Titre : L'Amusant havrais : littéraire, illustré : paraissant tous les samedis
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1897-12-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32692468r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 décembre 1897 11 décembre 1897
Description : 1897/12/11. 1897/12/11.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3251812q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-7685
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/01/2019
11 DECEMBRE 1897
Administration : 6 bis, Rue Bernardin de Saint-Pierre. — LE HAVRE
Aimé MALLIFAUD, Directeur
ABONNEMENTS
Le Havre : Un An 5 fr. j Départements : Un An
Pour les annonces on traite à forfait en s'adressant à l'Administration du Journal
6 fr.
Rédaction : 6 bis, Rue Bernardin de Saint-Pierre. — LE HAVRE
Bureaux Ouverts: les Lundi, Mercredi, Jeudi et Samedi, de 9 h. à 11 h. du matin
L’ACTUALITÉ
Une Dame voilée
il est dit que la Darne Voilée
sera — comme son collègue
l’Homme Blond — l’héroine
indiscrète et mystérieuse de
tous les drames...
(Tocs LES JOURNAUX)
Le fait est qu’on la trouve partout, ici,
ailleurs et autre part encore... cette dame
voilée... Elle fait partie de toutes les comé
dies dont notre actualité est seméç.. Elle a
aussi son rôle dans les drames, mais le drame
incite trop à pleurer, et il vaut bien mieux
rire.
En notre qualité de journalistes nous som
mes appelés à être les confidents discrets des
multiples intrigues qui se jouent dans la vie
quotidienne.
Or, lundi dernier, comme nous étions
en train de jouer une partie de manille avec
deux morts, et que je venais de passer, per
sonnellement, un beau manillon de cœur sec,
un coup de sonnette ébranla la quiétude de
l’appartement.
— C’est peut-être une commande; cache le
morceau de fromage de Brie, me dit mon col
laborateur...
— C’est plus probablement un huissier,
prends ton fusil, répliquai-je...
Et je fus ouvrir.
Ce n’était ni une commande ni un huis
sier, mais simplement un colonel de trin-
glots.
— Bonjour, Messieurs ! Serviteur...
— Entrez, mon général, dimes - nous au
guerrier, et veuillez-nous apprendre ce qui
nous vaut l’honneur d’une aussi flatteuse
visite...
J’avais dit : général, bien que m’étant par
faitement rendu compte que notre hôte n’était
que colonel, mais j’estime que la commission
de classement commet assez d’injustices pour
qu’il soit de mon devoir de les réparer dans
la mesure du possible...
Le colonel ne sourcilla du reste pas. Sim
plement il entra, s’assit sur la caisse qui nous
sert de divan, de coffre-fort et d’armoire à
glace, puis:
— Messieurs, dit-il, j’ai une confidence à
vous faire... Mais à vous seuls, sans té
moins.. .
Très émus, comme vous devez bien le pen
ser, nous fermâmes soigneusement la fenêtre
et la porte, nous fîmes sortir Pétrole notre
chat et Boisy notre chien, qui s’en furent con
ter des bêtises au perroquet de la concierge,
et nous revînmes haletants près de notre vi
siteur.
— Parlez! mon général... nous sommes
seuls !
— Seuls ! Est-ce bien sûr?... N’y a-t-il pas
iciun juge caché, un mouchard dissimulé, un
agent aux aguets ?... Ciel !... je vois un gen
darme !
Effarés, nous regardâmes.
En effet, au mur, un hareng-saur lamenta
ble étalait la maigreur dont, le soir, notre
appétit allait se satisfaire.
Nous nous mîmes à rire tous trois de la spi
rituelle plaisanterie du colonel.
Mais soudain, très grave, il reprit :
— Trêve de plaisanteries, messieurs...
Je vais vous dire ce qui m’amène. Voilà :
J’ai une dame voilée dans mon existence...
— Moi, j’ai un cheveu dans la mienne, ha
sarda mon collaborateur.
— C’est peut-être un des siens, continua
notre visiteur... Toujours est-il que voilà le
fait. Cette femme voilée m’obsède... Elle est
mon cauchemar... Et par le temps qui court,
vous comprenez... Enfin je viens vous racon
ter mon histoire afin que vous me donniez
un conseil... C’est tout ce que je vous de
mande.
— C’est également tout ce que nos moyens
nous permettent de vous offrir...
— Allez-y, mon général.
— Voilà : Il faut vous dire que je suis ma
rié, c’est un accident, je le sais bien, mais
cela vaut encore mieux que d’être amputé du
bras droit. Je suis marié et je suis...
— Content, sans doute !
— Non, Messieurs, dans le train des équi
pages. Or, mafemmeestd’unejalousieféroce...
d’une jalousie noire... d’une jalousie de ti
gresse... Vous vous imaginez aisément l’en
fer qu’est mon intérieur... Je vous fais grâce
des scènes qui se passent... Quand ma femme
crie trop, je fais venir le trompette d’un esca
dron, qui fait plus de bruit qu’elle... C’est la
seule façon de la faire taire... Mais voilà où
la question se complique... Je voudrais bien
avoir une maîtresse en ville.. Qu’en dites-
vous ?...
