Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-10-14
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 octobre 1913 14 octobre 1913
Description : 1913/10/14 (A33,N11777). 1913/10/14 (A33,N11777).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638603f
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
53“ Année
N 11,777
S Centimes
CDITION DU MATIN — 5 Centimes
(6 Pagesp
Mardi H Octobre 1943
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(6 Pagess
maaaanosooegmeerane
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
S M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havro
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Petit
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
auresser tout ce qui concerne laRedaction
a M. HIPPOLYTE FÉNOUX
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TÉLÉPHONE ; Rédaction, No 7 BQ
AU HAVRE.
A PARIS.
BUREAU du Journal, 112, boula de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le PETIT HA VRE est désigne pour les Annonces judiciaires et légales
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les Baratta* du Ponts eo rrages d
Paris, trois heures matin
DEPECHES COMMERCIALES
LONDRES, 13 Octobre. Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
Comptant .
8 mois
TON
COURS
HAUSSE
j BAISSE
calme
£71 -/-
£ 71 -/-
-1-
5/-
5/-
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Comptant .
3 mois 1
calme
£ 184 -/-
£ 184 10/-
-/-
5/-
5/-
FER
domptant ..
B mois.... ’
ferme
£51/9
£ 52/6
4 d
1 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
lu 12 octobre 1913.
HEW-YORK, 13 OCTOBRE
Marché clos
CHICAGO. 13 OCTOBRE
Marché clos
LE VOYAGE PRÉSIDENTIEL
Retour à Marseille
Marseille.— De retour à Marseille à 4 heu
res et demie, M. Poincaré se rend à PHôtel
de la Mutualité.
Répondant au président des mutualistes
des Bouches-du-Rhône qui lui souhaitait la
bienvenue, le président dit qu'il était heu
reux d'apporter aux vaillantes Sociétés de
mutualité, au nom des pouvoirs publics
dont elles sont les libres et précieux auxi
liaires, ses pi-us vifs remerciements.
De l’Hôtel de la Mutualité, M. Poincaré se
rend à l'Hôtel de Ville.
M. Chanot, maire, remercie Le président
de sa visite et il l’entretient de la tâche en
treprise par le Conseil de transformer la
ville.
Le président répond qu’en venant visiter
l’Hôtel de Ville de Marseille, il se proposait
de rendre hommage à une des histoires com
munales les plus glorieuses qui se soient dé
roulées dans la grande histoire nationale.
Marseille trouve aujourd’hui dans le ré-
gime républicain démocratique le couronne
ment de ses efforts séculaires et elle est
joyeuse de pouvoir concilier désormais sa
ferveur patriotique et sa passion de liberté.
M. Poincaré, rentré à la préfecture à
5 h. 45, a tenu, avant de regagner ses appar-
tem nts, à recevoir le Bureau du Conseil gé-
neral des Bouches-du-Rhône.
Le président de l’assemblée départemen
tale ayant prié le président d’user de sa
haute autorité en faveur de la solution pro
chaine de la question de l’adduction d’eau
potable à Marseille, M. Poincaré promet de
faire tous ses efforts dans la limite très
étroite où la Constitution l’autorise à se
mou voir.
Après la réception du bureau du Conseil
général, la foule massée sur la place de la
Préfecture ayant demandé à voir M. Poin
caré, celui-ci consent à paraître au balcon
et une ovation enthousiaste.lui est faite.
A 7 h. 45, le président de la République
reçoit les aviateurs Garros et Legagneux.
il annonce à Garros qu’anjourd’hui même
le Conseil de l’ordre de la Legion-d’Honneur
admis un avis favorable à la proposition
faite en sa faveur pour le ruban de cheva-
fier par M. Thierry, ministre des travaux pu
blics.
Le président a donné hier soir un dîner de
cinq uante couverts.
Après le dîner de la préfecture, à 9 h. 30,
le president se rend en automobile à l’Hôtel
de Ville, sur le Vieux Port.
Du balcon de l’édifice communal, M. Poin
caré assiste à une fête nautique qui se dé
roule dans le Vieux-Bassin.
D’innombrables bateaux de toutes dimen
sions ont arboré des lanternes vénitiennes.
De légers et gracieux esquifs glissent sur
l’eau tandis que des musiques jouent des
airs discrets.
Quand le président paraît entouré de MM.
Thierry et Chanot, une ovation lui est faite
par la'fou le. Les sirènes des navires sifflent
toutes à la fois, couvrant un instant les ova
tions de la foule.
La fête se termine par l’embrasement de
Notre-Dame-de-la-Garde dont le splendide
monument apparaît dans la nuit en relief
saisissant.
A dix heures, M. Poincaré quitte l’Hôtel de
Ville et rentre à la préfecture.
LE NAUFRAGE DU “ VOLTURNO "
LIVERPOOL. — On craint que les deux em-
barcatious contenant 70 passagers, qui parti-
rent du Vg tumo, ne soient pas retrouvées et
qu’elles ne soient perdues.
La liste des morts s’élèverait à 170.
UN ÉLÈVE AVIATEUR FAIT UNE CHUTE
ET SE TUE
Berlin. — Le lieutenant Kœnig, élève
avi a ur, est tombé sur le terrain d’aviation
de Niederneundorf, près de Berlin, à la
suite d’une descente en vol plané trop
Dru sq lie.
L’aviateur a été tué sur le coup.
LES AFFAIRES D'ORIENT
En Bulgarie
Sofia. — L’occupation des territoires nou
vel ' ment conquis a commence hier.
Un ukase portant dissolution du Sobranié
fera publié aujourd’hui.
LA COUPE GORDON-BENNETT
’ "Rennes. — Dans la soirée, cinq ballons
[filant de l’est à l’ouest, sont passés sur Ren-
nes. .
. Le Stella a lancé une dépêche informant
LParis qu’il serait à Donarnenez vers minuit,
i Sept ballons ont passé à Retiers.
[ Le Good-Year a passé à Granvilie à six heu-
res.
V Trois ballons ont passé à Fougères dans
soirée. Parmi eux 80 trouvait le Duhburjh.
La Question Irlandaise
Il semble bien que le soulèvement de
l’Ulster soit sur le point d’être momentané
ment apaisé. Après s’être montrés intransi
geants, les agitateurs orangistes paraissent
disposés à temporiser. Les volontaires qui
avaient fourbi leurs armes vont sans doute
en profiter pour recouvrer leur calme, et il
n’est peut-être pas exagéré de dire qu’à la
faveur de ce nouveau délai le conflit a
plus de chances d’être résolu pacifiquement
qu’à coups de fusil.
Le gouvernement, de son côté, ne re
pousse pas de parti-pris les revendications
du Nord-Est de l’Ulster qui, si le Home Rule
était intégralement appliqué en Irlande,
serait placé sous la tutelle du futur gou
vernement de Dublin, alors qu’il estime le
statu quo plus avantageux.
M. Winston Churchill, ministre de la
marine, a nettement indiqué dans un dis
cours prononcé à Dundee, à quelles condi
tions une transaction est possible. « Si la
population de l’Ulster, a-t-il dit, au lieu de
se préparer à la révolte, au lieu de mena
cer le gouvernement, exposait froidement
les raisons de ses appréhensions et quelles
garanties elle juge nécessaire de leur don
ner,le gouvernement serait prêt à l’écouter.»
Ces sages paroles ont, à n’en pas douter,
trouvé un écho parmi la laborieuse popu
lation de l’Ulster. Elles seront d’autant
mieux retenues que le ministre a affirmé
que si les protestataires faisaient un pas, le
gouvernement en ferait deux. Celui-ci se
sent parfaitement capable de mener seul la
tâche à bien, d’appliquer le Home Rule et
de le faire respecter afin que les habitants
d’origine anglaise ne soient pas lésés à au
cun point de vue.
En tout cas, le gouvernement libéral qui
est sans cesse harcelé par l’opposition n’en
tend pas revenir sur des votes acquis après
de longues et rudes batailles parlementai
res.
« Nos adversaires, a précisé le ministre,
nous accusent constamment de ne pas res
pecter la volonté populaire. Ils oublient
qu’en roins de huit ans il y a eu trois
élections générales. Il y en aura une autre
dans deux ans. Peut-on réellement, dans
ces conditions, proclamer que la nation n’a
pas eu l'occasion de faire comprendre sa
volonté ? S’apercevant que la route leur
était barrée de ce côté, les unionistes ont
essayé, contrairement à toutes les tradi
tions parlementaires anglaises, d’amener
la couronne à intervenir. Enfin, comme de
ce côté encore il n’y a rien à faire, ils font
ouvertement appel à la violence et à la ré
volte.
