Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1891-12-26
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 décembre 1891 26 décembre 1891
Description : 1891/12/26 (N12). 1891/12/26 (N12).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263213z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Année — G Nivôse An 100 — N° 12.
l re Année — N° 12 — Samedi 26 Décembre 1891. CINQ CENTIMES LE NUMERO _____
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
-- - _ . ■ ■ ■■ ■ —■ ■ — ———
PRIX DES ABONNEMENTS
g
ADMINISTRATION & RÉDACTION
m
PRIX DES INSERTIONS :
UN AN
SIX MOIS
u
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Ü
Annonces
25 cent, la ligne
Le Havre
3 fr.
2 fr.
ü
il
Réclames
50 cent, la ligne
Départements
4 fr.
2 50
LE RÉ VE IL DU II A VRE paraît le Samedi
On traite à Forfait
AVIS
Pour couper court à des bruits malveil
lants répandus dans le public, le comité de
rédaction du Réveil du Havre tient à déclarer
que ce journal est l’organe, non de telle ou
telle personnalité, mais bien d’un groupe de
républicains.
Il est une œuvre collective, et, ainsi que
les lecteurs ont pu s’en rendre compte depuis
son apparition, le Réveil défend des idées et
non des individus.
Cette déclaration faite une fois pour
toutes.
La réunion des instituteurs et institutrices
du Havre a eu lieu, samedi dernier, à
l’Hôtel-de-Ville, ainsi que nous l’avions
annoncé.
On pouvait croire que les pressions scan
daleuses exercées sur les instituteurs et que
nous avons signalées, seraient, l’objet d’une
enquête, et qu’un blâme serait infligé aux
coupables. On pouvait espérer aussi que les
instituteurs seraient appelés à donner leur
avis sur la question, ou tout ati moins à
formuler leurs doléances. Il n’en a rien été.
M. le Préfet s’est borné à une conférence
sur les lois de 1882 et de 1886. Conférence
très littéraire, sans doute, comme tout ce
que fait M. Hendlé, mais malheureusement
tout à fait à côté de la question.
M. le Préfet n’a même pas fait allusion
aux faits de pression que nous avons signa
lés : pas un mot des fameuses lettres qu’on
a fait signer à des instituteurs-adjoints.
Le Petit Rouennais apprécie ainsi qu’il
suit cette conférence non contradictoire.
Nous ne pouvons que nous associer à la
manière de voir de notre confrère.
La liberté de conscience des instituteurs
Deux journaux républicains de la Seine-Infé
rieure, le Réveil du Havre et le Petit Rouennais ,
ont rendu compte, la semaine dernière, d’un acte
inouï de pression religieuse exercée par le direc
teur d’une des écoles communales du Havre sur
ses adjoints. Ce personnage, qui est très certaine
ment un humble domestique des jésuites, avait
obligé, par des menaces, peu déguisées, ses
adjoints à prendre l’engagement écrit d’assister
aux exercices du culte catholique sous le prétexte
d’y conduire les enfants. En réalité ces manifes
tations n’ont pour but que de montrer au public,
que, malgré les prescriptions de la loi, les fonc
tionnaires de 1’enseignement laïque continuent,
comme avant 1883, à tenir l’autorité de l’Eglise
pour supérieure à celui de l’Etat lui-même.
Après ce qui s’était passé au Conseil général,
le fait ne nous avait pas surpris. Les directeurs
cléricaux, sachant qu’ils pouvaient compter au
moimsir l’approbation tacitede la préfecture et de
l’inspection académique, ne devaient pas tarder
à en prendre à leur aise, c’était inévitable.
Cependant, l’incident du Havre, par la publicité
gênante qui lui était donnée, constituait un tel
scandale que M. le Préfet n’avait pu le laisser
passer sans paraître y prendre garde et avait
convoqué, à la mairie, tout le personnel ensei
gnant de cette ville pour conférer avec lui.
Nous avons eu, un instant, la naïveté de
croire que M. le Préfet, trouvant lui-même que
les frasques du directeur en question excédaient
toute mesure, avait voulu profiter de l’occasion
offerte pour prendre personnellement la défense
de la liberté de conscience des instituteurs-
adjoints et faire un exemple par une mesure de
rigueur contre le jésuite dont le zèle catholique
s’affichait si audacieusement.
