Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-05-31
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 mai 1913 31 mai 1913
Description : 1913/05/31 (A33,N11644). 1913/05/31 (A33,N11644).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638031p
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
53" Annee — N 14 ,644 (6 Pa ge s) I Centimes —- E DITION DU MATIN — S Centimes (6 Pages) Samedi 51 |jai 1913
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Le Petit Havre
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HIPPOLYTE FÉNOUX
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ANNONCES
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ta PETIT HAVRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 30 Mai. Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
| TON
! COURS
HAUSSE
BAISSE
:
Comptant ..
' calme
£ 67 17/6
-/-
10/-
3 mois
£ 67 12/6
-A
10/-
ETAIN
Comptant /
ferme
£ 216 -/-
40/-
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3 mois '
£ 213 -/-
10/-
-/-
FER
Comptant ..)
calme
£ 61/6
5/6
8 mois....)
£60/6
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 29 mai 1913.
NEW-YORK, 30 MAI
Rlarehé clos»
CHICAGO, 30 MAI
Marehé clos
LA GUERRE D'ORIENT
La question albanaise
Londres. — A la séance des ambassadeurs
fenue hier après-midi, Sir Edward Grey, a
déclaré que maintenant que la signature du
traité de paix est faite, il restait à régler les
questions du statut de l’Albanie, des frontiè
res sud-albanaises et des îles de la mer Egée.
Les ambassadeurs ne se réuniront de nou
veau que jeudi.
L’impression en Turquie
Constantinople. — La signature de la paix
B produit une mpression de soulagement et
de vive satisfaction.
Les milieux ottomans souhaitent voir l’Eu
rope laisser à la Turquie le temps indispen-
rable pour sa réorganisation.
Déclaration de la Délégation Monténégrine
Londres.— Après la signature du traité de
paix, les chefs des délégations serbe, bul
gare et grecque ont prononcé quelques pa
roles de remerciement.
Puis M. Popovitch, chef de la délégation
Monténégrine, a déclaré :
« Nous sommes heureux d’avoir la paix,
mais profondément mécontents des condi
tions que nous avons été contraints d’ac-
septer.
» Mon pays, proportionnellement à son
étendue et à ses capacités, a fait de plus
gros sacrifices que n’importe quel autre al-
lié, et cependant on nous dépouille du fruit
de notre victoire. On fait de nous le souffre-
douleurs de l’Europe.
» L’Angleterre a joué le rôle principal
quand il s’est agi de nous priver de Scutari ;
nous la considérons maintenant comme no
ire débitrice et c’est sur elle que nous comp
tons pour obtenir une modification des fron
tières albanaises de façon à ce que nous
ayons des terres cultivables et une route
naturelle entre Podgoritza et Ipeck. »
Grecs et Bulgares
SALONIQUE. — On mande d’Athènes que le
puirasse Spetsaï en entrant dans le port
d’Eleutere a essuyé quatre coups de canon
des batteries bulgares situées au Nord-Ouest
de Ravi.
Le navire n’a pas été atteint et n’a pas ri-
osté.
M. • —
LES AFFAIRES DU MAROC
OUDJDA. — L’établissement du camp de nos
troupes sur la rive gauche de l’oued M’Goun
A amené la dispersion des groupes ennemis
qui ont levé le camp dans la nuit.
Les Brannes se sont réfugiés dans la mon
tagne.
Dans la journée du 29, le général Alix a
canonné le village de Goribis dont les mara-
bous avaient été les principaux instigateurs
du dernier soulèvement.
Il est possible que de nouveaux contin
gents cherchent encore à opposer de la ré-
sistance, mais les tribus hostiles des envi
rons de Taza ont reçu une telle leçon qu’on
peut prévoir qu’elles se soumettront sous
peu.
* Ml. aa . —
MOUVEMENT PREFECTORAL
De VOflictel :
' M. Le Hoc, sous-préfetd’Yvetot, est nommé
60us-préfet d’Epernay.
M. Godin, nommé précédemment sous-
préfet de Dole et non installé, est nommé
sous-préfet d’Yvetot.
M. Allain, secrétaire général du Nord, est
nommé préfet de l’Aveyron.
EN L’HONNEUR DE M. MANOEL LAINEZ
Les directeurs des grands journaux régio
naux ont offert hier un grand déjeuner en
l’honneur de M. Manoel Lainez, ambassadeur
extraordinaire de la République Argentine.
M. Baudin, ministre de la marine, M.
Thierry, ministre des travaux publics, et M.
Bérard, sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-
Arts, anciens collaborateurs de ces jour
naux, avaient tenu à exprimer avec leurs
confrères toute la sympathie que le Gouver
nement porte à l’œuvre latine franco-argen
tine.
Ils ont en outre présenté les excuses de M.
Barthou, président du Conseil et de leurs
autres collègues qui auraient voulu assister
à cette réception confraternelle, mais qui
avaient malheureusement pris des engage
ments antérieurs.
M. Rodriguez Laretta, ministre de la Répu
blique Argentine, le littérateur si apprécié,
assistait également à cette réception.
AU PARLEMENT D’ALSACE-LORRAINE
Strasbourg. — Hier soir a eu lieu, sans
Incidents, la clôture de la session 1912-13 du
Parlement d’Alsaçe-Lorraine.
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
CHUTE D'UN HYDRAVION
SAN-RAPHAEL. — Au cours d’un exercice
d’un hydravion monté par le lieutenant de
vaisseau Nove Jousserand, l’appareil a capo
té à la suite d’un atterrissage trop brusque.
L’aviateur est indemne, mais l’appareil a
subi d’importantes avaries.
LES EXERCICES DE TIR
DU “ JEAN-BART ”
Brest. — Le Jean-Bart a effectué avec suc
cès tes tirs de résistance de son armurerie.
Les tirs de rapidité des tourelles seront
effectués le ier juillet.
LES LOIS D’EXCEPTION EN
ALSACE-LORRAINE
Berlin. — Au Reichstag, répondant au so
cialiste Emmel au sujet des lois d’exception
annoncées en Alsace-Lorraine, le chancelier
a contesté que les mesures projetées par le
gouvernement d’Alsace-Lorraine soient un
coup droit à la constitution accordée il y a
deux ans.
Ges mesures sont uniquement dirigées
contre ceux qui cherchent à menacer la po
litique pacifique de médiation que veulent
les allemands d’Alsace-Lorraine.
Le chancelier a ajouté qu’un mouvement
commence à se faire jour en Alsace-Lorraine
contre les nationalistes qui exploitent à leur
.profit toute la situation internationale.
Les projets de loi proposés visent unique
ment ces machinations.
UN ÉQUIPAGE SE MUTINE
Cadix. — L’équipage du voilier italien Aus-
traita, allant de Gênes à Buenos-Aires, s’est
mutiné contre son capitaine, qui a dû se ré
fugier dans un canot pour aller demander
du secours aux autorités.
Les douaniers ont arrêté les mutins.
ÉCHOUEMENT D’UN
CROISEUR CUIRASSÉ ALLEMAND
Berlin — Selon le Lokal Anzeiger, le croi
seur cuirassé Blucher qui participait à des
manœuvres près d’Heligoland, s’est échoué
dans le Grand Belt alors qu’il se rendait à
Kiel.
Les tentatives faites pour dégager le bâti
ment sont jusqu’à présent rentées vaines.
e-===-=-=--====-========
UNE AFFAIRE D’ESPIONNAGE
EN AUTRICHE
VIENNE. — A la fin de la séance de la
Chambre des députés, le député ruthène
Vassilko a demandé un éclaircissement de
l’affaire Redl dont il a fait ressortir la con
nexité avec la disparition subite de l’ancien
attaché militaire russe à Vienne.
Geite affaire fera l’objet de deux interpel
lations.
GRÈVE DE CHAUFFEURS
RIO-DE-JANEIRO. — Une grève générale des
chauffeurs des compagnies de navigation na
tionales vient d’éclater.