» Mais, a continué M. Churchill, le gou
vernement est bien décidé à ne pas se
laisser intimider. Le Home Rule prendra
force de loi dans le courant de la présente
législature. Ni les critiques ni même les
violences n’empêcheront le gouvernement
d’aller jusqu’au bout de la tâche qu’il s’est
imposée. »
Cette déclaration est catégorique. Elle
fera réfléchir ceux qui, écoutant les adver
saires du Cabinet, étaient prêts à se lancer
dans une dangereuse aventure.
Leur cause, au fond, n’est pas perdue.
Un recours ne leur reste-t-il pas ouvert,
même si le Home Rule est appliqué ? Dans
deux ans, c’est-à-dire bien avant que le
Parlement irlandais, créé par le nouveau
bill, ait pu voter une seule loi, il y aura des
élections. Si les conservateurs sont vain
queurs a ces élections, libre à eux de défaire
l’œuvre du gouvernement libéral et de
prendre la responsabilité d’un tel acte qui
ne manquerait pas de déchaîner des trou
bles !
D’ici là le gouvernement libéral, grâce
au concours duquel l’Irlande est à la veille
d’avoir cette autonomie qu’elle réclame de
puis si longtemps,est décidé à faire son de
voir jusqu’au bout. Le ministère entend en
effet profiter des pouvoirs que lui confère le
«Parliament Act» pour faire voter une troi
sième fois le Home Rule et obtenir la sanc
tion royale.
Pendant que s’accompliront ces dernières
formalités, des transactions pourront heu
reusement intervenir. Les récentes avances
de sir E. Garson, porte-parole des protesta
taires de l’Ulster, et le discours de M. Wins
ton Churchill les faciliteront.
Il est encore trop tôt pour dire quelle
est l’impression produite par les énergiques
déclarations du ministre de la marine. On
sait néanmoins qu’elles ont déjà provoqué
un résultat : les unionistes ont rentré leurs
emblèmes séditieux. Ils sont d’avis qu’il
faut attendre, avant de lever les boucliers,
que l’opinion publique se dessine et que
M. H Asquith, président du Conseil, re
nouvelle en la développant et en lui don
nant l’autorité nécessaire l’offre de son
collègue.
On pense généralement que si M. Asquith
se prononçait dans le même sens que le
ministre de la marine — et tout laisse sup
poser qu’il en sera ainsi — il y aurait, en
Angleterre, un mouvement favorable à une
transaction qui donnerait satisfaction aux
deux Irlandes Si cela était, les chefs unio
nistes ne sauraient donc se refuser à négo
cier, bien qu’une fraction intransigeante
puisse, aujourd’hui comme au moment du
budget de M. Lloyd George, il y a quatre
ans, tenter de forcer la main à ses chefs et
les empêcher de prendre une attitude con-
1ciliante ei vraiment politique».
Cette fraction belliqueuse rêve toujours
de faire abroger le « Parliament Act». Mais
il est à penser qu’elle ne sera pas écoutée ;
car, si les réclamations de l’Ulster sont vrai
ment sincères, une solution pacifique est
possible.
Le premier pas est fait. C’est aux chefs
unionistes qu’il appartient maintenant de
parler. S’ils repoussaient la discussion ou
bien y mettaient des conditions inaccepta
bles, ils assumeraient seuls une grosse res
ponsabilité en jetant la Grande-Bretagne,
déjà en proie à tant de troubles économi
ques, dans une aventure dont les graves
conséquences pourraient être irréparables.
H. Hollaênder.
L’Irlande et M. Churchill
Le correspondant du Figaro, à Londres té
légraphie :
« Comme il fallait s’y attendre, le discours
de M. Churchill est discuté passionnément
dans toute l’Irlande.
» Les gens de l’Ulster triomphent avec trop
peu de modestie. Ils considèrent naturelle
ment comme insuffisantes les concessions
que laissent entrevoir les déclarations de M.
Churchill. Ils ne veulent pas entendre par
ler d’une division de l’Ulster en deux tran
ches, l’une considérée comme essentielle
ment protestante, l’autre comme catholique.
Il leur faut tout l’Ulster ou rien.
» Ils refusent également d’encourager la
création d’un parlement irlandais pour l’Ir-
lande catholique, car l’un des articles du cove
nant, signé par des milliers de partisans de
Sir Edward Carson, indique très nettement
que les covenanters jurent de déjouer, par
tous les moyens en leur pouvoir, la conspi-
ration qui a pour but de créer un parlement
home ruliste. Il ne s’agit pas, comme on le
vo t des seules contrées de l’Ulster, mais
de toute l’Irlande et bon nombre de cove
nanters qui ne vivent pas en Irlande ont si-
gué ce manifeste parce qu’ils sont hostiles
au home rule, même si la loi ne s’appliquait
qu’à l’Irlande catholique.
» Q ant aux libéraux de l’Ulster, ils n’ont
pas perdu de temps. Ils ont rédigé stance
tenante un manifeste qu’ils adressent à tous
leurs amis anglais, pour les supplier de ne
pas séparer TUisler de l’Irlande, car ce serait,
affirment-ils, prolonger indéfiniment l’état
de chaos où se trouvent actuellement ces
malheureuses provinces.
» Notons qu’à Dublin la presse nationa
liste ne se gêne pas pour critiquer sans dou
ceur les paroles de M. Churchill. Les natio
nalistes estiment que 1 homme capable de
préparer un projet d’exclusion de l’Ulster,
pratique et honorable, n’est pas encore né.
Les nationalistes se rendent-ils compte que
c’est là un aveu dangereux ? Veulent-ils donc
être les seuls à prefiter d’un arrangement
pratique et honorable en ce qui les concer
ne ? Leurs intérêts sont-i‘s donc absolument
incompatibles avec les légitimes revendica-
lions de l’Ulster ?
» Il faut ajouter que le discours de M.
Churchill a vivement inquiété les nationalis
tes, qui considèrent cette tentative de conci
liation comme un aveu du bon droit de
l’Ulster, formulé bien mal à propos.
» On le voit, M. Churchil, malgré ses loua
bles intentions, n’a satisfait personne. La
sagesse n’inspire aucun parti ; ce ne sont
que ja ousies de clocher, haines locales, am
bitions politiques. Des intérêts généraux du
Royaume, on ne se soucie guère ».
M. Chéron à Manerbe
M. Henry Chéron, ministre du travail, a
préside dimanche, à Manerbe (Calvados), les
fêtes organisées à l’occasion de l'inauguration
de la mairie et du bureau de poste de cette
localité.
Au banquet qui lui a été offert et auquel
assistaient, avec le préfet, les sénateurs du
département et le conseiller général du can
ton, le ministre du travail a fait reloge des
maires et insiste sur l’importance du con
cours qu’ils prêtent à la Repubkque.
Eu terminant, M. Chéron a recommandé
de « rendre les lois et les règlements aisé-
ment applicables » et a exprimé sa recon
nais rance envers ceux qui, «malgré leurs
occupations quotidiennes, donnent à la cho
se publique, avec un desintéressement abso
lu, une si large part de leur temps et de
leur activité ».
INFORMATIONS
L’accord financier franco-turc
Un télégramme de Constantinople annonce
la signature de l’accord financier franco-
turc préparé par Djavid bey au cours de son
séjour à Paris, en septembre et dont certai-
nes difficultés de mise au point avaient diffé
ré la conclusion.
La nouvelle est, sous cette forme inexacte.
La signature de l’accord doit avoir lieu à
Paris où le retour de Djavid bey est attendu.
Il paraît toutefois exact que le conseil des
ministes ait ratifié les textes proposés.
Cet accord — lié à l’arrangement franco-
allemand qui consacre le désistement de la
France dans l’affaire de Bagdad — porte no
tamment sur le renouvellement ou la réali
sation des concessions suivantes :
Chemins de fer : réseau arménien Sam-
sou n, Si vas, Karpout, Diarbékir, avec em-
branchement Diarbékir, Erzeroum, Trébi-
zonde, réseau syrien, jonction de la ligne de
Damas-Hamah à Jérusalem ; consolidation
des intérêts français sur le réseau Damas-
Hamah et sur la ligue du Hedjaz.
Ports : Tripoli, Caïffa et Jaffa en Syrie ;
Héraclée et Ineboli sur la mer Noire.
La Turquie accepte le programme d’œu
vres d’enseignement communiqué par la
France.
La France donne son assentiment à l’éléva
tion des droits de douanes (4 0/0 et 3 0/0) et
à la suppression d’un certain nombre de bu-
reaux de poste.
