Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-09-28
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 septembre 1913 28 septembre 1913
Description : 1913/09/28 (A33,N11763). 1913/09/28 (A33,N11763).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637841h
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
53“* Ann»
todosmgsmansanna
N 11,763
(53 Pagres)
5 Centimes — EDTEON DU MATIN-— 5 Centimes
(8 Pagres)
Dimanche 28 Septembre 1913
Administrateur * Délégué
1ea
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a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
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Le PETIT HAVRE est désigné pour las Annonces judiciaires et légales
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
l’Oise et la Sommé.
Autres Départements..............
Union Postale
Trois Moisi Six Mois
Un an
10
• Fr.
1 s so
=0 Fr.
Ons’obonne également, SANS Fût'S, dans tous les Rursasx de Pus^
28 »
410 a
ev rearee
Paris, trois heures matin
======================= ===== ==============
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 27 SEPTEMBRE
Cotons s octobre, hausse 17 points ; dé
cembre, hausse 12 points ; janvier, hausse
12 points ; mars, hausse 11 points.
Calés : baisse 2 points à hausse 9 points.
NEW-YORK, 27 SEPTEMBRE
Cuivre Standard disp
—, novembre ...
Amalgamat. Cop...
Fer
C. 10 300%
76 »/»
(. PRRGEDEXT
15 40
15 40
76 3/8
16 —
CHICAGO, 27 SEPTEMBRE
C. DU JOUR
C. PRECED
Blé sur......
Septembre
83 1/4
81 7 8
Décembre.
87 1/4
87 1/8
Maïs sur
Septembre
70 1 8
70 3 4
Décembre.
69 7/8
70 »/»
Saindoux sur.
Septembre
11 —
11 02
—
Décembre.
10 92
10 90
LES AFFAIRES D'ORIENT
La conférence Turco-Bulgare
Constantinople. — La conférence turco-
bulgare a terminé ses travaux et a signé le
protocole ; la paix sera signée lundi.
Les Serbes en Albanie
Belgrade. — Dans cinq jours, il y aura en
Albanie quarante mille soldats seibes, chiffre
que le gouvernement considère comme suf
fisant, pour répondre à la révolte albanaise,
bruits de mobilisation de la
Qu nt aux
Turquie, le gouvernement n’est nullement
inquiété.
Les rapports serbo-turcs sont en effet sa-
tisfaisanis et prochainement, les deux pays
reprendront leurs relations diplomatiques.
LE CONGRÈS DE LA
LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT
Aix-les Bains. — Le Congrès de la Ligue
de l’Enseignement a adopté le vœu que les
projets de loi sur la fréquentation scolaire
et la défense de l’école soient votés sans re
tard par le Parlement et qu’ils comportent
dès pénalités sérieuses pour les parents
convaincus de négligence opiniâtre.
Le Congrès a adhéré au contre-projet de
M. Viviani sur les caisses des écoles et il a
insisté pour que l’on conserve à ces caisses
leur caractère obligatoire.
Il a renouvelé ses vœux précédents en fa
veur de la création d’un conseil dépourvu
dé toute attribution judiciaire ou discipli
naire.
Le Congrès a exprimé le désir qu’une
plus grande décentralisation soit apportée
dans les méthodes et même dans les matiè
res de l’enseignement mieux appropriée aux
besoins régionaux.
Puis il a invité toutes les Sociétés de la
Ligue à mettre immédiatement à l’étude la
constitution de conseils d'amis de l’action et
de l’école publique dans toutes les commu
nes où s’exerce leur action.
Il a enfin émis le vœu que la liste des en
fants en âge de fréquenter l’école soit dres
sée par les soins des maires.
M. Dessoye a félicité le Congrès de l’una-
nimité qu'il a manifestée dans les débats.
APRÈS LE DÉPART
DE L’ESCADRE RUSSE
Le chargé d’affaires de Russie est venu
transmettre à M. Barthou, président du Con
seil, ministre des affaires étrangères par in-
térim, l’expression de la reconnaissance du
gouvernement impérial pour l’accueil cor
dial qui a été fait à l’escadre russe à Brest et
pour les nombreuses marques d’attention
dont elle a été l’objet.
L’AFFAIRE DU COLLIER
M. Quadranstein n’a pas eu ce soir un
succès plus grand que celui qu’il a obtenu
Mer sur la scène du music hall qui l’a en-
gagé.
Dès son arrivée il a été salué par les cris
les plus divers ; des coups de sifflets et des
vociférations de toutes sortes. Une tomate
lui fut même lancée et peu s’en fallut qu’il
ne la reçut sur son smoking.
Malgré le tumulte, il a essayé de se faire
entendre, mais ne pouvant y parvenir, il
s’est retiré sous les huées et les injures.
L’AGITATION A BELFAST
Belfast. — Des manifestations unionistes
3nt eu lieu hier.
Sir Edward Carton, chef du parti contre le
Home Rule a passé la revue des quatre ré
giments de volontaires enrôlés afin de com
battre le Home Rule dans la province d’Uls-
ter.
Onze mille hommes ont défilé, sous les
ordres d’officiers en retraite, à travers la
ville.
On signale un incident fâcheux ; un coup
de revolver tiré dans la foule, a blessé une
fillette à la jambe.
LE MEETING D’AVIATION DE REIMS
Reims. — Epreuve de hauteur sans passa
ger : Parmeiin, 3,442 mètres ; Legagneux,
3,409 m.; Crombez, 1,626 m.
Hauteur avec un passager : Gilbert, 4,348
mètres ; Brindejonc des Moulinais, 3,108 m.;
Garros, 2,819 m.
Hauteur avec deux passagers : Moineaux,
1,562 mètres; Espanet, 1,360 m.
Epreuve de lenteur sur quatre kilomètres:
Deromme, vitesse moyenne 51 kil. 479 ; Gas
ton Gaudron, 57 kil. 538 ; Legagneux, 58 kil.
121 ; René Gaudron, 60 kil. 640 ; Gilbert,
62 kil. 456.
Non classés : Prévost, Vergniault et Moi
neau.
i Les autres qualifiés n’ont pas terminé. .
La question du tunnel sous-marin entre
la France et l'Angleterre, fort oubliée de
puis un quart de siècle, redevient un sujet
d'actualité. La grande presse s’en préoc
cupe ; les Congrès l’inscrivent à leur ordre
du jour ; hier même, le Congrès de l’Union
franco-britannique de tourisme lui consa
crait sa première séance. Les milieux par
lementaires et financiers ne restent pas
davantage indifférents : une députation de
90 membres du Parlement anglais a de
mandé récemment à M. Asquith de lever le
veto qu’oppose depuis 1873 le gouverne
ment britannique à ce grand projet ; d’au
tre part, la Compagnie des chemins de fer
du Nord a présenté, à l’Exposition de Gand,
un mémoire extrêmement complet où le
problème est envisagé à la lois dans toute
son ampleur et dans tout son détail. Peut-
être notre génération verra-t-elle la réalisa
tion de cette grandiose entreprise.
On sait que l’idée n’est pas nouvelle du
tout ; elle est plus que centenaire. Dès 1802,
dans cette seule et si brève période du gou
vernement napoléonien où la paix régna
entre Londres et Paris, le Premier- consul
en avait entretenu l’ambassadeur d’Angle
terre : il s’agissait d’un plan de tunnel pour
le service des diligences. Mais c’est seule
ment dans la seconde moitié du XIX e siècle
que des études vraiment techniques furent
menées à bonne fin. Les recherches pa
tientes d’un ingénieur hydrographe, Thomé
de Gamond, parvinrent jusqu’aux milieux
officiels. M. de Lavalette, ministre des
affaires étrangères de Napoléon III, en fit
l’objet d’une démarche auprès du Cabinet
anglais.
L’affaire ne prit toutefois son entière
portée qu’après la guerre,et sous l’influence
de Michel Chevallier.Ce dernier, aprèsavoir
constitué une Société, obtint une conces
sion du Parlement. Une loi du 2 août 1875
déclara d’utilité publique l’établissement
d’un chemin de fer devant partir d’un point
entre Boulogne et Calais et rencontrer sous
la mer une ligne correspondante partant de
la côte anglaise, La Société créée par Michel
Chevallier fit, en matière d’études prépara
toires, tout ce qui dépendait d’elle ; mais
elle se heurta à une sorte de veto du gou
vernement britannique.