Les services du cabotage sont complète
ment paralysés.
Nouvelles de la Chambre
Les sanctions contre la C. G. T.
M. Barthou, au cours du récent débat sur
les agissements syndicalistes, avait annoncé
le dépôt d’un projet établissant des sanc
tions contre les unions de syndicats qui
commettent des infractions à la loi de 1884.
Ce projet, qui vise la G. G. T., a été distribué
hier à la Chambre.
Dans sa première partie, il étend la capa-
cité légale des syndicats professionnels. Dans
la seconde, il précise les conditions de la
dissolution des syndicats et des unions de
syndicats en cas d’infractions.
‘Le projet, en effet, en donnant aux unions
des syndicats la possibilité d’acquérir des
droits, leur impose, en retour, certaines
obligations nettement définies. Chacun des
syndicats adhérents à l’union devra disi oser,
pour l’élection du conseil d’administration
et pour les décisions de l’assemblée géné
rale, d’un nombre de voix proportionnel au
nombre de ses membres.
« Les unions, comme les syndicats, ne
pouvant, di. l’exposé des motifs, s’occuper
que de la défense d’intérêts purement pro
fessionnels, les infractions à cette règle se
ront punies de peines d’amendes et la disso
lution pourra être prononcée. Si un syndi
cat ou une union, dont la dissolution a été
régulièrement ordonnée, se maintient ou se
reconstitue illégalement après le jugement
de dissolution, ce sont non plus seulement
les peines de la loi de 1884, mais celles des
paragraphes 2 et 3 de l’article 8 de la loi du
ier juillet 1901 qui s’appliqueront.
» Le projet ainsi précisé tend donc à la
fois à orienter les syndicats vers l’action pra
tique, à leur donner les moyens d’exercer le
rôle qu’ils peuvent utilement remplir, et les
ayant ainsi renforcés sur le terrain légal, à
les empêcher, par une règle tutélaire pour
eux et, en même temps, protectrice de l’or
dre public, de se distraire des intérêts pure
ment professionnels ».
En conséquence, les infractions à la loi
seront poursuivies contre les directeurs ou
administrateurs des syndicats et des un ons
de syndicats et punies d’une amende de 16 à
200 francs.
Les Tribunaux pourront, en outre, à la di
ligence du procureur de la République, pro
noncer la dissolution du syndicat ou de
l’union. Au cas de fausses déclarations rela
tives aux statuts et aux noms et qualités des
administrateurs et directeurs, l’amende
pourra être portée à 500 francs.
Les paragraphes 2 et 3 de l’article 8 de la
loi du ier juillet 1901 sur le contrat d’associa
tion (amende de 16 à 5,000 francs et empri
sonnement de 6 jours à un an) sont applica
bles au cas où un syndicat ou une union
dont un tribunal a ordonné la dissolution
s’est néanmoins maintenu ou reconstitué
illégalement après le jugement de dissolu
tion.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
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La Bataille Ministérielle
TROISIEME ASSAUT
Le ministère Barthou a la vie dure, et
’ ses adversaires la lui font dure.
Ayant échoué j usqu’ici sur le terrain poli
tique, ils ont fait un dernier effort sur le
i terrain financier.
C’était le vrai terrain de M. Caillaux,
pour prendre position de chef d’armée, et,
de fait, sa rentrée a été sensationnelle, dans
un discours exclusivement financier, mais
, sans conclusion autre que l’ajournement
indéfini de la loi de trois ans, puisqu’il re
met en cause les voies et moyens pour l’ap
pliquer. Refuser ces moyens, serait tout
‘ajourner.
Et pourtant M. Caillaux ne conteste pas
la nécessité de nouvelles lois militaires
pour répondre à l’effort menaçant de l’Alle
magne, ni la nécessité de trouver des res-
sources nouvelles pour couvrir les frais de
ces lois nouvelles.
Sur ce point essentiel, dit M. Henry Bé
renger dans l’Action, M. Caillaux s’affirme
aussi national que M. Barthou. Sur les cré
dits à voter, il se montre plus fiscal et d’une
fiscalité plus progressive, sinon plus agres
sive. C’est là un débat qui mérhit d’ètre
soulevé, mais non pas résolu sur I’neure,
car il n’y a pas plus de dogmes financier,
qu’il n’y a de dogmes militaires, et, si la loi
de trois ans a paru nécessiter un examen
critique du Parlement, à plus forte raison
les moyens de la réaliser ne devaient-ils pas
être livrés au hasard d’une séance où le dé
sir de soulager la démocratie se confondait
un peu trop, une fois de plus, hélas ! avec le
désir de renverser un ministère pour le rem
placer ensuite.
Avec’sa clairvoyance ordinaire, M. Bar-
thou a bien jugé le point faible de la tac
tique de ses adversaires, et il a, encore
une fois, pris l’agressive, en les mettant au
pied du mur. C’était les forcer à se décou
vrir.
M. le président du Conseil : Messieurs,
si tous ici, vous êtes animés du même souci
de discuter les questions à leur heure et
d’employer la véritable procédure parle
mentaire, vous conviendrez qu’un moment
arrivera, un moment prochain, où vous dis
cuterez les propositions du gouvernement,
où vous les combattrez, où vous les rejette
rez, si vous estimez que ces impôts ne sont
pas conformes à la situation politique et
qu’ils ne sont pas de nature à couvrir les
dépenses de la défense nationale. Mais oppo
ser à nos propositions d’impôts bien déter
minées un ordre du jour vague, je dis, Mes
sieurs, que cela est inadmissibie, et qu’en
tout cas c’est une procédure à laquelle le
gouvernement ne peut pas se prêter.
Je répondrai maintenant à M. Gheusi. No
tre collègue a fait observer combien il était
difficile, impossible même de procéder de
cette façon et, employant une expression
pittoresque et charmante, il a dit : Mais,
Messieurs, nous pouvons échanger des ob
servations. Elles vous serviront à débrous
sailler le débat.
Eu même temps, M. Gheusi parlait de la
pureté de ses intentions, que je me garde
bien de mettre en doute. (Mouvements divers
au centre et droite.) Mais peut-être qu’à côté
de M. Gheusi, derrière M. Gheusi il en est
qui, s’ils veulent débroussailler la discus
sion, seraient très heureux d’embroussailler
le ministère. (Rires et applaudissements sur
divers bancs à gauche, au centre et à droite.)
Cela, il faut qu’on le précise.
M. Caillaux parlait d’une politique qu’il a
opposée à celle du gouvernement. Si M.
Caillaux, se tenant dans les termes et dans
l’esprit de l’interpellation déposée par M.
Gheusi, entendaitindiquer qu’il opposait une
politique financière à la politique financière
du gouvernement, je crois avoir démontré
que c’est sur les projets que nous avons dé
posés et sur ceux qui seront soumis par M.
Caillaux à la Chambre que le débat pourra
avoir sa véritable utilité.
Mais si M. Caillaux, en opposant sa politi
que à la politique du gouvernement, a voulu
parler de politique générale, si c’est un vote
politique que l’on sollicite de la Chambre,
alors qu’on le déclare ! (Applaudissements sur
divers bancs à gauche et au centre.)
Que l’on dise si l’on veut condamner les
actes du gouvernement, sa politique, ses
projets de loi, oui, qu’on le dise nettement.
Mais il y a un ordre du jour que le gouver
nement ne peut pas accepter, c’est celui
dans lequel il y a un blâms indirect ou con
tre sa politique financière ou contre sa po
litique générale.
Il n’est pas dans ses habitudes de se déro
ber aux.responsabilités et si la Chambre
vote cet ordre du jour il saura qu’il doit
laisser à d’autres les charges du pouvoir.
(Vifs applaudissements sur divers bancs à gau
che, au cmtre et à droite.)
M. César Trouin et divers membres à gau
che : Nous demandons l’ordre du jour pur et
simple.