La Liste des Survivants recueillis par “La-Touraine"
Le Récit d’un Survivant
Le nombre des manquants
épave sera détruite
La Compagnie Générale Transatlantique a
reçu hier un message du capitaine Caussin,
commandant le paquebot La-Touraine, don-
nant la liste des survivants du Volturno, qu’il
a recueillis à son bord.
Dans le radiotélégramme plusieurs pré
noms n’ont pas été transmis. L’opérateur a
donc groupé ces noms deux par deux. De ce
fait cet accouplement ne forme que 40 noms
mais le capitaine-Caussin affirme avoir bien
42 rescapés à son bord.
Voici les noms transmis ;
Harabambo Angelo.
Kravenki Nasile.
Kalantac Michael.
Badda Frederich.
Balaz Michael.
Leyzer Fockman.
Milikovski Abraham.
Kolaric Illya.
Galle Hevan.
Parko Ignac.
Arbanas Mats.
Ranella Rafanel.
Magnovski Faanz.
Mesendau Yanos.
Jod ni Lisbau.
Weisberg Redfi.
Ruhel Eppie.
Nitcheski Michael.
Semtchaquevitch Brunislave.
Yonlkovsky Genoveva
Paskovski Hannalas.
Chmcovsky Peho.
Tilour William.
Pachimsky Thomas.
Laibjon Liibjonnk.
Siiversteer Maier.
Amolik Seiman.
Macanets Joseph.
Udjbriats Ivan.
Bohnets Thomas.
Shiedler Adolf.
Olivière Francesse.
Nogel Wilhelm.
Mermema Henrich.
Adam Debruin.
Weisberg Isaac.
Froy Epple.
Semtchaquevitch Marianna.
Youlkovsky Helena.
Youlkosky Francheseph.
Nationalités : 16 Autrichiens,
12 Russes,
7 Allemands,
4 Bulgare,
2 Italiens,
4 Roumain,
2 Hollandais,
4 nation ignorée.
42
Total...
Dans ce nombre figurent 3 hommes d’é
quipage et 39 émigrants, dont 2 femmes et
10 enfants. Plusieurs de ces enfants ne *
sa ¬
vent ce que sont devenus leurs parents.
Le Récit d’un Survivant
Avant d’aller quérir à bord de La-Tou-
raine les impressions des passagers français,
voici un récit déjà très complet de la catas
trophe envoyé à la Press Association par M.
Spurgeon, directeur de la grande maison d’é
dition Cassel.
M. Spurgeon, qui revient d’Amérique à
bord de la Carmania, a pu s’entretenir avec
le passager qui, dans la nuit de jeudi, avait
nagé du Volturno à la Carmania.
Ce passager se nomme Watter Trintepohl.
Il est de nationalité allemande. Employé
dans une maison de Barcelone, il reçut l’offre
d’une situation à- New-York et s’embarqua
sur l’intortuné navire.
DRAMATIQUES ÉPISODES
Voici le récit que Trintepohl, qui est à l’in
firmerie du bord avec des symptômes de
pneumonie, a fait à M. Spurgeon, qui l'en
voya par T. S. F.:
« Nous quittâmes Rotterdam le jeudi 2 oc
tobre. Tout alla bien jusqu’au jeudi suivant
quand, à six heures du matin, l’alarme d’in-
cendie fut donnée. On nous ordonna de quit
ter nos couchettes et de monter suc le pont,
un incendie ayant éclaté dans la cale.
» Quand nous fûmes rassemblés sur le
pont, on nous distribua des ceintures de
sauvetage, qu’il nous fallut du temps pour
ajuster.
» Le feu, nous dit-on, sera peut-être bien
tôt éteint, mais le capitaine juge plus sage
qu’en manière de précaution tous les pas a-
gprs mettent leurs ceintures de sauvetage.
L’incendie effraya les entants qui se mirent
à pleurer. Plusieurs d'entre eux n’étaient
que des nourrissons encore dans les bras de
leurs mères. Puis le feu augmenta de vio-
lence, et nous pouvions voir les flammes qui
sortaient de la cale.
» Vers dix heures du matin, quelqu’un
cria de lancer les bateaux de sauvetage. La
conduite du capitaine et des officiers, tous
Anglais, fut digne de tous les éloges, mais je
regrette de ne pouvoir en dire autant de
celle de l’équipage, qui se conduisit de façon
déplorable.
» Des gens s’élancèrent vers les canots,
affolés. Les hommes d’équipage, qui parais
saient croire que la première place leur ap
partenait, augmentèrent encore la panique
au lieu de la calmer.
» L’officier en premier se chargea du pre
mier bateau de sauvetage, mais tandis qu’il
voulait embarquer d’abord les femmes et les
enfants, presque tous ceux qui prirent place
à bord étaient des membres de l’équipage.
» On descendit un bateau : mais au mo
ment où il touchait l’eau, il vint s’écraser
contre les bordages du navire. Il se brisa en
deux et tous ses occupants lurent noyés.
» Pendant ce temps, d’autres matelots es
sayaient de lancer une seconde embarca
tion. J’ignore qui la commandait ; mais je
sais que le maitre-d’hôtel y sauta, après y
avoir jeté quelques provisions. Dans ce ba
teau, il y avait plus d’hommes que de fem
mes et d’enfants. Les lames étaient énormes.
Le bateau n’éluit pas encore descendu ente
rement qu’il vint s'écraser contre le Voltur-
no. Tous ceux qui s’y trouvaient furent
noyés.
» Ces deux embarcations se trouvaient à
peu près au milieu du bâtiment. On essaya
encore d’en lancer trois autres à l’arrière.
L’une d’elles, mais je ne sais laquelle, était
commandée par le quatrième officier. Une
panique effroyable régnait partout. Les câ
bles se rompirent et tous ceux qui occu
paient les embarcations furent projetés dans
les flots, où ils se noyèrent ou furent tués
par des épaves.
» Nous fûmes remplis de joie quand nous
vim s le Garmania, et nous nous disions :
« Maintenant, nous allons être tous sauvés ».
» A ce moment, les chauffeurs surgirent
de la chambre des machines et refusèrent
d’y redescendre. Le capitaine tira son re
volver et les força à retourner à leur poste.
Mais, peu à peu, le feu gagnant du terrain,
ils durent renoncer à garder les feux allu
més.
» Aussitôt que le Carmania fut en vue, le
capitaine ordonna aux hommes de se ranger
sur un bord du navire, tandis que les fem
mes et les enfants se rangeaient sur l’autre.
La chaleur était si vive que le capitaine avait
été forcé de quitter son pont de commande
ment et de se rendre à l’arrière.
» Les femmes pleuraient, hurlaient,riaient,
avaient des crises.
» Jusqu’alors, nous n’avions guère songé à
manger ; mais, dans l’après-midi, nous crû
mes plus prudent de nous restaurer et nous
descendîmes aux cuisines, qui étaient aban
données. Nous y fîmes du café et mangeâ
mes quelques biscuits et des conserves de
bœuf. Mais la majorité des passagers refusè
rent de s’alimenter.
» Nous vîmes bien alors des radeaux en
voyés par le Carmania ; mais personne ne
nous dit d’y sauter. En fait, jusque vers six
heures, nous ne sûmes même pas à quoi ils
pouvaient servir !
» A l’arrière, le pont devint de plus en plus
chaud ; la température augmentant de mi
nute en minute. Mais nous ne paraissions
pas sentir la chaleur. »
Un passager montra alors au rescapé une
de ses chaussures dont la semelle était
à demi consumée. Il se contenta de ré
pondre :
— Je ne me souviens pas de cela, mais je
nie rappelle combien horrible fut le moment
où les flammes éclatèrent, plusieurs fem
mes et même des hommes s’arrachaient les
cheveux, tandis que d’autres restaient abso
lument immobiles.
» Après l'explosion, je résolus qu’il valait
mieux sauter à la mer. Je suis en effet un
bon nageur. Un autre passager, un Anglais
et un matelot me dirent qu’ils m’accompa
gneraient. Je sautai le premier, ils me suivi
rent. Je ne les ai pas revus.