Pendant que les milieux financiers et in
dustriels français se mettaient ainsi au tra
vail, les Anglais n’étaient pas restés inac
tifs ; deux Sociétés d études s’étaient consti
tuées et avaient même, en 1874 et 1875,
obtenu l’approbation du Parlement. Mais,
au cours des discussions qu’avait nécessai
rement soulevées cette action, certains
grands chefs militaires, lord Wolseley no
tamment, s’étaient émus. Ils exigèrent et
obtinrent l’arrêt des travaux, qui depuis
lors n’ont pas été repris.
Il faut reconnaître que, dans l’espèce, les
autorités militaires ont eu jusqu’ici derriè
re elles la grande majorité de l’opinion bri
tannique. « Nous serions à la merci d’une
surprise, disait l’Etat-major ; qu’un enne
mi audacieux vienne à s’emparer des deux
entrées du tunnel, c’en serait fait de l’An
gleterre ! » L’opinion publique, qui est
extrêmement nerveuse à la pensée d’une
invasion, ne s’est pas dit qu’on pourrait
sans doute fortifier l’entrée du tunnel, le
rendre militairement infranchissable. À la
la suite des Gassandres qui l’effrayaient,
elle a préféré de suite tout abandonner, se
disant par surcroît, dans un sentiment va
guement superstitieux et du reste irraison
né, qu’il ne fallait à aucun prix que la
Grande-Bretagne cessât d’être une île. De
puis trente ans, toutes les fois que la ques
tion a été remise sur le tapis et discutée
dans la presse, c’est cet argument senti
mental de l’insularité qui régulièrement a
été présenté et régulièrement clos le débat.
Pourquoi la discussion reprend-elle au
jourd’hui dans une atmosphère d’optimisme
vraiment nouvelle ? La valeur des argu
ments qui s’opposaient à l’entreprise n’est-
elle donc plus la même ? Y a-t-il vraiment
quelque chose de changé dans les rapports
de l’Angleterre et du Continent ? Voilà ce
qu’on peut se demander ; et très sérieuse
ment l’on aboutit à une réponse affirma
tive.
Une des premières raisons qui inclinent
nos voisins à une étude plus bienveillante
du problème, c’est l’Entente cordiale. Le
fait que les Anglais trouvent en débarquant
à Calais une France favorablement dispo
sée à leur endroit les pousse évidemment à
se départir d’une méfiance excessive. Ils
sont ainsi portés, comme nous-mêmes, à
apprécier les immenses avantages écono
miques que comporterait le tunnel : aug
mentation certaine et considérable du nom
bre des voyageurs, impulsion puissante
donnée au commerce franco-britannique,
progrès immédiat des communications pos
tales. A vrai dire, ces arguments d’ordre
économique ont à peine besoin d’être souli
gnés, tellement ils sont indiscutables. Ce
ne sont pas des raisons économiques qui
ont jusqu’ici empêché le succès de l’entre
prise, mais des raisons politiques, ou plus
exactement politico-militaires.
Or c’est justement la situation politico-
militaire de l’Angleterre vis-à-vis du Conti
nent qui n’est plus aujourd’hui la même, je
ne dis pas qu’il y a cent ans, mais qu’il y a
dix ou vingt ans.
L’insularité complète de l’Angleterre de
vient d’abord et de plus en plus une chose.
du passé. Les Anglais l’ont bien compris,
non sans une certaine tristesse, le jour où
Blériot traversa pour la première fois le
Pas-de-Calais. Si une invasion de dirigea
bles ou d’aéroplanes n’est par encore réali
sable, il n’en demeure pas moins vrai que
le « splendide isolement » de Chamberlain
a cessé d’être possible pour une puissance
qu’un simple détroit de 45 kilomètres sé
pare seul du Continent. On en vient même
à se demander si le tunnel ne permettrait
pas à l’Angleterre de faire appel, contre
une invasion éventuelle maîtresse de la
mer, à des alliés européens.
Ce même raisonnement (jusqu’ici un peu
hypothétique, avouons-le) prend une force
singulière si on l’applique à la question
des subsistances de nos voisins en temps
de guerre. On sait que le Royaume-Uni ne
produit pas directement sa consommation
alimentaire : il est d’une façon constante
tributaire de l’étranger. Imaginez un ins
tant l’Angleterre privée, par quelque dé
faite, de la maîtrise de la mer : c’est à brève
échéance la disette et la famine, tout
comme dans une ville assiégée. Cette con
dition anormale de l’organisation écono
mique anglaise entraîne chez nos amis
d’outre - Manche une sorte de malaise
chronique. S’ils dépensent sans compter les
milliards, en flottes et en armements mari
times, ce n’est pas seulement pour préser
ver leur grandeur, c’est aussi pour assurer
leur existence elle-même. Ils savent qu’une
Angleterre vaincue sur mer est une Angle
terre perdue. Qui ne voit que, dans ces
conditions, le tunnel, aboutissant à une
France amie, sauve la Grande-Bretagne du
péril d’être isolée, investie, c’est-à-dire
affamée ?
Telle est la conclusion à laquelle aboutit
le plus autorisé de nos économistes, M. -
Leroy-Beaulieu: «L’exécution du tunnel
sous-marin, écrit-il, est une œuvre de sé
curité pour l’Angleterre : c’est, la seule as
surance qu’elle peut avoir qu’elle ne sera
pas affamée en temps de guerre ».
Tous ces arguments devraient semble-
t-il décider l’opinion britannique. Je me
demande cependant, au moment de conclu
re, si le fameux conservatisme anglais
n’aura pas le dessus une fois de plus. Avoir
été une île depuis le commencement de
l’histoire et cesser de l’être, c’est une terri
ble décision à prendre. Craignons que l’ha
bitude ne l’emporte sur la raison !
André Siegfried.
La Russie et la Commission de contrôle en
Albanie
Londres, 27 septembre.
Le chargé d’affaires de Russie a remis au
gouvernement anglais un mémorandum
dans lequel il le prie de bâter la reunion de
la Commission de contrôle albanaise. Le
gouvernement russe propose que la pre
mière réunion de cette Commission ait lieu
à bord de l’escadre même.
On s’étonne ici que le comte Berchtold
n’ait pas encore désigné le délégué qui doit
représenter l’Autriche au sein de la Com
mission de contrôle.
Saint-Pétersbourg, 27 septembre.
Le gouvernement russe vient de désigner
M. Petraief comme délégué à la Commission
de contrôle, destinée à remplacer la Com
mission militaire internationale, actuelle
ment réunie à Scutari.
M. Petraief prendra le titre de consul gé-
néral de Russie à Vallona. Il cumulera ces
fonctions avec celles de délégué russe à la
Commission de contrôle.
Les Préparatifs Serbes
Belgrade, 27 septembre.
Les nouvelles de la frontière albanaise
sont un peu moins mauvaises. On dément
que Kitchevo ait été pris par les Arnautes.
D’autre part, bien que le bruit ait couru un
instant que Prilep et Monastir étaient me
nacés, on a lieu de croire que ces points im
portants ne sont pas encore en péril.
Néamoins les armements serbes se pour
suivent. La division de la Morava, forte de
23,000 hommes, est déjà mobilisée et on
mobilise en ce moment deux classes entiè
res de réserves pour toutes les divisions.
Ceci semble indiquer que les Serbes se pré
parent à des opérations assez sérieuses qui
les conduiront probablement jusqu’à l’inté
rieur de l’Albanie.
Inquiétudes à Londres
Londres, 27 septembre.
On est généralement préoccupé de la pos
sibilité d’un nouveau conflit turco-grec ;
dans les milieux diplomatiques on craint
que les Turcs, encouragés par leurs succès
dans l’affaire d’Andrinople, ne se montrent
intransigeants pour le règlement de la ques
tion des îles.
On signale d’importantes concentrations
de troupes sur la côte d’Asie-Mineure, no
tamment dans le voisinage de l’ile de Chio.
Ils se sentiraient encouragés à une pres
sion sur le cabinet d’Athènes, par l’attitude
de l’Italie.