M. le président du* Conseil : Sous le bé
néfice des observations qu’il vient de pré
senter, étant donné que la liberté des mem
bres de la Chambre reste entière et que le
débat aura lieu au moment où la Chambre
discutera le projet du gouvernement, au
nom de mes collègues et au mien, j’accepte
l’ordre du jour pur et simple. (Applaudisse
ments sur divers bancs à gauche et au centre. —
Mouvements divers.)
La majorité s’est faite sur celte déclara
tion.
Et maintenant après ces longs parlotages,
qui dissimulaient plutôt le fond du débat,
on est arrivé à la solution. Le ministère
sort indemne de ces assauts répétés, mais
le pays attend toujours la vraie solution.
Nous avons vu se former des» majorités
ministérielles. Nous attendons la majorité
nationale.
Maintenant que le terrain est « débrous
saillé »,il faut sortir sa cocarde et être pour
ou contre les trois ans.
Le pays attend, l’Allemagne aussi !
Combien y a-t-il de patriotes vrais dans
la minorité 9
HIPPOLYTE FÉNOUX.
On s’abonne egalement, SA,VS FR^JS, dans tous les Bureaux de Poste de rranoe
Union Postale
LA PAIX SIGNÉE
Ainsi que les nouvelles publiées le fai
saient prévoir, la paix a été signée hier
midi, entre les belligérants, au palais de
Saint-James.
On trouvera plus loin le texte du traité
de paix proposé par les Puissances et que
les belligérants ont accepté.
Mais si toutes hostilités cessent désormais
entre les Alliés balkaniques d’une part, et,
d’autre part, l’Empire ottoman, si les terri
toires du continent abandonnés par la Tur
quie à ses vainqueurs sont nettement indi
qués et délimités, ce n’est pas à dire que,
du jour au lendemain, toutes difficultés
vont être aplanies.
Et d’abord, l’Albanie n’étant pas « cédée »
par la Turquie, les Puissances auront le
soin de déterminer les frontières de cette
Albanie désormais autonome et demeurant
sous l’autorité nominale de la Turquie.
Elles auront aussi à régler toutes autres
questions concernant l’Albanie. Le problè
me ne laisse pas d être assez délicat et de
solution difficile.
Le sultan abandonne l’île de Crète, la-
quelle fera certainement retour à la Grèce.
Mais tout en même temps, il laisse aux
Puissance le soin de statuer sur le sort de
toutes les fles ottomanes de la mer Egée et
de la péninsule dd mont Athos. Nouveau
problème d’une très réelle complexité,
puisqu'il faudra se préoccupe de la situa
tion définitive des îles occupées par l’esca
dre italienne, durant la dernière gzerre
italo-turque. Car la diplomatie ottomane
est d’une subtilité extrême.
L’essentiel est que, la guerre étant ter-
minée entre les Alliés et la Turquie, les
grandes puissances puissent aborder sans
retard tous les problèmes qui restent à ré
soudra. Et le plus urgent, sans doute, est
d’empêcher que le désaccord entre Alliés ne
se transforme en un conflit où les vain
queurs de la Turquie se battraient entre
eux.
En quelques circonstances récentes, ils
en sont déjà venus aux mains. Le devoir de
l’Europe est de rendre aux Alliés le suprê
me service de les empêcher de donner le
désolant spectacle de luttes fratricides, et
de les protéger contre une folie qui serait
aussi désastreuse pour eux que menaçante
pour la paix générale.
De grosses difficultés restent à résoudre.
En même temps que ce traité de paix de
Saint-James, les Grecs auraient désiré que
l’on signât un protocole annexe où ils au-
raient réclamé la remise en vigueur des
traités et conventions qui existaient avec la
Turquie, avant leurs défaites de 1897. Les
Turcs s’y sont opposés. Mais il est permis
de penser que les puissances, qui dans leur
désir de voir la paix signée immédiatement
ont demandé à la Grèce de ne pas insister
sur les points en question, lui assurereront
par la suite complète satisfaction en
lui rendant, après ses récentes victoires,
la situation dont elle bénéficiait avant sa
campagne malheureuse de 1897.
Le conflit qui s’est élevé entre la Serbie
et la Bulgarie mérite également toute l’at
tention des Puissances.
Avant la signature de leur traité d’allian
ce, des conventions politiques et militaires
avaient été conclues, de mars à septembre
1912, entre les deux pays. On s'entendit sur
la répartition des territoires à conquérir,
dans l’éventualité d’une guerre heureuse
contre la Turquie. En cas d’un différend
qui surgirait, on décidait que l’on aurait
recours à un arbitrage. Déplus, la Bulga
rie s’engageait à mettre en ligne, sur le
Vardar (fleuve qui va d'Ouskoub au golfe
de Salonique) cent mille hommes destinés
à collaborer avec l’armée serbe.
Mais ces clauses ne furent point exécu
tées.
A la veille de la guerre, la Bulgarie dé
clara d’abord qu’elle n’était pas en mesure
de fournir les cent mille hommes promis.
Puis, après les premiers grands succès des
Aliés, quand la Macédoine et la Thrace fu
rent conquises, à l’exception de Janina, de
Scutari, de la presqu’île de Gallipoli et de
la région de Constantinople, la Bulgarie
refusa de signer la paix avec la Turquie,
bien que celle-ci consentît à céder tous les
territoires prévus dans la convention serbo-
bulgare. La guerre fut donc continuée. Elle
le fut dans l’intérêt exclusif de la Bulgarie,
en vue de résultats qui n’étaient pas prévus
dans le traité d’alliance. Et cependant Ser
bes et Grecs aidèrent de façon efficace les
Bulgares pendant cette seconde période de
la guerre, soit devant Andrinople, soit dans
la mer Egée.
On sait comment la Serbie, pour raisons
de haute convenance internationale, fut
évincée en Albanie et l’on doit reconnaître
le bien fondé de certaines revendications
grecques. Nul doute que les Puissances ne
fassent leur possible pour accorder aux
Serbes et aux Grecs des satisfactions ou des
compensations équitables.
Elles le voudront, dans leur désir una
nime de prévenir tout grave conflit entre
les Alliés.
Car l’entente de ces derniers importe, au
plus haut point, à la pacification générale
de l'Orient, où tant de difficultés resteront
encore à résoudre après cette terrible
guerre qui n’a eu que de trop graves réper
cussions économiques et politiques dans
toute l’Europe.
Th, Vallée
LE HARTLEY UNIVERSITY COLLEGE
où la bienvenue a été souhaitée à la Délégation Havraise
Southampton, 29 mai.
Sous un clot transparent et doux qui se
fondait à l’horizon avec les brumes de l’aube
épanduessur la mer, Le Havre, représenté
par sa délégation municipale a fait son en-
trée dans les eaux anglaises.
L'henre était aimable et le matin léger. Le
Soient éla.ait dans la jeune lumière ses éten
dues immenses et glauques d’où surgissaient
de temps en temps la silhouette massive
d'un bateau de commorce, la ligue élégante
d’un yacht à l’ancre, ou bien encore la lourde
ampleur d’un îlot fortifié havillé de dimier.
Dans les lointains blanchissants on devi
nait plutôt qu’on ne les voyait réellement
derrière la gaze rose et violette des brouil-
lards les perspectives de l’île de Wight, des
petits ports enfouis dans des nids de verdure,
une côte pittoresque et dentelée qui som
meillait encore paresseusement au bord de
l’eau.
C’est peut-être la dixième ou douzième fois
que je revois ce tableau, je lui trouve tou
jours un charme prenant, surtout à cette
époque de l’année, dans la fraîcheur bleutée
du jour qui naît.
Il repose et distrait de la sollitude de' la
mer. Il évoque la joie de la vie retrouvée
dans la splendeur de la lumière ressuscitée.