Au Conseil général, répondant à une inter
pellation de M. Denis Gui]lot, M. le Préfet avait
affirmé que « lorsque des actes de pression lui
avaient été signalés, il avait fait justice et qu’il
en serait de même à l’avenir». Nous n’avons
jamais eu connaissance qu’aucune punition ait
été infligée aux auteurs de ces pressions, même
lorsqu’ils avaient été obligés de les avouer en
présence de M. l’inspecteur d’académie, comme
le cas s’en était présenté à Rouen il y a quelques
mois, avec M. Lefebvre, directeur de l’école
Mullot. Cependant nous pensions que, désireux
d’apporter à ses paroles la sanction de ses actes,
M. le Préfet allait conduire lui-même l’enquête
et faire un exemple qui servît à la fois de
réponse aux critiques dirigées contre ses conces
sions au parti clérical et d’avertissement à tout
le personnel enseignant de la Seine-Inférieure.
Son voyage au Havre ne nous a valu qu’une
déception, qui n’est ni la première ni la moins
vive. Loin de blâmer l’odieuse et illégale pression
exercée sur les adjoints du Havre, il a paru
l’ignorer. Il s’est borné à des déclarations de pure
théorie sur la question de principe, et en réalité,
il a proclamé la nécessité, pour les directeurs
d’écoles laïques, d’assurer la surveillance des
enfants à l’église pendant les offices du diman
che. Or, si cela ne veut pas dire, en termes
francs, que les adjoints ne sauraient refuser en
cela leur concours, aux directeurs sans compro
mettre la prospérité de l’école, c’est que nous
avons perdu le sens des mots.
Il y a plus. Dans sa conférence aux institu
teurs du Havre, conférence qui sera certainement
reproduite dans le Bulletin officiel de l’ensei
gnement primaire , M. le Préfet a donné à
entendre que la loi prescrivant qu’aucune des
heures de classe ne pouvait être affectée à un
exercice religieux quelconque était ponctuellement
observée dans la Seine-Inférieure ; or, tout le
monde sait que dans les -neuf-deuxièmes des
écoles publiques de notre département, la prière
a été rétablie. Le parti pris de laisser enfreindre
la lettre et l’esprit de la loi qui a pour objet de
neutraliser absolument l’école au point de vue
confessionnel est donc évident.
Nous sommes navré d’avoir à faire une pareille
constatation, mais la vérité nous oblige à recon
naître que si, au point de vue politique, M. le
Préfet a su, en maintes circonstances, mériter la
confiance et les sympathies du parti républicain
par l’habileté de son administration et la fermeté
de ses convictions personnelles, au contraire, en
matière religieuse, il manifeste la faiblesse la
plus regrettable. Aussi, au lieu de progresser,
les idées d’émancipation irfielîrifiàeile perdent-
elles chaque jour du terrain dans la Seine-Infé
rieure, tandis que, par un retour naturel, l’in
fluence du parti clérical s’affirme et s’étend de
plus en plus. En particulier, nos jeunes maîtres
de 1’enseignement primaire, naguère pleins d’ar
deur et de foi dans la République, sont littéra
lement découragés, parce qu’ils ne se sentent
plus protégés et qu’ils voient la main de l’Eglise
reprendre la direction effective des instituteurs
dont elle avait été dépossédée.
Tout cela prépare un triste avenir à la démo
cratie, car il y a des heures où les républicains
les plus énergiques sentent eux-mêmes la lassi
tude les envahir, devant l’inutilité de leur clair
voyance et de leurs efforts personnels.
Dans son numéro du 23 décembre, le
Soleil , organe des princes, enregistre avee
une satisfaction visible les déclarations de
M. le Préfet.
Si Philippe YII arrivait au pouvoir, il
aurait en effet peu de réformes à faire dans
nos lois et encore moins dans notre per
sonnel.
La neutralité de Lécole
M. Bourgeois, ministre de l’Instruction publi-'
que, a adressé une lettre prescrivant aux préfets
de défendre aux instituteurs et institutrices
d’enseigner le catéchisme même en dehors des
heures de classe , parce que les nouveaux caté
chismes sont des manuels électoraux.