Les récentes déclarations du général Ame-
glio, au sujet de Rhodes et des îles du
Dodécanèse, ont fait ici une défavorable im
pression.
En ce qui concerne l’Albanie la situation
ne paraît guère plus satisfaisante.
Des dépêches de Vienne, non confirmées,
annoncent bien que l’Autriche se serait en
fin décidée à nommer son représentant à la
commission de contrôle chargée d’organiser
le nouvel Etat albanais, mais il n’y a encore
rien d’officiel. On dit également que le comte
Mensdorf, ambassadeur d’Autriche à Londres,
va revenir très prochainement ici afin d’exa-
miner avec sir Edward Grey la possibilité de
reunir à nouveau la conférence des ambas
sadeurs.
A moins de complications il est cependant
peu probable que ladite conférence se réu
nisse avant le mois de novembre. Plusieurs
ambassadeurs ont annoncé, en effet, leur
intention de s’absenter pendant le mois d’oc-
tobre.
MARIONNETTES
(Caricature de 183.)
LE THL TRE DES MARIONNETTES
Il est de bonne tradition, par ce retour des
spectacles en plein vent, de verser un pleur
sur la foire ce jadis, de regretter sa naï
veté pittoresque, de souligner l’abusive in
trusion de la science dans les fantaisies du
tréteau.
Les amis du passé exagèrent peut-être un
peu.
Les farces de Gauthier- Girguille n’avaient
rien de bien raffiné. Nos goûts modernes
s’en lasseraient vite si l’idée venait de les
exhumer. Edes n’ont plus, à vrai dire, qu’un
intérêt d’archaïsme dont une élite curieuse
d’histoire dramatique peut apprécier la sa
veur originale.
La foire moderne a bien fait de demander
à la vulgarisation scientifique une rénova-
lion dont elle avait besoin. Et l’on doit re
connaître qu’elle a fait sur ce point de grands
progrès.
Le moteur à vapeur d’abord, le moteur à
essence ensuite, la dynamo ont transformé
la loge de naguère en petites usines ambu
lantes où les progrès de la mécanique con
tribuent à l’agrément du spectacle et accu
sent assez nettement les prétentions de la
nouveauté dans le monde de la banane.
L’heure n’est pas encore venue où Tabarin
lui-même, devenu un automate perfection
né, dirait, avec gestes à l’appui, les mer
veilles du programme ; mais nous sommes
à la veille de la conquête.
Le phonographe « haut parleur » a pris la
place du bonisseur et du haut de l’estrade
invite les foules à se précipiter au bu
reau.
Oui, la foire est devenue très compliquée
et très savante.
Ce quelle a gagné en science, elle l’a ma
nifestement perdu en gaîté. Les orgues ruti
lantes qui déroulent des a rs . d’opéra, pen
dant que battent la mesure des petits bons
hommes peinturlurés à l’allemande, ces mi
roitantes machines à sons ne valent pas,
somme toute, une belle annonce emphati
que déclamée avec conviction par un régis
seur qui fut peut-être un lauréat du Con
servatoire.
Mais certains penseront aussi qu’un peu
de rusticité plaisante ne messied pas à ces
spectacles.
Je suis entré l’autre jour dans une baraque
établie sur la place d’une toute petite com
mune normande. Le cinématographe y sé
vissait jusqu’à l’abus. Il avait fini par chas
ser du programme la partie concertante et
les divertissements acrobatiques. Le film tai
sait, à lui seul, à peu près tous les frais de la
représentation. Parmi ces projections, il y
en avait d’excellentes, il y en avait aussi
d’autres : des scènes de meurtre et de pil
lage, des exploits de voleurs et d’apaches.
Les yeux des petits villageois regardaient
cela avec effroi et les cœurs battaient encore
d’émotion à la sortie...
— Ça fait pou la nieu des histouères
comm’cha 1
En effet, ça fait peur la nuit des histoires
pareilles.
Croiriez vous que je me suis mis à regret
ter pour toute cette jeunesse qui ne peut
prendre que ce qu’on lui donne, la naïve
tentation de Saint-Antoine avec ses marion
nettes frustes et leurs grosses ficelles ?
Elles avaient au moins l'avantage de faire
rire.
*
* *
Je leur garde un souvenir fidèle, à ces pan
tins, le souvenir très doux qui demeure
attaché aux joies d’enfance et que le temps
fait cher et précieux.
Je revois encore la baraque du vieux père
Vivien, sur la place du Champ-de-Foire, où
Saint-Michel avait coutume, aux brumes de
septembre, de rassembler les «baladins».
C’était la loge rustique dans toute sa fruste
beauté.
Le gaz seul y mettait une note moderne
qui semblait presque un anachronisme. On
eût aimé retrouver là des quinquets fumeux.
Mais le gaz avait la délicatesse de se faire
simple comme son temps. Une alignée de
becs à papillon formait la rampe et repré
sentait à peu près tout l’éclairage du théâ
tre. Les sièges étaient encore à l age des res
sorts en noyaux de pêche. Quant aux ten
tures, c’était tout simplement de la bonne
toile peinte, sur laquelle des pinceaux ano
nymes, à grands renforts d‘ocre_ rouge et de
jaune d’or, avaient dessiné des velours à
.crépine.
Cliché Petit Havre
Ce cadre rudimentaire suffisait pleinement
au reste à nos jeunes désirs. Le spectacle ne
faisait-il pas tout l’agrément de l’endroit ?
La Tentation attendue ne résumait-elle pas
nos plus chers espoirs ?
Un petit air de clarinette arrivait de la
coulisse suivi bientôt des trois coups d’usa
ge. Le rideau s’agitait un peu, comme se
coué de tremblements nerveux, puis tout à
coup il s’enlevait avec un bruit de poulie
mal huilée,
Le paysage qu’il offrait à nos regards im-
patients — un coin de parc avec un jet
d'eau triomphant qui retombait en pluie
bleue sur les parterres —- disparaissait enfin
derrière le manteau d’Arlequin, et c’était
alors, pour tout de bon, la grande pièce an
noncée, la classique histoire du bon Saint-
Antoine traduite par les marionnettes, his
toire archi-connue de tous, au point que les
petits enfants qui la voyaient pour la pre
mière fois croyaient la reconnaître, mais si
captivante pour des jeunes esprits ignorant
encore l’ironie railleuse, que pas un mot,
pas un geste, pas un « effet » n’était perdu
de l’auditoire.
Vous scuvenez-yous ?
Revoyez-vous seulement l’ermitage de Saint-
Antoine sur la gauche, avec son bon Antoine
en robe de bore et son petit compagnon en
robe de soie?...
De belles dames venaient le tenter, des
reines sans doute, car elles portaient des
diadèmes sur leurs chevelures en crin et des
bijoux rutilaient sur leurs toilettes de luxe.
Elles saluaient Antoine avec des mouve
ments secs et résolus. Elles lui disaient des
choses aimables, lui promettaient des ri
chesses, des châteaux, des dîners avec du
vin cacheté, des tas de bonheurs.
L’anachorète les repoussait vivement. Je
crois même qu’il prenait son élan dans la
coulisse pour venir tomber en trombe parmi
les grandeurs tentatrices, tant il avait la ré-
solution fervente.
Mais les belles dames aux bijoux se ven-
gaient bien vite. Elles appelaient l’enfer à la
rescousse et des démons s’amenaient en
troupe tapageuse. Ils entouraient le pieux
ermitage, s’excitaient dans une folle sara
bande en chantant des rimes impies.
Démolissons ! Démolissons
L'ermitage à saint Antoine.
Volons-lui son petit cochon
Pour en faire du saucisson !
Et les choses se passaient comme
voulaient.
ils le
Les briques de l’ermitage dégringolaient
en bon ordre, se repliaient gentiment par
rangées comme des plis d’accordéon. La
charpente ne soutenait plus que la cloche
furieusement agitée par un diable. Le sab
bat poursuivait sa ronde sur des canards de
clarinette. Et ainsi que les fils de Satan l’a
vaient prévu, le petit cochon surgissait à
son tour, sautant, zigzguant comme un pe
tit cochon pochard, pendint qu’en guise de
queue, il montrait sans pudeur un bout d e
rat de cave allumé...