Comme un « bleu », je suis monté sur le
pont, avec les autres,' si confortable que fut
cette cabine du Hantonia où les soins ami
caux de M. William Langstaff m’avaient con
duit. On s’endort là la veille, dans la soirée,
au H ivre, après les effusions familiales. On
rêve dans le ronronnement berceur de la
machine.L'imagination en ballade chevauche
à plaisir des choses baroques. Elle tourne
des feuillets d’histoire. Elle songe qu’il fut
un temps où des Normands partirent ainsi
pour l’Angleterre, belliqueux et farouches,
entraînés par le conquérant Guillaume. La
folie du logis fait un grand saut dans le pas
sé et le choc vous réveille au seuil des réali
tés : les Normands nouveaux sont des paci
fiques, ils ont délaissé le casque pour la
cape de voyage, la cotte de maille pour le
veston aux poches bourrées d’invitations.
Guillaume est bien là, mais il est aujour
d’hui vice-président de la Lyre Havraise, ‘et
les descendants du glorieux guerrier n’ont
franchi le détroit que pour cueillir un brin
de laurier au nom de la « Sublime harmo
nie... »
Southampton, dès ce matin, s’est pavoisé
pour nous recevoir.
L’étamine tricolore apparaît à bon nom
bre de fenêtres, saute d’un toit à l’autre,
barre les rues tout en laissant passer une
banderolle : « Bienvenue à nos visiteurs du
Havre ».
A l’entrée de la « Royal Pier », un motif
décoratif qui flamboiera ie soir de ses lam
pes électriques, dresse au-dessus des pas
sants un gigantesque ; « Vive l’entente cor
diale ».
Les tramways, eux aussi, se sont ornés de
drapeaux des deux nations. Quand des voi
tures viendront nous chercher tout à 1 heure
à l’hôtel pour nous conduire au Hartley Uni-
versity College où s’échangeront les souhiits
de bienvenue, les cochers agiteront joyeuse
ment leurs fouets parés de rubans bleus,
blancs, rouges.
J’ai vu souvent la foule anglaise les jours
de manifestion publique. Elle a l'enthou-
siasme sincère mais plutôt concentré. Les
« cheers » soulignés par un chapeau qui se
soulève à plusieurs reprises, n’empruntent
rien de l’éclat bruyant de nos rues en fête.
C’est vous dire que nous avons été heu
reusement et très profondément impression
nés quand notre cortège fit son entrée dans
High Street et s’approcha de l’Université.
L’assistance et ai t là particulièrement dense,
elle encombrait les trottoirs où le flot hu
main demeurait canalisé par les forces de la
police à pied et à cheval, dont l’uniforme
suffit pour assurer le bon ordre, et aussi par
une ligne verdâtre de boys scouts faisant le
salut militaire.
Une musique joue la Marseillaise. Nous pé
nétrons dans le College où sont déjà réunis,
au premier étage, les notabilités municipa
les, le mayor Bowyer, le sheriffBagshaw.les
aldermen, les conseillers, tous revêtus de
leurs traditionnels et somptueux costumes
qui donnent à cet ensemble de robes multi
colores, rehaussées de chaînes d’or, l’aspect
moyenâgeux que nos amis ont fidèlement
conservé à leurs manifestations publiques.
Un massier porte sur l’épaule l’emblème
du pouvoir et c’est un tableau d’un archaïs
me étrange et savoureux que cet homme
vêtu de soie soutenant le poids des symboles
d’or et d’argent ciselés.
La séance commence, ouverte sur trois
« cheers » en l’honneur du Havre, de la
France et de l’Entente cordiale... Que de
poumons en délire ont exhalé leur joie ! Les
vieux vitraux doivent vibrer encore.
Puis ce sont les discours.
M. Bowyer dit en anglais la joie qu'il
éprouve de souhaiter la bienvenue adx
« amis de France ». Lui et ses collègues ont
conservé le plus délicat souvenir de leur sé-
jour au Havre, des attentions que M.Génes-
tal voulut bien avoir pour eux. Il traduit ses
regrets de ne pas retrouver en cette fête le
sympathique et distingué maire de la cité
sœur et il rappelle comment cette visite lui
préparée :
Lors de notre passage au Havre, nous
avons dit, chers amis : « Venez à nous
comme nous sommes venus à vous. Et vous
êtes venus avec les mêmes sentiments d'af-
fectuense cordialité. Grand merci à vous.
Nous regrettons que les instants passés parmi
nous soient si courts, mais nous avons l'in-
time conviction que vous en garderez un
souvenir aussi charmant, aussi vivace que
celui que nous avons emporté de votre ai
mable hospitalité. »
Au nom ds la municipalité et de la cité
havraises, M. Morgand prononce ensuite
une allocution des plus chaleureuses.
Après avoir rappelé combien nos conci-
toyens furent honorés de la visite faite l'an-
nee dernière à notre localité par ies nota
bles de Southampton, M. l’adjoint exprime
aux représentants delà grande cité maritime
d'Angleterre la chaleureuse gratitude de
tous les représentants du Havre.
Les bravos sont à peine. calmés que M.
Barthélémy, consul de France, donne con
naissance d’une dépêche de notre ambassa
deur à Londres.
« Souhaitez en mon nom la bienvenue à
nos compatriotes du Havre et dites-leur i&
vive satisfaction que me cause leur visite à
Southampton. Ce sont des réunions de ce
genre qui rapprocheront plus encore les
deux pays et contribueront à assurer la
paix du monde. »
Des vivats et des « hurrahs î » frénétiques
disent mieux que des mots la joie causée
par cette communication.
C’est maintenant au tour du savant pro
fesseur Studer de venir, au nom de l’Alliance
française, exprimer à son tour la satisfac
tion éprouvée.
M. le professeur Studer parle un français
remarquable de forme élégante et précise
qu’il met au service d’une protonde éru
dition.
C’est un patient fouilleur de vieux livres
et il fait, en lisant les vénérables reliques,
des decouvertes vraiment curieuses.
Elles établissent que l’entente cordiale eut
son berce uà Southampton il y a huit siè
cles. Le noyau de la population fut formé
par des soldats de Guillaume le Conquérant
qui y fixèrent les traditions normandes.
On peut voir à Southampton une
« French strget », une « Rue française » qui
remonte à ces âges lointains.
L'administrauon municipale prit à la
France non seulement ses coutumes, mais
sa langue, et il existe, dans les archives de
Southampton une certaine « Guilde des
marchands » rédigée en « trançois », C’est
tout près de Southampton que Marie de
France a composé ses fables.
M. le professeur Studer ne se contente pas
de ces aperçus historiques, il apporte des
pièces, des documents, des parchemins pré
cieux et rares qu’il a extraits des archives
de la cité.
Ce livre manuscrit que protège deux feuil
les de bois reliés par des charnières ? Un
livre de chaîne du XIV e siècle, un recueil
d'actes et de lois maritimes écrit en français.
Cet autre parchemin ? Une pièce de doua
ne du XV e siècle relative à l’entrée à South
ampton du bateau Notre-Dame-de-Rouen.
Et ces pages éparses couvertes de précieux
griffonnages ? Ce qui reste d’un livre de cui
sine où l’auteur anonyme traitait en fran
çais Des soins à apporter à là cuisson des cha
pons !
Nous avons pris, Havrais, un plaisir ex
trême à retrouver dans lés richesses biblio
graphiques de Southampton des traces aussi
typiques de notre parenté intellectuelle avec
nos voisins de l’autre côté du détroit.
Et c’est de grand cœur que nous avons,
avec eux, choqué les verres, « en signe de
réconciliation durable et en l’honneur de la
paix revenue avec les bienfaits de l’entente
cordiale! »
Faut-ilvous dire maintenant que les jeunes
écoliers nous ont accueilli par une vibrante
Marseillaise ; qu’il a fallu aller poser devant
l’objectif pour marquer le souvenir de cette
bonne rencontre, et que la joie explosa a
nouveau quand sur la demande des Havrais,
M. le mayor voulut bien accorder au Colege
un jour de congé !... ...
Ces sortes de récompenses sont toujours
reçues avec enthousiasme,en anglais comme
en français.
