétais, qui s’en va, de son pas léger, faire
son rapport au ^curé. Ledit curé se charge
d’écrire aux parents. •
Ajoutons à cela qu’il n’est pas rare de
voir les desservants de Sainte-Marie et de
Saint-Léon faire des visites à M. le directeur,
à l’école même. Peut-être lui donnent-ils
leur sainte bénédiction I
D’aucuns prétendent que les membres du
clergé vont jusqu’à faire, dans la cour, des
distributions de brochures pieuses.
Il ne reste maintenant, Monsieur le
Rédacteur, à conclure cet exposé par une
simple question :
Nous, travailleurs républicains, si forte
ment imposés dans la Ville du Havre, nous
avons toujours approuvé les dépenses faites
pour l’instruction, dans l’espoir que nos
enfants en profiteraient. Quand on nous
parlait d’écoles laïques, nous nous disions :
« Allons, tant mieux, nous en finirons enfin
avec les abus du cléricalisme. Nos enfants
recevront une instruction complètement
laïque et vraiment civique ! »
Nous nous trompions, et l'expérience a
démontré qu’on s’est moqué de nous. On
nous prend notre argent, mais c’est pour
imiter les cléricaux qui se réjouissent de
voir leur propagande payée par nous et
servie par les directeurs qui, comme M.
Desgenétais, préfèrent l’église à l’école. *
N’est-il pas temps, je vous le demande,
de mettre un terme à cette mauvaise plai
santerie ?
Si certains directeurs d’écoles laïques ont
une telle vocation pour les fonctions décora
tives, de bedeaux, de suisses, voire même de
sous-diacres, il y a en France assez d’églises
où ils pourront donner carrière à leur goût
pour l’encens et les cantiques. Ils y seront
certes mieux qu’à la tête de services publics
qu’ils dirigent d’une façon si étrange.
Veuillez agréer, etc.
Un Père de Famille.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Chronique électorale, — Election législa
tive du Pi février. Vienne. — Une élection a eu
lieu dans la première circonscription de Poitiers,
à l’effet de nommer un député en remplacement de
M. Denizot, républicain décédé.
Ont obtenu :
MM. Bazille, avocat, rép. rad 4,316 voix
Bou goui n, sous-préfet de M eaux,
républicain 3,138 »
Henri Deloncle, publiciste, ré
publicain 2,546 »
Martin, conseiller général, rad. 66 »
ïl y a ballottage.
Charente-Inférieure. — Les électeurs séna
toriaux de la Charente-Inférieure sont convoqués
pour le dimanche 21 février, pour l’élection d’un
sénateur en remplacement de M. Henry Didier,
sénateur inamovible.
Trois candidats républicains sont sur les rangs :
M. Bisseuil, ancien député ; M. le docteur Bourey,
maire de.St-Jean-d’Augeiy ; M. Dupon, directeur
du journal Le Peuple.
Les réactionnaires n’ont pas de candidats.
Rentrée des Chambres. — Les Chambres
ont repris leurs travaux mardi.
Au Sénat, le président prononce les oraisons
funèbres de deux sénateurs, et l’on s’occupe de la
proposition de M. Bozcrian, relative aux arrêtés
administratifs agréant les gardes particuliers.
L’accusation est formelle. Nous donnerons
volontiers la parole à M. Desgenétais pour
répondre, et nous lui ouvrons nos colonnes à
cet effet.
A la Chambre des députés, la séance a été plus
animée. MM. Pierre Richard, Lafargue, Lockroy,
Léon Sa.y, ont escarmouché sur les nouveaux tarifs
des douanes, qu’ils ont attaqués de différentes
manières. M. Méline a soutenu le feu et a demandé
finalement le maintien des tarifs votés par la
Chambre, ce qui a paru assez bizarre à l’égard d’un
loi qui vient d’être à peine votée.
M. Méline est un convaincu. Il est persuadé que
les tarifs de protection feront baisser les prix des
objets de consommation.
Un avenir prochain se chargera, hélas ! de lui
prouver le contraire.
La Chambre s’est également occupée de l’inter
pellation de M. Terrier, au sujet de la récente
élévation de M. Caillaux, ancien ministre du 16-
mai, à la présidence du conseil d’administration
de la compagnie P. L. M., et qui s’est terminée
par l’adoption de l’ordre du jour pur et simple.