» Je nageai dans la direction du bateau
allemand, mais mes appels ne furent pas en
tendus. Je me dirigeai alors vers le Car
mania, je criai : « A l’aide ! » On m’aperçut
grâce à un projecteur. Il y avait une heure
que j’étais dans l’eau et j’avais presque perdu
connaissance. J’ignore exactement comment
je fus sauvé : je ne sais rien de plus. J’avais
sauté à la mer parce que la- chaleur était
vraiment trop grande et parce que je croyais
que le navire tout entier allait sauter. Au
cours de l’après-midi, cinq matelots et un
garçon de cabine tombèrent dans le foyer
de l’incendie et périrent brûlés. »
Telles furent les déclarations de Trinte-
pohi. On retrouvera dans ces images décou
sues l’évocation des heures de terreur et des
crises successives d’espoir et de désespoir
par lesquelles passèrent les malheureux nau
fragés, paysans illettrés pour la plupart,
nui avaient quitté leur foyer à la recherche
de quelque eldorado, et que le destin met
tait tout à coup en face du plus effroyable
des sinistres : un incendie en pleine mer, en
pleine tempête !
Il faut ici enregistrer avec regret quelle
fut la conduite de l’équipage, gagné par la
panique, qui prit à un moment donné de
telles proportions que, toujours suivant
Trintepohl, le capitaine, pour éviter que
d’autres bateaux lussent mis à la mer, al
lant ainsi à une perdition certaine, section
na lui-même les câbles de manœuvre des
portemanteaux.
Il faut aussi rendre hommage à la bra
voure du capitaine Inch, qui quitta le der
nier son bord. Grâce sans doute à son atti
tude énergique, le désastre n’eut pas les
proportions qu’il aurait pu atteindre si la
panique avait continué.
La Commission d’immigration américaine
a informé la Compagnie Uranium, qui af
fréta le Volturno, que les naufragés seront
tenus quittes de toutes les formalités habi
tuelles.
Le Nombre des Victimes
D’après le Daily Telegroph, le capitaine du
Volturno aurait envoyé à la Compagnie Ura-
nian Steamship le télégramme suivant, daté
de dimanche, 41 heures :
« Volturno abandonné en feu, latitude
48.29 Nord, longitude Ouest 34,39 Le nombre
probable des passagers sauvés est de 485, des
hommes d’équipage de 25. Signé : Hilch. »
Le nombre des passagers manquants se
rait donc de 76 et celui des hommes d équi
page de 68, soit au total, 144. .
Ajoutons que l’épave du Volturno qui flotte
maintenant sur la route des transatlantiques
constitue un sérieux danger pour la naviga
tion.
La Destruction de l’Epave anglaise
Le ministère de la marine a chargé le
croiseur Donégal d’aller à la recherche du
Volturno et de procéder à sa destruction.
Arrivée du « Carmania »
Le Carmania est arrivé hier à Eishguard à
'g h. 5 de l’apres-midi..
La visite du port de Marseille
Le pi ésident de la République a consacré
sa matinée à une visite du port de Marseille,
des bassins en construction et des travaux
du canal de Marge lle au Rhône.
M. Poincaré, en redingote, accompagné de
MM. Baudin, ministre de la marine, et Thier
ry, ministre des travaux publics, quitte la’
préfecture à neuf heures.
Le landau présidentiel, escorté par un pe
loton de chasseurs, gagne le débarcadère
installé sur le quai de la Fraternité.
Le président y est reçu par M. Artaud et
le bureau de la Chambre de commerce. Il
s’embarque aussitôt sur le remorqueur de
haute mer le Marius-Chambon, dont les hon
neurs lai sont faits par MM. Savon et Cham-
bon. Le pavillon personnel du chef de l’Etat,
tricolore avec les initiales R. P. brodées en
or, est arboré au grand mât.
Tous les bateaux du port ont le grand pa
vois, et à peine le Marius-Chambon s’est-il
mis en route, que d’innombrables vapeurs
ou canots automobiles l’entourent et vont
lui faire escorte. Passagers et passagères
applaudissent, agitent chapeaux et mou
choirs.
M. Poincaré, debout sur la passerelle, ré
pond aux vivats en saluant de la casquette
marine dont il est coiffé. A sa sortie du vieux
port, les contre-torpilleurs de l’escadre de la
Méditerranée saluent le bâtiment présiden
tiel d’une salve de 21 coups de canon et pren-
nent la fille derrière lui.
Successivement le Marius-Ghambon traverse
le bassin de la Joliette, le bassin des docks,
les bassins de la Chambre de commerce. Les
ouvriers, abandonnant leur besogne, se sont
massés sur les quais.
On remarque la manifestation de sympa
thie faite par l’équipage du paquebot alle
mand, le Prinz-Heinrich, affecté au service de
l’Egypte, et qui est un redoutable concur-
rent pour les compagnies de navigation fran
çaises.
On pénètre dans le bassin en construction
de la Madrague où aboutira le canal de Mar
seille au Rhône, et pour montrer au presi
dent comment on construit les jetées d’enro
chement, on fait basculer des chalands char
ges de grosses pierres qui s’entassent les
unes sur les autres jusqu’à ce qu’elles at
teignent la surface de la mer.
On continue à longer la côte jusqu’à l’Esta-
que, à 47 kilomètres de Marseille.
A l’Estaque
C’est de l’Estaque que part le tunnel, long
de 7.200 mètres, qui doit relier la mer a
l’étang de Berre. Ce tunnel sera suivi par le
futur canal de Marseille au Rhône qui, à sa
sortie dans l’étang de Berre à Gignac, longe
l’étang jusqu’aux Martigues, le traverse
jusqu’à Port-de-Bouc et rejoint le Rhône à
Arles, suivant le tracé approfondi du canal
actuel d’Arles à Bouc. Le tunnel, aujour
d’hui percé sur une longueur de 2,500 mè
tres, sera une œuvre colossale ; il aura 22
mètres de large et 28 mètres de hauteur ;
il est quatre fois plus vaste que le souterrain
du Métropolitain. Il aura une profondeur
d’eau de 6 mètres et permettra le passa
ge simultané de deux bateaux de six cents
tonnes.
A l’entrée du tunnel, on a, sur une large
bande tricolore, écrit ces mots : « Le per-
sonne! et les ouvriers du souterrain pour la
République et son président, nos bras et
nos cœurs ! » Avant de pénétrer dans le
souterrain. M. Poincaré remet des médailles
de sauvetage à cinq marins de l’Estaque qui,
récemment, participérent au sauvetage d’un
voilier en perdition.
« Je suis heureux, dit M. Poincaré en
épinglant la médaille sur la vareuse des sau-
veteurs, de vous adresser mes félicitations
et de vous remettre moi-même cette distinc
tion que vous avez gagnée au péril de votre
vie. »
Le président et les ministres sont ensuite
conduits dans le souterrain où l’entrepre-
neur présente les ingénieurs qui dirigent
les travaux et une délégation de 2,000 ou
vriers qui y sont employés.
« Je suis très heureux, répond M.Poincaré,
de voir réunis ici les représentants d’un per
sonnel dont je sais tout le mérite et tout le
dévouement. J’ai déjà rencontré quelques-
uns ue ces messieurs sur les chantiers du
canal de l'Est, et je suis heureux de leur
adresser mes félicitations. »
Une toute petite fille, porteuse d’un bou
quet plus gros qu’elle, l’offre au président
pour Mme Poincaré de la part des petites
filles du « grand souterrain ». M. Poincaré
l’embrasse.
« Vous remercierez bien, lui dit-il en sou
riant, les petites filles du « grand souter
rain » et j’emporterai à Paris avec grand
plaisir vos jolies fleurs. »
Après avoir parcouru quelques mètres du
souterrain colossal, le president de la Répu
blique remonte sur le Marius-Chambon qui,
escorté par les contre-torpilleur de l’esca
dre, par les bateaux de plaisance et par les
canots automobiles, rentre à Marseille. . -
On y arrive un peu avant midi. Le prési
dent et sa suite débarquent et montent aus
sitôt en voiture pour gagner la gare.
A midi un quart, après que M. Poincaré
eut remis des médailles d’honneur à de
vieux employés de la Compagnie P.-L.-M,
que lui présente M. Mauris, directeur, 1e
train spécial se met en route pour AiX.
Le président de la République ééjeund
dans le train.
A Aix-en-Provence
On arrive à Aix à 1 h. 50.
Quand le président de la République des
cend de son wagon, le docteur Bertrand,
maire d’Aix, lui souhaite la bienvenue et M.
Raymond Poincaré lui répond par les paro
les suivantes :
Monsieur le maire.
Je vous remercie, vous et le Conseil mu
nicipal d’Aix, des souhaits de bienvenue
que vous voulez bien m’adresser.
Ge ne pouvait être une fatigue pour moi
de venir passer quelques instants, malheu
reusement trop brefs, au milieu de la po
pulation aixoise, dont je connais depuis
longtemps les sentiments républicains et
patriotiques. ...
S’il m’avait, d’ailleurs, fallu faire un ef
fort pour vous rendre visite aujourd’hui,
j’en serais largement dédommagé par l’a
mabilité de, votre accueil.