***
Dans la grâce ensoleillée d’une mâtinés
exquise, des voitures nous emportèrent
alors.
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Administrateur • Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
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Le Petit Havre
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
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AU HAVRE.
A PARIS.
ANNONCES
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
L'AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ta PETIT HAVRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 30 Mai. Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
| TON
! COURS
HAUSSE
BAISSE
:
Comptant ..
' calme
£ 67 17/6
-/-
10/-
3 mois
£ 67 12/6
-A
10/-
ETAIN
Comptant /
ferme
£ 216 -/-
40/-
-/-
3 mois '
£ 213 -/-
10/-
-/-
FER
Comptant ..)
calme
£ 61/6
5/6
8 mois....)
£60/6
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 29 mai 1913.
NEW-YORK, 30 MAI
Rlarehé clos»
CHICAGO, 30 MAI
Marehé clos
LA GUERRE D'ORIENT
La question albanaise
Londres. — A la séance des ambassadeurs
fenue hier après-midi, Sir Edward Grey, a
déclaré que maintenant que la signature du
traité de paix est faite, il restait à régler les
questions du statut de l’Albanie, des frontiè
res sud-albanaises et des îles de la mer Egée.
Les ambassadeurs ne se réuniront de nou
veau que jeudi.
L’impression en Turquie
Constantinople. — La signature de la paix
B produit une mpression de soulagement et
de vive satisfaction.
Les milieux ottomans souhaitent voir l’Eu
rope laisser à la Turquie le temps indispen-
rable pour sa réorganisation.
Déclaration de la Délégation Monténégrine
Londres.— Après la signature du traité de
paix, les chefs des délégations serbe, bul
gare et grecque ont prononcé quelques pa
roles de remerciement.
Puis M. Popovitch, chef de la délégation
Monténégrine, a déclaré :
« Nous sommes heureux d’avoir la paix,
mais profondément mécontents des condi
tions que nous avons été contraints d’ac-
septer.
» Mon pays, proportionnellement à son
étendue et à ses capacités, a fait de plus
gros sacrifices que n’importe quel autre al-
lié, et cependant on nous dépouille du fruit
de notre victoire. On fait de nous le souffre-
douleurs de l’Europe.
» L’Angleterre a joué le rôle principal
quand il s’est agi de nous priver de Scutari ;
nous la considérons maintenant comme no
ire débitrice et c’est sur elle que nous comp
tons pour obtenir une modification des fron
tières albanaises de façon à ce que nous
ayons des terres cultivables et une route
naturelle entre Podgoritza et Ipeck. »
Grecs et Bulgares
SALONIQUE. — On mande d’Athènes que le
puirasse Spetsaï en entrant dans le port
d’Eleutere a essuyé quatre coups de canon
des batteries bulgares situées au Nord-Ouest
de Ravi.
Le navire n’a pas été atteint et n’a pas ri-
osté.
M. • —
LES AFFAIRES DU MAROC
OUDJDA. — L’établissement du camp de nos
troupes sur la rive gauche de l’oued M’Goun
A amené la dispersion des groupes ennemis
qui ont levé le camp dans la nuit.
Les Brannes se sont réfugiés dans la mon
tagne.
Dans la journée du 29, le général Alix a
canonné le village de Goribis dont les mara-
bous avaient été les principaux instigateurs
du dernier soulèvement.
Il est possible que de nouveaux contin
gents cherchent encore à opposer de la ré-
sistance, mais les tribus hostiles des envi
rons de Taza ont reçu une telle leçon qu’on
peut prévoir qu’elles se soumettront sous
peu.
* Ml. aa . —
MOUVEMENT PREFECTORAL
De VOflictel :
' M. Le Hoc, sous-préfetd’Yvetot, est nommé
60us-préfet d’Epernay.
M. Godin, nommé précédemment sous-
préfet de Dole et non installé, est nommé
sous-préfet d’Yvetot.
M. Allain, secrétaire général du Nord, est
nommé préfet de l’Aveyron.
EN L’HONNEUR DE M. MANOEL LAINEZ
Les directeurs des grands journaux régio
naux ont offert hier un grand déjeuner en
l’honneur de M. Manoel Lainez, ambassadeur
extraordinaire de la République Argentine.
M. Baudin, ministre de la marine, M.
Thierry, ministre des travaux publics, et M.
Bérard, sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-
Arts, anciens collaborateurs de ces jour
naux, avaient tenu à exprimer avec leurs
confrères toute la sympathie que le Gouver
nement porte à l’œuvre latine franco-argen
tine.
Ils ont en outre présenté les excuses de M.
Barthou, président du Conseil et de leurs
autres collègues qui auraient voulu assister
à cette réception confraternelle, mais qui
avaient malheureusement pris des engage
ments antérieurs.
M. Rodriguez Laretta, ministre de la Répu
blique Argentine, le littérateur si apprécié,
assistait également à cette réception.
AU PARLEMENT D’ALSACE-LORRAINE
Strasbourg. — Hier soir a eu lieu, sans
Incidents, la clôture de la session 1912-13 du
Parlement d’Alsaçe-Lorraine.
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
CHUTE D'UN HYDRAVION
SAN-RAPHAEL. — Au cours d’un exercice
d’un hydravion monté par le lieutenant de
vaisseau Nove Jousserand, l’appareil a capo
té à la suite d’un atterrissage trop brusque.
L’aviateur est indemne, mais l’appareil a
subi d’importantes avaries.
LES EXERCICES DE TIR
DU “ JEAN-BART ”
Brest. — Le Jean-Bart a effectué avec suc
cès tes tirs de résistance de son armurerie.
Les tirs de rapidité des tourelles seront
effectués le ier juillet.
LES LOIS D’EXCEPTION EN
ALSACE-LORRAINE
Berlin. — Au Reichstag, répondant au so
cialiste Emmel au sujet des lois d’exception
annoncées en Alsace-Lorraine, le chancelier
a contesté que les mesures projetées par le
gouvernement d’Alsace-Lorraine soient un
coup droit à la constitution accordée il y a
deux ans.
Ges mesures sont uniquement dirigées
contre ceux qui cherchent à menacer la po
litique pacifique de médiation que veulent
les allemands d’Alsace-Lorraine.
Le chancelier a ajouté qu’un mouvement
commence à se faire jour en Alsace-Lorraine
contre les nationalistes qui exploitent à leur
.profit toute la situation internationale.
Les projets de loi proposés visent unique
ment ces machinations.
UN ÉQUIPAGE SE MUTINE
Cadix. — L’équipage du voilier italien Aus-
traita, allant de Gênes à Buenos-Aires, s’est
mutiné contre son capitaine, qui a dû se ré
fugier dans un canot pour aller demander
du secours aux autorités.
Les douaniers ont arrêté les mutins.
ÉCHOUEMENT D’UN
CROISEUR CUIRASSÉ ALLEMAND
Berlin — Selon le Lokal Anzeiger, le croi
seur cuirassé Blucher qui participait à des
manœuvres près d’Heligoland, s’est échoué
dans le Grand Belt alors qu’il se rendait à
Kiel.
Les tentatives faites pour dégager le bâti
ment sont jusqu’à présent rentées vaines.
e-===-=-=--====-========
UNE AFFAIRE D’ESPIONNAGE
EN AUTRICHE
VIENNE. — A la fin de la séance de la
Chambre des députés, le député ruthène
Vassilko a demandé un éclaircissement de
l’affaire Redl dont il a fait ressortir la con
nexité avec la disparition subite de l’ancien
attaché militaire russe à Vienne.
Geite affaire fera l’objet de deux interpel
lations.
GRÈVE DE CHAUFFEURS
RIO-DE-JANEIRO. — Une grève générale des
chauffeurs des compagnies de navigation na
tionales vient d’éclater.
Les services du cabotage sont complète
ment paralysés.
Nouvelles de la Chambre
Les sanctions contre la C. G. T.