Les paroles prononcées par M. Leydet, après la,
proclamation du scrutin, peuvent servir de com
mentaire à ce vote : « Il reste encore quelques
« anciens ministres du 16 mai à caser : nous les
« recommandons à la bienveillance du gouver-
« nement. »
ÉTRANGER
Allemagne : Projet de loi scolaire. — Le
Conseil municipal de Berlin a voté par 95 voix
contre 14, une pétition au Landtag, protestant
énergiquement contre la loi scolaire.
On signale également la pétition de 69 profes
seurs sur 83 de l’Université de Berlin, parmi les-
i quels tous les professeurs de théologie, sauf deux.
Le conseil supérieur évangélique, dont le pré
sident, M, de Barkhausen, est un ancien sous-
secrétaire d’Etat aux cultes, a aussi protesté.
On voit que le mouvement d’opposition continue.
Les mauvais traitements dans l’ar
mée. — Le Reichstag a discuté, cette semaine,
à l’occasion du budget de la guerre, la question
des mauvais traitements -infligés aux soldats
allemands, dont le Réveil a entretenu ses lecteurs.
Du débat, il ressort que les détails que l’on
connaissait n’étaient nuTe/nent e :agérés. Au con
traire, et M. Bebel l’a affirmé, un grand nombre
de cas se sont produits en dehors de ceux cités
par le duc George de Saxe.
M. de Caprivi s’est efforcé, naturellement,
d’atténuer les choses et a cherché à excuser, ou
du moins à expliquer la conduite sauvage des
officiers et sous-officiers. Il les a montrés sur
chargés de besogne. Et par une casuistique très
souple, il est arrivé à prouver que c’est le lapin
qui a commencé.
En effet, il a dit qu’un certain nombre de ceux
qui avaient commis ces excès étaient des indi
vidus dont l’état mental n’était pas sain et qui
ont été éloignés de l’armée. v
lia accordé que c’étaient des abrutis. Mais il a
ajouté que les vrais coupables, ce sont les soldats
eux-mêmes qui n’ont plus la moindre notion de
religion ! La’religion contribue à fortifier la
discipline. Or, les recrues qui arrivent à l’armée
comptent chaque année une proportion plus
forte d’hommes qui ont un casier judiciaire. Il
en conclut que l’immoralité va croissant dans
la population.
Ce qui veut dire, à entendre le chancelier,
qu’en Allemagne il y a beaucoup de sauvages,
cl’abrutis, de repris de justice et d’êtres immoraux.
Or, notez que c’est ufi pays dans lequel l’esprit
religieux et bien pensant est dans un parfait
épanouissement.
M. de Caprivi conclut en disant que c’est
surtout à l’école primaire qu’il faut inculquer les
sentiments religieux à ceux qui feront plus tard
partie de l’armée. Un petit boniment, quoi ! en
faveur de la loi scolaire que nous connaissons.
LA CHUTE DU IIÏSTÊ1E
Le ministère Freycinet a été renversé jeudi soir
sur la question d’urgence du projet de loi sur les
Associations.
La Chambre était en présence de deux ordres
du jour :
1° L’ordre du jour Trouillot, accepté, par le
ministère et ainsi conçu : « La Chambre, décidée
à poursuivre sa politique républicaine et à défendre
les droits de l’Etat, vote l’urgence. »
2° L’ordre du jour Pichon : « La Chambre, con
vaincue de la nécessité de poursuivre la lutte pour
le pouvoir civil contre le parti clérical, se pro
nonce pour l’urgence. »
Cette dernière formule était ferme, catégorique.
Aussi, M. de Freycinet, ami des tergiversations
et des malentendus, a-t-il préféré la première.
finalement, la Chambre a repoussé à la fois
l’ordre du jour Trouillot, l’ordre du jour Pichon
et l’urgence, et le ministère est à bas.
Voilà où conduit la faiblesse envers les cléri
caux !
GONimUATION DES MENÉES CLÉRICALES
L’évêque de Mende, Narcisse Baptifolier, rend
compte dans son organe officiel la Semaine reli
gieuse du diocèse , des termes d’une entrevue qu’il
a eue récemment avec l’un des membres du gou
vernement. La Semaine religieuse s’exprime
ainsi :
« Il y a dans le ministère un double courant
et la partie saine et la plus intelligente du cabinet
songe sérieusement à une action gouvernementale
moins agressive pour les catholiques.