On.se rend ensuite directement au palais.
L de justice pour la réception des autorités. La
N 11,777
S Centimes
CDITION DU MATIN — 5 Centimes
(6 Pagesp
Mardi H Octobre 1943
wutedl
(6 Pagess
maaaanosooegmeerane
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
S M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havro
Administration, Impressions Ut Annonces, TEL 10.47
Petit
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
auresser tout ce qui concerne laRedaction
a M. HIPPOLYTE FÉNOUX
85, Rue Fontanelle, 35
TÉLÉPHONE ; Rédaction, No 7 BQ
AU HAVRE.
A PARIS.
BUREAU du Journal, 112, boula de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le PETIT HA VRE est désigne pour les Annonces judiciaires et légales
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LONDRES, 13 Octobre. Dépêche de 4 h. 30
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£71 -/-
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£ 184 -/-
£ 184 10/-
-/-
5/-
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FER
domptant ..
B mois.... ’
ferme
£51/9
£ 52/6
4 d
1 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
lu 12 octobre 1913.
HEW-YORK, 13 OCTOBRE
Marché clos
CHICAGO. 13 OCTOBRE
Marché clos
LE VOYAGE PRÉSIDENTIEL
Retour à Marseille
Marseille.— De retour à Marseille à 4 heu
res et demie, M. Poincaré se rend à PHôtel
de la Mutualité.
Répondant au président des mutualistes
des Bouches-du-Rhône qui lui souhaitait la
bienvenue, le président dit qu'il était heu
reux d'apporter aux vaillantes Sociétés de
mutualité, au nom des pouvoirs publics
dont elles sont les libres et précieux auxi
liaires, ses pi-us vifs remerciements.
De l’Hôtel de la Mutualité, M. Poincaré se
rend à l'Hôtel de Ville.
M. Chanot, maire, remercie Le président
de sa visite et il l’entretient de la tâche en
treprise par le Conseil de transformer la
ville.
Le président répond qu’en venant visiter
l’Hôtel de Ville de Marseille, il se proposait
de rendre hommage à une des histoires com
munales les plus glorieuses qui se soient dé
roulées dans la grande histoire nationale.
Marseille trouve aujourd’hui dans le ré-
gime républicain démocratique le couronne
ment de ses efforts séculaires et elle est
joyeuse de pouvoir concilier désormais sa
ferveur patriotique et sa passion de liberté.
M. Poincaré, rentré à la préfecture à
5 h. 45, a tenu, avant de regagner ses appar-
tem nts, à recevoir le Bureau du Conseil gé-
neral des Bouches-du-Rhône.
Le président de l’assemblée départemen
tale ayant prié le président d’user de sa
haute autorité en faveur de la solution pro
chaine de la question de l’adduction d’eau
potable à Marseille, M. Poincaré promet de
faire tous ses efforts dans la limite très
étroite où la Constitution l’autorise à se
mou voir.
Après la réception du bureau du Conseil
général, la foule massée sur la place de la
Préfecture ayant demandé à voir M. Poin
caré, celui-ci consent à paraître au balcon
et une ovation enthousiaste.lui est faite.
A 7 h. 45, le président de la République
reçoit les aviateurs Garros et Legagneux.
il annonce à Garros qu’anjourd’hui même
le Conseil de l’ordre de la Legion-d’Honneur
admis un avis favorable à la proposition
faite en sa faveur pour le ruban de cheva-
fier par M. Thierry, ministre des travaux pu
blics.
Le président a donné hier soir un dîner de
cinq uante couverts.
Après le dîner de la préfecture, à 9 h. 30,
le president se rend en automobile à l’Hôtel
de Ville, sur le Vieux Port.
Du balcon de l’édifice communal, M. Poin
caré assiste à une fête nautique qui se dé
roule dans le Vieux-Bassin.
D’innombrables bateaux de toutes dimen
sions ont arboré des lanternes vénitiennes.
De légers et gracieux esquifs glissent sur
l’eau tandis que des musiques jouent des
airs discrets.
Quand le président paraît entouré de MM.
Thierry et Chanot, une ovation lui est faite
par la'fou le. Les sirènes des navires sifflent
toutes à la fois, couvrant un instant les ova
tions de la foule.
La fête se termine par l’embrasement de
Notre-Dame-de-la-Garde dont le splendide
monument apparaît dans la nuit en relief
saisissant.
A dix heures, M. Poincaré quitte l’Hôtel de
Ville et rentre à la préfecture.
LE NAUFRAGE DU “ VOLTURNO "
LIVERPOOL. — On craint que les deux em-
barcatious contenant 70 passagers, qui parti-
rent du Vg tumo, ne soient pas retrouvées et
qu’elles ne soient perdues.
La liste des morts s’élèverait à 170.
UN ÉLÈVE AVIATEUR FAIT UNE CHUTE
ET SE TUE
Berlin. — Le lieutenant Kœnig, élève
avi a ur, est tombé sur le terrain d’aviation
de Niederneundorf, près de Berlin, à la
suite d’une descente en vol plané trop
Dru sq lie.
L’aviateur a été tué sur le coup.
LES AFFAIRES D'ORIENT
En Bulgarie
Sofia. — L’occupation des territoires nou
vel ' ment conquis a commence hier.
Un ukase portant dissolution du Sobranié
fera publié aujourd’hui.
LA COUPE GORDON-BENNETT
’ "Rennes. — Dans la soirée, cinq ballons
[filant de l’est à l’ouest, sont passés sur Ren-
nes. .
. Le Stella a lancé une dépêche informant
LParis qu’il serait à Donarnenez vers minuit,
i Sept ballons ont passé à Retiers.
[ Le Good-Year a passé à Granvilie à six heu-
res.
V Trois ballons ont passé à Fougères dans
soirée. Parmi eux 80 trouvait le Duhburjh.
La Question Irlandaise
Il semble bien que le soulèvement de
l’Ulster soit sur le point d’être momentané
ment apaisé. Après s’être montrés intransi
geants, les agitateurs orangistes paraissent
disposés à temporiser. Les volontaires qui
avaient fourbi leurs armes vont sans doute
en profiter pour recouvrer leur calme, et il
n’est peut-être pas exagéré de dire qu’à la
faveur de ce nouveau délai le conflit a
plus de chances d’être résolu pacifiquement
qu’à coups de fusil.
Le gouvernement, de son côté, ne re
pousse pas de parti-pris les revendications
du Nord-Est de l’Ulster qui, si le Home Rule
était intégralement appliqué en Irlande,
serait placé sous la tutelle du futur gou
vernement de Dublin, alors qu’il estime le
statu quo plus avantageux.
M. Winston Churchill, ministre de la
marine, a nettement indiqué dans un dis
cours prononcé à Dundee, à quelles condi
tions une transaction est possible. « Si la
population de l’Ulster, a-t-il dit, au lieu de
se préparer à la révolte, au lieu de mena
cer le gouvernement, exposait froidement
les raisons de ses appréhensions et quelles
garanties elle juge nécessaire de leur don
ner,le gouvernement serait prêt à l’écouter.»
Ces sages paroles ont, à n’en pas douter,
trouvé un écho parmi la laborieuse popu
lation de l’Ulster. Elles seront d’autant
mieux retenues que le ministre a affirmé
que si les protestataires faisaient un pas, le
gouvernement en ferait deux. Celui-ci se
sent parfaitement capable de mener seul la
tâche à bien, d’appliquer le Home Rule et
de le faire respecter afin que les habitants
d’origine anglaise ne soient pas lésés à au
cun point de vue.
En tout cas, le gouvernement libéral qui
est sans cesse harcelé par l’opposition n’en
tend pas revenir sur des votes acquis après
de longues et rudes batailles parlementai
res.
« Nos adversaires, a précisé le ministre,
nous accusent constamment de ne pas res
pecter la volonté populaire. Ils oublient
qu’en roins de huit ans il y a eu trois
élections générales. Il y en aura une autre
dans deux ans. Peut-on réellement, dans
ces conditions, proclamer que la nation n’a
pas eu l'occasion de faire comprendre sa
volonté ? S’apercevant que la route leur
était barrée de ce côté, les unionistes ont
essayé, contrairement à toutes les tradi
tions parlementaires anglaises, d’amener
la couronne à intervenir. Enfin, comme de
ce côté encore il n’y a rien à faire, ils font
ouvertement appel à la violence et à la ré
volte.