SIMPLE RAPPROCHEMENT
Pendant que M. Hendlé entretenait nos
instituteurs de la façon que l’on sait, M. Léon
Bourgeois, ministre de l’instruction publique,
présidant à la Sorbonne une séance de P Union
de la Jeunesse républicaine, s’exprimait ainsi
aux applaudissements de son auditoire : « La
victoire contre les vieux partis est gagnée i, mais
la guerr-e n’est pas finie. Elle continue sous une
autre forme. » Les bravos redoublèrent, quand
M.-le Ministre a ajouté: ce Ne désarmons pas! »
Encouragée par cet appel qui vaut bien
celui des partisans de la conciliation à
outrance, la presse, à laquelle s’est honoré'*
d’avoir appartenu M. Hendlé, continuera sa
polémique. Elle enregistrera les doléances
des intéressés, relèvera les abus et provoquera
au besoin, du Ministre républicain de l’Ins
truction publique, une mesure qui mettra fin
à un état de choses qui n’a que trop duré.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Elections Législatives. — Des élections
législatives ont eu lieu le 20 décembre 1891, dans
les départements de Maine-et-Loire et Vaucluse ;
le succès a favorisé les républicains. Voici les
résultats :
Maine-et-Loire (arrondissement de Bangé)
M. Coudreux, ancien avoué, rép. 9,435 v. élu.
M. le c te de Blois, cons. gém, mon. 7,076 v.
Il s’agissait de remplacer M. le général Lacre-
telle, bonapartiste, décédé, qui avait été nommé,
en 1889, par 8,903 voix, contre 8,872 données à
M. Benoist, républicain ; c’est donc un siège de
gagné.
Vaucluse (arrondissement de Carpentras)
2 e tour de scrutin
M. le docteur Béraud, rép. radical. 5,617 v. élu
M. Jouvent, pharmacien, maire de
Carpentras, radical 3,541 v.
Il s’agissait de remplacer M. Alfred Michel,
radical, décédé.
Les Jésuites dans les Ecoles. — On sait
les incidents qui se sont produits récemment, à
l’occasion de la rentrée des jésuites dans les éta
blissements d’enseignement secondaire libre de la
rue des Postes, de la rue de Madrid et de la rue de
Vaugirard. - .
Le Ministre de l’instruction publique vient de
prendre les mesmes nécessaires pour que ces
établissements soient replacés exactement dans
lqs mêmes conditions que celles où ils étaient en
1881, an lendemain de l’exécution des décrets
relatifs aux congrégations.
Les jésuites, qui figuraient dans le personnel de
ces écoles, sont partis ou sur le point de partir.
Le comte de Paris. — Le bruit avait couru
que le comte de Paris allait devenir républicain !
Le comte faisait, disait-on, les yeux doux à
Marianne, dans l’espoir d’obtenir la permission de
rentrer en France et y planter tranquillement ses
choux jusqu’à la fin de ses jours. Plus de politique!
plus de conspiration !
C’était véritablement très beau. Hélas! le Figaro
s’est chargé de nous désillusionner en se déclarant
autorisé à affirmer que « dans l’état présent des
» esprits, M. le confie de Paris ne croit pas à un
» apaisement possible, ou à une conciliation quel-
» conque avec la forme actuelle du Gouverne-
» ment. »
Voilà !
Donc, pour le moment, la lutte continuera.
Nous nous en doutions bien un peu. Mais dire
que si ces gaillards-là prêchaient la réconciliation
avec la République, il y aurait encore de nombreux
républicains qui s’y laisseraient prendre !
Mort de M. Freppel. — La droite vient
de perdre l’un de ses plus remuants orateurs,
M. Freppel, évêque d’Angers, député de' la 3 e
circonscription de Brest (Finistère), est mort hier,
à Angers, à l’âge de 64 ans, des suites d’une
congestion pulmonaire.
Né en 1827, à Obernai, il fut ordonné prêtre
en 1849, et nommé évêque en 1869.
Il entra à la Chambre des Députés en 1880 et
chaque élection, depuis, le renvoya dans cette
Assemblée, dans laquelle il prononça de nom
breux discours. Il avait pris, après la mort de
M. Dupanloup, le rôle du fougueux évêque
d’Orléans comme défenseur des intérêts du haut
clergé de France.
