Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-10-15
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1913 15 octobre 1913
Description : 1913/10/15 (A33,N11778). 1913/10/15 (A33,N11778).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638604v
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
5 Centimes
(SB Pagres)
Mercredi 15 Octobre 1943
33” Année
N* H,778
(8 Pagres)
5 Centimes
WW DU «ATR
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BUREAU du Journal, 112, bould de Strasbourg.
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3 seule chargée de recevoir les Annonces pour
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3 Petit Havr
ORGANE RÉPUBLICAIN DEMOCRATIQUE
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Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
Le Havre, la Seine-Inférieure, PEUr ).
l’Oise et la Somme 7 -a Ab P
Autres Départements
Union Postale
88
1 1 ••
20 Fr. 4 AQ -
Un n'-Donne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux Un Pow e y
5================-=--=---------------%
Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 14 Octobre, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
facile
s 70 10/-
-/-
10/-
Comptant..
3 mois
£ 70 10/-
10/-
ETAIN
Comptant .
soutenu
£ 184 10/-
6/-
-/-
8 mois
£ 184 10/-
5/-
-/-
FER
Comptant ..
ferme
2 52/-
3 d
-/-
3 mois
s 52/9
4 d
-1-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
Au 13 octobre 1913.
NEW-YORK, 14 OCTOBRE
Cotons s octobre, baisse 26 points : dé
cembre, baisse 18 points ; janvier, baisse
24 points ; mars, baisse 21 points. Soutenu.
Calés : baisse 17 à 25 points.
NEW-YORK, 14 OCTOBRE
Cuivre Standard disp.
— décembre
Amalgamat. Cop...
Fer
!. J? Mt
15 50
15 30
70 7 Z 8
16 —
PRIGEBZXT
13
15
70
16
70
70
7/8
CHICAGO, 14 OCTOBRE
Blé sur
Décembre.
c. DU JOUR
AS
C. PRECED
85 7/8
Mai
90
91 -7-
Maïs sur
Décembre.
67
3/4
68 1/2
Mai
70
-/-
70 12
Saindoux sur.
Octobre...
15
45
10 62
—
Janvier...
15
40
10 50
A Orange
le
à
Orange. — Parti d'Avignon à 3 h. 30,
président de la République est arrivé
i h. 15 à Orange. M. Poincaré s'est immédia
tement rendu à l’Hôtel de Ville où le maire
ui a souhaité la bienvenue.
Visite à l’Entomologiste Fabre
ZERIGNAN. — M. Poincaré s’est rendu en
automobile chez l’entomologiste Fabre, puis
d est revenu à Orange d’où il est reparti à
5 h. 30.
Chez M. Loubet
XONTELIMAR — M. Poincaré est arrivé à
Montéhmar à 6 h. 13.
M. Loubet l’attendait à la gare. Les deux
présidents se sont rendus à la Bégude au
millen des acclamations de la foule.
M. Poincaré est reparti pour Paris à dix
heures du soir.
La Catastrophe minière de Cardiff
Cardiff. — On constate maintenant que
931 mineurs se trouvaient dans le puits au
moment de l’explosion.
Jusqu’à présent 511 mineurs ont été re
tirés.
Cardiff. — A la dernière heure, on a per
du tout espoir de sauver 418 mineurs restés
ensevelis dans la mine.
Les opérations de sauvetage ont été sus-
pendues en attendant que l’incendie ait été
maitrisé ou se soit éteint de lui-mêine faute
d’aliment.
Cardiff. — Quand l’explosion se produisit,
vers 8 heures du matin, l’émotion fut
énorme.
Toutes les machines du carreau autour du
puits étaient en pièces. Toutes les boiseries
du puits s’étaient effondrées.
Un homme qui se trouvait à une vingtaine
de mètres de l’ouverture, était décapite ; un
autre avait la moitié du visage emportée.
Le directeur de la mine, à la tête d’une
première équipe de sauveteurs, descendit
avant 9 heures par un puits voisin.
L’ingénieur général des mines du Pays de
Gilles annonce que 489 mineurs du puits
Est sont sauvés, mais que 418 sont restés
hloqués par l’incendie dans le puits du côté
Daest.
L’incendie s’est propagé dans le passage
par lequel l’air entre dans le puis, mais on
espère le maîtriser.
Cardiff. — A 9 heures du soir, les sauve
teurs n’avaient pu avancer que d’une cin-
uantaine de mètres vers l’Ouest, dans la
irection du puits embrasé.
Or,comme il leur faudrait franchir encore
une distance de deux milles pour arriver
jusqu’aux mineurs bloqués, les autorités
ont presque perdu tout espoir de retrouver
vivants les infortunés mineurs.
Malgré les efforts héroïques des sauve
teurs, il sera impossible de maîtriser les
fhammes et d’arriver jusqu’aux mineurs blo-
ques avant trois heures du matin.
On cite le cas d’Une femme, dont le mari,
trois frères et quatre fils se trouvent parmi
les mineurs bloqués dans le puits en flam-
mes.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la HIBARIRIL ITERMATIGNALE :
108, rue Saint-Lazare, 108
(Itomsunts de ? HOTEL TERMHWfy
Av&nt le Congrès de Pa,u
Quel Programmz Minimum 1
Dans le manifeste qu’il a publié, il y a
quelques jours, le Parti Républicain Démo
cratique, après avoir noté le désarroi du
parti radical et radical-socialiste, disait
avec infiniment de raison : a ... Nous
avons l’avantage d’avoir un programme
dont le parti radical-socialiste ne peut con
tester le caractère essentiellement répu
blicain, puisqu’il fut jugé assez réforma
teur, il y a quatre ans, par l’un des
hommes politiques dont il songe, pour le
moment, à faire un de ses chefs ».
L’homme politique ainsi désigné n’est
autre que M. Gaillaux. Or, après les dé
clarations aussi abondantes que variées des
principaux chefs du parti radical en ce
qui concerne la conduite politique de leur
groupement, M. J. Gaillaux a bien voulu
dire à la Dépêche de Toulouse ce qu’il pense
de la situaration actuelle. Et ses déclara
tions, vraiment, ne manquent pas d’une
certaine originalité. Se souvenant de l’épo
que peu éloignée où il était l’un des mem
bres les plus en vue de l’Alliance Carnot,
AL Gaillaux, plein de désinvolture et sans
plus de cérémonie, s’empare de l’étiquette
des républicains qu’excommunie le Comité
Exécutif de la rue de Valois :
« On qualifie improprement notre parti,
dit-il, ou plutôt insuffisamment, en l’appe
lant le Parti radical, ou bien en disant qu’il
est composé des républicains de gauche,
des radicaux et des radicaux-socialistes. A
la vérité, nous sommes le grand Parti dé
mocratique français, qui, également éloigné
des agitations révolutionnaires et des me
nées de la réaction, continue les partis de
gauche, lesquels, pendant le siècle dernier,
ont lutté pour conserver et agrandir la li
berté française. Nous exprimons la démo
cratie qui travaille, qui, ne se repaissant
pas de chimères, veut à la fois l’ordre et le
progrès dans la République. »
Si cette formule est précisément et
justement celle du Parti républicain démo
cratique, la prétention de M. Gaillaux est
singulière de se dire « également éloigné
des agitateurs révolutionnaires... » au mo
ment exact où le parti radical, dont malgré
tout il se réclame, propose ouvertement
une alliance aux socialistes unifiés.