* *
L’humanité s'éveille au monde avec des
instincts de cruauté infinie. Les malheurs
du bon saint Antoine auraient dû, en toute
sagesse, nous mettra dans l’âme des indi
gnations émues. Mais non. Nous étions à ce
moment dans une joie sans pareille; les rires
fusaient de toutes parts avec un bruit de
cascatelles. Ce petit cochon flamboyant, et
peut-être aussi le mauvais triomphe du dia
ble avaient le don de nous faire exulter.
C’était presque à regret que nous aperce
vions à nouveau le bon Antoine.
Il se jetait à genoux, et les rotules de
bois faisaient « @ac ! clac ! » en touchant le
plancher. Il implorait le Seigneur de sa voix
chevrotante.
— Ils m’ont fait danser comme un jeune
homme de dix-huit ans !
Et il se prosternait longuement. Il arrivait
même parfois qu’il demeurât quelques ins
tants à terre, immobile.
Alors une grosse main descendait des nua
ges et resaisissait les ficelles.
Mais les bienheureuses béatitudes clôtu
raient le spectacle et remettaient un peu
d’ordre et de sérénité dans nos consciences
révolutionnaires., . . ,
Le décor nous livrait les perspectives du
paradis. Des anges roses et jouta us arri:
valent sur des nuées. Ils faisaient escorte à
Sainte-Antoine hissé vers les régions célestes.
Et la clarinette saluait l’ascension d’un air
guilleret, pendant que le père Vivien entre
bâillait les rideaux d’andrinople pour jeter à
la foule ravie:
— Nous aurons encore une représenta
tion à la lumière ! Si vous êtes contents et
satisfaits, envoyez-nous du monde !
*
* *
Qu’êtes-vous devenues, ô sympathiques et
vieillotes marionnettes, qui mirent dans
nos espiègles cervelles les premières joies
du théâtre et firent qu’on se coucha, ces
soirs-la, avec des visions de bons diables
farceurs, grands amateurs de chahut et de
porc grillé.
Le saint Antoine d’il y a trente ans a capi
tulé, lui aussi, devant le progrès mécanique.
Ses ficelles ont paru déplorables à une jeu
nesse qui ne croyait déjà plus « que c’était
arrivé » et réclamait plus d’illusion.
Thomas Holden est venu avec ses merveil
leux pupazzi.John Hewelta suivi l’exemple;
et c’en fut à peu près fini des marionnettes
de naguère qui s’accrochaient parfois le bras
très haut derrière le dos, au mépris de toute
vraisemblance anatomique, lorsque les fils
venaient à se mêler.
Holden avait déjà accompli des prodiges.
Son squelette danseur, son nègre, son clown
ivrogne monté sur des échasses arrivaient à
pasticher la nature au point de faire croire à
de vivants pygmées. Le créateur des surpre
nants automates continuait, pour mieux sé
duire, de s’entourer de mystère.
Des affiches le représentèrent au milieu de
ses petits bonshommes et des machines
compliquées qui, disait-on, les faisait mou
voir.
Holden se borna, à la vérité, à être un ar
tiste remarquablement adroit, agile et sou
ple. Je l’ai vu à l’œuvre. Les moteurs à va-
peur qu’il employait n’étaient autres que...
tes mains et ses doigts, mais il avait acquis
une incomparable dextérité dans le manie
ment des fils, et au prix d’un effort considé
rable qui le couvrait de sueur, il donnait la
vie à ses fantoches.
L’art est intervenu à son tour. Lemercier
de Neuville nous a donné des figurines qui.
se réclament de la statuaire. Le peintre
Forain possède un théâtre de marionnettes
qui joue la féerie en somptueux décors.
S’ils n’étaient disparus, les pantins de
Saint-Antoine ne seraient auprès des autres
que des rustres primitifs.
Ils n’en restent pas moins logés dans un
coin de nos mémoires avec les pauvres pe
tits bibelots qui servirent à nos jeux d’en-
fants. Les années les ont laissés intacts dans
leur savoureux pittoresque ; et nous les ai
mons toujours en pensée. Autour de ces
vieux souvenirs se déroule encore joyeuse
la farandole de nos premiers rêves.
A LBERT - HERRENSCHMIDT.
INFORMATIONS
M. Barthou à Saint-Sébastien
M. Louis Barthou, président du Consei,
accompagné de M. Léon Barthou, chef de
son cabinet, a quitté Paris hier, se rendant à
Saint-Sébastien, où il a été invité par la co
lonie française à inaugurer une rue et une
école française.
Les journaux de Saint-Sébastien souhai
tent en termes chaleureux la bienvenue à
M. Barthou, digne représentant du gouver
nement et de la nation amis.
La Voz de Guipzizcoa dit, en terminant un
long leader où elle retrace l'histoire des éco
les françaises de Saint-Sébastien, que le sé
jour du président du Conseil de France sera
aussi agréable à M. Barthou que sera légiti
me et profond pour Saint-Sébastien l’hon
neur de le recevoir.
Le journal espagnol ajoute qu’en inaugu
rant, en présence de M. Barthou, une avenue
nouvelle, l’avenue de France, la municipa
lité de Saint-Sébastien a tenu à sceller de
celte manière l’union affectueuse qui l’atta-
che à la colonie française.
Mort de M. Dujardin-Beaumetz i
L’ancien sous-secrétaire d’Etat aux beaux-
arts, M. Etienne Dujardin-Beaumetz,est mort
hier des suites d’une cruelle opération qu’il
a subie récemment dans son pays de Li-
moux. Il n’était âgé que de soixante et un
ans. Sa mort laissera aux nombreux et fidè-
les amis qu'avaient su lui faire sa bienveil-
lance et son aménité charmante, le souvenir
le plus douloureusement ému.
Fils de l’ancien préfet du Puy-de-Dôme, M.
Dujardin-Beaumelz était né à Paris le 29
septembre 1852. Il avait pris part à la guerre
de 1870 dont les horreurs l’avaient si profon-
dément impressionné qu’elles firent de lui
l’ardent patriote, soucieux de faire respecter
la dignité française, qu’il est constamment
resté. Au lendemain de nos désastres, M.
Dujardin-Beaumetz, confiant dans le gouver
nement républicain qu’il avait vu à l’œuvre,
abandonnait, pour entrer dans la bataille
politique, la carrière artistique, où il avait
déjà obtenu de réels succès. Ses œuvres : le
Général Lapasset brûlant ses drapeaux, la Ba-
bataille de Gravilliers, Les voilà !, Champigny,
et d’autres toiles aujourd’hui recueillies ad
musée de Carcassonne, lui avaient en effet
valu plusieurs médailles au Salon.
En 1886, M. Dujardin-Beaumetz se présen
tait au Conseil général de l’Aude, et était élu.
C’était le début de la brillante carrière poli
tique qu’il allait parcourir. En 1889, il était
élu député de Limoux, dans l’Aude, et parti
cipait dans les rangs républicains à toutes
les luttes qu’avait à soutenir contre ses ad
versaires le régime auquel était dû le relève
ment de notre pays.
En 1905, M. Dujardin-Beaumetz, qui avait
été nommé plusieurs fois rapporteur du
budget des beaux-arts à la Chambre, était
appelé par M. Bouvier au sous-secrétariat
d’Etat des beaux-arts. Il occupa pendant
près de sept ans ce poste difficile ou il sut
éviter tous les écueils et apaiser tous les con
flits. Il ne quitta le sous-secrétariat d Etat
que le 10 janvier 1912.
Le Meeting d’aviation de Reims
Les éliminatoires françaises de la Coups
d’aviation Gordon-Bennett, viennent de St
terminer. )
Voici le classement des quatre concurrent
qualifiés :
1° Prévost, en 31 m. 22 s. 2/5 ;
2° Emile Védrines, en 32 m. 28 s. ;
3° Gilkert, en 33 m. 45 s. 4/5.
Sa classe ensuite, comme suppléant, ROSt
en 37 m. 40 s.