« Les visées chaque jour pins ambitieuses du
radicalisme et les prétentions subversives des
socialistes nettement accusées par les élections du
Nord, rendent à brève échéance toute forme cle
gouvernement raisonnable impossible.
« Avec les 150 députés qui votent toujours avec
le cabinet, et les 150 représentants catholiques,
on peut former une majorité compacte qui per
mettra au ministère d’orienter sa politique dans
le sens de la modération et de la justice pour
tous. »
Nous tenons,-par lettres particulières, ajoute la
revue religieuse, « d'un personnage éminent qui
a vu récemment les principaux membres du cabi
net, qu’il y a une tendance très marquée dans ce
sens. Et les hommes les plus clairvoyants et les
plus patriotiques qui sont au pouvoir sentent la
nécessité d’une évolution dans ce sens et la
PRÉPARENT. »
Ily a-t-il quelque indiscrétion à demander quel est
le membre du cabinet défunt qui a fait de telles
déclarations aux évêques et prépare cette évolu
tion ? Serait-ce le ministre qui tenait, il n’y a pas
longtemps encore, des conciliabules avec certains
représentants de la vieille aristocratie française,
« gens très- bien », qui ont acquis des fiefs électo
raux dans Seme-et-Marne, dans le Cher et autres
lieux ?
Dans ce cas, nous nous demandons ce que pense
de ces intrigues M. l’èx-prêsident du conseil, dont
les déclarations à la tribune furent diamétralement
opposées aux confidences intéressées de ce col
lègue ?
Les malentendus n’ont que trop duré : il faut
que les masques tombent.
M. LUCIEN DAUTRESME
Nous avons la douleur 1 d’apprendre la mort de
M. Lucien Dautresme, sénateur de la Seine-Infé
rieure, décédé à Paris, jeudi matin.
M. Lucien Dautresme était né à Elbeuf le 21
mai 1826. Peu d’hommes politiques ont eu une
carrière mieux remplie.
Sorti de l’école polytechnique en 1848, comme
aspirant de marine, il devint bientôt secrétaire
d’Emmanuel Arago. Après le coup d’Etat, il donna
sa démission d’officier de marine.
En juillet 1871 il rentra dans la vie politique
comme conseiller général de la Seine-Ihférieüre.
Nommé député de Rouen le 20 février 1876, il
siégea à la gauche radicale, fit partie des 363 et
fut réélu le 14 octobre 1877 après une campagne
énergique.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
I re Année — 2 Vcnlôse An 100 — N° 20.
ïT2SSS25E32S5SaœBBBa
OR6AME KÉPUBLICAIN
PRIX DES Â'OOXXEMEXTS :
Le Havre
Départements
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
=
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIÈR, 15
LE RÉ VE IL DU IIA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
T ITTTI^ TT
-a— jLj JL JL JTvJiIj
UH PÈRE DE FAMILLE
Nous recevons la lettre suivante, que nous
insérons bien volontiers. Nos lecteurs verront
combien sont justifiées les critiques dont nous
nous sommes fait maintes fois l’écho :
•Monsieur le Rédacteur,
N’est-il pas vrai qu’il deviendra bientôt
difficile à un père de famille républicain, de
trouver une école où il puisse mettre ses
enfants ?
Les écoles congréganistes, contraires à ses
principes, lui sont fermées. Leur programme
répugne à tous ceux qui ont souci d’une
instruction scientifique.
Quant aux écoles dites laïques — j’ai le
regret de le constater — c’est absolument la
même chose. On dirait que la loi est faite
pour servir d’objet de risée à ces petits
potentats que s’efforcent d’être certains direc
teurs d’écoles.
Je sais qu'il est mauvais de parler de soi.
Le moi est haïssable. Cependant, je crois
intéressant d’apporter mon contingent d’in
formations personnelles à la cause que vous
défendez.
Mon fils fréquente l’école primai re laïque
de la rue de l’Observatoire, directeur M.