Et quand il s’agit, suivant l’expression de
M. Gaillaux, de a déterminer un program
me de réalisations immédiates, assez préci
ses et assez mesurées tout à la fois pour
qu’on puisse dire que quiconque ne l’ac
ceptera pas n’est ni un républicain, ni un
démocrate sincère », — c’est être vraiment
trop imprécis que de s’en tenir à de vagues
généralités, aussi bien sur la défense sco
laire et sur la question militaire que sur la
réforme fiscale.
En effet, si M. Gaillaux veut protéger et
défendre l’école laïque, et s’il entend « al
ler assez loin dans cette voie pour que l’en
seignement national soit difinitivement mis
à l’abri des atteintes du parti clérical », il
ne laisse pas soupçonner son opinion sur la
liberté de l’enseignement, sur le projet
Brard ou sur le monopole. S’il exige « une
organisation plus complète,plus méthodique
de la défense nationale, organisation qui,
plus étroitement liée à la conception de la
nation armée, exclurait tout gaspillage
d’hommes et d’argent », il ne nous dit rien
de la loi de trois ans ou de la loi de
deux ans, et son expression très extensible
peut aussi bien apparaître comme une con
cession aux idées chères à M. Jaurès. Enfin
si M. Gaillaux veut la réforme fiscale, et s’il
s'en réfère à son ancien projet d’impôt sur
le revenu, s’il désire le voir aboutir « dans
ses principes, dans son cadre, dans ses li
gnes essentielles », serait-ce qu’il admet
cependant que toutes les modalités n’en se
raient pas intangibles, et faudrait-il croire
qu’il aurait été influencé par les réserves
récemment exprimées par M. Aimond, rap
porteur de la Commission sénatoriale ?
Ainsi, sous le couvert d’une formule qui
appartient en propre au Parti Répubicain
Démocratique et qui, en aucune façon, ne
saurait convenir aux radicaux d’extrême-
gauche, à M. Combes ou à M. Pelletan, M.
Gaillaux réclame un programme précis et
mesuré. Mais lui-même se refuse à toute
précision nécessaire.
Ce n’est donc pas sa consultation, ajoutée
à toutes celles qui l’ont précédée, qui ap
portera au Congrès de Pau la base cherchée
d’une discussion efficace et de solutions
positives.
Et c’est pourquoi nombre de personnali
tés du parti radical et radical-socialiste, tel
M. Perrissoud, ne croient pas à la consti
tution du bloc préconisé par les dirigeants
du parti. D’abord, le parti socialiste unifié
semble peu disposé à une altitude conci
liante. Puis, ajoute le député de Seine-et-
Marne, dans le Rappel : « Au cours de cette
législature même, les deux questions de la
réforme électorale et de la loi de trois ans
ont contribué à élargir le fossé qui sépare
les unifiés d’une importante partie de l’opi
nion républicaine. En dehors des dissen
sions anciennes, il faut reconnaître que les
divergences de vues qui se sont manifes
tées entre les diverses fractions radicales
rendent difficile une mesure d’ensemble
sur ce point ».
L'élection qui a eu lieu dimanche der
nier, à Dijon, vient souligner encore la
profonde division qui existe au sein du par
ti radical ; elle a démontré comment et
pourquoi les intransigeants et les surenché
risseurs du parti ne seront pas suivis dans
leur alliance avec les unifiés.
En cette circonstance, la plateforme élec
torale était la loi militaire de trois ans.
Plutôt que d’envoyer à la Chambre un so
cialiste unifié, les électeurs radicaux qui,
au premier tour, avaient voté pour leur
candidat, le docteur Jullié, ont préféré vo
ter au second tour pour le candidat libéral.
Du point de vue républicain démocrati
que, et parce que nous sommes également
adversaires des partis de révolution et de
ceux de réaction, nous ne pouvons que re
gretter ce résultat-
Mais comment ne pas blâmer, et com
ment tous les républicains sincères ne blâ
meraient-ils pas les grands chefs du radica- |
lisme intrangigeant qui, sans s’arrêter à la |
redoutable responsabilité qu’ils encourent,
ont ainsi voulu engager le corps électoral
dans leur opposition impopulaire et injus
tifiée à la loi de trois ans, — et qui, suivant
l’expression de M. Henry Bérenger, « loin
de réaliser une politique de gauche à la fois
fortement sociale, laïque et nationale », ne
font que « promouvoir une politique de
recul compliquée d’une contre-politique de
révolution » ?
Th. Vallée,
ANGLETERRE
Catastrophe minière dans le Pays de Galles
Une catastrophe s’est produite hier dan
une mine du Pays de Galles, l’Uni versai Co
liery, à Sosghenwood, à dix milles de Cet
diff. Vers huit heures, une explosion formi
dable a fait sauter tous les bâ iments qui st
trouvent à l’entrée du puits. Il y avait à ce
moment 740 ouvriers dans la mine.
L’ingéniear en chef, M. Shaw, organisa
immédiatement les seceurs et descendit dans
la mine par un puits voisin.
Des scènes déchirantes se sont produites à |
l’entrée du puits autour duquel toute la po- i
pulation avoisinante est reunie.
Le colonel Pearson, inspecteur des mines
du roi, est parti en automobile de Cardif !
pour le lieu de la catastrophe.
Tous les médecins de la région sont sur ’
les lieux. |
Le haut personnel de la Compagnie, ques
tionné, répond : « Aucun espoir, aucun es-
pair. »
On craint qu’il n’y au plus de deux cents
victimes.
La détonation a été si formidable que tou
te la maçonnerie de la mine s’est trouvée
réduite en miettes.
Un homme qui se tenait, au moment de
l’explosion, à une vingtaine de mètres de
l’orifice, a eu la tête emportée par la vio
lence du choc.
Cinq cents ouvriers ont été ramenés vi
vants à la surface.
L’incendie fait rage dans la fosse.
BULLETIN MILITAIRE
Los Casernements de l’Est
M. Etienne est rentré à Paris. Il a bien
voulu préciser en ces quelques mots li m-
pression d’en semble qu’il rapporte de son
voyage d’études :
— Vous pouvez dire, sans réticence d’au-
cane sorte, que je suis entièrement et plei
nement satisfait. Tout est prêt. Cela ne veut
pas dire : tout est achevé, mais tout est ea
état de parer aux nécessités de T heure. Il y
a trois mois, rien n’existait. Aujourd’hui, des
bataillons entiers sont logés, habilles. nour
ris aussi parfaitement que dans n’importe
quelle garnison. Davantage : les bâ imeuts
que je viens de visiter‘emportent en con
fort et en commodité sur toutes nos ancien-
nes casernes. Ce sont vraiment des casernes
modèlss.
» Je tiens à rendre hommage à l’intelli-
gence,au dévouement et au zele de tous ceux
qui ont coopéré à cette œuvre aifficile. Les
entrepreneurs civils, comme le genie mili
taire, ont fourni un admirable effort. Dans
trois semaines ou un mois au plus, lorsque
la seconde classe arrivera, il ne restera plus
rien qui laisse à désirer. Le travail utile de
la formation des recrues pourra commencer.