Il avait participé aux travaux préparatoires du
Concile du Vatican, en 1869, sous Pie IX et
était l’un des champions du dogme de l’infailli
bilité.
ÉTRANGER
Troubles au Brésil. — On télégraphie de
Pernambuco :
« Des troubles graves se sont produits à Pernam
buco. Un conflit sanglant a éclaté entre le peuple
d’une part, la police et la troupe dé l’autre. 11 y a
eu soixante tués ou blessés. Le gouverneur a dû
résigner ses fonctions.
» Le général Ourique (Jacques), les docteurs
José Vicente Vasconcellos, Ambrosio Machado,
représentant la Junte, ont été acclamés.
» Le calme est rétabli. L’ordre est garanti par
les troupes qui restent fidèles au gouvernement. »
POLÉMIQUE
Attaques d’un fonctionnaire. — Un
contrôleur des Douanes conser
vateur-socialiste.
A la suite de deux lettres publiées dans le
Courrier du Havre des 8 et 19 décembre dernier,
qui le visaient personnellement dans des termes
injurieux, M. Denis Guillot a adressé à M. le
rédacteur en chef du Courrier la lettre suivante :
Havre, le 22 décembre 1891.
Monsieur le Rédacteur,
Vous avez reçu, hier matin, la visite de
deux de mes amis, M. Krause et M. le Doc
teur Dugardin. Ils avaient accepté la mission
de vous demander le nom de l’auteur respon
sable des deux lettres publiées, avec la signa
ture M. C., dans le Courrier du Havre des
8 et 19 décembre.
Quoique partisan convaincu des droits de
la presse, et assez indifférent aux attaques
d’adversaires politiques à qui l’impartialité
fait trop souvent défaut, je ne pouvais me
résoudre à autoriser, par mon silence, des
outrages que je n’avais en aucune façon pro
voqués, et qui se trouvaient aggravés dans la
dernière lettre parue samedi soir.
Vous avez enfin donné à mes témoins, ce
dont je vous remercie, le nom de l’auteur des
deux lettres signées M. C., et ils me l’ont
transmis.
Ma déception est grande en apprenant
que mon insulteur a près de 70 ans, et que,
dès lors, son âge le dispense de la réparation
que je serais en droit d’exiger d’un autre.
Il a d’autres titres à mon indulgence : il est
chargé de famille, et la publication, que je
pourrais faire, de son nom, entraînerait cer
tainement pour lui la perte de sa place. C’est
un remords auquel je ne veux pas m’exposer.
‘Dans ces conditions, j’estime, d’accord avec
mes amis, que l’affaire ne peut pas comporter
d’autres suites.
Je me plais à espérer que votre corres*-
pondant n’abusera plus des immunités que
lui donnent les années, et qu’il compren
dra tout ce qu’aurait de lâche de sa part la
continuation d’attaques personnelles contre
lesquelles il ne me resterait d’autre arme
que la divulgation de son nom.
En vous priant d’insérer cette lettre dans
votre prochain numéro, je vous présente.
Monsieur le Rédacteur, l’assurance de mes
sentiments distingués.
Denis Guillot.
A la suite de cette lettre, lç M. C. du Courrier
s’est spontanément déclaré dans une lettre du
23 décembre, adressée au même journal.
C’est un M. Maxime Chapais, contrôleur des
Douanes au Havre, c’est-à-dire un fonctionnaire.
M. Denis Guillot vient d’envoyer au Courrier
du Havre la lettre suivante :
« Havre, le 24 Décembre 1891.
» Monsieur le Rédacteur,
» M. Maxime Chapais, voulant éviter sans
doute, à ceux qui portent les mêmes initiales, des
quiproquos désagréables, publie son nom avec une
crânerie dont je veux être le premier à le féliciter.
* Il vous reproche, en même temps d’avoir été
indiscret en ma faveur. Explique qui pourra cette
contradiction.
» Il continue, à mon adresse, sur un ton plus
mesuré toutefois, ses attaques qui ne lui coûteront
rien pour les motifs que j’ai déjà exposés. M.
Maxime Chapais n’eut-il que 68 ans au lieu de 70,
et fut-il l’agréable vieillard qu’il nous dépeint,
que je.ne trouverais pas au monde de témoins ca
pables de se faire les complices d’un meurtre sur
sa personne.