Desgenétais. __
Tous allez juger de quelle façon originale
ce directeur comprend sa mission de chef
d’école laïque. Je dois dire que je tiens ces
renseignements, non-seulement de mon fils,
niais d’un certain nombre de ses petits
camarades que. j’ai pu contrôler les uns par
les autres.
Vous savez, sans doute, que les Classes ont
lieu, chaque jour, sauf le dimanche et le
jeudi, de 8 h. 1/2 à I I h. 1/2 et de 1 h. 1/2
à 4 h. 1/2. Or le mardi et le vendredi, et
parfois pendant les heures de classe, les
enfants sont - conduits au catéchisme. Ils y
sont surveillés par des moniteurs désignés
par le directeur de l’école. Ces moniteurs
font leur rapport sur ceux qui manquent au
catéchisme et l’on peut voir journellement
,M. De sgenétais parcourir les classes de son
école et poser, avec un regard courroucé,
cette sévère question : « Elève un tel,
pourquoi avez-vous manqué hier, au caté
chisme ? »
Il y a, enoutre, le mercredi, le catéchisme
préparatoire qui donne lieu aux memes
incidents, le directeur faisant son office de
raccoleur de catéchumènes.
Le dimanche, M. Desgenétais prend gra
vement son paroissien et s’en va faire l’office
de bedeau, soit à l’église Sainte-Marie, soit
-— ce qui est un comble — à la chapelle
Saint-Léon, lieu de culte dont l’ouverture
n’a pas été autorisée et dont le Conseil
municipal a plusieurs fois demandé la ferme
ture. 11 fait alors l’appel des élèves, inscrits
sur un registre qui ressemble singulièrement
aux cahiers fournis par la Ville.
Les manquants sont notés par M. Desge
nétais, qui s’en va, de son pas léger, faire
son rapport au ^curé. Ledit curé se charge
d’écrire aux parents. •
Ajoutons à cela qu’il n’est pas rare de
voir les desservants de Sainte-Marie et de
Saint-Léon faire des visites à M. le directeur,
à l’école même. Peut-être lui donnent-ils
leur sainte bénédiction I
D’aucuns prétendent que les membres du
clergé vont jusqu’à faire, dans la cour, des
distributions de brochures pieuses.
Il ne reste maintenant, Monsieur le
Rédacteur, à conclure cet exposé par une
simple question :
Nous, travailleurs républicains, si forte
ment imposés dans la Ville du Havre, nous
avons toujours approuvé les dépenses faites
pour l’instruction, dans l’espoir que nos
enfants en profiteraient. Quand on nous
parlait d’écoles laïques, nous nous disions :
« Allons, tant mieux, nous en finirons enfin
avec les abus du cléricalisme. Nos enfants
recevront une instruction complètement
laïque et vraiment civique ! »
Nous nous trompions, et l'expérience a
démontré qu’on s’est moqué de nous. On
nous prend notre argent, mais c’est pour
imiter les cléricaux qui se réjouissent de
voir leur propagande payée par nous et
servie par les directeurs qui, comme M.
Desgenétais, préfèrent l’église à l’école. *
N’est-il pas temps, je vous le demande,
de mettre un terme à cette mauvaise plai
santerie ?
Si certains directeurs d’écoles laïques ont
une telle vocation pour les fonctions décora
tives, de bedeaux, de suisses, voire même de
sous-diacres, il y a en France assez d’églises
où ils pourront donner carrière à leur goût
pour l’encens et les cantiques. Ils y seront
certes mieux qu’à la tête de services publics
qu’ils dirigent d’une façon si étrange.
Veuillez agréer, etc.
Un Père de Famille.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Chronique électorale, — Election législa
tive du Pi février. Vienne. — Une élection a eu
lieu dans la première circonscription de Poitiers,
à l’effet de nommer un député en remplacement de
M. Denizot, républicain décédé.
Ont obtenu :
MM. Bazille, avocat, rép. rad 4,316 voix
Bou goui n, sous-préfet de M eaux,
républicain 3,138 »
Henri Deloncle, publiciste, ré
publicain 2,546 »
Martin, conseiller général, rad. 66 »
ïl y a ballottage.
Charente-Inférieure. — Les électeurs séna
toriaux de la Charente-Inférieure sont convoqués
pour le dimanche 21 février, pour l’élection d’un
sénateur en remplacement de M. Henry Didier,
sénateur inamovible.