— Mon Dieu, mon général, je ne vois pas
bien, nous en causerons au frotteur...
— Eh bien! je la cherche, cette maîtresse,
je la cherche depuis trois mois... Je vais au
théâtre, je ne détesterais pas une petite chan
teuse ; je vais chez le lieutenant Maous... il a
une petite amie qui n’est pas dans une ral
longe à fourrage; je vais au café, au... enfin
je vais partout pour rencontrer celle qui doit
partager mon cœur avec Clémence ma femme...
et partout je la vois... seulement voilà ! Quand
je veux roucouler des douceurs à l’oreille de
la beauté que je désire... Pan! Une femme
Voilée apparaît à mes yeux, telle la statue du
commandeur... Vous comprenez, Messieurs,
si ça me la coupe !... »
Nous avouâmes, mon collaborateur et moi,
que ça nous la coupait également.
« Ah ! continua le colonel, que le ciel vous
garde, messieurs, de ce fantôme qui- se dresse
devant vos regards au moment où vous allez
commencer à ne pas vous embêter... Les pre
miers temps, j’essayais de savoir... de percer
le ministère... le mystère, veux-je dire. Quand
j’allais vers elle, l’apparition s’évanouissait...
Je sentais une femme, une femme svelte, jolie,
jeune, élégante, bien plus... je devinais une
femme amoureuse... Vous savez, ces choses-
là, ça se devine .. Moi, quand je vois une
femme, je la pénètre à travers son voile... Je
me dis, ça c’est une femme amoureuse... Et
je marche... Eh bien! messieurs, avec la
femme voilée qui me poursuit... je n’ai jamais
pu marcher... Quand je veux lui parler, elle
met un doigt mystérieux sur ce qui doit être
sa bouche et elle me fait signe de me taire...
— Elle est peut-être muette !
— Non, Messieurs, car l’autre jour, pendant
qu’elle me suivait dans la rue de la Lune, elle
rencontra un tringlot de mon régiment et elle
lui parla... Des renseignements sur moi, sans
doute... Il y a encore une chose qui m’in
trigue... l’autre jour, j’ai aperçu une pipe en
merisier qui sortait de sa poche...
— Bizarre !
— Bizarre ! dites-vous ! Affolant, Messieurs,
affolant... Et je n’ai pas encore pu me rendre
compte du mystère... Je prévois une catas
trophe et je me sens impuissant à la préve
nir... Ce matin même, je sortais du quartier
après le rapport ; je rencontrai mon inconnue
LA VIE D’A PRÉSENT
par Georges GRELL
— Enfin, je vous retrouve, Turlurette! Faut-il que vous soyez coquine et lâche! Vous avez choisi
lo moment où j’étais lo plus malade, pour m’V.andonner
— Ce n’est pas vrai! Ce jour-là, vous alliez mieux.
à la grille, où elle causaitaveclefactionnaire...
Elle vint à moi et me glissa dans la main le
billet que voici.
Et le colonel nous lut le poulet suivant :
« Léon, si tu vas encore au '"café du Globe
pour faire de l’œil à la caissière, tu recevras
des gifles... Une inconnue qui te veut du
bien ! »
— Qu’en dites-vous, messieurs?
Nous étions fort perplexes, en effet, mon
collaborateur et moi. Aussi nous ne trouvâ
mes pour nous tirer d’affaire que le moyen
suivant :
— L’affaire est grave, mon généra! ; nous
allons faire une enquête... Revenez un de ces
jours...
Le colonel parti, nous fumâmes une ciga
rette et nous mangeâmes notre hareng. Notre
chien et notre chat étaient remontés. Pétrole
s’offrait la tête du gendarme et Boisy s’escri
mait sur la queue, quand mon ami, qui avait
descendu l’arête au perroquet de la concierge,
remonta précipitamment.
—Attention! medit-il... le voilà quiremonte,
le colonel, il est tout pâle.
En effet, suant d’émotion, le glorieux mili
taire arrivait... Nous entendions son pas ré
sonner sur le palier du septième étage...
— Ah! messieurs! Je l’ai vue... je lui ai
parlé... La femme voilée... Horrible... Ah ! du
vinaigre !...
Comme je lui passais à la hâte un verre
d’eau, il reprit, tout tremblant :
— Ah!... cette femme... Savez-vous qui
c’est... le savez-vous?... dites...
— Votre femme, mon général...
— Non, messieurs ! mon brosseur... Mon
brosseur, vous dis-je... et c’est ma femme qui
me fait moucharder...
Et le colonel, éperdu, s’enfuit par l’escalier
en hurlant... !