M. Barthou, au cours du récent débat sur
les agissements syndicalistes, avait annoncé
le dépôt d’un projet établissant des sanc
tions contre les unions de syndicats qui
commettent des infractions à la loi de 1884.
Ce projet, qui vise la G. G. T., a été distribué
hier à la Chambre.
Dans sa première partie, il étend la capa-
cité légale des syndicats professionnels. Dans
la seconde, il précise les conditions de la
dissolution des syndicats et des unions de
syndicats en cas d’infractions.
‘Le projet, en effet, en donnant aux unions
des syndicats la possibilité d’acquérir des
droits, leur impose, en retour, certaines
obligations nettement définies. Chacun des
syndicats adhérents à l’union devra disi oser,
pour l’élection du conseil d’administration
et pour les décisions de l’assemblée géné
rale, d’un nombre de voix proportionnel au
nombre de ses membres.
« Les unions, comme les syndicats, ne
pouvant, di. l’exposé des motifs, s’occuper
que de la défense d’intérêts purement pro
fessionnels, les infractions à cette règle se
ront punies de peines d’amendes et la disso
lution pourra être prononcée. Si un syndi
cat ou une union, dont la dissolution a été
régulièrement ordonnée, se maintient ou se
reconstitue illégalement après le jugement
de dissolution, ce sont non plus seulement
les peines de la loi de 1884, mais celles des
paragraphes 2 et 3 de l’article 8 de la loi du
ier juillet 1901 qui s’appliqueront.
» Le projet ainsi précisé tend donc à la
fois à orienter les syndicats vers l’action pra
tique, à leur donner les moyens d’exercer le
rôle qu’ils peuvent utilement remplir, et les
ayant ainsi renforcés sur le terrain légal, à
les empêcher, par une règle tutélaire pour
eux et, en même temps, protectrice de l’or
dre public, de se distraire des intérêts pure
ment professionnels ».
En conséquence, les infractions à la loi
seront poursuivies contre les directeurs ou
administrateurs des syndicats et des un ons
de syndicats et punies d’une amende de 16 à
200 francs.
Les Tribunaux pourront, en outre, à la di
ligence du procureur de la République, pro
noncer la dissolution du syndicat ou de
l’union. Au cas de fausses déclarations rela
tives aux statuts et aux noms et qualités des
administrateurs et directeurs, l’amende
pourra être portée à 500 francs.
Les paragraphes 2 et 3 de l’article 8 de la
loi du ier juillet 1901 sur le contrat d’associa
tion (amende de 16 à 5,000 francs et empri
sonnement de 6 jours à un an) sont applica
bles au cas où un syndicat ou une union
dont un tribunal a ordonné la dissolution
s’est néanmoins maintenu ou reconstitué
illégalement après le jugement de dissolu
tion.
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LE PETIT HAVRE à Paris
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d
La Bataille Ministérielle
TROISIEME ASSAUT
Le ministère Barthou a la vie dure, et
’ ses adversaires la lui font dure.
Ayant échoué j usqu’ici sur le terrain poli
tique, ils ont fait un dernier effort sur le
i terrain financier.
C’était le vrai terrain de M. Caillaux,
pour prendre position de chef d’armée, et,
de fait, sa rentrée a été sensationnelle, dans
un discours exclusivement financier, mais
, sans conclusion autre que l’ajournement
indéfini de la loi de trois ans, puisqu’il re
met en cause les voies et moyens pour l’ap
pliquer. Refuser ces moyens, serait tout
‘ajourner.
Et pourtant M. Caillaux ne conteste pas
la nécessité de nouvelles lois militaires
pour répondre à l’effort menaçant de l’Alle
magne, ni la nécessité de trouver des res-
sources nouvelles pour couvrir les frais de
ces lois nouvelles.
Sur ce point essentiel, dit M. Henry Bé
renger dans l’Action, M. Caillaux s’affirme
aussi national que M. Barthou. Sur les cré
dits à voter, il se montre plus fiscal et d’une
fiscalité plus progressive, sinon plus agres
sive. C’est là un débat qui mérhit d’ètre
soulevé, mais non pas résolu sur I’neure,
car il n’y a pas plus de dogmes financier,
qu’il n’y a de dogmes militaires, et, si la loi
de trois ans a paru nécessiter un examen
critique du Parlement, à plus forte raison
les moyens de la réaliser ne devaient-ils pas
être livrés au hasard d’une séance où le dé
sir de soulager la démocratie se confondait
un peu trop, une fois de plus, hélas ! avec le
désir de renverser un ministère pour le rem
placer ensuite.
Avec’sa clairvoyance ordinaire, M. Bar-
thou a bien jugé le point faible de la tac
tique de ses adversaires, et il a, encore
une fois, pris l’agressive, en les mettant au
pied du mur. C’était les forcer à se décou
vrir.
M. le président du Conseil : Messieurs,
si tous ici, vous êtes animés du même souci
de discuter les questions à leur heure et
d’employer la véritable procédure parle
mentaire, vous conviendrez qu’un moment
arrivera, un moment prochain, où vous dis
cuterez les propositions du gouvernement,
où vous les combattrez, où vous les rejette
rez, si vous estimez que ces impôts ne sont
pas conformes à la situation politique et
qu’ils ne sont pas de nature à couvrir les
dépenses de la défense nationale. Mais oppo
ser à nos propositions d’impôts bien déter
minées un ordre du jour vague, je dis, Mes
sieurs, que cela est inadmissibie, et qu’en
tout cas c’est une procédure à laquelle le
gouvernement ne peut pas se prêter.
Je répondrai maintenant à M. Gheusi. No
tre collègue a fait observer combien il était
difficile, impossible même de procéder de
cette façon et, employant une expression
pittoresque et charmante, il a dit : Mais,
Messieurs, nous pouvons échanger des ob
servations. Elles vous serviront à débrous
sailler le débat.
Eu même temps, M. Gheusi parlait de la
pureté de ses intentions, que je me garde
bien de mettre en doute. (Mouvements divers
au centre et droite.) Mais peut-être qu’à côté
de M. Gheusi, derrière M. Gheusi il en est
qui, s’ils veulent débroussailler la discus
sion, seraient très heureux d’embroussailler
le ministère. (Rires et applaudissements sur
divers bancs à gauche, au centre et à droite.)
Cela, il faut qu’on le précise.
M. Caillaux parlait d’une politique qu’il a
opposée à celle du gouvernement. Si M.
Caillaux, se tenant dans les termes et dans
l’esprit de l’interpellation déposée par M.
Gheusi, entendaitindiquer qu’il opposait une
politique financière à la politique financière
du gouvernement, je crois avoir démontré
que c’est sur les projets que nous avons dé
posés et sur ceux qui seront soumis par M.
Caillaux à la Chambre que le débat pourra
avoir sa véritable utilité.
Mais si M. Caillaux, en opposant sa politi
que à la politique du gouvernement, a voulu
parler de politique générale, si c’est un vote
politique que l’on sollicite de la Chambre,
alors qu’on le déclare ! (Applaudissements sur
divers bancs à gauche et au centre.)
Que l’on dise si l’on veut condamner les
actes du gouvernement, sa politique, ses
projets de loi, oui, qu’on le dise nettement.
Mais il y a un ordre du jour que le gouver
nement ne peut pas accepter, c’est celui
dans lequel il y a un blâms indirect ou con
tre sa politique financière ou contre sa po
litique générale.
Il n’est pas dans ses habitudes de se déro
ber aux.responsabilités et si la Chambre
vote cet ordre du jour il saura qu’il doit
laisser à d’autres les charges du pouvoir.
(Vifs applaudissements sur divers bancs à gau
che, au cmtre et à droite.)
M. César Trouin et divers membres à gau
che : Nous demandons l’ordre du jour pur et
simple.