Trois candidats républicains sont sur les rangs :
M. Bisseuil, ancien député ; M. le docteur Bourey,
maire de.St-Jean-d’Augeiy ; M. Dupon, directeur
du journal Le Peuple.
Les réactionnaires n’ont pas de candidats.
Rentrée des Chambres. — Les Chambres
ont repris leurs travaux mardi.
Au Sénat, le président prononce les oraisons
funèbres de deux sénateurs, et l’on s’occupe de la
proposition de M. Bozcrian, relative aux arrêtés
administratifs agréant les gardes particuliers.
L’accusation est formelle. Nous donnerons
volontiers la parole à M. Desgenétais pour
répondre, et nous lui ouvrons nos colonnes à
cet effet.
A la Chambre des députés, la séance a été plus
animée. MM. Pierre Richard, Lafargue, Lockroy,
Léon Sa.y, ont escarmouché sur les nouveaux tarifs
des douanes, qu’ils ont attaqués de différentes
manières. M. Méline a soutenu le feu et a demandé
finalement le maintien des tarifs votés par la
Chambre, ce qui a paru assez bizarre à l’égard d’un
loi qui vient d’être à peine votée.
M. Méline est un convaincu. Il est persuadé que
les tarifs de protection feront baisser les prix des
objets de consommation.
Un avenir prochain se chargera, hélas ! de lui
prouver le contraire.
La Chambre s’est également occupée de l’inter
pellation de M. Terrier, au sujet de la récente
élévation de M. Caillaux, ancien ministre du 16-
mai, à la présidence du conseil d’administration
de la compagnie P. L. M., et qui s’est terminée
par l’adoption de l’ordre du jour pur et simple.
Les paroles prononcées par M. Leydet, après la,
proclamation du scrutin, peuvent servir de com
mentaire à ce vote : « Il reste encore quelques
« anciens ministres du 16 mai à caser : nous les
« recommandons à la bienveillance du gouver-
« nement. »
ÉTRANGER
Allemagne : Projet de loi scolaire. — Le
Conseil municipal de Berlin a voté par 95 voix
contre 14, une pétition au Landtag, protestant
énergiquement contre la loi scolaire.
On signale également la pétition de 69 profes
seurs sur 83 de l’Université de Berlin, parmi les-
i quels tous les professeurs de théologie, sauf deux.
Le conseil supérieur évangélique, dont le pré
sident, M, de Barkhausen, est un ancien sous-
secrétaire d’Etat aux cultes, a aussi protesté.
On voit que le mouvement d’opposition continue.
Les mauvais traitements dans l’ar
mée. — Le Reichstag a discuté, cette semaine,
à l’occasion du budget de la guerre, la question
des mauvais traitements -infligés aux soldats
allemands, dont le Réveil a entretenu ses lecteurs.
Du débat, il ressort que les détails que l’on
connaissait n’étaient nuTe/nent e :agérés. Au con
traire, et M. Bebel l’a affirmé, un grand nombre
de cas se sont produits en dehors de ceux cités
par le duc George de Saxe.
M. de Caprivi s’est efforcé, naturellement,
d’atténuer les choses et a cherché à excuser, ou
du moins à expliquer la conduite sauvage des
officiers et sous-officiers. Il les a montrés sur
chargés de besogne. Et par une casuistique très
souple, il est arrivé à prouver que c’est le lapin
qui a commencé.
En effet, il a dit qu’un certain nombre de ceux
qui avaient commis ces excès étaient des indi
vidus dont l’état mental n’était pas sain et qui
ont été éloignés de l’armée. v
lia accordé que c’étaient des abrutis. Mais il a
ajouté que les vrais coupables, ce sont les soldats
eux-mêmes qui n’ont plus la moindre notion de
religion ! La’religion contribue à fortifier la
discipline. Or, les recrues qui arrivent à l’armée
comptent chaque année une proportion plus
forte d’hommes qui ont un casier judiciaire. Il
en conclut que l’immoralité va croissant dans
la population.
Ce qui veut dire, à entendre le chancelier,
qu’en Allemagne il y a beaucoup de sauvages,
cl’abrutis, de repris de justice et d’êtres immoraux.
Or, notez que c’est ufi pays dans lequel l’esprit
religieux et bien pensant est dans un parfait
épanouissement.