Rien ne le retardera. Nous aurons pour le
début de l’année prochaine une magnifique
armée et la couverture la plus sonde que
nous ayons jamais possédée. Le pays peut
avoir confiance. »
Ainsi parla M. Etienne, et il faut reconnaî
tre qu’en définitive ses déclarations sont
moins l’expression d’un obligatoire optimis
me ministeriel que celle de la vérité.
INFORMATIONS
Le journal « La Cocarde »
Nous avons publié, dans notre numéro du
17 septembre, une information faisant con
naître qu’une saisie avait été faite au journal
de Paris La Cocarde.
Nous devons compléter cette information
en disant que cette saisie a été pratiquée à
la requête d’une personne se prétendant
propriétaire du titre La Cocarde.
Un procès est engagé sur ce point, mais,
momentanément, le directeur du journal nous
fait savoir qu’il a changé son titre, qui est
devenu La Vieille Cocarde.
L'Explorateur Amundsen
et l’Aéroplane
L’explorateur polaire bien connu Roald
Amundsen, qui prépare actuellement son
nouveau voyage vers le pôle, qui durera,
pense-t-il, de 1914 à 1919, a fait connaître
u'il se proposait de s’assurer le concours
’un aviateur français et qu'il prendrait pla
ce lui-même à bord d’un aéroplane, soit
pour sa tentative finale, soit pour des obser
vations météorologiques.
Quarante-deux Rescapés au Havre
Le Transatlantique La-Touraine, qui se porta au secours du Volturno, est arrivé
hier matin au Havre. — Des témoins de la terrible Catastrophe en font des
récits émouvants. — Comment les marins français ont fait leur devoir.
‘ r-t Mss ta
En haut ! Un Groupe de rescapés sur le pont de “ La-Touraine "
En bas : Un jeune orphelin et ses parents adoptifs
De brefs radiotélégrammes nous ont fait
revivre les heures d'angoisse que vécurent
les passagers et l'équipage du Volturno, atta-
nna nn les flammes. Des nouvelles aussi
que par
laconiques nous ont dit les efforts surhu-
mains accomplis par les équipages des navi-
res accourus sur les lieux du sinistre. Malgré
la tempête, ces braves gans, appelés par la
télégraphie sans fil, ont réussi à arracher
aux vagues en lune des centaines de per
sonnes.
Mais, jusqu’ici, nous n’avions que l’écho
affibli des principales phases les plus émou-
vantes de ce somore d ame de la mer et de
l’heroï me des sauveteurs. Ce n’est que ce
mat o, à l’arrivée du transatlantique La-Tou-
raine que la triste réalité pouvait nous appa
raître. C’est parmi les rescapés, encore acca-
blés par l’emotion que nous avons revu ces
heures douloureuses pendant lesquelles des
hommes, pleins d énergie et d’espoir, ont
lutte contre les éléments.
Nous étions vingt-sept reporters ce matin
qui, sur le Titan, avaient pris passage pour
se rendre au-devant de ceux que la mort
avait frôlé.
Par télégraphie sans fil le transatlantique
avait annoncé dimanche son arrivée pour 6
heures du matin le mardi; mais lundi,en mê
me temps que le commanda ut communiquait
les noms des naufrages, il faisait part d’un
retard qui ne le ferait arriver que vers huit
heures sur notre rade.
Le Titan, sous le commandement du capi
taine R hel, sortait du sas de la Citadelle et,
après avoir embarqué en quelques minutes
ses passagers au quai Brostrom, appareillait
à 7 heures. A bord, en même temps que les
rédacteurs de journaux havrais et parisiens,
se trouvent des envoyés de la presse anglaise
et .M. le Dr Rostagno, consul d’Italie au
H ; > re.
Une bise d’Est nous apportait le glacial
baiser de la brume que cherchait à percer
les rayons audacieux d’un clair soleil d’au
tomne.
C’était bientôt l’heure de la pleine mer.
Arrivée en grande rade à 7 h. 25. nous
voyons passer, rapide, le paquebot Scotian,
venant du Canada. La-Touraine n’est pas en
core là, le Titan stoppe et l’attend.
A 8 h. 3 exactement,un panache de fumée
noire apparaît au loin dans le brouillard
puis, bientôt des formes se dessinent, c’es
La-Touraine. Elle sirène longuement, le
Titan lui répond de son grave sifflet puis se
remet en mouvement pour l’accoster par
tribord. Nous naviguons bientôt bord à bord
et des cris de: « Vive la France », retentis
sent.
Aussitôt la passerelle établie, chacun se
précipite à l’assaut des interviews, des nou
velles sensationnelles. Nous n’avons que
l’embarras du choix, car à bord tout le
monde a vu l’effroyable drame et a joué un
rôle plus ou moins pathétique.
Le G Volturno » est dévoré par les
flammes
Chacun s’offre à notre curiosité. Tous les
témoignages sont concordants. Ils rendent,
avec une fidélité émouvante, les péripéties
du sinistre.
Cliché relit Havre
Les naufragés sont unanimes à déclarer
que l’équipage du Volturno, dès que l’alarme
fut donnée, s’employa avec un entrain digne
d’un meilleur sort à combattre le fléau.
Le feu avait pris jeudi matin, comme on
nous le redira tout à l’heure, avec une
rapidité foudroyante. Des hommes, avec le
matériel du bord, cherchèrent à étouffer les
flammes qui commençaient à attaquer les
cloisons.
Pendant un moment, en crut
cependant que l’incendie allait être enrayé.
Les passagers, dont certains étaient déjà sur
le pont, furent rassurés.
Mus, malheureusement, une explosion se
produisit. Les flammes jaillirent, encerclant
les hommes qui tentaient de les étouffer. Le
simstre s’aggravait d’instant en instant. Le
doute n’était plus possible : le navire ris
quait d’être consumé intérieurement, d’écla
ter et d’êire englouti.
Le capitaine Inch, commandant du Vol-
turno, tout en voyant la gravité de la situa-
tion, chercha à rassurer les uns et les au
tres. Il rassembla l’équipage et les passagers
et leur conseilla de rester calmes.
Est-ce le salut ?
Le capitaine Inch avait fait, dès que la si-
tuation s’était aggravée, radiotélégraphier.
Les étincelles électriques avaient déchiré les
nues et étaient allées faire retentir les appa
reils des navires qui se trouvaient dans les
parages.
Il put donc rassurer ceux qui l’entou
raient.
— «J’ai, leur dit-il, prévenu tous les bâti
ments qui sont dans les environs. Les com
mandants m’ont répondu et savent où nous
sommes. Dans quelque temps ils seront là.
Avec du sang-froid, tout le monde sera sauf»
Ces sages paroles produisirent un bon
effet. Mais, hélas ! si on avait maintenant la
certitude que des navires, forçant leur mar-
che, étaient en route vers le Voltu r no, on voyait
le feu gagner du terrain d’une façon effrayante.