★
★ ★
C’est égal! Un colonel dans cette situation-
là ! Vous ne m’enlèverez pas de l’idée... que
c’est encore une sale histoire qui va éclater
un de ces jours.
Illustrations de Jack Abeille.
Texte de René Dubreuil.
CHRONIQUE
PAR
Francisque Sarcey
Hier, en un dîner où se trouvaient réunis
quelques hommes du monde, appartenant à
des professions diverses, j’ai entendu conter
l’anecdote suivante qui m’a paru bien carac
téristique et m’a vivement frappé :
— J’étais en ce temps-là, nous dit l’un de
nos convives...
Il faut vous dire d’abord que la conversa
tion était tombée sur les mœurs de province
et sur l’horrible difficulté qu’il y a pour l’ha
bitant d'une petite ville à n’être pas de l’avis
commun, à se retrancher dans son indépen
dance. Chacun avait dit son mot là-dessus,
car nous avionstous plus ou moins longtemps
habité les départements. La personne qui prit
la parole avait été, par la nature de ses fonc
tions, spécialement en rapport avec les nota
bilités de deux ou trois provinces à l’origine
des chemins de fer; elle avait puissamment,
par son activité et son intelligence, contri
bué à les organiser, à les mettre sur le pied
où nous les voyons aujourd’hui.
— J’étais en ce temps-là, nous dit-il, chef
du mouvement et du personnel sur la ligne
de.... Il fallait alors surveiller les employés
de bien plus près qu’aujourd’hui. Ils n’étaient
pas encore formés à leur besogne et nous
étions forcés de les tenir très ferme. Je reçus,
un jour, d’une petite localité que notre che
min de fer desservait par une gare, une ma
nière de pétition signée de 150 personnes où
l’on me demandait la révocation d’un de nos
garde-barrières. On me le signalait comme
un employé inexact, impoli, et sefaisant dans
son service haïr de toute la population. Cette
pétition m’étonna, car je connaissais unpeu le
garde-barrière, c’était moi qui l’avais nommé
et je croyais être sûr de lui. Cependant le
nombre des signataires était si considérable,
et quelques-uns d’entre eux étaient des per
sonnages si importants dans le pays, que je
n’hésitai pas à faire moi—même l’enquête.
J’allai trouver ce brave homme et lui ex
posai très nettement les accusations dont i
était l’objet.
— Oh ! je sais bien, me dit-il, d’où le coup
vient.
Le chemin de fer avait, coupant le bourg en
deux parties fort inégales, laissé voir sur la
droite la ville presque tout entière, et de l’autre
côté une usine qui se trouvait ainsi séparée de
l’endroit où elle avait toutes ses affaires. Le
propriétaire de cette usine maugréait à la
journée contre cette malheureuse ligne, qui
le gênait ainsi dans ses communications et
dans ses transports de toutes les heures.
Il n’avait accès au bourg que par une bar
rière et aurait voulu que cette barrière fût
constamment ouverte. 11 lui déplaisait que le
garde la fermât, selon les règlements, aussi
tôt que le train était signalé.
— « J’ai le temps de passer, disait-il », et
il l’avait en effet.— « Moi, j’ai ma consigne »,
répondait l’employé.
Vous savez ce que sont ces petites piques,
alors qu’elles se renouvellent sans cesse. Les
coups d’épingle fréquemment répétés irri
tent plus qu’un bon coup de couteau. Le chef
de la manufacture avait fini par prendre sé
rieusement en grippe le malheureuxemployé,
et, comptant bien que le successeur montre
rait plus de complaisance, il avait rédigé la
pétition dont il s’agit. C’est ce qu’expliqua le
bonhomme avec force détails que je vous
passe.
— A la bonne heure, lui répondis-je, mais
comment se fait-il que la pétition soit signée
de 150 personnes ? Ces 150 personnes n’ont
point d’usine, et, si elles se plaignent, c’est
qu’apparemment vous avez eu des démêlés
avec elles.
Il secoua la tête.
— Oh ! Monsieur, vous savez bien que les
autres signatures ça ne compte pas...
— Comment ! cela ne compte pas ?
— Si vous voulez m’accorder huit jours, je
vous apporterai un certificat qui portera, lui
aussi, 150 signatures, et les mêmes à peu de
chose près.
— Les mêmes? m’écriai-je.
— Les mêmes.
— Je serais curieux de voir cela. Je vous
accorde les huit jours que vous me de
mandez.
Huit jours après je revins; il m’apporte,
tout triomphant, le certificat promis.
11 était représenté, dans ce certificat, comme
le modèle des employés, sage, honnête, la
borieux, à cheval sur son devoir. C’était lui
qui l’avait rédigé. On y demandait avec ins
tance qu’il fût maintenu à ce poste qu’il rem
plissait à la satisfaction de tous. Et au-
dessous les 150 signatures : les mêmes.
Ce fut à notre tour, nous qui écoutions ce
récit, de nous écrier :
— Les mêmes ?