M. de Caprivi conclut en disant que c’est
surtout à l’école primaire qu’il faut inculquer les
sentiments religieux à ceux qui feront plus tard
partie de l’armée. Un petit boniment, quoi ! en
faveur de la loi scolaire que nous connaissons.
LA CHUTE DU IIÏSTÊ1E
Le ministère Freycinet a été renversé jeudi soir
sur la question d’urgence du projet de loi sur les
Associations.
La Chambre était en présence de deux ordres
du jour :
1° L’ordre du jour Trouillot, accepté, par le
ministère et ainsi conçu : « La Chambre, décidée
à poursuivre sa politique républicaine et à défendre
les droits de l’Etat, vote l’urgence. »
2° L’ordre du jour Pichon : « La Chambre, con
vaincue de la nécessité de poursuivre la lutte pour
le pouvoir civil contre le parti clérical, se pro
nonce pour l’urgence. »
Cette dernière formule était ferme, catégorique.
Aussi, M. de Freycinet, ami des tergiversations
et des malentendus, a-t-il préféré la première.
finalement, la Chambre a repoussé à la fois
l’ordre du jour Trouillot, l’ordre du jour Pichon
et l’urgence, et le ministère est à bas.
Voilà où conduit la faiblesse envers les cléri
caux !
GONimUATION DES MENÉES CLÉRICALES
L’évêque de Mende, Narcisse Baptifolier, rend
compte dans son organe officiel la Semaine reli
gieuse du diocèse , des termes d’une entrevue qu’il
a eue récemment avec l’un des membres du gou
vernement. La Semaine religieuse s’exprime
ainsi :
« Il y a dans le ministère un double courant
et la partie saine et la plus intelligente du cabinet
songe sérieusement à une action gouvernementale
moins agressive pour les catholiques.
« Les visées chaque jour pins ambitieuses du
radicalisme et les prétentions subversives des
socialistes nettement accusées par les élections du
Nord, rendent à brève échéance toute forme cle
gouvernement raisonnable impossible.
« Avec les 150 députés qui votent toujours avec
le cabinet, et les 150 représentants catholiques,
on peut former une majorité compacte qui per
mettra au ministère d’orienter sa politique dans
le sens de la modération et de la justice pour
tous. »
Nous tenons,-par lettres particulières, ajoute la
revue religieuse, « d'un personnage éminent qui
a vu récemment les principaux membres du cabi
net, qu’il y a une tendance très marquée dans ce
sens. Et les hommes les plus clairvoyants et les
plus patriotiques qui sont au pouvoir sentent la
nécessité d’une évolution dans ce sens et la
PRÉPARENT. »
Ily a-t-il quelque indiscrétion à demander quel est
le membre du cabinet défunt qui a fait de telles
déclarations aux évêques et prépare cette évolu
tion ? Serait-ce le ministre qui tenait, il n’y a pas
longtemps encore, des conciliabules avec certains
représentants de la vieille aristocratie française,
« gens très- bien », qui ont acquis des fiefs électo
raux dans Seme-et-Marne, dans le Cher et autres
lieux ?
Dans ce cas, nous nous demandons ce que pense
de ces intrigues M. l’èx-prêsident du conseil, dont
les déclarations à la tribune furent diamétralement
opposées aux confidences intéressées de ce col
lègue ?
Les malentendus n’ont que trop duré : il faut
que les masques tombent.
M. LUCIEN DAUTRESME
Nous avons la douleur 1 d’apprendre la mort de
M. Lucien Dautresme, sénateur de la Seine-Infé
rieure, décédé à Paris, jeudi matin.
M. Lucien Dautresme était né à Elbeuf le 21
mai 1826. Peu d’hommes politiques ont eu une
carrière mieux remplie.
Sorti de l’école polytechnique en 1848, comme
aspirant de marine, il devint bientôt secrétaire
d’Emmanuel Arago. Après le coup d’Etat, il donna
sa démission d’officier de marine.
En juillet 1871 il rentra dans la vie politique
comme conseiller général de la Seine-Ihférieüre.
Nommé député de Rouen le 20 février 1876, il
siégea à la gauche radicale, fit partie des 363 et
fut réélu le 14 octobre 1877 après une campagne
énergique.
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