Le tour le plus vite a été accompli par
Prévost, en 3 m. 7 s. 3/5 pour les 10 kilo
mètres, soit une vitesse moyenne de 194
kilomètres à l’heure.
todosmgsmansanna
N 11,763
(53 Pagres)
5 Centimes — EDTEON DU MATIN-— 5 Centimes
(8 Pagres)
Dimanche 28 Septembre 1913
Administrateur * Délégué
1ea
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Administration, Impressions et Annonces, TB. 10.47
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Auresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE Fénoux
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TÉLÉPHONE : Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HAVRE est désigné pour las Annonces judiciaires et légales
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
l’Oise et la Sommé.
Autres Départements..............
Union Postale
Trois Moisi Six Mois
Un an
10
• Fr.
1 s so
=0 Fr.
Ons’obonne également, SANS Fût'S, dans tous les Rursasx de Pus^
28 »
410 a
ev rearee
Paris, trois heures matin
======================= ===== ==============
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 27 SEPTEMBRE
Cotons s octobre, hausse 17 points ; dé
cembre, hausse 12 points ; janvier, hausse
12 points ; mars, hausse 11 points.
Calés : baisse 2 points à hausse 9 points.
NEW-YORK, 27 SEPTEMBRE
Cuivre Standard disp
—, novembre ...
Amalgamat. Cop...
Fer
C. 10 300%
76 »/»
(. PRRGEDEXT
15 40
15 40
76 3/8
16 —
CHICAGO, 27 SEPTEMBRE
C. DU JOUR
C. PRECED
Blé sur......
Septembre
83 1/4
81 7 8
Décembre.
87 1/4
87 1/8
Maïs sur
Septembre
70 1 8
70 3 4
Décembre.
69 7/8
70 »/»
Saindoux sur.
Septembre
11 —
11 02
—
Décembre.
10 92
10 90
LES AFFAIRES D'ORIENT
La conférence Turco-Bulgare
Constantinople. — La conférence turco-
bulgare a terminé ses travaux et a signé le
protocole ; la paix sera signée lundi.
Les Serbes en Albanie
Belgrade. — Dans cinq jours, il y aura en
Albanie quarante mille soldats seibes, chiffre
que le gouvernement considère comme suf
fisant, pour répondre à la révolte albanaise,
bruits de mobilisation de la
Qu nt aux
Turquie, le gouvernement n’est nullement
inquiété.
Les rapports serbo-turcs sont en effet sa-
tisfaisanis et prochainement, les deux pays
reprendront leurs relations diplomatiques.
LE CONGRÈS DE LA
LIGUE DE L’ENSEIGNEMENT
Aix-les Bains. — Le Congrès de la Ligue
de l’Enseignement a adopté le vœu que les
projets de loi sur la fréquentation scolaire
et la défense de l’école soient votés sans re
tard par le Parlement et qu’ils comportent
dès pénalités sérieuses pour les parents
convaincus de négligence opiniâtre.
Le Congrès a adhéré au contre-projet de
M. Viviani sur les caisses des écoles et il a
insisté pour que l’on conserve à ces caisses
leur caractère obligatoire.
Il a renouvelé ses vœux précédents en fa
veur de la création d’un conseil dépourvu
dé toute attribution judiciaire ou discipli
naire.
Le Congrès a exprimé le désir qu’une
plus grande décentralisation soit apportée
dans les méthodes et même dans les matiè
res de l’enseignement mieux appropriée aux
besoins régionaux.
Puis il a invité toutes les Sociétés de la
Ligue à mettre immédiatement à l’étude la
constitution de conseils d'amis de l’action et
de l’école publique dans toutes les commu
nes où s’exerce leur action.
Il a enfin émis le vœu que la liste des en
fants en âge de fréquenter l’école soit dres
sée par les soins des maires.
M. Dessoye a félicité le Congrès de l’una-
nimité qu'il a manifestée dans les débats.
APRÈS LE DÉPART
DE L’ESCADRE RUSSE
Le chargé d’affaires de Russie est venu
transmettre à M. Barthou, président du Con
seil, ministre des affaires étrangères par in-
térim, l’expression de la reconnaissance du
gouvernement impérial pour l’accueil cor
dial qui a été fait à l’escadre russe à Brest et
pour les nombreuses marques d’attention
dont elle a été l’objet.
L’AFFAIRE DU COLLIER
M. Quadranstein n’a pas eu ce soir un
succès plus grand que celui qu’il a obtenu
Mer sur la scène du music hall qui l’a en-
gagé.
Dès son arrivée il a été salué par les cris
les plus divers ; des coups de sifflets et des
vociférations de toutes sortes. Une tomate
lui fut même lancée et peu s’en fallut qu’il
ne la reçut sur son smoking.
Malgré le tumulte, il a essayé de se faire
entendre, mais ne pouvant y parvenir, il
s’est retiré sous les huées et les injures.
L’AGITATION A BELFAST
Belfast. — Des manifestations unionistes
3nt eu lieu hier.
Sir Edward Carton, chef du parti contre le
Home Rule a passé la revue des quatre ré
giments de volontaires enrôlés afin de com
battre le Home Rule dans la province d’Uls-
ter.
Onze mille hommes ont défilé, sous les
ordres d’officiers en retraite, à travers la
ville.
On signale un incident fâcheux ; un coup
de revolver tiré dans la foule, a blessé une
fillette à la jambe.
LE MEETING D’AVIATION DE REIMS
Reims. — Epreuve de hauteur sans passa
ger : Parmeiin, 3,442 mètres ; Legagneux,
3,409 m.; Crombez, 1,626 m.
Hauteur avec un passager : Gilbert, 4,348
mètres ; Brindejonc des Moulinais, 3,108 m.;
Garros, 2,819 m.
Hauteur avec deux passagers : Moineaux,
1,562 mètres; Espanet, 1,360 m.
Epreuve de lenteur sur quatre kilomètres:
Deromme, vitesse moyenne 51 kil. 479 ; Gas
ton Gaudron, 57 kil. 538 ; Legagneux, 58 kil.
121 ; René Gaudron, 60 kil. 640 ; Gilbert,
62 kil. 456.
Non classés : Prévost, Vergniault et Moi
neau.
i Les autres qualifiés n’ont pas terminé. .
La question du tunnel sous-marin entre
la France et l'Angleterre, fort oubliée de
puis un quart de siècle, redevient un sujet
d'actualité. La grande presse s’en préoc
cupe ; les Congrès l’inscrivent à leur ordre
du jour ; hier même, le Congrès de l’Union
franco-britannique de tourisme lui consa
crait sa première séance. Les milieux par
lementaires et financiers ne restent pas
davantage indifférents : une députation de
90 membres du Parlement anglais a de
mandé récemment à M. Asquith de lever le
veto qu’oppose depuis 1873 le gouverne
ment britannique à ce grand projet ; d’au
tre part, la Compagnie des chemins de fer
du Nord a présenté, à l’Exposition de Gand,
un mémoire extrêmement complet où le
problème est envisagé à la lois dans toute
son ampleur et dans tout son détail. Peut-
être notre génération verra-t-elle la réalisa
tion de cette grandiose entreprise.
On sait que l’idée n’est pas nouvelle du
tout ; elle est plus que centenaire. Dès 1802,
dans cette seule et si brève période du gou
vernement napoléonien où la paix régna
entre Londres et Paris, le Premier- consul
en avait entretenu l’ambassadeur d’Angle
terre : il s’agissait d’un plan de tunnel pour
le service des diligences. Mais c’est seule
ment dans la seconde moitié du XIX e siècle
que des études vraiment techniques furent
menées à bonne fin. Les recherches pa
tientes d’un ingénieur hydrographe, Thomé
de Gamond, parvinrent jusqu’aux milieux
officiels. M. de Lavalette, ministre des
affaires étrangères de Napoléon III, en fit
l’objet d’une démarche auprès du Cabinet
anglais.
L’affaire ne prit toutefois son entière
portée qu’après la guerre,et sous l’influence
de Michel Chevallier.Ce dernier, aprèsavoir
constitué une Société, obtint une conces
sion du Parlement. Une loi du 2 août 1875
déclara d’utilité publique l’établissement
d’un chemin de fer devant partir d’un point
entre Boulogne et Calais et rencontrer sous
la mer une ligne correspondante partant de
la côte anglaise, La Société créée par Michel
Chevallier fit, en matière d’études prépara
toires, tout ce qui dépendait d’elle ; mais
elle se heurta à une sorte de veto du gou
vernement britannique.