» J’avais voulu taire son nom, par indulgence,
quoi qu’il en dise.
l re Année — N° 12 — Samedi 26 Décembre 1891. CINQ CENTIMES LE NUMERO _____
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
-- - _ . ■ ■ ■■ ■ —■ ■ — ———
PRIX DES ABONNEMENTS
g
ADMINISTRATION & RÉDACTION
m
PRIX DES INSERTIONS :
UN AN
SIX MOIS
u
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
Ü
Annonces
25 cent, la ligne
Le Havre
3 fr.
2 fr.
ü
il
Réclames
50 cent, la ligne
Départements
4 fr.
2 50
LE RÉ VE IL DU II A VRE paraît le Samedi
On traite à Forfait
AVIS
Pour couper court à des bruits malveil
lants répandus dans le public, le comité de
rédaction du Réveil du Havre tient à déclarer
que ce journal est l’organe, non de telle ou
telle personnalité, mais bien d’un groupe de
républicains.
Il est une œuvre collective, et, ainsi que
les lecteurs ont pu s’en rendre compte depuis
son apparition, le Réveil défend des idées et
non des individus.
Cette déclaration faite une fois pour
toutes.
La réunion des instituteurs et institutrices
du Havre a eu lieu, samedi dernier, à
l’Hôtel-de-Ville, ainsi que nous l’avions
annoncé.
On pouvait croire que les pressions scan
daleuses exercées sur les instituteurs et que
nous avons signalées, seraient, l’objet d’une
enquête, et qu’un blâme serait infligé aux
coupables. On pouvait espérer aussi que les
instituteurs seraient appelés à donner leur
avis sur la question, ou tout ati moins à
formuler leurs doléances. Il n’en a rien été.
M. le Préfet s’est borné à une conférence
sur les lois de 1882 et de 1886. Conférence
très littéraire, sans doute, comme tout ce
que fait M. Hendlé, mais malheureusement
tout à fait à côté de la question.
M. le Préfet n’a même pas fait allusion
aux faits de pression que nous avons signa
lés : pas un mot des fameuses lettres qu’on
a fait signer à des instituteurs-adjoints.
Le Petit Rouennais apprécie ainsi qu’il
suit cette conférence non contradictoire.
Nous ne pouvons que nous associer à la
manière de voir de notre confrère.
La liberté de conscience des instituteurs
Deux journaux républicains de la Seine-Infé
rieure, le Réveil du Havre et le Petit Rouennais ,
ont rendu compte, la semaine dernière, d’un acte
inouï de pression religieuse exercée par le direc
teur d’une des écoles communales du Havre sur
ses adjoints. Ce personnage, qui est très certaine
ment un humble domestique des jésuites, avait
obligé, par des menaces, peu déguisées, ses
adjoints à prendre l’engagement écrit d’assister
aux exercices du culte catholique sous le prétexte
d’y conduire les enfants. En réalité ces manifes
tations n’ont pour but que de montrer au public,
que, malgré les prescriptions de la loi, les fonc
tionnaires de 1’enseignement laïque continuent,
comme avant 1883, à tenir l’autorité de l’Eglise
pour supérieure à celui de l’Etat lui-même.
Après ce qui s’était passé au Conseil général,
le fait ne nous avait pas surpris. Les directeurs
cléricaux, sachant qu’ils pouvaient compter au
moimsir l’approbation tacitede la préfecture et de
l’inspection académique, ne devaient pas tarder
à en prendre à leur aise, c’était inévitable.
Cependant, l’incident du Havre, par la publicité
gênante qui lui était donnée, constituait un tel
scandale que M. le Préfet n’avait pu le laisser
passer sans paraître y prendre garde et avait
convoqué, à la mairie, tout le personnel ensei
gnant de cette ville pour conférer avec lui.
Nous avons eu, un instant, la naïveté de
croire que M. le Préfet, trouvant lui-même que
les frasques du directeur en question excédaient
toute mesure, avait voulu profiter de l’occasion
offerte pour prendre personnellement la défense
de la liberté de conscience des instituteurs-
adjoints et faire un exemple par une mesure de
rigueur contre le jésuite dont le zèle catholique
s’affichait si audacieusement.