M. le président du* Conseil : Sous le bé
néfice des observations qu’il vient de pré
senter, étant donné que la liberté des mem
bres de la Chambre reste entière et que le
débat aura lieu au moment où la Chambre
discutera le projet du gouvernement, au
nom de mes collègues et au mien, j’accepte
l’ordre du jour pur et simple. (Applaudisse
ments sur divers bancs à gauche et au centre. —
Mouvements divers.)
La majorité s’est faite sur celte déclara
tion.
Et maintenant après ces longs parlotages,
qui dissimulaient plutôt le fond du débat,
on est arrivé à la solution. Le ministère
sort indemne de ces assauts répétés, mais
le pays attend toujours la vraie solution.
Nous avons vu se former des» majorités
ministérielles. Nous attendons la majorité
nationale.
Maintenant que le terrain est « débrous
saillé »,il faut sortir sa cocarde et être pour
ou contre les trois ans.
Le pays attend, l’Allemagne aussi !
Combien y a-t-il de patriotes vrais dans
la minorité 9
HIPPOLYTE FÉNOUX.
On s’abonne egalement, SA,VS FR^JS, dans tous les Bureaux de Poste de rranoe
Union Postale
LA PAIX SIGNÉE
Ainsi que les nouvelles publiées le fai
saient prévoir, la paix a été signée hier
midi, entre les belligérants, au palais de
Saint-James.
On trouvera plus loin le texte du traité
de paix proposé par les Puissances et que
les belligérants ont accepté.
Mais si toutes hostilités cessent désormais
entre les Alliés balkaniques d’une part, et,
d’autre part, l’Empire ottoman, si les terri
toires du continent abandonnés par la Tur
quie à ses vainqueurs sont nettement indi
qués et délimités, ce n’est pas à dire que,
du jour au lendemain, toutes difficultés
vont être aplanies.
Et d’abord, l’Albanie n’étant pas « cédée »
par la Turquie, les Puissances auront le
soin de déterminer les frontières de cette
Albanie désormais autonome et demeurant
sous l’autorité nominale de la Turquie.
Elles auront aussi à régler toutes autres
questions concernant l’Albanie. Le problè
me ne laisse pas d être assez délicat et de
solution difficile.
Le sultan abandonne l’île de Crète, la-
quelle fera certainement retour à la Grèce.
Mais tout en même temps, il laisse aux
Puissance le soin de statuer sur le sort de
toutes les fles ottomanes de la mer Egée et
de la péninsule dd mont Athos. Nouveau
problème d’une très réelle complexité,
puisqu'il faudra se préoccupe de la situa
tion définitive des îles occupées par l’esca
dre italienne, durant la dernière gzerre
italo-turque. Car la diplomatie ottomane
est d’une subtilité extrême.
L’essentiel est que, la guerre étant ter-
minée entre les Alliés et la Turquie, les
grandes puissances puissent aborder sans
retard tous les problèmes qui restent à ré
soudra. Et le plus urgent, sans doute, est
d’empêcher que le désaccord entre Alliés ne
se transforme en un conflit où les vain
queurs de la Turquie se battraient entre
eux.
En quelques circonstances récentes, ils
en sont déjà venus aux mains. Le devoir de
l’Europe est de rendre aux Alliés le suprê
me service de les empêcher de donner le
désolant spectacle de luttes fratricides, et
de les protéger contre une folie qui serait
aussi désastreuse pour eux que menaçante
pour la paix générale.
De grosses difficultés restent à résoudre.
En même temps que ce traité de paix de
Saint-James, les Grecs auraient désiré que
l’on signât un protocole annexe où ils au-
raient réclamé la remise en vigueur des
traités et conventions qui existaient avec la
Turquie, avant leurs défaites de 1897. Les
Turcs s’y sont opposés. Mais il est permis
de penser que les puissances, qui dans leur
désir de voir la paix signée immédiatement
ont demandé à la Grèce de ne pas insister
sur les points en question, lui assurereront
par la suite complète satisfaction en
lui rendant, après ses récentes victoires,
la situation dont elle bénéficiait avant sa
campagne malheureuse de 1897.
Le conflit qui s’est élevé entre la Serbie
et la Bulgarie mérite également toute l’at
tention des Puissances.
Avant la signature de leur traité d’allian
ce, des conventions politiques et militaires
avaient été conclues, de mars à septembre
1912, entre les deux pays. On s'entendit sur
la répartition des territoires à conquérir,
dans l’éventualité d’une guerre heureuse
contre la Turquie. En cas d’un différend
qui surgirait, on décidait que l’on aurait
recours à un arbitrage. Déplus, la Bulga
rie s’engageait à mettre en ligne, sur le
Vardar (fleuve qui va d'Ouskoub au golfe
de Salonique) cent mille hommes destinés
à collaborer avec l’armée serbe.
Mais ces clauses ne furent point exécu
tées.
A la veille de la guerre, la Bulgarie dé
clara d’abord qu’elle n’était pas en mesure
de fournir les cent mille hommes promis.
Puis, après les premiers grands succès des
Aliés, quand la Macédoine et la Thrace fu
rent conquises, à l’exception de Janina, de
Scutari, de la presqu’île de Gallipoli et de
la région de Constantinople, la Bulgarie
refusa de signer la paix avec la Turquie,
bien que celle-ci consentît à céder tous les
territoires prévus dans la convention serbo-
bulgare. La guerre fut donc continuée. Elle
le fut dans l’intérêt exclusif de la Bulgarie,
en vue de résultats qui n’étaient pas prévus
dans le traité d’alliance. Et cependant Ser
bes et Grecs aidèrent de façon efficace les
Bulgares pendant cette seconde période de
la guerre, soit devant Andrinople, soit dans
la mer Egée.
On sait comment la Serbie, pour raisons
de haute convenance internationale, fut
évincée en Albanie et l’on doit reconnaître
le bien fondé de certaines revendications
grecques. Nul doute que les Puissances ne
fassent leur possible pour accorder aux
Serbes et aux Grecs des satisfactions ou des
compensations équitables.
Elles le voudront, dans leur désir una
nime de prévenir tout grave conflit entre
les Alliés.
Car l’entente de ces derniers importe, au
plus haut point, à la pacification générale
de l'Orient, où tant de difficultés resteront
encore à résoudre après cette terrible
guerre qui n’a eu que de trop graves réper
cussions économiques et politiques dans
toute l’Europe.
Th, Vallée
LE HARTLEY UNIVERSITY COLLEGE
où la bienvenue a été souhaitée à la Délégation Havraise
Southampton, 29 mai.
Sous un clot transparent et doux qui se
fondait à l’horizon avec les brumes de l’aube
épanduessur la mer, Le Havre, représenté
par sa délégation municipale a fait son en-
trée dans les eaux anglaises.
L'henre était aimable et le matin léger. Le
Soient éla.ait dans la jeune lumière ses éten
dues immenses et glauques d’où surgissaient
de temps en temps la silhouette massive
d'un bateau de commorce, la ligue élégante
d’un yacht à l’ancre, ou bien encore la lourde
ampleur d’un îlot fortifié havillé de dimier.
Dans les lointains blanchissants on devi
nait plutôt qu’on ne les voyait réellement
derrière la gaze rose et violette des brouil-
lards les perspectives de l’île de Wight, des
petits ports enfouis dans des nids de verdure,
une côte pittoresque et dentelée qui som
meillait encore paresseusement au bord de
l’eau.
C’est peut-être la dixième ou douzième fois
que je revois ce tableau, je lui trouve tou
jours un charme prenant, surtout à cette
époque de l’année, dans la fraîcheur bleutée
du jour qui naît.
Il repose et distrait de la sollitude de' la
mer. Il évoque la joie de la vie retrouvée
dans la splendeur de la lumière ressuscitée.