Pendant que les milieux financiers et in
dustriels français se mettaient ainsi au tra
vail, les Anglais n’étaient pas restés inac
tifs ; deux Sociétés d études s’étaient consti
tuées et avaient même, en 1874 et 1875,
obtenu l’approbation du Parlement. Mais,
au cours des discussions qu’avait nécessai
rement soulevées cette action, certains
grands chefs militaires, lord Wolseley no
tamment, s’étaient émus. Ils exigèrent et
obtinrent l’arrêt des travaux, qui depuis
lors n’ont pas été repris.
Il faut reconnaître que, dans l’espèce, les
autorités militaires ont eu jusqu’ici derriè
re elles la grande majorité de l’opinion bri
tannique. « Nous serions à la merci d’une
surprise, disait l’Etat-major ; qu’un enne
mi audacieux vienne à s’emparer des deux
entrées du tunnel, c’en serait fait de l’An
gleterre ! » L’opinion publique, qui est
extrêmement nerveuse à la pensée d’une
invasion, ne s’est pas dit qu’on pourrait
sans doute fortifier l’entrée du tunnel, le
rendre militairement infranchissable. À la
la suite des Gassandres qui l’effrayaient,
elle a préféré de suite tout abandonner, se
disant par surcroît, dans un sentiment va
guement superstitieux et du reste irraison
né, qu’il ne fallait à aucun prix que la
Grande-Bretagne cessât d’être une île. De
puis trente ans, toutes les fois que la ques
tion a été remise sur le tapis et discutée
dans la presse, c’est cet argument senti
mental de l’insularité qui régulièrement a
été présenté et régulièrement clos le débat.
Pourquoi la discussion reprend-elle au
jourd’hui dans une atmosphère d’optimisme
vraiment nouvelle ? La valeur des argu
ments qui s’opposaient à l’entreprise n’est-
elle donc plus la même ? Y a-t-il vraiment
quelque chose de changé dans les rapports
de l’Angleterre et du Continent ? Voilà ce
qu’on peut se demander ; et très sérieuse
ment l’on aboutit à une réponse affirma
tive.
Une des premières raisons qui inclinent
nos voisins à une étude plus bienveillante
du problème, c’est l’Entente cordiale. Le
fait que les Anglais trouvent en débarquant
à Calais une France favorablement dispo
sée à leur endroit les pousse évidemment à
se départir d’une méfiance excessive. Ils
sont ainsi portés, comme nous-mêmes, à
apprécier les immenses avantages écono
miques que comporterait le tunnel : aug
mentation certaine et considérable du nom
bre des voyageurs, impulsion puissante
donnée au commerce franco-britannique,
progrès immédiat des communications pos
tales. A vrai dire, ces arguments d’ordre
économique ont à peine besoin d’être souli
gnés, tellement ils sont indiscutables. Ce
ne sont pas des raisons économiques qui
ont jusqu’ici empêché le succès de l’entre
prise, mais des raisons politiques, ou plus
exactement politico-militaires.
Or c’est justement la situation politico-
militaire de l’Angleterre vis-à-vis du Conti
nent qui n’est plus aujourd’hui la même, je
ne dis pas qu’il y a cent ans, mais qu’il y a
dix ou vingt ans.
L’insularité complète de l’Angleterre de
vient d’abord et de plus en plus une chose.
du passé. Les Anglais l’ont bien compris,
non sans une certaine tristesse, le jour où
Blériot traversa pour la première fois le
Pas-de-Calais. Si une invasion de dirigea
bles ou d’aéroplanes n’est par encore réali
sable, il n’en demeure pas moins vrai que
le « splendide isolement » de Chamberlain
a cessé d’être possible pour une puissance
qu’un simple détroit de 45 kilomètres sé
pare seul du Continent. On en vient même
à se demander si le tunnel ne permettrait
pas à l’Angleterre de faire appel, contre
une invasion éventuelle maîtresse de la
mer, à des alliés européens.
Ce même raisonnement (jusqu’ici un peu
hypothétique, avouons-le) prend une force
singulière si on l’applique à la question
des subsistances de nos voisins en temps
de guerre. On sait que le Royaume-Uni ne
produit pas directement sa consommation
alimentaire : il est d’une façon constante
tributaire de l’étranger. Imaginez un ins
tant l’Angleterre privée, par quelque dé
faite, de la maîtrise de la mer : c’est à brève
échéance la disette et la famine, tout
comme dans une ville assiégée. Cette con
dition anormale de l’organisation écono
mique anglaise entraîne chez nos amis
d’outre - Manche une sorte de malaise
chronique. S’ils dépensent sans compter les
milliards, en flottes et en armements mari
times, ce n’est pas seulement pour préser
ver leur grandeur, c’est aussi pour assurer
leur existence elle-même. Ils savent qu’une
Angleterre vaincue sur mer est une Angle
terre perdue. Qui ne voit que, dans ces
conditions, le tunnel, aboutissant à une
France amie, sauve la Grande-Bretagne du
péril d’être isolée, investie, c’est-à-dire
affamée ?
Telle est la conclusion à laquelle aboutit
le plus autorisé de nos économistes, M. -
Leroy-Beaulieu: «L’exécution du tunnel
sous-marin, écrit-il, est une œuvre de sé
curité pour l’Angleterre : c’est, la seule as
surance qu’elle peut avoir qu’elle ne sera
pas affamée en temps de guerre ».
Tous ces arguments devraient semble-
t-il décider l’opinion britannique. Je me
demande cependant, au moment de conclu
re, si le fameux conservatisme anglais
n’aura pas le dessus une fois de plus. Avoir
été une île depuis le commencement de
l’histoire et cesser de l’être, c’est une terri
ble décision à prendre. Craignons que l’ha
bitude ne l’emporte sur la raison !
André Siegfried.
La Russie et la Commission de contrôle en
Albanie
Londres, 27 septembre.
Le chargé d’affaires de Russie a remis au
gouvernement anglais un mémorandum
dans lequel il le prie de bâter la reunion de
la Commission de contrôle albanaise. Le
gouvernement russe propose que la pre
mière réunion de cette Commission ait lieu
à bord de l’escadre même.
On s’étonne ici que le comte Berchtold
n’ait pas encore désigné le délégué qui doit
représenter l’Autriche au sein de la Com
mission de contrôle.
Saint-Pétersbourg, 27 septembre.
Le gouvernement russe vient de désigner
M. Petraief comme délégué à la Commission
de contrôle, destinée à remplacer la Com
mission militaire internationale, actuelle
ment réunie à Scutari.
M. Petraief prendra le titre de consul gé-
néral de Russie à Vallona. Il cumulera ces
fonctions avec celles de délégué russe à la
Commission de contrôle.
Les Préparatifs Serbes
Belgrade, 27 septembre.
Les nouvelles de la frontière albanaise
sont un peu moins mauvaises. On dément
que Kitchevo ait été pris par les Arnautes.
D’autre part, bien que le bruit ait couru un
instant que Prilep et Monastir étaient me
nacés, on a lieu de croire que ces points im
portants ne sont pas encore en péril.
Néamoins les armements serbes se pour
suivent. La division de la Morava, forte de
23,000 hommes, est déjà mobilisée et on
mobilise en ce moment deux classes entiè
res de réserves pour toutes les divisions.
Ceci semble indiquer que les Serbes se pré
parent à des opérations assez sérieuses qui
les conduiront probablement jusqu’à l’inté
rieur de l’Albanie.
Inquiétudes à Londres
Londres, 27 septembre.
On est généralement préoccupé de la pos
sibilité d’un nouveau conflit turco-grec ;
dans les milieux diplomatiques on craint
que les Turcs, encouragés par leurs succès
dans l’affaire d’Andrinople, ne se montrent
intransigeants pour le règlement de la ques
tion des îles.
On signale d’importantes concentrations
de troupes sur la côte d’Asie-Mineure, no
tamment dans le voisinage de l’ile de Chio.
Ils se sentiraient encouragés à une pres
sion sur le cabinet d’Athènes, par l’attitude
de l’Italie.