Des hommes, qui craignaient que le stea
mer explose, s’affolent. Ils ne peuvent plus
attendre qu’on viennent les chercher; ils
croient qu’ils peuvent, en sautant à l’eau,
échapper au danger. Ils franchissent les bas
tingiges et se précipitent. An lieu du saint,
ils trouvent, hélas ! la mort dans les vagues
qui déferlent avec rage le long du navire.
D’antres passagers implorent qu’on les
sauve dans les embarcations malgré le gros
temps. Le capitaine hésite; les supplications
redoublent. Il s’incline enfin. Des hommes et
des femmes s’embarquent au prix de mille
d.ffioltés et s’en vont sur les flots ; les em
barcations bondissent sur la crête des va
gues, tombent dans des gouffres, où plu
sieurs resteront avant que les navires aient
pu les atteindre.
Pendant des heures le même spectacle se
renouvelle. Et, quand, vers midi, apparaît
le Cavmaniu, le premier transatlantique, des
cris de joie — on ! bien courts t — éclatent.
La mer est toujours furieuse et l’on ne
peut approcher de l’épave sur laquelle s'agite
une fourmilière humaine.
On espère quand même car les bâtiments
arrivent à de courts intervalles. Parmi eux,
vers 10 heares d3 soir, voici La-Touraine :,
son capitaine, M. Caussin, a mis le cap sur le
Volturno aussitôt qu’il a reçu le radiotélé-
gramme. Il nous dira dans son rapport com
ment il a pu procéder au sauvetage des res
capés qu’il a à bord. Et les témoins nous
apporteront les uns après les autres des
récits troublants, et nous dirons quel beau
et tragique spectacle fut sur les lieux du si
nistre le rassemblement de onze paquebots
longs-courriers entourant le Volturno en
détresse.
* *
Tous les navires étaient munis de leurs
signaux réglementaires et en raison de la fu
reur du vent et des flots ils étaient absolu
ment réduits à l’impuissance. Peu après mi
nuit, le Grosser-Kurfurst réussit à mettre à la
mer un bateau avec son équipage et, après
après 2 ou 3 heures d’efforts, l’embarcation
vint se mettre à courte distance du Volturno.
Elle dut cependant revenir.
Ce fut alors le tour du paquebot La-Touraine
d’armer des canots. Les sauveteurs réussi
rent, eux, dès une heure du matin à ramener
8 naufragés dans deux embarcations, puis
| 14 peu de temps après.
Le capitaine du Carmania dont c’est le mé
tier de combattre et de vaincre la tempête,
n’était pas à bout de courage ou d’expédients
et il eut, au cours de la journée, une idée
presque géniale, idée grâce à laquelle le sau
vetage put être effectué. Son appareil de
T.S.F. ayant une portée plus grande que
celui du Volturno, il continuait sans relâche
à envoyer le signal de détresse. Parmi les na
vires qui répondirent à ce signal était le Nar-
ragansett, un bateau-citerne chargé d’une
cargaison d’huile de pétrole.
On sait l’effet curieux qu’a l’huile répan-
due en couche mince de calmer les flou let
plus agités. « Voilà le salut 1 » pensa le com-
mandant anglais, et quand le capitaine d<
Narragansett lui demanda s’il pouvait être
de quelque secours : « Oui, pour l’amour de
Dieu, accourez immédiatement î » répondit
la Carmania.
— Entendu, j’arriverai à 6 heures du ma
tin avec le lait, répondit avec un humour
qui semblait presque tragique, le capitaine
du bateau-citerne.
Il tint parole, arriva à l’heure dite et fila
plusieurs tonnes d’huile. L’ettet fut mira
culeux, et le spectacle de ces flots qui se
calmèrent soudain; comme par enchante
ment, frappa de stupéfaction tous ceux qui
en furent témoins.
Au lever du soleil, les flammes jaillirent
à travers d’épais nuages de fumée, * présen
tant un aspect terrifiant. Puis le capitaine
du Volturno lança un dernier appel de dé
sespoir. C’est alors que se produisit une ex
plosion terrible.
A bord du Carmania, les passagers et l’é
quipage assistaient impuissants à cette
scène épouvantable et croyaient le Volturno
déjà englouti ; mais au lever du jour, la mer
s’élant soudainement un peu calmée, les
chaloupes s’élancèrent vers l’épave et re
cueillirent les hommes qui survivaient,
après les terreurs de cette nuit horrible.
Le capitaine du Volturno n’a abandonné
son navire que vers 9 heures après avoir
été blessé et au moment précis où les flam
mes s’approchaient de plusieurs milliers de
bouteilles de genièvre, c’est d’aiileurs la
combustion de cet a cool qui causa l’expio-
sion finale qui disloqua le navire.
Ces débris en flammes s’en allèrent à la
dérive pendant que les navires reprenaient
leur route. Comme ces épaves flottantes
peuvent constituer des écueils pour la navi
gation, l’amirauté anglaise a envoyé à leur
recherche un de ses croiseurs qui a mission
de les détruire.
Ce que l’on vit du bord de « La-Touraine »
On sait la part prise dans le sauvetage par
notre steamer transatlantique La-Touraine ;
aussi tous ceux qu’elle portait ont-ils suivi
ces heures d’épouvante avec une anxieuse
émotion.
Les premières personnes que nous ren
controns sur le pont s’empressent autour de
nous.
Nous voici, par un effet du hasard en pré
sence d’ex-collaborateurs, les typographes-
imprimeurs du bord, MM. Fischer et Fi-
choux.
Ils nous dépeignent les tragiques scènes
auquelles ils assistèrent et surtout pendant
la nuit d’incertitude de jeudi à vendredi :
— Il était environ huit heures du malin quand
on apprit, à bord de Lt-Touraine, par télégraphie
sanS fil, naturellement, qu’un steamer était en
feu dans ‘Atlantique, et tous les passagers se
rendirent compte que le paquebot changeait de
route pour se diriger vers le point indiqué, à
quelle distance nous ne le savions pas. A midi,
nous apprenions que le steamer Carmania avait
aperçu le navite sinistré.
Averti comme nous, le steamer Mineapolis Se
trouva sur notre route ; il avait quitté New-York
quelques heures avant nous ; ce ne fut que vers
9 heures 1/2 que le Volturno fut aperçu. De flam
mes nous n’en voyions pas précisément, mais
plutôt une lueur rougeâtre.
L -Towame était le huitième bateau arrivant
au secours du bâtiment en détresse.
Après avoir évolué quelques instants autour
du navire en feu que les vagues énormes se
couaient furieusement, le commandant fit mettre
une baleinière a l’eau. Tous les passagers et tous
les membres de l’équipage qui n’étaient pas rete
nus par leur service, étaient sur le pont. La tem
pête faisait rage. Le spectacle était effrayant. Da
l’avant du vapeur en detresse s’élevait une énor
me colonne de flammes et de fumée. A 1 arrière
sur le pont, se pressaient les passagers, pour la
plupart des émigrants russes, polonais ou gali-
ciens. Fous de terreur et d’espoir, ils tendaient
des bras suppliants vers le navire dont ils atten
daient le salut.