Comme un « bleu », je suis monté sur le
pont, avec les autres,' si confortable que fut
cette cabine du Hantonia où les soins ami
caux de M. William Langstaff m’avaient con
duit. On s’endort là la veille, dans la soirée,
au H ivre, après les effusions familiales. On
rêve dans le ronronnement berceur de la
machine.L'imagination en ballade chevauche
à plaisir des choses baroques. Elle tourne
des feuillets d’histoire. Elle songe qu’il fut
un temps où des Normands partirent ainsi
pour l’Angleterre, belliqueux et farouches,
entraînés par le conquérant Guillaume. La
folie du logis fait un grand saut dans le pas
sé et le choc vous réveille au seuil des réali
tés : les Normands nouveaux sont des paci
fiques, ils ont délaissé le casque pour la
cape de voyage, la cotte de maille pour le
veston aux poches bourrées d’invitations.
Guillaume est bien là, mais il est aujour
d’hui vice-président de la Lyre Havraise, ‘et
les descendants du glorieux guerrier n’ont
franchi le détroit que pour cueillir un brin
de laurier au nom de la « Sublime harmo
nie... »
Southampton, dès ce matin, s’est pavoisé
pour nous recevoir.
L’étamine tricolore apparaît à bon nom
bre de fenêtres, saute d’un toit à l’autre,
barre les rues tout en laissant passer une
banderolle : « Bienvenue à nos visiteurs du
Havre ».
A l’entrée de la « Royal Pier », un motif
décoratif qui flamboiera ie soir de ses lam
pes électriques, dresse au-dessus des pas
sants un gigantesque ; « Vive l’entente cor
diale ».
Les tramways, eux aussi, se sont ornés de
drapeaux des deux nations. Quand des voi
tures viendront nous chercher tout à 1 heure
à l’hôtel pour nous conduire au Hartley Uni-
versity College où s’échangeront les souhiits
de bienvenue, les cochers agiteront joyeuse
ment leurs fouets parés de rubans bleus,
blancs, rouges.
J’ai vu souvent la foule anglaise les jours
de manifestion publique. Elle a l'enthou-
siasme sincère mais plutôt concentré. Les
« cheers » soulignés par un chapeau qui se
soulève à plusieurs reprises, n’empruntent
rien de l’éclat bruyant de nos rues en fête.
C’est vous dire que nous avons été heu
reusement et très profondément impression
nés quand notre cortège fit son entrée dans
High Street et s’approcha de l’Université.
L’assistance et ai t là particulièrement dense,
elle encombrait les trottoirs où le flot hu
main demeurait canalisé par les forces de la
police à pied et à cheval, dont l’uniforme
suffit pour assurer le bon ordre, et aussi par
une ligne verdâtre de boys scouts faisant le
salut militaire.
Une musique joue la Marseillaise. Nous pé
nétrons dans le College où sont déjà réunis,
au premier étage, les notabilités municipa
les, le mayor Bowyer, le sheriffBagshaw.les
aldermen, les conseillers, tous revêtus de
leurs traditionnels et somptueux costumes
qui donnent à cet ensemble de robes multi
colores, rehaussées de chaînes d’or, l’aspect
moyenâgeux que nos amis ont fidèlement
conservé à leurs manifestations publiques.
Un massier porte sur l’épaule l’emblème
du pouvoir et c’est un tableau d’un archaïs
me étrange et savoureux que cet homme
vêtu de soie soutenant le poids des symboles
d’or et d’argent ciselés.
La séance commence, ouverte sur trois
« cheers » en l’honneur du Havre, de la
France et de l’Entente cordiale... Que de
poumons en délire ont exhalé leur joie ! Les
vieux vitraux doivent vibrer encore.
Puis ce sont les discours.
M. Bowyer dit en anglais la joie qu'il
éprouve de souhaiter la bienvenue adx
« amis de France ». Lui et ses collègues ont
conservé le plus délicat souvenir de leur sé-
jour au Havre, des attentions que M.Génes-
tal voulut bien avoir pour eux. Il traduit ses
regrets de ne pas retrouver en cette fête le
sympathique et distingué maire de la cité
sœur et il rappelle comment cette visite lui
préparée :
Lors de notre passage au Havre, nous
avons dit, chers amis : « Venez à nous
comme nous sommes venus à vous. Et vous
êtes venus avec les mêmes sentiments d'af-
fectuense cordialité. Grand merci à vous.
Nous regrettons que les instants passés parmi
nous soient si courts, mais nous avons l'in-
time conviction que vous en garderez un
souvenir aussi charmant, aussi vivace que
celui que nous avons emporté de votre ai
mable hospitalité. »
Au nom ds la municipalité et de la cité
havraises, M. Morgand prononce ensuite
une allocution des plus chaleureuses.
Après avoir rappelé combien nos conci-
toyens furent honorés de la visite faite l'an-
nee dernière à notre localité par ies nota
bles de Southampton, M. l’adjoint exprime
aux représentants delà grande cité maritime
d'Angleterre la chaleureuse gratitude de
tous les représentants du Havre.
Les bravos sont à peine. calmés que M.
Barthélémy, consul de France, donne con
naissance d’une dépêche de notre ambassa
deur à Londres.
« Souhaitez en mon nom la bienvenue à
nos compatriotes du Havre et dites-leur i&
vive satisfaction que me cause leur visite à
Southampton. Ce sont des réunions de ce
genre qui rapprocheront plus encore les
deux pays et contribueront à assurer la
paix du monde. »
Des vivats et des « hurrahs î » frénétiques
disent mieux que des mots la joie causée
par cette communication.
C’est maintenant au tour du savant pro
fesseur Studer de venir, au nom de l’Alliance
française, exprimer à son tour la satisfac
tion éprouvée.
M. le professeur Studer parle un français
remarquable de forme élégante et précise
qu’il met au service d’une protonde éru
dition.
C’est un patient fouilleur de vieux livres
et il fait, en lisant les vénérables reliques,
des decouvertes vraiment curieuses.
Elles établissent que l’entente cordiale eut
son berce uà Southampton il y a huit siè
cles. Le noyau de la population fut formé
par des soldats de Guillaume le Conquérant
qui y fixèrent les traditions normandes.
On peut voir à Southampton une
« French strget », une « Rue française » qui
remonte à ces âges lointains.
L'administrauon municipale prit à la
France non seulement ses coutumes, mais
sa langue, et il existe, dans les archives de
Southampton une certaine « Guilde des
marchands » rédigée en « trançois », C’est
tout près de Southampton que Marie de
France a composé ses fables.
M. le professeur Studer ne se contente pas
de ces aperçus historiques, il apporte des
pièces, des documents, des parchemins pré
cieux et rares qu’il a extraits des archives
de la cité.
Ce livre manuscrit que protège deux feuil
les de bois reliés par des charnières ? Un
livre de chaîne du XIV e siècle, un recueil
d'actes et de lois maritimes écrit en français.
Cet autre parchemin ? Une pièce de doua
ne du XV e siècle relative à l’entrée à South
ampton du bateau Notre-Dame-de-Rouen.
Et ces pages éparses couvertes de précieux
griffonnages ? Ce qui reste d’un livre de cui
sine où l’auteur anonyme traitait en fran
çais Des soins à apporter à là cuisson des cha
pons !
Nous avons pris, Havrais, un plaisir ex
trême à retrouver dans lés richesses biblio
graphiques de Southampton des traces aussi
typiques de notre parenté intellectuelle avec
nos voisins de l’autre côté du détroit.
Et c’est de grand cœur que nous avons,
avec eux, choqué les verres, « en signe de
réconciliation durable et en l’honneur de la
paix revenue avec les bienfaits de l’entente
cordiale! »
Faut-ilvous dire maintenant que les jeunes
écoliers nous ont accueilli par une vibrante
Marseillaise ; qu’il a fallu aller poser devant
l’objectif pour marquer le souvenir de cette
bonne rencontre, et que la joie explosa a
nouveau quand sur la demande des Havrais,
M. le mayor voulut bien accorder au Colege
un jour de congé !... ...
Ces sortes de récompenses sont toujours
reçues avec enthousiasme,en anglais comme
en français.
***
Dans la grâce ensoleillée d’une mâtinés
exquise, des voitures nous emportèrent
alors.
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