— Les mêmes, répondit le narrateur. Je
possède les deux pièces; je les ai gardées
comme un des plus curieux souvenirs démon
administration. Vous ferez la comparaison
des signatures, si bon vous semble.
— Comment cela se fait-il ? demandâmes-
nous.
— A quelque temps de là, reprit notre
ami, je fus invité à une grande partie de
chasse, chez un des plus riches propriétaires
de ce pays. Je rencontrai chez lui nombre de
gros bonnets de l’endroit, et entre autres un
de ceux dont le nom figurait sur les deux
pétitions. C’était un fort honnête homme
possédant 25 ou 30 bonnes mille livres de
rente, homme aimable et fin à qui l’on me
présenta et qui fut charmant pour moi.
J’en profitai pour éclaircir l’affaire qui me
tenait au cœur, et tout en causant je la mis
sur le tapis. Je lui demandai, par manière
de conversation, comment la chose s’était
faite.
— De la façon la plus simple du monde.
En province, voyez-vous, il ne faut se mettre
mal avec personne. Mon voisin l’industriel
m’avait prié de lui rendre le service de
signer sa pétition ; je n’aurais pas voulu le dé
sobliger pour si peu. L’autre est ensuite
arrivé avec son certificat; j’ai été bien aise
de lui donner cette petite marque d’intérêt :
ami de tout le monde.
— Et il avait trente mille livres de rente?
nous écriâmes-nous.
— Et il avait trente mille livres de rente...
Francisque Sarcey.
Monsieur le Duc!
PAR
G. Courteline
Sur la scène , derrière le rideau, un soir de pre
mière. La herse, qui brûle dans les frises-
éclaire un intérieur de palais moyen âge.
LE RÉGISSEUR, affolé
Oh! sapristi! 1 avertisseur qui va frapper
les trois coups, et ma figuration n’est même
pas placée!... L’avertisseur, s’il vous plaît,
une minute ! (Il s’arrondit les mains en cornet
sur la bouche et à pleine voix hèle les figurants
logés dans les combles du théâtre.) Oh hé ! les
seigneurs ! oh hé! On va frapper ! En scène,
les seigneurs, grouillez-vous! (Descente
rière eux viennent, sans se hâter , des cardinaux
en robe pourpre.) Hé bien ! ditesdonc, les car
dinaux, tas de chameaux, ne vous pressez
pas! Faut-il que je vous fasse descendre avec
une trique? (Les seigneurs et les cardinaux
viennent se ranger à droite et à gauche de la
scène.) Un peu moins de bruit, s’il v a moyen,
et tâchez voir à écouter ce que je vais avoir
l’honneur de vous dire. Tantôt, à la répétition
générale, vous avez été au-dessous de tout.
Les auteurs sont très mécontents. Comment,
espèce de crétins, on vous... (A deux figu
rants qui se chamaillent.) Qu’est-ce qu’il y a
encore, là-bas ?
UN SEIGNEUR
C’est le connétable de Bourgogne qui me
mollarde sur les pieds.
LE RÉGISSEUR
Je vais aller lui cueillir les puces, moi, au
connétable de Bourgogne. (Poursuivant.)
Comment ! espèces de crétins, on vous an
nonce: « Monsieur le duc de Montmorency!»
et vous n’avez pas l’air plus épaté que ça ?
(Haussement d'épaules.) Sachez, cuistres, ânes
bâtés, que la famille des Montmorency était
alors une des premières familles de France,
que les Montmorency... (A un cardinal qui
rigole .)—...Je vais flanquer mon pied au der
rière du nonce du pape...—... étaient cousins
du roi, et que, par conséquent, à l’annonce
de ce grand nom, vous devez témoigner de
votre déférence sans bornes. D’ailleurs c’est
dans le manuscrit. (Voici le texte : (Lisant.)
« Monsieur le duc de Montmorency ! (Mouve
ment chez les seigneurs.)» Mouvement chez
les seigneurs, cela signifie, brutes, que... —
Ah çà ! mais vous n’étes pas au complet ici !
Où est donc saint François de Paule ?
UN SEIGNEUR
Il est allé boire un demi-setier avec l’évêque
de Narbonne.
LE RÉGISSEUR
Où ça donc ?
LE SEIGNEUR
Chez le concierge.
Trop fort! (Il sort et réparait une minute
après, chassant devant lui à grands coups de
pied dans le derrière l’évêque de Narbonne et
saint François de Paule.)
LE RÉGISSEUR
Tiens, l’évêque ! Tiens, saint François !
Tiens, l’évêque! Tiens, saint François ! Et
allez vous placer à la gauche , maintenant...
Eh! l’évêque ! tourne-toi donc un peu. Vingt
sous d’amende ! (L’évêque veut placer un mot.)