Au Conseil général, répondant à une inter
pellation de M. Denis Gui]lot, M. le Préfet avait
affirmé que « lorsque des actes de pression lui
avaient été signalés, il avait fait justice et qu’il
en serait de même à l’avenir». Nous n’avons
jamais eu connaissance qu’aucune punition ait
été infligée aux auteurs de ces pressions, même
lorsqu’ils avaient été obligés de les avouer en
présence de M. l’inspecteur d’académie, comme
le cas s’en était présenté à Rouen il y a quelques
mois, avec M. Lefebvre, directeur de l’école
Mullot. Cependant nous pensions que, désireux
d’apporter à ses paroles la sanction de ses actes,
M. le Préfet allait conduire lui-même l’enquête
et faire un exemple qui servît à la fois de
réponse aux critiques dirigées contre ses conces
sions au parti clérical et d’avertissement à tout
le personnel enseignant de la Seine-Inférieure.
Son voyage au Havre ne nous a valu qu’une
déception, qui n’est ni la première ni la moins
vive. Loin de blâmer l’odieuse et illégale pression
exercée sur les adjoints du Havre, il a paru
l’ignorer. Il s’est borné à des déclarations de pure
théorie sur la question de principe, et en réalité,
il a proclamé la nécessité, pour les directeurs
d’écoles laïques, d’assurer la surveillance des
enfants à l’église pendant les offices du diman
che. Or, si cela ne veut pas dire, en termes
francs, que les adjoints ne sauraient refuser en
cela leur concours, aux directeurs sans compro
mettre la prospérité de l’école, c’est que nous
avons perdu le sens des mots.
Il y a plus. Dans sa conférence aux institu
teurs du Havre, conférence qui sera certainement
reproduite dans le Bulletin officiel de l’ensei
gnement primaire , M. le Préfet a donné à
entendre que la loi prescrivant qu’aucune des
heures de classe ne pouvait être affectée à un
exercice religieux quelconque était ponctuellement
observée dans la Seine-Inférieure ; or, tout le
monde sait que dans les -neuf-deuxièmes des
écoles publiques de notre département, la prière
a été rétablie. Le parti pris de laisser enfreindre
la lettre et l’esprit de la loi qui a pour objet de
neutraliser absolument l’école au point de vue
confessionnel est donc évident.
Nous sommes navré d’avoir à faire une pareille
constatation, mais la vérité nous oblige à recon
naître que si, au point de vue politique, M. le
Préfet a su, en maintes circonstances, mériter la
confiance et les sympathies du parti républicain
par l’habileté de son administration et la fermeté
de ses convictions personnelles, au contraire, en
matière religieuse, il manifeste la faiblesse la
plus regrettable. Aussi, au lieu de progresser,
les idées d’émancipation irfielîrifiàeile perdent-
elles chaque jour du terrain dans la Seine-Infé
rieure, tandis que, par un retour naturel, l’in
fluence du parti clérical s’affirme et s’étend de
plus en plus. En particulier, nos jeunes maîtres
de 1’enseignement primaire, naguère pleins d’ar
deur et de foi dans la République, sont littéra
lement découragés, parce qu’ils ne se sentent
plus protégés et qu’ils voient la main de l’Eglise
reprendre la direction effective des instituteurs
dont elle avait été dépossédée.
Tout cela prépare un triste avenir à la démo
cratie, car il y a des heures où les républicains
les plus énergiques sentent eux-mêmes la lassi
tude les envahir, devant l’inutilité de leur clair
voyance et de leurs efforts personnels.
Dans son numéro du 23 décembre, le
Soleil , organe des princes, enregistre avee
une satisfaction visible les déclarations de
M. le Préfet.
Si Philippe YII arrivait au pouvoir, il
aurait en effet peu de réformes à faire dans
nos lois et encore moins dans notre per
sonnel.
La neutralité de Lécole
M. Bourgeois, ministre de l’Instruction publi-'
que, a adressé une lettre prescrivant aux préfets
de défendre aux instituteurs et institutrices
d’enseigner le catéchisme même en dehors des
heures de classe , parce que les nouveaux caté
chismes sont des manuels électoraux.