Pour comble de malheur, le Volturno était pres
que désemparé et roulait terriblement, ses deux
hélices immobilisées par des câbles et des chaînes
qui avaient servi à mettre à l’eau des canots de
sauvetage et s’étaient enroulés autour deshelices
et des supports d’arbres de couche Cette tentate
de sauvetage avait du reste été vaine. Sur lesSl”
bateaux lancés, quatre étaient venus se (raca**—
« i m -tmosmm
(SB Pagres)
Mercredi 15 Octobre 1943
33” Année
N* H,778
(8 Pagres)
5 Centimes
WW DU «ATR
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Adresser tout ce qui concerne l’Administration
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35, Rue Fontenelle, 35
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AU HAVRE
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( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
3 seule chargée de recevoir les Annonces pour
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3 Petit Havr
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 14 Octobre, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
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ferme
2 52/-
3 d
-/-
3 mois
s 52/9
4 d
-1-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
Au 13 octobre 1913.
NEW-YORK, 14 OCTOBRE
Cotons s octobre, baisse 26 points : dé
cembre, baisse 18 points ; janvier, baisse
24 points ; mars, baisse 21 points. Soutenu.
Calés : baisse 17 à 25 points.
NEW-YORK, 14 OCTOBRE
Cuivre Standard disp.
— décembre
Amalgamat. Cop...
Fer
!. J? Mt
15 50
15 30
70 7 Z 8
16 —
PRIGEBZXT
13
15
70
16
70
70
7/8
CHICAGO, 14 OCTOBRE
Blé sur
Décembre.
c. DU JOUR
AS
C. PRECED
85 7/8
Mai
90
91 -7-
Maïs sur
Décembre.
67
3/4
68 1/2
Mai
70
-/-
70 12
Saindoux sur.
Octobre...
15
45
10 62
—
Janvier...
15
40
10 50
A Orange
le
à
Orange. — Parti d'Avignon à 3 h. 30,
président de la République est arrivé
i h. 15 à Orange. M. Poincaré s'est immédia
tement rendu à l’Hôtel de Ville où le maire
ui a souhaité la bienvenue.
Visite à l’Entomologiste Fabre
ZERIGNAN. — M. Poincaré s’est rendu en
automobile chez l’entomologiste Fabre, puis
d est revenu à Orange d’où il est reparti à
5 h. 30.
Chez M. Loubet
XONTELIMAR — M. Poincaré est arrivé à
Montéhmar à 6 h. 13.
M. Loubet l’attendait à la gare. Les deux
présidents se sont rendus à la Bégude au
millen des acclamations de la foule.
M. Poincaré est reparti pour Paris à dix
heures du soir.
La Catastrophe minière de Cardiff
Cardiff. — On constate maintenant que
931 mineurs se trouvaient dans le puits au
moment de l’explosion.
Jusqu’à présent 511 mineurs ont été re
tirés.
Cardiff. — A la dernière heure, on a per
du tout espoir de sauver 418 mineurs restés
ensevelis dans la mine.
Les opérations de sauvetage ont été sus-
pendues en attendant que l’incendie ait été
maitrisé ou se soit éteint de lui-mêine faute
d’aliment.
Cardiff. — Quand l’explosion se produisit,
vers 8 heures du matin, l’émotion fut
énorme.
Toutes les machines du carreau autour du
puits étaient en pièces. Toutes les boiseries
du puits s’étaient effondrées.
Un homme qui se trouvait à une vingtaine
de mètres de l’ouverture, était décapite ; un
autre avait la moitié du visage emportée.
Le directeur de la mine, à la tête d’une
première équipe de sauveteurs, descendit
avant 9 heures par un puits voisin.
L’ingénieur général des mines du Pays de
Gilles annonce que 489 mineurs du puits
Est sont sauvés, mais que 418 sont restés
hloqués par l’incendie dans le puits du côté
Daest.
L’incendie s’est propagé dans le passage
par lequel l’air entre dans le puis, mais on
espère le maîtriser.
Cardiff. — A 9 heures du soir, les sauve
teurs n’avaient pu avancer que d’une cin-
uantaine de mètres vers l’Ouest, dans la
irection du puits embrasé.
Or,comme il leur faudrait franchir encore
une distance de deux milles pour arriver
jusqu’aux mineurs bloqués, les autorités
ont presque perdu tout espoir de retrouver
vivants les infortunés mineurs.
Malgré les efforts héroïques des sauve
teurs, il sera impossible de maîtriser les
fhammes et d’arriver jusqu’aux mineurs blo-
ques avant trois heures du matin.
On cite le cas d’Une femme, dont le mari,
trois frères et quatre fils se trouvent parmi
les mineurs bloqués dans le puits en flam-
mes.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la HIBARIRIL ITERMATIGNALE :
108, rue Saint-Lazare, 108
(Itomsunts de ? HOTEL TERMHWfy
Av&nt le Congrès de Pa,u
Quel Programmz Minimum 1
Dans le manifeste qu’il a publié, il y a
quelques jours, le Parti Républicain Démo
cratique, après avoir noté le désarroi du
parti radical et radical-socialiste, disait
avec infiniment de raison : a ... Nous
avons l’avantage d’avoir un programme
dont le parti radical-socialiste ne peut con
tester le caractère essentiellement répu
blicain, puisqu’il fut jugé assez réforma
teur, il y a quatre ans, par l’un des
hommes politiques dont il songe, pour le
moment, à faire un de ses chefs ».
L’homme politique ainsi désigné n’est
autre que M. Gaillaux. Or, après les dé
clarations aussi abondantes que variées des
principaux chefs du parti radical en ce
qui concerne la conduite politique de leur
groupement, M. J. Gaillaux a bien voulu
dire à la Dépêche de Toulouse ce qu’il pense
de la situaration actuelle. Et ses déclara
tions, vraiment, ne manquent pas d’une
certaine originalité. Se souvenant de l’épo
que peu éloignée où il était l’un des mem
bres les plus en vue de l’Alliance Carnot,
AL Gaillaux, plein de désinvolture et sans
plus de cérémonie, s’empare de l’étiquette
des républicains qu’excommunie le Comité
Exécutif de la rue de Valois :
« On qualifie improprement notre parti,
dit-il, ou plutôt insuffisamment, en l’appe
lant le Parti radical, ou bien en disant qu’il
est composé des républicains de gauche,
des radicaux et des radicaux-socialistes. A
la vérité, nous sommes le grand Parti dé
mocratique français, qui, également éloigné
des agitations révolutionnaires et des me
nées de la réaction, continue les partis de
gauche, lesquels, pendant le siècle dernier,
ont lutté pour conserver et agrandir la li
berté française. Nous exprimons la démo
cratie qui travaille, qui, ne se repaissant
pas de chimères, veut à la fois l’ordre et le
progrès dans la République. »
Si cette formule est précisément et
justement celle du Parti républicain démo
cratique, la prétention de M. Gaillaux est
singulière de se dire « également éloigné
des agitateurs révolutionnaires... » au mo
ment exact où le parti radical, dont malgré
tout il se réclame, propose ouvertement
une alliance aux socialistes unifiés.