Assez ! assez! Va te mettre à la gauche, je te
dis. (L'évêque obéit.) Qu’est-ce que je te disais
donc? Ah oui ! Mouvement chez les seigneurs,
cela signifie, brutes, que vous ne devez pas
l
Administration : 6 bis, Rue Bernardin de Saint-Pierre. — LE HAVRE
Aimé MALLIFAUD, Directeur
ABONNEMENTS
Le Havre : Un An 5 fr. j Départements : Un An
Pour les annonces on traite à forfait en s'adressant à l'Administration du Journal
6 fr.
Rédaction : 6 bis, Rue Bernardin de Saint-Pierre. — LE HAVRE
Bureaux Ouverts: les Lundi, Mercredi, Jeudi et Samedi, de 9 h. à 11 h. du matin
L’ACTUALITÉ
Une Dame voilée
il est dit que la Darne Voilée
sera — comme son collègue
l’Homme Blond — l’héroine
indiscrète et mystérieuse de
tous les drames...
(Tocs LES JOURNAUX)
Le fait est qu’on la trouve partout, ici,
ailleurs et autre part encore... cette dame
voilée... Elle fait partie de toutes les comé
dies dont notre actualité est seméç.. Elle a
aussi son rôle dans les drames, mais le drame
incite trop à pleurer, et il vaut bien mieux
rire.
En notre qualité de journalistes nous som
mes appelés à être les confidents discrets des
multiples intrigues qui se jouent dans la vie
quotidienne.
Or, lundi dernier, comme nous étions
en train de jouer une partie de manille avec
deux morts, et que je venais de passer, per
sonnellement, un beau manillon de cœur sec,
un coup de sonnette ébranla la quiétude de
l’appartement.
— C’est peut-être une commande; cache le
morceau de fromage de Brie, me dit mon col
laborateur...
— C’est plus probablement un huissier,
prends ton fusil, répliquai-je...
Et je fus ouvrir.
Ce n’était ni une commande ni un huis
sier, mais simplement un colonel de trin-
glots.
— Bonjour, Messieurs ! Serviteur...
— Entrez, mon général, dimes - nous au
guerrier, et veuillez-nous apprendre ce qui
nous vaut l’honneur d’une aussi flatteuse
visite...
J’avais dit : général, bien que m’étant par
faitement rendu compte que notre hôte n’était
que colonel, mais j’estime que la commission
de classement commet assez d’injustices pour
qu’il soit de mon devoir de les réparer dans
la mesure du possible...
Le colonel ne sourcilla du reste pas. Sim
plement il entra, s’assit sur la caisse qui nous
sert de divan, de coffre-fort et d’armoire à
glace, puis:
— Messieurs, dit-il, j’ai une confidence à
vous faire... Mais à vous seuls, sans té
moins.. .
Très émus, comme vous devez bien le pen
ser, nous fermâmes soigneusement la fenêtre
et la porte, nous fîmes sortir Pétrole notre
chat et Boisy notre chien, qui s’en furent con
ter des bêtises au perroquet de la concierge,
et nous revînmes haletants près de notre vi
siteur.
— Parlez! mon général... nous sommes
seuls !
— Seuls ! Est-ce bien sûr?... N’y a-t-il pas
iciun juge caché, un mouchard dissimulé, un
agent aux aguets ?... Ciel !... je vois un gen
darme !
Effarés, nous regardâmes.
En effet, au mur, un hareng-saur lamenta
ble étalait la maigreur dont, le soir, notre
appétit allait se satisfaire.
Nous nous mîmes à rire tous trois de la spi
rituelle plaisanterie du colonel.
Mais soudain, très grave, il reprit :
— Trêve de plaisanteries, messieurs...
Je vais vous dire ce qui m’amène. Voilà :
J’ai une dame voilée dans mon existence...
— Moi, j’ai un cheveu dans la mienne, ha
sarda mon collaborateur.
— C’est peut-être un des siens, continua
notre visiteur... Toujours est-il que voilà le
fait. Cette femme voilée m’obsède... Elle est
mon cauchemar... Et par le temps qui court,
vous comprenez... Enfin je viens vous racon
ter mon histoire afin que vous me donniez
un conseil... C’est tout ce que je vous de
mande.
— C’est également tout ce que nos moyens
nous permettent de vous offrir...
— Allez-y, mon général.
— Voilà : Il faut vous dire que je suis ma
rié, c’est un accident, je le sais bien, mais
cela vaut encore mieux que d’être amputé du
bras droit. Je suis marié et je suis...
— Content, sans doute !
— Non, Messieurs, dans le train des équi
pages. Or, mafemmeestd’unejalousieféroce...
d’une jalousie noire... d’une jalousie de ti
gresse... Vous vous imaginez aisément l’en
fer qu’est mon intérieur... Je vous fais grâce
des scènes qui se passent... Quand ma femme
crie trop, je fais venir le trompette d’un esca
dron, qui fait plus de bruit qu’elle... C’est la
seule façon de la faire taire... Mais voilà où
la question se complique... Je voudrais bien
avoir une maîtresse en ville.. Qu’en dites-
vous ?...