SIMPLE RAPPROCHEMENT
Pendant que M. Hendlé entretenait nos
instituteurs de la façon que l’on sait, M. Léon
Bourgeois, ministre de l’instruction publique,
présidant à la Sorbonne une séance de P Union
de la Jeunesse républicaine, s’exprimait ainsi
aux applaudissements de son auditoire : « La
victoire contre les vieux partis est gagnée i, mais
la guerr-e n’est pas finie. Elle continue sous une
autre forme. » Les bravos redoublèrent, quand
M.-le Ministre a ajouté: ce Ne désarmons pas! »
Encouragée par cet appel qui vaut bien
celui des partisans de la conciliation à
outrance, la presse, à laquelle s’est honoré'*
d’avoir appartenu M. Hendlé, continuera sa
polémique. Elle enregistrera les doléances
des intéressés, relèvera les abus et provoquera
au besoin, du Ministre républicain de l’Ins
truction publique, une mesure qui mettra fin
à un état de choses qui n’a que trop duré.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Elections Législatives. — Des élections
législatives ont eu lieu le 20 décembre 1891, dans
les départements de Maine-et-Loire et Vaucluse ;
le succès a favorisé les républicains. Voici les
résultats :
Maine-et-Loire (arrondissement de Bangé)
M. Coudreux, ancien avoué, rép. 9,435 v. élu.
M. le c te de Blois, cons. gém, mon. 7,076 v.
Il s’agissait de remplacer M. le général Lacre-
telle, bonapartiste, décédé, qui avait été nommé,
en 1889, par 8,903 voix, contre 8,872 données à
M. Benoist, républicain ; c’est donc un siège de
gagné.
Vaucluse (arrondissement de Carpentras)
2 e tour de scrutin
M. le docteur Béraud, rép. radical. 5,617 v. élu
M. Jouvent, pharmacien, maire de
Carpentras, radical 3,541 v.
Il s’agissait de remplacer M. Alfred Michel,
radical, décédé.
Les Jésuites dans les Ecoles. — On sait
les incidents qui se sont produits récemment, à
l’occasion de la rentrée des jésuites dans les éta
blissements d’enseignement secondaire libre de la
rue des Postes, de la rue de Madrid et de la rue de
Vaugirard. - .
Le Ministre de l’instruction publique vient de
prendre les mesmes nécessaires pour que ces
établissements soient replacés exactement dans
lqs mêmes conditions que celles où ils étaient en
1881, an lendemain de l’exécution des décrets
relatifs aux congrégations.
Les jésuites, qui figuraient dans le personnel de
ces écoles, sont partis ou sur le point de partir.
Le comte de Paris. — Le bruit avait couru
que le comte de Paris allait devenir républicain !
Le comte faisait, disait-on, les yeux doux à
Marianne, dans l’espoir d’obtenir la permission de
rentrer en France et y planter tranquillement ses
choux jusqu’à la fin de ses jours. Plus de politique!
plus de conspiration !
C’était véritablement très beau. Hélas! le Figaro
s’est chargé de nous désillusionner en se déclarant
autorisé à affirmer que « dans l’état présent des
» esprits, M. le confie de Paris ne croit pas à un
» apaisement possible, ou à une conciliation quel-
» conque avec la forme actuelle du Gouverne-
» ment. »
Voilà !
Donc, pour le moment, la lutte continuera.
Nous nous en doutions bien un peu. Mais dire
que si ces gaillards-là prêchaient la réconciliation
avec la République, il y aurait encore de nombreux
républicains qui s’y laisseraient prendre !
Mort de M. Freppel. — La droite vient
de perdre l’un de ses plus remuants orateurs,
M. Freppel, évêque d’Angers, député de' la 3 e
circonscription de Brest (Finistère), est mort hier,
à Angers, à l’âge de 64 ans, des suites d’une
congestion pulmonaire.
Né en 1827, à Obernai, il fut ordonné prêtre
en 1849, et nommé évêque en 1869.
Il entra à la Chambre des Députés en 1880 et
chaque élection, depuis, le renvoya dans cette
Assemblée, dans laquelle il prononça de nom
breux discours. Il avait pris, après la mort de
M. Dupanloup, le rôle du fougueux évêque
d’Orléans comme défenseur des intérêts du haut
clergé de France.
Il avait participé aux travaux préparatoires du
Concile du Vatican, en 1869, sous Pie IX et
était l’un des champions du dogme de l’infailli
bilité.