Et quand il s’agit, suivant l’expression de
M. Gaillaux, de a déterminer un program
me de réalisations immédiates, assez préci
ses et assez mesurées tout à la fois pour
qu’on puisse dire que quiconque ne l’ac
ceptera pas n’est ni un républicain, ni un
démocrate sincère », — c’est être vraiment
trop imprécis que de s’en tenir à de vagues
généralités, aussi bien sur la défense sco
laire et sur la question militaire que sur la
réforme fiscale.
En effet, si M. Gaillaux veut protéger et
défendre l’école laïque, et s’il entend « al
ler assez loin dans cette voie pour que l’en
seignement national soit difinitivement mis
à l’abri des atteintes du parti clérical », il
ne laisse pas soupçonner son opinion sur la
liberté de l’enseignement, sur le projet
Brard ou sur le monopole. S’il exige « une
organisation plus complète,plus méthodique
de la défense nationale, organisation qui,
plus étroitement liée à la conception de la
nation armée, exclurait tout gaspillage
d’hommes et d’argent », il ne nous dit rien
de la loi de trois ans ou de la loi de
deux ans, et son expression très extensible
peut aussi bien apparaître comme une con
cession aux idées chères à M. Jaurès. Enfin
si M. Gaillaux veut la réforme fiscale, et s’il
s'en réfère à son ancien projet d’impôt sur
le revenu, s’il désire le voir aboutir « dans
ses principes, dans son cadre, dans ses li
gnes essentielles », serait-ce qu’il admet
cependant que toutes les modalités n’en se
raient pas intangibles, et faudrait-il croire
qu’il aurait été influencé par les réserves
récemment exprimées par M. Aimond, rap
porteur de la Commission sénatoriale ?
Ainsi, sous le couvert d’une formule qui
appartient en propre au Parti Répubicain
Démocratique et qui, en aucune façon, ne
saurait convenir aux radicaux d’extrême-
gauche, à M. Combes ou à M. Pelletan, M.
Gaillaux réclame un programme précis et
mesuré. Mais lui-même se refuse à toute
précision nécessaire.
Ce n’est donc pas sa consultation, ajoutée
à toutes celles qui l’ont précédée, qui ap
portera au Congrès de Pau la base cherchée
d’une discussion efficace et de solutions
positives.
Et c’est pourquoi nombre de personnali
tés du parti radical et radical-socialiste, tel
M. Perrissoud, ne croient pas à la consti
tution du bloc préconisé par les dirigeants
du parti. D’abord, le parti socialiste unifié
semble peu disposé à une altitude conci
liante. Puis, ajoute le député de Seine-et-
Marne, dans le Rappel : « Au cours de cette
législature même, les deux questions de la
réforme électorale et de la loi de trois ans
ont contribué à élargir le fossé qui sépare
les unifiés d’une importante partie de l’opi
nion républicaine. En dehors des dissen
sions anciennes, il faut reconnaître que les
divergences de vues qui se sont manifes
tées entre les diverses fractions radicales
rendent difficile une mesure d’ensemble
sur ce point ».
L'élection qui a eu lieu dimanche der
nier, à Dijon, vient souligner encore la
profonde division qui existe au sein du par
ti radical ; elle a démontré comment et
pourquoi les intransigeants et les surenché
risseurs du parti ne seront pas suivis dans
leur alliance avec les unifiés.
En cette circonstance, la plateforme élec
torale était la loi militaire de trois ans.
Plutôt que d’envoyer à la Chambre un so
cialiste unifié, les électeurs radicaux qui,
au premier tour, avaient voté pour leur
candidat, le docteur Jullié, ont préféré vo
ter au second tour pour le candidat libéral.
Du point de vue républicain démocrati
que, et parce que nous sommes également
adversaires des partis de révolution et de
ceux de réaction, nous ne pouvons que re
gretter ce résultat-
Mais comment ne pas blâmer, et com
ment tous les républicains sincères ne blâ
meraient-ils pas les grands chefs du radica- |
lisme intrangigeant qui, sans s’arrêter à la |
redoutable responsabilité qu’ils encourent,
ont ainsi voulu engager le corps électoral
dans leur opposition impopulaire et injus
tifiée à la loi de trois ans, — et qui, suivant
l’expression de M. Henry Bérenger, « loin
de réaliser une politique de gauche à la fois
fortement sociale, laïque et nationale », ne
font que « promouvoir une politique de
recul compliquée d’une contre-politique de
révolution » ?
Th. Vallée,
ANGLETERRE
Catastrophe minière dans le Pays de Galles
Une catastrophe s’est produite hier dan
une mine du Pays de Galles, l’Uni versai Co
liery, à Sosghenwood, à dix milles de Cet
diff. Vers huit heures, une explosion formi
dable a fait sauter tous les bâ iments qui st
trouvent à l’entrée du puits. Il y avait à ce
moment 740 ouvriers dans la mine.
L’ingéniear en chef, M. Shaw, organisa
immédiatement les seceurs et descendit dans
la mine par un puits voisin.
Des scènes déchirantes se sont produites à |
l’entrée du puits autour duquel toute la po- i
pulation avoisinante est reunie.
Le colonel Pearson, inspecteur des mines
du roi, est parti en automobile de Cardif !
pour le lieu de la catastrophe.
Tous les médecins de la région sont sur ’
les lieux. |
Le haut personnel de la Compagnie, ques
tionné, répond : « Aucun espoir, aucun es-
pair. »
On craint qu’il n’y au plus de deux cents
victimes.
La détonation a été si formidable que tou
te la maçonnerie de la mine s’est trouvée
réduite en miettes.
Un homme qui se tenait, au moment de
l’explosion, à une vingtaine de mètres de
l’orifice, a eu la tête emportée par la vio
lence du choc.
Cinq cents ouvriers ont été ramenés vi
vants à la surface.
L’incendie fait rage dans la fosse.
BULLETIN MILITAIRE
Los Casernements de l’Est
M. Etienne est rentré à Paris. Il a bien
voulu préciser en ces quelques mots li m-
pression d’en semble qu’il rapporte de son
voyage d’études :
— Vous pouvez dire, sans réticence d’au-
cane sorte, que je suis entièrement et plei
nement satisfait. Tout est prêt. Cela ne veut
pas dire : tout est achevé, mais tout est ea
état de parer aux nécessités de T heure. Il y
a trois mois, rien n’existait. Aujourd’hui, des
bataillons entiers sont logés, habilles. nour
ris aussi parfaitement que dans n’importe
quelle garnison. Davantage : les bâ imeuts
que je viens de visiter‘emportent en con
fort et en commodité sur toutes nos ancien-
nes casernes. Ce sont vraiment des casernes
modèlss.
» Je tiens à rendre hommage à l’intelli-
gence,au dévouement et au zele de tous ceux
qui ont coopéré à cette œuvre aifficile. Les
entrepreneurs civils, comme le genie mili
taire, ont fourni un admirable effort. Dans
trois semaines ou un mois au plus, lorsque
la seconde classe arrivera, il ne restera plus
rien qui laisse à désirer. Le travail utile de
la formation des recrues pourra commencer.