» Mais, a continué M. Churchill, le gou
vernement est bien décidé à ne pas se
laisser intimider. Le Home Rule prendra
force de loi dans le courant de la présente
législature. Ni les critiques ni même les
violences n’empêcheront le gouvernement
d’aller jusqu’au bout de la tâche qu’il s’est
imposée. »
Cette déclaration est catégorique. Elle
fera réfléchir ceux qui, écoutant les adver
saires du Cabinet, étaient prêts à se lancer
dans une dangereuse aventure.
Leur cause, au fond, n’est pas perdue.
Un recours ne leur reste-t-il pas ouvert,
même si le Home Rule est appliqué ? Dans
deux ans, c’est-à-dire bien avant que le
Parlement irlandais, créé par le nouveau
bill, ait pu voter une seule loi, il y aura des
élections. Si les conservateurs sont vain
queurs a ces élections, libre à eux de défaire
l’œuvre du gouvernement libéral et de
prendre la responsabilité d’un tel acte qui
ne manquerait pas de déchaîner des trou
bles !
D’ici là le gouvernement libéral, grâce
au concours duquel l’Irlande est à la veille
d’avoir cette autonomie qu’elle réclame de
puis si longtemps,est décidé à faire son de
voir jusqu’au bout. Le ministère entend en
effet profiter des pouvoirs que lui confère le
«Parliament Act» pour faire voter une troi
sième fois le Home Rule et obtenir la sanc
tion royale.
Pendant que s’accompliront ces dernières
formalités, des transactions pourront heu
reusement intervenir. Les récentes avances
de sir E. Garson, porte-parole des protesta
taires de l’Ulster, et le discours de M. Wins
ton Churchill les faciliteront.
Il est encore trop tôt pour dire quelle
est l’impression produite par les énergiques
déclarations du ministre de la marine. On
sait néanmoins qu’elles ont déjà provoqué
un résultat : les unionistes ont rentré leurs
emblèmes séditieux. Ils sont d’avis qu’il
faut attendre, avant de lever les boucliers,
que l’opinion publique se dessine et que
M. H Asquith, président du Conseil, re
nouvelle en la développant et en lui don
nant l’autorité nécessaire l’offre de son
collègue.
On pense généralement que si M. Asquith
se prononçait dans le même sens que le
ministre de la marine — et tout laisse sup
poser qu’il en sera ainsi — il y aurait, en
Angleterre, un mouvement favorable à une
transaction qui donnerait satisfaction aux
deux Irlandes Si cela était, les chefs unio
nistes ne sauraient donc se refuser à négo
cier, bien qu’une fraction intransigeante
puisse, aujourd’hui comme au moment du
budget de M. Lloyd George, il y a quatre
ans, tenter de forcer la main à ses chefs et
les empêcher de prendre une attitude con-
1ciliante ei vraiment politique».
Cette fraction belliqueuse rêve toujours
de faire abroger le « Parliament Act». Mais
il est à penser qu’elle ne sera pas écoutée ;
car, si les réclamations de l’Ulster sont vrai
ment sincères, une solution pacifique est
possible.
Le premier pas est fait. C’est aux chefs
unionistes qu’il appartient maintenant de
parler. S’ils repoussaient la discussion ou
bien y mettaient des conditions inaccepta
bles, ils assumeraient seuls une grosse res
ponsabilité en jetant la Grande-Bretagne,
déjà en proie à tant de troubles économi
ques, dans une aventure dont les graves
conséquences pourraient être irréparables.
H. Hollaênder.
L’Irlande et M. Churchill
Le correspondant du Figaro, à Londres té
légraphie :
« Comme il fallait s’y attendre, le discours
de M. Churchill est discuté passionnément
dans toute l’Irlande.
» Les gens de l’Ulster triomphent avec trop
peu de modestie. Ils considèrent naturelle
ment comme insuffisantes les concessions
que laissent entrevoir les déclarations de M.
Churchill. Ils ne veulent pas entendre par
ler d’une division de l’Ulster en deux tran
ches, l’une considérée comme essentielle
ment protestante, l’autre comme catholique.
Il leur faut tout l’Ulster ou rien.
» Ils refusent également d’encourager la
création d’un parlement irlandais pour l’Ir-
lande catholique, car l’un des articles du cove
nant, signé par des milliers de partisans de
Sir Edward Carson, indique très nettement
que les covenanters jurent de déjouer, par
tous les moyens en leur pouvoir, la conspi-
ration qui a pour but de créer un parlement
home ruliste. Il ne s’agit pas, comme on le
vo t des seules contrées de l’Ulster, mais
de toute l’Irlande et bon nombre de cove
nanters qui ne vivent pas en Irlande ont si-
gué ce manifeste parce qu’ils sont hostiles
au home rule, même si la loi ne s’appliquait
qu’à l’Irlande catholique.
» Q ant aux libéraux de l’Ulster, ils n’ont
pas perdu de temps. Ils ont rédigé stance
tenante un manifeste qu’ils adressent à tous
leurs amis anglais, pour les supplier de ne
pas séparer TUisler de l’Irlande, car ce serait,
affirment-ils, prolonger indéfiniment l’état
de chaos où se trouvent actuellement ces
malheureuses provinces.
» Notons qu’à Dublin la presse nationa
liste ne se gêne pas pour critiquer sans dou
ceur les paroles de M. Churchill. Les natio
nalistes estiment que 1 homme capable de
préparer un projet d’exclusion de l’Ulster,
pratique et honorable, n’est pas encore né.
Les nationalistes se rendent-ils compte que
c’est là un aveu dangereux ? Veulent-ils donc
être les seuls à prefiter d’un arrangement
pratique et honorable en ce qui les concer
ne ? Leurs intérêts sont-i‘s donc absolument
incompatibles avec les légitimes revendica-
lions de l’Ulster ?
» Il faut ajouter que le discours de M.
Churchill a vivement inquiété les nationalis
tes, qui considèrent cette tentative de conci
liation comme un aveu du bon droit de
l’Ulster, formulé bien mal à propos.
» On le voit, M. Churchil, malgré ses loua
bles intentions, n’a satisfait personne. La
sagesse n’inspire aucun parti ; ce ne sont
que ja ousies de clocher, haines locales, am
bitions politiques. Des intérêts généraux du
Royaume, on ne se soucie guère ».
M. Chéron à Manerbe
M. Henry Chéron, ministre du travail, a
préside dimanche, à Manerbe (Calvados), les
fêtes organisées à l’occasion de l'inauguration
de la mairie et du bureau de poste de cette
localité.
Au banquet qui lui a été offert et auquel
assistaient, avec le préfet, les sénateurs du
département et le conseiller général du can
ton, le ministre du travail a fait reloge des
maires et insiste sur l’importance du con
cours qu’ils prêtent à la Repubkque.
Eu terminant, M. Chéron a recommandé
de « rendre les lois et les règlements aisé-
ment applicables » et a exprimé sa recon
nais rance envers ceux qui, «malgré leurs
occupations quotidiennes, donnent à la cho
se publique, avec un desintéressement abso
lu, une si large part de leur temps et de
leur activité ».
INFORMATIONS
L’accord financier franco-turc
Un télégramme de Constantinople annonce
la signature de l’accord financier franco-
turc préparé par Djavid bey au cours de son
séjour à Paris, en septembre et dont certai-
nes difficultés de mise au point avaient diffé
ré la conclusion.
La nouvelle est, sous cette forme inexacte.
La signature de l’accord doit avoir lieu à
Paris où le retour de Djavid bey est attendu.
Il paraît toutefois exact que le conseil des
ministes ait ratifié les textes proposés.
Cet accord — lié à l’arrangement franco-
allemand qui consacre le désistement de la
France dans l’affaire de Bagdad — porte no
tamment sur le renouvellement ou la réali
sation des concessions suivantes :
Chemins de fer : réseau arménien Sam-
sou n, Si vas, Karpout, Diarbékir, avec em-
branchement Diarbékir, Erzeroum, Trébi-
zonde, réseau syrien, jonction de la ligne de
Damas-Hamah à Jérusalem ; consolidation
des intérêts français sur le réseau Damas-
Hamah et sur la ligue du Hedjaz.
Ports : Tripoli, Caïffa et Jaffa en Syrie ;
Héraclée et Ineboli sur la mer Noire.
La Turquie accepte le programme d’œu
vres d’enseignement communiqué par la
France.
La France donne son assentiment à l’éléva
tion des droits de douanes (4 0/0 et 3 0/0) et
à la suppression d’un certain nombre de bu-
reaux de poste.
La Liste des Survivants recueillis par “La-Touraine"
Le Récit d’un Survivant
Le nombre des manquants
épave sera détruite
La Compagnie Générale Transatlantique a
reçu hier un message du capitaine Caussin,
commandant le paquebot La-Touraine, don-
nant la liste des survivants du Volturno, qu’il
a recueillis à son bord.