ÉTRANGER
Troubles au Brésil. — On télégraphie de
Pernambuco :
« Des troubles graves se sont produits à Pernam
buco. Un conflit sanglant a éclaté entre le peuple
d’une part, la police et la troupe dé l’autre. 11 y a
eu soixante tués ou blessés. Le gouverneur a dû
résigner ses fonctions.
» Le général Ourique (Jacques), les docteurs
José Vicente Vasconcellos, Ambrosio Machado,
représentant la Junte, ont été acclamés.
» Le calme est rétabli. L’ordre est garanti par
les troupes qui restent fidèles au gouvernement. »
POLÉMIQUE
Attaques d’un fonctionnaire. — Un
contrôleur des Douanes conser
vateur-socialiste.
A la suite de deux lettres publiées dans le
Courrier du Havre des 8 et 19 décembre dernier,
qui le visaient personnellement dans des termes
injurieux, M. Denis Guillot a adressé à M. le
rédacteur en chef du Courrier la lettre suivante :
Havre, le 22 décembre 1891.
Monsieur le Rédacteur,
Vous avez reçu, hier matin, la visite de
deux de mes amis, M. Krause et M. le Doc
teur Dugardin. Ils avaient accepté la mission
de vous demander le nom de l’auteur respon
sable des deux lettres publiées, avec la signa
ture M. C., dans le Courrier du Havre des
8 et 19 décembre.
Quoique partisan convaincu des droits de
la presse, et assez indifférent aux attaques
d’adversaires politiques à qui l’impartialité
fait trop souvent défaut, je ne pouvais me
résoudre à autoriser, par mon silence, des
outrages que je n’avais en aucune façon pro
voqués, et qui se trouvaient aggravés dans la
dernière lettre parue samedi soir.
Vous avez enfin donné à mes témoins, ce
dont je vous remercie, le nom de l’auteur des
deux lettres signées M. C., et ils me l’ont
transmis.
Ma déception est grande en apprenant
que mon insulteur a près de 70 ans, et que,
dès lors, son âge le dispense de la réparation
que je serais en droit d’exiger d’un autre.
Il a d’autres titres à mon indulgence : il est
chargé de famille, et la publication, que je
pourrais faire, de son nom, entraînerait cer
tainement pour lui la perte de sa place. C’est
un remords auquel je ne veux pas m’exposer.
‘Dans ces conditions, j’estime, d’accord avec
mes amis, que l’affaire ne peut pas comporter
d’autres suites.
Je me plais à espérer que votre corres*-
pondant n’abusera plus des immunités que
lui donnent les années, et qu’il compren
dra tout ce qu’aurait de lâche de sa part la
continuation d’attaques personnelles contre
lesquelles il ne me resterait d’autre arme
que la divulgation de son nom.
En vous priant d’insérer cette lettre dans
votre prochain numéro, je vous présente.
Monsieur le Rédacteur, l’assurance de mes
sentiments distingués.
Denis Guillot.
A la suite de cette lettre, lç M. C. du Courrier
s’est spontanément déclaré dans une lettre du
23 décembre, adressée au même journal.
C’est un M. Maxime Chapais, contrôleur des
Douanes au Havre, c’est-à-dire un fonctionnaire.
M. Denis Guillot vient d’envoyer au Courrier
du Havre la lettre suivante :
« Havre, le 24 Décembre 1891.
» Monsieur le Rédacteur,
» M. Maxime Chapais, voulant éviter sans
doute, à ceux qui portent les mêmes initiales, des
quiproquos désagréables, publie son nom avec une
crânerie dont je veux être le premier à le féliciter.
* Il vous reproche, en même temps d’avoir été
indiscret en ma faveur. Explique qui pourra cette
contradiction.
» Il continue, à mon adresse, sur un ton plus
mesuré toutefois, ses attaques qui ne lui coûteront
rien pour les motifs que j’ai déjà exposés. M.
Maxime Chapais n’eut-il que 68 ans au lieu de 70,
et fut-il l’agréable vieillard qu’il nous dépeint,
que je.ne trouverais pas au monde de témoins ca
pables de se faire les complices d’un meurtre sur
sa personne.
» J’avais voulu taire son nom, par indulgence,
quoi qu’il en dise.
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