Rien ne le retardera. Nous aurons pour le
début de l’année prochaine une magnifique
armée et la couverture la plus sonde que
nous ayons jamais possédée. Le pays peut
avoir confiance. »
Ainsi parla M. Etienne, et il faut reconnaî
tre qu’en définitive ses déclarations sont
moins l’expression d’un obligatoire optimis
me ministeriel que celle de la vérité.
INFORMATIONS
Le journal « La Cocarde »
Nous avons publié, dans notre numéro du
17 septembre, une information faisant con
naître qu’une saisie avait été faite au journal
de Paris La Cocarde.
Nous devons compléter cette information
en disant que cette saisie a été pratiquée à
la requête d’une personne se prétendant
propriétaire du titre La Cocarde.
Un procès est engagé sur ce point, mais,
momentanément, le directeur du journal nous
fait savoir qu’il a changé son titre, qui est
devenu La Vieille Cocarde.
L'Explorateur Amundsen
et l’Aéroplane
L’explorateur polaire bien connu Roald
Amundsen, qui prépare actuellement son
nouveau voyage vers le pôle, qui durera,
pense-t-il, de 1914 à 1919, a fait connaître
u'il se proposait de s’assurer le concours
’un aviateur français et qu'il prendrait pla
ce lui-même à bord d’un aéroplane, soit
pour sa tentative finale, soit pour des obser
vations météorologiques.
Quarante-deux Rescapés au Havre
Le Transatlantique La-Touraine, qui se porta au secours du Volturno, est arrivé
hier matin au Havre. — Des témoins de la terrible Catastrophe en font des
récits émouvants. — Comment les marins français ont fait leur devoir.
‘ r-t Mss ta
En haut ! Un Groupe de rescapés sur le pont de “ La-Touraine "
En bas : Un jeune orphelin et ses parents adoptifs
De brefs radiotélégrammes nous ont fait
revivre les heures d'angoisse que vécurent
les passagers et l'équipage du Volturno, atta-
nna nn les flammes. Des nouvelles aussi
que par
laconiques nous ont dit les efforts surhu-
mains accomplis par les équipages des navi-
res accourus sur les lieux du sinistre. Malgré
la tempête, ces braves gans, appelés par la
télégraphie sans fil, ont réussi à arracher
aux vagues en lune des centaines de per
sonnes.
Mais, jusqu’ici, nous n’avions que l’écho
affibli des principales phases les plus émou-
vantes de ce somore d ame de la mer et de
l’heroï me des sauveteurs. Ce n’est que ce
mat o, à l’arrivée du transatlantique La-Tou-
raine que la triste réalité pouvait nous appa
raître. C’est parmi les rescapés, encore acca-
blés par l’emotion que nous avons revu ces
heures douloureuses pendant lesquelles des
hommes, pleins d énergie et d’espoir, ont
lutte contre les éléments.
Nous étions vingt-sept reporters ce matin
qui, sur le Titan, avaient pris passage pour
se rendre au-devant de ceux que la mort
avait frôlé.
Par télégraphie sans fil le transatlantique
avait annoncé dimanche son arrivée pour 6
heures du matin le mardi; mais lundi,en mê
me temps que le commanda ut communiquait
les noms des naufrages, il faisait part d’un
retard qui ne le ferait arriver que vers huit
heures sur notre rade.
Le Titan, sous le commandement du capi
taine R hel, sortait du sas de la Citadelle et,
après avoir embarqué en quelques minutes
ses passagers au quai Brostrom, appareillait
à 7 heures. A bord, en même temps que les
rédacteurs de journaux havrais et parisiens,
se trouvent des envoyés de la presse anglaise
et .M. le Dr Rostagno, consul d’Italie au
H ; > re.
Une bise d’Est nous apportait le glacial
baiser de la brume que cherchait à percer
les rayons audacieux d’un clair soleil d’au
tomne.
C’était bientôt l’heure de la pleine mer.
Arrivée en grande rade à 7 h. 25. nous
voyons passer, rapide, le paquebot Scotian,
venant du Canada. La-Touraine n’est pas en
core là, le Titan stoppe et l’attend.
A 8 h. 3 exactement,un panache de fumée
noire apparaît au loin dans le brouillard
puis, bientôt des formes se dessinent, c’es
La-Touraine. Elle sirène longuement, le
Titan lui répond de son grave sifflet puis se
remet en mouvement pour l’accoster par
tribord. Nous naviguons bientôt bord à bord
et des cris de: « Vive la France », retentis
sent.
Aussitôt la passerelle établie, chacun se
précipite à l’assaut des interviews, des nou
velles sensationnelles. Nous n’avons que
l’embarras du choix, car à bord tout le
monde a vu l’effroyable drame et a joué un
rôle plus ou moins pathétique.
Le G Volturno » est dévoré par les
flammes
Chacun s’offre à notre curiosité. Tous les
témoignages sont concordants. Ils rendent,
avec une fidélité émouvante, les péripéties
du sinistre.
Cliché relit Havre
Les naufragés sont unanimes à déclarer
que l’équipage du Volturno, dès que l’alarme
fut donnée, s’employa avec un entrain digne
d’un meilleur sort à combattre le fléau.
Le feu avait pris jeudi matin, comme on
nous le redira tout à l’heure, avec une
rapidité foudroyante. Des hommes, avec le
matériel du bord, cherchèrent à étouffer les
flammes qui commençaient à attaquer les
cloisons.
Pendant un moment, en crut
cependant que l’incendie allait être enrayé.
Les passagers, dont certains étaient déjà sur
le pont, furent rassurés.
Mus, malheureusement, une explosion se
produisit. Les flammes jaillirent, encerclant
les hommes qui tentaient de les étouffer. Le
simstre s’aggravait d’instant en instant. Le
doute n’était plus possible : le navire ris
quait d’être consumé intérieurement, d’écla
ter et d’êire englouti.
Le capitaine Inch, commandant du Vol-
turno, tout en voyant la gravité de la situa-
tion, chercha à rassurer les uns et les au
tres. Il rassembla l’équipage et les passagers
et leur conseilla de rester calmes.
Est-ce le salut ?
Le capitaine Inch avait fait, dès que la si-
tuation s’était aggravée, radiotélégraphier.
Les étincelles électriques avaient déchiré les
nues et étaient allées faire retentir les appa
reils des navires qui se trouvaient dans les
parages.
Il put donc rassurer ceux qui l’entou
raient.
— «J’ai, leur dit-il, prévenu tous les bâti
ments qui sont dans les environs. Les com
mandants m’ont répondu et savent où nous
sommes. Dans quelque temps ils seront là.
Avec du sang-froid, tout le monde sera sauf»
Ces sages paroles produisirent un bon
effet. Mais, hélas ! si on avait maintenant la
certitude que des navires, forçant leur mar-
che, étaient en route vers le Voltu r no, on voyait
le feu gagner du terrain d’une façon effrayante.
Des hommes, qui craignaient que le stea
mer explose, s’affolent. Ils ne peuvent plus
attendre qu’on viennent les chercher; ils
croient qu’ils peuvent, en sautant à l’eau,
échapper au danger. Ils franchissent les bas
tingiges et se précipitent. An lieu du saint,
ils trouvent, hélas ! la mort dans les vagues
qui déferlent avec rage le long du navire.