Les récentes déclarations du général Ame-
glio, au sujet de Rhodes et des îles du
Dodécanèse, ont fait ici une défavorable im
pression.
En ce qui concerne l’Albanie la situation
ne paraît guère plus satisfaisante.
Des dépêches de Vienne, non confirmées,
annoncent bien que l’Autriche se serait en
fin décidée à nommer son représentant à la
commission de contrôle chargée d’organiser
le nouvel Etat albanais, mais il n’y a encore
rien d’officiel. On dit également que le comte
Mensdorf, ambassadeur d’Autriche à Londres,
va revenir très prochainement ici afin d’exa-
miner avec sir Edward Grey la possibilité de
reunir à nouveau la conférence des ambas
sadeurs.
A moins de complications il est cependant
peu probable que ladite conférence se réu
nisse avant le mois de novembre. Plusieurs
ambassadeurs ont annoncé, en effet, leur
intention de s’absenter pendant le mois d’oc-
tobre.
MARIONNETTES
(Caricature de 183.)
LE THL TRE DES MARIONNETTES
Il est de bonne tradition, par ce retour des
spectacles en plein vent, de verser un pleur
sur la foire ce jadis, de regretter sa naï
veté pittoresque, de souligner l’abusive in
trusion de la science dans les fantaisies du
tréteau.
Les amis du passé exagèrent peut-être un
peu.
Les farces de Gauthier- Girguille n’avaient
rien de bien raffiné. Nos goûts modernes
s’en lasseraient vite si l’idée venait de les
exhumer. Edes n’ont plus, à vrai dire, qu’un
intérêt d’archaïsme dont une élite curieuse
d’histoire dramatique peut apprécier la sa
veur originale.
La foire moderne a bien fait de demander
à la vulgarisation scientifique une rénova-
lion dont elle avait besoin. Et l’on doit re
connaître qu’elle a fait sur ce point de grands
progrès.
Le moteur à vapeur d’abord, le moteur à
essence ensuite, la dynamo ont transformé
la loge de naguère en petites usines ambu
lantes où les progrès de la mécanique con
tribuent à l’agrément du spectacle et accu
sent assez nettement les prétentions de la
nouveauté dans le monde de la banane.
L’heure n’est pas encore venue où Tabarin
lui-même, devenu un automate perfection
né, dirait, avec gestes à l’appui, les mer
veilles du programme ; mais nous sommes
à la veille de la conquête.
Le phonographe « haut parleur » a pris la
place du bonisseur et du haut de l’estrade
invite les foules à se précipiter au bu
reau.
Oui, la foire est devenue très compliquée
et très savante.
Ce quelle a gagné en science, elle l’a ma
nifestement perdu en gaîté. Les orgues ruti
lantes qui déroulent des a rs . d’opéra, pen
dant que battent la mesure des petits bons
hommes peinturlurés à l’allemande, ces mi
roitantes machines à sons ne valent pas,
somme toute, une belle annonce emphati
que déclamée avec conviction par un régis
seur qui fut peut-être un lauréat du Con
servatoire.
Mais certains penseront aussi qu’un peu
de rusticité plaisante ne messied pas à ces
spectacles.
Je suis entré l’autre jour dans une baraque
établie sur la place d’une toute petite com
mune normande. Le cinématographe y sé
vissait jusqu’à l’abus. Il avait fini par chas
ser du programme la partie concertante et
les divertissements acrobatiques. Le film tai
sait, à lui seul, à peu près tous les frais de la
représentation. Parmi ces projections, il y
en avait d’excellentes, il y en avait aussi
d’autres : des scènes de meurtre et de pil
lage, des exploits de voleurs et d’apaches.
Les yeux des petits villageois regardaient
cela avec effroi et les cœurs battaient encore
d’émotion à la sortie...
— Ça fait pou la nieu des histouères
comm’cha 1
En effet, ça fait peur la nuit des histoires
pareilles.
Croiriez vous que je me suis mis à regret
ter pour toute cette jeunesse qui ne peut
prendre que ce qu’on lui donne, la naïve
tentation de Saint-Antoine avec ses marion
nettes frustes et leurs grosses ficelles ?
Elles avaient au moins l'avantage de faire
rire.
*
* *
Je leur garde un souvenir fidèle, à ces pan
tins, le souvenir très doux qui demeure
attaché aux joies d’enfance et que le temps
fait cher et précieux.
Je revois encore la baraque du vieux père
Vivien, sur la place du Champ-de-Foire, où
Saint-Michel avait coutume, aux brumes de
septembre, de rassembler les «baladins».
C’était la loge rustique dans toute sa fruste
beauté.
Le gaz seul y mettait une note moderne
qui semblait presque un anachronisme. On
eût aimé retrouver là des quinquets fumeux.
Mais le gaz avait la délicatesse de se faire
simple comme son temps. Une alignée de
becs à papillon formait la rampe et repré
sentait à peu près tout l’éclairage du théâ
tre. Les sièges étaient encore à l age des res
sorts en noyaux de pêche. Quant aux ten
tures, c’était tout simplement de la bonne
toile peinte, sur laquelle des pinceaux ano
nymes, à grands renforts d‘ocre_ rouge et de
jaune d’or, avaient dessiné des velours à
.crépine.
Cliché Petit Havre
Ce cadre rudimentaire suffisait pleinement
au reste à nos jeunes désirs. Le spectacle ne
faisait-il pas tout l’agrément de l’endroit ?
La Tentation attendue ne résumait-elle pas
nos plus chers espoirs ?
Un petit air de clarinette arrivait de la
coulisse suivi bientôt des trois coups d’usa
ge. Le rideau s’agitait un peu, comme se
coué de tremblements nerveux, puis tout à
coup il s’enlevait avec un bruit de poulie
mal huilée,
Le paysage qu’il offrait à nos regards im-
patients — un coin de parc avec un jet
d'eau triomphant qui retombait en pluie
bleue sur les parterres —- disparaissait enfin
derrière le manteau d’Arlequin, et c’était
alors, pour tout de bon, la grande pièce an
noncée, la classique histoire du bon Saint-
Antoine traduite par les marionnettes, his
toire archi-connue de tous, au point que les
petits enfants qui la voyaient pour la pre
mière fois croyaient la reconnaître, mais si
captivante pour des jeunes esprits ignorant
encore l’ironie railleuse, que pas un mot,
pas un geste, pas un « effet » n’était perdu
de l’auditoire.
Vous scuvenez-yous ?
Revoyez-vous seulement l’ermitage de Saint-
Antoine sur la gauche, avec son bon Antoine
en robe de bore et son petit compagnon en
robe de soie?...
De belles dames venaient le tenter, des
reines sans doute, car elles portaient des
diadèmes sur leurs chevelures en crin et des
bijoux rutilaient sur leurs toilettes de luxe.
Elles saluaient Antoine avec des mouve
ments secs et résolus. Elles lui disaient des
choses aimables, lui promettaient des ri
chesses, des châteaux, des dîners avec du
vin cacheté, des tas de bonheurs.
L’anachorète les repoussait vivement. Je
crois même qu’il prenait son élan dans la
coulisse pour venir tomber en trombe parmi
les grandeurs tentatrices, tant il avait la ré-
solution fervente.
Mais les belles dames aux bijoux se ven-
gaient bien vite. Elles appelaient l’enfer à la
rescousse et des démons s’amenaient en
troupe tapageuse. Ils entouraient le pieux
ermitage, s’excitaient dans une folle sara
bande en chantant des rimes impies.
Démolissons ! Démolissons
L'ermitage à saint Antoine.
Volons-lui son petit cochon
Pour en faire du saucisson !
Et les choses se passaient comme
voulaient.
ils le
Les briques de l’ermitage dégringolaient
en bon ordre, se repliaient gentiment par
rangées comme des plis d’accordéon. La
charpente ne soutenait plus que la cloche
furieusement agitée par un diable. Le sab
bat poursuivait sa ronde sur des canards de
clarinette. Et ainsi que les fils de Satan l’a
vaient prévu, le petit cochon surgissait à
son tour, sautant, zigzguant comme un pe
tit cochon pochard, pendint qu’en guise de
queue, il montrait sans pudeur un bout d e
rat de cave allumé...