— Mon Dieu, mon général, je ne vois pas
bien, nous en causerons au frotteur...
— Eh bien! je la cherche, cette maîtresse,
je la cherche depuis trois mois... Je vais au
théâtre, je ne détesterais pas une petite chan
teuse ; je vais chez le lieutenant Maous... il a
une petite amie qui n’est pas dans une ral
longe à fourrage; je vais au café, au... enfin
je vais partout pour rencontrer celle qui doit
partager mon cœur avec Clémence ma femme...
et partout je la vois... seulement voilà ! Quand
je veux roucouler des douceurs à l’oreille de
la beauté que je désire... Pan! Une femme
Voilée apparaît à mes yeux, telle la statue du
commandeur... Vous comprenez, Messieurs,
si ça me la coupe !... »
Nous avouâmes, mon collaborateur et moi,
que ça nous la coupait également.
« Ah ! continua le colonel, que le ciel vous
garde, messieurs, de ce fantôme qui- se dresse
devant vos regards au moment où vous allez
commencer à ne pas vous embêter... Les pre
miers temps, j’essayais de savoir... de percer
le ministère... le mystère, veux-je dire. Quand
j’allais vers elle, l’apparition s’évanouissait...
Je sentais une femme, une femme svelte, jolie,
jeune, élégante, bien plus... je devinais une
femme amoureuse... Vous savez, ces choses-
là, ça se devine .. Moi, quand je vois une
femme, je la pénètre à travers son voile... Je
me dis, ça c’est une femme amoureuse... Et
je marche... Eh bien! messieurs, avec la
femme voilée qui me poursuit... je n’ai jamais
pu marcher... Quand je veux lui parler, elle
met un doigt mystérieux sur ce qui doit être
sa bouche et elle me fait signe de me taire...
— Elle est peut-être muette !
— Non, Messieurs, car l’autre jour, pendant
qu’elle me suivait dans la rue de la Lune, elle
rencontra un tringlot de mon régiment et elle
lui parla... Des renseignements sur moi, sans
doute... Il y a encore une chose qui m’in
trigue... l’autre jour, j’ai aperçu une pipe en
merisier qui sortait de sa poche...
— Bizarre !
— Bizarre ! dites-vous ! Affolant, Messieurs,
affolant... Et je n’ai pas encore pu me rendre
compte du mystère... Je prévois une catas
trophe et je me sens impuissant à la préve
nir... Ce matin même, je sortais du quartier
après le rapport ; je rencontrai mon inconnue
LA VIE D’A PRÉSENT
par Georges GRELL
— Enfin, je vous retrouve, Turlurette! Faut-il que vous soyez coquine et lâche! Vous avez choisi
lo moment où j’étais lo plus malade, pour m’V.andonner
— Ce n’est pas vrai! Ce jour-là, vous alliez mieux.
à la grille, où elle causaitaveclefactionnaire...
Elle vint à moi et me glissa dans la main le
billet que voici.
Et le colonel nous lut le poulet suivant :
« Léon, si tu vas encore au '"café du Globe
pour faire de l’œil à la caissière, tu recevras
des gifles... Une inconnue qui te veut du
bien ! »
— Qu’en dites-vous, messieurs?
Nous étions fort perplexes, en effet, mon
collaborateur et moi. Aussi nous ne trouvâ
mes pour nous tirer d’affaire que le moyen
suivant :
— L’affaire est grave, mon généra! ; nous
allons faire une enquête... Revenez un de ces
jours...
Le colonel parti, nous fumâmes une ciga
rette et nous mangeâmes notre hareng. Notre
chien et notre chat étaient remontés. Pétrole
s’offrait la tête du gendarme et Boisy s’escri
mait sur la queue, quand mon ami, qui avait
descendu l’arête au perroquet de la concierge,
remonta précipitamment.
—Attention! medit-il... le voilà quiremonte,
le colonel, il est tout pâle.
En effet, suant d’émotion, le glorieux mili
taire arrivait... Nous entendions son pas ré
sonner sur le palier du septième étage...
— Ah! messieurs! Je l’ai vue... je lui ai
parlé... La femme voilée... Horrible... Ah ! du
vinaigre !...
Comme je lui passais à la hâte un verre
d’eau, il reprit, tout tremblant :
— Ah!... cette femme... Savez-vous qui
c’est... le savez-vous?... dites...
— Votre femme, mon général...
— Non, messieurs ! mon brosseur... Mon
brosseur, vous dis-je... et c’est ma femme qui
me fait moucharder...
Et le colonel, éperdu, s’enfuit par l’escalier
en hurlant... !
★
★ ★
C’est égal! Un colonel dans cette situation-
là ! Vous ne m’enlèverez pas de l’idée... que
c’est encore une sale histoire qui va éclater
un de ces jours.