D’antres passagers implorent qu’on les
sauve dans les embarcations malgré le gros
temps. Le capitaine hésite; les supplications
redoublent. Il s’incline enfin. Des hommes et
des femmes s’embarquent au prix de mille
d.ffioltés et s’en vont sur les flots ; les em
barcations bondissent sur la crête des va
gues, tombent dans des gouffres, où plu
sieurs resteront avant que les navires aient
pu les atteindre.
Pendant des heures le même spectacle se
renouvelle. Et, quand, vers midi, apparaît
le Cavmaniu, le premier transatlantique, des
cris de joie — on ! bien courts t — éclatent.
La mer est toujours furieuse et l’on ne
peut approcher de l’épave sur laquelle s'agite
une fourmilière humaine.
On espère quand même car les bâtiments
arrivent à de courts intervalles. Parmi eux,
vers 10 heares d3 soir, voici La-Touraine :,
son capitaine, M. Caussin, a mis le cap sur le
Volturno aussitôt qu’il a reçu le radiotélé-
gramme. Il nous dira dans son rapport com
ment il a pu procéder au sauvetage des res
capés qu’il a à bord. Et les témoins nous
apporteront les uns après les autres des
récits troublants, et nous dirons quel beau
et tragique spectacle fut sur les lieux du si
nistre le rassemblement de onze paquebots
longs-courriers entourant le Volturno en
détresse.
* *
Tous les navires étaient munis de leurs
signaux réglementaires et en raison de la fu
reur du vent et des flots ils étaient absolu
ment réduits à l’impuissance. Peu après mi
nuit, le Grosser-Kurfurst réussit à mettre à la
mer un bateau avec son équipage et, après
après 2 ou 3 heures d’efforts, l’embarcation
vint se mettre à courte distance du Volturno.
Elle dut cependant revenir.
Ce fut alors le tour du paquebot La-Touraine
d’armer des canots. Les sauveteurs réussi
rent, eux, dès une heure du matin à ramener
8 naufragés dans deux embarcations, puis
| 14 peu de temps après.
Le capitaine du Carmania dont c’est le mé
tier de combattre et de vaincre la tempête,
n’était pas à bout de courage ou d’expédients
et il eut, au cours de la journée, une idée
presque géniale, idée grâce à laquelle le sau
vetage put être effectué. Son appareil de
T.S.F. ayant une portée plus grande que
celui du Volturno, il continuait sans relâche
à envoyer le signal de détresse. Parmi les na
vires qui répondirent à ce signal était le Nar-
ragansett, un bateau-citerne chargé d’une
cargaison d’huile de pétrole.
On sait l’effet curieux qu’a l’huile répan-
due en couche mince de calmer les flou let
plus agités. « Voilà le salut 1 » pensa le com-
mandant anglais, et quand le capitaine d<
Narragansett lui demanda s’il pouvait être
de quelque secours : « Oui, pour l’amour de
Dieu, accourez immédiatement î » répondit
la Carmania.
— Entendu, j’arriverai à 6 heures du ma
tin avec le lait, répondit avec un humour
qui semblait presque tragique, le capitaine
du bateau-citerne.
Il tint parole, arriva à l’heure dite et fila
plusieurs tonnes d’huile. L’ettet fut mira
culeux, et le spectacle de ces flots qui se
calmèrent soudain; comme par enchante
ment, frappa de stupéfaction tous ceux qui
en furent témoins.
Au lever du soleil, les flammes jaillirent
à travers d’épais nuages de fumée, * présen
tant un aspect terrifiant. Puis le capitaine
du Volturno lança un dernier appel de dé
sespoir. C’est alors que se produisit une ex
plosion terrible.
A bord du Carmania, les passagers et l’é
quipage assistaient impuissants à cette
scène épouvantable et croyaient le Volturno
déjà englouti ; mais au lever du jour, la mer
s’élant soudainement un peu calmée, les
chaloupes s’élancèrent vers l’épave et re
cueillirent les hommes qui survivaient,
après les terreurs de cette nuit horrible.
Le capitaine du Volturno n’a abandonné
son navire que vers 9 heures après avoir
été blessé et au moment précis où les flam
mes s’approchaient de plusieurs milliers de
bouteilles de genièvre, c’est d’aiileurs la
combustion de cet a cool qui causa l’expio-
sion finale qui disloqua le navire.
Ces débris en flammes s’en allèrent à la
dérive pendant que les navires reprenaient
leur route. Comme ces épaves flottantes
peuvent constituer des écueils pour la navi
gation, l’amirauté anglaise a envoyé à leur
recherche un de ses croiseurs qui a mission
de les détruire.
Ce que l’on vit du bord de « La-Touraine »
On sait la part prise dans le sauvetage par
notre steamer transatlantique La-Touraine ;
aussi tous ceux qu’elle portait ont-ils suivi
ces heures d’épouvante avec une anxieuse
émotion.
Les premières personnes que nous ren
controns sur le pont s’empressent autour de
nous.
Nous voici, par un effet du hasard en pré
sence d’ex-collaborateurs, les typographes-
imprimeurs du bord, MM. Fischer et Fi-
choux.
Ils nous dépeignent les tragiques scènes
auquelles ils assistèrent et surtout pendant
la nuit d’incertitude de jeudi à vendredi :
— Il était environ huit heures du malin quand
on apprit, à bord de Lt-Touraine, par télégraphie
sanS fil, naturellement, qu’un steamer était en
feu dans ‘Atlantique, et tous les passagers se
rendirent compte que le paquebot changeait de
route pour se diriger vers le point indiqué, à
quelle distance nous ne le savions pas. A midi,
nous apprenions que le steamer Carmania avait
aperçu le navite sinistré.
Averti comme nous, le steamer Mineapolis Se
trouva sur notre route ; il avait quitté New-York
quelques heures avant nous ; ce ne fut que vers
9 heures 1/2 que le Volturno fut aperçu. De flam
mes nous n’en voyions pas précisément, mais
plutôt une lueur rougeâtre.
L -Towame était le huitième bateau arrivant
au secours du bâtiment en détresse.
Après avoir évolué quelques instants autour
du navire en feu que les vagues énormes se
couaient furieusement, le commandant fit mettre
une baleinière a l’eau. Tous les passagers et tous
les membres de l’équipage qui n’étaient pas rete
nus par leur service, étaient sur le pont. La tem
pête faisait rage. Le spectacle était effrayant. Da
l’avant du vapeur en detresse s’élevait une énor
me colonne de flammes et de fumée. A 1 arrière
sur le pont, se pressaient les passagers, pour la
plupart des émigrants russes, polonais ou gali-
ciens. Fous de terreur et d’espoir, ils tendaient
des bras suppliants vers le navire dont ils atten
daient le salut.
Pour comble de malheur, le Volturno était pres
que désemparé et roulait terriblement, ses deux
hélices immobilisées par des câbles et des chaînes
qui avaient servi à mettre à l’eau des canots de
sauvetage et s’étaient enroulés autour deshelices
et des supports d’arbres de couche Cette tentate
de sauvetage avait du reste été vaine. Sur lesSl”
bateaux lancés, quatre étaient venus se (raca**—
« i m -tmosmm
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