* *
L’humanité s'éveille au monde avec des
instincts de cruauté infinie. Les malheurs
du bon saint Antoine auraient dû, en toute
sagesse, nous mettra dans l’âme des indi
gnations émues. Mais non. Nous étions à ce
moment dans une joie sans pareille; les rires
fusaient de toutes parts avec un bruit de
cascatelles. Ce petit cochon flamboyant, et
peut-être aussi le mauvais triomphe du dia
ble avaient le don de nous faire exulter.
C’était presque à regret que nous aperce
vions à nouveau le bon Antoine.
Il se jetait à genoux, et les rotules de
bois faisaient « @ac ! clac ! » en touchant le
plancher. Il implorait le Seigneur de sa voix
chevrotante.
— Ils m’ont fait danser comme un jeune
homme de dix-huit ans !
Et il se prosternait longuement. Il arrivait
même parfois qu’il demeurât quelques ins
tants à terre, immobile.
Alors une grosse main descendait des nua
ges et resaisissait les ficelles.
Mais les bienheureuses béatitudes clôtu
raient le spectacle et remettaient un peu
d’ordre et de sérénité dans nos consciences
révolutionnaires., . . ,
Le décor nous livrait les perspectives du
paradis. Des anges roses et jouta us arri:
valent sur des nuées. Ils faisaient escorte à
Sainte-Antoine hissé vers les régions célestes.
Et la clarinette saluait l’ascension d’un air
guilleret, pendant que le père Vivien entre
bâillait les rideaux d’andrinople pour jeter à
la foule ravie:
— Nous aurons encore une représenta
tion à la lumière ! Si vous êtes contents et
satisfaits, envoyez-nous du monde !
*
* *
Qu’êtes-vous devenues, ô sympathiques et
vieillotes marionnettes, qui mirent dans
nos espiègles cervelles les premières joies
du théâtre et firent qu’on se coucha, ces
soirs-la, avec des visions de bons diables
farceurs, grands amateurs de chahut et de
porc grillé.
Le saint Antoine d’il y a trente ans a capi
tulé, lui aussi, devant le progrès mécanique.
Ses ficelles ont paru déplorables à une jeu
nesse qui ne croyait déjà plus « que c’était
arrivé » et réclamait plus d’illusion.
Thomas Holden est venu avec ses merveil
leux pupazzi.John Hewelta suivi l’exemple;
et c’en fut à peu près fini des marionnettes
de naguère qui s’accrochaient parfois le bras
très haut derrière le dos, au mépris de toute
vraisemblance anatomique, lorsque les fils
venaient à se mêler.
Holden avait déjà accompli des prodiges.
Son squelette danseur, son nègre, son clown
ivrogne monté sur des échasses arrivaient à
pasticher la nature au point de faire croire à
de vivants pygmées. Le créateur des surpre
nants automates continuait, pour mieux sé
duire, de s’entourer de mystère.
Des affiches le représentèrent au milieu de
ses petits bonshommes et des machines
compliquées qui, disait-on, les faisait mou
voir.
Holden se borna, à la vérité, à être un ar
tiste remarquablement adroit, agile et sou
ple. Je l’ai vu à l’œuvre. Les moteurs à va-
peur qu’il employait n’étaient autres que...
tes mains et ses doigts, mais il avait acquis
une incomparable dextérité dans le manie
ment des fils, et au prix d’un effort considé
rable qui le couvrait de sueur, il donnait la
vie à ses fantoches.
L’art est intervenu à son tour. Lemercier
de Neuville nous a donné des figurines qui.
se réclament de la statuaire. Le peintre
Forain possède un théâtre de marionnettes
qui joue la féerie en somptueux décors.
S’ils n’étaient disparus, les pantins de
Saint-Antoine ne seraient auprès des autres
que des rustres primitifs.
Ils n’en restent pas moins logés dans un
coin de nos mémoires avec les pauvres pe
tits bibelots qui servirent à nos jeux d’en-
fants. Les années les ont laissés intacts dans
leur savoureux pittoresque ; et nous les ai
mons toujours en pensée. Autour de ces
vieux souvenirs se déroule encore joyeuse
la farandole de nos premiers rêves.
A LBERT - HERRENSCHMIDT.
INFORMATIONS
M. Barthou à Saint-Sébastien
M. Louis Barthou, président du Consei,
accompagné de M. Léon Barthou, chef de
son cabinet, a quitté Paris hier, se rendant à
Saint-Sébastien, où il a été invité par la co
lonie française à inaugurer une rue et une
école française.
Les journaux de Saint-Sébastien souhai
tent en termes chaleureux la bienvenue à
M. Barthou, digne représentant du gouver
nement et de la nation amis.
La Voz de Guipzizcoa dit, en terminant un
long leader où elle retrace l'histoire des éco
les françaises de Saint-Sébastien, que le sé
jour du président du Conseil de France sera
aussi agréable à M. Barthou que sera légiti
me et profond pour Saint-Sébastien l’hon
neur de le recevoir.
Le journal espagnol ajoute qu’en inaugu
rant, en présence de M. Barthou, une avenue
nouvelle, l’avenue de France, la municipa
lité de Saint-Sébastien a tenu à sceller de
celte manière l’union affectueuse qui l’atta-
che à la colonie française.
Mort de M. Dujardin-Beaumetz i
L’ancien sous-secrétaire d’Etat aux beaux-
arts, M. Etienne Dujardin-Beaumetz,est mort
hier des suites d’une cruelle opération qu’il
a subie récemment dans son pays de Li-
moux. Il n’était âgé que de soixante et un
ans. Sa mort laissera aux nombreux et fidè-
les amis qu'avaient su lui faire sa bienveil-
lance et son aménité charmante, le souvenir
le plus douloureusement ému.
Fils de l’ancien préfet du Puy-de-Dôme, M.
Dujardin-Beaumelz était né à Paris le 29
septembre 1852. Il avait pris part à la guerre
de 1870 dont les horreurs l’avaient si profon-
dément impressionné qu’elles firent de lui
l’ardent patriote, soucieux de faire respecter
la dignité française, qu’il est constamment
resté. Au lendemain de nos désastres, M.
Dujardin-Beaumetz, confiant dans le gouver
nement républicain qu’il avait vu à l’œuvre,
abandonnait, pour entrer dans la bataille
politique, la carrière artistique, où il avait
déjà obtenu de réels succès. Ses œuvres : le
Général Lapasset brûlant ses drapeaux, la Ba-
bataille de Gravilliers, Les voilà !, Champigny,
et d’autres toiles aujourd’hui recueillies ad
musée de Carcassonne, lui avaient en effet
valu plusieurs médailles au Salon.
En 1886, M. Dujardin-Beaumetz se présen
tait au Conseil général de l’Aude, et était élu.
C’était le début de la brillante carrière poli
tique qu’il allait parcourir. En 1889, il était
élu député de Limoux, dans l’Aude, et parti
cipait dans les rangs républicains à toutes
les luttes qu’avait à soutenir contre ses ad
versaires le régime auquel était dû le relève
ment de notre pays.
En 1905, M. Dujardin-Beaumetz, qui avait
été nommé plusieurs fois rapporteur du
budget des beaux-arts à la Chambre, était
appelé par M. Bouvier au sous-secrétariat
d’Etat des beaux-arts. Il occupa pendant
près de sept ans ce poste difficile ou il sut
éviter tous les écueils et apaiser tous les con
flits. Il ne quitta le sous-secrétariat d Etat
que le 10 janvier 1912.
Le Meeting d’aviation de Reims
Les éliminatoires françaises de la Coups
d’aviation Gordon-Bennett, viennent de St
terminer. )
Voici le classement des quatre concurrent
qualifiés :
1° Prévost, en 31 m. 22 s. 2/5 ;
2° Emile Védrines, en 32 m. 28 s. ;
3° Gilkert, en 33 m. 45 s. 4/5.
Sa classe ensuite, comme suppléant, ROSt
en 37 m. 40 s.
Le tour le plus vite a été accompli par
Prévost, en 3 m. 7 s. 3/5 pour les 10 kilo
mètres, soit une vitesse moyenne de 194
kilomètres à l’heure.
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