Illustrations de Jack Abeille.
Texte de René Dubreuil.
CHRONIQUE
PAR
Francisque Sarcey
Hier, en un dîner où se trouvaient réunis
quelques hommes du monde, appartenant à
des professions diverses, j’ai entendu conter
l’anecdote suivante qui m’a paru bien carac
téristique et m’a vivement frappé :
— J’étais en ce temps-là, nous dit l’un de
nos convives...
Il faut vous dire d’abord que la conversa
tion était tombée sur les mœurs de province
et sur l’horrible difficulté qu’il y a pour l’ha
bitant d'une petite ville à n’être pas de l’avis
commun, à se retrancher dans son indépen
dance. Chacun avait dit son mot là-dessus,
car nous avionstous plus ou moins longtemps
habité les départements. La personne qui prit
la parole avait été, par la nature de ses fonc
tions, spécialement en rapport avec les nota
bilités de deux ou trois provinces à l’origine
des chemins de fer; elle avait puissamment,
par son activité et son intelligence, contri
bué à les organiser, à les mettre sur le pied
où nous les voyons aujourd’hui.
— J’étais en ce temps-là, nous dit-il, chef
du mouvement et du personnel sur la ligne
de.... Il fallait alors surveiller les employés
de bien plus près qu’aujourd’hui. Ils n’étaient
pas encore formés à leur besogne et nous
étions forcés de les tenir très ferme. Je reçus,
un jour, d’une petite localité que notre che
min de fer desservait par une gare, une ma
nière de pétition signée de 150 personnes où
l’on me demandait la révocation d’un de nos
garde-barrières. On me le signalait comme
un employé inexact, impoli, et sefaisant dans
son service haïr de toute la population. Cette
pétition m’étonna, car je connaissais unpeu le
garde-barrière, c’était moi qui l’avais nommé
et je croyais être sûr de lui. Cependant le
nombre des signataires était si considérable,
et quelques-uns d’entre eux étaient des per
sonnages si importants dans le pays, que je
n’hésitai pas à faire moi—même l’enquête.
J’allai trouver ce brave homme et lui ex
posai très nettement les accusations dont i
était l’objet.
— Oh ! je sais bien, me dit-il, d’où le coup
vient.
Le chemin de fer avait, coupant le bourg en
deux parties fort inégales, laissé voir sur la
droite la ville presque tout entière, et de l’autre
côté une usine qui se trouvait ainsi séparée de
l’endroit où elle avait toutes ses affaires. Le
propriétaire de cette usine maugréait à la
journée contre cette malheureuse ligne, qui
le gênait ainsi dans ses communications et
dans ses transports de toutes les heures.
Il n’avait accès au bourg que par une bar
rière et aurait voulu que cette barrière fût
constamment ouverte. 11 lui déplaisait que le
garde la fermât, selon les règlements, aussi
tôt que le train était signalé.
— « J’ai le temps de passer, disait-il », et
il l’avait en effet.— « Moi, j’ai ma consigne »,
répondait l’employé.
Vous savez ce que sont ces petites piques,
alors qu’elles se renouvellent sans cesse. Les
coups d’épingle fréquemment répétés irri
tent plus qu’un bon coup de couteau. Le chef
de la manufacture avait fini par prendre sé
rieusement en grippe le malheureuxemployé,
et, comptant bien que le successeur montre
rait plus de complaisance, il avait rédigé la
pétition dont il s’agit. C’est ce qu’expliqua le
bonhomme avec force détails que je vous
passe.
— A la bonne heure, lui répondis-je, mais
comment se fait-il que la pétition soit signée
de 150 personnes ? Ces 150 personnes n’ont
point d’usine, et, si elles se plaignent, c’est
qu’apparemment vous avez eu des démêlés
avec elles.
Il secoua la tête.
— Oh ! Monsieur, vous savez bien que les
autres signatures ça ne compte pas...
— Comment ! cela ne compte pas ?
— Si vous voulez m’accorder huit jours, je
vous apporterai un certificat qui portera, lui
aussi, 150 signatures, et les mêmes à peu de
chose près.
— Les mêmes? m’écriai-je.
— Les mêmes.
— Je serais curieux de voir cela. Je vous
accorde les huit jours que vous me de
mandez.
Huit jours après je revins; il m’apporte,
tout triomphant, le certificat promis.
11 était représenté, dans ce certificat, comme
le modèle des employés, sage, honnête, la
borieux, à cheval sur son devoir. C’était lui
qui l’avait rédigé. On y demandait avec ins
tance qu’il fût maintenu à ce poste qu’il rem
plissait à la satisfaction de tous. Et au-
dessous les 150 signatures : les mêmes.
Ce fut à notre tour, nous qui écoutions ce
récit, de nous écrier :
— Les mêmes ?
— Les mêmes, répondit le narrateur. Je
possède les deux pièces; je les ai gardées
comme un des plus curieux souvenirs démon
administration. Vous ferez la comparaison
des signatures, si bon vous semble.