Dans le radiotélégramme plusieurs pré
noms n’ont pas été transmis. L’opérateur a
donc groupé ces noms deux par deux. De ce
fait cet accouplement ne forme que 40 noms
mais le capitaine-Caussin affirme avoir bien
42 rescapés à son bord.
Voici les noms transmis ;
Harabambo Angelo.
Kravenki Nasile.
Kalantac Michael.
Badda Frederich.
Balaz Michael.
Leyzer Fockman.
Milikovski Abraham.
Kolaric Illya.
Galle Hevan.
Parko Ignac.
Arbanas Mats.
Ranella Rafanel.
Magnovski Faanz.
Mesendau Yanos.
Jod ni Lisbau.
Weisberg Redfi.
Ruhel Eppie.
Nitcheski Michael.
Semtchaquevitch Brunislave.
Yonlkovsky Genoveva
Paskovski Hannalas.
Chmcovsky Peho.
Tilour William.
Pachimsky Thomas.
Laibjon Liibjonnk.
Siiversteer Maier.
Amolik Seiman.
Macanets Joseph.
Udjbriats Ivan.
Bohnets Thomas.
Shiedler Adolf.
Olivière Francesse.
Nogel Wilhelm.
Mermema Henrich.
Adam Debruin.
Weisberg Isaac.
Froy Epple.
Semtchaquevitch Marianna.
Youlkovsky Helena.
Youlkosky Francheseph.
Nationalités : 16 Autrichiens,
12 Russes,
7 Allemands,
4 Bulgare,
2 Italiens,
4 Roumain,
2 Hollandais,
4 nation ignorée.
42
Total...
Dans ce nombre figurent 3 hommes d’é
quipage et 39 émigrants, dont 2 femmes et
10 enfants. Plusieurs de ces enfants ne *
sa ¬
vent ce que sont devenus leurs parents.
Le Récit d’un Survivant
Avant d’aller quérir à bord de La-Tou-
raine les impressions des passagers français,
voici un récit déjà très complet de la catas
trophe envoyé à la Press Association par M.
Spurgeon, directeur de la grande maison d’é
dition Cassel.
M. Spurgeon, qui revient d’Amérique à
bord de la Carmania, a pu s’entretenir avec
le passager qui, dans la nuit de jeudi, avait
nagé du Volturno à la Carmania.
Ce passager se nomme Watter Trintepohl.
Il est de nationalité allemande. Employé
dans une maison de Barcelone, il reçut l’offre
d’une situation à- New-York et s’embarqua
sur l’intortuné navire.
DRAMATIQUES ÉPISODES
Voici le récit que Trintepohl, qui est à l’in
firmerie du bord avec des symptômes de
pneumonie, a fait à M. Spurgeon, qui l'en
voya par T. S. F.:
« Nous quittâmes Rotterdam le jeudi 2 oc
tobre. Tout alla bien jusqu’au jeudi suivant
quand, à six heures du matin, l’alarme d’in-
cendie fut donnée. On nous ordonna de quit
ter nos couchettes et de monter suc le pont,
un incendie ayant éclaté dans la cale.
» Quand nous fûmes rassemblés sur le
pont, on nous distribua des ceintures de
sauvetage, qu’il nous fallut du temps pour
ajuster.
» Le feu, nous dit-on, sera peut-être bien
tôt éteint, mais le capitaine juge plus sage
qu’en manière de précaution tous les pas a-
gprs mettent leurs ceintures de sauvetage.
L’incendie effraya les entants qui se mirent
à pleurer. Plusieurs d'entre eux n’étaient
que des nourrissons encore dans les bras de
leurs mères. Puis le feu augmenta de vio-
lence, et nous pouvions voir les flammes qui
sortaient de la cale.
» Vers dix heures du matin, quelqu’un
cria de lancer les bateaux de sauvetage. La
conduite du capitaine et des officiers, tous
Anglais, fut digne de tous les éloges, mais je
regrette de ne pouvoir en dire autant de
celle de l’équipage, qui se conduisit de façon
déplorable.
» Des gens s’élancèrent vers les canots,
affolés. Les hommes d’équipage, qui parais
saient croire que la première place leur ap
partenait, augmentèrent encore la panique
au lieu de la calmer.
» L’officier en premier se chargea du pre
mier bateau de sauvetage, mais tandis qu’il
voulait embarquer d’abord les femmes et les
enfants, presque tous ceux qui prirent place
à bord étaient des membres de l’équipage.
» On descendit un bateau : mais au mo
ment où il touchait l’eau, il vint s’écraser
contre les bordages du navire. Il se brisa en
deux et tous ses occupants lurent noyés.
» Pendant ce temps, d’autres matelots es
sayaient de lancer une seconde embarca
tion. J’ignore qui la commandait ; mais je
sais que le maitre-d’hôtel y sauta, après y
avoir jeté quelques provisions. Dans ce ba
teau, il y avait plus d’hommes que de fem
mes et d’enfants. Les lames étaient énormes.
Le bateau n’éluit pas encore descendu ente
rement qu’il vint s'écraser contre le Voltur-
no. Tous ceux qui s’y trouvaient furent
noyés.
» Ces deux embarcations se trouvaient à
peu près au milieu du bâtiment. On essaya
encore d’en lancer trois autres à l’arrière.
L’une d’elles, mais je ne sais laquelle, était
commandée par le quatrième officier. Une
panique effroyable régnait partout. Les câ
bles se rompirent et tous ceux qui occu
paient les embarcations furent projetés dans
les flots, où ils se noyèrent ou furent tués
par des épaves.
» Nous fûmes remplis de joie quand nous
vim s le Garmania, et nous nous disions :
« Maintenant, nous allons être tous sauvés ».
» A ce moment, les chauffeurs surgirent
de la chambre des machines et refusèrent
d’y redescendre. Le capitaine tira son re
volver et les força à retourner à leur poste.
Mais, peu à peu, le feu gagnant du terrain,
ils durent renoncer à garder les feux allu
més.
» Aussitôt que le Carmania fut en vue, le
capitaine ordonna aux hommes de se ranger
sur un bord du navire, tandis que les fem
mes et les enfants se rangeaient sur l’autre.
La chaleur était si vive que le capitaine avait
été forcé de quitter son pont de commande
ment et de se rendre à l’arrière.
» Les femmes pleuraient, hurlaient,riaient,
avaient des crises.
» Jusqu’alors, nous n’avions guère songé à
manger ; mais, dans l’après-midi, nous crû
mes plus prudent de nous restaurer et nous
descendîmes aux cuisines, qui étaient aban
données. Nous y fîmes du café et mangeâ
mes quelques biscuits et des conserves de
bœuf. Mais la majorité des passagers refusè
rent de s’alimenter.
» Nous vîmes bien alors des radeaux en
voyés par le Carmania ; mais personne ne
nous dit d’y sauter. En fait, jusque vers six
heures, nous ne sûmes même pas à quoi ils
pouvaient servir !
» A l’arrière, le pont devint de plus en plus
chaud ; la température augmentant de mi
nute en minute. Mais nous ne paraissions
pas sentir la chaleur. »
Un passager montra alors au rescapé une
de ses chaussures dont la semelle était
à demi consumée. Il se contenta de ré
pondre :
— Je ne me souviens pas de cela, mais je
nie rappelle combien horrible fut le moment
où les flammes éclatèrent, plusieurs fem
mes et même des hommes s’arrachaient les
cheveux, tandis que d’autres restaient abso
lument immobiles.
» Après l'explosion, je résolus qu’il valait
mieux sauter à la mer. Je suis en effet un
bon nageur. Un autre passager, un Anglais
et un matelot me dirent qu’ils m’accompa
gneraient. Je sautai le premier, ils me suivi
rent. Je ne les ai pas revus.
» Je nageai dans la direction du bateau
allemand, mais mes appels ne furent pas en
tendus. Je me dirigeai alors vers le Car
mania, je criai : « A l’aide ! » On m’aperçut
grâce à un projecteur. Il y avait une heure
que j’étais dans l’eau et j’avais presque perdu
connaissance. J’ignore exactement comment
je fus sauvé : je ne sais rien de plus. J’avais
sauté à la mer parce que la- chaleur était
vraiment trop grande et parce que je croyais
que le navire tout entier allait sauter. Au
cours de l’après-midi, cinq matelots et un
garçon de cabine tombèrent dans le foyer
de l’incendie et périrent brûlés. »
Telles furent les déclarations de Trinte-
pohi. On retrouvera dans ces images décou
sues l’évocation des heures de terreur et des
crises successives d’espoir et de désespoir
par lesquelles passèrent les malheureux nau
fragés, paysans illettrés pour la plupart,
nui avaient quitté leur foyer à la recherche
de quelque eldorado, et que le destin met
tait tout à coup en face du plus effroyable
des sinistres : un incendie en pleine mer, en
pleine tempête !