— Comment cela se fait-il ? demandâmes-
nous.
— A quelque temps de là, reprit notre
ami, je fus invité à une grande partie de
chasse, chez un des plus riches propriétaires
de ce pays. Je rencontrai chez lui nombre de
gros bonnets de l’endroit, et entre autres un
de ceux dont le nom figurait sur les deux
pétitions. C’était un fort honnête homme
possédant 25 ou 30 bonnes mille livres de
rente, homme aimable et fin à qui l’on me
présenta et qui fut charmant pour moi.
J’en profitai pour éclaircir l’affaire qui me
tenait au cœur, et tout en causant je la mis
sur le tapis. Je lui demandai, par manière
de conversation, comment la chose s’était
faite.
— De la façon la plus simple du monde.
En province, voyez-vous, il ne faut se mettre
mal avec personne. Mon voisin l’industriel
m’avait prié de lui rendre le service de
signer sa pétition ; je n’aurais pas voulu le dé
sobliger pour si peu. L’autre est ensuite
arrivé avec son certificat; j’ai été bien aise
de lui donner cette petite marque d’intérêt :
ami de tout le monde.
— Et il avait trente mille livres de rente?
nous écriâmes-nous.
— Et il avait trente mille livres de rente...
Francisque Sarcey.
Monsieur le Duc!
PAR
G. Courteline
Sur la scène , derrière le rideau, un soir de pre
mière. La herse, qui brûle dans les frises-
éclaire un intérieur de palais moyen âge.
LE RÉGISSEUR, affolé
Oh! sapristi! 1 avertisseur qui va frapper
les trois coups, et ma figuration n’est même
pas placée!... L’avertisseur, s’il vous plaît,
une minute ! (Il s’arrondit les mains en cornet
sur la bouche et à pleine voix hèle les figurants
logés dans les combles du théâtre.) Oh hé ! les
seigneurs ! oh hé! On va frapper ! En scène,
les seigneurs, grouillez-vous! (Descente
rière eux viennent, sans se hâter , des cardinaux
en robe pourpre.) Hé bien ! ditesdonc, les car
dinaux, tas de chameaux, ne vous pressez
pas! Faut-il que je vous fasse descendre avec
une trique? (Les seigneurs et les cardinaux
viennent se ranger à droite et à gauche de la
scène.) Un peu moins de bruit, s’il v a moyen,
et tâchez voir à écouter ce que je vais avoir
l’honneur de vous dire. Tantôt, à la répétition
générale, vous avez été au-dessous de tout.
Les auteurs sont très mécontents. Comment,
espèce de crétins, on vous... (A deux figu
rants qui se chamaillent.) Qu’est-ce qu’il y a
encore, là-bas ?
UN SEIGNEUR
C’est le connétable de Bourgogne qui me
mollarde sur les pieds.
LE RÉGISSEUR
Je vais aller lui cueillir les puces, moi, au
connétable de Bourgogne. (Poursuivant.)
Comment ! espèces de crétins, on vous an
nonce: « Monsieur le duc de Montmorency!»
et vous n’avez pas l’air plus épaté que ça ?
(Haussement d'épaules.) Sachez, cuistres, ânes
bâtés, que la famille des Montmorency était
alors une des premières familles de France,
que les Montmorency... (A un cardinal qui
rigole .)—...Je vais flanquer mon pied au der
rière du nonce du pape...—... étaient cousins
du roi, et que, par conséquent, à l’annonce
de ce grand nom, vous devez témoigner de
votre déférence sans bornes. D’ailleurs c’est
dans le manuscrit. (Voici le texte : (Lisant.)
« Monsieur le duc de Montmorency ! (Mouve
ment chez les seigneurs.)» Mouvement chez
les seigneurs, cela signifie, brutes, que... —
Ah çà ! mais vous n’étes pas au complet ici !
Où est donc saint François de Paule ?
UN SEIGNEUR
Il est allé boire un demi-setier avec l’évêque
de Narbonne.
LE RÉGISSEUR
Où ça donc ?
LE SEIGNEUR
Chez le concierge.
Trop fort! (Il sort et réparait une minute
après, chassant devant lui à grands coups de
pied dans le derrière l’évêque de Narbonne et
saint François de Paule.)
LE RÉGISSEUR
Tiens, l’évêque ! Tiens, saint François !
Tiens, l’évêque! Tiens, saint François ! Et
allez vous placer à la gauche , maintenant...
Eh! l’évêque ! tourne-toi donc un peu. Vingt
sous d’amende ! (L’évêque veut placer un mot.)
Assez ! assez! Va te mettre à la gauche, je te
dis. (L'évêque obéit.) Qu’est-ce que je te disais
donc? Ah oui ! Mouvement chez les seigneurs,
cela signifie, brutes, que vous ne devez pas
l
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