Il faut ici enregistrer avec regret quelle
fut la conduite de l’équipage, gagné par la
panique, qui prit à un moment donné de
telles proportions que, toujours suivant
Trintepohl, le capitaine, pour éviter que
d’autres bateaux lussent mis à la mer, al
lant ainsi à une perdition certaine, section
na lui-même les câbles de manœuvre des
portemanteaux.
Il faut aussi rendre hommage à la bra
voure du capitaine Inch, qui quitta le der
nier son bord. Grâce sans doute à son atti
tude énergique, le désastre n’eut pas les
proportions qu’il aurait pu atteindre si la
panique avait continué.
La Commission d’immigration américaine
a informé la Compagnie Uranium, qui af
fréta le Volturno, que les naufragés seront
tenus quittes de toutes les formalités habi
tuelles.
Le Nombre des Victimes
D’après le Daily Telegroph, le capitaine du
Volturno aurait envoyé à la Compagnie Ura-
nian Steamship le télégramme suivant, daté
de dimanche, 41 heures :
« Volturno abandonné en feu, latitude
48.29 Nord, longitude Ouest 34,39 Le nombre
probable des passagers sauvés est de 485, des
hommes d’équipage de 25. Signé : Hilch. »
Le nombre des passagers manquants se
rait donc de 76 et celui des hommes d équi
page de 68, soit au total, 144. .
Ajoutons que l’épave du Volturno qui flotte
maintenant sur la route des transatlantiques
constitue un sérieux danger pour la naviga
tion.
La Destruction de l’Epave anglaise
Le ministère de la marine a chargé le
croiseur Donégal d’aller à la recherche du
Volturno et de procéder à sa destruction.
Arrivée du « Carmania »
Le Carmania est arrivé hier à Eishguard à
'g h. 5 de l’apres-midi..
La visite du port de Marseille
Le pi ésident de la République a consacré
sa matinée à une visite du port de Marseille,
des bassins en construction et des travaux
du canal de Marge lle au Rhône.
M. Poincaré, en redingote, accompagné de
MM. Baudin, ministre de la marine, et Thier
ry, ministre des travaux publics, quitte la’
préfecture à neuf heures.
Le landau présidentiel, escorté par un pe
loton de chasseurs, gagne le débarcadère
installé sur le quai de la Fraternité.
Le président y est reçu par M. Artaud et
le bureau de la Chambre de commerce. Il
s’embarque aussitôt sur le remorqueur de
haute mer le Marius-Chambon, dont les hon
neurs lai sont faits par MM. Savon et Cham-
bon. Le pavillon personnel du chef de l’Etat,
tricolore avec les initiales R. P. brodées en
or, est arboré au grand mât.
Tous les bateaux du port ont le grand pa
vois, et à peine le Marius-Chambon s’est-il
mis en route, que d’innombrables vapeurs
ou canots automobiles l’entourent et vont
lui faire escorte. Passagers et passagères
applaudissent, agitent chapeaux et mou
choirs.
M. Poincaré, debout sur la passerelle, ré
pond aux vivats en saluant de la casquette
marine dont il est coiffé. A sa sortie du vieux
port, les contre-torpilleurs de l’escadre de la
Méditerranée saluent le bâtiment présiden
tiel d’une salve de 21 coups de canon et pren-
nent la fille derrière lui.
Successivement le Marius-Ghambon traverse
le bassin de la Joliette, le bassin des docks,
les bassins de la Chambre de commerce. Les
ouvriers, abandonnant leur besogne, se sont
massés sur les quais.
On remarque la manifestation de sympa
thie faite par l’équipage du paquebot alle
mand, le Prinz-Heinrich, affecté au service de
l’Egypte, et qui est un redoutable concur-
rent pour les compagnies de navigation fran
çaises.
On pénètre dans le bassin en construction
de la Madrague où aboutira le canal de Mar
seille au Rhône, et pour montrer au presi
dent comment on construit les jetées d’enro
chement, on fait basculer des chalands char
ges de grosses pierres qui s’entassent les
unes sur les autres jusqu’à ce qu’elles at
teignent la surface de la mer.
On continue à longer la côte jusqu’à l’Esta-
que, à 47 kilomètres de Marseille.
A l’Estaque
C’est de l’Estaque que part le tunnel, long
de 7.200 mètres, qui doit relier la mer a
l’étang de Berre. Ce tunnel sera suivi par le
futur canal de Marseille au Rhône qui, à sa
sortie dans l’étang de Berre à Gignac, longe
l’étang jusqu’aux Martigues, le traverse
jusqu’à Port-de-Bouc et rejoint le Rhône à
Arles, suivant le tracé approfondi du canal
actuel d’Arles à Bouc. Le tunnel, aujour
d’hui percé sur une longueur de 2,500 mè
tres, sera une œuvre colossale ; il aura 22
mètres de large et 28 mètres de hauteur ;
il est quatre fois plus vaste que le souterrain
du Métropolitain. Il aura une profondeur
d’eau de 6 mètres et permettra le passa
ge simultané de deux bateaux de six cents
tonnes.
A l’entrée du tunnel, on a, sur une large
bande tricolore, écrit ces mots : « Le per-
sonne! et les ouvriers du souterrain pour la
République et son président, nos bras et
nos cœurs ! » Avant de pénétrer dans le
souterrain. M. Poincaré remet des médailles
de sauvetage à cinq marins de l’Estaque qui,
récemment, participérent au sauvetage d’un
voilier en perdition.
« Je suis heureux, dit M. Poincaré en
épinglant la médaille sur la vareuse des sau-
veteurs, de vous adresser mes félicitations
et de vous remettre moi-même cette distinc
tion que vous avez gagnée au péril de votre
vie. »
Le président et les ministres sont ensuite
conduits dans le souterrain où l’entrepre-
neur présente les ingénieurs qui dirigent
les travaux et une délégation de 2,000 ou
vriers qui y sont employés.
« Je suis très heureux, répond M.Poincaré,
de voir réunis ici les représentants d’un per
sonnel dont je sais tout le mérite et tout le
dévouement. J’ai déjà rencontré quelques-
uns ue ces messieurs sur les chantiers du
canal de l'Est, et je suis heureux de leur
adresser mes félicitations. »
Une toute petite fille, porteuse d’un bou
quet plus gros qu’elle, l’offre au président
pour Mme Poincaré de la part des petites
filles du « grand souterrain ». M. Poincaré
l’embrasse.
« Vous remercierez bien, lui dit-il en sou
riant, les petites filles du « grand souter
rain » et j’emporterai à Paris avec grand
plaisir vos jolies fleurs. »
Après avoir parcouru quelques mètres du
souterrain colossal, le president de la Répu
blique remonte sur le Marius-Chambon qui,
escorté par les contre-torpilleur de l’esca
dre, par les bateaux de plaisance et par les
canots automobiles, rentre à Marseille. . -
On y arrive un peu avant midi. Le prési
dent et sa suite débarquent et montent aus
sitôt en voiture pour gagner la gare.
A midi un quart, après que M. Poincaré
eut remis des médailles d’honneur à de
vieux employés de la Compagnie P.-L.-M,
que lui présente M. Mauris, directeur, 1e
train spécial se met en route pour AiX.
Le président de la République ééjeund
dans le train.
A Aix-en-Provence
On arrive à Aix à 1 h. 50.
Quand le président de la République des
cend de son wagon, le docteur Bertrand,
maire d’Aix, lui souhaite la bienvenue et M.
Raymond Poincaré lui répond par les paro
les suivantes :
Monsieur le maire.
Je vous remercie, vous et le Conseil mu
nicipal d’Aix, des souhaits de bienvenue
que vous voulez bien m’adresser.
Ge ne pouvait être une fatigue pour moi
de venir passer quelques instants, malheu
reusement trop brefs, au milieu de la po
pulation aixoise, dont je connais depuis
longtemps les sentiments républicains et
patriotiques. ...
S’il m’avait, d’ailleurs, fallu faire un ef
fort pour vous rendre visite aujourd’hui,
j’en serais largement dédommagé par l’a
mabilité de, votre accueil.
On.se rend ensuite directement au palais.
L de justice pour la réception des autorités. La
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